La cession du bail - Chambre d`Agriculture de la Vienne
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La cession du bail - Chambre d`Agriculture de la Vienne
Chronique Juridique 23/02/2011 Pour parution Vienne Rurale 24/02/2011 La cession du bail Départ à la retraite, maladie, convenance personnelle, accident entraînant une incapacité à travailler … font partie des nombreuses raisons qui peuvent conduire un exploitant à cesser son activité agricole. L’agriculteur dispose librement des parcelles dont il est propriétaire, il peut donc les louer, les vendre ou bien encore les prêter. Il en est autrement des terres agricoles dont il détient la jouissance en vertu d’un bail rural. La cession du bail par le fermier est en principe interdite. Néanmoins, des exceptions sont envisageables dans le cadre de la transmission du bail à son conjoint ou à ses descendants. Principe Selon les dispositions de l’article L.411-35 du Code rural « toute cession de bail est interdite, sauf si la cession est consentie, avec l'agrément du bailleur, au profit du conjoint ou du partenaire d'un pacte civil de solidarité du preneur participant à l'exploitation ou aux descendants du preneur ayant atteint l'âge de la majorité ou ayant été émancipés. A défaut d'agrément du bailleur, la cession peut être autorisée par le tribunal paritaire ». Ce principe étant reconnu d’ordre public, le bailleur et le preneur ne pourront pas y déroger par l’insertion de clauses particulières dans le bail. La cession à son conjoint ou à ses descendants Le fermier a la possibilité sous certaines conditions de céder son bail à son conjoint (marié ou pacsé) ou à ses descendants. La cession est donc possible au profit des enfants ou petits enfants du fermier ayant atteint l’âge de la majorité. En aucun cas elle ne peut être effectuée au profit du gendre du fermier du fait de l’absence de lien de filiation. Enfin, la cession du bail par le fermier au profit de son conjoint est envisageable à condition que celui-ci participe déjà à l’exploitation. Autorisation préalable nécessaire Afin de céder son bail, le fermier doit obtenir préalablement l’agrément de son propriétaire. Cette autorisation peut être expresse ou tacite. La jurisprudence admet que l’autorisation tacite peut être acquise au regard du comportement du bailleur. Néanmoins, elle est stricte en la matière et considère que le simple encaissement de loyer par le bailleur sans protestation de sa part ne constitue pas une manifestation claire et non équivoque d’agrément de celui-ci. Lorsque la propriété d’un bien est démembrée, l’usufruitier ayant la qualité de bailleur peut consentir seul la cession du bail sans qu’il soit nécessaire d’obtenir l’accord du nu propriétaire. A défaut d’accord du bailleur l’autorisant à céder son bail, le fermier peu saisir le Tribunal Paritaire des Baux Ruraux. Afin de se prononcer sur la cession du bail, les juges s’attacheront à vérifier que la dite cession ne risque pas de nuire aux intérêts du bailleur. Ils considèreront donc d’une part le comportement du preneur au cours de son bail ainsi que les qualités que présente le potentiel cessionnaire. Contrôle des structures Le cessionnaire (personne à qui l’on cède le bail) a les mêmes obligations au regard du contrôle des structures que le fermier au moment de la conclusion du bail. Par conséquent, il lui revient d’obtenir l’autorisation d’exploiter éventuellement requise. Sanctions La cession d’un bail réalisée sans autorisation préalable du bailleur constitue une cession prohibée. Le propriétaire pourra saisir le Tribunal Paritaire des Baux Ruraux pour demander, d’une part la résiliation du bail initial et d’autre part le versement de dommages et intérêts du fait de l’inexécution du bail. La résiliation n’intervient pas de plein droit. Par conséquent, il reviendra au propriétaire d’apporter la preuve de la cession illicite par tous moyens. Enfin, le bail étant dépourvu de toute valeur patrimoniale, il est interdit pour le fermier en place d’exiger de son successeur le versement d’une somme d’argent destinée à rémunérer sa renonciation au bail . Anthony ARLOT, Juriste Chambre d’Agriculture de la Vienne