LES COUPURES A RADIO-QUEBEC: UNE NOUVELLE REMISE EN

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LES COUPURES A RADIO-QUEBEC: UNE NOUVELLE REMISE EN
LES COUPURES A RADIO-QUEBEC:
UNE NOUVELLE REMISE EN QUESTION
Prise de position du Conseil d'administration de l'ICEA
relative aux coupures budgétaires à Radio-Québec
27 m a r s 1 9 8 6
Le Conseil d'administration de l ' I n s t i t u t
canadien d'éducation des
adultes, réuni lundi dernier,
a réagi très négativement à l'annonce
des coupures à Radio-Québec.
Pour
l'ICEA,
la décision du gouverne-
ment de réduire, à ce moment-ci, de 13% les budgets de Radio-Québec
ne peut pas être interprétée comme étant une opération de compression
budgétaire, mais davantage comme une nouvelle façon de remettre
encore une fois en question l'existence même de Radio-Québec.
Ces
coupures décrétées sans consultation préalable risquent, en e f f e t , de
compromettre le développement de Radio-Québec, ainsi que certains de
ses acquis fondamentaux, comme la régionalisation.
Il
sera, en e f f e t , d i f f i c i l e pour la direction de Radio-Québec, de
r é s i s t e r à l a t e n t a t i o n de p r o f i t e r de c e t t e occasion pour f a i r e
disparaître les structures de production régionales, qui coûtent 9
m i l l i o n s $ par année à Radio-Québec;
a i l l e u r s , jamais vraiment acceptées.
s t r u c t u r e s que Ton a, par
On se souvient que la régiona-
l i s a t i o n n'a pas été voulue au départ par Radio-Québec, e l l e a f i n i
par être concédée aux régions, suite à leurs demandes unanimes et
répétées.
CONSOLIDER LES REGIONS AVANT DE "CANADIANISER" RADIO-QUEBEC
La remise en question de l a r é g i o n a l i s a t i o n de Radio-Québec est
d'autant plus d i f f i c i l e à accepter c e t t e f o i s - c i , alors que l'on
connait les projets actuels d'extension de Radio-Québec dans l'ensemble du Canada.
Ce projet qui a été annoncé en février dernier a f a i t
l'objet d'une entente entre les deux paliers de gouvernements.
membres du Conseil d'administration de l'Institut
Les
avouent ne pas
comprendre comment on peut à ce moment-ci décider d'investir des
millions par année pour "canadianiser" Radio-Québec alors que
Ton
impose des coupures qui risquent de compromettre l'implantation régionale de la Société au Québec.
La régionalisation de Radio-Québec a été associée dès le départ à la
vocation éducative de Radio-Québec.
Il n'est pas étonnant alors
qu'elle ait posé problème, puisque l'interprétation du mandat éducatif de Radio-québec a toujours fait l'objet de nombreux malentendus.
A l'origine le mandat éducatif a été accolé à Radio-Québec parce que
c'était
fédéral.
le seul moyen pour pénétrer dans ce champ de juridiction
A Radio-Québec, on a jamais abandonné ce désir de faire de
Radio-Québec une télévision comme les autres.
Cette ambiguïté de
départ n'a donc jamais vraiment été levée, et l'évolution de RadioQuébec a été considérablement entravée par cette éternelle remise en
question de sa vocation éducative.
EN FINIR AVEC LA REMISE EN QUESTION DE RADIO-QUEBEC
La population et les divers groupes de pressions ont eu l'occasion à
plusieurs reprises de se prononcer sur l'orientation de Radio-Québec
(en '75 aux audiences régionales, en '78 au comité de travail sur le
développement de Radio-Québec, en '81 et '85 aux audiences de la
régie des services publics).
Chacune de ces consultations a donné
lieu à l'expression d'un consensus clair sur la pertinence du mandat
culturel, éducatif et régional de Radio-Québec. Les Québécois et les
Québécoises tiennent à Radio-Québec à condition cependant que la
Société conserve son caractère spécifique, à savoir: être un outil de
promotion et de développement social et culturel pour la communauté au
lieu d'être comme les autres télévisions commerciales, un simple moyen
d'évasion. La loi de l'ORTQ de '79, qui confirme le caractère éducatif, régional et culturel de Radio-Québec, reflète d'ailleurs ce
consensus.
Le débat public provoqué T a n dernier par les projets de réorientation de Radio-Québec a permis de vérifier encore une fois l'importance et la pertinence du rôle éducatif de Radio-Québec.
Pourquoi, à
peine un an pus tard, revenir encore une fois à la charge avec cette
question?
Ces remises en question chroniques dont Radio-Québec est l'objet
représentent, selon
l'ICEA, un gaspillage énorme de ressources et
d'énergies et créent un climat très néfaste à la création. En effet,
avec tous ces tiraillements, Radio-Québec ne réussit jamais à prendre
son envol et il en va de même pour l'expérience de la régionalisation.
UN OUTIL PLUS NECESSAIRE QUE JAMAIS
Le choix du gouvernement de ne pas développer Radio-Québec, au moment
où notre culture est de plus en plus menacée par l'invasion accélérée
des contenus américains à la radio et à la télévision, risque d'avoir
des conséquences désastreuses.
Les problèmes graves qui menacent
actuellement l'avenir de la télévision francophone sont pourtant
connus de nos gouvernements. Un comité de travail fédéral-provincial
a rendu public le printemps dernier un rapport qui en fait largement
état.
Malheureusement, les dernières décisions ayant trait au déve-
loppement de la télévision francophone risquent d'aggraver la situation au lieu de l'améliorer.
Avec les coupures qui se sont abattues
récemment sur le secteur culturel, tout se passe comme si le nouveau
gouvernement avait décidé que le Québec n'avait plus les moyens de
soutenir sa culture.
C'est évidemment beaucoup trop gros pour être
vrai, mais le moins que l'on puisse dire c'est que la culture ne
semble pas constituer une priorité très importante pour le gouvernement Bourassa.
Notre situation politique et géographique nous condamne à une lutte
constante pour sauvegarder et développer notre culture francophone.
L'explosion des nouvelles technologies nous oblige encore maintenant
à redoubler d'efforts afin d'éviter d'être noyé par le raz-de-marée
des produits américains.
Radio-Québec, faut-il le rappeler, consti-
tue le principal outil collectif que le Québec possède en propre pour
promouvoir l'épanouissement de sa culture spécifique.
Il est néces-
saire plus que jamais de renforcer cet instrument si on veut faire
face aux nouveaux défis culturels.
En conséquence, l'ICEA demande au gouvernement:
1. De revoir sa politique culturelle afin d'identifier des moyens
plus efficaces pour contrer les nouvelles menaces qui pèsent sur
notre culture.
2. De convoquer une commissions parlementaire, afin d'analyser l'impact des compressions budgétaires sur le développement actuel de
Radio-Québec et de geler en conséquence sa décision de coupures à
Radio-Québec.

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