Rencontre avec le nouveau dessinateur de presse de LFP

Rencontre avec le nouveau dessinateur de presse de LFP
Interview de François Maret
Isabelle Darbellay : François Maret, vous êtes à mi-temps dessinateur de presse pour Le
Courrier et La Liberté et à mi-temps professeur de dessin au cycle d'orientation des Collines à
Sion, mari et père comblé de 3 enfants. Que dire encore pour vous présenter ?
François Maret : Barbu, macho, amoureux, fatigué, mal coiffé, stressé, un type normal quoi.
ID : Vous vous définissez plutôt comme artiste, humoriste, critique, observateur, ou …
FM : Artiste, ça m’a toujours paru prétentieux. Humoriste, j’aimerais bien. Critique, c’est
souvent trop facile, surtout que je ne propose rien. Observateur, avec mes lunettes, je ne vois
pas très loin. Alors plutôt artisan-amuseur, ça fait faussement modeste.
ID : Est-ce difficile de mener de front ces deux activités, de fonctionnaire d'une part et
d'indépendant de l'autre ?
FM : Chacune des deux enrichit l’autre ! C’est la réponse classique. Dans la vraie vie de tous
les jours, ça prend du temps, beaucoup de temps et d’énergie. L’enseignement avec des ados,
ce n’est pas toujours Noël, mais j’aime ce travail. Et le dessin occupe mes après-midi, mes
soirées, mes week-end. Le reste du temps, je prends soin de ma famille...
ID : Rêvez-vous de vivre un jour de votre activité de dessinateur de presse uniquement ?
FM : Dessiner, c’est fantastique ! Mais travailler toujours dans l’actualité, c’est baigner
quotidiennement dans les malheurs, les guerres, les faillites, les combines… J’adore illustrer
des livres scolaires ou culturels. Et puis il y a la bande dessinée, c’est un rêve de gamin.
ID : Avez-vous un-e modèle dans le métier ?
FM : Le moins possible, pour ne pas dire que je copie. En vérité, je fais presque chaque jour un
tour sur le net pour voir les dessins de presse. Les noms qui me viennent naturellement sont
Burki, Chapatte, Herrmann, Mix et Remix (par ordre alphabétique). Mais s’il en manque, ce
n’est pas ma faute. Vous avez dû faire un oubli.
ID : Vos élèves vous voient-ils comme un prof "comme les autres" ou comme un espèce
d'amuseur public ?
FM : Pour mes élèves de 12-15 ans, je suis en général un prof tout court. Parfois, une petite
complicité se crée quand ils découvrent mon travail ou font le lien avec des illustrations qu’ils
ont vues dans leurs livres de 5ème-6ème primaire. Mais ça ne dure pas longtemps.
ID : Quel regard portent sur vous et votre personnage vos collègues ?
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FM : Tout est très discret. Il y a très peu de commentaires ou de critiques. Ça fait partie de la
vie quotidienne.
ID : Votre personnage, Le Man in Black, commente quotidiennement l'actualité avec une
mauvaise foi et une ironie hors du commun. C'est une vraie paternité que vous revendiquez ?
FM : C’est mon bébé. Mais il m’échappe souvent ! En tout cas, ce n’est pas ma faute. Vous
savez comment sont les enfants. On se met en quatre pour eux et bla bla bla …
ID : Le Man in Black dit-il tout haut ce que vous pensez tout bas ?
FM :!
ID : Comment le qualifieriez-vous avec 3 mots ?
FM : Vaniteux, suffisant, odieux, égoïste ! et parfois objectif.
ID : Expliquez nous comment vous avez créé ce personnage. A-t-il un modèle dans la réalité ?
FM : Au départ, c’était vraiment une recherche purement graphique, dans un style très différent
de ce je faisais, beaucoup plus simple, plus épuré, plus direct : une rencontre entre une envie et
une nouvelle technique pour moi, le pinceau. Pour le modèle, vu son gros nez, le Man in Black
doit être un autoportrait.
ID : Avez-vous des projets d'évolution pour Le Man in Black ? Sera-t-il par exemple bientôt
accompagné d'une femme ?
FM : Mon premier objectif est la conquête du monde et évidemment, il faudra bien que
j’associe plus souvent une femme à mon personnage.
ID : Y a-t-il des sujets que vous n'abordez jamais ou pensez-vous que tout peut être sujet de
dérision ? Y a-t-il des sujets ou personnes que vous n'avez jamais réussi à aborder ?
FM : Le repassage et la lessive, mais ma femme ne désespère pas que j’y arrive. Tous les sujets
sont bons, après il faut trouver la bonne manière de les aborder. Je n’ai pas de retenues
particulières. J’essaie juste de ne pas refuser l’obstacle quand il se présente.
ID : D'où viennent vos idées, parfois insolites et carrément décapantes ?
FM : Si je le savais, j’en ferais mon métier. En principe, je prends un crayon, je m’assieds et
j’attends…des fois, c’est vraiment long à venir.
ID : Y a-t-il un endroit où vous rêveriez de voir paraître un jour vos dessins ?
FM : Dans La Fonction Publique évidemment, mais je crois que ça se réalise. J’ai du plaisir
quand je suis lu. A La Liberté et au Courrier, je me sens très bien. C’est vrai que je suis très fier
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que mes travaux soient publiés dans la WoZ, de l’autre côté, chez nos chers compatriotes. Le
Man in Black en allemand, c’est déjà un petit bout de l’Europe.
ID : En plus des parutions quotidiennes, Le Man in Black existe déjà dans deux ouvrages. C'est
un autre moyen de parution que vous souhaiteriez intensifier ?
FM : Un recueil, c’est agréable de le tenir dans les mains, de le feuilleter. Je travaille dans le
quotidien, donc dans le rapidement oublié. Un livre, c’est de l’encre et du papier qui durent et
c’est l’occasion de montrer d’autres idées qui ne sont pas publiées dans le journal. J’espère
pouvoir continuer.
ID : Le Man in Black a déjà prouvé maintes fois son affection à G. Bush. A-t-il des têtes de
turcs ?
FM : W est mon idole. Avec ce type, on peut tout faire : du politique, du social, du militaire, du
ridicule, …mais il n’est pas vraiment sexy et il est terriblement à la mode. J’avais une petite
affection pour le personnage d’Oskar Freysinger, ex-président de l’UDC valaisanne, mais il a
quitté la scène publique. Nous sommes nombreux à attendre son retour.
ID : A quelle question que je n'ai pas posée mourrez-vous d'envie de répondre ?
FM : Quelle est l’adresse de mon site internet ? mais comme je n’en ai pas, alors une autre
question.
Quel est le nom de mon chien ? Il s’appelle Rosko, c’est un pur bâtard, poils longs, tout
noir…et gris, toujours de bonne humeur.
ID : François Maret, merci beaucoup de vous être prêté au jeu de l'interview avec disponibilité
et humour !
Propos recueillis par Isabelle Darbellay
Pour commander les aventures du Man in Black (FS 19.- un volume et FS 32.- le duo-pack) :
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