La nuit comme un drap de soie déchiré par la route Les rires de l
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La nuit comme un drap de soie déchiré par la route Les rires de l
La nuit comme un drap de soie déchiré par la route Les rires de l'enfance volent en éclat et clouent le ciel d'étoiles tintinnabulantes Sous les éclairs de Jupiter la lune a les dents pleines de cambouis et la lumière s'enchaine sur la rue limpide Les rêves roulent dans les nues et s'habillent des cris des oiseaux Le clocher sonne à la porte Chantal (1) Au travers des fenêtres prise entre deux langues la nuit s'étire comme un drap repassé de silence Des cris au dehors déchirent le voile par endroit les rires volent en éclat et clouent le ciel d'étoiles Des loups hurlent et la lune a les dents pleines de cambouis L'écharpe autour du cou le vent dévale les ruelles et soulève le ciel les draps s'enroulent dans les nues et la nuit déshabille les rêves Au cri des oiseaux le clocher sonne à la porte Paupières froissées le matin regarde au travers des fenêtres Chantal (2) Assise au jardin, sous le tilleul, Tout en épiant le coucher de soleil, Louise méditait…. Elle se souvenait de leur première rencontre. Sur ce banc, Dans le douceur d’une nuit d’été en Provence, Il lui assurait avoir vu un dromadaire Traverser la rue…. Farceur ! Le regard perdu vers les dernières lueurs dans le ciel, Sa peau frissonne, Quelques larmes inondent ses yeux… Graziella (1) Réveillé en sursaut, Recroquevillé sur le lit, Drap de soie froissé, Regard perdu derrière les pleurs, Des frissons tout le corps, Les souvenirs plein la tête. Souvenirs, regrets amers… Une ruelle, Lueur d’un lampadaire, Douceur de la nuit, Un banc, leur rencontre ! Elle, dehors, ses clefs dedans, Perdue dans une méditation incertaine. Lui, sans clef depuis longtemps. Poète, artiste du tison des mots. Farceur avec sa parodie du dromadaire. Des bans quelques semaines plus tard. Une noce sans ronces. Une vie de douceur et de chaleur… Et… Colère, rage, Contre la précarité du temps, La futilité de la vie ! Graziella (2) Le chemin est étroit, je vois couché dans la lumière un dromadaire La moitié de mon visage s’épanoui quand j’aperçu Un serpent jaune fixé sur une toiture Qu’attends-tu là haut assis sur les tuiles J’attends mon amoureux Lui m’a ouvert les yeux Ses grands yeux bleus Réalisent mes vœux Mathilde Deux mois sont passés, se sont écoulés depuis que tu t'es évanoui Toi mon beau chat mon beau chat siamois félin aux yeux si bleus. Tous les matins, selon ton habitude tu venais dans mon lit en catimini tu me demandais ta pâtée en miaulant doucement. Que ton poil était soyeux sous mes doigts ensommeillés ! Quand nous allions sous le sapin où un banc accueillant nous invitait tu ondoyais dans mes jambes ; tu te couchais à mes pieds, sollicitant un câlin. Comme tu te lovais nonchalamment dans les coussins du fauteuil. Puis tout d'un coup tu sautais agilement effeuillant la pelouse souvent humide. Tu jouais ensuite avec les pétales et les tiges des tulipes ou des lys. Ta vie semblait sans souci, si belle. Mais depuis deux mois, vainement j'attends. Plus de boule de neige dévalant le talus. Depuis deux mois, inutilement j'écoute. Plus de miaulement dans la maison vide. Je suis sans air, sans aire, sans erre, Sans R. Aline Testament Il retenait son souffle, accroupi derrière les hautes tiges des cannas, au milieu d’un parterre dont la vigueur déclinait en ce début d’automne. A quelques mètres, les employés des pompes funèbres officiaient dans un ralenti étudié devant le domicile du vieillard qui n’était plus. La bière reposait sur un carcan d’acier dont les quatre pieds meurtrissaient le gravier de l’allée. Les héritiers figés de part et d’autre de la porte d’entrée semblaient monter une garde implacable. Il ne les avait pas vus souvent du vivant de « Pépère ». C’est ainsi qu’il appelait son vieil ami, le seul, avec qui il avait partagé d’innombrables parties de pêche, au bord des étangs de la Bièvre, mais aussi dans les tumultueux ruisseaux de la Chartreuse. C’est lui qui lui avait appris à surprendre les truites d’eau vive, à les capturer à la loyale, à les déguster avec reconnaissance. Il grelottait : le chagrin généré par la disparition de pépère ne se délitait pas. Il jeta sur le terreau, un éclat de salive brillant d’amertume. Le convoi allait s’ébranler, les héritiers regagnaient leurs voitures après avoir soigneusement fermé la maison sur ses bas de laine authentiques ou virtuels. Tous disparurent. Alors, il sortit de sa cachette serrant dans sa paume droite la clé de l’appentis où le matériel de pêche était entreposé. Pépère lui avait assez dit que ses héritiers ne s’intéressaient qu’à son compte en banque, que sa grande canne à pêche, la plus belle, celle qu’il réservait à la prise des brochets, elle était pour lui, lui, le traîne-savates du village que tout un chacun toisait de haut, mais dont Pépère avait fait le prince de ses étangs. Il serra la canne à la briser sur son mal être et disparut en franchissant le mur du jardin. Danielle M. (1) Dans la nef, des mots brefs…et dans l’eau, le chaos. Demain Hier Mado Dehors Saurai Mon père M’a dit Sur le port Pour-quoi Cet hom- Sur le coup Un marin Moi Amer De midi A bord L’iro-quois Né Dedans Fête Sans foi A Mad-ère Il pleut Un record Ni loi Perd Du feu Dedans Venu Son point Dehors Fanfan Chez toi De re-père Il pleut L’afghan Trouver Nu com- De l’or Défait Un toit Un ver Interdit Son cato-gan Suis resté Il vitu-père Venir Elégant Coi Dans l’air Jeudi Il tend Devant Vert Mimi joue A maman Ta loi. De l’hiver. Au rugby. Son gant. N.B. lecture verticale. Danielle M. (2) Cafard de banc. Dans la clarté noirâtre de la nuit, assis sur ses pieds bancals, seul, abandonné de tous, le banc cafarde. Il cafarde… Hors du temps, ignoré du dehors, angoissé du dedans, le banc blanc s’effrite moralement au milieu du jardin défleuri. Il s’ennuie… Pas le moindre clochard endormi par ses élucubrations. Les amoureux que Pennet dessinait sur lui se sont évanouis dans le temps, cœurs et âmes fondus dans la senteur du silence de la nuit… Pauvre banc ! en compagnie de sa solitude, il finira la nuit. O.c Vent d’inquiétude. Je crois que le vent s’inquiète mais je n’ai cure de son angoisse sans foi, ni loi. Dehors, tout là-bas, au bord du chemin, je le vois. Il hésite… J’aperçois dans la lumière un papillon, un éphémère qui sera privé d’envol aujourd’hui : ah ! butiner dedans, dehors le cœur de tous ces cosmos multicolores ! Le vent s’inquiète : il traîne comme une serpillière. Il n’a pas de flair, il est amer. A bas l’inquiétude, Eole ! Joue de ton soufflet : la nature a besoin de tes longues caresses, de ton doux murmure. Aie donc l’air de nous offrir ton air sans en avoir l’air… O.c. Plus de lumière ! J’ai un rêve de cirque éparpillé comme un mystère dans mon esprit fêlé. Point de jumelle, il me faut y réfléchir seule. Est-ce une étoile, une bougie ou la lune qui joue à cache-cache avec cette plume posée sur l’immense océan ? Cette fée porteuse du trousseau de clefs existe-t-elle ? Mystère ? Seule, dans un cratère sous le lampadaire, c’est un dimanche terre à terre. Presque un cauchemar. Colette (1) C’est en ce jour bien sûr…………. Qu'un peu plus de lumière révèle le rêve de mystère qui sommeille en mon esprit fêlé : une ville funèbre, une brune livide y déchiffre des runes. « Prendre une photo c’est tendre un piège » Point de sœurette pour réfléchir ensemble. Qu’elle étoile de ce ciel veille sur cette plume posée sur l’immense mer et porteuse de notre solution ? Colette (2) réécrire en évitant le « a » La frêle grenouille, si petite et à la voix si forte, à sept heures du soir, sur le sol jonché de feuilles écrasées, s'avance. Vers la pleine lune? vers la silhouette des platanes recroquevillés, leurs moignons noirs dans la lumière blanche? Vers la terre calme de l'automne que le croc de la charrue laboure? Eclat moiré du champ dans la nuit. Jeux d'écailles qui se crevassent. Des bruits. Bruit du pilon d'un mortier, quelque part, qui claque, avec un abattement rauque. Frêle grenouille tonitruante Les silhouettes des platanes aux moignons noirs Halo blanc de la lune qui se lève. Geneviève (1) Sans doute rien, un peu d'air qui passe sur le vieux, là, dans son coin. Pourtant la porte est fermée. Le lacet de soie des rideaux bouge. De ses yeux pâles, il regarde avec soin au-delà de la fenêtre aux reflets crasseux, le souffle rauque. Un intrus ? Non. S'il pouvait aller au-delà, vers le lac ourlé de lierre noir, s'il pouvait écouter babiller les queues-rousses! Peut-être même pense-t-il à Cythère, à quelque doux mythe de jeunesse éternelle. Mais la porte est fermée. Juste un peu d'air passe. Il pose ses mains fendillées sur les bras de son fauteuil. Il avance. Et il murmure, il marmonne « j'erre, hélas, j'erre ». A moins que ce soit « une bière, ah, une bière » (consignes: commencer par « sans doute rien, un peu » , finir par le son r, et placer « pourtant la porte est fermée ») Geneviève (2) réalités racines de rien étui de ruines rire absent trappe déplacée porte fermée ronces de nuit sans attache en attente œil de crayon abri sur papier mots cachés illusion d'intériorité place indéfendable bras de l'écueil insomnie avec elles mais sans aile un mélange "dedans-dehors" bouquets d'œillets douceur des étoiles coups de cymbales Madeleine (1) Madeleine (2) dans quel village s'est-il égaré? sa montre s'est-elle arrêtée? à l'abri des décombres à même l'asphalte épines des ténèbres dans quelle ville s'est-il retrouvé? le temps courrait-il trop vite? exposé au soleil dans les allées gravillonnées effluves de lavande sur le papier mots cachés maux tus sur des banderoles icones lumineux paroles calmes où sont ses premiers rires? douceur des étoiles où sont ses derniers pleurs? nuit d'encre sur le papier mots miniatures maudits sur des banderoles icones géants éblouissants pourquoi s'est-il recroquevillé? soupir du temps avenir nuits blanches pourquoi s'est-il réveillé? a-t-il ri des années passées des jours noirs sur le sentier de l'hiver risque-t-il de s'enfermer dehors? sur le boulevard de l'été liberté intérieure Madeleine (3) Madeleine (4)