visite Fabrice Colin - Lycée Professionnel Ludovic Menard
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visite Fabrice Colin - Lycée Professionnel Ludovic Menard
Lundi 18 mai 2015 Fabrice Colin rencontre les élèves du lycée Ludovic Ménard à Trélazé UNE RENCONTRE PRÉPARÉE EN CLASSE Depuis plusieurs mois, les élèves de seconde, formation commerce et vente, ont travaillé avec leurs professeurs de littérature le « parcours du personnage ». Le roman « La fin du monde » de Fabrice Colin leur a été proposé comme support. A la base, une seule contrainte a été donnée aux lycéens : choisir un des quatre héros mis en scène et lire les deux premiers chapitres qui lui sont consacrés. En groupes, ils ont mis en commun leurs notes de lecture puis ont présenté le personnage au reste de la classe. Chacun était libre ensuite de poursuivre ou non sa lecture. Pendant plusieurs cours, ils ont, aidés de leur lecture et de l’enseignant, théorisé la création du personnage de roman et la narration de son histoire; comment l’auteur le caractérise ? Aidés de ce schéma, ils sont passé à l’écriture. Les élèves de Sandrine Brousseau ont écrit la suite de l’histoire et les élèves d’Emmanuel Ferreux ont inventé un nouveau personnage à insérer au roman. LA FIN DU MONDE Fabrice Colin est un auteur français né en 1972. Il écrit pour les enfants, les adolescents et les adultes, des romans mais aussi des nouvelles, des scénarios de BD et des dramatiques radiophoniques pour Radio France. Dans son roman, il raconte l’histoire croisée de 4 adolescents : Jim l’américain, François le français, Hafsa l’égyptienne et Xian le chinois. Chacun dans son pays est confronté à une menace atomique. Leurs vies privées et les conflits mondiaux concourent à une montée en puissance de la peur, voire du désespoir. Ces jeunes gens passent de l’insouciance à la solitude, l’errance. LA RENCONTRE Le lundi 18 mai 2015, les élèves de seconde TER A et B ont, après une longue attente, rencontré Fabrice Colin. Après une rapide et timide présentation de chacun des élèves, Fabrice Colin a pris la parole. Très à l’aise et volubile, il a rapidement détendu l’atmosphère avec des comparaisons et des anecdotes qui ont séduit les jeunes. Lorsqu’il évoque la difficulté de l’écriture et le regard du lecteur, Fabrice Colin cite également la nécessité de prendre du recul par rapport à ses propres écrits et utilise pour convaincre les élèves l’exemple du portable et de l’annonce qui ne manque pas de surprendre son auteur lors de son écoute. Un dialogue s’engage alors sur le sujet. Peu d’élèves ont lu le roman en entier mais beaucoup ont trouvé l’exercice difficile d’écrire l’histoire d’un personnage. Pour l’auteur il y a une différence entre l’idée et l’histoire. Un élève témoigne « Plus j’avançais moins j’avais l’histoire en tête ». « ON NE CHOISI PAS QUEL TYPE D’ÉCRIVAIN ON VA ÊTRE » Puis, sans quitter le ton du bon copain ou du confident, il a expliqué ce qu’est un auteur et comment on le devient. C’est ainsi qu’ils ont appris qu’en tout être il y a à la naissance, une part de conscience (infime) et d’inconscience qui se perd au profit de la création de notre personnalité. « Le poète reste en contacte avec l’inconscience… c’est l’inspiration ». Le travail de l’écrivain est donc de puiser dans son réservoir d’imaginaire parfois profondément enfoui. Fabrice Colin déclare également « on ne choisit pas quel type d’écrivain on va être ». « Pour écrire pour les ados alors qu’on ne l’est plus, il y a deux solutions : on anime des rencontres et ateliers d’écriture ou on fait des enfants, moi, j’ai fait les deux !. » Grâce à lui on sait aussi maintenant que « la France est le pays où il y a le plus d’aspirants écrivains » mais qu’il n’y a pas de diplôme pour le devenir. C’est en écrivant qu’on devient écrivain . Les élèves se sont intéressé au parcours de Fabrice Colin et lui ont demandé combien d’ouvrages il avait publié. Une cinquantaine de livres ont été écrits pour tous les âges. Ils ont également voulu savoir s’il vivait de sa plume. Oui, mais son secret c’est de diversifier et de produire beaucoup. 2 Fabrice Colin en séance avec les élèves du lycée Ludovic Ménard « TOUTE HISTOIRE EST L’HISTOIRE D’UN PROBLÈME » Fabrice Colin : « Pourquoi on aime que l’on nous raconte des histoires ? » Un élève : « Cela nous permet de changer notre vision de la vie » Fabrice Colin : « Les personnages doivent faire des choix terribles… on est content que cela ne soit pas nous » Fabrice Colin fait prendre conscience aux adolescents de la singularité des histoires dans les romans. En littérature jeunesse, les héros ont le même âge que leurs lecteurs, pourtant, leurs situations sont différentes. Les héros, souvent, n’ont pas de parents pour les brimer, ils peuvent vivre des aventures incroyables. « Toute histoire est l’histoire d’un problème, il faut un style pour le raconter ». L’auteur énonce ainsi l’idée première que le roman doit développer. « Dans La fin du monde, le problème est dans le titre ». En littérature, les sujets qui marchent le mieux sont ceux qui s’appuient sur les nécessités, ici, la survie. Il y a deux façons de procéder : j’ai un début d’histoire et je brode, ou, je cherche à connaître toute l’histoire avant d’écrire. C’est ce qui définit le type de l’écrivain. 3 « UNE HISTOIRE, C’EST L’HISTOIRE DE QUELQU’UN » On lit parce que l’on veut savoir ce qui va arriver au héro. C’est ce que Fabrice Colin appelle « la fascination à regarder grandir les personnages ».Pour illustrer son propos, il leur parle de la BD Tintin, intitulée à juste titre les aventures de Tintin. Le lecteur s’attache plus à l’aventure qu’à Tintin. Mais, pour raconter une aventure, il faut créer un personnage. Fabrice Colin : « Pourriez-vous vous définir en 2 ou 3 mots avec toute votre complexité ? » Une seule élève a répondu « oui », pour les autres l’exercice est trop difficile. Ils ont alors essayé, ensemble de réfléchir à la façon de créer le personnage et de le décrire. « C’EST LE LECTEUR QUI REND LE TEXTE MAGIQUE » Aujourd’hui, la littérature n’utilise plus le physique comme élément descriptif, sauf pour citer des détails exceptionnels. Dans un roman, il faut identifier un personnage très rapidement et s’en souvenir. On est loin de Tolstoï !. Il faut donc être caricatural et forcer le trait, comme le font les créateurs des « Guignol de l’info ». Quelques éléments, souvent peu flatteurs permettent aux téléspectateurs de les reconnaître. Fabrice Colin explique que dans ses romans, il montre les caractéristiques des personnages sans jamais les dire. Un roman, c’est court, on a pas le temps de développer. « C’est le lecteur qui rend le texte magique ». Il n’exprime pas non plus directement les sentiments des personnages mais comment ils vont réagir dans une situation donnée. Il faut « se demander pourquoi le personnage fait les choses ». 4 ÉLÈVES ECRIVAINS Sandrine Brousseau et Emmanuel Ferreux ont expliqué à l’auteur tout le travail réalisé en classe, de la lecture à la pratique. Après avoir longuement écouté Fabrice Colin, les lycéens volontaires lisent leur histoire. Tout d’abord, l’écrivain les félicite pour avoir osé lire devant un public, exercice qu’il avoue ne pas apprécier. Les élèves écoutent alors la critique. C’est ainsi qu’ils découvrent qu’ils ont utilisé pour l’un la part d’autobiographie inévitable quand on écrit à la première personne, pour l’autre la continuité dialoguée, malheureusement pour d ‘autres, des débuts « plan plan » qui ne retiennent pas l’attention. Ils ont encore appris qu’il faut se méfier des dialogues, qu’ un « livre n’est pas le reflet de ce qui se passe dans la vraie vie ». Qu’il faut choisir son temps et que pour respecter la réalité, il faut bien se documenter. Mais ils savent aussi que dans leur classe, il y a un élève à « l’âme d’écrivain » dont l’écriture embarque le lecteur, une autre qui sait se prendre au piège de la narration et une autre encore qui manie bien la description du « général et du particulier ». 5 LE SOUTIEN DU PROVISEUR Monsieur Philippe Paul, le Proviseur a rejoint la classe pour partager avec les élèves un temps fort autour de la littérature. Il a remercié l’auteur et encourager les élèves dans leur curiosité, leur découverte de la lecture et l’écriture. Grâce à sa volonté de faire profiter les élèves du lycée des compétences que peuvent apporter les intervenants extérieurs, Emmanuel Ferreux et Sandrine Brousseau ont initié ce projet et l’ont réalisé en classe avec les élèves. La venue de Fabrice Colin a été rendue possible non seulement par le soutien du Proviseur qui a mis à disposition les moyens nécessaires mais également grâce à l’implication de chacun : la prise en charge de l’organisation de l’événement par le personnel de l’administration et la solidarité des collègues enseignants qui ont accepté de modifier leur planning. Les documentalistes du CDI remercie chacun de vous.