Labyrinthe ! Par Pierre Henry - Institut national de l`audiovisuel
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Labyrinthe ! Par Pierre Henry - Institut national de l`audiovisuel
Université Paris-Sorbonne (Paris IV) UFR de musique et musicologie Et Institut National d’Audiovisuel Groupe de Recherches Musicales Labyrinthe ! Par Pierre Henry Travail de Master II (semestre II) par : Asma BEDOUI Sous l’encadrement de : Mme Evelyne GAYOU Année Universitaire 2012-2013 1 Table des matières I- Les catégories sonores …………….…………….………………….……………. p. 3 II- La notation graphique ………………………….………………….…………….. p. 3 III- Analyse ……………………………………………………………...……..……… p. 4 Bibliographie ……….……………………………..………..………..…..……………….. p. 9 Webographie ……………………….………….……………………………….……….. p. 10 2 Labyrinthe ! de Pierre Henry est une œuvre contemporaine appartenant à la musique électroacoustique et composée de dix séquences. L’œuvre est essentiellement la commande de Radio France, éditée par l’Institut National de l'Audiovisuel. L’IRCAM indique qu’elle était crée « sur une idée de Christian Zanési, avec les sons donnés au compositeur par les membres du GRM » tout en précisant le 29 Mars 2003 comme date de création de l’œuvre. Sa durée totale d’environ 57 minutes (56’34). Concernant le côté technique, les traitements de Pierre Henry ont été faits dans son propre studio à partir de sons fixés sur support. La partie qui porte sujet de note analyse est la quatrième séquence, sous le nom d’Apesanteur et qui dure 4’49. I- Les catégories sonores : Comme il est difficile de distinguer des timbres d’instruments, on a donc choisit de distinguer selon l’effet psychologique provoqué et ainsi entre « sons à aspects naturel » et « sons à aspect extraterrestre ». La première catégorie, étant la plus importante de point de vue taille, comporte les sons prolongés, les sons à résonance et les sons percussifs quels qu’ils soient bruiteux ou purs. II- La notation graphique : Sons prolongés Superposition de plusieurs fréquences sous forme d’accords dissonants. Ces sons électroniques rappellent le timbre des violons joués à l’aigu. La couleur jaune est pour traduire le timbre nasal que gardent ces sons même en se déplaçant vers le grave. Sons à aspect naturel Sons à résonnance Sons percussifs C’est une longue note tenue au grave jusqu’à 2’08’’41. Malgré que ce son n’est pas naturellement prolongé, mais il présente des vagues irrégulières de résonnance qu’on a indiqué par les noyaux clairs. Le son marque une coupure molle à 02’01’’ qu’on a traduit par la fissure suivante : La percussion ligneuse est relativement courte et pauvre en harmoniques, ce qui la rend plus sèche. Elle peut être plus faible dans son intensité d’où on la présente de la manière suivante : . Sons à aspect extraterrestre Le son est composé de 2 parties : un clic, puis la reproduction du son à l’envers en crescendo. 3 Ces accords présentent parfois une transition brusque et momentanée vers la version pure du timbre, elle est représentée par la couleur jaune pure ne présentant aucun type de hachures et qui coupe l’accord initial en deux parties. Bruit de vent grave. Les différences d’intensité sont marquées par la variation de l’opacité (exemple : ) Une seule note amplifiée ou dédoublée. Sans une attaque précise, elle marque son début par une entrée molle et fluide. Elle change de longueur et de hauteurs dans ses reprises. III- La frappe du marteau qui est normalement percussive est précédée d’une autre très courte qui joue le rôle d’appogiature et qui permet de faire résonner la deuxième ainsi que la prolonger. Frappe de marteau (en bois) sur une plaque métallique, accompagnée de l’effet sourdine pour moins d’harmonique. Le clic est 2 fois successivement et rapidement puis prolongé sous la forme d’une seule note tenue mais moins faible. la percussion ligneuse peut être aussi Le même clic est résonnante. Gardant le répété 2 fois de suite, La frappe du même timbre, elle présente où le premier joue de marteau est moins plus d’harmoniques à rôle d’appogiature. faible, elle joue travers sa résonnance. souvent le rôle d’appogiature. Le son de la frappe du marteau est La voix humaine est sous la forme classique d’une manipulé et devient attaque : début précis et joué à l’envers. fort, continuation en résonance avec diminution progressive d’intensité jusqu’à la disparition. Un clic de couleur plus sombre que les autres, court mais il présente des coupures minuscules et dégradantes qu’on a représentées par des hachures. Analyse : Le jeu principal de Labyrinthe ! est la spatialisation des sons, la fuite des voix d’une piste à l'autre ou au contraire leur fusion. Ceci est bien marqué dans Apesanteur où le début des sons est rarement précis grâce à ce jeu de voix. Littéralement, le mot « apesanteur » signifie l’absence des effets de la pesanteur terrestre. Cependant, Henry le traduit à travers la résonance des longues notes, la brillance de sons aigus, le mélange des aigus avec les bruits d’airs graves… Bien qu’on trouve à établir des noms concrets pour les différentes parties d‘Apesanteur, il est bien clair que trois grandes parties sont présentes ; on a choisi de les décrire de la manière suivante : 4 Une première note, longue et tenue, commence en « fade in » à la voix gauche puis à la voix droite, elle est tenue jusqu’au environ 2’16 du mouvement. La note n’est pas naturellement résonnante mais elle donne l’impression de l’être avec des résonances prolongées et irrégulières évoquant des sensations de vertige tout au long de sa présence. Henry expose ensuite les différents sons auxquels il aura recours ; il les emploie en les variant : les mêmes sons peuvent être répétés à l’envers, les laisser résonner ou les freiner brusquement, marquer le début par attaque ou utiliser le « fade in » et « out »… D’où cette première section joue le rôle d’une Exposition. De point de vue transcription graphique, les « fade in » et « out » sont représentés soit par des cercles allongés en largeur pour mettre en évidence les courbures du son, soit par des courbures moins faibles accompagnées par une dégradation de couleurs entre la principale du son et celle du fond. Les accords de son bruiteux comme résultent de la superposition de différentes hauteurs/fréquences, avec des discontinuités minuscules décalées d’une couche de son à une autre ce qui leur donne un aspect de bruit « granuleux ». En ce qui concerne les frappes du marteau sur la plaque en cuivre, elles semblent résonner jusqu’à se prolonger et se lier à la frappe qui la suit, mais réellement leur résonance est tellement faible qu’elle ne peut aboutir à une telle liaison sonore. On explique cette liaison par le mélange des différentes couches sonores du point de vue timbre et intensité ce qui donne l’illusion d’une continuité entre les différentes attaques. 5 La deuxième section est composée de cinq noyaux « presque » identiques. Aux aigus les longues notes se répètent cinq fois suivant le même principe dynamique voire même mélodique. Le spectrogramme montre bien les entrées décalées des différents accords qui portent plus de confusion sur la localisation des sons dans l’espace, donnant l’impression d’absence de repère spatio-temporel. Les graves portent des variations légères d’un noyau à un autre. La première note tenue dès le début du mouvement (transcrite en bleu) marque une première suspension provisoire à 02’01 comme préparation à sa disparition finale vers 2’08. La « monotonie » de la deuxième section lui donne un aspect sériel mais aussi transitoire, d’où on peut la considérer comme Phase transitoire. Cette appellation se justifie spontanément par l’absence d’un éventuel développement qui peut être marqué. 6 La troisième section se constitue de trois parties différentes : Dans la première, la superposition des différents accords de la deuxième section se réduise en un seul qui change légèrement de fréquence sous forme de glissando et de durée, accompagné d’un bruit de fond grave de type granuleux. Entre ces deux couches se situent deux notes maintenues l’une après l’autre. La deuxième partie est bien marquée par la présence d’une forme spéciale qu’on a nommée « tête de chat » : C’est la superposition de deux couches de bruit de vent, l’un à l’aigu (plus clair) l’autre plus grave et plus sombre. Ces deux courants, qui s’étalent entre 3’41 et 4’19, suivent le même schéma dynamique qui est lui-même posé sur un axe de symétrie à 4’00. Un mouvement fortement décroissant du point de vue fréquence générale, épaisseur de la couche sonore et intensité, puis redirection légèrement croissante, ensuite une parabole qui prend pour base le point d’arrivée du premier mouvement ; cet enchaînement de mouvements est repris identiquement à l’envers selon l’axe vertical de 4’00 qui devient l’axe de symétrie. 7 Le spectrogramme nous a été d’une grande utilité pour dessiner la forme générale du mouvement : (On change les paramètres du spectrogramme pour une meilleure visualisation de la forme) La tête de chat est coupée dans sa moitié droite par des accords plus serrés et moins épais que les précédents. En bas du schéma, le bruit du vent et les notes échangent de relativité d’emplacement pour que les notes deviennent plus graves que le bruit, ce dernier garde la même position que dans la première partie de cette section mais se réduit en épaisseur. La troisième partie, soit la fin du mouvement, marque son début par le cri de la voix humaine qui s’intercale par une attaque brusque en fortissimo. La diminution progressive du cri laisse apparaître une autre note. L’atmosphère qui précède le cri nous fait vivre sous l’absence de la pesanteur terrestre ; vient ensuite le cri humain qui nous donne une sensation de gravité qui se lâche rapidement avec l’écho et la disparition de la seule et unique trace humaine dans le mouvement. Sa disparition aboutie enfin à la disparition des autres voix, pour déclarer ainsi une fin non conclue du mouvement. La forme générale du mouvement qui combine entre « exposition », « transition » et « fin non conclusive » porte différentes sensation de confusion, vertige, perte… et ainsi sert d’appui pour le titre Apesanteur. 8 Bibliographie CHION, Michel, Guide des objets sonores : Pierre Schaeffer et la recherche musicale, coll. Bibliothèque de la recherche musicale, éd. Buchet-Chastel, Paris, 1983, 186 p. COUPRIE, Pierre, La musique électroacoustique, analyse morphologique et représentation analytique, thèse de doctorat, sous la dir. de BATTIER, Marc, Université Paris IV-Sorbonne, Paris, 2003, 528 p. EMMERSON, Simon, The language of electroacousitc music, éd. Macmillan, London, 1986, 231 p. GRM, Expériences musicales, sous la direction de Pierre SCHAEFFER, dans : La revue musicale, numéro spécial, N° 244, éd. Richard-Masse, Paris, 1959, 73 p. HENRY, Pierre, Journal de mes sons, coll. Un endroit où aller, éd. Actes Sud, Arles, 2004, 114 p. KALTENECKER, Martin et BAIL, Karine (Le), Pierre Schaeffer : les constructions impatientes, sous la dir. de, éd. CNRS éditions, Paris, 2012, 220p. ROBERT, Philippe, Musiques expérimentales : une anthologie transversale d’enregistrements emblématiques, préf. d’ACHKOTE, Noël, coll. Formes, éd. Le mot et le reste, Paris, 2007, 393 p. SCHAEFFER, Pierre, De la musique concrète à la musique même, éd. Mémoire du livre, Paris, 2002, 398 p. SCHAEFFER, Pierre, A la recherche d’une musique concrète, éd. Seuil, Paris, 1952, 230 p. TOURNET-LAMMER, Jocelyne, Sur les traces de Pierre Schaeffer : archives 1942-1955, coll. Fenêtre des archives audiovisuelles de l’INA, éd. Documentation française, 2006, 473 p. 9 Webographie Collectif, Espace du son III, http://www.musiques-recherches.be/images/stories/documents/EDSIII.pdf COUPRIE, Pierre, http://demeter.revue.univ-lille3.fr/analyse/couprie.pdf http://cicm.mshparisnord.org/ColloqueXenakis/papers/Couprie.pdf HAINAUT, Bérenger, http://www.institut-national-audiovisuel.fr/sites/ina/medias/upload/grm/minisites/acousmographies/co/Apesanteur.html http://www.institut-national-audiovisuel.fr/sites/ina/medias/upload/grm/minisites/acousmographies/res/Berenger_HAINAUT_Apesanteur.pdf 10