Le financement de l`économie réelle par les marchés financiers

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Le financement de l`économie réelle par les marchés financiers
vie des entreprises
les nouveaux marchés
Le financement de l’économie réelle
par les marchés financiers
Vincent Levita (86),
Président OFI InfraVia
François Caulry (96),
Directeur Financement
Structuré de OFI AM
La fin de la transformation
Le financement de l’économie réelle a (presque)
toujours été effectué par les banques qui collectaient les dépôts court terme des épargnants
d’un côté et prêtaient à long terme aux investisseurs (et aux ménages) de l’autre côté. Ce
fonctionnement, communément appelé transformation, a assuré le financement des projets
d’investissement et permis la rentabilité des
banques par la différence entre les taux courts
de rémunération de l’épargne et les taux longs
de rémunération des banques prêteuses. Ce
fonctionnement est, sinon cassé, sérieusement
amoindri : les banques ayant prêté plus que leur
bilan ne le permettait ont perdu une bonne
partie de leur liquidité long terme et le régulateur
ne sachant pas comment éviter les excès du système a développé un nouveau cadre (Bâle 3 en
cours de mise en œuvre) qui renforce les besoins
de capital, notamment en fonction de la durée
des prêts accordés. Conséquence : la capacité de
prêt des banques a significativement diminué.
Une épargne abondante
En France comme nombre de ses homologues
d’Europe continentale, l’épargne privée est très
abondante. Même si on pourrait souhaiter que les
Français consomment davantage et épargnent
moins, il n’en est pas moins que cette épargne
constitue un sérieux atout dans un monde où l’Etat
est désargenté. Comment dès lors mieux orienter
l’épargne privée vers le financement de l’économie
réelle ? L’épargne des ménages est pour une part
importante collectée par les investisseurs institutionnels, au premier rang desquels les assureurs
vie (environ 1 800 Mds € d’encours). Ces derniers,
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juin-juillet2011
2013
72 la jaune et la rouge • décembre
Les marchés financiers, parfois critiqués pour leur
biais spéculatif court terme, peuvent aussi participer
au financement de l’économie réelle, notamment en
substitution des banques. L’épargne privée,
aujourd’hui abondante, collectée et gérée par les
investisseurs institutionnels, peut être recyclée dans
les actifs réels de l’économie. Pour cela, il faut une
régulation encourageante et le développement des
bonnes expertises.
qui avaient l’habitude d’investir cette épargne
essentiellement dans les obligations de Trésor, se
trouvent aujourd’hui face à des taux d’intérêt
historiquement très bas (le taux directeur de la
Banque Centrale Européenne est aujourd’hui fixé
à 0,50 %) et trop faibles pour satisfaire leurs objectifs de rendement technique. Ils ont donc besoin
de nouveaux supports d’investissement, qu’ils
peuvent trouver dans les financements directs de
l’économie. Voilà donc, sur le papier, un cercle
vertueux bouclé.
Les points de blocage
Les points de blocage sont de deux ordres. D’abord,
la mise en œuvre de ce cercle vertueux passe
d’abord par le développement de l’expertise adéquate chez les investisseurs institutionnels sur ces
nouvelles classes d’actif. Ensuite, la nouvelle régulation assurantielle (Solvabilité 2, également en
cours de mise en œuvre) renforce également significativement les exigences de capital à mettre en
face des investissements « à risque » et des investissements « long terme ».
Les raisons d’espérer
Toutefois les autorités, françaises et étrangères,
réglementaires et législatives, sont fortement
impliquées pour créer les conditions d’un fonctionnement vertueux du financement direct de
l’économie par les investisseurs.
• La Commission Européenne par exemple a publié
un Livre Vert sur le financement de long terme,
preuve de sa forte sensibilité à la question.
• En France, le rapport parlementaire Berger–
Lefebvre sur l’épargne financière publié début
avril 2013, montre la bonne direction en fixant
un objectif de réorientation de l’épargne financière d’environ 100 Mds € en direction des PME
d’ici 2017, via un dispositif PEA – PME, et la création de contrats dits « euro-croissance » pour
orienter une partie des gros contrats d’assurance
vie vers le financement des PME et ETI françaises.
• Sur un plan beaucoup plus technique, la Direction Générale du Trésor travaille à une modification du Code des Assurances (qui régit entre
autre la gestion d’actifs des assureurs) afin de
permettre aux assureurs d’investir dans des fonds
de prêts à l’économie.
Un exemple concret développé
par OFI InfraVia : les fonds
infrastructures
OFI InfraVia a développé une
expertise spécifique dans les actifs
Infrastructure. De cette manière,
les investisseurs institutionnels
peuvent, en investissant dans nos
fonds, financer les infrastructures
de transport (autoroutes, aéroports,
tramway, …) d’énergie (éoliennes,
photovoltaïque, réseau de
distribution, …), télécommunications
(réseaux haut débit, …) ou sociales
(bâtiments publics, stade, …).
Ces investissements de long
terme permettent de générer un
rendement courant, protégeant
l’investisseur d’une hausse de
l’inflation et rémunérant leur
engagement long terme.