Bâle II, Réallocation des Portefeuilles de Crédits et

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Bâle II, Réallocation des Portefeuilles de Crédits et
Bâle II, Réallocation des Portefeuilles de Crédits et Incitation
à la Prise de Risque : une Application au Cas des Pays
Emergents d'Asie du Sud-est
Olivier Bruno * , Alexandra Girod£
Résumé.
Nous analysons l’impact de l’approche par les notations internes du nouvel accord de Bâle
(ci-après Bâle II version IRB) sur les portefeuilles de crédits des banques et sur leur
incitation à la prise de risque. Les exigences en capital réglementaire de Bâle II sont basées
sur le taux de défaut de chaque crédit financé par les banques. Ce taux de défaut est établi en
prenant en compte le risque idiosyncrasique du crédit (sa propre probabilité de défaut) et sa
sensibilité au facteur de risque systématique. La relation entre ces deux facteurs de risque est
supposée décroissante de la probabilité de défaut du crédit dans Bâle II. Cette hypothèse
implique que la charge marginale en capital pour une banque finançant un crédit plus risqué
est décroissante. La charge marginale décroissante des exigences en capital doit être
comparée au gain croissant lié au financement de crédits plus risqués, mesuré par le spread
de crédit sur l’actif sans risque. Nous montrons ainsi que, pour des banques initialement
risquées, il existe un biais incitatif au financement de crédits davantage risqués lors du
passage de Bâle I à l’approche IRB de Bâle II. Ce biais incitatif est en contradiction avec
l’objectif principal de Bâle II de réduire le risque global encouru par les banques.
Abstract.
We analyze the impact of the new Internal Rate Based (IRB) Basel II capital requirements on
the credit portfolio of banks and on their incentive to take risk. We show that for some
initially risky banks, there is an incentive bias to finance a riskier credit bucket when they
shift from Basel I to IRB Basel II capital requirements. Basel II bank capital requirements is
based on the default rate of each loan financed by a bank. This rate is measured taking into
account the specific risk of the credit (its own default probability) and its sensitivity to a
systematic factor of risk. The relationship between these two risk factors (specific and
systematic) is assumed to be decreasing with the default probability of a credit. This
assumption implies that the marginal capital amount for a bank that finances a riskier credit
is also decreasing. In order to appraise banks' incentive to finance risky projects, we compare
this marginal decreasing amount of capital requirements with the increasing gain linked with
the financing of riskier credits, which is measured by credit spreads. Under some conditions
on the value of credit spreads, we show that the tradeoff between marginal cost and marginal
gain may encourage initially risky banks under Basel I capital regulation to increase their
level of risk under IRB Basel II capital regulation. This incentive bias towards a riskier credit
portfolio is in contradiction with Basel II's main objective of reducing the global risk taken by
banks.
*
Université de Nice Sophia-Antipolis, Gredeg-Cnrs, Ceram Business School.
250, rue Albert Einstein, 06 560, Valbonne Sophia-Antipolis, France.
£ Université de Nice Sophia-Antipolis, Gredeg-Cnrs.
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