Un enfant opéré du cœur par un robot

Le Soir Mardi 16 juin 2015
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LABELGIQUE
Un enfant opéré du cœur par un robot
CHIRURGIE
Une première belge réalisée aux Cliniques Saint-Luc, à Bruxelles
Équipé de quatre bras,
le robot « Da Vinci » est
utilisé depuis trois ans
chez l’adulte.
Pour la première fois,
l’instrument a été utilisé
chez une fillette
de 12 ans.
faut davantage de temps en
amont pour préparer le matériel
et procéder à une simulation afin
de vérifier que tout fonctionne
correctement.
Le robot est utilisé comme un
auxiliaire. C’est le chirurgien qui
réalise l’incision. Ensuite, une
fois que les bras du robot ainsi
que la caméra placée sur l’un
d’entre eux sont en place, le chirurgien se place aux commandes.
Il va intervenir par l’intermédiaire des bras robotisés sur lesquels sont placés les instruments
chirurgicaux. Un autre chirurgien et une infirmière instrumentiste restent aux côtés du patient.
Cette dernière se charge de changer certains instruments, les fils
de suture,…
P
our la première fois en
Belgique, un enfant a été
opéré du cœur par un robot. La petite fille, âgée de 12 ans,
souffrait d’une malformation
cardiaque congénitale touchant
les cloisons cardiaques. Dans
cette situation, deux scénarios
sont possibles. On peut opérer
par cathétérisme, c’est-à-dire en
insérant une prothèse par une artère de l’aine ou du bras, jusqu’au
cœur. Cette technique ne nécessite pas d’ouverture au niveau du
thorax ni de « poumons ou cœur
artificiels (circulation extracorporelle). Mais elle n’est pas possible chez les tout-petits, elle nécessite des caractéristiques physiques particulières et le placement d’une prothèse. Or, on
appréhende un peu le fait de laisser un corps étranger à l’intérieur
du corps d’un enfant », explique
le Pr Jean Rubay, chirurgien cardiaque aux Cliniques universitaires, qui a procédé à l’opération
de la petite fille.
L’autre scénario est la chirurgie
classique, qui requiert l’ouverture du thorax. Une technique
Le robot « Da Vinci » permet d’atténuer la lourdeur de l’opération. ©
bien plus invasive que la précédente. Mais le robot – appelé
« Da Vinci » – permet d’atténuer
la lourdeur de l’opération. « Il
offre une précision du geste plus
grande et atténue ainsi les petites
imperfections humaines. La cicatrice est invisible avec cette technique. Il y a aussi moins de
risques infectieux, d’épanchement postopératoire, et cela rend
la récupération plus rapide »,
note encore le Pr Rubay.
Ainsi, la jeune fille opérée début mai a pu rentrer chez elle
après cinq jours d’hospitalisation. Elle se porte aujourd’hui
très bien.
CUSL / H. DEPASSE
Le robot Da Vinci utilisé pour
cette opération fonctionne de
manière routinière depuis trois
ans aux Cliniques universitaires
Saint-Luc, mais pour les adultes.
« Nous avons un à deux cas par
semaine, confie le Pr Philippe
Noirhomme, chirurgien cardiaque à Saint-Luc ayant également participé à l’opération de la
fillette. Pour l’instant, il est surtout utilisé pour des lésions de la
valve mitrale ou de l’étage auriculaire (tumeurs, malformations,…). »
Ce sont les résultats positifs
chez l’adulte qui ont convaincu
les différents acteurs d’utiliser la
technique chez l’enfant. Mais vu
la taille des instruments, il n’est
pas encore possible de les utiliser
chez de très jeunes enfants. « Les
instruments mesurent 8 à 10 mm
de diamètre. On ne peut pas viser
des patients de moins de 40 kilos.
Cela concerne donc plutôt les adolescents », précise le Pr Noirhomme. « On espère que les instruments mesurent un jour 5 mm
de diamètre pour pouvoir opérer
des enfants de 7 à 8 ans », poursuit-il.
La durée de l’opération proprement dite, avec le robot, est quasiment équivalente à la chirurgie
classique : environ 2h30. Mais il
« Le robot offre
une précision plus grande
et atténue ainsi les petites
imperfections humaines »
PR RUBAY
Le Pr Rubay espère qu’il y en
aura bientôt d’autres : « Actuellement, on privilégie le cathétérisme interventionnel car l’hospitalisation est dans ce cas très
brève. Mais, avec le robot, nous
parvenons à rivaliser avec le cathétérisme sans l’inconvénient de
la prothèse. Si on s’en tient aux réparations valvulaires et aux
trous dans les parois, environ 50
enfants » pourraient être opérés
par le robot à Saint-Luc chaque
année. ■
INDICATIONS
Plus de cent
interventions
chez l’adulte
Muni de quatre bras, le
robot Da Vinci est arrivé aux
Cliniques universitaires
Saint-Luc, à Bruxelles, il y a
trois ans. Au départ, il servait au niveau de la chirurgie
coronarienne (extracardiaque). Mais son utilisation
a été étendue à la chirurgie
intracardiaque. Depuis, plus
de cent interventions ont été
réalisées par le robot au
niveau de la valve mitrale, à
Saint-Luc. Il s’agit là de la
principale indication. Da
Vinci peut également être
utile pour traiter des malformations au niveau de la
communication entre les
oreillettes ou entre les ventricules ainsi que pour réparer des valves tricuspides.
Au niveau du coût, l’acquisition du robot a été majoritairement financée par du
mécénat. L’Inami ne prévoit
pas de remboursement pour
l’opération « robotisée ».
Pour le patient cela n’entraîne néanmoins pas de
coût supplémentaire puisque
le coût de fonctionnement
de l’appareil est intégralement pris en charge par
l’hôpital.
V. JA.
VIOLAINE JADOUL
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