l`UFC-Que choisir épingle les industriels
Transcription
l`UFC-Que choisir épingle les industriels
Étiquetage des viandes : l'UFC-Que choisir épingle les industriels Trois ans après le scandale de la viande de cheval dans les lasagnes, où en est-on ? Le scandale sanitaire qui a touché toute l'Europe a-t-il fait évoluer l'étiquetage des viandes ? Une étude de l'association de défense des consommateurs révèle que l'origine des produits reste encore largement opaque. L'UFC-Que choisir a passé au crible les étiquetages de 245 aliments de consommation courante à base de viande de bœuf, de porc et de poulet pour 13 grandes marques nationales et sept enseignes de la grande distribution. Résultat de cette enquête, publiée ce lundi 8 février : l'origine des viandes n'est pas indiquée dans 54% des cas. Dans le détail, c'est le cas pour 74% des produits à base de poulet, 57% des produits à base de porc et 30% des produits à base de boeuf. Selon cette étude réalisée du 25 janvier au 1er février, les "trois quarts des saucisses de Strasbourg ne portent aucune indication de l'origine. Il en va de même pour 62% des nuggets de poulet, 87% des charcuteries de volaille, 92% des sandwiches au jambon..." 50% des sauces bolognaises, un produit épinglé pendant le scandale des "lasagnes au cheval", ne comportent aucune mention de l'origine non plus. - 0% des produits Daunat, Père Dodu et Sodebo étiquetés – L'UFC-Que choisir décerne des bons et des mauvais points aux industriels : "chez les grandes marques nationales, si Findus, Le Gaulois, Charal et Marie sont au tableau d'honneur, en revanche, les mauvais points à distribuer sont bien plus nombreux, notamment pour Daunat, Père Dodu et Sodebo !", souligne l'association. Ces trois marques n'indiquent l'origine d'aucune de leurs viandes. Les marques de distributeurs (MDD) sont aussi passées à la loupe. Seul Intermarché fait figure de bon élève, avec 84% de ses produits étiquetés. "Aucune des (autres) grandes enseignes de la distribution n'informe suffisamment sur l'ensemble des trois viandes, juge l'UFC-Que choisir. Certes au rayon bœuf, il faut noter les 100% de MDD étiquetées chez Intermarché, Carrefour et Système U. En revanche, pour les produits à base de porc, c'est 0% de mentions de l'origine chez Casino et Leader Price, ainsi que pour les MDD à base de Poulet d'Auchan, de Carrefour et de Casino", poursuit l'étude. - L'UFC-Que choisir en appelle à Bruxelles – L'association en appelle donc, une nouvelle fois, à Bruxelles. Malgré le scandale de 2013, "la Commission européenne n'a pas adopté de mesure réglementaire (à la différence des scandales passés), jugeant suffisantes les informations données à titre volontaire par les fabricants", regrette l'UFC-Que choisir. "Au vu de l'échec patent de l'autorégulation", elle "exhorte les parlementaires européens à voter largement en faveur de la traçabilité pour accroître la pression sur la Commission, et la Commission à adopter (enfin !) une réglementation sur l'étiquetage obligatoire de l'origine nationale dans les produits transformés." C'est également la demande des éleveurs français de porc, en difficulté. Ils se battent pour que l'étiquetage "Viande de France" soit rendu obligatoire sur les jambons et saucissons fabriqués en France. Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll leur promet un décret, mais celui-ci restera vain face aux règlements européens. Les producteurs veulent voir leur travail reconnu et contraindre notamment les industriels de la charcuterie et des plats préparés à annoncer la couleur, tricolore de préférence, face aux importations massives de cochons allemands ou espagnols produits à moindre coût. Le ministre, qui privilégie la démarche volontaire et en appelle au bon sens patriotique des transformateurs, a donc promis un "projet de décret en Conseil d'État pour étendre l'étiquetage de l'origine aux produits transformés". - Réglementation a minima – Après le scandale des lasagnes et des raviolis au cheval en 2013, à base de viandes au passeport douteux, la France avait bataillé à Bruxelles pour cette mesure, finalement entrée en vigueur pour les seules viandes fraiches le 1er avril 2015. Les plats transformés en revanche en sont exclus, malgré un vote favorable du Parlement européen. Et encore, la notion de "transformation" s'entend a minima, avait pointé à l'époque l'UFC-Que Choisir, "puisqu'elle peut s'appliquer à un carpaccio" - 100% viande plus un filet d'huile". C'est ainsi que les charcuteries et plats préparés se gardent d'afficher leur identité. Lors des mouvements de colère des éleveurs, l'été dernier sur les routes de France, des camions de porcs en provenance de pays voisins avaient été interceptés aux portes des usines, par des agriculteurs fous de rage de voir des industriels français s'approvisionner sous leur nez chez leurs concurrents européens. La FNSEA, le puissant syndicat agricole, continue donc de réclamer un certificat d'origine, qui permettrait de structurer le marché. Autre souci, souligné par Stéphane Le Foll, les Allemands, dans le viseur des éleveurs hexagonaux, entendent par "origine" le lieu d'abattage, parce qu'ils achètent massivement leurs porcelets à l'extérieur pour les engraisser.