Prévenir les abus sexuels dans l`enfance. 9 Septembre

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Prévenir les abus sexuels dans l`enfance. 9 Septembre
Prévenir les abus sexuels dans l'enfance. 9 Septembre 2013
*Cette Illustration est de Claude Delafosse et
le texte de Dominique de Saint Mars.
PREVENIR = PROTEGER = SAUVER
Qu'est-ce qu'un abus sexuel ?
Pourquoi parler des risques d'abus sexuels aux enfants ?
les abus sexuels ne se commettent pas seulement dans les milieux défavorisés,
n’importe quel enfant, de n’importe quel milieu, peut en être victime, n’importe où,
n’importe quand. Selon le SNATEM (Service national d'accueil téléphonique pour
l'enfance en danger), 80% des abus ont lieu à domicile, 7,5% sont des incestes et 3,3%
sont perpétrés dans le milieu scolaire ou parascolaire.
1. La première chose à savoir est qu’un enfant ne sait pas ce qu’on ne lui a pas
appris. L'être humain apprend par la connaissance théorique et par l’expérience. Un
enfant va, dans la mesure ou il n'a ni la connaissance, ni l'expérience, faire confiance
à un adulte. Même si il sent confusément que quelque chose ne va pas, l'envie de
découvrir quelque chose qu'il ne connait pas, la peur, le désir de faire plaisir, ou
l'incapacité de dire non, surtout si il s’agit d’un proche, va l'emporter. Il va accepter
de se laisser faire, le plus souvent sans rien dire à son entourage.
2. C'est pour cela qu'il est important de donner à un enfant, une information qu'il
peut intégrer avec le niveau de compréhension qui est le sien, comme on le fait
normalement quand on veut le protéger. Cela de la même manière qu'on lui
recommande de bien regarder quand il traverse la rue, de faire attention aux voitures
et d'attendre le feu rouge.
3. Pour sa protection, il apparaît dès lors logique de lui expliquer et de lui faire part
des risques d’abus sexuels. Surtout de lui dire qu'un enfant n'est jamais coupable et
que ce n'est jamais de sa faute, mais toujours de la responsabilité de l'adulte. Que les
adultes qui utilisent les enfants et les touchent dans certaines parties de leur corps
n'en ont pas le droit et sont des pédophiles. La pédophilie est un crime puni par
la loi, et qu'un enfant n'est pas un partenaire sexuel !
Halte au silence !
Le plus souvent la honte des adultes, la peur du qu'en dira t-on sera supérieure à la
détresse de l’enfant. Beaucoup préfèreront ne pas le croire ou faire l’autruche, penser
que ça va passer et que l’enfant oubliera avec le temps.
Non! il n’oubliera pas, pire encore, le fait de ne pas être cru et entendu va provoquer
un traumatisme secondaire, pire encore dans son cerveau. Ce traumatisme
secondaire va laisser une marque au fer rouge qui le hantera toute sa vie et fera des
dégâts considérables dans son psychisme. La gravité des séquelles sera à la hauteur
de l'impact émotionnel ressenti au moment de l'abus.
Le silence de ceux censés le protéger ne fera qu’augmenter la détresse de l’enfant.
Le sentiment qu’il n’a pas de valeur, qu’il est seul face à une situation qu’il ne peut
absolument pas gérer, qu’il est sale et coupable va s’installer de façon durable dans
son cerveau. Ce silence va de plus renforcer l’impunité et valider l’abuseur dans sa
capacité à continuer et à récidiver.
Comment parler des abus sexuels à un enfant sans le choquer ?
On peut d’abord parler à l'enfant de façon positive de la sexualité en général. On
peut lui expliquer que son corps d’enfant va grandir et devenir adulte et qu'en tant
qu’adulte, il sera plus tard capable de faire des bébés. Les explications peuvent être
données d’une voix calme et rassurante, sans en rajouter ou faire peur :
- Si un enfant a besoin de câlins et de bisous de ses parents et de son entourage
pour se sentir aimé, il y a des endroits de son corps qu’on ne peut pas toucher, que
son corps lui appartient, qu’il a le droit de dire non si on le touche à ces endroits là.
- Malheureusement, il arrive que certains adultes agissent avec un enfant comme
si cet enfants était un adulte, et le trompe en lui faisant croire qu’il s’agit d’un
nouveau jeu. Cela peut lui faire beaucoup de mal et ce n’est pas normal. C’est très
grave et puni par la loi.
- Si cela arrivait, qu'il aurait le droit de crier, mordre, griffer, s'enfuir et qu'il faudrait
immédiatement le dire à un adulte en qui il a confiance,. Il sera écouté et entendu et
on mettra immédiatement tout en œuvre pour le protéger.
- lui expliquer la différence entre un bon et un mauvais secret, car le secret est la
tactique favorite des abuseurs sexuels. "Chut, c'est un secret entre nous, surtout ne
dis rien à personne". mais qu'un secret qui provoque du stress, qui fait du mal et fait
peur, n’est pas un bon secret. Il ne faut pas le garder, mais en parler avec un adulte
en qui il a confiance.
- La sexualité est quelque chose qui se passe entre deux adultes qui le veulent tous
les deux, et certainement pas entre un adulte et un enfant.
Aidez le et apprenez lui à se respecter, à respecter son corps et son intimité.
Cela lui permettra plus facilement de comprendre si il est face à un pervers.
En Fixant des limites claires entre les membres de la famille : On frappe avant
d’entrer dans les chambres des parents et des enfants, quand la porte est fermée.
Personne ne se promène en petite tenue ou nu dans la maison.
Voir son père, sa mère, son frère adulte, son oncle se promener nu peut être
traumatisant pour un enfant, peut fausser sa perception du corps et créer des
sentiments de dégoût, de honte et le sentiment de ne pas avoir été respecté.
De plus, cela risque de marquer négativement sa future sexualité d'adulte, car son
cerveau n'a pas la maturité suffisante pour être confronté à tout ce qui concerne la
nudité des adultes ou la sexualité.
En évitant de jouer à des jeux de touche-touche et en respectant ses parties intimes. Si
l’enfant demande à voir celles de ses parents ou d’un adulte, ou veut toucher, il suffit
simplement de lui dire non et de repousser sa main en lui expliquant que ce sont des
endroits strictement privés qui n’appartiennent qu’à soi et ne se montrent pas par
pudeur. C'est pareil en ce qui le concerne.
Si à partir de 5 ans, l’enfant veut prendre son bain tout seul, et ne veut plus le
prendre avec un de ses parents, ou ne veut plus se montrer nu, en acceptant de
lui reconnaître le droit d’avoir une intimité, vous lui permettrez d'apprendre à fixer
des limites, et aussi à se faire respecter et à se respecter.
Les petites filles et les petits garçons disent souvent « Je me marierai avec papa ou
maman quand je serai grand(e) ». En leur expliquant que leur papa est le mari de leur
maman et vis et versa et qu’on ne peut épouser ni son père, ni sa mère, mais qu’à
l’âge adulte, ils rencontreront à leur tour la personne qui leur convient et se
marieront.
Vous leur apprendrez à fixer des limites et à intégrer très tôt qu’il ne peut pas y avoir
de relations amoureuses ou d’attouchements entre parents et enfants, ou
enfants/adultes.
Vous pouvez aussi profiter d’un article, d’un débat, d’un livre, pour expliquer à
l'enfant que si cela lui arrive, ou à un autre enfant qu’il connait, il pourra vous en
parler Cela
l'encouragera si il en a besoin.
Qui sont les abuseurs ?
Les abus sexuels se commettent hélas souvent au sein même de la famille. L’abuseur
est souvent quelqu’un de gentil que l’enfant connaît et aime bien, ce qui crée un
paradoxe et un conflit interne, car l’enfant ne comprend pas très bien ce qui lui
arrive.
L'abuseur dans la famille : L’inceste se passe souvent entre le père, le beau père, le
grand-père ou l'oncle et l’enfant. La victime type a entre six et 10 ans. L’abus dure
jusqu’à l’adolescence, mais peut se prolonger si il y a d’autres enfants et que l’ainée
veut protéger ses petits frères ou sœurs.
L’abuseur est souvent quelqu’un que tout le monde apprécie. En parler avec
l’enfant sans tomber dans la paranoïa est important, car tous les pères et tous les
beaux-pères ne sont pas des abuseurs. On peut faire de gros câlins à un enfant, et il
en a besoin pour le développement de ses liens affectifs, le toucher dans ses parties
intimes pour satisfaire des perversions est une autre chose.
Expliquez clairement à votre enfant les limites à ne pas dépasser, et soyez vigilant si
il change brusquement de comportement sans raisons apparentes, si il refuse d'aller
quelque part alors qu'il y allait avant avec plaisir, si il redevient sale (pipi au lit, ou
fait sur lui), saignements dans les toilettes, ou si il devient caractériel alors qu'il était
gentil, si ses résultats scolaires chutent, etc. Etablissez une zone de confiance avec lui
pour qu’il puisse vous parler sans peur si c’est nécessaire, et surtout assurez lui que
vous êtes là pour lui et que vous allez le protéger.
L'abuseur ami: C’est un ami proche de la famille, il rend beaucoup de services et est
très intéressé par l’enfant et ses progrès. Il propose volontiers d’aller le chercher à
l’école ou de le garder. Il est très gentil avec l’enfant et s’en occupe bien, un peu trop
bien… Soyez vigilant face aux personnes qui aiment passer beaucoup de temps seuls
avec des enfants. Exigez de votre enfant qu'il vous dise si et de qui il a reçu des
cadeaux, jouets ou bonbons, ou si quelqu'un lui a demandé de garder un secret qui le
met mal à l'aise.
L'abuseur inconnu: L’enfant ne le connaît pas, il est rusé et attire l’enfant dans la rue
en lui promettant des jouets, des bonbons, de venir jouer avec son chat ou son chien
chez lui, ou attise sa curiosité. Certains vont même jusqu'à dire à l'enfant que ses
parents ont eu un accident et qu'ils vont l'emmener les voir à l'hôpital, ou que ses
parents l'ont envoyé le chercher pour le ramener à la maison !
Si vous ne dites pas à votre enfant de ne jamais suivre un inconnu quoi qu'il dise, il le
croira!
L'abuseur sur internet: Il ment sur son identité et ses intentions réelles et sévit sur le
net. Selon une enquête Ipsos/e enfance, un tiers des enfants de 9 à 17 ans ont été
confronté à un problème sur internet. Dans le cadre de cette enquête il ne s’agit pas
seulement d’abus sexuels, mais aussi d’autres situations délicates auxquels les jeunes
peuvent être confrontés sur internet. Dans la brochure disponible sur :
http://www.e-enfance.org vous trouverez des conseils et un numéro vert gratuit est
à votre disposition sur net ecoute.fr au 0800 200 00
Ne laissez pas vos jeunes enfants surfer seul sur Internet !
Pourquoi les enfants victimes d’abus sexuels ne disent rien ?
Tout enfant quel que soit son milieu peut être un jour confronté ou victime d’abus
sexuels. Les enfants qui sont en mal d’affection et de tendresse et ceux avec lesquels
on n’a jamais abordé le sujet sont potentiellement plus enclin à être des victimes de
choix. L'abuseur va utiliser la fragilité de l’enfant et son besoin d’affection en lui
donnant de la tendresse. Hélas, pas celle dont il a besoin !
L’enfant trompé et abusé se croit aimé, car l’abuseur est souvent très gentil et lui
consacre du temps, lui offre des bonbons ou des cadeaux. C'’est volontiers qu’il va
participer aux jeux pervers de l’abuseur, qui très rapidement va lui demander de le
toucher, et ou va lui toucher les parties intimes.
L’étau se referme alors sur l’enfant qui se retrouve piégé dans un jeu où il va tantôt
se sentir mal à l’aise, tantôt éprouver du plaisir, parce qu'on stimule ses zones
érogènes ou qu'on le caresse. C'est physiologique et normal d'avoir du plaisir quand
on stimule des zones érogènes, même celles d'un enfant !
La honte d'avoir éprouvé du plaisir va être aussi un traumatisme qui va engendrer
une énorme culpabilité, car l'enfant sent confusément que ce n'est pas bien. Mais il
n’osera rien dire à cause de la peur, la culpabilité ou la honte que l’abuseur va lui
inculquer en faisant du chantage affectif. Surtout si il s'agit d’un proche. Les phrases
types :«si tu le dis, j’irais en prison », «c’est notre secret à tous les deux, personne ne
doit le savoir», ou dans le cadre d’un 'ami' de la famille : «on ne te croira pas», «c’est
ta faute », «c’est toi qui m’as provoqué», «tu as accepté et tu aimes ça !».
L’enfant pris au piège dans la toile d’araignée tissée par l’abuseur ne dira rien et
protégera son agresseur. Il restera totalement sous son emprise en endossant la
responsabilité de la faute, en ayant en même temps peur de ne plus être aimé, peur
d’être puni et rejeté si cela venait à se savoir.
En conclusion et sans forcément voir le mal partout, car il y a heureusement une
grande majorité d’adulte qui aiment et protègent les enfants, un enfant averti sera
capable de dire non et en parlera avec des adultes dans lesquels il a confiance. Il aura
beaucoup moins de risque d’être victime d’un pédophile.

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