James Taylor : Chapeau, l`artiste

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James Taylor : Chapeau, l`artiste
James Taylor : Chapeau, l’artiste !
Jeudi, 19 Février 2015 06:00
Plus qu’un mois avant la venue exceptionnelle en province d’un géant du folk-rock
américain, j’ai nommé sa majesté James Taylor, le 21 mars au Fémina. Direc tMatin
Bordeaux7 a décroché l’une des rares interviews de l’auteur de « Carolina On My Mind
», « Fire & Rain », « How Sweet It Is (To Be Loved By You) »...
Très honoré de pouvoir dialoguer un peu avec vous. Qu’est-ce qui vous a décidé ?
Eh bien, cette tournée en province est en quelque sorte une expérience. Je tourne souvent en
Europe, en France en particulier, mais essentiellement à Paris, où j’ai un public qui me connaît
bien. Mais je n’ai quasi jamais, à part un ou deux festivals, joué ailleurs qu’à Paris. Alors j’ai
demandé à mon ami le producteur Gérard Drouot de m’organiser cette tournée. Il m’a dit « on
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prend des risques, on n’est pas sûrs que tu aies un public là-bas ». Mais il m’a suivi quand
même et j’en suis heureux car c’est quelque chose que j’espérais depuis un long moment.
Vous arrivez avec en poche les nouvelles chansons d’un album à paraître très
prochainement, le premier en dix ans ! Pourtant vous n’avez pas chômé entre temps…
C’est vrai, j’ai quand même sorti 5 albums ! Une formule « one man band » seul avec mes
instruments, un album de chants de Noël, deux albums de reprises, et un autre de mes
retrouvailles avec Carole King. De quoi m’occuper largement un an ou deux à chaque fois, et
puis c’était vraiment stimulant. Pourtant, pour être franc, dès que j’ai songé à écrire à nouveau
des titres originaux, j’avoue que je me suis demandé si j’y arriverais encore ! Il se trouve que ça
s’est bien passé : en très peu de temps, j’avais déjà 3 ou 4 chansons plutôt bien, j’étais
rassuré…
Vous avez dit une fois que « les chansons semblent [vous] trouver ». C’est toujours le
cas, donc…
Ça a l’air facile, dit comme ça. En réalité, ce n’est pas si simple. Au début, je consigne des
petits bouts, une phrase, une mélodie, un couplet/refrain. Ça, ça vient assez vite, assez
souvent. Mais avec ma vie bien remplie, c’est difficile d’aller plus loin. Pour ça, il me faut de la
solitude, un moment sans distraction. Alors j’ai emprunté l’appartement d’un ami, une semaine
par-ci, une semaine par-là. Et, à chaque fois, au bout de deux-trois jours, les idées
s’assemblent, les chansons prennent corps : je suis alors dans l’état d’esprit approprié pour les
« recevoir »…
En dix ans, vous êtes-vous découvert de nouvelles sources d’inspiration, de nouveaux
sujets de préoccupation ?
Question intéressante. C’est vrai que le folk a ses thèmes récurrents, des sortes de « figures
imposées » auxquelles même dans mes nouveaux titres je n’échappe pas : l’appel de la route,
l’errance, le voyage, le retour à la maison.
Mais pour la première fois, c’est vrai, j’ai réussi à y glisser des intérêts plus… prosaïques. D’où
le nom de l’album, qui va s’appeler « Before This World » jouant sur le double sens de “before”
en anglais : on peut comprendre « avant ce monde », un œil vers le passé, ou « devant ce
monde », un regard sur notre présent. J’aborde par exemple du léger, avec le baseball, ou du
sérieux avec le retour de nos soldats d’Afghanistan. Ah oui, j’oubliais l’amour, bien sûr, dans les
thèmes réguliers ! J’ai dédié une chanson à mon épouse Caroline, dont la rencontre est la 3e
chose qui a le plus transformé ma vie.
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Quelles ont été les deux premières ?
La première, c’était en 1968, lorsque les Beatles ont fait de moi le premier artiste
non-britannique à être signé sur leur nouveau label, Apple Records : ils ont ouvert une porte qui
a changé ma vie. La deuxième, c’est quand j’ai enfin retrouvé la sobriété après une vingtaine
d’années d’addiction à l’héroïne. À regarder par-dessus mon épaule, je me rends compte que
j’ai été très très chanceux. Mon évolution musicale s’est faite en douceur, en remettant sans
cesse le métier sur son ouvrage. Doucement, avec le temps, [il passe en français] « je
m’améliore par petits pas ».
Vous avez retrouvé votre groupe pour l’enregistrement. Ils tourneront avec vous ?
Qu’allez-vous nous jouer ?
Oui ! Et c’est vraiment une des grandes joies de mon existence d’être entouré par ces gens,
mes fidèles, mes amis, les meilleurs dans ce qu’ils font, depuis une vingtaine d’années
maintenant. Laissez-moi en citer quelques-uns, parce que j’ai remarqué qu’en France, bien plus
qu’aux États-Unis, le public est attentif à tous les musiciens qu’il pourra voir sur scène, et je
trouve ça bien pour eux. Il y aura donc Jimmy Johnson à la basse, Steve Gadd à la batterie,
Larry Goldings, un géant du piano jazz, Michael Landau, sans doute l’un des plus grands
guitaristes électriques du monde… Et j’emmènerai aussi mes trois choristes avec nous !
Pour cette tournée, comme je vais au-devant de spectateurs que je n’ai pas encore rencontrés,
je pense que nous allons essayer de jouer pas mal de chansons qu’ils connaissent mais qu’ils
n’ont jamais entendu en live, quelques nouvelles, et quelques raretés aussi. Un équilibre entre
les anciens et les nouveaux territoires… • Recueilli par Sébastien Le Jeune
Samedi 21 mars, au Théâtre Fémina, 20h, 56,50-95€.
Tél. 05 56 48 26 26 ou www.box.fr
Photo : Jouer en France ailleurs qu’à Paris, « c’est quelque chose que j’espérais depuis un
long moment ». © Dan Borris / Hear Music
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