Salaire des dirigeants - Laboratoire d`études socio

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Salaire des dirigeants - Laboratoire d`études socio
SALAIRE DES DIRIGEANTS
Texte de Léo-Paul Lauzon, professeur au département des sciences comptables et titulaire de la
Chaire d’études socio-économiques de l’Université du Québec à Montréal
OCTOBRE 2008
En pleine crise financière qui va coûter 1300G$ aux contribuables américains, victimes de cette
arnaque, les responsables de ce fiasco continuent de se graisser la patte. L’an passé, le président
de Merril Lynch a touché 159M$, celui de Goldman Sachs a encaissé 68M$, le PDG de
Citigroup a reçu 168M$, celui du Washington Mutual a engrangé 14M$ pour 18 jours travaillés
et le patron Lehman Brothers a empoché 500M$ durant son mandat et quatre jours avant sa
faillite, il a versé 20M$ à trois dirigeants… Au cours des cinq dernières années, les cinq plus
importantes banques déficitaires des States ont versé plus de 3G$ US à leurs patrons. Peu a été
dit sur ces indécents émoluments. Par contre, l’éventuelle pension annuelle de 136 000$ de
Gilles Duceppe a fait l’objet d’une immense couverture. Pour la lucide présidente du Mouvement
«coopératif» Desjardins, les travailleurs floués devront retarder leur retraite afin de payer les pots
cassés. Ayoye!
Je suis las d’entendre dire que c’est la population qui paie les salaires des politiciens et des
fonctionnaires. C’est vrai, mais qui paie les milliards consentis aux dirigeants des pétrolières, des
forestières et des banques, si c’est pas vous? Ça tombe pas du ciel. Ces paies grotesques sont
incorporées dans le prix des produits et services que ces monopoles privés vous vendent à prix
«shylockiens», comme l’essence et les frais bancaires.
Passons aux spéculateurs, ces parasites improductifs qui gonflent artificiellement les prix. En
2007, les 100 plus importants spéculateurs américains ont gagné 30G$ dont 3G$ à John Paulson
qui a parié sur la crise immobilière. En 2006, cinq spéculateurs ont gagné plus de 1G$ chacun
dont 2G$ à John Arnold qui a parié sur le gaz naturel. En 2007, le spéculateur vedette de
Goldman Sachs, Mark «Goldfinger» McGoldrick, est parti en «joualvert», jugeant qu’il était
exploité avec sa «modeste» paie de 70M$. Et le Journal de Montréal du 20 mars qui traite en
héros ces bandits : «Un visionnaire fait fortune en spéculant sur le pétrole». Ce «visionnaire» est
Andrew Hall qui a acheté tous les contrats à terme sur le pétrole qu’il put afin de réduire l’offre
et de gonfler les prix. Faudrait mettre fin à ces filous qui spéculent sur les produits et services de
base en interdisant l’utilisation des produits dérivés, des options et des ventes à découvert.