Prise en charge optimale de l`insuffisance rénale chronique
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Prise en charge optimale de l`insuffisance rénale chronique
Prise en charge optimale de l’insuffisance rénale chronique – Priorité no 1 : réduction du risque cardiovasculaire es t i © d r t te n h i g e i l r ia y c r p e o L C comm n vent el u e p a maladie cardiovasculaire (MCV) se classe systématiquement ennpremière Par Michel Vallée, M.D., Ph.D., s isée e person r o t FRCPC position ou dans le haut de la liste des principales causes au g de décès au Canada r usagénérale au Canada, les Néphrologue nnesla population 1-3 u o e . Pour et ailleurs dans les pays développés s l r e ur Hôpital Maisonneuve-Rosemont es p pique e po27,6 % de tous les décès seraient Ldémontrent . plus récentes statistiques e u é o Professeur adjoint de clinique c hib cardiaque promaladie attribuables ou à un accident vasculaire cérébral (AVC)1. r une e Université de Montréal sàt une e m i e r é p s Pour populations, le risque de décès d’origine cardiovasculaire (CV) est im Montréal (Québec) tori certaines er et n auconsidérablement s i l o plus élevé. Les personnes atteintes d’insuffisance rénale a n isu tion her, vchronique a s i l (IRC) ont un risque de décès d’origine CV significativement plus élevé i L’ut er, affic g que celui de la population générale. Le risque qu’un patient atteint d’IRC subisse har téléc un événement CV ou décède d’un événement CV est de loin supérieur au risque tio u b i r st i d t ee t n e V de décès dû à des complications rénales ou au développement de celles-ci. En effet, les patients atteints d’IRC sont plus à risque de mourir de MCV que de se retrouver au stade de la dialyse. À ce titre, la prise en charge du risque CV devrait être la principale préoccupation des professionnels de la santé qui traitent des patients atteints d’IRC. Cette revue comprend un survol général de l’IRC (p. ex., l’épidémiologie, le diagnostic, le suivi) et une discussion de la relation entre l’IRC et la MCV. On y retrouve également quelques précisions et recommandations en matière de gestion des facteurs de risque CV, fondées sur les récentes observations d’études sur l’abaissement des concentrations de lipides dans la population des patients atteints d’IRC et mettant l’accent sur la dyslipidémie. Épidémiologie de l’IRC L’IRC est un important problème de santé publique au Canada. De récentes statistiques indiquent que 2,6 millions de Canadiens sont à risque de développer une maladie rénale ou en sont déjà atteints4. On anticipe également une hausse de l’incidence et de la prévalence de l’IRC dans les années à venir en raison du vieillissement de la population canadienne (la prévalence de l’IRC augmente fortement avec l’âge5), de la hausse de l’incidence de diabète de type 26 (une des principales causes de l’IRC7) et de l’amélioration de la durée de survie des personnes atteintes d’IRC (en partie grâce à l’amélioration des taux de survie associés à la MCV8). Une population de patients atteints d’IRC peut être sous-divisée en stades, en fonction de la gravité de la maladie (Tableau 1)4. Les données américaines ont démontré que les proportions de patients sont à peu près égales dans les stades 1 à 3, tandis que les cas plus graves (stades 4 et 5) représentent une très faible minorité (environ 2 % au total)9. Au Canada, la situation semble être la même, mais il convient toutefois de noter que la prévalence d’insuffisance rénale terminale a présenté une hausse constante au cours des deux dernières décennies. Les données du Registre canadien des insuffisances et des transplantations d’organes (RCITO) indiquent qu’environ 38 000 Canadiens vivaient avec une insuffisance rénale en 2009, ce qui représentait plus du triple de la prévalence relevée en 1990 le clinicien novembre/décembre 2011 60 Risque CV lié à l’IRC Tableau 1. Les cinq stades de l’insuffisance rénale chronique4 Symptômes Stade 1 Stade 2 Stade 3 Stade 4 Stade 5 Aucun Aucun Aucun Les symptômes précoces peuvent inclure la fatigue, le manque d’appétit et les démangeaisons Les symptômes peuvent inclure des troubles du sommeil, de la difficulté à respirer, des démangeaisons et de fréquents vomissements Les symptômes du stade 4 peuvent s’aggraver et inclure des nausées et des vomissements. Taux de filtration 90 mL/min 60 à 89 mL/min 30 à 59 mL/min glomérulaire estimé ou plus (TFGe) Tableau 2. Personnes à risque pour l’insuffisance rénale chronique11 • • • • Hypertension Diabète de type 2 Insuffisance cardiaque Maladie vasculaire périphérique, cérébrale ou coronarienne athérosclérotique • Anémie inexpliquée • Antécédents familiaux de maladie rénale terminale • Peuples des Premières nations (11 000)10. Le nombre de personnes devant recourir à la dialyse est passé de 5 900 en 1990 à 22 300 en 2009, tandis que le nombre de patients sur la liste des transplantations passait de 1 600 à 3 000. IRC : dépistage et diagnostic Étant donné que la réduction du risque en présence d’IRC est importante et atteignable, l’identification précoce de la maladie est un objectif important pour optimiser les résultats. Cependant, le dépistage au niveau de la population générale n’est pas réalisable. La Société canadienne de néphrologie (SCN) recommande donc plutôt des tests de dépistage seulement dans les groupes présentant un risque élevé (p. ex., les personnes âgées, hypertendues ou diabétiques; voir Tableau 2)11. Bien que plusieurs outils puissent servir à identifier ou quantifier les troubles rénaux, la SCN recommande le recours au taux de filtration glomérulaire estimé (TFGe) 61 le clinicien novembre/décembre 2011 15 à 29 mL/min Moins de 15 mL/min pour obtenir un diagnostic précoce et cerner le stade de la maladie rénale. Le TFGe est un calcul basé sur la concentration de créatinine sérique, ajustée en fonction de l’âge, du sexe et de l’origine ethnique. Plusieurs calculateurs de TFGe sont disponibles en ligne, y compris celui de la National Kidney Foundation des États-Unis (www.kidney.org). Un TFGe inférieur à 60 mL/min/1,73 m2 de façon soutenue est considéré comme un diagnostic d’IRC. Relation entre l’IRC et la MCV La relation entre l’IRC et la MCV, et vice versa, est forte, tel qu’illustré par la forte proportion de patients atteints d’IRC avec un diagnostic comorbide d’un état CV. Les statistiques ont démontré qu’environ trois quarts des patients atteints d’IRC présentent une hypertrophie ventriculaire gauche, de 30 à 63 % présentent une insuffisance cardiaque manifeste, de 75 à 85 % présentent une coronaropathie et de 12 à 25 % ont subi un syndrome coronarien aigu12. Les taux de mortalité d’origine cardiovasculaire liés à l’IRC sont beaucoup plus élevés que dans la population générale. Bien que le risque soit au plus fort chez les patients atteints de maladie rénale terminale (jusqu’à 30 fois plus élevé que dans la population générale13), on observe une relation proportionnelle entre le degré de dysfonction rénale et le risque de décès d’origine CV14,15. Même les patients présentant une dysfonction rénale plus modeste ont un risque significativement plus élevé de décès d’origine CV par rapport aux patients sans IRC (Figure 1)15. Suivi du risque CV en présence d’IRC. Afin de déterminer le risque CV, de nombreux groupes d’ex- Risque CV lié à l’IRC Figure 1. Risque relatif d’événement CV Relation entre le TFGe et le risque d’événement CV15 4 3 2 1 0 > 60 45-59 30-44 TFGe (mL/min/1,73 m2) 15-29 < 15 Ajusté en fonction des paramètres initiaux d’âge, sexe, revenu, niveau d’éducation, coronaropathie, insuffisance cardiaque chronique, AVC ou attaque ischémique transitoire, maladie artérielle périphérique, diabète, hypertension, dyslipidémie, cancer, hypoalbuminémie, démence, maladie du foie, protéinurie, hospitalisations antérieures et besoins subséquents en dialyse. perts ont recommandé le modèle d’estimation du risque Framingham. Basé sur plusieurs variables faciles à obtenir, ce score fournit une estimation du risque d’événement cardiovasculaire sur 10 ans16. Toutefois, cette approche comporte d’importantes limitations. Elle ne tient pas compte de nombreux facteurs de risque, notamment l’IRC. En outre, plusieurs variables uniques (p. ex., calcification vasculaire due au calcium/ phosphate, hyperparathyroïdie secondaire, adipokines, stresseurs oxydatifs, inflammation, anémie, etc.17) existent dans le milieu urémique et ne sont pas comptabilisées par le modèle Framingham. Il ne fournit donc pas une estimation précise du risque CV chez les patients atteints d’IRC. Cela est également vrai de tous les autres outils uniformisés actuellement en usage. Les cliniciens doivent donc avoir en tête une autre approche possible pour estimer le risque de MCV chez les patients atteints d’IRC. Tel que mentionné plus tôt, il existe une relation proportionnelle entre le TFGe et le risque CV. À un TFGe supérieur à 60 mL/min, le risque CV d’un patient reflète les facteurs de risque traditionnels selon Framingham. Pour toute valeur en dessous de 60, le risque de MCV augmente et devient moins dépendant des paramètres de Framingham. Cette corrélation entre le TFGe et le risque CV est renforcie par l’ajout de données sur la protéinurie. Une étude canadienne publiée en 2011 a examiné les relations entre la protéinurie, le TFGe et les événements CV indésirables18. Les données ont été tirées de résultats de laboratoire à l’échelle provinciale en Alberta entre 2002 et 2007. Après un suivi médian de 35 mois, les investigateurs ont conclu que le risque d’événements CV importants augmentait avec des taux de protéinurie plus élevés, indépendamment du TFGe, et que leurs données appuyaient le recours aux mesures de protéinurie avec le TFGe pour la définition et stratification du risque en présence d’IRC. La mesure du TFGe et de la protéinurie est aussi importante pour le suivi de l’IRC elle-même, les deux variables dressant un portrait beaucoup plus précis du risque qu’une ou l’autre de ces variables seules. Les patients atteints d’IRC au stade 2 (telle que mesurée par le TFGe) avec protéinurie, par exemple, sont plus susceptibles de développer une néphropathie progressive que ceux au stade 3 sans protéinurie. En plus des marqueurs de dysfonction rénale, des facteurs de risque anatomique/physiologique spécifiques ont également été associés à un risque accru de MCV en présence d’IRC. Les chercheurs de l’étude MESA (MultiEthnic Study of Atherosclerosis)15 ont signalé que la calcification vasculaire, l’épaisseur de la paroi artérielle, l’hypertrophie ventriculaire gauche, un flux sanguin réduit aux extrémités des membres inférieurs et la rigidité vasculaire constituaient des facteurs de prédiction significatifs du risque de MCV. Prise en charge de la dyslipidémie en présence d’IRC Bien que certains éléments de réduction du risque cardiovasculaire soient semblables pour l’IRC et la population générale (p. ex., cesser de fumer ou maintenir un le clinicien novembre/décembre 2011 62 Risque CV lié à l’IRC Figure 2. Incidence d’événements athérosclérotiques majeurs dans l’étude SHARP : ézétimibe + simvastatine vs placebo23 Patients ayant subi des événements 25 20 Placebo 15 Ézétimibe + simvastatine 10 Réduction de taux de 17 % (IC à 95 % : 6 à 26 %) p = 0,0021; test du log-rank 5 0 0 1 2 4 5 Placebo 4 620 4 204 3 849 3 469 2 566 1 269 Ézétimibe + simvastatine 4 650 4 271 3 939 3 546 2 655 1 265 poids santé), plusieurs considérations sont propres à l’IRC. La section suivante aborde quelques-unes des considérations particulières propres à la dyslipidémie. Dyslipidémie. Le profil lipidique en présence d’IRC peut varier de façon drastique par rapport à la population générale. Avec une IRC avancée par exemple, les É tant donné que la réduction du risque en présence d’IRC est importante et atteignable, l’identification précoce de la maladie est un objectif important pour optimiser les résultats. taux de cholestérol des lipoprotéines de faible densité (C-LDL) ont tendance à être bas (en raison d’une baisse de l’activité de la lipoprotéine lipase et un certain degré de malnutrition). Cependant, le taux de cholestérol des lipoprotéines de densité moyenne (C-IDL), qui est encore plus athérogénique que le cholestérol LDL, est souvent élevé. Il convient donc de considérer le fait qu’une mesure normale de C-LDL n’écarte pas nécessairement la possibilité de dyslipidémie ou d’un risque CV chez un patient atteint d’IRC. Par le passé, l’exclusion des patients atteints d’IRC de la plupart des études importantes sur l’abaissement des lipides, combiné aux résultats équivoques ou contradic63 3 Années de suivi Nombre à risque le clinicien novembre/décembre 2011 toires de ces rares études incluant des patients atteints d’IRC, a contré les tentatives de recommandations fondées sur les résultats pour la prise en charge. D’autres facteurs confusionnels, notamment les différentes étiologies d’IRC (p. ex., diabète vs glomérulonéphrite) et les différents stades de maladie dans ces études viennent aussi compliquer la question de l’extrapolation des données à l’IRC en général. La section suivante présente les résultats négatifs ou équivoques de certaines de ces études. Étude ALERT (Assessment of Lescol in Renal Transplantation). Cette étude randomisée et contrôlée, incluant seulement 2 102 patients sur cinq ans, était conçue pour examiner les effets d’une dose quotidienne de 40 mg ou 80 mg de fluvastatine chez les récipiendaires d’une transplantation rénale19. Bien que le traitement à base de statine ait donné lieu à une réduction de 32 % du C-LDL par rapport au placebo sur une période de cinq à six ans, les investigateurs n’ont pas observé un effet significatif sur l’incidence des résultats rénaux (perte de greffe rénale, doublage de la créatinine sérique ou baisse du TFG). Par contre, même si le paramètre d’évaluation primaire n’était pas statistiquement significatif, cette étude a quand même démontré une baisse de 35 % (p = 0,005) de la mortalité CV et des infarctus non fatals. De plus, cette étude a été prolongée de deux ans en offrant 80 mg de fluvastatine à tous les participants20. On a alors démontré que les patients initialement associés au traitement actif avaient obtenu une réduction de Risque CV lié à l’IRC 21 % (p = 0,036) du paramètre d’évaluation primaire (événements CV majeurs). La conclusion du programme ALERT est donc que les patients ayant subi une transplantation rénale réagissent de la même façon aux statines que la population en général. Étude 4D (Deutsche Diabetes Dialyse Studie). Les chercheurs ont procédé à une répartition aléatoire prospective de seulement 1 255 patients atteints de diabète de type 2 et de maladie rénale terminale (tous les patients étaient en dialyse) à des groupes recevant soit 20 mg d’atorvastatine ou un placebo en prévention primaire21. Il n’y a pas eu de différence significative entre les groupes pour le critère d’évaluation principal combiné (décès d’origine CV, IM non mortel et AVC) sur une période de quatre ans; le traitement à base de statine a été associé à une réduction non significative de 8 % de ce critère. L’étude a toutefois démontré une augmentation significative du risque d’AVC mortel et une baisse significative de 18 % (p = 0,03) du risque de tous les événements cardiaques combinés avec l’atorvastatine par rapport au placebo. De plus, dans une analyse posthoc, on a découvert que, chez les patients qui sont dans le quartile supérieure de C-LDL sérique (> 3,76 mmol/L), l’atorvastatine diminuait de façon statistiquement significative le critère d’évaluation principal combiné (baisse de 31 %, p = 0,05), la mortalité cardiovasculaire (baisse de 42 %, p = 0,04) ainsi que la mortalité totale (baisse de 28 %, p = 0,05)22. Étude AURORA (A Study to Evaluate the Use of Rosuvastatin in Subjects on Regular Hemodialysis: An Assessment of Survival and Cardiovascular Events). Cette étude a évalué l’effet de la rosuvastatine chez seulement 2 776 patients soumis à l’hémodialyse en prévention primaire23. Pour le critère d’évaluation principal du temps écoulé avant un événement CV majeur (infarctus du myocarde non mortel, AVC non mortel ou décès d’origine CV), on n’a signalé aucune différence significative entre les patients traités par une dose quotidienne de 10 mg de rosuvastatine et ceux recevant un placebo, malgré le fait qu’au cours de la période de suivi moyenne de 3,2 années, on a observé des réductions significatives du C-LDL et de la protéine C réactive (CRP) avec la rosuvastatine par rapport au placebo. Par contre, dans une analyse post-hoc, on a découvert que, dans le sous-groupe de patients diabétique, le traitement par la rosuvastatine diminuait de façon statistiquement significative le critère d’évaluation cardiaque (mortalité cardiaque et infarctus du myocarde non mortel) de 32 % (p = 0,008)24. Tableau 3. Principales études sur l’abaissement des lipides : nombre de patients inclus Étude ALERT : 1 787 patients Étude 4D : 1 255 patients Étude AURORA : 2 776 patients Étude SHARP : 9 207 patients Étude JUPITER : 17 802 patients Étude TNT (Treating to New Targets). Cette importante étude CV a recruté 10 000 patients présentant une coronaropathie cliniquement manifeste et un taux élevé de C-LDL25. Ces patients ont été aléatoirement désignés pour recevoir une faible dose (10 mg par jour) ou une forte dose (80 mg par jour) d’atorvastatine. Dans une des analyses secondaires de l’étude, le traitement par l’atorvastatine à haute dose a été associé à une amélioration dose-dépendante significative du TFGe par rapport aux valeurs de départ. De plus, dans le sous-groupe de patients atteints d’IRC (surtout de stade 3) on a démontré une réduction de 32 % (p = 0,0003) des événements CV majeurs avec l’atorvastatine à haute dose, ce qui était le double du bénéfice mesuré chez les patients sans IRC26. Recommandations des experts. Malgré l’absence relative de données irréfutables pour les guider, les experts de la SCN ont émis des recommandations fondées sur les meilleures preuves disponibles. Dans ses recommandations de 2008, la SCN appuyait un taux cible de C-LDL de 2,0 mmol/L ou moins pour les patients aux stades 3 ou 4 d’IRC27. Ceci est conforme aux recommandations canadiennes actuelles pour d’autres groupes à risque élevé (dans les recommandations canadiennes de 2009, le taux cible de C-LDL est de moins de 2,0 mmol/L ou une réduction de 50 % du C-LDL)16. Ces lignes directrices recommandent aussi d’obtenir un profil lipidique à jeun au moins six semaines après l’introduction ou la modification d’un traitement hypolipidémiant et tous les 6 à 12 mois par la suite si les résultats sont susceptibles d’influencer les décisions thérapeutiques. Les résultats de la récente étude SHARP, abordés ci-dessus, ont contribué à valider les recommandations de 2008 de la SCN28. Étude SHARP. Cette étude était conçue pour évaluer l’effet d’un traitement hypolipidémiant sur les événements CV chez 9 270 patients atteints d’IRC en prévention primaire28. Pour être admissibles à l’étude, les patients devaient être âgés d’au moins 40 ans et être le clinicien novembre/décembre 2011 64 Risque CV lié à l’IRC Tableau 4. Paramètre d’évaluation primaire et résultats des études Études Paramètre d’évaluation primaire Résultat 4D Mortalité cardiaque, infarctus du myocarde et AVC Négatif AURORA Mortalité cardiaque, infarctus du myocarde et AVC Négatif SHARP Mortalité cardiaque, infarctus du myocarde,AVC et revascularisation artérielle Positif JUPITER Mortalité cardiaque, infarctus du myocarde,AVC, revascularisation artérielle et hospitalisation pour angine instable Positif soumis à la dialyse ou avoir un taux élevé de créatinine (concentration sanguine de créatinine ≥ 150 μmol/L chez les hommes ou ≥ 130 μmol/L chez les femmes). Les patients ayant des antécédents définitifs de MCV au départ étaient exclus, ce qui en fait, en principe, une étude de prévention « primaire ». Le critère principal de l’étude était un événement athérosclérotique majeur (défini comme étant un infarctus du myocarde, un décès cardiaque, un AVC ischémique ou toute procédure de revascularisation). M algré l’absence relative de données irréfutables pour les guider, les experts de la SCN ont émis des recommandations fondées sur les meilleures preuves disponibles. (...) Les résultats de la récente étude SHARP, abordés ci-dessus, ont contribué à valider les recommandations de 2008 de la SCN. Les participants ont été désignés au hasard pour recevoir 10 mg d’ézétimibe plus 20 mg de simvastatine par jour ou seulement 20 mg de simvastatine par jour ou un placebo. C’est donc la première étude utilisant l’ézétimibe en IRC grave. Après une année, alors que l’innocuité de l’ézétimibe en IRC était assurée, les patients du deuxième groupe ont été réassignés au hasard à 10 mg d’ézétimibe plus 20 mg de simvastatine par jour ou un placebo. Les investigateurs ont signalé que, après la première année, l’association médicamenteuse avait donné lieu à une réduction additionnelle de 1,07 mmol/L du C-LDL par rapport à la simvastatine seule (le taux moyen de 65 le clinicien novembre/décembre 2011 C-LDL au départ était de 2,8 mmol/L). Les auteurs ont estimé que l’ézétimibe contribuait pour environ un tiers du bienfait hypolipidémiant associé au traitement par l’association. À la fin de l’étude (suivi moyen de 4,9 années), on signalait une réduction significative de 17 % sur le plan du critère d’évaluation principal avec l’association ézétimibe + simvastatine par rapport au placebo (p = 0,0021; Figure 2). La réduction proportionnelle d’événements athérosclérotiques majeurs associée à une réduction donnée du C-LDL est demeurée stable indépendamment de l’âge, du sexe, de la présence de diabète, des antécédents de maladie vasculaire, du profil lipidique au départ et du statut de dialyse. Cette observation reflète celles des études d’abaissement des lipides dans les populations non atteintes d’IRC et contribue à valider les recommandations de la SCN (et d’autres groupes) pour un taux de C-LDL de moins de 2,0 mmol/L. Dans le sousgroupe de patients sous dialyse, notamment, il n’y avait pas d’hétérogénéité par rapport aux patients atteints d’IRC sans dialyse. Dans l’étude SHARP, le traitement par l’association ézétimibe + simvastatine a aussi été associé à des réductions statistiquement significatives pour les AVC non hémorragiques (réduction de 25 %, p = 0,01) et les procédures de revascularisation artérielles (réduction de 21 %, p = 0,0036). Il n’y a pas eu de différences significatives entre les groupes pour le critère d’évaluation secondaire de progression de la maladie rénale terminale ou de mortalité. De même, il n’y a pas eu de différences significatives entre les groupes pour le cancer ou tout autre critère d’innocuité (p. ex., la myopathie, l’hépatite et les calculs biliaires). Discussion. Le fait que les bienfaits liés au critère d’évaluation principal ont été observés dans tous les sousgroupes de l’étude (incluant les patients sous dialyse) Risque CV lié à l’IRC Résumé : Messages à retenir • Les tests de dépistage pour l’IRC sont recommandés pour les groupes de patients à risque (p. ex., les personnes âgées, hypertendues ou diabétiques). • Le taux de filtration glomérulaire estimé (TFGe) est l’outil recommandé pour le diagnostic précoce et l’établissement du stade de maladie rénale. • Quantifier la protéinurie/albuminurie fournit des renseignements additionnels importants sur le plan pronostic par rapport au TFGe seul. • Le modèle d’estimation du risque de Framingham n’est pas un outil optimal pour estimer le risque CV chez les patients atteints d’IRC. • Les patients atteints d’IRC doivent être considérés comme présentant un risque élevé de MCV, avec une corrélation entre un plus faible TFGe et un risque CV plus élevé. • Des interventions visant une réduction optimale du risque doivent être fournies lorsque cela est approprié. - Dyslipidémie : IRC sans dialyse (prévention primaire et secondaire) et avec dialyse (prévention secondaire); traiter par une faible dose de statine en visant une valeur de < 2,0 mmol/L (ou une réduction de 50 % par rapport aux valeurs de départ); ajouter de l’ézétimibe pour un abaissement additionnel du taux de lipides si nécessaire. Patients en dialyse (prévention primaire); individualiser le traitement, mais les patients qui semblent le plus profiter d’un traitment hypolipémiant sont ceux qui ont un C-LDL > 3,76 mmol/L et les diabétiques. - Hypertension : traiter jusqu’à une tension artérielle cible de < 140/90 mm Hg, mais viser < 130/80 mm Hg en présence de protéinurie seulement; les inhibiteurs de l’ECA ou les ARA sont recommandés comme agents thérapeutiques de premier choix. rend ces résultats pertinents pour la plupart des patients du monde réel atteints d’IRC. Les résultats de l’étude SHARP sont aussi en accord avec les résultats attendus en ce qui concerne la baisse du C-LDL observée. En effet, dans une méta-analyse récente de 170 000 patients provenant de 26 études, on a démontré que pour chaque 1 mmol/L de réduction du C-LDL, on obtient une réduction de 20 % des événements athéroslérotiques29. Dans l’étude SHARP, une réduction du C-LDL de 0,85 mmol/L en moyenne résulte, tel que prévu, en une réduction de 17 % des événements athérosclérotiques. La question persiste, cependant, à savoir pourquoi l’étude SHARP, contrairement aux études AURORA et 4D, a produit un résultat positif. Il existe plusieurs explications possibles, dont le manque de puissance et l’absence de la revascularisation dans le paramètre d’évaluation primaire. Comparativement à ces études antérieures, l’étude SHARP était de plus grande envergure et avait un critère d’évaluation plus précis. Effectivement, afin de démontrer l’effet des statines, surtout en prévention primaire, il faut beaucoup de patients. Comme on le voit au Tableau 3, l’étude la plus récente sur les statines en prévention pri- maire, soit l’étude JUPITER30, incluait 17 000 patients. Il était donc impossible que les études 4D et AURORA, avec seulement 1 255 et 2 776 patients respectivement, produisent un résultat positif. Le manque de puissance des études 4D et AURORA est mis davantage en lumière par le fait qu’on avait déjà annoncé un manque de puissance pour l’étude SHARP avant ses débuts (et ce, même avec ses 3 023 patients sous dialyse) concernant l’analyse des sous-groupes de patients sous dialyse. Ensuite, la métaanalyse récente de 170 000 patients provenant de 26 études nous apprend aussi que l’effet principal des statines touche la revascularisation coronarienne; elle doit donc absolument faire partie du paramètre d’évaluation principal. En effet, comme on peut le constater au Tableau 4, les seules études positives sont celles incluant la revascularisation dans leur paramètre d’évaluation primaire. Avant l’étude SHARP, les décisions relatives à l’utilisation de statines dans le traitement de l’IRC étaient, par nécessité, fondées sur une preuve à l’appui limitée. Certains néphrologues utilisaient régulièrement les statines alors que d’autres extrapolaient les résultats des études AURORA et 4D à tous les cas d’IRC et recomle clinicien novembre/décembre 2011 66 Risque CV lié à l’IRC mandaient l’interruption du traitement par les statines pour tous leurs patients atteints d’IRC. Toutefois, avec les résultats d’efficacité et d’innocuité favorables obtenus dans l’étude SHARP, on devrait s’attendre à une approche plus uniforme pour l’utilisation des statines (et de l’ézétimibe) dans le traitement de l’IRC. Pour ce qui est de la posologie, les essais cliniques de traitement de l’IRC ont évalué de faibles doses de statine en raison de la possibilité d’un risque accru de myopathie liée aux statines avec la baisse du TFGe. En pratique clinique, les données fondées sur les résultats suggèrent donc qu’une faible dose de statine serait une stratégie prudente pour les patients atteints d’IRC. L’utilisation concomitante d’ézétimibe pourrait aider à compenser pour les effets hypolipidémiants limités de ces faibles doses. Il a déjà été démontré que l’ajout de l’ézétimibe fournit un bienfait additionnel équivalent à ce qu’on obtiendrait en doublant la dose de statine trois fois (p. ex., titrage de 10 mg à 80 mg par jour). S’il est vrai que l’étude SHARP n’a pas démontré une réduction significative de la mortalité globale, la réduction significative de morbidité devrait quand même fournir une justification suffisante pour la recommandation d’un traitement hypolipidémiant chez les patients atteints d’IRC. Une réduction de la morbidité se traduit par une plus faible utilisation des ressources du système de la santé et peut améliorer la qualité de vie du patient, des enjeux importants pour la population IRC. Prise en charge d’autres facteurs de risque de MCV Protéinurie. Il n’a pas encore été prouvé que le fait de cibler spécifiquement la protéinurie dans le but de réduire le risque CV soit une stratégie efficace en présence d’IRC. Toutefois, la protéinurie est associée à un risque CV et rénal et de récentes études suggèrent que les statines réduisent la protéinurie. Les études PLANET ont évalué les effets de l’atorvastatine à raison de 80 mg/jour ou de la rosuvastatine à raison de 10 ou 40 mg/jour sur l’excrétion urinaire de protéines et la fonction rénale chez les patients présentant des concentrations élevées de C-LDL et une protéinurie modérée31. L’étude PLANET I se fondait sur 325 patients diabétiques tandis l’étude PLANET II incluait 220 participants non diabétiques. Le critère d’évaluation principal des deux études était la variation du rapport protéine urinaire/créatinine du début de l’étude à la 52e semaine ou à la dernière observation relevée en cours de traitement. 67 le clinicien novembre/décembre 2011 Dans l’étude PLANET I, l’atorvastatine a donné lieu à une réduction de 15 % de la protéinurie, en plus de la réduction obtenue avec le traitement par un inhibiteur de l’ECA ou un ARA; la rosuvastatine n’a eu aucun effet significatif sur la protéinurie. Les patients du groupe traité par la rosuvastatine ont également présenté une perte de fonction rénale significativement plus importante au cours de la période de 52 semaines comparativement aux patients du groupe traité par l’atorvastatine. Dans l’étude PLANET II, l’atorvastatine a donné lieu à une réduction de plus de 20 % de la protéinurie aux semaines 26 et 52, alors que la rosuvastatine n’a eu aucun effet semblable. On a signalé un déclin significatif de la fonction rénale seulement dans le groupe traité par une dose de 40 mg/jour de rosuvastatine. Les effets divergents de l’atorvastatine et de la rosuvastatine sur la protéinurie et le TFGe ne reflétaient pas les différences en termes d’abaissement des lipides, qui étaient semblables dans tous les groupes de traitement. Hypertension. On note un manque de données concluantes suggérant une cible idéale de tension artérielle chez les patients atteints d’IRC. Néanmoins, le Programme éducatif canadien sur l’hypertension de 2011 recommande toujours de viser une tension artérielle inférieure à 130/80 mm Hg (même si cela fait actuellement l’objet de discussions pour 2012, avec un changement anticipé à moins de 140/90 mm Hg chez les patients IRC), en utilisant des inhibiteurs de l’ECA ou des ARA comme agents thérapeutiques de premier choix32. Dans une méta-analyse récente33, on a bien démontré qu’il n’y a pas de données supportant une cible de tension artérielle inférieure à 130/80 mm Hg en présence d’IRC. Par contre, dans cette étude, on montre aussi que la tension artérielle inférieure à 130/80 mm Hg pourrait être profitable seulement chez les patients avec protéinurie. Il semble donc raisonnable de viser en général une tension artérielle inférieure à 140/90 mm Hg chez les patients atteints d’IRC, mais de viser une tension artérielle inférieure à 130/80 mm Hg en présence de protéinurie seulement. Conclusion L’IRC est un important problème de santé publique au Canada. Avec le vieillissement de la population et la hausse de la prévalence du diabète de type 2, on peut aussi s’attendre à voir une hausse de l’incidence globale de l’IRC. La MCV est de loin la plus fréquente cause de décès chez les patients atteints d’IRC, avec un risque substantiellement plus élevé que dans la population générale. La prise en charge des patients atteints d’IRC Risque CV lié à l’IRC devrait donc inclure des stratégies optimales de réduction du risque CV. De récentes évidences suggèrent que le traitement de la dyslipidémie en présence d’IRC devrait être semblable à ce qui se fait dans les autres groupes présentant un risque élevé, c’est-à-dire avec une cible de C-LDL de moins de 2,0 mmol/L (ou une réduction de 50 %). La protéinurie est associée aux risques CV et rénaux, et la pharmacothérapie visant à réduire la protéinurie (c.-à.-d, les statines) pourrait jouer un rôle, bien que l’effet de cette stratégie en IRC reste à être prouvé. De même, bien que les données ne sont pas concluantes en ce qui concerne une cible idéale de la tension artérielle en IRC, des recommandations ont été faites pour le contôle de l’hypertension chez ces patients. C L’élaboration de cet article a été financée par une subvention éducative sans restrictions de Merck Canada inc. L’auteur bénéficiait d’une indépendance éditoriale complète et est responsable de l’exactitude de l’article. Le commanditaire n’a exercé aucune influence sur la sélection du contenu ou du matériel publié. Tout produit mentionné doit être utilisé conformément aux renseignements d’ordonnance que contiennent les monographies de produits respectives. Références : 1. Statistiques Canada. Les principales causes de décès au Canada, 2007, Tableau CANSIM 102-0561. 2. National Centre for Health Statistics. Healthy People 2010. Atlanta, Georgia, 2010. 3. Niederlaender E. Causes of death in the EU. Statistics in Focus, 2006. 4. La Fondation canadienne du rein. Face aux faits – 2011. Accessible à l’adresse : www.kidney.ca. 5. Zhang QL, Rothenbacher D. Prevalence of chronic kidney disease in population-based studies: systematic review. BMC Public Health 2008; 8:117. 6. Association canadienne du diabète. La prévalence et les coûts du diabète. Accessible à l’adresse : www.diabetes.ca. 7. 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