Louis Stephen St

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Louis Stephen St
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Louis Stephen St-Laurent
12e premier ministre du Canada
Faits en bref
Mandat
 15 novembre 1948 - 21 juin 1957
Naissance
 Le 1er février 1882 à Compton, au Québec
Décès
 Le 25 juillet 1973 à Québec (Québec)
 Inhumé au cimetière Saint-Thomas-d’Aquin, à Compton (Québec)
Études
 Séminaire Saint-Charles, à Sherbrooke (B.A., 1902)
 Université Laval, à Québec (LL.L., 1905)
Vie privée
 Marié en 1908 à Jeanne Renault (1886-1966)
 Trois filles et deux fils
Emplois
 Avocat (reçu au Barreau du Québec en 1905)
 1914, professeur de droit, Université Laval
 1929, bâtonnier, Barreau du Québec
 1930 -1932, président, Association du Barreau canadien
 1937-1940, conseiller auprès de la Commission Rowell-Sirois sur les relations entre le
dominion et les provinces
Parti politique
 Libéral
 1948-1958, chef du parti
Circonscription
 1942-1958, Québec-Est (Québec)
Autres charges
 1941-1946, 1948, ministre de la Justice et procureur général du Canada
 1946-1948, secrétaire d’État aux Affaires extérieures
 1948-1957, président du Conseil privé
Vie politique
 Loi sur la route transcanadienne, 1949
 Favorise la participation canadienne à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord
(OTAN), 1949
 Accueille Terre-Neuve dans la Confédération, 1949
 Participation du Canada à la guerre de Corée, 1950-1953
 Nomination de Vincent Massey, premier gouverneur général d’origine canadienne, 1952
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Début de la construction de la voie maritime du Saint-Laurent, 1954
Paiements de péréquation, 1956
Création du Conseil des Arts du Canada, 1957
Chef de l’opposition, 1957-1958
Biographie
Notre pays a été planifié comme un partenariat politique entre deux grands peuples. Des hommes avec
une vision commune et des valeurs de tolérance ont imaginé un partenariat dans lequel les deux peuples
conserveraient leurs caractéristiques essentielles, leur religion, leur culture.
– Louis St-Laurent, le 6 août 1948
À l’instar de sir Wilfrid Laurier, Louis St-Laurent se préoccupe d’abord, en tant que premier
ministre, d’unité nationale. St-Laurent descend d’une lignée d’ancêtres dont certains sont français
et d’autres anglais; bilingue comme son prédécesseur, il attire comme lui l’admiration et l’appui des
Canadiens des deux cultures.
Louis Stephen St-Laurent est né à Compton (Québec), en 1882, d’un père commerçant québécois et
d’une mère irlandaise. S’adressant en français à son père et en anglais à sa mère, il est déjà adolescent
lorsqu’il réalise que cette forme de bilinguisme familial est plutôt exceptionnelle!
Après six ans d’études au Collège classique de Sherbrooke, St-Laurent étudie à l’Université Laval où
il obtient son diplôme en droit. En 1905, la fondation Rhodes lui offre une bourse qu’il décline pour
se lancer dans la carrière juridique. Il se joint à un cabinet de Québec et amorce une carrière
juridique qui durera vingt-cinq ans.
Le bilinguisme de St-Laurent est un précieux atout. C’est ainsi qu’il représente des clients de Québec
à Ottawa, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Il excelle tant dans le droit des sociétés que dans
le droit constitutionnel. Il est en relation avec le Parti libéral depuis son enfance. Son père s’était
présenté comme candidat libéral lors d’élections provinciales, et c’est grâce à lui que le jeune Louis
a rencontré Wilfrid Laurier et lui a serré la main lors de la campagne de ce dernier, en 1896.
Toutefois, même si St-Laurent appuie le parti et ses candidats, dont bon nombre sont des amis,
il n’est nullement attiré par la carrière politique.
En 1941, à cinquante-neuf ans, St-Laurent s’est forgé une carrière qui lui assure le succès
professionnel et financier. Il a alors atteint un âge où il pourrait songer à prendre sa retraite, mais
son destin sera tout autre. Ernest Lapointe, ministre de la Justice et lieutenant québécois du premier
ministre Mackenzie King, vient de décéder, et King est désireux de le remplacer par un homme de la
même envergure. Pour diverses raisons, ceux qu’il a choisis au sein du caucus ou du parti ne peuvent
pas pourvoir le poste, mais tous recommandent Louis St-Laurent. Malgré ses allégations qu’il lui
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manque l’expérience politique indispensable, St-Laurent se rend vite compte de l’importance du
rôle qu’on lui offre. Pour des motifs patriotiques, et stipulant qu’il prendra sa retraite dès la fin
de la guerre, il accepte. Il remporte l’élection partielle de 1942 dans Québec-Est et devient membre
du Cabinet.
L’attitude calme et la logique rationnelle de St-Laurent, sa connaissance du droit et son dégoût des
ruses politiques lui gagnent le respect de King, de ses collègues du Cabinet et même de l’opposition.
Lors de la querelle de la conscription, en 1944, la loyauté de St-Laurent sauve le gouvernement et
l’effort de guerre de l’effondrement. Tout de suite après la victoire, il prend part à la création des
Nations Unies. Non seulement voit-il le rôle du Canada indépendamment de celui de la GrandeBretagne et du Commonwealth, mais il croit aussi qu’en tant que puissance de moyen ordre, le
Canada devrait jouer un rôle actif d’intermédiaire dans les affaires internationales.
En 1948, St-Laurent commence à penser à la retraite qu’il aurait dû prendre longtemps auparavant.
Toutefois, King et le Parti libéral croient qu’aucun autre homme n’est en meilleure position que lui
pour succéder au premier ministre. On réussit à le convaincre de se présenter comme candidat lors
du congrès à la direction du parti, en août 1948, et il remporte cette victoire.
À la première élection de St-Laurent au poste de premier ministre, le Parti s’inquiète de son image
publique. Son tempérament réservé et ses manières distinguées cadrent bien à la Chambre des
communes, mais ces qualités plairont-elles au Canadien moyen? C’est alors que St-Laurent surprend
tout le monde par sa sensibilité et sa capacité de créer des liens avec la population. Sa sympathie à
l’égard des enfants constitue un atout particulièrement fort, au point qu’on le surnomme « Oncle
Louis ».
En 1949, alors qu’il est premier ministre, St-Laurent est témoin de l’intégration de Terre-Neuve
dans la Confédération, à titre de dixième province du Canada. Malgré une opposition initiale
considérable, il réussit à instaurer les paiements de péréquation aux provinces. Les libéraux
continuent à développer leur programme de réformes sociales en apportant des améliorations aux
pensions et à l’assurance-maladie. Le Canada joue un rôle important dans la résolution de la crise
de Suez, en 1956, et apporte sa contribution aux forces des Nations Unies lors de la guerre de
Corée. Sous le gouvernement de St-Laurent, les dettes de guerre sont payées, et le Canada connaît
la prospérité économique.
Le débat sur le pipeline cause la perte des libéraux. La tentative d’adoption d’une loi visant la
construction d’un pipeline allant de l’Alberta jusqu’au Canada central est violemment combattue
à la Chambre. L’adoption de la loi par la force de la clôture attire encore davantage la colère de
l’opposition, et les libéraux sont discrédités aux yeux du public.
Près de vingt-deux ans après avoir pris le pouvoir, les libéraux perdent les élections de 1957.
St-Laurent se réjouit néanmoins de se retirer de la scène politique et démissionne de son poste
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de chef de parti en 1958. Il vivra une retraite paisible, passée avec sa famille à voir grandir ses
nombreux petits-enfants. Il meurt en 1973, à l’âge de 91 ans.
Relations internationales
Avant de devenir premier ministre en 1948, Louis St-Laurent a été secrétaire d’État aux Affaires
extérieures. En 1945, il a accompagné le premier ministre Mackenzie King à la Conférence de
San Francisco; King y signait, au nom du Canada, la Charte des Nations Unies. En janvier 1946,
St-Laurent a dirigé la délégation canadienne à Londres lors de la première Assemblée générale des
Nations Unies.
En 1946, John Humphrey, un professeur de droit canadien, est nommé directeur de la Division des
droits de l’homme des Nations Unies. Humphrey travaille avec Eleanor Roosevelt à la préparation de
la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies
le 10 décembre 1948. La Charte canadienne des droits et libertés, entrée en vigueur en 1982, se
fonde sur ce document.
En tant que premier ministre, St-Laurent joue un rôle essentiel dans la participation du pays à
l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, une alliance militaire de défense réunissant les
États-Unis, la Grande-Bretagne, les pays de l’Europe de l’Ouest et le Canada. Le traité est signé
en avril 1949.
Lorsque, en juin 1950, la Corée du Nord envahit la Corée du Sud, les Américains veulent
immédiatement porter secours à cette dernière. St-Laurent et son secrétaire d’État aux Affaires
extérieures, Lester Pearson, pressent les Américains de ne pas se lancer dans une offensive militaire
sans l’autorisation des Nations Unies. Une fois cette autorisation obtenue, le Canada envoie aussi
des troupes appuyer les forces des Nations Unies.
Anecdote
Oncle Louis
De nos jours, les faiseurs et les doreurs d’images font partie intégrante de la politique et de
l’entourage d’un premier ministre. Le 1er premier ministre à s’être créé une « image médiatique »
avant que la télévision ne fasse entrer les politiciens, leurs discours, leurs manières et leurs visages
dans les foyers du pays est Louis St-Laurent. Le Parti libéral s’inquiète au début de l’image que va
projeter l’avocat de sociétés, d’âge déjà avancé, lors de ses premières élections à titre de chef du parti,
en 1949. En personne, St-Laurent est un homme timide, hésitant, à l’attitude réservée, voire raffinée.
Une telle personnalité va-t-elle plaire au Canada d’après-guerre?
Louis St-Laurent conquiert le peuple canadien en lui révélant une autre facette de sa personnalité.
Père de cinq enfants et grand-père de douze petits-enfants, il adore les jeunes. Dans une petite ville
du Manitoba, durant sa campagne électorale, il s’adresse à un groupe de jeunes réunis sur le quai de
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la gare. Devant sa bienveillance, les enfants sont enthousiastes. Peu importe l’opinion des adultes,
St-Laurent remporte un énorme succès! Un fin journaliste, observant le développement de ce rapport
au fil de sa campagne, déclare : « Oncle Louis sera dur à battre. »
Les libéraux misent sur la simplicité de St-Laurent avant et après les élections. Celui-ci, dont la tenue
est d’ordinaire impeccable, se présente à ses électeurs en bras de chemise et prononce un discours sur
un ton familier. Lors d’un voyage en train aux États-Unis, en 1950, il porte la casquette et la
combinaison du mécanicien, et conduit la locomotive pendant une partie du voyage!
Bibliographie
Granatstein, J.L. et Norman Hillmer. Prime Ministers: Ranking Canada’s Leaders, Toronto, Harper
Collins, 1999.
Lefebvre, Jean-Jacques. Le très hon. Louis-S. St-Laurent, 1882-1973 : juriste, homme d’État,
innovateur en politique étrangère, Montréal, [s.n.], 1974. p. 103-107.
L’Encyclopédie canadienne, « La Déclaration universelle des droits de l’homme »,
www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=ArchivedFeatures&Params=F2115
page consultée le 4 août 2009].
Les premiers ministres du Canada, 1867-1994, [Ottawa], Archives nationales du Canada, [1994]
Les premiers ministres du Canada, 1867-1994 : biographies et anecdotes, [Ottawa], Archives nationales
du Canada, [1994].
Parcs Canada. Lieu historique national Louis-S.-St-Laurent (sa maison d’enfance), www.pc.gc.ca/lhnnhs/qc/stlaurent/index_f.asp [page consultée le 15 octobre 2009].
Pickersgill, J. W. Louis Saint-Laurent, traduit de l’anglais par François Morin et Diane Miller,
Outremont (QC), Lidec, 1983
__________. My Years with Louis St. Laurent: A Political Memoir, Toronto, University of Toronto
Press, 1975.
Quinn, Magella. Louis-S. St-Laurent, 1882-1973 : jurisconsulte, homme politique et chef d’État
canadien, [Ottawa], Parcs Canada, 1982.
Thomson, Dale. Louis St. Laurent, Canadian, New York, St. Martin’s Press, 1968.