petite histoire de l`informatique
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Collectif contre les violences familiales et l’exclusion (CVFE) Petite histoire de l’informatique Deuxième partie : quatre générations d’ordinateurs René Begon, Chargé de projet au CVFE. Dans la première partie de cette analyse, nous avons observé l’évolution des connaissances et des techniques qui ont mené à la mise au point des premiers calculateurs électroniques à la fin de la 2e guerre mondiale aux Etats-Unis (et, de manière plus limitée, en Europe, notamment en Allemagne et en Angleterre). A partir de ce moment, les innovations et les inventions vont se multiplier, principalement aux Etats-Unis, pour faire évoluer, de manière continue et de plus en plus rapide, ce qu’on va appeler, dès les années 50, les data processing machines, machines de traitement de données, qu’on va traduire en français, dès 1956, par le mot « ordinateur ». On peut distinguer la succession de quatre générations d’ordinateurs. De 1945 à 1956 Pou rappel, l’année 1945 voit l’apparition de l’ENIAC, calculateur le plus rapide de son époque grâce au remplacement des relais électromagnétiques, hérités des machines mécanographiques, par des tubes à vide. On ne le considère pas tout à fait comme un ordinateur, notamment parce qu’il n’a pas de mémoire (en référence à l’architecture de von Neumann). Très vite, une série de machines se succèdent qui peuvent rivaliser pour avoir le titre de « premier ordinateur ». En janvier 1948, chez IBM, Wallace Eckert achève le SSEC (Selective Sequence Electronic Calculator), une machine dont la mémoire recourt à plusieurs supports. Comme il s’agit d’une machine à « programme enregistré » (bien que ne disposant que d’une faible mémoire), IBM le considère comme son premier ordinateur. En juin 1948, une équipe de l’université de Manchester (Grande-Bretagne) conçoit le Manchester Mark 1 doté d’un nouveau type de mémoire (des tubes cathodiques). Machine à programme enregistré, il s’agit bien d’un ordinateur. A ne pas confondre avec le Harvard Mark 1. En mai 1949, Maurice V. Wilkes et son équipe mettent en service à Cambridge, en GrandeBretagne, l’EDSAC (Electronic Delay Storage Computer), une machine fondée sur l’architecture de von Neumann. Sa mémoire était composée de lignes à retard de mercure. Son programme étant « enregistré », il s’agissait donc là aussi d’un véritable ordinateur. Après avoir mis au point l’ENIAC, Eckert et Mauchly eurent des problèmes avec l’Université de Pennsylvanie et ils fondèrent la première entreprise spécialisée en informatique qu’ils vendirent quelques années plus tard à Remington Rand. C’est cette entreprise qui sortit l’UNIVAC (Universal Automatic Computer) en 1951. Cet appareil fonctionnait avec 5600 tubes à vide miniaturisés. Il était capable de réaliser 8333 additions ou 555 multiplications par seconde. Ce fut le premier ordinateur à être commercialisé (on, en vendit 56 exemplaires). C’est grâce à des calculs faits sur un UNIVAC qu’on pronostiqua la victoire de Dwight D. Eisenhower aux élections présidentielles de 1952. En 1951 fut conçu, par Grace Murray Hopper, programmeuse du Mark 1 (de Harvard), le premier « compilateur », capable d’engendrer un programme binaire à partir d’un code source. René Begon. « Petite histoire de l’informatique ». 2ème partie 1 Collectif contre les violences familiales et l’exclusion (CVFE) En 1952 sortit l’IBM 701, premier ordinateur commercial à programme enregistré de la firme. Fonctionnant avec des tubes cathodiques, il pouvait réaliser 16000 additions ou 2200 multiplications à la seconde. La première machine servit pour la recherche sur la bombe atomique. Les ordinateurs de la première génération étaient conçus pour exécuter certaines tâches bien particulières, décrites dans le jeu d’instructions binaires de leur « langage machine ». De ce fait, ils étaient difficiles à programmer et manquaient de souplesse. Durant cette période, les constructeurs travaillèrent à essayer de réduire la taille des ordinateurs (tubes à vide) et à améliorer les performances des mémoires (tambours magnétiques, mémoires à tores de ferrite). De 1956 à 1963 Dans les ordinateurs de la deuxième génération, les transistors remplacent les tubes à vide. Les transistors, ou résistances de transferts, ont été inventés en 1947 aux laboratoires Bell Telephone par W. B. Schockley, J. Bardeen et W. H. Brattain. Ils ont permis de rendre les ordinateurs plus petits, plus rapides et moins énergivores. En 1956, IBM sort le premier disque dur, RAMAC 305. En 1958 sort le premier superordinateur français, le Gamma 60 de Bull. La même année, la firme Bell invente le modem. Un des ordinateurs les plus répandus à cette époque fut l’IBM 1401, qui fut un succès commercial dans les domaines scientifique et institutionnel (entreprises, administrations, ministères). On en vendit 12000 exemplaires. Les ordinateurs de cette époque disposaient aussi de périphériques devenus classiques : imprimantes, disques magnétiques, etc. Les programmes stockés en mémoire et les langages de programmation leur donnèrent la souplesse de s’adresser au secteur financier et plus seulement de la recherche nucléaire pour laquelle les premiers ordinateurs de cette génération avaient été conçus. Les premiers langages de programmation à apparaître furent le COBOL (Common BusinessOriented Language) et le FORTRAN (Formula Translator), créé en 1957. Remplaçant le langage machine par des mots ou formules plus proches du langage naturel, ils facilitent grandement la programmation des ordinateurs. C’est de cette époque que datent de nouvelles professions (analystes, programmeurs), ainsi que le développement de l’industrie du logiciel. René Begon. « Petite histoire de l’informatique ». 2ème partie 2 Collectif contre les violences familiales et l’exclusion (CVFE) De 1964 à 1971 La troisième génération des ordinateurs est caractérisée par le remplacement des transistors, qui généraient encore beaucoup de chaleur, par des circuits intégrés à base de quartz, inventés en 1958 par Jack Kilby, ingénieur chez Texas Instruments. Grâce à ces composants miniaturisés, les ordinateurs deviendront de plus en plus compacts et de moins en moins chers, ce qui ouvrira la voie à l’informatique domestique. La deuxième innovation de cette génération est le système d’exploitation (operating system ou OS), permettant de faire tourner plusieurs programmes sur une même machine grâce à un programme central contrôlant la mémoire de l’ordinateur. Cette génération est celle de la domination des très gros ordinateurs centralisés. 1962 : invention du mot « informatique » par Philippe Dreyfus. 1966 : création du langage de programmation Logo. 1968 : création d’Intel Corporation. La même année Douglas C. Englebart présente un environnement graphique comportant des fenêtres manipulées par une souris. 1969 : naissance du réseau Arpanet, ancêtre de l’Internet (entre quatre universités américaines). Cette même année création du système d’exploitation Unix, par Ken Thompson et Dennis Ritchie. De 1971 à nos jours La principale innovation de cette génération sera la miniaturisation des circuits intégrés qui consistera à faire tenir de plus en plus de composants sur une même surface de silicium. On passa ainsi de plusieurs centaines de composants dans les années 70 (Large Scale Integration) à plusieurs millions aujourd’hui (Ultra Large Scale Integration). Parallèlement à cette évolution, les ordinateurs deviendront, de plus en plus petits, de plus en plus rapides et fiables, de plus en plus puissants, de moins en moins chers. Dans les années 80, apparaîtront des machines avec des interfaces graphiques (Macintosh, PC sous Windows), très faciles à utiliser et qui rendront l’ordinateur de plus en plus populaire. Enfin, grâce à la capacité de mise en réseau des ordinateurs actuels et à l’augmentation exponentielle de leur puissance et de leur vitesse, Internet va devenir un outil de plus en plus convivial et utilisé. En 1971, la firme Intel sort l’Intel 4004, le premier microprocesseur. Il s’agit d’un circuit intégré qui rassemble tous les éléments d’un ordinateur sur un seul support : unité de calcul, mémoire, contrôle des entrées et sorties. Par la suite, les processeurs vont doubler de vitesse tous les deux ans. 1972 : lancement du courrier électronique sur le réseau Arpanet. Succès immédiat. René Begon. « Petite histoire de l’informatique ». 2ème partie 3 Collectif contre les violences familiales et l’exclusion (CVFE) 1972-73 : mise au point du protocole TCP/IP (Transmission Protocol/Internet Protocol) qui permettra de relier entre eux les réseaux informatiques pour donner naissance à Internet. 1973 : le tout premier micro-ordinateur (doté d’un processeur central) est français, c’est le Micral N, conçu par François Gernelle de la société R2E, dirigée par André Truong Trong Thi. Il n’aura malheureusement pas d’avenir. 1974 : création du mot « logiciel ». 1975 : création de Microsoft par Paul Allen et Bill Gates. Tout cela va permettre la naissance de la micro-informatique pour le marché grand public. Dès 1975, certaines firmes présentent des ordinateurs grand public : Commodore, RadioShack, Atari, etc. En 1977 naît la société Apple Computer qui lance l’Apple II. En 1977, la société belge Indata lance un microordinateur multimédia très en avance sur son temps : le DAI. Trop cher, il n’aura pas de succès. En 1979, le langage Ada (du nom d’Ada Augusta Byron, comtesse de Lovelace) est développé en France, chez CII-Honeywell-Bull, par Jean Ichbyah. Il sera choisi par le Pentagone américain comme langage de développement unique. Début des années 80 apparaissent les premiers jeux vidéo (Pac Man, console Atari). 1980 : le projet d’interconnexion des réseaux ARPANET et CSNET grâce au protocole TCP/IP marque le point de départ d’Internet. C’est IBM qui lance en 1981 le Personal Computer (PC) qui va devenir une référence et sera décliné en toute une série de « clônes » fabriqués en Asie. Le nombre de PC passe de deux millions à 5,5 millions de 1981 à 1982. En 1991, on en compte 65 millions. En 1982, Microsoft sort le système d’exploitation MS/DOS (Microsoft/Disk Operating System) pour PC. 1983 : Apple lance le LISA, premier ordinateur à interface graphique au succès limité, car trop cher. En 1984, Apple lance le Macintosh qui sera l’un des principaux concurrents du PC. Le « Mac » popularise avec succès le système d’exploitation à interface graphique (le Finder), utilisant des icônes à déplacer avec la souris à la place des commandes à inscrire sur l’écran. 1985 : Microsoft commercialise son interface graphique pour PC, Windows 1.0. La même année les deux cofondateurs d’Apple quittent l’entreprise. Toujours en 1985, Apple sort son imprimante laser Postscript qui, combinée avec le Macintosh et un logiciel de mise en page, va lancer la PAO (publication assistée par ordinateur) et bouleverser le monde de l’imprimerie. René Begon. « Petite histoire de l’informatique ». 2ème partie 4 Collectif contre les violences familiales et l’exclusion (CVFE) 1991 : le système d’exploitation libre « Linux » est inventé, à l’université d’Helsinki (Finlande), par un étudiant de 21 ans, Linus Thorvalds. Linux résulte de l’adaptation du système Unix pour l’usage sur PC. Grâce à Internet, Linux sera mis gratuitement à la disposition des internautes du monde entier et deviendra la pièce maîtresse du développement de la licence GPL et des « logiciels libres » qui vont entrer en concurrence avec les logiciels « propriétaires », notamment ceux de Microsoft. 1992 : sortie de Windows 3.1 chez Microsoft. 1993 : Intel sort son microprocesseur Pentium, deux fois plus puissant que le 486. 1994 : Apple présente le Power Mac (animé par un processeur Motorola Power PC). 1995 : Microsoft lance Windows 95 (il y aura ensuite Windows 98, puis 2000, puis XT, etc.). etc. Sources Quelques sites intéressants et faciles d’accès : - http:/www.histoire-informatique.org Site qui propose une partie consacrée aux « Grandes dates » de l’histoire de l’informatique de 3000 av. JC à nos jours. Cette partie distingue « Traitement de l’information et automatisation » (découvertes théoriques) et « Electronique » (évolution du matériel). Les autres parties intéressantes sont une série de « Portraits » de personnages illustres de cette histoire et un « Musée » illustré des machines, depuis les premières calculatrices. - http:/histoire.info.online.fr Deux parties à ce site : « Consultation thématique » (super-ordinateur, micro-informatique, etc.) et « consultation chronologique » (de 3000 av. JC à nos jours). Cette dernière partie est très complète et précise. - http:/www.mo5.com/musée Entre autres choses, ce site comporte une partie Musée et une partie Histoire de l’informatique. La partie Histoire se divise en trois : un « Résumé de l’histoire », les « grandes dates » (de – 3000 à 1960 et de 1960 à nos jours) et les « biographies » des grands acteurs de cette histoire. René Begon. « Petite histoire de l’informatique ». 2ème partie 5