THE JERUSALEM POST Remembering their flight from Egypt

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THE JERUSALEM POST Remembering their flight from Egypt
THE JERUSALEM POST
December 1st 2009
Remembering their flight from Egypt
By LELA GILBERT
Levana Zamir (a gauche) et
Joseph Abdel Wahed (a droite)
Des travaux de restauration ont été entrepris
dernièrement, pour la préservation des sites
Historiques Juifs du Caire.
Mais ceux qui ont été contraints de fuir l'Egypte
il y a un demi-siècle, disent qu'il est temps que
la revendication de leurs biens soit aussi
reconnue.
«Tout ce que je me rappelle ... c'est la peur », écrit Joseph Abdel Wahed, se rappelant les événements en
Egypte quand il avait 12 ans… « Les gens dans les rues se moquaient de nous, en nous lançant la célèbre
insulte arabe, Ya Yahudi ya ibn el Kalb [juif, fils d'un chien], ou encore plus inquiétant Idbah el-Yahud
[égorgez les Juifs].
«Cela nous a vraiment fait peur, car il n'y avait nulle part où se cacher. Beaucoup d'entre nous n'avaient
pas de papiers pour voyager et même si nous en avions, les autorités égyptiennes nous gardaient comme
otages, et ne nous permettaient pas de quitter l'Egypte. Après la révolution de Juillet 1952, leur attitude a
changé et ils n'ont été que trop heureux de nous chasser. Mais pas avant de nous avoir confisqué tous nos
biens - nos entreprises, nos maisons, nos fermes, des hôpitaux et des comptes bancaires ».
De 1948 à 1968, entre 850.000 et 1 million de Juifs ont fui ou ont été expulsés de leurs foyers dans les
pays arabes, y compris l'Irak, la Libye, le Yémen, le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, le Liban, la Syrie et
l'Egypte. Certains réfugiés juifs se référent à ces événements comme étant leur propre Nakba, empruntant
ce mot souvent répété en arabe et signifiant «catastrophe». D'autres, surtout ceux qui vivaient autrefois en
Egypte, le surnomment "le Second Exodus" comparant leur expérience à celle du peuple d'Israël fuyant
l'Egypte biblique. La plupart de ces réfugiés, aujourd'hui touchant le troisième age, ressentent le bonheur
d'avoir échappé à l'Egypte et sont même reconnaissant d'avoir fait leur chemin vers Israël, quand il n'avait
que leur chemise sur le dos et – avec un peu de chance - une valise.
Joseph Abdel Wahed et Levana Zamir, tous les deux nés en d'Égypte, vivent à présent aux deux
extrémités opposées du monde. Les événements du 14 Mai 1948, ont été pour eux aussi catastrophiques.
C'était le jour où Israël proclama son indépendance et déclara la fondation de l'Etat d'Israël sur ses propres
terres, décernées a Israël par la partition de l'ONU. Mais la réponse du monde arabe ne ressemblait en
rien à des félicitations. Wahed avait 12 ans; Zamir avait 10 ans. Bien qu'ils ne se connaissaient pas à
l'époque, ils vivaient au Caire ou dans ses environs.
Aujourd'hui, Zamir parle de son expérience dans son bel appartement ensoleillé à Tel-Aviv, entouré d'un
décor verdoyant et une collection de beaux-arts. D'une voix tranquille, elle explique qu'elle, ses parents et
ses six frères faisaient autrefois partie d'une communauté aisée, qui depuis des générations avait bénéficié
d'un style de vie élégant, comme elle le décrit dans son livre "The Golden Age of the Jews of Egypt"
publié en coopération avec l'Université de Haïfa.
Mais ensuite, vint la «catastrophe».
«La nuit du 14 Mai 1948» se souvient Zamir, «à minuit, on frappa très fort à notre porte. Nous nous
sommes réveillés et je vis 10 policiers Egyptiens en uniformes noirs. Je n'avais pas peur car mes parents
étaient là, et ma mère me souriait pour me réconforter. Mais les policiers ouvrirent partout, les armoires,
les tiroirs. Ils cherchaient quelque chose, mais nous n'avons jamais su quoi.
«Le lendemain j'ai été à l'école [elle fréquentait une école primaire catholique]. La Mère Supérieure est
venue vers moi me disant: « Ils ont pris votre oncle en prison! » "Mon oncle vivait avec sa famille dans
une grande villa à Helouan. Lui, mon père et un autre frère possédaient l'une des plus importantes
imprimeries du Caire, et j'appris plus tard qu'elle fut séquestrée le jour même. Sous le choc, je me suis
précipitée à la maison et demandais à ma mère: «Est-ce vrai que mon oncle est en prison? Est-il un
criminel? Pour me rassurer ma mère me dit: «Non, il n'est pas un criminel. C'est seulement parce que
nous sommes Juifs». Ce fut alors un plus grand traumatisme pour moi. Je me suis dit: «Je suis aussi
Juive! On pourrait donc m'emprisonner aussi!"
Dix-huit mois plus tard, quand son oncle fut libéré de prison, comme beaucoup d'autres – à condition
d'être expulsé sans droit de retour - Levana et sa famille fuirent l'Egypte, laissant derrière eux leurs biens
séquestrés et toutes leurs possessions.
Zamir décrit son univers d'enfant - avant ces terribles événements - en vignettes nostalgiques, illustrées de
photographies en noir et blanc. C'était un mode de vie cher à ses parents, une époque de qualité,
ressemblant presque à un conte de fées. Ceux parmi les Juifs d'Egypte qui étaient riches, comme ceux de
l'Irak, l'Iran et certains autres pays musulmans cosmopolites, étaient en bonne relation avec la royauté. Ils
jouissaient de belles villas, d'un prestige social, d'une belle vie et de la meilleure éducation possible. Tant
et si bien, qu'ils étaient bien loin de l'état de Dhimmi, qu'ils avaient subi dans un passé lointain vis-à-vis
de leurs voisins musulmans. Aujourd'hui, en tant que Présidente de l'Association pour l'Amitié IsraëlÉgypte, Zamir travaille sans relâche pour réaliser son rêve de rétablir des liens chaleureux entre les
Egyptiens et les Juifs.
Aujourd'hui, WAHED vit en Californie, dans une petite ville appelée Moraga, à l'est de San Francisco. Il
demeure en contact avec des groupes de Juifs des pays Arabes et travaille avec l'Organisation qu'il a
fondée Jimena (www.jimena.org), pour la reconnaissance de ces Juifs et leurs familles comme ayant aussi
été des réfugiés.
«J'avais 12 ans en Mai 1948 », dit Wahed, «vivant à Héliopolis [une banlieue du Caire]. Je me souviens
des paroles de Azzam Pacha, le chef de la Ligue Arabe nouvellement formée, qui parlait de la fondation
de l'Etat d'Israël. Il avait dit «Ce sera une guerre d'extermination qui sera comparée au massacre de
Mongolie et des Croisades. Dès le lendemain, l'armée égyptienne [et quatre autres armées arabes]
envahirent le nouvel État d'Israël pour «jeter les Juifs à la mer». Ce processus était censé être
l'annihilation d'Israël, mais ils ont perdu.
"A partir de là, tout a soudainement basculé et notre vie autrefois stable en Egypte, avait volé en éclats.
Le Quartier Juif du Caire, Haret el-Yahud, a été souvent bombardé jusqu'en 1949, tuant et blessant de
nombreux Juifs innocents. Nos synagogues furent agressées, et les juifs dans les rues le furent aussi. Les
autorités jouaient parfois un rôle dans ces agressions, en particulier les Frères musulmans, mouvement
établi dans les années 1920 sous la direction de Hassan el-Banna. En 1967, environ 400 Juifs égyptiens, y
compris mon oncle et d'autres parents furent jetés dans des camps de concentration. Ils ont été traités
durement et forcés de commettre des actes sexuels. Ils furent libérés en 1970. "
Un autre homme dont la famille a fuit l'Egypte, Yossi Ben Aharon, vit aujourd'hui à Jérusalem. Ayant fait
une carrière de diplomate, Ben Aharon était le Directeur général du Bureau du Premier Ministre Israélien
Yitzhak Shamir, et représenta le Ministère des Affaires étrangères aux Etats-Unis pendant près d'une
décennie.
Au cours d'une récente interview, Ben-Aharon explique que la violence contre les Juifs dans les pays
arabes à partir du 14 Mai 1948, n'est pas un hasard. Les dirigeants arabes annoncèrent la destruction et la
mort des Juifs dans les pays Arabes, si la partition aurait lieu. Par exemple, s'adressant au Comité
politique de l'Assemblée générale des Nations Unies le 24 Novembre 1947, Heykal Pacha, un délégué
égyptien, a déclaré que "la solution proposée [Partition] pourrait mettre en danger un million de Juifs
vivant dans les pays musulmans ... Si l'ONU décide de partager la Palestine, il pourrait être responsable
de troubles très graves et du massacre d'un grand nombre de Juifs ".
«Immédiatement après la résolution de l'ONU pour le Partage, prise le 29 Novembre 1947», dit Ben
Aharon: «les Arabes ont attaqué les Juifs à travers le Moyen-Orient, y compris la Palestine. Pourtant,
depuis 1949, les Etats arabes en collaboration avec des organisations palestiniennes, ont monté une
campagne de propagande intensive, réécrivant l'histoire, dans une tentative de jeter la responsabilité du
problème des réfugiés palestiniens sur l'Etat d'Israël. Ils décrivent les événements de 1948 - et les 762.000
réfugiés arabes - comme un «nettoyage ethnique» effectué par Israël.
«Les faits historiques démontrent le contraire: le nettoyage ethnique a été perpétré par les gouvernements
arabes contre les Juifs, comme en témoigne le fait que 850.000 Juifs ont été forcés de quitter les pays
arabes, alors que plus de 4 millions d'Arabes continuent à vivre dans la Palestine géographique, dont plus
d'un million en Israël. Aujourd'hui, 60 ans après les événements, il est temps de reconnaître les faits
historiques et que justice soit faite. "
"Nous les Juifs, qui ont été ethniquement nettoyés du monde arabe, nous n'avons pas obtenu un seul sou
de l'ONU", ajoute Wahed ", tandis que les Palestiniens ont reçu plus de 50 milliards de dollars [y compris
les fonds de l'Union européenne] depuis 1950. Ils reçoivent une assistance financière".
Les Juifs qui vivaient autrefois dans les pays musulmans, comme Zamir, Wahed et Ben Aharon, ont établi
une nouvelle vie en Israël et ailleurs. Mais ils n'ont pas oublié. Des centaines de milliers parmi eux, ont
été témoins de violentes persécutions, de pogroms meurtriers et des expulsions forcées instantanées comme prévu par les dirigeants arabes - suite à la décision des Nations Unies pour la partition de la
Palestine et la fondation de l'Etat d'Israël.
En 1948, le nombre de Juifs vivant en Egypte a été estimé entre 85.000 et 100.000 habitants. Aujourd'hui,
moins de 50 Juifs vivent en Égypte.
En 1948, on comptait près de 900.000 juifs dans les pays arabo-musulmans. Aujourd'hui, on n'en compte
plus que 6500, dans toute l'Algérie, Bahreïn, Égypte, Irak, Liban, Libye, Maroc, Qatar, Syrie, Tunisie et
Yémen.
Dans la foulée de la création d'Israël et la bataille qui s'en est suivi pour la survie d'Israël, il y a eu deux
groupes de réfugiés: les Arabes et les Juifs.
Ben Aharon conclut: «La responsabilité pour la réinstallation des réfugiés arabes de Palestine, devrait être
assumé par les gouvernements arabes et les dirigeants palestiniens. Les droits et les revendications des
Juifs des pays arabes, personnels et communautaires, devraient être reconnus et traités convenablement et
équitablement. Cela encouragerait la formation d'un climat propice à la compréhension mutuelle et la
coexistence. "
----------------------------------------------------------------Lela Gilbert est rédactrice et journaliste qui a écrit ou co-auteur de plus de 60 livres dans le domaine de
la non-fiction oecuménique, y compris la version 2009, Blind Spot: Quand les journalistes ne reçoivent
pas la religion. º elle est membre titulaire adjoint au Hudson Institute.
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