Définition du projet

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Définition du projet
FASCICULE 1
Défi golfe de Gascogne
Fascicule 1 - Définition du projet golfe De Gascogne
Descriptif du projet
Introduction
Objectifs du projet
Mode d’approche, hypothèse et théorie
Synopsis des actions
Insertion nationale et internationale, coopérations
Moyens
Fascicule 2 - Contenu des opérations
1 - DYNAMIQUE PHYSIQUE DE L’HABITAT
1.1
L’hydrodynamisme du Plateau atlantique dans le défi golfe de Gascogne
1.2
Circulation de grande et moyenne échelles dans le golfe de Gascogne :
processus de talus et influences climatiques
1.3
Reconnaissance de structures sédimentaires : La Grande Vasière
1.4
Caractérisation des processus sédimentaires « actifs »
2 - POPULATIONS
2.1
Petits Pélagiques, Forevar
2.2
La sole dans le défi golfe de Gascogne
2.3
Fonctionnement du système de production de la ressource bar et
modélisation bioéconomique du système d’exploitation
2.4
Dynamique de population d’espèces phytoplanctoniques
3 - PEUPLEMENTS
3.1
Variabilité et rôle trophique de la matière organique dissoute de différentes
origines
3.2
Caractérisation et fonctionnement des réseaux trophiques planctoniques
3.3
Caractérisation et modélisation du compartiment phytoplanctonique dans la
partie Nord du Golfe de Gascogne
3.4
Peuplements halieutiques démersaux et pélagiques
3.5
Modélisation de la bioaccumulation de contaminants organiques dans
différents réseaux trophiques du golfe de Gascogne
3.6
Effets de l’anthropisation sur les interactions environnement/ressources
4 – SYSTEME PECHE ET GESTION
4.1
Scénarios d’aménagement des activités de pêche dans la bande côtière
bretonne
4.2
Dynamique des capacités de pêche et instruments de régulation
4.3
Dynamique spatiale et saisonnière des pêcheries
5 - DEVELOPPEMENTS TECHNOLOGIQUES
5.1
5.2
Développements technologiques en soutien du défi golfe de Gascogne
Programmes AUVs littoraux, côtiers et halieutique
DÉFI GOLFE DE GASCOGNE
Rédacteurs
Jean Boucher
-
coordination
Cédric Bacher
Pierre Le Hir
Christian Béchemin
Véronique Loizeau
Jean-François Bourillet
Philippe Marchand
Patrick Gentien
Yvon Morizur
Jean-François Guillaud
Pierre Petitgas
Olivier Guyader
Dominique Pelletier
Alain Herbland
Vincent Rigaud
Françoise Lagardère
Marie-Joëlle Rochet
Pascal Lazure
Catherine Talidec
Secrétariat
Rachel Cazenave
Gestion
Loïc Gourmelen
Sylvie Nouhant
Défi n°1 : Défi golfe de Gascogne
Système d’interactions ressources, environnement, exploitation
Défi golfe de Gascogne
Définition du Projet
Coordination : Jean Boucher
Introduction
Motivations et contexte
La prise de conscience des limites des capacité de production de la nature et la reconnaissance
de l’ampleur des effets des activités humaines et des risques encourus, ont conduit à l’adoption
de conventions internationales (OSPAR, Rio, Cancun…), pour gérer et préserver ces capacités.
Ces résolutions, ont été traduites en Communications et Directives Européennes qui entrent
maintenant en application aux niveaux nationaux. Le nouvel enjeu est d’élaborer les
connaissances scientifiques et techniques nécessaires aux décideurs pour : déterminer les
objectifs de préservation, et de restauration des écosystèmes, définir des mesures de régulation
appropriées et les méthodes de surveillance de leurs effets.
La communauté scientifique a soutenu les différentes étapes de cette démarche. Les crises, les
dysfonctionnements et les changements d’état, ont été décrits pour une grande variété
d’écosystèmes, en Baltique, Mer Noire, Mer du Nord, côtes d’Alaska… Pour chacun, des causes
principales ont été identifiées dans l’effet d’un type d’activité humaine, l’exploitation par pêche et
l’aquaculture, la fertilisation par apports de N et P, la pollution chimique et toxique, et les
introductions d’espèces exogènes. Bon nombre de phénomènes sont encore à décrire et à
comprendre. Mais de nouvelles questions surgissent pour définir une approche écosystémique
de la gestion.
Cette évolution a également été suivie pour le golfe de Gascogne. C’est l’un des grands
écosystèmes marins (LME), qui fait depuis une vingtaine d’années, l’objet d’évaluation des
ressources halieutiques et aquacoles, d’enquêtes sur la structure et l’évolution des filières
professionnelles, de surveillance de la qualité du milieu. De nombreux programmes d’étude de
la Météorologie, de l’Océanographie Physique, Chimique et Biologique, et de l’Economie de la
région, y sont développés. Face à l’état des ressources et à la variété des mécanismes en jeu,
la nécessité s’était déjà fait jour d’un plan scientifique intégré. Une réflexion commune francoespagnole (IEO-IFREMER), a identifié des lacunes à combler dans la compréhension des
processus de couplage de la dynamique physique du milieu et des cycles vitaux des espèces,
des interactions biotiques et de l’impact de la pêche (Santander 1998). Ces recherches sont
maintenant réalisées dans le cadre du Programme National Environnement Côtier (PNEC),
mené en association par l’IFREMER, l’INSU, l’IRD et le BRGM. La nouvelle impulsion donnée
est motivée par le renouvellement des objectifs de gestion et de préservation des écosystèmes :
l’impératif du développement durable.
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Défi n°1 : Défi golfe de Gascogne
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Le principe de Développement Durable est de : « Répondre aux besoins du présent sans compromettre la
possibilité des générations futures de répondre à leurs propres besoins » (Rapport Brundtland,WCED,
1985 ; Rio, 1992. Selon le Code de Conduite des Pêches Responsables (FAO, 1995): « L’exploitation
durable des ressources des pêcheries est l’objectif premier de conservation et de gestion ». Depuis, les
états riverains de Mer du Nord (North Sea Secretariat, 1997), ont développé le principe de Pêches et
Environnement Durables qui intègrent la préservation sociale et économique de l’activité, celle des
ressources exploitées et de l’environnement. Les mesures de préservation, de conservation et de gestion
sont élaborées à partir d’une approche écosystémique : identifier les processus et leurs influences
critiques pour conserver la structure, les fonctions, la production et la biodiversité des écosystèmes, en
prenant en compte les interactions de leurs différentes composantes, et en assurant un environnement
chimique physique et biologique correspondant à un haut niveau de protection.
Etat de Santé du golfe de Gascogne : question
Les caractéristiques du golfe de Gascogne et les problèmes posés, sont synthétisés ici à partir
de l’analyse exhaustive de son Etat de Qualité réalisé par la Commission OSPAR (2000 a et b).
Tous les stocks halieutiques du golfe de Gascogne sous gestion Communautaire présentent des
signes de surexploitation (diminution de longévité, déclin d’abondance, variabilité) ; les trois
quarts d’entre eux sont au-delà des seuils de sécurité biologique. Bien que la Politique
Commune des Pêches ait entraîné une réduction de la puissance motrice et du tonnage des
navires ces quinze dernières années, aucun signe de restauration de l’abondance des stocks
n’a été observé (OSPAR Commission, 2000 a), ni sur la mortalité par pêche (OSPAR
Commission, 2000 b). L’origine du problème réside dans l’ajustement du niveau d’exploitation à
la croissance des populations exploitées en particulier dans la définition de ce niveau de
croissance déterminé par les conditions physiques et biotiques de l’écosystème (Hall, 1999).
L’exploitation influe directement et indirectement sur la croissance des populations par la
mortalité, les pressions sélectives, l’altération des habitats. Simultanément, les conditions
d’environnement ont également varié et évolué sous l’influence des variations du climat et des
activités anthropiques dans le golfe au cours de ces dernières décennies (carte 1).
Les variations climatiques à l’échelle des Oscillations de pression atmosphérique Nord
Atlantique (NAO), ont des périodes d’environ 3 à 20 ans avec le signal le plus fort de 7 à 10 ans.
Depuis les années 80 l’augmentation de l’indice NAO s’accompagne , pour le N. E. Atlantique,
d’une augmentation de la température moyenne de surface, des régimes de vents d’ouest, des
écarts thermiques saisonniers et probablement des débits fluviaux (OSPAR Commission 2000
a). Ces changements climatiques, relayés par leurs conséquences hydrodynamiques, ont des
conséquences reconnues sur la croissance (recrutement) des populations halieutiques. Ils
influent selon les cas d’espèces et les régions sur la superficie et la robustesse des aires
d’habitat, les conditions de transport, la date et le niveau de production de la nourriture
nécessaire aux différentes écophases des cycles vitaux (Cushing, 1982 ; Sinclair, 1987 ; Bakun,
1999).
« L’ écosystème Golfe de Gascogne » répond également à ces variations climatiques :
l’immigration d’espèces de poissons tropicaux, les changements d’espèces dominantes du
plancton…, sont attribués aux sources de variabilité climatiques (OSPAR Commission, 2000 a).
D’autres activités que la pêche interviennent dans les changements observés. Le milieu est
fertilisé par l’enrichissement en nutriments issus de l’agriculture. Les zones côtières de Bretagne
et des Landes présentent des caractéristiques (niveau de production phytoplanctonique, date et
saisonnalité des efflorescences, et changements de composition spécifique y compris la
fréquence des efflorescences toxiques), considérées comme des indices d’eutrophisation
(OSPAR Commission, 2000 a). Même une région classée sans risque comme la Baie de Vilaine
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Système d’interactions ressources, environnement, exploitation
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présente des crises anoxiques estivales. Dans le bilan de fertilisation du milieu, les apports en
déchets organiques et nutriments issus de l’aquaculture sont considérés comme minimes,
même si à l’échelle locale (dans les bassins et les baies), cette activité a changé les habitats et
les peuplements. Enfin, les connaissances manquent sur les relations entre les apports de
substances polluantes et toxiques, leurs concentrations et leurs effets (OSPAR Commission,
2000 a, 2000 b). Les apports en nutriments et polluants chimiques sont particulièrement
marqués en zone estuarienne et dans les baies. Cependant, c’est à l’échelle du système côtier
que leurs conséquences se manifestent sur la structure et la production des premiers niveaux
de l’écosystème à cause de l’exportation des nutriments et de matériel particulaire par les
panaches fluviaux.
Ces changements largement déterminés par l’anthropisation des bassins versants interagissent
avec les effets de l’exploitation par pêche. Ils influent directement sur la production des
ressources halieutiques dans les zones côtières qui sont suivant les espèces des aires de frai
ou de nourricerie.
Enfin, l’exploitation par pêche elle-même a contribué aux changements de l’environnement des
stocks par l’effet physique des engins sur les fonds, la mortalité de la faune touchée ou
capturée, et les pressions différentielles exercées sur les populations par la faible sélectivité des
engins.
Dans les grands écosystèmes marins (LME), les causes de changement ont été identifiées pour
chacun des types d’activité humaine. Toutes les études ont démontré que le niveau d’impact de
chaque activité dépendait des conditions climatiques que ce soit l’exploitation par pêche et
l’aquaculture (Jennings et Kaiser, 1998 ; Jennings, et al., 2001 ; Hall, 1999 ;Lindeboom et de
Groot, 1999), la fertilisation par apports de N et P (Heip, 1995 ; Jorgensen et Richardson, 1996 ;
Menesguen et Hoch, 1997 ; Aminot et al., 1998 ; Guillaud et Ménesguen, 1998 ; National
Research Council, 2000), la pollution chimique et toxique (Laane et al., 2001), et les
introductions d’espèces exogènes (Carlton et Geller, 1993 ; Mac Neely et al., 1995). Les effets
directs sur les ressources cibles s’accompagnent de conséquences indirectes propagées par le
jeu des interactions au sein de l’écosystème. Tous les phénomènes ne sont pas encore connus,
ni même décrits pour le golfe de Gascogne. Mais la question principale porte maintenant sur les
effets synergiques des différents impacts anthropiques et climatiques. Les caractéristiques de
chaque écosystème fluctuent et évoluent avec les variations du climat, et ces caractéristiques
déterminent leurs réponses aux interactions des activités humaines. Le défi est maintenant de
comprendre comment les propriétés des écosystèmes déterminent leurs réponses à la synergie
des sources de variations naturelles et des activités anthropiques ainsi que les conséquences
socioéconomiques de ces dynamiques (Mooney et al., 1995 ; Cloern, 2001). C’est le défi
scientifique que relève le Chantier golfe de Gascogne.
Objectifs du projet
Comprendre l’interaction entre les ressources halieutiques, l’environnement et la
pression de l’homme à l’échelle régionale. Déterminer comment les facteurs sociaux et
économiques contrôlent le comportement des divers acteurs. Analyser comprendre et
prévoir l’évolution du système selon divers scénarios climatiques et économiques.
Explicité des objectifs
L’échelle d’étude est régionale. C’est l’emprise spatiale d’un grand écosystème, celle des
populations et des caractéristiques physiques de leur habitat, celle à laquelle se manifestent le
climat et ses variations. C’est aussi l’échelle à laquelle sont gérées les activités humaines.
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Défi n°1 : Défi golfe de Gascogne
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La dynamique de ce système complexe exploité est contrôlée par deux facteurs :
♦ Le climat dont les caractéristiques et les variations déterminent à long terme l’évolution du
milieu physique et des formes vivantes qui le peuplent, et à court terme la variabilité des
processus qui les lient.
♦ Les activités humaines, dont la gestion détermine la nature, les modalités et l’amplitude des
usages.
L’écosystème contrôlé par ces deux forces, est divisé en trois composantes majeures qui
interagissent : ressources, environnement et activités humaines. Les ressources se définissent
en fonction d’un usage anthropique. L’environnement est l’ensemble des autres formes vivantes
et des conditions physico-chimiques du milieu. Les ressources halieutiques sont choisies
comme espèces cibles du projet en raison de leur état (OSPAR Commission 2000 b), et parce
qu’elles sont l’objet direct de l’ensemble des formes d’usages et de gestion actuelles. Les
espèces exploitées par la pêche sont la dernière source naturelle de production alimentaire pour
les populations humaines, constituent un réservoir de formes domesticables par l’aquaculture,
soutiennent les activités touristiques et participent à la représentation de l’environnement que se
forgent les sociétés. L’ensemble des pressions anthropiques est pris en compte : c’est l’effet de
la synergie des pressions anthropiques qui est actuellement l’inconnue et la pêche n’est pas le
seul agent des changements.
Emprise géographique du chantier
L’écosystème côtier est classiquement défini comme le domaine correspondant au plateau
continental de la côte aux accores. Le chantier golfe de Gascogne est côtier. Il ne peut pas avoir
de frontières géographiques strictes, à cause de la nature fluide et diffuse du milieu ainsi que
des différences d’emprises spatiales des composantes de l’écosystème y compris les activités
humaines. Les marges, le domaine hauturier, la frange littorale et estuarienne, sont prises en
compte à cause des contraintes exercées respectivement sur la dynamique du système par le
régime océanique et les apports continentaux. De même, le chantier Gascogne inclut les limites
géographiques, la mer Celtique au nord et le cap Finisterre au sud, qui correspondent à des
zones de transition latitudinales d’une partie de la flore et de la faune (cf carte 1, emprise
géographique des principales composantes du système Gascogne).
Mode d’Approche Hypothèse et Théorie
Un écosystème est constitué d’un ensemble d’organismes vivants liés entre eux, et interagissant
avec le milieu physique et chimique. Les deux composantes écologiques, ressources et
environnement physique, sont elles même des systèmes complexes d’interactions entre leurs
constituants. Les activités humaines qui s’exercent dans l’écosystème, son exploitation,
modifient ces interactions (figure 1a). Observer, quantifier, classer tout ces processus, si même
c’était imaginable, dépasse les capacités opérationnelles de l’écologie.
Comprendre un système qui comporte autant de constituants élémentaires, de phénomènes et
d’échelles spatiales et temporelles de manifestations, n’est possible que s’il peut être divisé en
un nombre fini de composantes dont les comportements sont régis par les mêmes lois de base.
Une approche est d’explorer la nature de ces lois par modélisation de comportements essentiels
des individus, transport, nutrition, reproduction (e.g. équations primitives biologiques, Woods,
2001). Cependant elle s’applique difficilement pour les espèces des formes supérieures
d’organisation (ie, les plus évoluées), qui ont un comportement complexe. Puisque cette
approche admet implicitement que de telles lois existent, la démarche alternative est de les
déterminer. Le choix de tester de telles lois se serait imposé, sans autre justificatif, par les
impératifs d’une gestion durable des écosystèmes qui doit se baser sur la compréhension des
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Défi n°1 : Défi golfe de Gascogne
Système d’interactions ressources, environnement, exploitation
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processus et ne peut réglementer tous les phénomènes.
Le principe testé est formulé par la théorie de « l’équilibre dynamique » (Huston, 1979, 1994),
selon laquelle : la croissance, la mortalité et la reproduction influencées par
l’environnement physique et la productivité, sont les éléments de base de la compréhension
de tous les types de phénomènes écologiques. Suivant cette théorie, le projet golfe de
Gascogne postule que l’effet des interactions entre activités humaines et environnement sur
l’une ou l’autre des populations ressources, i) peut être caractérisé par les fonctions biologiques
essentielles et ii) entraîne des réponses compréhensibles et cohérentes aux différents niveaux
d’organisation que sont les populations, les communautés et le réseau trophique (figure 1b).
Pour chacune des composantes ainsi définies de l’écosystème, les questions sont communes :
Quelle est la nature des facteurs de contrôle actuels de la production ?
leur hiérarchie a t-elle changée dans un passé récent ?
Quelles seront les réponses du système à l’évolution du climat et de changement des
dispositifs de gestion des activités humaines ?
Synopsis des actions
La description des actions du projet est structurée en trois volets selon les trois composantes
clefs : climat, système d’interactions ressource/exploitation, et scénarios de gestion. Ce dernier
volet prend en compte la modélisation des réponses du système ressource/exploitation pour
différents scénarios climatiques et de gestion.
Les développements technologiques en soutien du projet font l’objet d’un quatrième volet. Pour
chacun des volets les objectifs communs aux actions et leurs ateliers sont définis ici.
Une part importante de l’activité dans le cadre du projet et des retombées à en attendre,
concerne l’actualisation et l’amélioration de la description des caractéristiques physiques,
biologiques, d’activités humaines et économiques du golfe. Ces travaux seront détaillés dans les
fiches opérationnelles correspondantes.
1.
Dynamique physique de l’habitat
Liens climat et hydrodynamisme
Objectif :
Comprendre comment les fluctuations climatiques influent sur les structures physiques de
l’habitat pour déterminer l’hydroclimat du golfe de Gascogne, sa variabilité interannuelle et son
évolution.
Explicité :
En mer comme sur terre, la production des espèces dépend du climat. Les variations du climat
sont répercutées sur le potentiel de production biologique par les structures hydrodynamiques.
Leur nature et leurs conditions, déterminent l’occupation de l’habitat par les espèces, la capacité
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Défi n°1 : Défi golfe de Gascogne
Système d’interactions ressources, environnement, exploitation
de résidence des individus, les migrations entre ces habitats au cours du cycle vital, ainsi que
les conditions de production des ressources alimentaires et de rencontre des individus avec ces
ressources, avec leurs compétiteurs et leurs prédateurs. Chaque espèce a une utilisation propre
des structures physiques qui sont la référence spatiale de sa distribution. Les caractéristiques et
les variations de ces structures constituent l’hydroclimat : le temps qu’il fait dans l’écosystème
marin.
Les questions à résoudre concernent i) la détermination des perturbations de conditions
hydrodynamiques selon les situations météorologiques types, et ii) en regard de la tendance
climatique actuelle, la prévision de l’évolution des perturbations hydrodynamiques possibles
(régime de vents d’ouest, débits fluviaux, anomalies climatiques….).
Cas ateliers :
Le projet englobe la circulation sur le plateau continental et le talus. Il est fondé sur la
description de l’hydrologie selon des situations météorologiques caractéristiques, pour
déterminer la circulation générale et transitoire ; il prend en compte la variabilité inter-annuelle
des structures. L’accent est porté sur l’impact des forçages atmosphériques (flux de chaleur,
vents, fleuves) sur la circulation haute et basse fréquence, ainsi que sur le rôle des anomalies
thermophalines et tourbillonnaires (cellules de rétention) comme déterminants de la productivité
du milieu.
Circulation de grande et moyenne échelles
Objectif :
Comprendre les influences de la circulation générale de l'Atlantique nord (est en particulier) sur
la dynamique (courants, température, traceurs) du golfe de Gascogne
(des échelles
saisonnières aux échelles inter annuelles). Quantifier les mécanismes physiques qui permettent
ou facilitent les transferts à travers le talus continental.
Explicité :
Les paramètres physiques essentiels pour l'évolution des écosystèmes marins varient dans le
temps et l'espace en fonction d'influences locales - processus météo-océanographiques
régionaux - et globales - advection de masses d'eau distantes, circulation générale de
l'atmosphère.
La difficulté particulière du régime dynamique océanique dans le golfe de Gascogne est la
multiplicité des processus et des échelles spatio-temporelles inter-agissantes, en particulier :
- les phénomènes de haute fréquence (super-inertiels) comme la marée (externe ou interne) et
les ondes et courants résiduels associés;
- les phénomènes de basse fréquence (sub-inertiels) de moyenne échelle (courants de pente,
tourbillons) et de grande échelle (impact de la circulation générale de l'Atlantique sur le golfe) et
enfin les phénomènes climatiques (oscillation nord Atlantique et autres modes de variabilité).
Cas ateliers :
L'attention est portée ici sur les influences externes au golfe de Gascogne qui modifient
notablement sa circulation (aux échelles saisonnières à inter-annuelles) et sur les processus de
talus continental, qui favorisent ou limitent les échanges plateau-plaine abyssale. Les études de
processus et la modélisation régionale aux équations primitives, vont permettre de décrire et de
quantifier ces influences et ces échanges.
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Défi n°1 : Défi golfe de Gascogne
Système d’interactions ressources, environnement, exploitation
Structures sédimentaires
Objectif :
Reconnaître les formations sédimentaires en tant que déterminants des communautés
benthiques, leur histoire à l'échelle des transgressions marines, leur persistance passée et leur
vulnérabilité.
Explicité :
Les fonds conservent la signature des changements écologiques à long terme qui constituent
les références de l’origine de la différenciation naturelle des unités de populations et de leur
sensibilité aux changements.
Cas ateliers :
La partie centrale du plateau continental du golfe est occupée par des vasières, habitat de
communautés benthiques, frayères et nourriceries d’espèces halieutiques, qui sont l’objet d’une
exploitation intense. L’âge de leur mise en place et leur évolution, constitue la signature des
changements de l’écosystème à l’échelle de l’évolution du climat, et de la vulnérabilité de ces
formations aux changements à plus court terme. La grande Vasière est supposée plus ancienne
mais moins épaisse, donc peut-être plus vulnérable, que la vasière Ouest Gironde. Cette
histoire géologique constitue tout d’abord, la référence de la structuration spatiale des meta
populations (ex. sole, bar…), et de leur réponse aux changements climatiques, notamment de
leur diversité génétique. C’est ensuite une mesure de leur résilience aux changements naturels
et anthropiques.
A meso échelle temporelle, la dynamique du matériel particulaire et sa modélisation, à
l'échelle du Golfe, vise à mieux évaluer les tendances d'évolution de la couverture
sédimentaire (modifications d'habitats), les turbidités (l'énergie lumineuse disponible
pour la production primaire), et le devenir des contaminants. Ces travaux porteront sur
les conditions hydrodynamiques de remise en suspension, les contributions relatives
des pêcheries (dragues, chaluts...), l’incidence potentielle de la bioturbation, les transits
du matériel particulaire fin sur le plateau, les échanges entre le plateau et les zones
littorales envasées.
2.
Dynamique du système ressources/environnement/exploitation
Population
Objectif :
comprendre l’effet de la synergie des sources de variation naturelles et anthropiques sur la
croissance des populations.
Explicité :
La croissance des populations, natalité/mortalité, est le principe majeur qui sous tend l’écologie
(cf. Huston op. cit.). Le système actuel de gestion des pêches repose sur son application aux
stocks exploités. Le principe de base (cf. Hall, op. cit.), est d’ajuster, en moyenne, la mortalité
par pêche, à la natalité (i.e. le recrutement des espèces halieutiques). La mise en œuvre de ce
principe achoppe d’abord sur le problème critique de prévision du recrutement dépendant de
l’environnement et in fine du climat. Les déterminants du recrutement font l’objet d’une énorme
quantité de recherches et de résultats depuis plus de vingt ans. Les théories convergent sur le
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Défi n°1 : Défi golfe de Gascogne
Système d’interactions ressources, environnement, exploitation
rôle clef pour la production de la descendance, des phénomènes physiques, de la production
des ressources alimentaires et de leur disponibilité (cf. par ex. Cushing, Sinclair, Bakun, op. cit.).
Pour le recrutement, le défi dans le défi aujourd’hui est d’ordre analytique plutôt que conceptuel.
Il s’agit d’expliciter les différents cas d’espèces, de régions et d’impacts anthropiques dans ce
cadre théorique.
Le second terme du modèle de croissance des populations, la mortalité, dépend des interactions
environnement/pressions anthropiques. La nature et l’ampleur des différentes pressions
anthropiques diffèrent selon les habitats (estuaires, baies, plateau…), dont elles modifient la
productivité et le régime de perturbations. Les lacunes à combler portent sur la structuration
spatiale des populations et leur occupation des habitats en réponse aux altérations des
capacités d’accueil. La démarche associe la génétique à l’approche écologique (différenciation
génétique et adaptation aux perturbations).
Cas Ateliers :
Les cas d’études sont choisis de manière à intégrer dans la compréhension de la dynamique de
population, i) le rôle des facteurs naturels de contrôle (perturbations physiques et productivité du
milieu), et celui des impacts anthropiques, ii) couvrir une large gamme de types de stratégies
vitales et iii) prendre en compte les différents types de métier de la pêche et d’impacts
anthropiques. L’anchois, est une population à croissance rapide qui présente une forte
variabilité de recrutement et dont la raréfaction ou la restauration des abondances répond aux
conditions physiques de son habitat, sans que l’influence de l’exploitation ne soit actuellement
reconnue comme directement déterminante. La sole, le bar, le merlu, les civelles d'anguilles
sont des meta populations d’espèces dont les baies et les estuaires constituent des aires de
nourriceries dont les activités anthropiques en interactions avec les variations naturelles du
milieu, modifient localement la production.
Les espèces phytoplanctoniques (Dinophysis spp. et Karenia mikimotoï), sont des espèces
structurantes de l’écosystème. Leur stratégie vitale paraît à l’opposé des poissons. Il s’agit ici de
vérifier que leur dynamique de population relève du même modèle que le recrutement des
espèces halieutiques forcé par les variations de l’environnement (perturbations physiques), en
interaction avec le forçage anthropique (productivité du milieu).
N B : Outre les observations directes, les conditions hydroclimatiques, la productivité du milieu,
leur évolution et leur variabilité sont déterminées par les volets I Dynamique Physique et II 2
Communautés, du projet.
Modélisation :
Etablissement d’une typologie des fluctuations de croissance des populations à partir des
caractéristiques de la cinétique de production des formes juvéniles sensu lato. La typologie
porte sur l’ensemble des populations d’espèces pour lesquelles des recensements
démographiques sont établies ou le seront dans le cadre du chantier. Cette typologie doit être
validée par le régime de perturbations physique et de productivité de l’environnement des
populations.
Plusieurs familles de modèles seront mis en oeuvre, ceux spatialisés et structurés en âge ou
taille, classiquement utilisés pour les populations exploitées, et ceux moins explorés, comme les
modèles stoïchiométriques et le modèle allométrique généralisé. Simulations et prévisions
portent sur la cinétique des populations selon le régime de perturbations anthropiques et
climatiques.
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Défi n°1 : Défi golfe de Gascogne
Système d’interactions ressources, environnement, exploitation
Communautés
Objectif :
Comprendre l’effet de la synergie des effets anthropiques et environnementaux sur la production
et la structure en espèces des communautés.
Explicité :
La dynamique des populations dépend des interactions entre espèces, trophiques, de
compétition, successions d’espèces [changements autogéniques déterminés par les espèces,
(e.g. décomposition des déchets, réduction de la lumière, pompage des nutriments…), et
allogéniques (ie dus aux conditions physiques)]. Dans les conditions naturelles, ces interactions
déterminent les possibilités de coexistence des espèces dans le milieu, leur exclusion ou leur
extinction. Les apports anthropiques de nutriments, conditionnent le niveau de production
primaire et la structure en espèces de communautés phytoplanctoniques. Ces changements se
propagent à travers les réseaux trophiques pélagiques, et benthiques par sédimentation des
déchets, et contribuent aux changements successifs de structure et de production des
communautés zooplanctoniques, d’invertébrés benthiques et de poissons. Parallèlement,
l’exploitation, par la dégradation mécanique des habitats, et la mortalité due aux captures,
modifie la structure des communautés des niveaux supérieurs du réseau trophique. Ces effets
se propagent jusqu’aux premiers niveaux de production. La réponse des communautés à la
synergie de ces deux types d’impact, dépend de leur amplitude relative sur le niveau trophique
directement affecté et de la position (primaire, intermédiaire ou supérieure), de la communauté
qui contrôle le réseau trophique, (Cury et al., 2000). Comprendre la dynamique des espèces
dans le golfe de Gascogne impose de déterminer les processus de régulation de la composition
des communautés.
Cas Ateliers :
Les cas ateliers sont choisis de manière à prendre en compte i) les effets de la pêche, ceux de
la conchyliculture et de l’anthropisation des bassins versants par l’agriculture le développement
industriel et urbain, ainsi que ii) des communautés d’espèces producteurs primaires, prédateurs
tertiaires et supérieurs qui sont directement affectées par l’une ou l’autre de ces activités et
représentent la gamme des compartiments susceptibles de contrôler le réseau trophique. Les
différentes communautés sont analysées à l’échelle spatiale de leur répartition. Pour l’approche
globale du fonctionnement et la modélisation, l’écosystème golfe de Gascogne est subdivisé en
deux sous systèmes spatiaux : le plateau continental et la zone littorale des pertuis charentais.
Ces deux sous systèmes interagissent (flux chimiques, de particules, et écologiques de
migrations ou transport d’espèces…). Ils ont cependant des structures physiques, écologiques
distinctes comme le sont les activités humaines dominantes, respectivement la pêche et la
conchyliculture.
A l’échelle du golfe, les apports de nutriments par les panaches fluviaux, et leur teneur en
phosphore et en MOD, ont un rôle déterminant dans le niveau de production et la composition
en espèces (diatomées, flagellés…) des communautés phytoplanctoniques à laquelle
correspondent la structure en groupes fonctionnels (microalgues fourrage, nuisibles, toxiques) et
le flux de matière organique vers les compartiments pélagiques et benthiques du réseau
trophique. Le rôle de la boucle microbienne dans la cinétique des nutriments, les capacités de
réponses différentielles des microalgues (mixotrophie et hétérotrophie) interviennent dans la
succession des espèces.
L’analyse fonctionnelle des communautés de poissons est basée sur une typologie spatialisée
des traits biologiques et démographiques à différents âges. Le choix des traits vitaux est guidé
par leur sensibilité aux différentes perturbations anthropiques et climatiques (reproduction, taille,
11
Défi n°1 : Défi golfe de Gascogne
Système d’interactions ressources, environnement, exploitation
croissance, longévité, fragilité du squelette, régime opportuniste…). L’objectif est ici d’identifier,
par l’analyse comparée des groupes et celle de leurs cinétiques, la hiérarchie des facteurs
d’impact.
La détermination des teneurs en contaminants organiques à haut poids moléculaire et la
modélisation de leur bioaccumulation contribue à déterminer les voies d’interactions aux niveaux
supérieurs du réseau trophique.
C’est à l’échelle des Pertuis Charentais, que l’analyse des différentes composantes de
l’écosytème et de leurs interactions sera complétée et que la modélisation sera développée pour
déterminer comment les forçages physiques et anthropiques déterminent la structure en
espèce et la production de ce système.
NB : L’analyse descriptive des communautés pélagiques, benthiques, et démersales, comme
celle des communautés de producteurs primaires est réalisée dans le cadre du PNEC (définition
du réseau trophique, conséquence de l'exploitation sur la structure des communautés
benthiques de la grande vasière, et sur sa productivité (spectres de taille locaux).
Modélisation :
Développer les modèles de flux trophiques, en explicitant les variations climatiques et
anthropiques. Explorer les modèles énergétiques de structure de communautés basés sur le
principe d’équivalence de l’utilisation d’énergie ainsi que les modèles centrés individus.
Simulations et prévisions portent sur la cinétique des communautés selon le régime de
perturbations anthropiques et climatiques.
3.
Caractéristiques du système pêche, scénarios de gestion
Structure et Dynamique du système actuel
Objectif :
Caractériser la structure actuelle des activités exploitant les ressources vivantes du golfe.
Déterminer les facteurs d’évolution de ces activités.
Explicité :
Définir des usages permettant d’assurer l’objectif de préservation des ressources, impose de
comprendre d’une part, comment les pratiques actuelles ont affecté ces ressources et d’autre
part, d’identifier les mesures de régulation susceptibles d’infléchir ces pratiques. Ceci dépend
étroitement de la réaction des entreprises à de nouvelles mesures s’appliquant à leur activité.
Les déterminants à identifier et hiérarchiser, sont d’ordre économique (coût et revenus des
activités, eux même fonction des prix, des moyens de production et des produits, ainsi que des
politiques publiques, subventions, taxes, barrières douanières…), d’ordre institutionnel (règles
d’accès aux ressources, réglementation), d’ordre environnemental (fluctuations à court et long
terme), et enfin techniques (adaptation des engins, innovations).
L’identification des dysfonctionnements et de nouvelles mesures de gestion sera menée à partir
de l’évaluation des conséquences écologiques (rejets, détériorations des ressources), et
économiques des pratiques, suivant les différentes mesures de régulation envisagées.
L’évaluation des mesures doit tenir compte de la répartition des impacts économiques entre les
différentes catégories d’exploitants concernés, et au sein de la collectivité.
12
Défi n°1 : Défi golfe de Gascogne
Système d’interactions ressources, environnement, exploitation
L’objectif nécessite de combler d’importantes lacunes de connaissances concernant l’économie
des exploitations de pêche (coûts et revenus), et les stratégies des entreprises (investissements
et types d’activités). Il nécessite également d’actualiser les données sur les ressources
exploitées, en particulier les abondances d’espèces non gérées par quotas, celles des espèces
et des formes non commercialisées (rejets), de quantifier précisément la puissance de pêche,
les capacités de capture et leurs évolutions récentes.
Cas Ateliers :
Deux types de pêcheries sont choisies pour prendre en compte les différences de
caractéristiques des ressources exploitées, de l’exploitation et de sa gestion. Les activités de
pêche dans la bande côtière Bretonne, gérées au niveau national. Elles posent des
problèmes de cohabitation des activités (pêche artisanale, plaisance, tourisme, aquaculture), et
d’aménagement de l’espace marin. L’inventaire des métiers pratiqués et la description de
l’activité des flottilles doivent être mis à jour pour mener une analyse comparée des différents
modes de gestion et modéliser la dynamique. Cet atelier permet d’analyser les voies
d’intégration des activités halieutiques et récréatives dans le cadre d’espaces à protéger (Parcs
Marins). Les pêcheries démersales et benthiques du golfe de Gascogne et de mer Celtique
sont sous gestion communautaire européenne. L’objectif est de comprendre et prévoir la
dynamique de l’effort et de l’impact de la pêche sur les ressources, en réponse à l’évolution de
l’écosystème et aux déterminants économiques. L’analyse porte sur une typologie des métiers,
l’identification des causes d’évolution des puissances de pêche, celle des déterminants des
changements de tactiques, et des réponses de la ressource. Deux modes d’approche seront
développés simultanément. L’un, la perception des pêcheries, considère globalement les
ressources pluri-spécifiques, l’autre, la perception du poisson, sera développée pour le cas du
merlu pêché par tous les métiers. Cette seconde approche permet d’analyser les problèmes
posés par les interactions et la concurrence entre activités de pêche.
Réponses du système à d’autres scénarios de gestion
Objectifs :
Simuler l’évolution des ressources en réponse à de nouveaux scénarios de gestion.
Explicité :
Il existe une série graduelle de scénarios de gestion possible, depuis les modifications des
règles actuels de gestion, jusqu’au changement de principe comme l’adoption des quotas
individuels transférables. Le premier niveau de questions porte sur l’ampleur des mesures à
prendre dans le cadre de la gestion actuelle, pour conserver ou restaurer les ressources sans
pénaliser inutilement les entreprises. Dans ce domaine de nouveaux scénarios sont identifiables
sans anticiper les résultats de l’analyse des pratiques actuelles. Ils portent sur l’aménagement
des interactions entre flottilles (rejets), sur une gestion pluriannuelle des stocks. Les prévisions
seront développées pour estimer l’objectif écologique possible selon les scénarios climatiques,
ainsi que l’efficacité économique des mesures envisagées.
Cas Ateliers :
Les différents scénarios définis seront appliqués aux pêcheries précédemment présentées, de
zone côtière bretonne et du plateau continental. Pour le cas des mesures à mettre en œuvre
dans le cadre du mode de gestion actuel, la réduction de l’effort de pêche, la définition de
cantonnements, et les mesures spatialisées sont actuellement les outils de gestion
classiquement envisagés en y intégrant les politiques de subvention et d’incitation. Leurs effets
13
Défi n°1 : Défi golfe de Gascogne
Système d’interactions ressources, environnement, exploitation
et leur intérêt seront évalués par modélisation et simulation. Cette analyse des
dysfonctionnements actuels et des remèdes immédiats doit être développée avant de
déterminer et d’évaluer des modes alternatifs de gestion basés par exemple sur des principes
différents d’allocation de l’accès aux ressources.
4.
Développements technologiques en soutien
Ce volet du chantier golfe de Gascogne est mené transversalement aux différentes opérations
qui viennent d’être présentées. Une part des développements technologiques projetés ne seront
pas opérationnels avant la troisième voire la quatrième année de réalisation du chantier
Gascogne. Leur mise en place répond à la nécessité de mettre à niveau la capacité de mesure
en océanographie biologique et d’initialiser le réseau de surveillance du golfe. Les actions
correspondantes sont regroupées ici selon cinq catégories :
c L'observation au point fixe :
Surveillance de l'environnement en baie de Vilaine à l'aide d'une bouée de type MAREL
autorisant les mesures de fond et surface des paramètres de l’environnement (T, S, N, P, Si,
Turbidité, Fluorescence…) et station fixe halieutique y associant des mesures de la biomasse
des ressources halieutiques sur la "grande vasière", pour une observation continue de
l’évolution des caractéristiques de l’environnement et des biomasses, respectivement dans des
zones fortement anthropisées et très pêchées.
d L'observation à l'aide de profileurs :
Mesure de profils T,S par adaptation du profileur autonome PROVOR océanique, et
amélioration du profileur embarqué polyvalent par ajout de nouvelles fonctionnalités en
particulier pour la discrimination de groupes taxonomiques au sein des microalgues
planctoniques.
e L'acoustique pêche :
Développement d’un sondeur multifaisceaux halieutique qui équivaudra à 30 sondeurs
halieutiques fonctionnant en parallèle. Ceci constitue un saut technologique permettant
d’augmenter la résolution spatiale et taxonomique des évaluations d’abondance de poissons
pélagiques, et d’obtenir la même résolution de mesures pour les formes à proximité du fond, les
démersaux, indétectables par les échosondeurs actuels. La technique permettra d’analyser le
comportement des bancs. Elle est tout aussi utile pour d’autres spécialités, évaluation
d’abondance et de répartition du zooplancton, du micronecton, et cartographie des habitats.
f La technologie des pêches :
Déterminer l’effort de pêche à partir de l’efficacité de capture correspondant aux innovations
techniques apportées aux engins de pêche et aux apparaux de pont, quantifier le comportement
des espèces à la capture pour améliorer la précision des évaluations d’abondances et définir
des engins plus sélectifs, mesurer l’effet mécanique des engins actuels de pêche sur les fonds.
g Archivage et gestion de meta banque de données :
La réalisation du projet entraîne l’utilisation et l’acquisition d’un très grand volume de données
provenant d’un grand nombre de disciplines et d’engins nouveaux. Ces données utilisées ou
nouvellement acquises dans le cadre du projet sont archivées dans différentes bases et
systèmes existants (SIH, MAREL, BIOCEAN, SEXTANT, CORIOLIS). Ceci impose le
14
Défi n°1 : Défi golfe de Gascogne
Système d’interactions ressources, environnement, exploitation
développement de techniques pour mettre en cohérence les différents systèmes d’information
sources, y intégrer des simulations de modèles, simplifier l’accès aux différents utilisateurs, et
gérer cette meta banque de données.
Résultats attendus, retombées du projet
♦ Evaluer les effets de la pêche et ceux des apports des bassins versants sur l’écosystème du
golfe de Gascogne, ses espèces, leurs abondances et leurs habitats,
♦ Déterminer, les causes de l’évolution récente des ressources halieutiques du golfe,
dans les variations climatiques, l’évolution de l’effort de pêche et les modes de
gestion mis en œuvre,
♦ Développer les nouvelles techniques et la méthodologie nécessaires pour évaluer
directement l’abondance des ressources halieutiques et prévoir leur évolution,
♦ Proposer des scénarios d’exploitation durable des ressources halieutiques et évaluer leur
intérêt économique,
♦ Mettre en place et garantir les compétences et les connaissances scientifiques et techniques
nécessaires pour surveiller et diagnostiquer l’état des écosystèmes marins exploités
♦ Répondre aux obligations nationales pour préserver et gérer durablement les écosystèmes
marins exploités.
Insertion Nationale et Internationale, coopération
Le défi que s’est fixé l’IFREMER sur le chantier Gascogne est centré sur la gestion durable des
ressources : « Comprendre et prévoir l’évolution des ressources en fonction des changements
de climat et de pression des activités humaines ». La mise en place de ce chantier
s’accompagne de la mobilisation des capacités de recherches correspondantes de l’IFREMER
en hydrodynamique côtière, en écologie des communautés exploitées, en halieutique et en
économie. Pour autant, l’ambition n’est pas d’atteindre, seul, des objectifs que se sont fixés les
nations du globe et leurs communautés scientifiques. Le principe est de forger les compétences
scientifiques et techniques et d’acquérir les connaissances propres au grand écosystème qu’est
le golfe de Gascogne pour contribuer de manière significative et lisible aux initiatives des
différents pays.
Au niveau national, une part du projet golfe de Gascogne a ses racines dans le Programme
National Environnement Côtier (PNEC), conduit en coopération par l’IFREMER et l’Institut des
Sciences de l’Univers (INSU/CNRS). Ce programme constitue une vaste fédération d’Axes
Thématiques de Recherches, en particulier sur les flux de matière et d’éléments, la dynamique
de population, et les méthodes et outils d’analyse de la variabilité spatio temporelle. Il comporte
différentes zones ateliers parmi lesquelles figure le golfe de Gascogne. Les coopérations en
cours sont à développer tant thématiquement que dans l’utilisation des plate formes à la mer.
Au niveau européen, des projets relevant du chantier Gascogne sont financés (5) par- ou
soumis (7) à l’UE dans le cadre du 5è PCRD, en coopération avec des équipes de recherches
d’Espagne (IEO, AZTI), et du Royaume Uni (CEFAS). Les nouveaux outils structurels dont
15
Défi n°1 : Défi golfe de Gascogne
Système d’interactions ressources, environnement, exploitation
seront dotés le 6è PCRD incitent à explorer les voies d’une intégration du chantier Gascogne et
des initiatives voisines d’autres pays (AMOEBE/Norvège, MIP/UK).
Au niveau international, la problématique du chantier golfe de Gascogne relève des thèmes de
SPACC/IOC, de GLOBEC/ICES. Des opérations du chantier devraient être soumises à
l’acceptation de chacun de ces deux programmes. Enfin des échanges sont en cours pour
associer le projet Gascogne au programme « Census of Marine Life » dont une des
composantes concerne l’intégration, l’examen, l’analyse et la communication des habitats et de
la taille des populations benthiques et pélagiques en relation avec la variabilité de
l’environnement.
Moyens
Calendrier
2001
2002
2003
2004
2005
Mise en place,
Définition du projet
Modèle de circulation
Forçages climatiques, Variabilité des structures
Impact de la pêche et des apports de nutriments
Effets interactifs
Poids relatifs des actions humaines
Populations - Communautés
Evolution de l’écosystème ….
Evolution des capacités de captures
Moteurs économiques de l’évolution
Dynamique du système pêche
Scénario de gestion …..
Développements - profileurs
Bouée Vilaine, Station Grande Vasière
Sondeur multifaisceaux halieutique
Meta banque de données
Séminaires
Synthèses transversales
Dynamique des interactions
Modélisations
16
Evaluations
Défi n°1 : Défi golfe de Gascogne
Système d’interactions ressources, environnement, exploitation
Budget
Budget EPRD* 2002
*Etat prévisionnel des recettes et des dépenses
Fonctionnement
Kfrancs
Keuros
Volets scientifiques
Investissement
Kfrancs
Keuros
254
39
380
58
1040
158
902
138
III - Communautés
464
71
1199
183
IV - Systèmes de pêche
680
104
909
139
V - Soutien technologique
600
91
8820
1344
Coordination
210
32
40
6
3248
495
12250
1868
I - Dynamique physique
II - Populations
TOTAL
Répartition du budget de fonctionnement
par Direction opérationnelle
TMSI
18%
DNIS
0,5%
DRO
4%
DEL
11%
DRV
66,5%
17
Défi n°1 : Défi golfe de Gascogne
Système d’interactions ressources, environnement, exploitation
Participants par Laboratoires en équivalent temps plein
Direction Opérationnelle
Département
Laboratoire / Service
DEL
Direction de l'Environnement
et l'aménagement du Littoral
Applications Opérationnelles
Ecologie Côtière
Brest
Nantes
Nantes/Créma
Toulon/Sète
Brest/côtier
Brest/Lasaa
Brest/Lorient
Nantes/Ecohal
Nantes/La Rochelle
Nantes/ Maerha
Nantes/ St Pée
Brest
Sous-Total
Brest
Brest
DRO
Direction de la Recherche
océanographique
Géosciences Marines
Brest
DNIS
Direction des Navires
océanographiques et de
l'Intervention Sous-Marine
Systèmes Sous-marins
Toulon/Sète
TMSI
Direction de la Technologie
Marine et des Systèmes
d'Information
Acoustique Sismique
Informatique et Données Marines
Recherches Expérimentales et Développement
Technologie des Pêches
Systèmes Instrumentaux
Brest
Brest
Brest
Brest/Lorient
Brest
DRV
Direction des Ressources
Vivantes
Coordination
Coordination
Ressources Aquacoles
Ressources Halieutiques
Service d'Economie Maritime
Temps personnel (homme/mois)
Cadres
techniciens
Total
11
11
5
5
72
72
144
26
12
38
53
12,5
65,5
12
11
23
22,2
9
31,2
73,5
46,1
119,6
27,5
27,5
28
15
43
12
12
5
5
342,2
182,6
524,8
18
6
24
44
30
74
Sous-Total
62
4
36
2
98
6
Sous-Total
4
3
2
-
6
3
Sous-Total
3
18
2
1
36
12
69
1
18
22
41
3
18
2
2
54
34
110
480,2
261,6
741,8
Sous-Total
TOTAL
R é p a rtitio n d u te m p s e n p e rs o n n e l
p a r v o le ts s c ie n tifiq u e s
S O U T IE N
T E C H N O L O G IQ U E
15%
C O O R D IN A T IO N
2%
D Y N A M IQ U E
P H Y S IQ U E
5%
P O P U L A T IO N S
31%
S YS T E M E P E C H E
22%
C OM M U N AU TE S
25%
18
Défi n°1 : Défi golfe de Gascogne
Système d’interactions ressources, environnement, exploitation
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