Syndrome de Stockholm

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Syndrome de Stockholm
Syndrome de Stockholm
L'origine du chaos social
Alors que la plupart des individus se considèrent victimes des politiques très agressives de ceux qui les dirigent,
il suffit d'observer leurs comportements contradictoires pour s'apercevoir qu'ils sont en fait responsables de
leur propre souffrance, à cause d'un phénomène inconscient baptisé "Syndrome de Stockholm".
Ce terme, créé après une prise d'otages en Suède en 1973, se définit par un schéma de dépendance affective entre
dominés et dominants où les victimes vont développer de la sympathie, voire de l'amour envers leurs agresseurs. Elles se
soumettent et collaborent en cherchant à les séduire afin de les "attendrir". Le comble, c'est qu'elles rejettent souvent ceux
venus pourtant les libérer, car elles finissent par adhérer à la cause de leurs ravisseurs !
Bien que dans les entreprises, les risques encourus soient bien moindres, on retrouve pourtant le même schéma : violence
et peur entraînant soumission et collaboration avec en plus hostilité envers ceux censés faire évoluer cette société
barbare. En effet, afin de maintenir l'ordre établi, une ambiance très violente et perverse est organisée : pressions,
humiliations, isolement, séparations, harcèlement, abus de pouvoir, menaces, sanctions, licenciements abusifs. Et
cela en toute impunité, car les directions couvrent sans scrupule les encadrants harceleurs malgré les lois. Pour eux, c'est
la loi du plus fort. On a affaire à une véritable aristocratie qui se protège mutuellement dans le but de conserver ses
privilèges (pouvoir, argent, prestige). Il est inutile de les juger puisque la plupart des humains feraient pareil. C'est
toujours le cas lorsque des individus sont fanatisés et pervertis par une soumission à une croyance collective (ici
l'idéologie néolibérale). Il est donc bien plus utile d'expliquer ce mécanisme incroyable "d'acceptation de la soumission"
pour que dominés comme dominants puissent enfin sortir de cette folie collective nuisible à tous.
Le but de cette violence est de court-circuiter l'intellect car, cela a été largement étudié, la peur neutralise la réflexion.
L'individu bascule alors dans un réflexe animal de soumission qui lui permet d'anesthésier sa profonde angoisse. Il
accepte les brimades, les injustices, et adhère à la stratégie de l'entreprise même lorsqu'elle va à son encontre. De plus, il
pratique la séduction et la flatterie envers ses supérieurs plus ou moins paternalistes qui le manipulent pour entretenir ces
rapports ambigus. Comme il a très peur d'être "mal vu", il évite ceux qui résistent, et rejette la faute sur eux en les traitant
de fainéants, de révolutionnaires, ou même de paranoïaques, sans se rendre compte que c'est sa propre lâcheté qui
empêche la société d'évoluer. Parfois il résiste un peu, mais oublie très vite les autres dès qu'il retrouve des "planques" ou
des promotions, et afin de séduire ses chefs, il va même parfois jusqu'à faire annuler son inaptitude médicale ! Enfin, alors
qu'il a conscience d'être écrasé par ses supérieurs, il simule le bonheur en leur compagnie en participant hypocritement à
des événements "conviviaux", tout en acceptant le retrait d'une véritable convivialité naturelle au quotidien.
Le problème, c'est que toute cette hypocrisie est au détriment de ceux qui souhaitent conserver leur dignité. D'ailleurs,
malheur à celui qui ne joue pas au petit jeu pervers de la flatterie, ou qui n'adhère pas au système. On trouvera toujours un
faux prétexte pour le "casser", même s'il travaille bien. Car au fond, ce n'est pas vraiment le travail que la plupart des
dirigeants recherchent, mais plutôt que leurs subalternes flattent leur ego, qu'ils courbent l'échine, et qu'ils se plient à leur
idéologie paternaliste. Si ce type d'idéologie fonctionne si bien (malgré les conséquences terribles que ça a toujours
engendré), c'est parce que tous ceux qui l'acceptent (dominants comme dominés) ont l'impression d'appartenir à une
famille, à un clan, à une élite, où ils se sentent aimés, récompensés, favorisés. Celui qui n'y adhère pas est forcément
rejeté, voire "écrasé", car il a osé les faire douter en remettant en cause leur illusion de bonheur et de réussite sociale.
Mais si ce phénomène "d'acceptation de la soumission" fonctionne si bien dans les entreprises, c'est surtout parce qu'il est
"matraqué" dans la société toute entière (éducation, religion, politique, etc) et notamment par les médias (décervelage
collectif très puissant en grande partie grâce à la télévision). Ainsi, la quasi-totalité des individus (dominés comme
dominants) croient penser par eux-mêmes, alors qu'ils n'ont pas conscience que leurs schémas de pensée sont extérieurs à
eux, parce qu'en permanence tout au long de leur vie, on leur inculque subtilement quatre idées principales : l'avidité
(désir insatiable de richesse, pouvoir, reconnaissance, célébrité, beauté, etc), la peur (culture de la peur soigneusement
entretenue pour neutraliser toute réflexion, et aussi pour diviser et replier chacun sur soi-même), la rivalité (culte de la
compétition, de l'ambition, de l'ego), et enfin la soumission à une autorité extérieure (extérieure à soi-même, afin d'être
privé de son libre-arbitre). Ce lavage de cerveau incessant fait que la plupart finissent par "absorber" aveuglément le
mental collectif de la société, les transformant en bons petits robots obéissants, et les amenant à aimer leur servitude. Ils
trouvent donc tout à fait normal, par exemple, d'écraser leurs subalternes au travail, ou bien d'être écrasés à leur tour. De
plus, cette propagande n'oublie pas de dénigrer ceux qui pensent autrement, en les traitant de "gauchistes", d'anarchistes
ou de paranoïaques (ce que les gens soumis répètent par désir d'appartenir au "clan" dominant, goûtant ainsi
provisoirement au sentiment de supériorité tant désiré). Cette standardisation de la population crée donc un modèle unique
d'individu juste bon à obéir, à dominer, à produire et à consommer toujours plus.
Le problème, c'est que ce mode de vie artificiel, parce qu'il va à l'encontre des aspirations les plus profondes de l'être
humain, provoque en lui une énorme souffrance ainsi que le désespoir. Et celui qui a perdu l'espoir est très facile à
soumettre. Pour l'apaiser (et l'abrutir encore un peu plus), on lui procure alors diverses drogues (légales ou pas) et plein de
divertissements débilitants. Enfin le comble, c'est que les "responsables" sont eux-mêmes rattrapés à leur travail par cette
souffrance qu'ils ont eux-mêmes engendrée et entretenue. De plus, ils se sont tellement identifiés à leur rôle de dominant,
que dans leur vie personnelle, ils n'arrivent même plus à en sortir et à se comporter naturellement avec leurs proches !
Alors, comment sortir de cette hypnose collective et enfin évoluer ?
En résumé, voici comment se construit la dualité "dominant/dominé" (ou "maître/esclave") :
- les schémas de pensée de l'individu ne sont pas les siens (endoctrinement collectif)
- ce lavage de cerveau amplifie considérablement sa peur et son avidité (déjà présentes en chacun naturellement)
- donc par peur et par intérêt, il accepte sa soumission à une idéologie et une autorité extérieures (extérieures à lui-même)
- cela entre en conflit avec sa nature profonde (son autorité intérieure), ce qui lui engendre beaucoup de souffrance
- d'où par réaction, son obsession frénétique de dominer qui lui donne l'illusion de se maîtriser, et ainsi le rassure
- et s'il n'arrive pas à dominer, il se met du coté des dominants, et dénigre ceux qui pensent autrement (ça le rassure aussi).
D'où le paradoxe suivant (c'est l'idée principale à retenir) : La plupart des individus se plaignent d'être dominés, alors
qu'ils incarnent les mêmes valeurs de référence (avidité, pouvoir, prestige, arrivisme) que ceux qui les dominent.
On peut le dire autrement : l'individu espère un monde équitable, généreux, et vertueux, alors qu'il se comporte
égoïstement et lamentablement, exactement tel que le souhaitent ceux qui l'asservissent. Donc celui qui se plaint d'être
asservi, en rejetant la faute sur autrui, est très loin d'être "innocent", puisque c'est son propre état d'esprit égoïste et
lâche qui provoque en retour sa propre souffrance. Et comme cet état d'esprit provient en grande partie du mental
collectif de la société, la solution pour s'en sortir est donc forcément individuelle : penser par soi-même en remettant
systématiquement en cause ce que l'on prend pour acquis ; se responsabiliser ce qui signifie reprendre le pouvoir sur soimême (et pas sur les autres) ; apprendre à reconnaître et à dépasser ses peurs, son avidité, son besoin de reconnaissance
ainsi que son obsession de dominer ; enfin se reconnecter à un idéal sociétal élevé qui favorise l'être plutôt que l'avoir.
Ce travail de remise en question individuel est primordial pour sortir de toute cette décadence, et n'est pas du tout
contradictoire avec le fait de coopérer avec des syndicats sérieux ou d'autres organisations collectives citoyennes. A noter
qu'il ne faut pas confondre "individualisme" avec "éveil individuel" : l'individualisme est le résultat de l'endoctrinement
collectif qui encourage le "chacun sa gueule", alors qu'au contraire, s'éveiller individuellement permet justement de ne
plus adhérer à la "pensée unique" collective, et de ne plus être un "mouton" avide de pouvoir, de gloire et de richesses.
Cela permet aussi de se relier aux autres de manière "horizontale" (sans soumission), loin d'une idéologie "verticale"
forcément corrompue par la multitude des peurs et des manques de ceux qui l'imposent par la violence à tous les autres.
Actuellement sur la planète, il y a 15% d'insoumis (résultat de travaux très connus en Sciences Humaines). Loin d'être des
fous dangereux, ce sont au contraire des individus qui ont réussi à dépasser ce phénomène d'adhésion aveugle à toute
idéologie verticale (type d'idéologie responsable de l'intégralité des conflits depuis toujours). Les 85% restants
fonctionnent encore comme des moutons (à tout niveau hiérarchique) car ils sont encore englués dans leurs peurs, leur
avidité, leurs rêves de "toute puissance" et leur illusion de bonheur, et ceci parce qu'ils n'arrivent pas encore à se détacher
de ces valeurs collectives artificielles qui servent justement à les isoler et à les mettre les uns contre les autres dans le but
de tous les asservir. Evoluer vers un monde nouveau ne pourra se faire qu'en faisant un sérieux effort pour
s'extraire de ce piège collectif très subtil, afin de ne plus vivre "couché" mais DEBOUT !!!