A Roanne, la liberté individuelle ne roule pas pour le skateboard.
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A Roanne, la liberté individuelle ne roule pas pour le skateboard.
n° 109 03.2005 g le magazine de l’environnement sonore malheureusement pas totalement résolu tous les problèmes, notamment en fin de semaine dans la nuit du jeudi au vendredi, les fêtards -parfois jusqu’à quelques centaines- continuant leur soirée dans la rue. Considérant les graves troubles à la tranquillité des riverains qui ont nécessité à plusieurs reprises l’intervention des forces de Écho des villes l’ordre, la Préfète a donc pris un second arrêté en janvier dernier interdisant l’accès au centre-ville, du jeudi soir 21 heures au vendredi matin 6 heures, à toute personne détenant de l’alcool. Toute infraction au présent arrêté est passible des sanctions prévues au code ■ pénal. JU R I SP RU D E N C E A Roanne, la liberté individuelle ne roule pas pour le skateboard. La pratique du skate-board n’est pas une liberté individuelle et un arrêté municipal de la ville de Roanne (Loire) l’interdisant dans le centre est donc légal, a tranché la cour de Cassation. En mai 2001, le maire de Roanne souhaitant limiter les nuisances sonores liées à la pratique du skate board, ainsi que les dégradations occasionnées sur le mobilier urbain, entraînant «un coût élevé de réparation» et des problèmes de sécurité, prenait un arrêté afin d’interdire la pratique de ce sport sur la voie publique en centre ville notamment sur les parvis de la mairie et du théâtre. C’est ainsi que les skaters doivent Echo Bruit uniquement s’adonner à leur passion dans l’espace réservé à cet effet : le “skate park”. Des investissements sont effectués au skate-park, situé près de la piscine municipale, mais les amateurs de planche jugent le lieu excentré et inapproprié et les skaters poursuivent la pratique de leur passion en ville. Cela va jusqu’à des manifestations en octobre 2001 puis janvier 2003 afin de revendiquer une aire de jeu à leur goût et dénoncer l’arrêté municipal au nom de la liberté individuelle. L’un d’eux, Noël Denis, adepte de ce sport et responsable du club local «Trash Bitume», va même plus loin. Il décide de contester après avoir été verbalisé un soir de septembre 2002 et se rend au tribunal de police pour plaider l’illégalité de cet arrêté. Le 20 février 2003, il est relaxé par le tribunal de police de Roanne qui retient l’illégalité d’un arrêté « portant aux libertés individuelles une atteinte disproportionnée par rapport au but de sécurité et de tranquillité publique qu’il vise». L’officier du ministère public de Roanne contre-attaque en se pourvoyant en cassation. Son mémoire pose la question de fond : “La pratique du skate est-elle une liberté individuelle ?”. De fait, les interdictions générales et absolues sont prohibées. La chambre criminelle de la Cour de cassation a annulé le jugement du tribunal de Roanne. Elle a estimé que l’arrêté municipal ne réglemente pas l’exercice d’une liberté individuelle, ni n’interdit la pratique de la planche à roulettes « de façon générale et absolue », étant donné l’existence du skateparc. Au contraire, la Cour souligne que la réglementation municipale « tend à assurer le bon ordre ainsi que la sécurité et la sûreté publique ». En outre, l’arrêt de cassation évoque un article du code général des collectivités territoriales (L. 2212-2) qui permet aux maires de réglementer notamment la pratique du skate « afin d’assurer le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publique ». La procédure a trouvé son épilogue en juin 2004, au tribunal de police de Saint-Etienne, qui a condamné Denis Noël à une amende symbolique de 38 Euros. Tribunal de police de Roanne 20 février 2003 - Cour de cassation, chambre criminelle - 18 novembre 2003 n° 03-81918 ■ 29