Chapitre IV

Transcription

Chapitre IV
Le retour d’Ultimecia
Chapitre IV
Alors que le docteur Kadowaki avait laissé bébé Ultimecia aux soins de Squall et
retournait à mon chevet, Squall regardait le bébé qu’il avait dans les bras et qui semblait
totalement innocent.
- Nous devons réellement tuer ce bébé, Squall? demanda Rinoa qui semblait très
hésitante.
- Ce sera difficile, mais c’est notre devoir, répondit Squall d’une voix neutre.
Chacun des six SeeDs se regardèrent mutuellement et aucun d’entre eux ne
voulait passer à l’acte.
- Elle est vraiment rusée, cette sorcière, fit Irvine d’une voix rauque et rancunière peu
commune chez lui. Elle savait très bien que nous n’irions pas jusqu’à tuer un nourrisson.
- C’est étrange qu’elle ne se manifeste pas, murmura Squall.
Il donna le bébé à Zell et dit :
- Je vais voir comment le docteur Kadowaki s’en sort avec Mynhphrah.
Squall entra dans l’infirmerie et vit le docteur Kadowaki assise à son bureau.
- Est-ce que… Est-ce que Mynhphrah va mieux? demanda Squall avec hésitation.
- Elle ne respire plus depuis longtemps mais… c’est étrange… son cœur bat toujours au
même rythme, répondit-elle calmement. Seifer tente de communiquer avec elle par
télépathie.
Squall se retourna dans ma direction et vit Seifer qui tenait mes mains, les yeux
fermés. Derrière lui, une machine ultra-moderne affichait mes battements de cœur. Puis
soudain, tout s’arrêta. Seifer ouvrit les yeux et commença à répéter non de façon
frénétique. Au même moment, de l’autre côté de la porte, des hurlements terrifiés se
firent entendre. Squall sortit en trombe de la pièce et ce qu’il vit le figea d’horreur.
Le bébé gisait sur le sol et son ventre était fendu. Tout d’abord Squall crut que
l’un des SeeDs l’avait tué. Mais lorsqu’il vit une fumée verdâtre et malodorante
s’échapper du nouveau-né, Squall n’eut plus qu’à faire face à la réalité. Ultimecia était
sur le chemin du retour. Soudainement, un bruit de succion dégoûtant se fit entendre et
Ultimecia sortit du ventre du bébé.
- HA! HA! HA! Petits naïfs! Aviez-vous cru que j’aurais grandi comme un faible
humain? Idiots! Ce bébé n’était que mon enveloppe protectrice, mon vaisseau pouvant
me ramener à votre réalité! Je remercie particulièrement cet ex-humain et ma chère mère
pour qui je n’ai absolument aucune considération… Ni aucun regret, à vrai dire.
- SALOPERIE DE SORCIÈRE! hurla Irvine.
- Ce qui veut dire que cet enfant était une véritable et innocente petite fille qui a été
possédée pour permettre à Ultimecia de revenir? demanda Selphie qui commençait peu à
peu à comprendre. Quelle horreur!
- Précisément, répondit Ultimecia en riant de façon diabolique, la folie dans le regard.
Ne tenant plus, Stéphanie lui sauta dessus.
- À cause de toi, elle a souffert inutilement! hurlait Stéphanie en la frappant du mieux
qu’elle le pouvait.
- Stephy! ATTENTION! hurla Zell alors qu’Ultimecia levait les bras.
Le retour d’Ultimecia
Soudainement, Stéphanie s’éleva dans les airs et alla s’écraser contre le mur.
Aussitôt Zell se précipita à son secours, et Ultimecia disparut.
Plusieurs jours passèrent. Squall avait alerté tous les Gardens des autres régions,
dont Galbadia et Trabia. Un nouveau Garden avait été construit quelques mois plus tôt
dans la région d’Esthar par le président Laguna Loire et ses deux amis Kiros Seagill et
Ward Zabac, dans le but de donner un coup de main à Squall et compagnie en formant de
nombreux nouveaux membres SeeDs. À la nouvelle de la réapparition de la reine des
ténèbres, Ultimecia, les trois compères allèrent rejoindre Squall au Balamb Garden afin
de se mettre à jour sur la situation et fournir de l’aide, si cela était possible. Le docteur
Odine, vivant également à Esthar, décida d’accompagner le président à Balamb. Mon
étrange état lui avait donné envie d’étudier mon cas.
- Comme ça, elle ne respire plus et son cœur ne bat plus, mais elle vit toujours? demanda
Laguna au docteur Kadowaki une fois qu’il fut arrivé au Garden de Balamb accompagné
de Kiros, Ward, et de son ennemi juré, le docteur Odine.
- En effet, répondit Kadowaki. C’est à y rien comprendre.
- En tant qu’expert en sorcières, avança avec assurance Laguna, j’me dis que c’n’est
qu’une ruse pour nous faire croire qu’elle est morte alors qu’elle ne l’est même pas.
J’chuis même prêt à parier qu’Ultimecia puise son énergie directement dans cette fille…
Comment elle s’appelle déjà? Ah oui, Mynhphrah. Donc, si j’r’viens à c’que j’disais, c’te
sorcière-là, ça a une stratégie de fer… Mais chuis pas trop sûr de savoir comment
remédier à la situation…
Laguna mit sa main sous son menton puis se croisa les bras.
- Logiquement, si cette jeune fille semble morte, dit Laguna tout en hochant la tête, il
faudrait qu’elle soit en pleine forme pour diminuer la force d’Ultimecia. Mais si rendre
cette jeune fille plus forte rendait Ultimecia plus forte…
- Le zeul moyen de zavoir, z’est encore d’ezzayer de la zauver… fit une voix derrière
Laguna.
- Odine! Comment vas-tu, mon pote? fit Laguna en se retournant.
- Ze crois que z’est nouveau, zette amitié zoudaine… fit le docteur Odine.
- Alors, allez-vous vous décider à faire quelque chose, enfin? s’exclama sèchement
Seifer, qui demeurait toujours à mon chevet.
- Bien zûr, bien zûr! fit Odine en acquiesçant. Mais il faudrait d’abord que deuz
perzonnes très zhères à zon cœur puizzent venir à zon chevet.
- Je suis l’une d’elles, dit Seifer. Et je sais où est l’autre.
Seifer quitta l’infirmerie pour bientôt revenir avec Stéphanie.
- Voilà, dit Seifer.
- Bien, Allez de zhaque côté de zon lit et appelez-là par la penzée.
Ce que firent immédiatement Seifer et Stéphanie.
J’étais perdue dans un bois envahi par un épais brouillard. Je n’avais aucune idée
depuis combien de temps je pouvais m’y trouver, mais la hantise d’y perdre mon chemin
avait envahi mon cœur. Ayant renoncé à persévérer, j’étais sur le point de me laisser
envahir par la tristesse et le chagrin, alors que soudainement, j’aperçus un fin,
presqu’invisible, infime rayon de soleil percer le voile de l’épais brouillard. Aussi infime
eut-il été, je décidai de le rejoindre, ce minuscule rayon de soleil étant mon dernier
Le retour d’Ultimecia
espoir. Alors que j’allais le rejoindre, une silhouette apparut devant mes yeux, pour se
matérialiser en une figure qui me laissa échapper ma fine lueur d’espoir. Ultimecia venait
de matérialiser devant moi.
- Tu es mon esclave, me dit Ultimecia les yeux remplis d’une folie indescriptible, ma
prisonnière. Jamais plus tu ne verras la lumière du jour!
Une lumière blanche intense traversa le ciel derrière Ultimecia, me forçant à me
couvrir les yeux.
Dans l’infirmerie, là où l’on tentait de me réanimer, Odine avait un grand sourire
imprimé sur son visage.
- Elle est zur le point de revenir! Continuez, CONTINUEZ !!!
Une autre lumière blanche traversa le ciel. Puis une autre, et encore une autre…
Ultimecia redevint une silhouette, qui bientôt s’effaça sous la lumière qui devenait de
plus en plus intense. Et à sa place, le visage souriant et réconfortant de Seifer apparut, et
je sus qu’il avait été depuis le début cet infime rayon de soleil qui m’avait dirigée vers la
lumière…
Une semaine s’était écoulée depuis mon réveil. L’amour qu’avait pour moi Seifer
devenait chaque jour plus intense, et l’amitié que j’entretenais avec Stéphanie s’était
beaucoup renforcie. Mais partout, le poids de la réapparition d’Ultimecia et l’inquiétude
qu’elle suscitait était palpable. Tous appréhendaient une attaque surprise d’Ultimecia,
mais elle ne s’était pas remanifestée après avoir disparu sous les yeux de Squall…
- Dis, tu ne m’en veux pas trop pour le fait que je t’ai laissée derrière? me demanda un
jour Irvine, qui s’en voulait toujours.
- Mais non, voyons! lui répondis-je en riant. Combien de fois devrais-je te le répéter?
Tout ça est oublié depuis longtemps. Sans compter que ce n’est même pas de ta faute.
Irvine garda le silence.
- J’ai l’impression que tu as quelque chose à me dire, Irvy, lui dis-je d’un air malicieux.
- Bien, fit Irvine, j’avais acheté ce petit chocobo en peluche pour me faire pardonner…
Tiens, il est à toi.
Irvine me donna le chocobo et tourna les talons.
- Irvine, attends! fis-je.
Il s’arrêta de marcher.
- Merci… lui dis-je en souriant.
Un faible sourire éclaira lentement son visage et il me salua à sa manière
habituelle, soit en me jetant un regard de dessous son chapeau et saluant de façon
détachée avec sa main droite. Puis il mit les mains dans les poches de son éternel
manteau beige et s’éloigna lentement.
- Je me demande s’il se pardonnera un jour, fit une voix derrière moi.
Je me retournai et vis Squall, qui avait les yeux posés sur Irvine alors qu’il
s’éloignait. Il tourna ensuite son visage vers moi et esquissa un léger et maladroit sourire.
- Alors, toujours pas de problèmes? me demanda Squall.
- Non, répondis-je, tout va bien. Plus aucune trace de sorcière en moi.
- Jusqu’à maintenant, dit Squall. Je suis venu te voir pour te dire que Rinoa et toi serez
sous haute surveillance tant qu’Ultimecia ne sera pas vaincue. Rinoa, parce qu’elle a déjà
Le retour d’Ultimecia
été possédée par Ultimecia, et toi, puisqu’elle risque d’essayer de t’éliminer. Je serai le
garde du corps de Rinoa, et Seifer sera le tiens, bien évidemment. Ça te va?
- Hum, bien sûr, dis-je en acquiesçant.
- Bien. Je dois retourner auprès des autres pour élaborer un plan. Si jamais tu as envie de
nous rejoindre, n’hésite surtout pas. Nous serons au Quad.
Sur ces mots, Squall s’éloigna. Seule, je m’appuyai sur le rebord du couloir et
perdit mon regard dans l’eau coulant sous le plancher. Tout ce temps passé au Garden de
Balamb m’avait pratiquement fait oublier mon ancienne vie. Une étrange mélancolie
s’empara de moi, et des larmes roulèrent sur mes joues sans que je m’en aperçoive.
- Mynhphrah, ça va? me demanda soudain Stéphanie tout en me faisant sursauter.
- O…oui, répondis-je.
Puis je réalisai que j’avais pleuré et je tâchai d’essuyer au plus vite mes larmes.
- Tu t’ennuies, hein? me demanda Stéphanie, la voix pleine de compassion.
- Oui, un peu… admis-je.
- Moi aussi, dit Stéphanie.
- J’avoue que j’ai un peu honte, par contre… Car tout le monde est très gentil avec moi
ici et je ne voudrais pas leur manquer de respect…
- Allons, y’a pas de honte à y avoir! T’sé, c’normal de s’ennuyer même si on est très bien
traitées ici… Chuis sûre que les aut’ vont comprendre!
- Hum… Je crois que tu te tiens trop avec Zell, ma chère, dis-je soudainement à
Stéphanie.
- Hein? Qu’est-ce que tu veux dire par là?
- Ton élocution se dégrade, c’est effrayant.
- Ah… C’pas grave! Tiens, r’garde qui vient!
Je cherchai autour de moi et j’aperçus Seifer qui s’approchait.
- J’crois que j’vais vous laisser entre fiancés… me dit Stéphanie en me faisant un clin
d’œil.
Puis je lançai :
- Même tes manies sont celles de Zell! Va falloir que tu te recycles!
Stéphanie se retourna et me tira la langue. Puis elle s’éloigna en riant. Seifer
s’approcha de moi et m’embrassa dans le cou.
- Tout s’est bien passé, mon amour? me demanda-t-il tout en me caressant les bras.
- Oui, très bien, répondis-je, secouée de frissons.
- Tiens! fit Seifer en s’éloignant de moi. Où as-tu dégotté ça?
- Ça? dis-je en montrant le chocobo qu’Irvine m’avait donné. C’est un cadeau qu’Irvine
m’a fait pour se faire pardonner.
- Il s’en veut encore?
- Eh oui! Mais je crois qu’il s’en veut moins, maintenant.
- Et si nous pensions un peu à nous, maintenant? me demanda tendrement Seifer.
Il me retourna lentement vers lui et appuya son front contre le mien.
- Bientôt nous devrons annoncer notre mariage… me dit-il avec un sourire craquant et ses
yeux bleus droit dans les miens.
Au moment où il allait me donner un baiser, Fujin et Raijin arrivèrent en trombe.
- Oh non! soupira Seifer. Pas encore eux…
D’un air exaspéré, Seifer s’éloigna de moi et alla s’accouder sur la rampe du
couloir.
Le retour d’Ultimecia
- Allez-vous-en, dit Seifer à Fujin et Raijin. J’en ai assez de vos jérémiades.
- SEIFER, NOUS EN AVONS ASSEZ! hurla Fujin.
- C’est vrai Seifer. C’est à peine si tu nous salues lorsqu’on se croise dans les corridors.
Nous étions de si bons amis auparavant, pourquoi nous délaisses-tu ainsi? demanda
Raijin.
- C’est très simple, Raijin, répondit Seifer. Fujin et toi avez tenté de ternir la réputation de
ma fiancée afin que je m’éloigne d’elle en votre faveur. Et je n’ai pas du tout apprécié.
- FIANCÉS? demanda Fujin, consternée.
- Exact, répondit Seifer. Il est normal que je demeure plus longtemps avec celle qui
deviendra ma femme qu’avec des gens rudes et impolis, non?
- Tu… tu as raison Seifer, approuva Raijin. Notre comportement a été honteux et nous
nous excusons. Pardonne-nous.
Fujin donna un bon coup de pied à Raijin.
- Fujin! s’exclama Raijin en se tenant la jambe. Qu’est-ce qui te prends?
- JE VOUS DÉTESTE! lança Fujin avant de s’éloigner en courant.
- Certes, elle m’a frappé souvent, mais c’est la première fois qu’elle me dit qu’elle me
déteste, murmura Raijin.
- Ça s’adressait à moi aussi, dis-je.
- Non, dit Seifer, c’est à Raijin et moi que ce message s’adressait, pas à toi, j’en suis sûr.
- Hum… fit Raijin. Je ferais mieux d’aller voir où elle est allée.
Sur ces mots, Raijin s’éloigna.
- Fujin a de la chance que Raijin soit si doux, dis-je à Seifer. Aux muscles qu’il possède,
il y aurait longtemps que Fujin aurait reçu sa leçon.
- Je crois que Raijin a un faible pour elle, me répondit Seifer, le regard perdu dans le
vague.
- Et moi, je suis persuadée que Fujin a un faible pour toi.
- Fujin, un faible pour moi? HA! HA! HA! dit Seifer en éclatant de rire.
Soudain, il devint très silencieux.
- À vrai dire, je m’en doutais, avoua Seifer. Car depuis ton arrivée, elle est devenue
encore plus rageuse et irritable qu’auparavant. Et à chaque fois qu’elle et Raijin parlaient
en mal de toi, Raijin était le premier à minimiser les dégâts alors que Fujin faisait tout
pour les maximiser.
Il s’approcha de moi et j’allai me réfugier dans les bras de mon fiancé.
- Je ferai tout pour te protéger, me dit Seifer d’une voix douce et tendre. Même si ta vie
vaut la mienne en échange.
Sur ces mots, il me donna un tendre baiser. Puis un bruit suraigu se fit entendre
dans ma tête… Je me recroquevillai et portai les mains à ma tête. Au moment où Seifer
allait me demander ce qui se passait, il se recroquevilla à son tour et s’effondra sur mon
corps déjà étendu sur le sol…