ECOLE DE LA P AIX LA LUMIERE DE TIPASA

Transcription

ECOLE DE LA P AIX LA LUMIERE DE TIPASA
La lettre
de l'Ecole
de la paix
LA LUMIERE DE TIPASA
Lettre N°27 Mars/Avril 2004
ECOLE DE LA PAIX
Grenoble
7, rue Très-Cloîtres 38000 Grenoble. Tél. 04 76 63 81 41 - Fax 04 76 63 81 42
Mél : [email protected] - http://www.ecoledelapaix.org
Richard Pétris
On nous fait encore remarquer quelquefois - avec plus ou moins d'aménité - que nous ferions
mieux de nous occuper de nos problèmes "chez nous", plutôt que de ceux "des autres". Tout
d'abord, c'est injuste car nous agissons effectivement aussi bien "ici" que "là-bas". Ensuite, on
peut rester insensible aux slogans des Forums Sociaux Mondiaux mais on ne peut nier que le local
et le global sont de plus en plus intimement liés dans notre "village planétaire". Enfin, ceux qui
nous ont précédés ont décidé, au fil des siècles, de faire, d'autres régions du monde que l'on
découvrait, et pendant un certain temps, une partie intégrante de notre territoire. Balayer devant
sa porte, certes, mais où situer celle-ci ? N'y a-t-il pas un héritage à assumer, en tous les cas, des
leçons à tirer de l'histoire ancienne et de l'histoire récente ?.
On nous a, d'ailleurs, encouragés à nous tourner vers un pays où, nous disait-on, il y a "beaucoup
à faire" et nous nous félicitons aujourd'hui d'avoir tendu la main à ces militants et militantes d'une
association algérienne qui construisent la société civile de ce pays par leur travail de proximité et
de réseau. Le moment est crucial et, encore une fois, c'est bien en tissant des liens et par un effort
de coopération que nous pourrons créer cet "autre monde possible".
Si les ruines romaines de Tipasa - classées par l'UNESCO au Patrimoine mondial de l'humanité étaient là pour nous rappeler, avec Paul Valéry, que les civilisations sont "mortelles", les efforts de
nos amis algériens ouvrant, dans cette même ville, avec leur version de notre exposition, un
chemin pour construire la paix "Ensemble", comme l'indique son titre, sont une véritable lueur
d'espoir.
A notre retour, nous pouvions constater que le sable du Sahara ne nous avait pas attendus pour
traverser la Méditerranée et nous prouver, s'il en était besoin, que notre terre est ronde et que les
frontières sont d'abord dans les têtes !
1
Portes ouvertes sur ... l’Ecole (suite)
Les enjeux de l'éducation à la paix
La précédente lettre nous a permis d'évoquer la structure
mise en place et les perspectives de développement,
notamment autour de l'idée de "classes de paix". Revenons
aujourd'hui sur ce qui nous motive, au fond.
De l'utopie…
Le sujet était délicat dès l'origine. Se présenter comme
voulant agir pour la paix nous faisait passer d'emblée
auprès de nombre de nos concitoyens - et même de
nos amis ! - soit pour de " doux rêveurs ", soit pour
des naïfs sensibles aux sirènes d'un bloc aujourd'hui
disparu. Nous ne partions pourtant pas de rien ; un
collectif très ouvert, " Tous ensemble pour la paix ",
créé en 1985, voulait faire la démonstration que la
paix est la somme d'efforts concrets et multiples dans
les champs des droits de l'homme, de l'aide au
développement, du désarmement et de la nonviolence, … pratiqués déjà par beaucoup de
Grenoblois, et d'autres, dans de multiples
organisations de tous types. En si bonne compagnie,
la convergence de nos intérêts associatifs n'allait
pourtant pas de soi ; une certaine concurrence rendait
le pari difficile sinon impossible. Une évolution des
mentalités serait nécessaire pour que les
comportements changent. Ainsi naissait l'idée d'une "
école de la paix ".
Deux réactions devaient nous accompagner
durablement : d'une part, la réponse " Montrez ce
dont vous êtes capables, on verra ensuite ", d'autre
part, le soupçon de " secte ". La première était et
demeure, somme toute, logique ; elle nous a obligé à
concevoir notre pédagogie comme un va-et-vient
permanent entre l'expérience et son analyse, entre une
réflexion et une action. L'intuition était bien que la
paix n'est pas concevable sans une double
transformation des individus et des structures.
Globalement, il s'agissait, avec une école de la paix, de
changer en l'homme sa représentation du monde afin
de bâtir une fraternité mondiale. La deuxième
réaction - totalement infondée ! - pouvait-elle être
sérieusement suscitée par ce qui pourrait apparaître
comme une prétention démesurée alors que nous ne
faisons que rappeler à ce devoir de fraternité qui est la
dimension la plus humaine de notre devise
républicaine ?
… aux réalités.
Trois façons de voir, en particulier, donnent une idée
du chemin parcouru et dessinent, en même temps,
une sorte de programme.
En 1997, à l'occasion d'un colloque organisé par
l'UNESCO, au Mozambique, la question nous était
Lettre Mars/Avril 2004
Richard Pétris
posée : " Qui est à l'origine de ce concept de "culture
de paix" ? " Il ne pouvait s'agir d’en revendiquer la
paternité, mais le fait est que nous avions, quelques
années auparavant fait nôtre cette notion : à
l'opposition guerre-paix nous avions préféré
l'opposition culture de guerre-culture de paix. Nous
avions donné à une collection d'ouvrages ce titre de "
Culture de paix " et c'est aussi en nous référant à ce
concept, sur l’incitation du directeur général de
l'UNESCO, que nous avions entrepris de créer une
chaire autour de cette thématique. Il en est résulté le
réseau universitaire que nous élargissons et
consolidons progressivement.
Le second concept qui a fait florès est celui du " vivre
ensemble ". C'est à la fois toute la philosophie qui
sous-tend l'exposition " Le sentier de la guerre, ou
comment l'éviter " et le défi que nous devons tous
relever, depuis la cellule familiale jusqu'au village
planétaire en passant par le cadre scolaire, l’espace
urbain, la communauté européenne en construction,
etc. Les ingrédients existent : le dialogue, la
connaissance de l'autre, le respect, le compromis, la
coopération, etc. qu'il s'agit précisément de cultiver.
Nous ne pouvions que nous sentir confortés dans
cette vision par les " instructions pédagogiques " du
Ministère de l'Education nationale, en juillet 2004,
relatives à " l'éducation au développement et à la
solidarité internationale " qui " vise à faire prendre
conscience aux élèves de l'interdépendance des
régions du monde dans le processus de
mondialisation, … ".
Enfin le slogan : " Un autre monde est possible ! " est
bien plus qu'une mode, c'est un programme. Il a fait,
en partie, le succès des forum sociaux mondiaux.
Mais si c'est bien autour de cette idée que nous nous
sommes mobilisés, il y a plus de quinze ans, c'est
parce que nous savions que cet autre monde ne
pourrait advenir sans un effort de formation
spécifique, sans que soit repensée l'éducation ellemême : ce qui fait dire à certains que c'est bien " la
seule révolution qui vaille ".
Catherine Rouhier soulignait, il y a quelques années,
que " la paix n'arrive pas comme ça, elle se travaille,
elles se cherche, elle se construit " et citait Emmanuel
Levinas : " Elle est une capacité à maintenir vivant le
lien à autrui, elle repose sur la certitude que la vérité
s'atteint par le dialogue, elle ne peut être pensée que
comme vigilance extrême à l'existence d'autrui, elle
oblige infiniment ".
2
Ressources naturelles et conflits
Patrick Lecomte et Richard Pétris m'ont invité
dernièrement à participer à un cours de trois heures
consacré au thème "Ressources naturelles et conflits"
à l'Ecole des Mines de Saint-Etienne. Dans une
première partie, Patrick a traité des conflits de l'or
noir dans un cadre interétatique. Il a plus
particulièrement développé trois types-idéaux centrés
sur la région du Golfe persique.
Tout d'abord, le cas de la guerre Irak-Koweït en
1990, puis l'opération " Tempête du désert ",
développée autour de l'intervention américaine au
début 1991. Il s'agit là d'un type de règlement des
conflits qui repose sur la coercition. La loi du plus
fort constitue le caractère dominant de ce paradigme.
Puis, Patrick est revenu sur les conflits récurrents
entre deux territoires des Emirats Arabes Unis que
sont Ras el Khaïma et Oumm el Qaïwaïn. Dans ce
cas, c'est l'intégration qui a primé lors du règlement
pacifique de ce différend après des années de
négociations conclues en 1994 entre les dirigeants de
ces entités. Des valeurs, des normes similaires, un
même langage ou encore une volonté de compromis
ont cimenté cet accord.
Enfin, il a évoqué un troisième mode de règlement
des conflits : la médiation. Il a alors situé le cadre de
son analyse dans l'évolution positive des rapports
entre Bahreïn et Qatar. L'arrêt de la Cour
internationale de Justice rendu en 2001 a été accepté
par les deux parties qui se sont engagées à
reconnaître les délimitations recommandées par cet
acteur extérieur. Patrick soulignait particulièrement le
fort crédit de confiance qui avait été nécessaire aux
deux parties pour progresser dans cette direction.
Mon intervention se situait, elle, dans une
problématique beaucoup plus intraétatique. Elle
prolongeait d'autant plus l'exposé précédent qu'elle
partait de la même ressource naturelle (le pétrole)
pour analyser les conséquences de son exploitation
dans le cas nigérian. Après la présentation des lignes
de force du Nigeria contemporain, il s'agissait d'en
montrer la très mauvaise gouvernance au niveau
fédéral. Caricatural de la quasi-totalité des Etats
pétroliers, le pays le plus peuplé d'Afrique ne se
distingue guère que par une relative amélioration
depuis l'accession au pouvoir d'Olusegun Obasanjo
en 1999. Si la démocratie y est plus forte que sous la
férule de fer du général Sani Abacha de 1993 à 1998,
les dividendes énormes réalisés sur le pétrole ne sont
guère visibles au niveau de la population locale.
La seconde partie de l'exposé s'est attachée à décrire
Lettre Mars/Avril 2004
Mathieu Damian
deux situations locales liées à l'exploitation du
pétrole. Chez les Ogoni, on assiste à une
amélioration toute relative des conditions de vie.
Dans la ville de Warri (deuxième ville pétrolière du
pays), où la situation est préoccupante depuis 2002
(après l'avoir déjà été à la fin des années 1990), des
centaines de personnes ont trouvé la mort au cours
d'affrontements liés à la rente pétrolière.
Enfin, Richard est revenu sur le cas
colombien en soulignant la pertinence des efforts de
promotion d'un développement humain et facteur de
paix au niveau local dans les régions sensibles du
Magadalena Medio et de l'Uraba. Il a pu témoigner
du rôle qu'y joue l'Ecole de la Paix depuis des années.
Stagiaire
Rozenn Bouvier
Bonjour à tous !
Etudiante en quatrième année à
l'IEP de Grenoble, je l'ai
consacrée à la réalisation de
stages afin de mieux cerner mon
projet professionnel. Attirée par
le monde associatif et la défense
des droits de l'homme, c'est tout naturellement que je
me suis tournée vers l'Ecole de la paix ; même si je ne
connaissais pas exactement le fonctionnement de cette
organisation. Il est vrai que, quand je suis arrivée à
l'Ecole de la paix, le premier jour, j'ai été un peu
déroutée… On me parlait de parcours thématique,
mallette-Colombie, " J'y vais, j'y vais pas ". mais, quel
était ce monde étrange ? Une chose était sure, ici on
s'enthousiasmait pour la paix, pour l'éducation à la
paix, pour le " vivre ensemble ". Il ne faut pas
longtemps pour être attiré par cet élan de bonne
volonté et ce vouloir partager. Et, maintenant, quatre
semaines seulement après mon arrivée à l'Ecole de la
paix, je m'y sens à l'aise, poursuivant à mon tour le
long chemin du " vivre ensemble ". Je travaille sur un
parcours thématique (si vous venez à l'Ecole je
pourrais vous expliquez de quoi il s'agit…) traitant de
la diversité culturelle à partir du cas des Tsiganes, tout
en essayant de raviver le réseau IEPaix (Initiatives des
Etudiants pour la paix). Le chemin est, en effet, encore
long, mais je ne désespère pas de, moi aussi, faire un
peu avancer les choses sur le sentier de la paix.
3
Echos du forum social mondial
Mumbai, Inde - 16-21 janvier 2004
La Délégation tibétaine au 4ème
Forum Social Mondial
Chantale Truc
C'est à Bombay que s'est réuni le 4ème Forum Social
Mondial. Saisissant l'opportunité de ce
rassemblement mondial en Inde, les ONG tibétaines
ont délégué une trentaine de personnes
accompagnées de près de 400 bénévoles, dont une
importante représentation religieuse. Sous le slogan
" Si un autre monde est possible, faisons du Tibet
une zone de paix ", décliné sur toutes sortes de
supports, les Tibétains ont choisi d'appeler tous les
participants et la communauté internationale à
soutenir la vision du Dalaï Lama pour un Tibet
transformé en zone de Paix.
C'est au cours de 2 conférences, " Tibet, vers une
société non-violente " et " Situation des Droits de
l'Homme au Tibet " que des voix se sont élevées
pour défendre le plan de paix proposé par le Dalaï
Lama comme la chance unique que cette option
représente pour les Tibétains et le monde, y compris
le peuple chinois, et le discours passait d'autant
mieux qu'il s'agissait pour la plupart des intervenants
d'expérience personnelle, de réflexion approfondie
et de travail sur soi. Les termes de Culture de Paix
prenaient ici tout leur sens.
" Prendre le chemin de la non-violence, c'est prendre
le chemin de la vie" a déclaré Mme Despandhe,
Indienne, disciple de Gandhi et du Dalaï Lama.
M Sulak Sivaraksha, penseur bouddhiste
Thailandais, a quant à lui insisté sur le fait que les
valeurs fondamentales sources de bonheur pour
l'humanité ne sont pas le capitalisme et la
consommation comme semblent le penser les
dirigeant chinois et l'ensemble des décideurs des
pays du nord. Il a dénoncé au passage l'hypocrisie
des grandes puissances qui, tout en prétendant
soutenir les initiatives de paix, passent par pertes le
Tibet et profits la Chine, ce pays qui représente un
immense marché potentiel.
Norzin Dolma et Youdon Aukatsang - toutes deux
travaillent au Centre Tibétain des Droits de
l'Homme et de la Démocratie - ont exposé la
situation des droits de l'homme au Tibet en 2003 en
soulignant le caractère profondément religieux et
pacifique du peuple tibétain qui vit sous le joug
chinois depuis plus de 50 ans maintenant. La Chine
a signé les conventions internationales sur les droits
humains, religieux, culturels et économiques mais
n'en respecte aucune.
Les témoignages de Jampa Monlan qui a passé 5
ans dans les geôles chinoises et de Lobsang, moine
récemment arrivé en exil, disciple de Tulku Tenzin
Delek (prisonnier d'opinion présumé coupable d'un
acte de terrorisme et condamné à mort à la suite d'un
procés inique) étaient particulièrement émouvants.
Puisque le Forum Social fait référence dans sa charte
à des " relations égalitaires, solidaires et pacifiques
entre les personnes ", le Tibet y a toute sa place. Ce
pays n'est-il pas victime d'un état impérialiste qui
l'occupe illégalement, le pille à son
profit et celui des puissances
étrangères qui profitent de ce pillage
par
relations
commerciales
interposées ? Un monde de paix, oui,
mais pas sans le Tibet.
Chantal Truc (Coordinatrice Aide à
l'Enfance Tibétaine pour le Réseau
Intercontinental pour la Paix et la
Solidarité).
* Compte rendu sur la 1ère
participation des associations et
ONG tibétaines au Forum Social de
Bombay.
Lettre Mars/Avril 2004
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Richard Pétris
Que restera-t-il des impressionnants mouvements de
foule du FSM de Mumbai ?
D'abord, l'image, à laquelle nous ne sommes en rien
accoutumés, du gigantisme d'une population et d'un
continent : avec près d'un milliard cent millions
d'individus, la première dépassera bientôt la
population chinoise ; le second abrite des groupes et
des communautés dont les 708 langues, dont 15
officielles, donnent une idée de la diversité ! Et
également, compte tenu de cette densité, la force de
la démonstration populaire réunissant non
seulement des cortèges de femmes, d'intouchables et
de syndicalistes mais aussi des organisations de
vendeurs de rue, des associations de paysans, des
représentants de tribus menacées, des membres de
communautés
religieuses
dénonçant
les
fondamentalismes, des défenseurs des droits des
enfants, etc. Difficile de ne pas se dire, devant des
inégalités aussi criantes et à propos de cette société
civile mondiale qui se construit, que ces multitudes
pèseront inévitablement et qu'il faudra bien se
donner, dans le pays lui-même et au niveau
international, les moyens d'assurer les conditions
d'un développement humain véritable et facteur de
paix.
Ensuite, l'affirmation que pour qu'un autre monde
soit possible, un autre contrat social est nécessaire.
de la paix et de la sécurité en Asie et dans le monde.
Nous l'avons fait avec des militaires, précisément, et
il a été dit que pour répondre à ce défi de la paix et
de la sécurité, dans le cas du conflit indo-pakistanais
comme au plan mondial, l'option militaire est très
limitée. L'attente des populations qui s'exprimait à
Mumbai ne saurait se satisfaire d'une situation où,
par exemple, l'augmentation du budget de la défense
pour l'Inde, cette année, équivaut à l'ensemble des
besoins du pays en matière d'éducation. Or, s'il faut
noter les signes d'apaisement entre l'Inde et le
Pakistan, on ne peut imaginer que les deux pays
renoncent facilement à leur armement nucléaire.
D'ailleurs, cédant à la logique de puissance que
suivent les pays qui en sont dotés, l'Inde faisait
savoir, au même moment, qu'elle signait l'achat d'un
porte-avions nucléaire avec la Russie. Des avancées
significatives, dans ce domaine, ne pourront donc se
produire sans que se manifestent une volonté
politique et des changements psychologiques et
comportementaux seuls capables de conduire à des
stratégies alternatives. Les défis du développement
que rappelaient les démonstrations de Mumbai sont
tels qu'on peut espérer que les autorités concernées
par le nucléaire militaire acceptent au minimum de
reconnaître la nécessité de débattre de son utilité et
de son coût. Une prise de conscience à la hauteur de
cet enjeu de bonne gouvernance et associant les
politiques, les militaires et la société civile doit être
recherchée. C'est une évidence qui s'impose avec
encore plus de force depuis ce forum social mondial.
Dessin de K.P. SASI
Publié par l'organisation Vikas Adhyayan Kendra (VAK), à Mumbai
Lettre Mars/Avril 2004
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Rencontre de l’éducation citoyenne
Yohann Giraud
Le réseau des écoles de citoyens a organisé les samedi
7 et dimanche 8 février les premières rencontres de
l'éducation citoyenne à Lille. Près de 500 participants
ont fait le déplacement, venus de toutes les régions
françaises. Il s'agissait principalement d'acteurs de
terrain porteurs d'expériences ou animateurs de
réseaux (associations d'éducation populaire, parents,
enseignants, éducateurs, associations de l'économie
sociale et solidaire, élus de collectivités et
territoires…), représentant ainsi près de 200
organismes locaux.
Pourquoi ces rencontres ?
Le réseau initiateur de ces rencontres (RECit) a pris
naissance en octobre 2002 suite au rassemblement
"altermondialiste" de Porto Allegre, avec la volonté de
"préparer les citoyens à répondre à des enjeux de
notre société". Son but est de s'appuyer sur de
nombreuses expériences d'acteurs (école, éducation
populaire, action sociale, territoires, action citoyenne)
pour les valoriser, les diffuser et pour porter les
actions éducatives citoyennes à tous les niveaux. Ses
activités reposent sur le principe de contribuer à un
autre mode d'éducation pour les citoyens, afin qu' "un
autre monde soit possible".
Nous nous sommes donc réunis autour d'une
question centrale : "comment faire pour que chacun
soit acteur de sa propre vie et citoyen d'un monde
solidaire ?".
Vaste sujet qui soulève le problème d'insuffisance des
méthodes actuelles pour valoriser les actions
citoyennes, aussi bien en milieu scolaire ou elle
n'occupe plus une place prépondérante, qu'à d'autres
niveaux où l'éducation de ces valeurs est inexistante
(vie professionnelle en général, formation de
représentants politiques…). En lien avec cette
problématique il s'avère indispensable de définir
collectivement une éducation émancipatrice et d'agir
en sa faveur.
Les propositions de RéCit pour favoriser une
démarche d'implication citoyenne dans les projets ont
été ainsi directement appliquées au déroulement des
rencontres. L'objectif durant ces deux jours était de
tisser des liens entre acteurs de l'éducation populaire,
à la citoyenneté et à la solidarité afin de définir des
actions communes. Au programme étaient prévus des
séances plénières, 23 ateliers de travail, des stands
d'information, et un forum de rencontres permettant
à chacun de présenter diverses actions éducatives.
Lettre Mars/Avril 2004
La réflexion et la synthèse des débats étaient
préparées par des intervenants extérieurs venus
apporter leur militantisme, leurs richesses et
échanger des expériences. A l'initiative de Messieurs
Massiah (Président du CRID), ou Patrick Viveret,
des réflexions générales ont été proposées et
discutées en séances plénières, à partir des points
principaux évoqués en atelier. Une remarquable
approche participative dont sont ressortis des
besoins : disposer de plus d'outils ayant des
méthodes innovantes, favoriser la mise en réseau
(entre parents, enfants, associations, institutions),
adopter un positionnement de lobbying auprès des
structures éducatives et des institutions qui les
représentent.
En réponse au problème de réhabilitation de
l'éducation populaire, des actions concrètes ont été
envisagées, par exemple la participation à des
forums sociaux locaux, la création et la
multiplication des "cafés-citoyens", mutualiser les
expériences sur un site Internet, ou encore utiliser la
formation pour impliquer les citoyens aux politiques
locales, en les faisant devenir acteurs et non
consommateurs. D'autre part, au niveau de la
recherche, le défi est lancé de transmettre des outils
et des savoirs non plus à des " experts " mais aux
citoyens.
L'Ecole de la paix, représentée par Lucile et Yohann,
a trouvé sa place en participant aux débats, à deux
Pour contacter le réseau d'écoles de
citoyens :
15 avenue Robert Fleury
78220 VIROFLAY
[email protected] <[email protected]
http://www.recit.net
Président : Didier Minot
Chargé de mission : Kèmi Fakambi
6
éducative" et "coopération, coéducation et
citoyenneté", puis en présentant l'expérience de
l'exposition jeu "Le sentier de la guerre ou comment
l'éviter" lors du forum des rencontres. Les outils du
pôle éducation ou encore la mallette Colombie sont
des exemples pertinents de contribution à des
actions d'éducation citoyenne.
Pour donner suite à ce week-end enrichissant, RéCit
propose à tous les participants de faire une fiche de
leur expérience, afin que celles-ci soient regroupées.
collectées. Le but est de les diffuser et de voir dans
quelles conditions celles-ci sont reproductibles.
D'autre part, la restitution écrite des travaux va se
faire avec l'édition de brochures, disponibles auprès
de RECit. Nous ne pouvons que souligner l'intérêt
de participer, pour une structure comme la nôtre à
ce type de rencontre qui a rempli en l'occurrence un
de ses objectifs, à savoir de mobiliser tous les acteurs
autour d'un thème et susciter une démarche
collective.
Le Guide des Bonnes Pratiques
en ligne !
Lucile Blanc
Voilà maintenant plusieurs années que nous intervenons en milieu scolaire en matière de prévention de la
violence, d'éducation à la citoyenneté, du respect de l'autre, de la construction du vivre ensemble. Au cours de
nos activités, nous avons rencontré beaucoup de demandes d'outils et de savoir-faire provenant d'enseignants,
d'éducateurs, de responsables des collectivités locales ou du secteur associatif. De là, est venu l'intérêt de
réaliser un guide proposant aux enseignants des pratiques et des expériences. Partant de ce constat, il nous a
paru intéressant de réaliser un guide proposant aux enseignants des pratiques et des expériences novatrices et
efficaces dans le domaine du vivre ensemble.
Par le biais de ce guide, il s'agit d'offrir des capacités de changement pour répondre aux difficultés de relation
des élèves entre eux, des jeunes avec les adultes, des adultes avec les élèves, mais surtout pour inviter enfants,
jeunes et adultes à construire ensemble le monde dans lequel ils vivent.
Il nous semble que l'école peut et doit participer de cette évolution et que l'enseignant, en tant qu'acteur de
changement, a l'opportunité et la responsabilité de favoriser l'accueil, la reconnaissance, le respect et l'égalité
des chances de chacun. Ce guide propose d'accompagner les acteurs de terrain dans cette démarche en mettant
à leur disposition des outils qui balaient un champ d'action assez large puisque les thèmes abordent entre
autres la prévention de la violence, la résolution de conflits, les préjugés, l'estime de soi, la vie en groupe,
l'éducation à la diversité, la démocratie…et parmi les outils proposés nous trouvons : les arts, l'expression
théâtrale, la médiation, l'apprentissage coopératif, les jeux de rôle, l'écoute et le dialogue, le jeu démocratique…
Aujourd'hui, ce guide est prêt à l'emploi ! Vous pourrez y accéder dès fin mars directement par Internet sur
notre tout nouveau (et tout beau !) site. Vous y trouverez des fiches pédagogiques directement exploitables
avec les élèves et des fiches d'expériences
décrivant une pratique qui s'inscrit dans un
programme spécifique et demande une
formation préalable. Les contacts
mentionnés au bas de chaque fiche invitent
les enseignants à communiquer avec les
initiateurs des activités et des projets, le but
étant aussi de créer une synergie entre tous
les acteurs de l'éducation, leur permettre
d'échanger, partager, réfléchir et agir
ensemble.
C'est
pourquoi
nous
encourageons également les détenteurs de
bonnes pratiques pour apprendre à vivre
ensemble à nous en faire part.
Suivez le guide…
sur www.ecoledelapaix.org !
Lettre Mars/Avril 2004
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L’Ecole de la paix en Algérie
Jacques Lebatard
Une délégation de l'Ecole de la paix s'est rendue en
Algérie à l'invitation de notre partenaire, l'ADPR de
Tipaza pour assister à l'inauguration de leur
Exposition, intitulée " Le chemin de la paix ", réplique
de notre " Sentier de la guerre ou comment l'éviter ".
Nous sommes accueillis à l'aéroport Boumédiene par
Tahar, le trésorier de l'association et par sirocco et
tempête de sable ! ... Nous séjournons à Zéralda dans
un hôtel qui fait partie d'un complexe touristique créé
autrefois par le Club Méditerranée. Par contre les
rencontres et réunions prévues au programme se
tiennent à Bou-Ismaïl et à Tipaza, à 70 Km d'Alger,
vers l'ouest, là où habitent les membres de l'ADPR.
Les trois soirées passées chez eux nous ont permis
d'apprécier leur accueil particulièrement chaleureux et
aussi l'excellente cuisine préparée par les maîtresses de
maison qui ont eu la bonne idée de nous faire goûter
des plats typiquement algérois. Grâce à ces échanges
nous avons mieux compris ce qui se passe
actuellement dans cette Algérie en construction,
encore à la recherche de son identité sans oublier ce
que fut cette décennie de terrorisme, maintenant
derrière eux, qui a frappé la région de Tipaza plusieurs
fois.
Notre séjour a été marqué par deux temps forts :
- Samedi, matinée de travail à Bou-Ismaïl au Centre
d'information de la jeunesse qui héberge entre autres
l'ADPR : Présentation de l'Ecole de la paix, de " j'y
vais, j'y vais pas " devant une quinzaine de
participants, avec travaux pratiques, de la cassette
HEP sur l'Europe, une aventure de paix.
- Dimanche, inauguration de l'Exposition au Camp de
jeunes de Tipaza. 40 panneaux sur 80 sont présentés,
traduits et écrits dans la langue arabe, adaptés au
contexte algérien, respectant fidèlement l'esprit qui
nous a conduits à utiliser cet outil pédagogique dans
les écoles. De nombreux visiteurs sont venus : des
enfants des écoles avec leurs professeurs, la
représentante de l'ONU, Madame Takarli
représentant l'Ambassade de France, des responsables
du secteur médical et social, des universitaires. Par
contre aucun élu, aucun représentant de l'Etat ne s'est
manifesté, élection prochaine oblige !… L'ensemble
de ce travail, très soigné montre que l'ADPR maîtrise
parfaitement le sujet ; le côté esthétique n'a pas été
négligé ce qui rend l'exposition très attractive. Nous
n'avons pas manqué de féliciter nos amis et leur avons
promis de leur verser la subvention que nous
attendons de l'Ambassade de France afin de leur
permettre de fabriquer les derniers panneaux.
Lettre Mars/Avril 2004
Après le Rwanda, l'Ecole de la paix réalise pour la
seconde fois son objectif de transférer ses outils
pédagogiques au delà de nos frontières, dans un pays
qui aspire à la paix. Une invitation à participer à la
Rencontre de Barcelone en Octobre 2004 pourra être
faite à l'ADPR. L'Education à la paix sera au centre
des débats organisés par la Fundacion por la Cultura
de Pace et Global Campaign for Peace Education.
Nous avons pris quelques heures pour visiter le site
archéologique de Tipaza, le beau temps revenu,
longer la côte jusqu'à Cherchel et faire un tour rapide
dans la ville d'Alger où nous avons rencontré la
directrice d’une Agence indépendante de presse. Avec
la lecture de journaux et de revues , ajoutés à tout ce
que nous avons pu enregistrer pendant ce voyage
nous mesurons plus facilement tout ce qui reste à
Tahar et Jacques devant un panneau de l’exposition
faire pour que ce pays qui a vu sa population tripler en
quarante ans devienne un Etat de droit, soucieux
d'éliminer la corruption qui règne un peu partout.
Cela semble à sa portée si on considère les résultats
obtenus avec la quasi disparition du terrorisme. Les
jeunes que nous avons rencontrés aspirent à ce
changement mais s'interrogent sur leurs propres
institutions. Leurs regards se tournent vers l'Europe,
vers un nouveau partenariat qui obligerait tous les
acteurs de la société algérienne à adopter les règles
exigées dans toutes les démocraties. Par ailleurs le
soutien à l'Interculturalité pourrait être une seconde
initiative susceptible de rapprocher les pays du
Maghreb de l'Europe.
Nous adressons nos remerciements à nos hôtes, à
Chérifa, Nora, Aouicha, Aïssa, Tahar et leurs amis.
Grâce à eux nous considérons que, si notre voyage a
été utile, il nous conforte aussi dans le fait que l'Ecole
de la paix avance dans la bonne direction. Nous
remercions aussi l'Ambassade de France qui a financé
ce déplacement.
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Des Lycéens plaident pour les
Droits de l’Homme
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Richard Pétris
Le 23 janvier, Richard Pétris a participé, au Mémorial de Caen, au jury du 7e Concours lycéen sur les Droits de
l'Homme.
LAISSEZ PARLER RAUL RIVERO
Extrait de la plaidoirie de Clémence MAREST, du
Lycée Victor Hugo, à Caen, en faveur du journaliste
cubain.
1er Prix
" ( …) C'est maintenant aux pays occidentaux
d'adopter une position collective pour mettre un
terme à leur persécution. Donnons une chance à la
population cubaine de sortir de ce régime hermétique
pour enfin s'ouvrir sur le monde. Saisissons chaque
occasion pour défendre Raul Rivero comme un
exemple, simplement en refusant de laisser une des
figures emblématiques de la dissidence cubaine
sombrer dans l'oubli. Parlons pour Raul Rivero.
Parlons pour la démocratie. Et ensemble espérons
qu'à l'avenir, chaque journaliste indépendant pourra
exercer son métier librement, à Cuba et dans le
monde entier.
Et peut-être qu'un jour, l'un d'entre eux
s'adressera à nous tous et dira : " Mesdames et
Messieurs, membres du jury, si je m'adresse à vous
aujourd'hui, si je peux m'exprimer sans crainte, c'est
parce que l'article 19 de la Déclaration universelle des
Droits de l'Homme me le permet, mais c'est aussi et
surtout parce qu'il n'y a pas si longtemps, la volonté
de quelques personnes m'a sauvé la vie. "
Dessins de E. Chaunu réalisés en cours de plaidoirie
Lettre Mars/Avril 2004
QUAND LES ETATS-UNIS PARTENT EN
CROISADE
Extrait de la plaidoirie d'Adrien THIBAULT, du Lycée
Ernest Pérochon, à Parthenay.
Prix de l'éloquence
" (…) Les Etats-Unis, en ne se souciant guère de
l'approbation du Conseil de Sécurité de l'ONU et en
décidant la frappe unilatérale de l'Irak, ont porté
atteinte aux droits de l'homme. On ne peut pas laisser
un Etat, fût-il le plus puissant au monde, décider seul.
Comment un pays peut-il se présenter en seul juge du
bien et du mal et décider seul pour l'humanité ? Peuton laisser un pays (un pays parmi tant d'autres !) être le
"gendarme du monde" ? Cette situation ne doit plus se
reproduire. Il faut fixer des limites au "droit
d'ingérence" et ne l'utiliser que dans le cadre des
Nations unies. Le but doit être humanitaire et doit
reposer sur des valeurs morales et éthiques et non pas
sur des données politico-économiques. Enfin, il faut
s'assurer d'une décision non pas "uni-" mais multilatérale. Comme l'a dit Benjamin Franklin, "il n'y a
jamais eu de bonne guerre, mais jamais non plus de
mauvaise paix". Le choix de mener une guerre n'est
jamais un choix facile et l'on sait très bien qu'il entraîne
inévitablement la mort d'innocents.
(...) Konrad Adenauer a dit un jour que " L'histoire,
c'est la somme des choses que l'on aurait pu éviter ".
Et bien, comme M. Rumsfeld, je suis tout à fait
d'accord avec ces paroles. Mais alors que lui s'en est
servi pour prétendre qu'il était préférable de lancer une
guerre préventive au lieu de laisser l'Irak graver son
nom dans l'histoire à tout jamais, je pense au contraire
que c'est de leur guerre qu'il faut parler. Cette guerre
restera dans l'histoire. Cette guerre, on aurait pu
l'éviter. "
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Sur le terrain de la paix ...
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Rencontre
avec
Véronique
Pédréro, conteuse de la Compagnie
Poussières d’histoires que nous
accueillerons à l’Ecole de la paix
dans le cadre de la campagne
contre le racisme (voir P. 12) ...
Peux-tu nous expliquer
quel est ton travail ?
Pour parler de mon travail, je
dois d’abord parler de mon
parcours. Je suis éducatrice
photo: Yvon Vernotte
spécialisée de formation.
Actuellement je me définis comme une rencontre
entre l’artiste que je suis et l'éducatrice que j’étais et
que je suis encore, forcément.
Les premières années où j’ai commencé à être
conteuse, j’ai mis mon travail d’éducatrice en sommeil.
Mais, quoi que j'aie pu en dire, je me sens imprégnée
par le travail social. Je l’intègre aujourd’hui dans ma
façon de travailler, je l'associe plutôt. Le déclic, ça a été
le travail avec la maison d’arrêt de Varces, l'an dernier.
J’y ai fait mon travail de conteuse en étant "obligée" de
m’appuyer sur mes compétences d’éducatrice, au
service de mon approche d'artiste. Mais, d’une
manière générale, je propose des histoires qui viennent
sans volonté de les faire correspondre au public auprès
duquel j’interviens. Il s'agit pour moi de faire voyager
les gens, petits et grands et de voyager avec eux,
l'espace d'un instant. Dans certains cas toutefois,
comme celui du projet "Conte et fraternité", mon
approche est double parce que la démarche dans
laquelle je suis depuis trois ans maintenant est un
engagement social.
Quel est précisément ce projet ?
Tout à commencé par une rencontre fortuite il y a 3
ans avec Stella, de la MJC Capuche. C’était lors d’un
RDV préparatoire de la campagne contre le racisme
avec la ville de Grenoble. Je suis interpelée par cette
thématique, et j’avais la préoccupation de travailler làdessus de façon réfléchie et construite, dans la durée.
Avec Stella nous est vite venue l’idée de mettre en
commun nos énergies. Nous avons eu envie de
travailler dans le domaine scolaire pour inscrire notre
action dans la continuité. Nous avons proposé aux
enfants des écoles du quartier de participer à
l’élaboration d’histoires, avec un système de relais (une
classe débute l’histoire, une autre la continue et ainsi
de suite). La rencontre que j'ai faite ensuite avec
Amandine Guillet de l'Atelier Itinérant a précisé et
enrichi la démarche entreprise. Les histoires sont donc
illustrées par les créations artistiques des enfants. Et
puis, il y a a aussi Xavier Saliaris du Mouvement contre
Lettre Mars/Avril 2004
le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples. Une
rencontre encore, lors d'une journée à l'IUFM, qui a fait
naître l'idée de travailler sur le réel et l'imaginaire. Xavier
fait réfléchir les enfants sur ce que recouvrent des
termes comme fraternité et racisme au travers de jeux.
A la fin du travail qui s'étale sur plusieurs mois, je
reprends les textes créés que j'ai accompagnés tout du
long et je me les approprie pour les raconter aux classes
investies dans le projet, mais aussi à un public diversifié.
Le projet de cette année a débuté dans le courant de
l’automne. Je peux donc dire que nous sommes
mobilisés, avec enfants et enseignants, depuis plusieurs
mois.
Où en est le projet aujourd’hui ?
Ca fait maintenant 3 ans qu’on le reconduit. On
remarque que les choses évoluent et se précisent. Il y a
un élargissement des partenaires. Nous avons la
préoccupation de nous associer à d’autres structures
(comme l’Ecole de la Paix). Nous souhaitons aussi
travailler avec des enfants déficients visuels puisqu'il y
a deux classes qui les accueillent dans une école avec
laquelle nous collaborons. Puisqu’on aborde la
question de la différence, ça me paraît important de
travailler avec des personnes qui peuvent être perçues
comme différentes. J’ai d’autres projets en cours avec
des enfants du Maroc et de Lituanie. Je travaille
beaucoup par le biais d’Internet. Que ce soit pour les
projets en France ou dans ces pays, j’essaie de mettre
en ligne ce qui est fait avec les enfants au fur et à
mesure. Mon site Internet n’est pas un espace
"musée", je souhaite que l’on y trouve des traces du
chemin parcouru, que les enfants le voient évoluer.
Pour eux c’est important : on parle de ce qu’ils font,
c'est du concret et ça a de la valeur !
Qu’est-ce que c’est, pour toi, la paix ?
A la fois un mot fort, mais aussi un mot beaucoup
galvaudé. On l’emploie souvent fort mal. Il faut
travailler à la paix, la comprendre, la développer.
C’est une utopie. Une très belle idée vers laquelle il
faut tendre. Mais il y a du boulot ! Il me semble que
ça commence par un travail sur soi, et un travail avec
les autres.
Est-ce que tu te sens " actrice de paix " ?
Je ne sais pas si je peux dire de moi que je suis
"actrice de paix". Je préférerais peut-être : actrice de
lien(s) et de rencontre(s). Je crois à la rencontre. Sans
rencontres, peu de choses sont possibles. C’est à
travers elles que les choses se forment, se
construisent, évoluent.
Site Internet : http://veronique.pedrero.free.fr
Compagnie Poussières d'Histoires : 04 76 68 87 38
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Campagne contre le racisme et
pour la fraternité
PROJET CONTES ET FRATERNITE
L'Ecole de la Paix accueillera Véronique Pédréro
(voir page 10), conteuse de Poussière d'Histoires .
Il vous sera possible de profiter à l'Ecole de la Paix :
- de l'exposition des oeuvres plastiques réalisées par
les enfants (marionnettes, panneaux de tissu,
collages)
- de la venue de la conteuse qui proposera des
histoires, ponctuées de chansonnettes et d'airs à
l'accordéon.
Exposition : du 16 mars au 2 avril à l'EPG.
Inauguration et contes : le 17 mars à 18h30 à
l'Ecole de la paix - entrée libre.
Accueil de groupes :
Nous invitons également les groupes (classes, MJC,
centre sociaux, individuels) qui le souhaitent à venir
profiter de ces contes dont l'un des objectifs est de
sensibiliser le public enfant aux thèmes du racisme,
de la différence, de la fraternité, la semaine du 15 au
19 mars, sur réservation (2 Euros par participants).
Ce temps d'écoute pourra être précédé d'un temps de
sensibilisation à ces thématiques autour d'ateliers
proposés par l'Ecole de la paix.
SOIREE JEUX DU MONDE
Nous vous invitons à participer à une soirée "jeux du
monde" le jeudi 18 mars à 18h30 au foyer de
l'étudiante (4 rue Sainte Ursule).
Venez découvrir la scopa, le jeu de carte traditionnel
italien qui se joue avec des cartes ornées très
différentes de notre classique jeu de poker, le "shut
the box" un jeu traditionnel anglais rapide et efficace,
et bien d'autres!!!
Des animateurs seront présents pour vous présenter
ces jeux et vous initier.
Vous pouvez également amener vos propres jeux :
partage, curiosité et découverte seront à l'ordre du
jour !!
PEDAGOGIE DE L’ANTIRACISME
Réflexion entre acteurs socio-culturels, enseignants et
responsables associatifs sur la pédagogie de
l’antiracisme dans les écoles et les quartiers. Avec
Monique ECKMANN, de l'Institut d'Etudes Sociales
de Genève et illustré par une pièce de théâtre de JeanClaude GRUMBERG : "Les rouquins" par Shirley
MAREK et Charles TORDJMAN. Avec le Cercle
Bernard Lazare et l'association PEREC. Le 20 mars
2004, de 17h30 à 19h30, à L’Ecole de la paix.
Lettre Mars/Avril 2004
TABLE DE PRESSE
Le pôle Documentation vous propose de nombreux
ouvrages sur des thématiques liées à nos actions dans
le cadre de la campagne contre le racisme : traite des
noirs et esclavage, intégration et citoyenneté, religion
et laïcité, homosexualité, etc.
Sur cette table, vous pourrez également trouver des
informations sur l’association “Comité contre
l’esclavage moderne” dont les préoccupations
rejoignent les nôtres. Des spécimens de leur revue
“Esclave encore” sont à votre disposition.
CCEM : 31 rue des Lilas, 75019, Paris.
NOS DOCUMENTALISTES
VOUS CONSEILLENT
S. Keller et M. Chiorino
A l’usage de tous les adultes,
professionnels de l’éducation ou non,
nous conseillons l’achat du “Code
Junior” Dalloz. Cet ouvrage reprend de
façon organisée et commentée tous les
textes de loi concernant les droits - et les
devoirs - des mineurs de moins de 18 ans.
Tous les aspects de la vie du mineur y
sont abordés : famille et identité, école et
enseignement, travail salarié, etc.
Saviez-vous, par exemple, que les parents peuvent ouvrir le
courrier de leurs enfants ? Sachez également que le garçon
mineur ne peut se marier, alors que la fille peut contracter le
mariage à partir de 15 ans !
En résumé, voici un ouvrage juridique simple et clair, très bien
organisé (présence d’un index exhaustif) que tout un chacun
devrait avoir consulté et auquel doit avoir accès tout
professionnel travaillant avec les mineurs .
Dominique CHAGNOLLAUD “Code junior : les droits et les
obligations des moins de 18 ans” Editions DALLOZ - 2003 - 15 Euros
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Compte rendu sur la première participation des
associations et ONG tibétaines au 4ème Forum
Social Mondial en janvier 2004.
ANIMATION
Animation proposée autour de la malle pédagogique
“J’y vais, j’y vais pas” à La Librairie La Dérive
jeunesse, 2 rue Jean-Jacques Rousseau à Grenoble.
Le mercredi 10 mars à 14h30 (à partir de 7 ans).
RENCONTRE
" Une pédagogie de l'antiracisme "
le 20 mars 2004, de 17h30 à 19h30 à l’Ecole de la
paix (voir page 11).
RENCONTRE
Le 11 mars à 18h à l'Ecole de la paix, rencontre
avec Delphine MINOTTI sur le nettoyage social en
Colombie dans le cadre du séminaire “penser les
conflits” du semestre spécifique IEP.
CONFERENCE
Le lundi 22 mars de 18h à 20h à l'Ecole de la
paix sur la création et le travail de la commission
Vérité et Réconciliation (CVR) en Afrique du Sud.
Thèmes abordés :
- La création et le travail de la commission Vérité et
Réconciliation (CVR).
- Quels étaient leurs buts, les obstacles et les résultats.
- Le rôle de la religion dans le fonctionnement de la
commission.
- Est-il possible de pardonner sans vengeance ?
- Quelle récompense désirer pour sa souffrance ?
- Des exemples de séances les plus remarquables.
SOIREE JEUX DU MONDE
Le 18 mars à 18h30 au Foyer de l’Etudiante, 4
rue Sainte Ursule à grenoble (voir page 11).
CONTE
Le 17 mars à 18h30 à l'Ecole de la paix
Présentation du projet “Contes et fraternité” en
présence de la contesse Véronique Pédréro et de
l’équipe pédagogique dans le cadre de la Campagne
contre le racisme et pour la fraternité.
Cycle "Imaginer et créer la paix !" CTM/EPG
Partenariat sur la médiation dans les conflits à 20h le
29 mars à l’Ecole de la paix. Participation libre.
MOIS DU TIBET
Le groupe Tibet et le Réseau Intercontinental pour la
Paix et la Solidarité organisent Le mois du Tibet à
l’Ecole de la paix. Nombreuses manifestations
jusqu’au 25 mars. Entrée libre.
Les Maîtres tibétains – vendredi 19 mars à 20h
Présentation de quelques aspects du bouddhisme
tibétain (avec support vidéo).
Le Dalaï-Lama et la question tibétaine – mardi
23 mars à 20h
Portrait du Dalaï-Lama actuel, Tenzin Gyatso : son
rôle dans l'histoire récente du Tibet, ses actions
menées, ses aspirations (à partir d'un entretien filmé).
CONFERENCE-DEBAT
" Le Parlement des Mémoires " les 14 et 15 mai,
à l'Institut des Droits de l'Homme de l'Université
Catholique de Lyon, organisé par la Compagnie
Artisans de Mémoires qui choisit d'évoquer le
Rwanda, 10 ans après le génocide, et l'Europe, 1 mois
avant les élections européennes.
Issus de la société civile, des " parlementaires " feront
progresser la connaissance sur les deux situations et
interpelleront la conscience publique nationale et
internationale par le vote de résolutions.
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