Test des sacs-poubelle - Test

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Test des sacs-poubelle - Test
L’affaire n’est pas
dans le sac
Car non seulement, la qualité et le prix des sacs-poubelle varient
en fonction d’où vous vivez, mais il y a souvent tricherie.
Découvrez les communes et intercommunales qui abusent de la
situation ou se font avoir par les fabricants de sacs.
Muriel Hertens et Carine Deschamps
10 Test-Achats 607 • avril 2016
www.testachats.be
SOUS LA LOUPE
Sacs-poubelle
E
n Belgique, le consommateur n’a
pas le choix de son sac-poubelle.
Il est lié au sac réglementaire de sa
commune. En effet, ce sont les régions qui sont responsables de la gestion des
déchets. La législation régionale confie aux
communes – dont la plupart s’organisent au
sein d’intercommunales - la tâche d’organiser la collecte, le traitement et la valorisation
des déchets ménagers. Les communes répercutent généralement les frais de gestion de
ces déchets sur le prix des sacs, mais certains facturent aussi une taxe déchets annuelle aux ménages. Huit intercommunales
gèrent les déchets en Wallonie et vingt-six
en Flandre. La région bruxelloise, quant à
elle, a confié sa gestion à Bruxelles-Propreté,
un organisme régional.
Chacun faisant à sa mode, la gestion des
déchets ménagers en Belgique relève d’un
vrai casse-tête. Varient ainsi la couleur des
sacs, leur prix, le nombre de sacs par rouleau, l’épaisseur, la contenance en litres et
en kilos, le type de fermeture (pas de liens,
liens coulissants, liens séparés en plastique
ou en métal ou sac à quatre rabats) …
Une qualité discutable
Nous avons acheté des sacs-poubelle de
30 litres (ou petit volume) dans près d’une
trentaine de communes. Et nous les avons
soumis à différents tests de qualité et de solidité auprès d’un laboratoire qui les a
analysés suivant des normes européennes.
Si la plupart des sacs testés se sont montrés
résistants aux fuites (seuls les sacs de Liège,
Arlon et Wemmel ont percé) et à la perforation (juste un très mauvais score pour le sac
Carrefour d’Alleur sur lequel il faut apposer
une étiquette communale, peut-être à cause
de sa faible épaisseur), ils ont clairement
montré d’autres failles au niveau de la qualité. En cas de chute, près de la moitié des
sacs, remplis de granulés en polyéthylène,
craquent. Les fabricants des sacs peu solides n’ont peut-être pas respecté les cahiers
des charges réglementaires qui imposent
une épaisseur minimum. A cause de la
hausse de prix du polyéthylène sur le marché international, certains fabricants ont diminué l’épaisseur de leurs sacs pour pouvoir
conserver leur prix de vente. Autres constats
négatifs : la plupart des étiquettes collent
trop fort sur le premier sac et l’abîment
quand on ouvre le rouleau. Certains sacs
sont difficiles à séparer (coupe incomplète)
et se déchirent. Dans certains rouleaux,
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200
C’est le nombre de kilos de
déchets ménagers
résiduels produits par an
par chaque Belge.
1,25 ₤
C’est le prix que vous
coûtera un petit sacpoubelle pour déchets
résiduels à Malines (géré
par l’intercommunale
IVAREM). C’est le sac le
plus taxé en Belgique !
10
C’est le nombre de
couleurs de sacs pour
déchets résiduels en
Belgique.
25%
seulement des déchets
ménagers bruxellois sont
recyclés (contre 70 % en
Wallonie et en Flandre).
des liens de fermeture sont manquants. Le
nombre de sacs annoncé par rouleau sur le
bandeau est bien respecté à trois exceptions
près (Charleroi, Poperinge et le sac Carrefour d’Alleur). Certains sacs testés arborent
le label Vinçotte qui est un gage de qualité
par rapport aux autres. Cependant, quatre
des six sacs labellisés n’ont pas vraiment
satisfait à tous les critères de notre test. Les
sacs de Saint-Nicolas et Bruxelles-Propreté
se révèlent de bonne qualité. Mais les quatre
autres ont soit raté le test de chute (Hasselt,
Malines, Arlon), soit de résistance aux fuites
(Arlon), soit ont un volume inférieur à celui
annoncé (Ottignies), ce qui peut s’expliquer
par l’absence du critère volume dans le cahier de charges du label.
Près de la moitié des
sacs se sont déchirés
lors de nos tests de
chute
Un étiquetage peu rigoureux
Le volume des sacs est indiqué soit sur le sac
lui-même, soit sur le bandeau du rouleau.
Il est parfois aussi remplacé par le terme
"petit volume " (quand il existe deux volumes
différents). On peut également parfois le
trouver uniquement sur le site internet de
la commune ou de l’intercommunale. Nous
estimons qu’une indication claire du volume
en litres doit figurer sur les rouleaux ou les
sacs.
Il nous paraît important également pour le
consommateur que le nombre de kilos maximum que peut supporter le sac soit indiqué.
Un coût-vérité
En régions wallonne et flamande, pour inciter le citoyen à générer moins de déchets, les
communes répercutent le coût de la gestion
des poubelles dans le prix du sac. C’est ce
qu’on appelle la taxe "pollueur-payeur " ou
"coût-vérité". De nombreuses communes
ajoutent une taxe annuelle par ménage
(comme à Wemmel ou à Charleroi). Chaque
intercommunale - et parfois commune - applique ainsi des prix différents sur les sacs et
sur la taxe déchets annuelle par ménage.
avril 2016 • 607 Test-Achats 11
SOUS LA LOUPE
Sacs-poubelle
Si vous ne voulez vraiment pas payer cher
votre sac-poubelle, déménagez à Arlon. Le
sac de l’intercommunale AIVE revient à
0,30 €. Par contre, fuyez Malines (IVAREM)
où vous devrez dépenser 1,25 € pour votre
sac de 30 litres.
Les communes où les sacs sont les moins
chers et où les taxes sont les moins élevées
gèrent-elles donc mieux leurs déchets ? Estce aux citoyens à payer la mauvaise gestion
des déchets de leur commune ? En plus,
comme les augmentations de taxes fédérales sur les intercommunales ainsi que les
suppressions de subsides régionaux aux
centres de déchets seront répercutées, le
prix des sacs va sans aucun doute augmenter
dans l’avenir. À Bruxelles, les autorités ont
décidé de ne pas appliquer cette taxe pollueur-payeur, car elles craignaient l’émergence de dépôts clandestins dans les rues.
Résistance des liens
Facilité d'utilisation
Résistance aux chutes
Résistance aux fuites
Correspondance volume
annoncé-volume mesuré
Qualité de l’étiquetage
RÉSULTATS DES TESTS
Couleur
Prix/sac (en ₤)
Poids supporté indiqué (en
kilos)
Sacs-poubelle
Volume (en litres) indiqué
sur le bandeau ou sac (sur
internet)
DESCRIPTION
s.o.
A
Commune (gestionnaire)
ALOST (ILVA)
45
15
1,2
jaune
ALLEUR/CARREFOUR + ÉTIQUETTE COMMUNALE
30
s.o.
0,09
gris
ANVERS (ANVERS)
30
7,5
0,5
blanc
ARLON (IDELUX)
60
s.o.
0,3
gris
BRUXELLES (BXL PROPRETÉ)
30
15
0,1
blanc
A E
A E
C
A A A E
D
B
E
E
B
A E
A A B
E
s.o.
D
A A A A A D
30
15
0,1
blanc
A E
A A A D
CHARLEROI (ICDI)
petit (40)
s.o.
0,7
blanc
D
E
A E
CRAINHEM (INTERZA)
BRUXELLES VEGETAL ORIGIN (BXL PROPRETÉ)
s.o.
D
petit (30)
s.o.
1
blanc
D
A A E
s.o.
D
GAND (IVAGO)
30
7
0,88
jaune
A A A E
s.o.
D
HASSELT (LIMBURG.NET)
22
5
0,63
bordeaux
A B
A E
A D
petit
s.o.
0,9
jaune
C
A A B
s.o.
E
JABBEKE (IVBO)
40
s.o.
0,9
orange
C
E
s.o.
E
IZEGEM (IVIO)
A C
KRUISHOUTEM (IMOG)
40
7
0,85
blanc
A E
A B
s.o.
A
LIÈGE (INTRADEL)
30
s.o.
0,5
jaune
C
E
s.o.
D
MALINES (IVAREM)
E
B
petit (30)
15
1,25
blanc
C
A A E
s.o.
E
MONS (HYGEA)
30
15
0,54
blanc
B
A A A
s.o.
D
NAMUR (BEP ENVIRONNEMENT)
30
s.o.
0,5
brun clair
C
E
A A
s.o.
D
s.o.
D
NINOVE (ILVA)
45
15
1,2
jaune
A E
A E
OTTIGNIES/LLN (IBW)
30
s.o.
0,63
jaune
C
A A A E
E
POPERINGE (IVVO)
petit
s.o.
0,8
blanc
C
A A E
s.o.
D
ROULERS (MIROM)
petit
s.o.
0,65
blanc
C
C
A A
s.o.
D
30
s.o.
0,55
gris foncé
B
B
A A B
petit (15)
s.o.
1
jaune
C
A A E
SAINT-NICOLAS (MIWA)
TERVUEREN (INTERRAND)
s.o.
E
D
THUIN (IPALLE)
40
s.o.
0,5
jaune
C
A A E
s.o.
D
TOURNAI (TOURNAI)
30
s.o.
0,53
noir
C
B
A A
s.o.
D
A A A A
50
s.o.
0,75
vert
VILVORDE (INCOVO)
VERVIERS (INTRADEL)
petit (30)
s.o.
0,9
brun foncé
WEMMEL (WEMMEL)
petit
s.o.
1
noir
C
E
D
A A E
s.o.
D
C
C
s.o.
D
E
A
s.o. sans objet
12 Test-Achats 607 • avril 2016
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SOUS LA LOUPE
Sacs-poubelle
Des volumes fantaisistes
Lors de notre test, nous avons remarqué un manque de concordance entre le volume annoncé des sacs et le volume calculé par notre labo.
45
31
30
23
ALOST (ILVA)
34
34
JABBEKE (IVBO)
45
29
NINOVE (ILVA)
30
30
25
BRUXELLES (BRUXELLESPROPRETÉ-VEGETAL ORIGIN)
ANVERS
40
40
40
KRUISHOUTEM (IMOG)
30
30
25
23
OTTIGNIES/LLN (IBW)
50
31
15
VERVIERS (INTRADEL)
TERVUEREN (INTERRAND)
Volume annoncé (en litres)
Les réactions des accusés
Suite aux résultats que nous avons envoyés
aux communes, ILVA (Alost et Ninove) a fait
vérifier ses sacs par un autre labo qui est arrivé aux même conclusions. Le fournisseur
contacté a reconnu que les sacs étaient bien
des sacs de 30 litres au lieu de 45 litres. Il
évoque un quiproquo à propos du chiffre
45 mentionné qui ne correspondrait pas au
volume mais bien à un code interne. ILVA a
organisé une conférence de presse mi-janvier pour expliquer la situation aux citoyens
de ses 15 communes. Suite à quoi, les sacs
ont été retirés du marché. Les citoyens
peuvent les rendre contre remboursement
ou continuer à les utiliser. Les nouveaux
sacs sont vendus à 1 € au lieu de 1,20 € depuis fin février et feront l’objet de contrôles
plus réguliers. ILVA a également annoncé
prendre des mesures juridiques envers le
fabricant. Les 60 litres ont été contrôlés et
ne poseraient pas de problème.
Bruxelles-Propreté a contacté le fabricant
Sphere Belgium à propos des sacs Vegetal
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24
NAMUR (BEP ENVIRONNEMENT)
LIÈGE (INTRADEL)
34
30
CHARLEROI (ICDI)
Origin qui ne respectent ni le volume de
30 litres annoncé (25 litres testés) ni l’épaisseur de 30 microns (24 en réalité) exigée par
le cahier des charges.
Liège a aussi contrôlé nos résultats et a admis que les sacs jaunes de 30 litres n’étaient
pas conformes tant au niveau de leurs dimensions que de leur volume. L’explication
fournie par le fabricant Jemaco rejette la responsabilité sur un sous-traitant portugais
qui n’aurait pas respecté les consignes de
fabrication communiquées. Mais il semble
évident que Jemaco n’a pas non plus vérifié
la commande avant de la livrer à la commune. Les sacs ont été retirés du marché et
de nouveaux, conformes cette fois, ont été
livrés. Les sacs de 60 litres testés par Liège
sont, par contre, réglementaires.
Namur s’est rendu compte que la longueur
de ses sacs n’était pas conforme à son cahier de charges, ce qui explique que les sacs
qu’ils pensaient être de 30 litres sont en fait
des sacs de 24 litres. Ces sacs proviennent
du même fournisseur ( Jemaco) que ceux
Volume réel (en litres)
de Liège et avaient aussi été sous-traités au
Portugal à l’insu de la commune. Ils ont été
remplacés par des sacs conformes. Namur
s’est engagée à contrôler davantage ses sacs
à l’avenir.
Le conteneur à puces, la solution ?
Certaines communes ont adopté la facturation au poids en mettant à disposition des
ménages des poubelles à puces pour les
déchets résiduels. C’est le cas, entre autres,
en province du Luxembourg où la collecte
des déchets est gérée par AIVE. Les déchets
résiduels sont collectés dans un " duo bag " à
puces (résiduels/matières organiques). Ces
puces identifient le conteneur et pèsent la
quantité exacte de déchets afin de taxer le citoyen proportionnellement à sa production.
Si c’est tout à fait en phase avec la logique du
" pollueur payeur " et paraît plus juste, cette
gestion semble difficile à mettre en pratique
en zones urbaines.
avril 2016 • 607 Test-Achats 13