Classification des tumeurs
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Classification des tumeurs
Classification des tumeurs Pr MD DIEBOLD DCEM1 Classification des tumeurs Définitions • Tumeur – Initialement : toute tuméfaction déformant un organe ou une partie du corps. Définition trop large (collections liquidiennes, kystes, pseudo-tumeurs inflammatoires, dystrophies, malformations congénitales…) – Actuellement : tumeur = néoplasie masse tissulaire en excès néoformée constituée par une prolifération cellulaire anormale échappant aux mécanismes de régulation de l'organisme • Cancer : synonyme = tumeur maligne – Prolifération indéfinie d'une lignée cellulaire (1 ou plusieurs clones) dont l'évolution spontanée est mortelle, habituellement liée à l'extension de la tumeur à tout organisme • Oncologie : science des tumeurs Classification des tumeurs Nécessité absolue de langage commun pour dénommer les tumeurs définition précise reposant sur des critères anatomo-pathologiques – Nécessité pour le diagnostic, le pronostic, le traitement – Echange et comparaison de protocoles, diagnostiques et thérapeutiques – Enquêtes épidémiologiques et statistiques • Tumeur primitive Edification cellulaire persistante résultant de la croissance anormale de cellules transformées nées sur place • 2 grands types – Tumeurs bénignes – Tumeurs malignes Tumeurs bénignes très fréquentes et ubiquitaires • Critères de bénignité – – – – développement local croissance lente pas d'essaimage reproduction de très près de la structure du tissu normal correspondant. • Développement – indépendant mais non anarchique • Aspects macroscopiques – – – – limitation : capsule ou plan de clivage couleur : celle du tissu d'origine taille : variable nombre : variable Tumeurs bénignes • Aspects architecturaux – – – – – papillome : Revêtement malpighien condylome adénome Revêtement glandulaire cystadénome parfois composite : adénofibrome • Aspects cellulaires : – proches du tissu normal (différenciation normale) • Aspects fonctionnels : – identiques – ou hyper fonctionnement +++ – hypo fonctionnement Evolution • Bénignité n'égale pas innocuité – compression – sténose – troubles métaboliques • Perturbations circulatoires – – – – – œdème hémorragie torsion nécrobiose aseptique torsion rupture • Remaniements du tissu conjonctif – sclérose – kystisation – calcification Evolution (suite) • Phénomènes inflammatoires – adhérences • Anomalies cellulaires – diagnostic différentiel tumeurs malignes • Récidives – en principe : pas • Transformation maligne – exceptionnelle sauf si comporte des lésions de dysplasie (ex. adénome du côlon) • Problèmes des tumeurs à malignité intermédiaire – Ex : adénome pléomorphe glandes salivaires mauvaise limitation (multinodulaire) récidive +++ – autre ex : carcinome basocellulaire de la peau : malignité exclusivement locale. Caractères principaux Tumeurs bénignes Tumeurs malignes lent variable Extension refoule sans détruire envahit, détruit Limitation circonscrite (capsule) infiltrante exceptionnelle habituelle inexistant métastases Effets sur l’hôte nuls sauf complication souvent graves assez souvent mortels Architecture et aspect cytologique différenciée ± différenciée (celle du tissu normal) Comportement local Accroissement Récidive (vraie) Comportement général Essaimage Facteurs étiopathogéniques Le plus souvent pas d'étiologie • Tumeurs bénignes dysgénétiques : – Ex. tératome mature : kyste dermoïde de l'ovaire • Tumeurs bénignes virales : – – – – verrue vulgaire papillome laryngé condylome acuminé (génital) : HPV molluscum contagiosum • Le plus souvent étiologie ? Condylome : col utérin UMVF2005 Revêtement malpighien normal Condylome : koïlocytes Classification des tumeurs • Elle a pour but de définir des groupes homogènes comparables, permettant d'avoir une attitude thérapeutique précise adaptée au type de la tumeur • Elle repose sur des données : – – – – Macroscopiques Microscopiques Evolutives Permet de déterminer : • Deux grands groupes de tumeurs – Tumeurs bénignes – Tumeurs malignes – Mais il existe des tumeurs dont le potentiel évolutif est imprévisible (sur les critères morphologiques) : tumeurs à malignité intermédiaire ou incertaine • Le type histologique – A pour but de déterminer la nature et l'origine de la prolifération cell. Classification des tumeurs (suite) Terminologie – Tumeurs bénignes (tissu normal dont elle est issue) : "ome" - Carcinome (T. mal. épithéliales) – Tumeurs malignes - Sarcome (T. mal. conjonctives) - Blastome (T. mal. embryonnaires) Exemples : • Carcinome glandulaire = adénocarcinome • Sarcome ostéogénique = ostéosarcome ATTENTION Certaines dénominations sont imprécises ou trompeuses • Mésothéliome : bénin ou malin • Hépatome = hépatocarcinome • Lymphome =T maligne tissu lymphoide Nomenclature des tumeurs Tissu d'origine Tissu épithélial Tissu conjonctif Système nerveux Bénigne Maligne Malpighien Transitionnel Glandulaire Papillome, condylome Carcin. épidermoïde Papillome Carcinome urothélial Adénome Adénocarcinome "ome" "sarcome" Commun Différencié Fibrome Fibrosarcome - adipeux - cartilagineux - osseux - histiocytaire - musc. Lisse - musc. Striée - synovial - vasculaire - lymphoïde - hématopoïétique Lipome Chondrome Ostéome histiocytofibrome Leïomyome Rhabdomyome Liposarcome Chondrosarcome Ostéosarcome Histiocytofibrome malin Leïomyosarcome Rhabdomyosarcome Synovialosarcome Angiosarcome Syndr. lymphoprolifératif Syndr. myéloprolifératif Méninges Cell. Gliales Méningiome astrocytome Ménigiome malin Glioblastome Cell. de Schwann Schwannome Schwannome malin angiome Nomenclature des tumeurs (suite) Tissu d'origine Tissu mésothélial Tumeurs næviques Bénigne Mésothéliome bénin Mésothéliome malin Nævus nævocellulaire Mélanome malin Gonies Tumeurs germinales et embryonnaires Annexes embryonnaires - sac vitelin - placenta Disque embryonnaire Complexes (pluritissulaires) Vestiges embryonnaires Maligne Séminome, dysgerminome Môle hydatiforme Dysembryome (tératome) mature ou bénin T. du sac vitellin Choriocarcinome Carc. Embryonnaire Dysembryome (tératome) immature ou malin T. de blastème (néphroblastome, sympathoblastome) Tumeurs de structure composite • Bénignes – Exemples : adénofibrome - angiomyolipome • Malignes – Exemples : carcinosarcome (rare)- T N end +AdKc : MANEC) Particularités – Viscères : parfois le nom d'organes est utilisé comme substantif • Hépatome = hépatocarcinome • Corticosurrénalome = bénin ou malin – Tumeurs d'origine mal connue : dénomination en rapport avec la morphologie • Sarcome à ¢ claires, tendino-aponévrotique Tumeurs désignées par des noms propres – Tumeur de Grawitz = adénocarcinome à ¢ rénales – Tumeur de Wilms = néphroblastome Tumeurs endocrines désignées par leur produit de sécrétion: à Glucagonome Insulinome, gastrinome à utiliser seult qd tableau clin en rapport avec sécrétion: sinon dire T. endocrine sécrétant … – …. Noms bizarres – Phéochromocytome = tumeur de la médullosurrénale – Carcinoïde = tumeur neuroendocrine secrétant de la sérotonine – Nésidioblastome = tumeur des ilots de Langerhans Typage histologique Il repose sur : – 1)Données morphologiques microscopiques – 2)Mise en évidence de « marqueurs » • 1) Notion de différenciation tumorale – Définition : degré de ressemblance au tissu d'origine (ou tissu homologue) – Une tumeur est : • Bien, moyennement, peu différenciée ou indifférenciée • anaplasique : degré extrême de l'indifférenciation où l'on ne peut reconnaître la nature de la prolifération : épithéliale, conjonctive lymphoïde …? • le degré de différenciation est apprécié par les méthodes histologiques conventionnelles (caractères cytologiques et architecturaux) au microscope optique Importance pronostique +++ Typage histologique (suite) – Dans les carcinome épidermoïdes outre la différenciation : cadres intercellul, ponts d'union, on évalue la maturation: kératinisation 2) Aide au diagnostic : les marqueurs cellulaires : – histochimiques : mise en évidence d'un produit de secrétion ex : mucus (signe de différenciation glandulaire), mélanine.. – Enzymatiques : mise en évidence d'une enzyme spécifique d'un type cellulaire – Ultrastructuraux : filaments intermédiaires, jonctions intercellulaires, granules endocrines – Immunohistochimiques Immunomarquage : applications et marqueurs • Nature des marqueurs – GENERAUX : de classe tissulaire : épithéliaux, conjonctif, lymphoïde, nerveux – PLUS SPECIFIQUES • Antigènes oncofœtaux : alphafœto protéine, ACE • Mucines et glycoprotéines : Ca 125, Ca 19-9, Ca 15 3 • Protéines spécifiques : Ag spécifique de prostate, chromogranine A (diff neuro endocrine) • But : – Indiquer la nature d'une tumeur (ne faisant pas la preuve de sa différenciation par les colorations standards et spéciales sur les coupes) – Indiquer l'origine d'une métastase – Préciser le caractère secrétant et la nature du produit secrété (ex : tumeurs neuroendocrines en particulier) – Faire le diagnostic de malignité d'une prolifération lymphoïde: sur la monoclonalité et son type (lymphome B ou T) – Typer un dépôt de substance interstitielle (ex: amylose…) Principaux marqueurs immunologiques • Marqueurs de groupes tissulaires – Epithéliaux • Kératine(pan ker: KL1 ou Ker diff PM) • Antigène de membrane épithéliale (EMA) – Conjonctifs • Vimentine – Lymphoïdes • Antigène leucocytaire commun : CD45 • Marqueurs de types cellulaires – Endocrines • De T dérivées de cell sécrétant des peptides commun avec ceux du SN : Chromogranine A, • Hormonaux : gastrine glucagon.., ou associé aux hormones : thyroglobuline…. – Prostate • Antigène spécifique de prostate • Phosphatase acide prostatique Applications à la pathologie tumorale • A chaque type de tissu correspond un antigène commun qui lui est spécifique • Sous type un ou plusieurs Ag (±) spécifiques – Tissu épithéliaux Malpighien (CK5 – 6) • Kératine + • EMA + glandulaire – Tissu lymphoïde Glandulaire (CK 7 – CK20 CK19…) • Antigène leucocytaire commun + B lymphocytes (CD20+) T lymphocytes (CD3+) – Tissu conjonctif • Vimentine + Sous types SP 100 (cellule de Schwann) Desmine (cellule musculaire) CD31 (cellule endothéliale) myogénine (cellule musculaire striée) Immunomarquages • Méthodes – Application d’ anticorps marqué (coloré ou fluorescent) spécifique de l'antigène recherché sur coupes tissulaires - les anticorps utilisés st le plus souvent monoclonaux(souris) - Le + svt sur coupes en paraffine • Réaction en 2 ou 3 couches économie de l'anticorps primaire amplification du signal • Règles d'interprétation – Témoins + et - , artéfacts (nécrose…)… – Confrontation nécessaire avec morphologie Pour les métastases si Kc primitif connu : rapporter la métastase à ce Kc (même type) • Si métastase révélatrice (Kc primitif inconnu) : arguments d’orientation vers le Kc primitif fonction : Du type : AdKc, Kc épidermoïde, Kc neuro endocrine, sarcome. de la différenciation: ex : lieberkhünienne.. si difficile (tum. peu différenciée): apport de l’IHC Ex: Rec oestr Rec prog spéc (relativt ) indicateurs Kc sphère génitale Rarement Ag spécifique d’organe: seulement Ag spéc de prostate Du siège de la métastase: si gg : en rapport avec le drainage lymphatique de la Tum. Primitive (ex gg axillaires Kc sein) si viscéral : avec le drainage sanguin: (Ex: foie drainant syst porte et donc principalement Kc T. dig ) IHC sur coupes tissulaires Schéma d'immunomarquage en 3 couches PAP = peroxydaseantiperoxydase (Complexe stable) + chromogène Ac souris PAP anti-lapin Ac lapin anti-souris Ac souris La réaction finale colorée est obtenue en faisant agir un chromogène (qui réagit avec la peroxydase) Exemple: Immunomarquage anti kératine sur muq. Bronchique : cell. Marquées (en brun) st les cell. en metapl malpighienne. Les cell cylindriques bronchiques ne st pas marquées () Immunomarquage par Ac anti ACE : marque les cell. tumorales adénocarcinomateuses IHC : marquage des vx lymph (en brun) authentifiant la présence de cell Kc ds les vx lymph. Rôle de l’anatomopathologiste dans le diagnostic du cancer • Identification de la tumeur maligne et dénomination selon la classification internationale de l’OMS • Sur pièce opératoire : évaluation de l’extension de la tumeur maligne : classification pTNM Classification internationale des tumeurs = OMS (WHO) • Etablie sur les critères microscopiques (photographie microscopique correspondant à chaque tumeur dans sa forme typique) Diagnostic précis Pronostic spécifique à chaque tumeur Exemple : – Peau: carcinome basocellulaire : évolution exclusivement locale carcinome spinocellulaire (risque de métastase) – Testicule : séminome meilleur pronostic que dysembryome malin… Classification TNM Pour une tumeur donnée, méthode d'évaluation clinique aussi précise que possible tenant compte = : – De la taille de la tumeur, de sa mobilité ou fixation au tissu voisin (T) – De l'état d'éventuels adénopathies régionales (N) – De l'absence ou en présence de métastases à distance (M) Exemple : pour le cancer du sein de : T1 à T4 N0 à N3 M0 à M+ Tx, Nx, Mx = données d'appréciation impossible Classification basée sur clinique, radio simple, lymphographie, endoscopie – Doit être établie avant tout traitement anti-cancéreux – Doit demeurer ainsi même si les données initiales sont contredites en cours d'évolution par des renseignements complémentaires TNM tenant compte des données anatomo-pathologiques classification pTNM avec pT, pN, pM Classification évoluant ds le temps (N° édition TNM actt 7ème édition 2009) Dernière classif TNM 2009 Classif OMS 2010 des T. du Tube Digestif EXEMPLE Exemple : classification pTNM pour Kc colon et rectum (TNM 2009) T = niveau d’infiltration maximale dans la paroi colique et au delà STADE (staging) • Plus simple à exprimer que pT, pN, et pM • Permet de faire des groupes homogènes de patients et de comparer les effets des protocoles thérapeutiques (inclusion de centaines voire de milliers de patients) • Classif également internationale spécifique à chaque type de tumeur maligne EXEMPLE :Kc colo rectal Exemple : staging pour Kc colon et rectum (TNM 2009) Role de l’anatomo pathologiste ds le diagnostic du Kc Sur prélèvts cytolog : • Dic de critères de malignité • de type histologique si différenciation, quantité et conservation suffisantes Rôle de l’anatomo pathologiste ds le diagnostic du Kc Sur prélèvements tissulaires (biopsies): Diagnostic: - de malignité - d’invasion du support conj si T épithéliale (diagnostic différentiel Kc intra-épithélial / Kc invasif) - du type histologique Rôle de l’anatomo pathologiste ds le diagnostic du Kc Sur pièce opératoire: • Diagnostic précis de la tumeur maligne (classif OMS) • + état des limites de résection (qualité du geste opératoire) • + extension du processus (classif TNM) • parfois indice prédictif de réponse au Tt (ex : rec hormonaux dans le Kc du sein) • Effet du traitement : (si administré en pré-opératoire) nécrose • Éventuellement signe(s) de prédisposition héréditaire (Kc colon) ou de maladie prédisposant au Kc. Rôle de l’anatomo pathologiste ds le diagnostic du Kc : et encore. • élaboration et contrôle des tumorothèques • préparation des échantillons + étude en biologie moléculaire (pathologie molécul) participation aux données épidémiologiques Principes et gestion d’une tumorothèque Conservation des échantillons à -80°C : congélateurs Personnel dédié Système informatique pour traçabilité et annotations cliniques Échantillons bruts ou dérivés : ADN, ARN, protéines… Contrôles de qualité Financement INCA En Champagne Ardennes : tumorothèque (TCA) depuis 2005 Tumorothèque • A. prélèvements à visée sanitaire • B. autres prélèvements « à visée autre (recherche) » A. TUMOROTHEQUE « A VISEE SANITAIRE » But: Bénéfice direct du patient : la mise en évidence d’anomalies moléculaires peut être indispensable au diagnostic et au traitement (actuel ou avenir) Types de tumeurs - Tumeurs pédiatriques - Lymphomes - Myélomes - Sarcomes et GIST (gastrointestinal stromal tumors) - Tumeurs du système nerveux central Et toutes les tumeurs pouvant entrer dans le cadre d’une prédisposition héréditaire Cliniciens: Y penser : obligatoire pour les prélèvements à visée sanitaire (envoi prélèvement à l’état frais) PROTOCOLE SCHEMATIQUE DE PRISE EN CHARGE D’UNE TUMEUR A VISEE SANITAIRE (Lymphomes, sarcomes, GIST, tumeurs pédiatriques, CCR: patients de moins de 50 ans) Chirurgien Anatomo-pathologiste Pour renseignements : Tumorothèque Champagne Ardenne Information Pièce opératoire Patient à 30 min Non opposition Anatomo-pathologiste TS Légende : TT : Tissu Tumoral TS : Tissu Sain Examen anatomopathologique TT Congélation Tumorothèque Champagne Ardenne Anatomo-pathologiste Laboratoire de Biologie Moléculaire B. Tumorothèque à visée autre (recherche) • Mêmes conditions de prélèvements et de stockage Pour le clinicien Dans tous les cas (A et B) : fournir une fiche de non opposition (ou consentement du patient) sans lequel aucune exploitation scientifique ne sera possible Rôle du Pathologiste • Prélèvement des fragments à congeler sur zone d’intérêt (éviter la nécrose) • Contrôle de la qualité de l’échantillon : pourcentage de cellules tumorales • Intégration du CR de Biol. Mol. au CR d’anatomie pathologique • Organisation et développement des tumorothèques Tumorothèque Virtuelle Nationale (catalogue des échantillons tumoraux annotés ) Epidémiologie : rôle du pathologiste Le réseau de surveillance épidémiologique nationale des cancers Registres des cancers qualifiés en France métropolitaine en 2008.