I. LA MISE EN PLACE DE LA GUERRE FROIDE A. L`état du monde
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I. LA MISE EN PLACE DE LA GUERRE FROIDE A. L`état du monde
CHAPITRE I : LES RELATIONS INTERNATIONALES DE 1945 AUX ANNEES 1970 INTRODUCTION Quelques mois après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la tension monte entre les Etats-Unis et l’URSS. En 1947, la tension est extrême entre eux car ils se disputent le contrôle de l’Europe. Dès lors, s’ouvre une période que l’on va appeler la « Guerre froide » : c’est un conflit original car il ne se manifestera jamais par des combats directs et armés entre les Etats-Unis et l’URSS. Cette opposition est liée à deux visions du monde totalement opposées qui finit par partager la quasi-totalité du monde en deux blocs. L’expression « Guerre froide », inventée après-guerre par l’homme politique américain Bernard Baruch, revêt aujourd’hui un double deux sens. Soit elle désigne l’état des relations internationales depuis 1947 à 1991 (chute de l’URSS) rythmée par l’affrontement indirect des deus grands ou bien elle désigne seulement une phase de cette période (de 1947 à 1962), pendant laquelle les tensions ont été les plus vives. Dans ce cours, la « Guerre froide » sera appréhendée comme une période d’un demi-siècle d’affrontement Est-Ouest. Problématique : Pourquoi la Guerre froide n’a-t-elle jamais dégénéré en une guerre ouverte entre les Etats-Unis et l’URSS ? I. LA MISE EN PLACE DE LA GUERRE FROIDE A. L’état du monde en 1945 annonce la Guerre froide Rappel de première La Seconde Guerre mondiale a fait plus de 60 millions de morts, surtout en Europe de l’Est et en Asie. L’essentiel des victimes est des civils, du fait des bombardements, des rationnements et des violences. D’importants dégâts résultent de la guerre à cause de la violence des combats (ou du fait d’une destruction volontaire) : des voies de communications, des unités de production et des logements sont détruits, ce qui complique la production, les échanges et jette des gens dans la rue. La production chute dans presque tous les pays, causant chômage et pénurie. Les Etats se sont fortement endettés pour financer la guerre puis la reconstruction et l’inflation réaparaît, dégradant fortement la valeur des monnaies. Enfin, des massacres ont été perpétrés, faisant 15 millions de morts. La découverte des camps nazis créé un choc moral, qui justifie la définition du « crime contre l’humanité » afin de juger les criminels de guerre nazis (à Nuremberg entre 1945 et 1946) et japonais (entre 1946 et 1948). La reconstruction politique est envisagée dès 1945. A Yalta, l’URSS, les Etats-Unis et le Royaume-Uni proposent de diviser l’Allemagne en 4 zones d’occupation, de la dénazifier, de juger les criminels et de créer l’ONU. A Potsdam, ils mettent ces mesures en application et s’entendent sur une stratégie pour faire capituler le Japon. L’URSS obtient même de nouveaux territoires. En juin 1945, l’ONU est créée afin d’éviter de nouvelles guerres, défendre les droits de l’homme et favoriser le bien-être. Elle dispose d’institutions pour mener à bien sa mission (une Assemblée générale, un Secrétaire général, un Conseil de Sécurité) et des organes périphériques (OMS, UNESCO…). La reconstruction économique et financière est lancée à Bretton Woods en juillet 1944 : toutes les monnaies sont gagées sur l’or et le dollar est la seule convertible en or. Le FMI et la BIRD sont là pour financer la reconstruction et l’aide au développement. Deux Etats dominent l’après-guerre : les Etats-Unis et l’URSS, qui ont largement contribué à la libération de l’Europe, qui disposent de l’arme atomique très tôt et ont un poste permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU. A côté, les pays européens sont épuisés par six années de guerre et empêtrés dans leurs problèmes internes. Ils ont bien du mal à s’affirmer (ou se réaffirmer) comme des puissances mondiales après 1945. B. L’année 1947 : la rupture entre les deux grands Photo p 50 Churchill, qui a été premier ministre du Royaume-Uni de 1940 à 1945, prononce ce discours à l’université de Fulton, aux Etats-Unis, au moment où l’Europe orientale bascule lentement dans la sphère communiste, afin que les Etats-Unis stoppent Staline. En constatant l’opposition entre les Occidentaux et l’URSS, ce discours de Churchill annonce bien la Guerre froide. Prononcé aux Etats-Unis, Churchill fait un appel à la puissance américaine face à la menace soviétique. Dès lors, l’alliance conclue pendant la Seconde Guerre mondiale entre les deux grands n’est plus tenable. Texte 1 page 48 et 2 p 49 - Compléter le tableau en comparant les deux doctrines Quel regard est porté sur soi ? Quel regard est porté sur l’autre ? Quelle politique faut-il mener visà-vis de l’autre ? Quels moyens faut-il employer pour contrer l’autre ? Doctrine Truman Les Etats-Unis sont un régime démocratique, fondé sur le suffrage universel, le respect des libertés fondamentales. L’URSS a imposé des régimes où une minorité gouverne, impose la terreur, la censure et bride les libertés fondamentales. Les Etats-Unis doivent endiguer l’expansion soviétique, en protégeant les Etats menacés (stratégie du containement) Les Etats-Unis proposent une aide économique et financière (le plan Marshall) pour éviter que la misère favorise l’implantation du communisme en Europe. Doctrine Jdanov L’URSS et leurs alliés sont des pays démocratiques, partisans et défenseurs des libertés. Ils luttent contre l’impérialisme. Les Etats-Unis et leurs alliés sont impérialistes, cherchent à étouffer la démocratie et ceux qui s’opposent à leur avancée. L’URSS et ses alliées doivent se regrouper et résister aux assauts du camp impérialiste, dirigé et dominé par les Etats-Unis. Jdanov propose de créer une structure, le Kominform, pour organiser la coopération entre partis communistes (c’est un moyen de contrôle pour Moscou) Dès 1947, les Etats‐Unis octroient une aide économique et financière aux Etats européens qui le désirent, afin de financer leur reconstruction. Le plan Marshall est une enveloppe de 15 milliards de dollars qui fidéliser des Etats à qui l’Amérique aura prêté de l’argent et ainsi d’éviter qu’ils ne basculent dans le monde soviétique. En 1949, est mise en place l’OTAN afin d’assurer une défense commune aux pays signataires, de créer une sorte de rempart contre toute agression du bloc soviétique (on voit sur l’affiche que la femme et son enfant sont protégés par un mur). L’OTAN est complétée par l’OTASE (avec les pays d’Asie) en 1954, par l’ANZUS (avec les pays du Pacifique) et par le pacte de Bagdad (avec les pays du Moyen‐ Orient) en 1995. Face à cela, l’URSS riposte dès 1947 en refusant le plan Marshall (et impose que ses alliés le refuse aussi). Elle créé dès 1949 le CAEM, une structure favorisant la reconstruction en Europe de l’Est mais aussi imposant le modèle économique soviétique aux démocraties populaires. Le tout est complété en 1955 avec la signature du Pacte de Varsovie, qui est une sorte d’OTAN à la soviétique. Dès la fin des années 1940, la bipolarisation du monde est en place, préalable à la Guerre froide. C. Deux modèles face à face Dossier p 52 – 53 + dossier p 56 – 57 ‐ A partir des documents mentionnés, compléter le tableau pui rédiger une synthèse montrant l’opposition des deux modèles. ETATS – UNIS URSS doc. A page 52 : Les Etats- doc. 1 page 56 : En URSS, le Unis sont une « démocratie PC (le seul parti autorisé) et libérale », car les citoyens l’Etat se confondent : les votent librement pour leurs citoyens votent pour des représentants et que les trois représentants désignés par le pouvoirs sont séparés. C’est parti et membres du parti. le un régime présidentiel car le pouvoir est concentré entre les chef de l’Etat dispose de mains d’un seul (sous Staline) nombreux pouvoirs. ou d’un petit groupe (après Doc B p 52 : La Constitution Staline). C’est une dictature. Deux modèles politiques reconnaît des libertés L’Etat suit la doctrine fondamentales aux citoyens marxiste, prônant la lutte des américains : liberté de culte, classes pour aboutir à la liberté d’opinion et dictature du prolétariat. d’expression, liberté de la presse, droit à un procès juste… doc. 2 page 52 : La société de doc. 2 page 56 : L’économie consommation repose sur la repose sur la propriété propriété privée (capitalisme) collective des moyens de et la gestion individuelle production et le travail (libéralisme) ainsi que la foi collectif. L’économie est Deux modèles socio – en la réussite individuelle et planifiée avec des objectifs de économiques matérielle : c’est l’« american production. way of life ». doc. 3 page 56 : La société est sous contrôle : elle fait l’objet d’une intense propagande, et doit rendre un culte au chef . doc. 5 page 53 : Jusque dans doc. 5 page 57: La société les années 1960, des soviétique souffre de pénuries discriminations touchent les car la priorité est donnée à minorités ethniques. l’industrie. Doc 4 page 53 : Dans les doc 6 page 57 : L’URSS années 1950, face à la crainte réprime les ennemis du d’une implantation du peuple, envoyés dans des Deux modèles contestés communisme, le sénateur Mc camps de travaux forcés, gérés Carthy fait voter une loi par le Goulag : c’est un Etat permettant de faire une chasse où règne la terreur. aux sympathisants communistes. II. AU CŒUR DE LA GUERRE FROIDE DE 1947 AUX ANNEES 1970 A. Un affrontement d’abord idéologique Affiches de propagandes : « Jo‐Jo la colombe » p 46 et « Liberté à l’américaine » p 47 méthode de l’analyse d’image. La Guerre froide se caractérise avant tout par un affrontement idéologique qui utilise tous les médias de l’époque : les journaux, la radio et les affiches sont des médias privilégiés, mais la télévision, qui commence à se généraliser, est de plus en plus employée. Cette propagande de Guerre froide consiste à dénigrer l’autre camp et à vanter les mérites du sien : ainsi, sur les deux affiches, chaque camp présente l’autre comme un agresseur et se pose en position de victimes. Il s’agit de diffuser cette propagande à l’intérieur de son propre camp (afin de resserrer les liens autour du leader) mais aussi dans le reste du monde (afin de conquérir des sympathisants, ou d’éviter qu’ils ne se rapprochent du camp ennemi). Des années 1950 aux années 1970, les Etats-Unis et l’URSS se lancent une compétition pacifique mais acharnée pour la maîtrise de l’espace. Pour chacun des deux pays, la course à l’espace répond assez peu à des objectifs militaires ou scientifiques, il s’agit d’être le premier afin d’affirmer à la face du monde sa supériorité par rapport au bloc concurrent. Cette course à l’espace tourne vite à l’avantage des Soviétiques, qui se lancent très tôt, dans ce domaine : ils lancent le premier satellite dans l’espace en 1957, le premier homme dans l’espace en 1961. Ils surexploitent ces réussites pour affirmer la supériorité de l’URSS sur les Etats-Unis. Dans les années 1960, Kennedy décide de se consacrer davantage à l’espace, ne serait-ce que pour ne pas être sans cesse ridiculisé par les Soviétiques. Il augmente les financements et met la pression sur la NASA pour qu’un Américain marche sur la Lune avant la fin des années 1960 : c’est chose faite le 21 juillet 1969, lorsque Armstrong pose le pied sur le sol lunaire. A partir des années 1970, cette course se ralentit car elle coûte très cher et la coopération américano-soviétique débute dans le domaine spatial avec le vol Apollo Soyouz en 1975. Enfin, l’espionnage est réactivé de façon massive. Les services secrets des grands pays (la CIA aux Etats-Unis ou le KGB en URSS) tentent d’obtenir des renseignements sur le camp ennemi, voire de déjouer certains plans. Ce n’est pas un hasard si le héros James Bond apparaît sous la plume de Ian Fleming en 1953. B. Les grandes crises de la Guerre froide Quatre groupes d’élèves travaillent chacun sur un dossier. Pendant 20 minutes, ils l’analysent et répondent aux questions avant de restituer leur travail à l’oral. - dossier n°1 : Le blocus de Berlin (1948-1949) - dossier n°2 : La guerre de Corée (1950-1953) - dossier n°3 : La construction du mur de Berlin (1961) - dossier n°4 : La crise des fusées de Cuba (1962) Le blocus de Berlin a lieu entre juin 1948 et mai 1949. Les Occidentaux fusionnent leur zone d’occupation ; Staline qui refuse cette fusion, lance un blocus de Berlin-Ouest, enclave en zone soviétique. Pendant un an, les Occidentaux ravitaillent Berlin-Ouest par un pont aérien. En mai 1949, les trois zones occidentales donnent naissance à un nouvel Etat, la RFA, intégré au bloc américain. Staline lève le blocus et crée lui aussi un Etat, la RDA, intégré au bloc soviétique. Jamais les deux parties n’en viendront aux armes, seules les intimidations sont employées. Il n’y a pas de règlement du conflit car Staline est mis devant le fait accompli. De plus, l’Allemagne qui était déjà divisée en 1948. La guerre de Corée oppose, entre 1950 et 1953, la Corée du Nord – soutenue par l’URSS – et la Corée du Sud – soutenue par les Etats-Unis. En 1950, la Corée du Nord attaque le Sud et pendant ème trois ans, le front passe à l’avantage des uns puis des autres, pour se stabiliser sur le 38 parallèle, qui servait déjà de frontière depuis 1945 ! Les armées des deux grands ne se battent pas directement l’une contre l’autre et la bombe atomique n’est pas employée. Cette crise se règle par la paix de Pan Mun Jom en juillet 1953 mais il ne fait qu’entériner la situation créée en 1945. La construction du mur de Berlin intervient en août 1961, sur une décision soviétique. Il s’agit pour le bloc soviétique d’arrêter l’émigration des Berlinois de l’Est vers l’Ouest (3 millions de personnes depuis 1949). Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, la RDA lance la construction d’un mur tout autour de Berlin-Ouest. C’est une crise traditionnelle de la Guerre froide car les deux grands ne s’affrontent pas directement : les Occidentaux n’interviennent pas et les tensions se limitent à des pressions diplomatiques. Il n’y a pas de règlement car la construction du mur n’est pas empêchée… malgré la venue de Kennedy à Berlin-Ouest en 1963. La crise des fusées de Cuba (octobre 1962) est la crise la plus grave de la Guerre froide. Depuis 1959, Cuba est sous le contrôle des révolutionnaires menés par Castro, allié à Moscou pour des raisons idéologiques. En octobre 1962, Kennedy découvre que des rampes de lancement de missiles sont en construction sur Cuba et menace l’URSS de représailles si elle ne recule pas : l’US Navy fait un blocus de Cuba. Après plusieurs jours d’une très vive tension, Khrouchtchev cède, craignant le déclenchement d’une guerre nucléaire. Cette crise est typique de la Guerre froide car elle ne va pas jusqu’à l’affrontement, elle utilise encore l’intimidation mais il s’agit pourtant bien d’une crise directe entre les Etats-Unis et l’URSS. Le règlement de la crise a lieu en 1963 : le traité de Moscou interdit les essais nucléaires dans l’atmosphère. Lors de ces crises, les deux grands ne se sont donc jamais battus directement : ils se sont contentés de soutenir militairement et économiquement des armées qui se battaient les unes contre les autres et ont toujours cherché à éloigner le conflit de leur propre sol. Ils se sont toujours arrêtés avant le stade nucléaire, par peur des dégâts qu’ils pourraient faire. Les problèmes ne sont pas réglés à la fin des crises : il n’y a pas de négociations pour résoudre la crise, celle-ci s’achève par une reculade ou par un statu quo. C. Coexistence pacifique et Détente : un apaisement limité A partir de 1953, lorsque Staline meurt, les relations Est‐Ouest s’apaisent. Lors du XXème congrès du PC, en février 1956, Khrouchtchev rompt avec la période stalinienne. En politique intérieure, il fait libérer les prisonniers des camps du Goulag, il octroie plus de liberté aux intellectuels (mais il n’est toujours pas question de liberté d’expression). En fait, le régime glisse lentement du totalitarisme à la dictature. En politique étrangère, Khrouchtchev instaure une pause, la « coexistence pacifique », afin de rattraper son retard technologique sur les Etats‐Unis : il veut empêcher toute nouvelle crise mais il n’est pas question d’abandonner la compétition avec l’Ouest. Enfin, en 1962, à Cuba, les deux grands prennent conscience du danger nucléaire. Dès 1962, Kennedy plaide pour un apaisement des relations Est‐Ouest : c’est la « détente ». Il propose d’abord une limitation des armements : en 1963, le traité de Moscou interdit les essais nucléaires aériens ; en 1968, le traité de non‐prolifération limite la possession de l’arme nucléaire aux cinq vainqueurs de la guerre et en 1972, les accords SALT 1 lancent le désarmement. Kennedy défend aussi l’idée d’un dialogue entre les Etats pour maintenir la paix : en 1963, le « téléphone rouge » est installé entre la Maison blanche et le Kremlin et des voyages sont organisés (Khrouchtchev est reçu en 1959 par Eisenhower et Nixon en 1973 par Brejnev). La « détente » se manifeste aussi en Europe. La RFA se rapproche de ses voisins de l’Est : elle reconnaît sa responsabilité dans le génocide juif (1970) puis valide les frontières de 1945 et n’exclue pas une réunification avec la RDA (1970‐1972). Enfin, lors de la conférence d’Helsinki en 1975, les 35 Etats européens participant s’engagent à ne pas intervenir dans les affaires d’un Etat, à laisser les peuples libres de disposer d’eux‐mêmes, à ne pas violer‐ les frontières, à défendre les droits de l’homme et à contribuer à la libre circulation. Plusieurs raisons expliquent la « détente ». La crise de Cuba a révélé les risques d’une guerre nucléaire. De plus, la bipolarisation est largement contestée : ‐ hors des blocs : les Etats issus de la décolonisation ne veulent intégrer aucun des blocs : à la conférence de Belgrade, en 1961, ils se disent « non alignés » ; ‐ dans le bloc soviétique : la Chine rejette la domination de Moscou et intègre l’ONU en 1971. En 1968, la Tchécoslovaquie libéralise le régime mais le « printemps de Prague » est réprimé par les chars soviétiques ; ‐ dans le bloc américain : la France rejette le leadership américain. En 1966, De Gaulle fait sortir la France du commandement intégré de l’OTAN et critique vivement l’intervention américaine dans la guerre du Vietnam.