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ordres insensés, usage de la force muselé ViryChâtillon pour la police, le torchon brûle Le 8 octobre 2016, une meute d’assassins organisaient un guet-apens pour tuer des policiers stationnés à Viry-Châtillon (91) à coups de cocktails molotov et de cailloux. Si certains se pressent de réclamer des effectifs supplémentaires pour toute réponse, l’UNSA Police entend considérer la situation dans son ensemble avant de formuler des revendications. Voici notre carnet de notes. Mais que faisaient-ils là ? Mission : protéger une caméra Les policiers de France entière et les syndicats ont été surpris en apprenant l’intitulé de la mission sur laquelle étaient engagés nos collègues : laisser deux patrouilles en permanence pour surveiller une caméra de vidéosurveillance. Il s’avère que le carrefour dit du Fournil est une zone dangereuse, sur laquelle les agressions sont quotidiennes. La solution a été de placer une caméra, mais celle-ci a été détruite une première fois ; pas question que cela arrive à la seconde, d’où la présence policière. Prenons du recul : la France, c’est 643 801 km² de superficie. En un an, la politique sécuritaire employée n’a pas permis de sécuriser un seul carrefour. A quel moment poster des policiers, en permanence, pour protéger une idée qui ne fonctionne pas s’est-elle révélée être une analyse pertinente ? Le choix de la zone Notons au passage que, toute fantaisiste que peut paraître cette mission, elle se déroulait aux abords de la Grande-Borne, une cité internationalement connue pour sa dangerosité, qui s’est particulièrement distinguée lors des émeutes de 2005 et fait parler d’elle très régulièrement. Armes, homicides, trafics en tous genres... Une zone dangereuse nécessite des précautions à la hauteur. Ontelles été prises ? Les écrits restent D’après nos premiers éléments, aucune note de service n’a été rédigée pour justifier cette mission, et toutes les consignes auraient été données oralement. S’agit-il d’une manoeuvre pour dissimuler des décisions sur lesquelles les syndicats n’auraient pas manqué de réagir ? Des patrouilles non réglementaires Si la note de service DCSP/SD-MIS/DUTOP n°66 du 28 avril 2011 conforte le binôme de patrouille, l’article 181 du RIPN précise bien que celle-ci se compose au minimum de 2 agents titulaires. Pourquoi la patrouille la plus durement touchée était-elle composée d’un ADS et d’une titulaire ? Nos revendications Le drame de Viry-Châtillon est caractéristique de la légèreté du commandement, de l’analyse sécuritaire ainsi que de l’application des règlements qui caractérise nombre de services de police. Notre organisation n’a eu de cesse de dénoncer ces faiblesses organisationnelles, estimant que le facteur chance à lui seul ne durerait pas éternellement. Outre l’enquête judiciaire en cours, l’UNSA Police demande une enquête administrative afin de déterminer les responsabilités hiérarchiques. Cette enquête servira notamment à entamer avec le ministère un profond travail de nettoyage des pratiques mettant en danger la vie des policiers sans motif fondé et au détriment des mesures de sécurité. Dans cette attente, l’UNSA Police exige: ► la fin de ce type de mission où les policiers sont des cibles potentielles ► la fin des patrouilles à 2 ► le respect des règles de composition des patrouilles Le cocktail molotov, arme anti-flic tolérée Paris, en marge de la manifestation des policiers le 18 mai, un véhicule était attaqué au cocktail molotov ; durant les manifestations contre la loi travail, ces engins incendiaires faits maison pleuvaient sur les CRS Une arme (artisanale) de guerre Tout le monde connaît le cocktail molotov. Une bouteille en verre, du liquide inflammable, un produit gras pour faire durer la combustion, et un chiffon imbibé à allumer juste avant de lancer le tout. Accessoire indispensable durant toute manifestation, émeute ou attroupement anti-police, le cocktail molotov fait partie intégrante de notre société. A l’origine, pourtant, il s’agissait d’une arme de guerre du pauvre durant la guerre d’Espagne, qui tirera son nom un peu plus tard durant la guerre entre la Finlande et l’URSS. Viatcheslav Molotov, ministre soviétique des affaires étrangères, présentait les raids de bombardements aériens comme des opérations humanitaires de distribution d’eau et de nourriture. En réponse, les Finlandais lui ont préparé un cocktail pour égayer le repas qu’ils étaient censés recevoir. Le cocktail molotov est, à cette occasion, une arme anti-char d’assaut. En visant les grilles d’aération, les occupants du char mourraient à cause de la chaleur provoquée. S’ils sortaient de leur engin, d’autres cocktails leurs étaient destinés pour les transformer en torches vivantes. Voici ce qu’affrontent les policiers... Une violence tolérée Ce qui réduit la dangerosité d’un cocktail molotov, c’est son manque de précision, du fait que l’engin est jeté à la main. Nous ne comptons plus les interventions et les maintiens de l’ordre durant lesquels les policiers sont la cible de ce genre de projectile. Quant à présent, un flottement subsiste : comment réagir ? En France, l’usage de l’arme n’est pas naturel sur ce cas de figure. A-t-on le droit de l’utiliser, ou faut-il riposter avec un moyen «intermédiaire» ? La justice reconnaîtra-t-elle la légitime défense ? Beaucoup de zones d’ombres, qui, au final, nuisent à la prise de décision du policier sur le terrain et mettent sa vie en danger. Nos revendications L’UNSA Police demande une position ferme et claire concernant la riposte sur un jet de cocktail molotov, attendu qu’il s’agit d’une arme létale. Les policiers doivent pouvoir intervenir dans un cadre défini, pris en compte par la justice. En outre, ce cas de figure, de plus en plus fréquent, doit faire l’objet d’une formation adéquate pour coller avec la réalité de terrain. La police nationale dispose de formateurs compétents ; l’administration doit leur mettre à disposition un programme spécifique. Mécanisme de la perte d’autorité Le manque d’effectifs L’Essonne est, comme bien d’autres départements, touché par la baisse d’effectifs initiée par la RGPP, et dont les effets se font sentir encore à ce jour. Patrouilles réduites, effectifs suremployés, rappelés en service et usés jusqu’à la corde... les moyens humains ne sont pas à la hauteur des enjeux sécuritaires des secteurs difficiles. Les criminels ne s’y trompent pas. Dans un rapport de 15 contre 4, l’issue était forcément défavorable et ne permet pas d’instaurer une autorité crédible. Une justice laxiste Les policiers qui travaillent sur le secteur de la Grande-Borne le disent : à peine quelques heures après les interpellations, les auteurs sont déjà libres. Sans des sanctions à la hauteur des infractions commises, le travail de police se cantonne à de la représentation théâtrale. Pas étonnant, donc, que les criminels sont enhardis au point de tenter d’assassiner des policiers, en plein jour, devant témoins et sous une caméra. Nos revendications L’UNSA Police réclame des effectifs supplémentaires sur l’Essonne ainsi que sur toutes les zones sensibles : un effet de mimétisme est en effet à redouter. En outre, bien que cela dépende d’un autre ministère, l’UNSA Police appelle la Justice à sortir de plusieurs années d’utopie. Les alternatives au tout-carcéral ne sont pas une réponse adaptée aux individus dangereux. L’UNSA Police réclame des peines à la hauteur de ce qui est prévu dans le code Pénal, et dénonce un angélisme meurtrier pour les policiers de terrain.