Situation économique et financière de la Croatie début 2015
Transcription
Situation économique et financière de la Croatie début 2015
Situation économique et financière de la Croatie début 2015 juillet 2015 © DG Trésor Une légère reprise de l’activité économique est possible en 2015 ; finances publiques très dégradées, le pays est sous une procédure communautaire de déficit excessif ; situation encore solide du secteur bancaire malgré un niveau de prêts non performants élevé ; impérieuse nécessité de continuer les réformes structurelles ; rôle crucial de l’investissement privé et des fonds structurels communautaires pour relancer la croissance. Une économie largement dépendante du tourisme et insuffisamment portée par le secteur industriel Le PIB nominal de la Croatie s’établit à 43 Mds € en 2014, pour une population d’environ 4,2 M d’habitants, soit un PIB par habitant de l’ordre de 10 305 €. Exprimé en standard de pouvoir d’achat, ce PIB par habitant, représente 61 % de la moyenne communautaire en 2014. L’économie croate est largement dominée par le secteur des services qui représente près de 70 % de la valeur ajoutée en 2014 avec un poids significatif pour le tourisme (15 % du PIB). A noter la faible compétitivité du secteur industriel qui représente 26 % de la valeur ajoutée en 2014 et dont les exportations sont peu élevées à l’aune régionale. Conséquence directe, la structure du commerce extérieur est très déséquilibrée avec un déficit commercial structurellement élevé, stagnant à environ 20 % du PIB depuis quinze ans, qui est cependant compensé par l’excédent de la balance des services, largement imputable au tourisme. La Croatie traverse une récession qui s’est montrée particulièrement prononcée, tant par sa durée (six années) que par son ampleur (contraction du PIB de 14 % entre 2009 et 2014). Le 1er juillet 2013 a été marqué par l’entrée de la Croatie dans l’Union Européenne. La Croatie a cependant été placée sous procédure de déficit excessif dès le début d’année 2014, la récession qui a touché le pays depuis 2009 s’étant traduite par une forte dégradation des finances publiques (déficit de 5,7 % du PIB et dette publique de 85 % du PIB en 2014, contre 35% en 2009). La Croatie pourrait renouer avec une croissance légèrement positive en 2015 En 2014, la Croatie a connu une récession de 0,4 %, résultant d’une contraction supplémentaire de la formation brute de capital fixe (- 4 %) et de la consommation (- 0,7 %), malgré une contribution positive du commerce extérieur (+ 3,3 %). Pour 2015, la plupart des économistes s’attend en revanche à une croissance légèrement positive (0,3 % selon la Commission Européenne, 0,4 % selon le gouvernement et 0,5 % selon le FMI). Celle-ci serait soutenue par une reprise de la consommation intérieure et par une hausse des exportations, de l’activité de tourisme et des IDE. La Croatie est sortie techniquement de récession au premier trimestre 2015, enregistrant une croissance positive en glissement annuel au dernier trimestre 2014 (+ 0,2 %) et au premier trimestre 2015 (+ 0,5 %). Le niveau de chômage atteint 15,8 % en mai 2015 et touche particulièrement les jeunes. L’inflation s’établit à - 0,1 % en avril 2015, mais devrait retourner en territoire positif en fin d’année 2015 (+ 0,1 % selon la Commission Européenne). Le déficit commercial de la Croatie s’est réduit en 2014 (-2 %), sous l’effet d’une reprise des exportations (+ 9 % en 2014 après + 0,3 % en 2013) plus forte que la croissance des importations (+ 4 %). L’activité touristique a progressé en 2014 (revenus en hausse de 3 %) et les premiers indicateurs pour 2015 sont encourageants. Ce contexte macro-économique pèse sur des finances publiques très dégradées, et la Commission a lancé une procédure de déficit excessif à l’encontre du pays Les finances publiques croates se sont fortement dégradées après la crise, le déficit dépassant 5 % du PIB depuis 2009. Le pays enregistre ainsi un déficit de 5,7 % du PIB en 2014 après 5,4 % en 2013 en raison de moindres rentrées de TVA. S’agissant de la dette, elle s’établirait à 85 % du PIB fin 2014 contre 81 % en 2013. Compte tenu de l’importance du déficit prévu en 2015, ce ratio devrait atteindre 91 % en 2015 selon la Commission Européenne. Dans le cadre de la procédure de déficit excessif (PDE), la Commission Européenne avait constaté que deux des trois objectifs clés de la PDE AMBASSADE DE FRANCE EN BULGARIE - SERVICE ÉCONOMIQUE REGIONAL L a s i t u a t i o n é c o n o m i q u e e t f i n a n c i è r e d e l a C r o a t i e d é b u t 2 0 1 5 – j u i l l e t 2 0 1 5 © DG Trésor n’avaient pas été tenus en 2014. Le PLF 2015 approuvé le 2 décembre 2014 par le Parlement retient une hypothèse de croissance plus réaliste que dans les Lois de finances précédentes de 0,4 % et un déficit public de 3,8 % (soit - 4,3 % en norme ESA 2010). Contrainte par l’« euroisation » de l’économie, la politique monétaire de la Banque centrale privilégie la stabilisation de la kuna Contrainte par le haut degré d’« euroisation » de l’économie croate, la Banque centrale poursuit depuis 2000 une politique de change de bande étroite pour assurer la stabilité de la kuna face à l’euro. Le secteur bancaire est très concentré, les six premières banques représentent 80% du total des actifs. La consolidation du secteur devrait se poursuivre avec la mise en place des nouvelles normes de Bâle III. Cependant la capitalisation des banques est globalement élevée avec un ratio d’adéquation du capital de l’ordre de 20%, bien supérieur au seuil préconisé par Bâle III. Le crédit au secteur privé connait une baisse qui se prolonge depuis mi-2012. Le rythme de cette baisse est cependant plus faible en 2015 (- 0,7 % en avril), le crédit aux ménages repartant à la hausse en 2015 (+ 0,8 % en avril) tandis que la progression des crédits aux entreprises reste négative (- 3 %). Cette évolution s’explique par la faiblesse de la demande intérieure liée à un endettement élevé et par une dégradation de la qualité du portefeuille de prêts des banques (hausse du ratio de prêts non performants de 11 % en 2011 à 16,7 % fin 2014) qui a conduit les banques à une plus grande sélectivité dans leur offre de crédit. Dans ce contexte dégradé et contraint par la consolidation budgétaire imposée par la procédure de déficit excessif, seule la poursuite des réformes structurelles, conjuguée à une relance des investissements et la mobilisation des fonds communautaires, permettra à la Croatie de renouer avec la croissance Le rapport « Doing Business » 2015 de la Banque mondiale, qui évalue l’environnement des affaires, classe la Croatie en 65ème position sur 189 pays, en avant dernière position parmi les pays de l’Union Européenne. Sont notamment pointées les difficultés d’obtention des permis de construire, de transfert de propriété et de création d’entreprises. Des réformes structurelles significatives ont pourtant été mises en place depuis 2013. Pour 2015, les réformes prévues par le gouvernement poussées par la Commission Européenne dans le cadre du Programme National de réforme de la Croatie sont les suivantes : une réforme du système de retraite, une réorganisation du système de santé, un renforcement de la gouvernance des entreprises publiques, une légère hausse des taxes locales liées à l’immobilier, une réforme du système de sécurité sociale et du dispositif d’aides sociales, une rationalisation de la fonction publique, un renforcement du cadre de pré-insolvabilité et d’insolvabilité pour les entreprises, et une réduction des taxes parafiscales et la suppression d’obstacles administratifs pour les entreprises. Cependant le contexte politique actuel, avec les prochaines élections législatives programmées fin 2015 ou début 2016, est peu propice à des réformes structurelles significatives. Une absorption efficace des fonds structurels européens pourrait constituer un complément de croissance significatif pour la Croatie. PIB (Md€) Taux de croissance (%) Taux d’inflation annuel (%) Importations (Md€) Solde courant (% du PIB) Solde public (% du PIB) Croissance crédit (%) Indicateurs macroéconomiques 2014 Population (M d’habitants) 43 Taux de chômage (%) - 0,4 Taux de change - 0,1 (avril 2015) Exportations (Md€) 17,1 Stocks d’IDE (Md€) 0,7 Dette publique (% du PIB) - 5,7 Taux de prêts non performants - 2,3 4,2 15,8 (mai 2015) 1 EUR = 7,6344 KUNA 10,3 24,9 85 16,7 Source : FMI, Commission européenne, Ministère des Finances, Institut des statistiques, Banque Centrale Copyright Tous droits de reproduction réservés, sauf autorisation expresse du Service Économique Régional de Sofia (adresser les demandes à sofia@ dgtresor.gouv.fr). Auteur : Service Économique régional Danube-Balkans Clause de non-responsabilité Le Service Économique s’efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu responsable de l’utilisation et de l’interprétation de l’information contenue dans cette publication. Rédigé par : Jean-Marie Demange / Philippe Colombani / Mathilde Hily Adresse : 15, rue Oborishté - 3ème étage - 1504 Sofia – Bulgarie Version du 8 juillet 2015 Version originelle 8 juillet 2015 AMBASSADE DE FRANCE EN BULGARIE - SERVICE ÉCONOMIQUE REGIONAL - 2 -