SEMINAIRE DE NANTES JOURNEE PORTES OUVERTES

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SEMINAIRE DE NANTES JOURNEE PORTES OUVERTES
SEMINAIRE DE NANTES JOURNEE PORTES OUVERTES ‐ SAMEDI 5 MAI 2012 Homélie de Mgr Jean‐Paul James Evêque de Nantes Vous avez choisi de venir nombreux aujourd'hui, aux portes ouvertes du Séminaire. Mais pourquoi ? Par curiosité ? Il faut voir à quoi ressemble une chambre de séminariste. Vous l'avez vu : c'est banal ! Alors, pourquoi ? Par amitié pour un séminariste en stage dans votre paroisse ? Et votre geste va droit au cœur des séminaristes. Ou encore, pour comprendre la formation des futurs prêtres ? Et l'équipe animatrice du séminaire se réjouit de pouvoir vous parler de sa mission. Je veux lui redire; ainsi qu'à tous les enseignants, la profonde gratitude des évêques. Mais cela ne suffit pas encore : Pourquoi être là ? Les textes de ce jour le disent : il y a davantage. En présence des séminaristes, le Seigneur nous interroge à nouveau : Quel est l'essentiel pour vous dans la vie ? Non pas l'important ou l'urgent, mais l'essentiel ? Il peut être important de faire des courses un samedi pour nourrir la famille ; il peut être urgent d'envoyer un texto ou un sms, mais l'essentiel de notre vie quel est‐il ? Cela rejoint la question souvent posée aux séminaristes ou aux prêtres, avec sympathie : pourquoi être prêtre ? Les textes d'aujourd'hui n'épuisent pas les réponses, mais attirent mon attention sur deux points majeurs : notre relation au Christ, et notre responsabilité de baptisés. L'Evangile rapporte un bref dialogue, mais si dense entre Jésus et Philippe, son disciple. Pourquoi être prêtre ? Question si personnelle, car elle touche à un dialogue, dans le secret des cœurs, dialogue entre un disciple et son Seigneur. Quel est l'essentiel d'une vie chrétienne ? Le dialogue noué avec le Christ. Ce dialogue se situe aussitôt après le dernier repas, le jeudi saint ; Philippe est troublé, et Jésus veut consoler son disciple en lui livrant le secret de son cœur. Un échange entre Philippe et Jésus est tellement actuel ! Dans les mutations de notre monde, tant de chrétiens sont troublés, perplexes, hésitants. Quelle direction prendre ? Quel sens donner à nos vies ? « Philippe, qui me voit, voit le Père ». Jésus nous rappelle la beauté de notre foi : En te voyant, toi Jésus, on voit Dieu. En t’écoutant, c’est Dieu qu’on entend. En te suivant, on suit Dieu ! Il faut se laisser imprégner par ces mots, les goûter, les savourer... C’est une Bonne Nouvelle pour le 3ème millénaire. Quel est l'essentiel de ma vie ? « Christ Jésus mon Seigneur, pour moi, vivre c'est Christ », s'écrie Saint Paul. Aujourd'hui, grâce à cette journée « portes ouvertes », c’est à un nouvel acte de foi dans le Christ Jésus que nous sommes appelés. Au milieu de l’indifférence de nos contemporains, notre foi ne peut pas être une vague appartenance à une culture catho, ni l’adhésion du bout des lèvres à quelques valeurs. Le Christianisme, c’est une personne, l’adhésion à une personne. Les apôtres sont devant un visage : c’est Jésus qui donne sens à nos vies humaines. C’est vrai encore davantage pour nous prêtres. Parmi les chrétiens, les prêtres sont le rappel permanent que l’Eglise n’est pas n’importe quelle association cultuelle, mais Eglise du Christ. A un jeune prêtre qui allait être ordonné, Madeleine Delbrel, cette chrétienne vivant dans les banlieues déchristianisées de la région parisienne, écrivait : "Ce que nous désirons trouver dans le prêtre ? C’est qu'avant d'être ceci ou cela, il soit du Christ‐Jésus... Ce que nous désirons de lui ? Ce qu'il peut nous donner : le Christ de l'Evangile et des sacrements ». Alors, pensant à notre Eglise, à sa fragilité, je ne vous dis pas : "C'est la crise, c'est terrible. Comment allons‐nous nous en sortir ?" Je ne vous dis pas non plus : " Nous sommes au creux de la vague, ça ira mieux demain." Fort de cet Evangile, je vous dis : "Le Seigneur est là et Il agit. Prêtres, couples, personnes consacrées font l’expérience du Christ bon Berger qui n'abandonne son troupeau. Pourquoi je suis prêtre ? C'est parce que j'ai vu le Christ aimer le monde. Plus on se rapproche de lui, plus on est pris par l'amour qu'il porte à cette terre, aux hommes d'aujourd'hui. C'est pour vous et pour tous, que je suis prêtre. A la suite du Christ, uni à Lui qui se donne au Père, et aux hommes, j'ose le dire aujourd'hui : il y a une joie à se donner, comme le Christ, et à annoncer l'Evangile. Il y a une joie à rencontrer le cœur de l'homme, dans l'exercice de mon ministère. Il y a parfois des rumeurs dans le monde actuel, qui remontent à nos oreilles par les médias ou des débats, du style : « soyez réalistes ; vous voyez bien que le catholicisme en France a fait son temps, qu’il vaut mieux chercher ailleurs ». Qu’est‐ce que cela provoque ? La peur et le repliement. Peur comme si le monde était devenu étranger ou hostile à la Révélation du Christ. Ou le repli : on reste entre cathos par souci de sécurité. Avec la même assurance que Paul et Barnabé dans la première lecture, c'est autre chose que nous voulons vivre : « J'ai fait de toi la lumière des nations ! » C'est une parole pour nous tous. Le Seigneur nous rappelle l'essentiel : le baptême que tu as reçu, c'est parce que j'ai besoin de toi. C'est une responsabilité. Qu'as‐tu fait de ton baptême ? « J'ai fait de toi la lumière des nations pour que le salut parvienne à tous.. » Entendant cela, les païens étaient dans la joie. Nous évêques et prêtres, laïcs engagés dans la mission, nous sommes souvent témoins de cette joie‐là, quand nous proposons la foi. Des gens l'attendent de nous. Des enfants demandent eux‐mêmes à être catéchisés et parfois réveillent la foi de leurs parents. Des jeunes attendent de l'Église qu'elle les conduise à la source de la confiance. Il y a besoin de chrétiens audacieux, entraînés par des pasteurs heureux de donner leur vie à cause de l’Evangile. Jeunes, moins jeunes, êtes vous décidés à suivre Jésus, et à annoncer l'Evangile ? Êtes‐vous décidés à dire en toute confiance : Seigneur que ta volonté soit faite ? Il y a une vraie joie à être prêtre aujourd'hui. Joie, après une rencontre d’aumônerie, d’entendre un jeune ouvrir son cœur ; joie d’entendre, lors d’un conseil pastoral, comment un couple, une communauté religieuse illuminent la vie d’un quartier ; joie de voir se remettre debout un frère après le sacrement de réconciliation ; joie d’engendrer à la vie de Dieu, des jeunes ou des adultes. Oui, il est grand et beau ce ministère des prêtres. Il est grand et beau d'être chrétien aujourd'hui. Rendons grâce.