« On est en train de banaliser le cocktail Molotov »

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« On est en train de banaliser le cocktail Molotov »
Lu pour Vous
« On est en train de banaliser
le cocktail Molotov »
Secrétaire régional du
syndicat Alliance Police
Nationale, Michel Corriaux revient sur l’attaque d’une patrouille,
samedi soir à Mulhouse.
co-allemande, à Neuf-Brisach… Apparemment, on s’est dit
que cela reviendrait moins cher de faire venir une compagnie de Mulhouse, que de prendre une compagnie autonome.
Votre syndicat a été le
seul à réagir au jet de
deux cocktails Molotov
sur une patrouille de police, samedi soir dans le
quartier de Bourtzwiller
(nos éditions d’hier) :
pourquoi ?
Nous réclamons des moyens supplémentaires en renseignement, mais aussi en judiciaire, c’est pour nous indissociable.
Le renseignement nous donne une idée assez précise de ce
qui se passe dans les quartiers, et le judiciaire monte des
dossiers pour éradiquer le noyau dur de la délinquance. Les
violences urbaines, ce n’est que le sommet de l’iceberg. La
problématique de fond, c’est l’économie souterraine, qui génère toute cette délinquance « accessoire ». Ces derniers
temps, on est parti du principe qu’il fallait faire baisser les
violences urbaines : on ne peut que se féliciter que les collègues, sur le terrain, travaillent en sécurité, mais on se rend
compte qu’on ne règle pas les problèmes de fond.
Michel Corriaux : « Je ne suis ni de Je ne peux que déplodroite, ni de gauche, j’ai seulement
le souci de défendre les collègues. » rer que nous soyons les
seuls. Ce qui nous pose
Archives Vincent Voegtlin
problème, c’est qu’on est
en train de banaliser le cocktail Molotov à Mulhouse. J’en
veux pour preuve le fait que le parquet qualifie systématiquement ces actes de « violences volontaires avec armes
», au même titre qu’un jet de cailloux, alors que, quand un
policier est visé par un cocktail Molotov – considéré par la
législation comme une arme de guerre – il y a une volonté manifeste de mutiler, voire de tuer. Pour nous, c’est une
tentative de meurtre. Cela nous inquiète beaucoup, en tant
que syndicat, et cela dérange les collègues. Il y a de la colère
parmi eux…
Le scénario de samedi était-il écrit d’avance ?
Le feu de poubelles s’inscrit dans le schéma classique du
guet-apens, auquel les policiers mulhousiens sont habitués.
Dès qu’il y en a un, on se dit que ça risque de mal finir. Mais il
se trouve que, samedi soir, les CRS, qui accompagnent habituellement chaque intervention dans les quartiers sensibles,
n’étaient pas là. Je pense que nos « clients » s’en sont vite
aperçu, et en ont profité. Les forces mobiles à Mulhouse permettent de contenir le phénomène de violences urbaines
depuis plusieurs mois, mais ça ne fait que le contenir. Ce qui
s’est passé samedi en est le meilleur exemple.
Qu’est-ce qui explique cette absence des CRS, samedi ?
Il semble qu’ils ont été appelés sur la fête de l’amitié fran-
Le Bureau National
Vous réclamez des moyens supplémentaires en renseignement : est-ce à dire que vous ne savez pas ce qui se passe
dans ces quartiers ?
Les CRS étaient déployés à Mulhouse avant le classement de
certains quartiers en zones de sécurité prioritaires (ZSP) : ce
classement a-t-il changé quelque chose sur le terrain ?
Pour l’heure, je crois qu’il n’y a pas beaucoup de collègues
qui voient une grande différence, en dehors de cette présence massive de CRS. Lors de l’annonce de classement,
nous avons été surpris d’apprendre qu’ils seraient dorénavant prioritaires, alors qu’il y en avait effectivement depuis longtemps et que, ailleurs, les ZSP devaient se traduire
avant tout par une nouvelle méthode de travail. Deux villes
ont ainsi obtenu des renforts substantiels : Marseille, suite
aux événements que l’on sait, et Mulhouse, avec seize CRS
annoncés pour le 1er septembre et 28 pour le premier trimestre 2014.
Redoutez-vous l’été qui approche ?
Nous avons toujours eu en tête que le test, pour Mulhouse,
aurait lieu cet été. L’été dernier, dix policiers ont été blessés,
il y a eu une affaire assez grave, avec un cocktail Molotov
jeté sur un fourgon dans lequel se trouvaient six collègues
et qui a commencé à prendre feu. Aujourd’hui, on espère
que, en attendant les renforts annoncés, on ne déshabillera
pas Mulhouse pour envoyer des CRS ailleurs, comme ce fut
le cas samedi. C’est la question que se posent les collègues.
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18 juin 2013

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