L`incontinence, ce handicap

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L`incontinence, ce handicap
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JEUDI 25 SEPTEMBRE 2014 LE NOUVELLISTE
SANTÉ
FUITES URINAIRES Les femmes âgées en sont souvent victimes. Un sujet tabou qui
pousse nombre d’entre elles à rester chez elles de peur d’un accident.
L’incontinence, ce handicap
L’incontinence. Une envie
pressante d’uriner. Un besoin irrépressible. Impossible de retenir. Les muscles lâchent et c’est
la fuite. De nombreuses femmes
sont touchées par ce problème.
Elles seraient près de 400 000 en
Suisse à en souffrir. Il s’agit là
d’une estimation car l’incontinence est encore un sujet tabou.
«Plus de la moitié des femmes
âgées ont des soucis d’incontinence
plus ou moins prononcés. La fréquence augmente avec l’âge et dès
l’arrivée de la ménopause», précise le Dr Martial Coutaz, médecin-chef du service de gériatrie
de l’Hôpital du Valais romand.
pas la patiente
âgée, elle n’en
parle pas.»
Isolement
«Les généralistes n’abordent pas
systématiquement le sujet. S’ils ne
posent pas la question à la patiente, elle ne va pas en parler
spontanément.» A un certain degré, les problèmes d’incontinence peuvent entraîner un repli sur soi. Ces femmes ont
honte d’en parler par pudeur et
certaines préfèrent s’isoler chez
elles plutôt que de faire face à un
accident à l’extérieur. Cette situation les limite et les handicape dans leur vie au quotidien.
«La patiente ne doit pas hésiter à
en parler à son généraliste. Il existe
différentes solutions pour améliorer la situation», note le Dr
Coutaz. Il y a deux types d’incontinence: les incontinences de
type urgence où il est impossible
de réprimer un besoin d’uriner,
et les incontinences de type effort où une fuite survient lors
d’un effort, d’un éternuement ou
d’une toux. Avec l’âge, les femmes sont souvent concernées
par les deux problèmes.
S’intéresser à la personne
EN BREF
Le généraliste va demander à la
patiente d’établir un calendrier
mictionnel. Celle-ci va noter les
accidents et les circonstances
dans lesquelles ils interviennent.
Le docteur évalue ensuite la situation en prenant en compte la
personne dans sa globalité. «Il
faut voir son environnement de
vie. Les toilettes sont-elles suffi-
problème. «Le tonus musculaire
du périnée se relâche et tend à
disparaître suite au bouleversement hormonal dû à la ménopause. Il y a également chez certaines femmes une descente
d’organes.» La spécialiste propose à ses patientes de prendre
conscience du problème et leur
explique le fonctionnement du
périnée. Elle leur apprend à activer et à protéger la musculature
du plancher pelvien. «Ces femDR MARTIAL
mes doivent apprendre à ne pas
COUTAZ
MÉDECIN-CHEF DU
pousser sur leur périnée, à adopSERVICE DE
ter
une bonne posture en tenant
GÉRIATRIE DE
L’HÔPITAL DU VALAIS la colonne bien étirée. Elles doiROMAND
vent utiliser les abdos profonds
et verrouiller le périnée pendant
un effort. Je les encourage à
samment proches et accessi- changer certaines habitudes»,
bles? Arrive-t-elle facilement à précise Véronique Poletis. La
se déplacer, puis à se désha- spécialiste note toutefois que
biller? Ses facultés cognitives «peu de femmes consultent
sont-elles bonnes? Il faut savoir pour ce problème. Elles pensent
aussi que l’incontinence peut que c’est normal. Et pourtant,
être liée à des facteurs réversi- avec un bon engagement et une
bles surtout chez la personne bonne hygiène posturale, on
âgée (environ 30% des cas). Un peut bien limiter la problématiétat confusionnel, certains mé- que. Certaines patientes peudicaments, un état dépressif, vent à nouveau sortir de leur
une constipation chronique ou maison. Et elles revivent.» Pour
une infection urinaire peuvent les incontinences de type urnotamment entraîner une in- gence, si ces pistes ne fonctioncontinence. En soignant ce pro- nent pas, il existe un traitement
blème, l’incontinence peut médicamenteux (soit œstrogès’améliorer ou disparaître», sou- nes vaginaux, soit d’anticholiligne le Dr Coutaz.
nergiques). Ils peuvent amener
une amélioration clinique, mais
Soulager et améliorer
peuvent engendrer des effets seDifférentes solutions existent condaires (bouche sèche, constipour soigner l’incontinence, pation ou diminution de la mémême s’il est difficile d’en venir moire). Sachez enfin que les sertotalement à bout. Parfois, il faut viettes de protection utilisées
changer son hygiène de vie en li- pour se protéger des accidents
mitant les apports de liquide à sont partiellement remboursées
moins de deux litres par jour. Il par les caisses maladies selon le
faut diminuer la consommation niveau d’incontinence qui est
de café, thé, alcool et tabac qui déterminé par le médecin. ont un effet diurétique. En cas de
Lundi 29 septembre,
constipation, il faut augmenter
l’émission L’antidote
l’apport en fibres, en fruits et lé«Alcool festif: faire la fête
gumes et pratiquer une activité
physique. Le médecin pourra sans risque» sera diffusée sur Canal 9
aussi faire une révision des médi- à 18 h 30, 19 h 30, etc., puis à 20 h
caments. La physiothérapie peut les samedi et dimanche soir suivants.
apporter une bonne amélioration. Véronique Poletis est phy- INFOS
siothérapeute, spécialisée en «Périnée, arrêtons le massacre» et
arrêtons le massacre»
pelvi-périnéologie. La moitié de «Abdominaux,
de Bernadette de Gasquet, Ed. Marabout
ses patientes sont des femmes de «Osons en parler» de Sylvain Meyer,
plus de 60 ans souffrant de ce Ed. Favre
Si le médecin
«
ne questionne
LYSIANE FELLAY
AGIR EN AMONT UNE RÉÉDUCATION DU PÉRINÉE APRÈS UN ACCOUCHEMENT
Une rééducation du périnée après un accouchement
pourrait éviter des problèmes d’incontinence ou de fuites liées à l’effort. Le travail sera ainsi bénéfique en suites de couches et pour les années à venir. En France,
cette rééducation est proposée d’office. En Suisse, ce
n’est pas prescrit systématiquement. Et il y a peu de
spécialistes en pelvi-périnéologie dans le canton.
«Souvent, la physiothérapie n’est prescrite que lorsqu’il
y a un problème», explique Véronique Poletis, physiothérapeute pelvi-périnéologue. Pour préserver le périnée après une naissance, la spécialiste recommande à
toutes les jeunes accouchées de ménager leur périnée.
«De gros traumatismes se font en suites de couches
immédiates par manque de vigilance. Les jeunes mamans reprennent l’aspirateur en portant leur enfant
dans un porte-bébé, par exemple. Et cela peut faire de
gros dégâts car le périnée est faible et il n’y a plus de
musculature abdominale. Il faut respecter le temps mi-
nimal de récupération», continue-t-elle. Dans l’idéal, la
jeune maman devrait rester couchée les sept premiers
jours et vivre au rythme de son bébé. Mieux vaut ne pas
porter de charge. Après un délai de six semaines – le
même délai que pour une entorse physiologique – la
femme peut reprendre des activités progressivement et
en douceur.
En amont, Véronique Poletis recommande aux femmes
enceintes de suivre une préparation périnéale avant la
naissance. «Cela permet de prendre conscience de leur
périnée et de prévenir des poussées mal gérées pendant
l’accouchement. Et elles apprennent les bons comportements et les bonnes postures à adopter par la suite au
quotidien.» Il s’agit notamment de se lever du lit sans
pousser sur son périnée, de ne pas pousser lors des
passages aux toilettes, ou encore d’adopter une bonne
posture. Enfin, une bonne manière de parfaire la rééducation serait de pratiquer du pilates ou du yoga. LF
+
RÉSEAU VALAISAN DES ÉCOLES EN SANTÉ
JOURNÉE MONDIALE DE LA CONTRACEPTION
Réagir face au harcèlement entre pairs
La période de contraception ne cesse de s’allonger
Le harcèlement entre enfants ou entre jeunes n’épargne pas notre canton. Pour aider à
comprendre et à mieux prendre en charge
ce problème, le réseau valaisan des écoles en
santé organise le 8 octobre un après-midi de
formation et de réflexion sur le harcèlement
entre pairs. Organisé au collège des
Creusets, le rendez-vous est destiné aux professeurs et aux établissements scolaires.
Les femmes ont leur premier enfant à l’âge de
32 ans en moyenne aujourd’hui. Elles ont pratiquement 10 ans de plus que les femmes primipares des années 70. La période de protection contre
les grossesses non désirées s’est donc allongée.
Deux études américaines récentes montrent que
les femmes ont recours au coït interrompu pour
éviter de tomber enceinte. Santé sexuelle explique
que ce n’est pas un moyen de contraception fiable.
PARTENARIAT
Différents intervenants viendront aborder
des thématiques comme le risque de suicide, le mobbing ou encore le sexting. Le
psychosociolgue
français
Jean-Luc
Tournier, animera un atelier pratique sur
comment gérer ce harcèlement. LF/C
Infos sous ecoles-sante.ch. Inscriptions (délai 3 octobre) au
027 329 04 25 ou [email protected]
L’organisation rappelle l’existence du préservatif:
un moyen de protection pratique et efficace. En
Valais, les centres SIPE sont à disposition de la population pour aborder notamment toutes les questions autour de la contraception. Les conseillères
reçoivent tous les jours des jeunes, des adultes ou
des couples qui souhaitent en parler.
www.sipe-vs.ch
DSSC Service cantonal
de la santé publique
www.vs.ch/sante
www.promotionsantevalais.ch
www.addiction-valais.ch
Les pages santé déjà parues peuvent
être consultées sur notre site:
http://www.lenouvelliste.ch/fr/
dossiers/detail/pages/
articles-1431-206563