R. Paulsen (Berlin, 1883-1966), Madonna tellurique

Transcription

R. Paulsen (Berlin, 1883-1966), Madonna tellurique
R. Paulsen (Berlin, 1883-1966), Madonna
tellurique
O ces pleurs dans les pierres !
O ces gémissements dans les salles !
Ces plaintes, qu'emporte le vent,
Ces sanglots proches et lointains,
Cette nostalgie printanière de béatitudes pressenties !
Les douleurs d'innombrables grossesses,
De germes, qui dans la mort s'élancent encore vers l'être !
Les cris de ceux, qui frissonnent encore
Anxieusement, inconsciemment, vers la vie !
Les choses se dressent encore comme à demi, schématiques,
Comme aspirant ardemment au baiser de leur Dieu,
Qui doit les faire sortir du tombeau
Et les placer au soleil.
Comme Marie se fie à l'Annonciation,
Et verses des larmes silencieuses,
Profondément déchirée et repliée sur elle-même,
Ainsi la terre attend la purification du péché,
Qui naîtra de son propre sang
A la fête sacrificielle du printemps. »
(Rudolf Paulsen, Madone Tellurique) [1]
Au début, on pourrait croire que ce poème fait allusion à ce que dit saint Paul :
« Nous le savons en effet, toute la création jusqu'à ce jour gémit en travail d'enfantement. Et non pas elle
seule: nous-mêmes qui possédons les prémices de l'Esprit, nous gémissons, nous aussi, intérieurement dans
l'attente de la rédemption de notre corps. » (Romains 8, 22-23).
Et on aurait pu croire que Goethe s'inspire des liturgies de Notre Dame des semences (fête agricole
chrétienne largement répandue), ou de Notre Dame de la Délivrande (invoquée pour les accouchements)...
L'Annonciation est évoquée, cependant Marie n'est nullement présentée comme la Mère Verbe incarné, le
Rédempteur, la Rédemption vient simplement du « sang de la terre » (cf. les innombrables grossesses) et du
« printemps ».
Force est de constater que l'inspiration de ce poème est simplement païenne ; Marie n'est là que comme pâle
figurante, au même titre qu'aurait pu l'être Déméter...
[1]Cité dans : Pierre Lorson sj, Notre Dame dans la littérature allemande, dans Hubert du Manoir, Maria,
tome 2, Beauchêne Paris 1952, p. 90
Françoise Breynaert
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