Le paradis du leasing opérationnel

Transcription

Le paradis du leasing opérationnel
DOSSIER LEASING
Le paradis du leasing
opérationnel
Carotte à l’embauche pour les entreprises, la voiture de société autorise des largesses
que notre fiscalité sur le travail rend difficilement praticables sous d’autres formes.
La solution est plus attractive encore lorsqu’on compare ses tarifs à ceux pratiqués
dans certains pays limitrophes.
A
u risque d’éventer
l’épilogue de cette analyse, affirmons-le sans
détour : le leasing opérationnel
est plutôt bon marché chez
nous ! Cela tient autant à certaines particularités fiscales
– ce qui ne manque pas
d’étonner – qu’à l’approche
d’importateurs conscients de
la manne providentielle que
représente le marché des
flottes en Belgique. Pour y voir
plus clair, nous avons
demandé à Philippe Bottequin,
Group Business Development
Director chez Fleet Logistics
International, de réaliser une
simulation comparée, sur trois
modèles particulièrement courus en fleet, des tarifs lease
moyens
pratiqués
en
Allemagne, en France, au
Luxembourg, aux Pays-Bas et
en Belgique. Et autant dire que
les écarts sautent aux yeux !
Des différentiels conséquents
apparaissent d’emblée au
niveau du prix d’investissement des véhicules, du taux
de TVA, du montant des autres
taxes perçues et, in fine, des
mensualités facturées au
client.
270 euros d’écart
«Les prix pratiqués en
Belgique sont fort proches de
ceux proposés en Allemagne»,
constate Philippe Bottequin.
«Du moins tant qu’on s’en
tient à des cylindrées qualifiées chez nous de ‘raisonnables’. Les écarts se creusent
par contre sur les voitures plus
puissantes, pénalisées en
Belgique par des taxes de circulation et de mise en circula-
tion exponentielles et valorisées en Allemagne grâce à
leurs cotes de revente élevées.
D’une manière générale, le
Luxembourg demeure plus
avantageux encore, tandis que
la France et les Pays-Bas sont
sur une autre planète tarifaire».
Constat identique au niveau
des mensualités leasing par
catégorie. S’il en coûte
470 EUR TVAC de moyenne
aux entreprises belges et allemandes pour une berline compacte du segment C, ce montant grimpe à 550 EUR en
France et atteint près de
700 EUR chez nos voisins du
Nord ! «Ils sont pénalisés par
la fameuse BPM – Belasting
van
Personenauto’s
en
Motorrijwielen», souligne notre
interlocuteur. Cette taxe,
payable à la première immatriculation du véhicule, majore
son prix net de 42%, avec une
série de bonus et de pénalités
selon que l’on roule à l’essence ou au diesel. «C’est sur
ce montant qu'est calculé l’ensemble des taxes afférentes
à l’usage du dit véhicule et
celle réclamée à l’employé au
titre d’avantage en nature, ce
qui réduit considérablement
l’attractivité de la voiture de
société aux Pays-Bas.» On est
bien loin de nos 70% de voitures «compensation», ou, si
vous préférez, véhicules de
fonction octroyés en tant que
complément salarial par opposition aux voitures «outils»…
Notez bien que cette originalité hollandaise sera progressivement remplacée par une
taxe tenant compte du kilométrage parcouru…
Fleet pack
Tiens, et qu’en est-il de la fiscalité automobile chez nos voisins allemands, français et
luxembourgeois ? Même s’il
serait trop long d’en aborder
les points essentiels dans ces
lignes, retenons que leurs systèmes de taxation reposent
sur la prise en considération
du taux d’émissions de
dioxyde de carbone, sans
autre similarité majeure avec
ce qui a cours chez nous. En
marge de ces particularités fiscales, l’approche des importateurs constitue une autre
source de différences tarifaires
d’un marché à l’autre. «Avec
ses packages d’équipements
adaptés à la demandes des
fleet, la Belgique a plutôt
bonne réputation dans ce
domaine. C’est d’ailleurs l’un
des pays où la formule est la
plus répandue», remarque
Philippe Bottequin. «En France
par exemple, ce phénomène
est plus récent. Et s’il se développe chez pas mal de
constructeurs, les options
reprises dans ces formules ne
sont pas valorisées de la
même manière par les loueurs.
«Les prix pratiqués en Belgique sont fort proches de ceux proposés
en Allemagne», constate Philippe Bottequin de Fleet Logistics.
19
DOSSIER LEASING
Comprenez qu’elles n’augmentent pas leurs cotations
de manière sensible et que leur
impact favorable sur le montant des mensualités est donc
moindre que chez nous…»
Reste que ces packages
confèrent aux loueurs qui en
disposent
un
avantage
concurrentiel de taille sur les
marchés de l’occasion…
Discount
Le système des conventions
constitue une autre spécificité
du marché belge. Accordées
sur base d’un certain nombre
d’unités à mettre sur la route
durant la période «p», des
remises sont directement
négociées entre le constructeur – ou l’importateur – et le
fleet-owner. «Ces accords
existent également chez nos
voisins français et hollandais,
à la différence que le client
final n’est pas partie prenante
– ou rarement – aux tractations et qu’il n’est donc pas
certain de profiter des condi-
tions consenties à son fournisseur…» Chez nous, ce discount induit donc une diminution sensible de la valeur
d’investissement pour le client,
ce qui participe d’autant à l’engouement des entrepreneurs
belges pour la formule des voitures de société en tant que
complément salarial et/ou outil
de motivation. Si l’on en croit
Philippe Bottequin, cette proximité entre l’entreprise et l’importateur en Belgique peut
être qualifiée d’historique. «J’ai
toujours connu cette manière
de travailler, constate encore
notre interlocuteur. Il faut
d’ailleurs ajouter qu’en plus de
profiter directement au client,
les remises offertes chez nous
sont souvent plus importantes
que chez nos voisins. Ce phénomène donne parfois lieu à
des situations assez cocasses
où la filiale belge d’un grand
groupe préférera exploiter des
conditions négociées au
niveau local que celles dont
elle aurait pu bénéficier au tra-
vers des accords conclus par
sa maison mère…».
Cherry picking
Tant qu’on en est à parler de
différences tarifaires, signalons que la crise a encore
creusé l’écart entre les prix
pratiqués, pour un même
modèle, par le loueur le plus
compétitif et son concurrent le
plus cher, sur un même marché. Cette observation ne
déforce pas pour autant notre
analyse comparative, basée,
rappelons-le, sur une simulation des prix moyens, mais
suggère, par exemple, qu’un
loueur belge ou allemand
pourrait être plus agressif
qu’un luxembourgeois sur un
certain nombre de versions,
et qu’au delà des différences
nationales, «il y a plus que
jamais lieu d’appliquer la règle
du multibidding, soit la mise
en concurrence systématique
de plusieurs loueurs par
appels d’offres, histoire d’obtenir la meilleure pour chaque
voiture». Enfin, nous ne saurions clore cette brève étude
sans rappeler qu’en marge des
paramètres objectivés plus tôt,
la cherté se définit aussi en
terme d’opportunité dans un
contexte donné. On comprendra dès lors mieux l’engouement des entreprises belges
pour la formule du leasing
opérationnel compte tenu de
la rigueur à nulle autre pareille
de notre fiscalité sur le travail.
C’est d’ailleurs du climat fiscal
que dépend l’avenir des formules de location automobile
en Europe. D’ici à ce que
l’Union se dote d’une réglementation uniforme, les spécificités nationales détermineront l’accueil qui leur sera
réservé sur chaque marché…
Et comme le rappelle Philippe
Bottequin « l’automobile reste
une source de revenus très
importante pour certains Etats.
Ceux-là n’ont pas d’intérêt
immédiat à changer leur mode
de fonctionnement.»
Alain VANDERSANDE
Ford Focus
1.6 TDCi
AVG Leaserate
Belgique (21%)
18.625 incl.
15.393 excl.
469
France (19%)
17.350
14.507
550
Pays-Bas (19%)
21.675
14.452
690
Luxembourg (15%)
17.702
15.393
443
Allemagne (19%)
18.250
15.336
466
Audi A4
2.0 TDI
AVG Leaserate
30.376 incl.
24.704 excl.
648
30.706
25.289
719
40.336
25.200
907
/
/
613
31.625
26.576
611
BMW 320d
31.810 incl.
26.289 excl.
701
32.582
27.243
800
42.734
26.298
930
30.282
26.332
652
32.700
27.479
611
AVGLeaserate
Source : Fleet Logistics
LES VALEURS D’INVESTISSEMENT ET LES PRIX LEASING MOYENS EN EUROS
LES BUDGETS MOYENS NÉCESSAIRES PAR CATÉGORIE, PAR PAYS, EN EUROS
Belgique
France
Pays-Bas
Luxembourg
Allemagne
470
550
690
443
470
570
615
760
563
535
650
720
825
613
620
700
770
907
652
700
800
1150
1160
870
800
Ford Focus Opel Astra
Level 2
Peugeot 308 BMW 118d
Level 3
VW Passat Peugeot 407
Level 4
Volvo S60 BMW 320d
Level 5
Audi A6 BMW 520d
20
Source : Fleet Logistics
Level 1