Que mijote le palais de Tokyo ? Les chambres à airs de Waterloo
Transcription
Que mijote le palais de Tokyo ? Les chambres à airs de Waterloo
DÉCOUVRIR AUTREMENT MISE EN BOUCHE Que mijote le palais de Tokyo ? Pour l’exposition « Le bord des mondes », le palais de Tokyo a déroulé un parcours culinaire « hors les murs » et demandé à une dizaine de chefs d’imaginer un menu ou un plat. Pierre Gagnaire, premier à se prêter au jeu 1, nous a reçue dans sa cuisine pour évoquer cette association aux frontières de l’art et de la gastronomie. « J’ai accepté de participer à cette exposition parce que c’est la reconnaissance d’une attitude, d’un travail. Ce plat est une petite virgule de ma vie, de ce que je produis depuis des années. C’est un plat d’hiver, pas un plat majeur, mais je trouve que c’est bon, et malin. C’est une mousseline de potimarron recouverte d’une gelée de bouillon de potau-feu. Dessus, on a déposé de menus morceaux de bœuf et de betteraves de différentes couleurs. Un disque de chocolat au lait très fin apporte un peu de gras et aussi du croquant. Et au sommet, un peu de viande enfermée dans une bourse de laitue. Le bord des mondes, je trouve que c’est un très joli nom. Ça évoque l’indicible, l’inconscient, l’imaginaire. C’est le bord de mes délires, de mes limites mentales. Le bord des mondes, c’est votre moi profond, votre capacité à vous dépasser, à ne pas tricher. C’est un fil tendu entre la folie et la raison. » Propos recueillis par Virginie Félix 1 Que l’on pourra également voir à l’œuvre dans une vidéo présentée dans l’expo. • www.palaisdetokyo.com/fr/le-borddes-mondes HISTOIRE BELGE Les chambres à airs de Waterloo Il y a des jours où l’on aimerait être un virtuose du piano, du violoncelle, de l’alto, et s’abîmer dans la contemplation inspiratrice d’une haute futaie de hêtres, comme la vingtaine de rési- dents — de 12 à 28 ans — accueillis sur douze chambres équipées d’un piano, concours, pour la seule maîtrise de leur deux studios de travail et d’enregistreinstrument, à la chapelle musicale ment, une salle de concert de 250 places. Reine Elisabeth, à Waterloo (Belgique). Particularité : chaque pièce, un peu Rien de religieux ici, à moins de vénérer asymétrique pour assurer une bonne Schumann, Satie, Stravinsky… Fondée acoustique, est « une boîte dans la boîte, en 1939 par Elisabeth de Belgique, totalement isolée de ses voisines », exfemme d’Albert 1er, cette « chapelle » plique l’architecte Olivier Bastin d’excellence était à l’origine une belle (agence l’Escaut). Ainsi, quelle que soit maison art déco signée Yvan Renchon, l’heure, le pianiste de la 10 peut se déarchitecte liégeois. Elle vient de dou- chaîner sans perturber le sommeil — ou bler de surface, avec la construction, à la sonate — de la violoniste de la 9 ; tanl’arrière, sur la forêt, d’une longue et dis que dans l’auditorium mitoyen le discrète extension qui s’estompe sous public 1 applaudit autre chose. Bis ! sa double peau de verre où se reflètent — Luc Le Chatelier les nuages. A l’intérieur, tout bois, • Tout le programme sur: musicchapel.org Télérama 3398 25 / 02 / 15 41