stratégie pour développer les affaires et le tourisme d

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stratégie pour développer les affaires et le tourisme d
Résumé de la conférence du 11 décembre 2006
Intervention de M. Philippe DESMARESCAUX
Président de la Fondation BioVision
sur le thème
« STRATÉGIE POUR DÉVELOPPER LES AFFAIRES ET
LE TOURISME D’AFFAIRES À LYON, RÉFLEXION
À PARTIR DE L’EXEMPLE DE BIOVISION »
Introduction du conférencier
Le Vice-président Robert PARIS présente Philippe DESMARESCAUX, diplômé
de l’ENSCP de Paris et Docteur d’État de l’École des Mines de Paris, qui a
effectué la plus grande partie de sa carrière chez Rhône-Poulenc, dont il a
été Directeur Général et a présidé la division Agrochimie. Il a présidé le
Conseil d’Administration de l’École Normale Supérieure de Lyon, ainsi que la
Fondation Scientifique de Lyon et du Sud-Est. Il est actuellement Président de
la Fondation BioVision.
La parole est donnée au conférencier qui fait un exposé de 45 minutes, suivi
d’un débat avec l’assistance, dont les grandes lignes sont résumées ci-après.
1. Rappel des objectifs de BioVision
BioVision a été créé à Lyon, en concertation avec Raymond Barre, dans le
but de réconcilier le développement scientifique avec la société. L’idée
de départ était celle du constat d’un déséquilibre entre la rapidité des
progrès scientifiques et la participation des citoyens au débat sur
l’utilisation de ces progrès : il y a nécessité de construire un consensus à
partir d’un débat ouvert, si l’on veut éviter des achoppements et des
blocages.
Le « fil rouge » du prochain congrès est la « contribution des Sciences de la
Vie à la réduction de la pauvreté. » Parmi les thèmes étudiés, on peut
donner l’exemple de la vaccination pour tous en lien avec le Biopôle
lyonnais, la satisfaction des besoins en eau potable, l’alimentation du
futur, les bioénergies après le pétrole...
Les participants de BioVision comprennent de nombreux titulaires du Prix
Nobel et des scientifiques de renom, des représentants d’États et
d’Organisations internationales, des ONG et des représentants de la
société civile, ainsi que des dirigeants de grandes entreprises. Il existe aussi
une Convention d’affaires, en alternance avec les débats scientifiques,
qui justifie la présence de plus de 800 entreprises, venues du monde entier,
exerçant dans le domaine des Sciences de la Vie.
Il existe évidemment de nombreuses retombées positives pour Lyon, pas
seulement en termes de chiffre d’affaires généré par cette manifestation,
mais surtout en termes de notoriété et de décisions d’implantations. Par
exemple, l’entreprise GENZYME vient d’annoncer la création de cent
emplois à Lyon, compte tenu de l’image de notre métropole donnée par
BioVision et de l’aide apportée par l’ADERLY.
2. Plaidoyer pour affirmer la stratégie de Lyon dans le domaine des
Biotechnologies
Si l’on veut attirer le Tourisme d’affaires à Lyon, il faut d’abord y
développer les affaires, en ayant une vraie stratégie de développement
international. Philippe DESMARESCAUX plaide pour que la stratégie de
l’agglomération soit organisée autour du « fil rouge » des Sciences de la
Vie. Lyon a en effet des atouts fantastiques pour réussir dans ce choix,
mais la « mayonnaise » n’a pas encore pris.
Il y a trois principales raisons pour que Lyon fasse ce choix :
•
Les compétences : Lyon a une tradition médicale et biomédicale
forte, avec de bons établissements de formation et de recherche
dans les différents domaines scientifiques. Il existe aussi des ONG
dans l’humanitaire, ce qui est un facteur favorable à un moment où
les activités publiques et privées travaillent de plus en plus en
partenariat. Il se développe également une activité importante
dans le domaine des vaccins, du diagnostic, du vétérinaire... La
proximité de Grenoble est, entre autre, un facteur favorable pour
développer l’innovation dans les biotechnologies, en lien avec les
nanotechnologies.
•
La géographie : Lyon est proche de la Suisse, où il existe une forte
concentration d’entreprises de biotechnologies imbattables, même
par les entreprises de Californie. Les Suisses ont besoin d’un point
d’ancrage au sein de l’Union Européenne, qui pourrait être Lyon, si
cette agglomération avait une vraie stratégie dans ce domaine.
À cela, il faut ajouter que l’Union Européenne cherche à structurer
un « méga-cluster » dans les Sciences de la Vie, afin d’atteindre une
masse critique équivalente à la Californie. Il s’agirait alors de mailler,
autour de Rhône-Alpes, les points forts du Bade-Wurtemberg, de la
Lombardie, de la Catalogne, de la Région Provence Côte d’Azur, et
surtout de la Suisse. Idéalement située géographiquement sur cet
arc, Lyon a une carte essentielle à jouer.
•
Une stratégie pertinente : un territoire a un avantage compétitif
lorsqu’il affiche une stratégie. Choisir les Sciences de la Vie comme
ligne de force des actions de développement permet de fédérer les
acteurs, et simplifie le travail de tout le monde. Il s’agit d’un
domaine en forte croissance de façon durable, à la différence des
autres secteurs industriels, où la croissance est très faible et où les
entreprises font l’objet de prises de contrôle par les financiers. En
outre, ce choix aurait un effet d’entraînement sur les autres secteurs.
Par exemple, les Sciences de la Vie ont besoin de la mécanique et
de la chimie pour se développer. Même la gastronomie a des liens
évidents avec les Sciences de la Vie.
Toutefois, on se demande si Lyon a vraiment envie de faire partie du
jeu et ne se replie pas de façon guindée sur son passé. On ne sent
pas à Lyon la « rage de réussir » qui fait le succès des métropoles
dynamiques, ce qui se mesure notamment par la lenteur des projets
dans tous les domaines, y compris la liaison avec l’aéroport et le
périphérique Ouest.
On a laissé passer de nombreuses opportunités, comme l’industrie
cinématographique et le nucléaire, et on ne retrouve pas assez
l’esprit entrepreneurial international qui avait permis le formidable
décollage économique de Lyon au XIXe siècle. On risque donc de
rater également l’opportunité extraordinaire des biotechnologies, et
l’on peut s’inquiéter de voir que des leaders originaires de Lyon dans
ce domaine, comme Mérial, songent à délocaliser ailleurs qu’à Lyon
leur siège social parce que l’agglomération n’a pas de stratégie
d’attractivité suffisante.
Deux faiblesses principales doivent être surmontées pour éviter l’échec :
•
Une frilosité française : En France, on aime mettre des limites à
l’ambition et à la réussite, y compris financière. On a l’habitude de
s’arrêter quand l’innovation scientifique a abouti et on laisse aux
autres pays le soin de l’industrialiser et de créer de la richesse à
partir de nos créations. En ce qui concerne les Sciences du Vivant,
le « principe de précaution » se transforme, hélas, en « principe de
paralysie. »
•
Un manque de coopération des acteurs politiques et économiques
lyonnais autour d’une stratégie de territoire : Il manque une stratégie
affirmée et on croit faire plaisir à tout le monde en dispersant les
priorités autour de sept axes, alors qu’aucun territoire n’a réussi sans
faire des choix clairs. Par exemple, Grenoble a choisi un seul axe
fédérateur. Le développement de Barcelone s’explique par le fait
que les patrons d’entreprises et les politiques, de droite comme de
gauche, ont décidé de se battre ensemble pour une grande
ambition collective, avec un processus qui s’est construit de façon
collaborative.
Un autre exemple est le manque de stratégie d’attractivité pour
faire venir des entreprises de biotechnologies. Il faudrait, par
exemple, leur fournir des laboratoires équipés pour un prix de
location symbolique, ce qui serait largement autofinancé par les
retombées économiques.
3. Enseignements retirés de BioVision pour le développement du
Tourisme d’affaires à Lyon
•
le développement du tourisme d’affaires nécessite en premier lieu le
développement des affaires, ce qui suppose que la métropole
lyonnaise ait une stratégie organisée en ce domaine ;
•
Lyon a de nombreux atouts à mieux exploiter : lieux prestigieux, beauté
de la ville, qualité de la vie dans une ville à taille humaine, qualité des
réceptions et de la nourriture ;
•
la communication et la qualité de l’accueil sont des facteurs très
importants pour que des événements comme BioVision se transforment
en décisions d’implantations à Lyon et dans sa région ;
•
la première image de la ville est désastreuse, avec son aéroport où
l’accès aux taxis est mauvais et où il faut payer plus du double que
dans la plupart des grandes villes pour rejoindre le centre ville. Le chef
d’entreprise qui voit cela ne fera pas installer ses ingénieurs à Lyon ;
•
il faut faire un effort sur les prix. Par exemple, l’Amphithéâtre est très
bien, mais les tarifs sont beaucoup plus élevés qu’à Barcelone, par
exemple ;
•
il manque aussi des capacités d’accueil en hôtellerie, ainsi qu’une offre
attractive d’animation pour que les touristes d’affaires deviennent
également des touristes de loisirs.
À l’issue du débat, les représentants de l’Office du Tourisme et des Congrès
proposent qu’un débriefing soit fait à l’issue de congrès comme BioVision, afin
de permettre que ce type d’événements puisse se renouveler et se
développer à Lyon.
Rédacteur : Marc Bonnet
Décembre 2006