EUROPE Taubira et Reding pour « bouléguer » les Marseillais Un

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EUROPE Taubira et Reding pour « bouléguer » les Marseillais Un
EUROPE
Taubira et Reding pour « bouléguer » les Marseillais
Un grand débat public en présence de la ministre de la Justice, Christiane Taubira, et de la vice-­‐présidente de la Commission européenne, Viviane Reding, a eu lieu ce jeudi 14 novembre à Marseille. Retour sur une certaine expérience de la démocratie à l’européenne.
Hier à 18h10 au Dock des Suds, 80% des 500 personnes présentes au débat organisé par la Commission européenne ne pensent pas que leur voix soit entendue en Europe. A 20h30, ils sont 62%. Ce léger regain d’optimisme est à l’image de la soirée où les Marseillais pouvaient directement s'adresser à la garde des Sceaux, Christiane Taubira, et à la vice-­‐présidente de la Commission européenne, Viviane Reding.
Des citoyens pro-­‐Europe oui, mais insatisfaits et soupçonneux. Le volet économique provoquera les plus fortes agitations dans les interventions du public. Avec un talent dont personne ne doute plus, Christiane Taubira émeut son auditoire. Le silence plane quelques secondes avant une foulée d’applaudissements, après un brillant discours sur la nécessité de la morale et du respect. Beaucoup d’interventions du public débutent d’ailleurs par une preuve de me
soutien à M Taubira face aux attaques d’un racisme exacerbé et exacerbant du quotidien néo-­‐fasciste «Minute». «Ce sont eux qu’on devrait mettre au zoo !» rétorque au micro Christine, Marseillaise lubrique de 60 ans. Un sourire de remerciement, mais C. Taubira ne fera pas de commentaire.
La question des droits fondamentaux en UE est soulevée quelque fois, sans trop faire de vagues. Etonnant. Une intégration politique plus poussée n’est-­‐elle pas habituellement l’œil du cyclone ? Pas ce soir, ils sont plus de 87% à répondre «oui» à la question «Souhaitez-­‐vous une intégration politique plus forte ?». Loin de s’attarder sur les véritables enjeux de l’idée d’une Europe fédérale, le mot n’est même pas sorti du public, c’est la Crise qui domine le débat. Crise financière, économique, politique, sociale,…tant de maux que les deux femmes sur scène ne peuvent soigner seules. Plusieurs fois, chacune confirme ou développe les propos de l’autre. Des signes d'amitié sont visibles, comme manifesté lorsque V. Reding déclare «Si j’ai une alliée dans les réunions ministérielles, c’est bien Christiane».
Sont évoqués la colonisation du territoire palestinien par Israël, le récent drame du naufrage de réfugiés à Lampedusa, la problématique de l’intégration des Roms,.. «Ici pas de tabous», comme le dit le présentateur et journaliste Thierry Bezer. Vers 19h30, une rangée soulève des feuilles : « Roms ?». Une intervention silencieuse qui sera relayée par Twitter en direct. Sur les Roms ou à propos des inégalités, la ministre de la Justice déclare : «Aucun d’entre nous n’est innocent de l’état du monde». Les expressions «égoïsme des États» et «responsabilité des politiques» ressortent souvent chez C. Taubira et V. Reding pour caractériser les écueils des politiques européennes, qu’elles soient migratoires ou économiques. La vice-­‐présidente de la Commission, qui ne ferait «qu’appliquer ce qu’il y a dans les traités», alerte : «De grâce, contrôlez un peu ce que font vos parlementaires européens ! ». Karim Zéribi, député européen de la circonscription Sud-­‐Est, arrive d’ailleurs en milieu de soirée. Il s’excuse, « je reviens tout juste de Bruxelles !». Mais peu importe son discours au parfum de campagne électorale, ce seront les Marseillais qui décideront de son sort en mai 2014.
Laurie-­‐Anne TOULEMONT
Master 2 Journalisme juridique et judiciaire

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