Bruno Le Maire joue la carte de l

Transcription

Bruno Le Maire joue la carte de l
Mercredi 24 février 2016
Bruno Le Maire joue la carte de
l’antisystème
L’ancien ministre se déclare candidat à la primaire contre
ses concurrents qu’il juge « sceptiques et résignés ».
Jean-Baptiste Garat
DROITE Bruno Le Maire est donc candidat à la primaire. Le député de l’Eure l’a annoncé
mardi soir à l’occasion d’un meeting à Vesoul (Haute-Saône). Le doute ne subsistait plus.
Voilà près de quatre ans que l’ancien ministre sillonne la France et se prépare. L’élection à la
présidence de l’UMP en novembre 2014 a été son galop d’essai. Sa cote de popularité en
constante progression l’a conforté ces derniers mois. Ses proches l’ont soutenu sans faille,
jusqu’à l’appel des parlementaires en faveur de sa candidature rendue public ce week-end. Le
doute ne subsistait plus, à part pour Bruno Le Maire, à l’en croire. « J’ai beaucoup mûri ma
décision, beaucoup travaillé, j’ai eu des interrogations et je ne voulais annoncer ma
candidature qu’une fois arrivé au bout de ces interrogations », expliquait-il avant son discours.
Quelles dernières interrogations pouvaient donc faire obstacle ? « Est-ce que je suis trop
jeune ? Est-ce que je suis armé pour affronter un contexte international extrêmement
délicat ? », confiait-il.
« Je suis candidat parce que j’aime la France et que je crois dans les Français, a-t-il expliqué
mardi. La France va se redresser avec les Français et par les Français. Il faut arrêter de
concevoir l’homme politique comme un sauveur. On est au XXIe siècle : ce qui permettra à la
France de se redresser, c’est la liberté que l’on laissera aux Français, la responsabilité qu’on
leur donnera, la confiance qu’on leur fera dans tous les domaines. » Dans son livre* qui paraît
mercredi, l’ancien ministre pousse très loin cet argument. « Assez avec les hommes
providentiels qui feront tout à notre place et nous déchargeront du poids de notre
responsabilité. À bas les vieilles statues des commandeurs, qui dressent un bras martial au
milieu des carrefours déserts, explique-t-il. Place à un monde politique qui se renouvelle au
lieu de se conserver. La caste politique a trop souvent échoué pour prétendre à rester
identique, que de son fait et de ses privilèges. »
Bruno Le Maire ne s’est jamais caché de vouloir « dire à un public ce qu’il a envie
d’entendre ». Il revendique même cette façon de faire « à la Chirac ». Dans un pays où la
défiance envers la classe politique est à son paroxysme, le candidat à la primaire pousse
l’exercice jusqu’au bout. « Tous pareils, tous complices. Tous incapables de changer
réellement les choses. Tous inefficaces et pourtant hautains, rapporte-t-il en faisant écho aux
griefs des Français envers leurs représentants. Leur défaite devrait les condamner au retrait de
la vie publique : elle leur sert de prétexte au rebond. Leurs mensonges devraient les
disqualifier : ils sont le baromètre de leur subtilité. » Pour celui qui assure que « le vieux
système politique est en train de s’effondrer », plus aucun doute : « C’est maintenant que cela
se joue, le moment est venu. »
« Je vais gagner »
« Je suis candidat à la présidence de la République et je vais gagner, expliquait-il mardi. Je
vois bien qu’il y a des sceptiques, des gens qui doutent, des gens qui pensent que je suis là
pour me compter, qui pensent que je suis trop jeune, trop inexpérimenté, que le chômage est
un fléau de masse contre lequel on ne peut rien... À ce scepticisme, je veux opposer la
détermination collective de tous ceux qui veulent porter cette histoire politique. Contre la
résignation, contre les sceptiques, nous gagnerons. »
En se projetant en 2017, Bruno Le Maire prend-il le risque d’oublier l’étape intermédiaire de
la primaire de novembre ? Huitième candidat déclaré officiellement, il doit notamment
affronter Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et François Fillon. Il ne les oublie pas. « Les résignés
et les sceptiques », ce sont « bien sûr les concurrents à la primaire », explique-t-il sans fard.
« Tous ceux qui pensent qu’il faut être couturé de cicatrices pour devenir président de la
République, qu’il faut trente ans d’expérience pour gouverner, tous ceux qui pensent que le
pays ne peut pas se redresser, qu’on a tout essayé contre le chômage, que l’on ne pèsera plus
face à l’Allemagne. » Les cibles ne pouvaient être mieux désignées. La campagne de Bruno
Le Maire est officiellement lancée.

Documents pareils