La danse country accélère la cadence dans la région - silver

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La danse country accélère la cadence dans la région - silver
SECOND VOLET DE NOTRE DOSSIER
PAGES 38-39
À Berlin, la disparition du Mur
a laissé un grand vide
VENDREDI 6 NOVEMBRE 2009
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ÉDITION DE SAINT-OMER
LOISIRS
SAINT-OMER
La danse country accélère
la cadence dans la région
Jacques Brunel
pose ses pinceaux
et mène les enfants
aux portes de l’art
PAGE 8
FOOTBALL
Le LOSC n’a pas
tenu jusqu’au bout
Menés 2-0, les Lillois étaient
revenus à 2-2 avant de s’incliner
dans le temps additionnel (3-2),
à Gênes, en Ligue Europa.
PAGES 20-21
SANTÉ
Grippe A :
nouvelles règles
pour les écoles
On ne fermera plus une classe
ou un établissement pour
trois enfants malades.
PAGE 6
LITTORAL
PHOTO CHRISTOPHE LEFEBVRE
Véritable phénomène de société, la country remplace les bals d’antan et
attire chaque week-end des centaines de personnes en tenue de cow-boy
dans des salles des fêtes décorées de drapeaux américains.
PAR RAPHAËLLE REMANDE
PAGES 2-3
Gros coup de vent
à Sainte-Cécile
Les dégâts étaient limités
mais surprenants, hier matin,
après la « minitornade »
de mercredi soir.
PAGE 6
TV MAGAZINE
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1004.
Christophe
Lambert : « La télé
française doit
prendre plus
de risques »
2
RÉGION
LA VOIX DU NORD
VENDREDI 6 NOVEMBRE 2009
LA VOIX DU NORD
VENDREDI 6 NOVEMBRE 2009
RÉGION
3
LOISIRS
Le phénomène country à la conquête du Nord
Un Dunkerquois champion de France 2009
Attention mesdames, messieurs,
voici Lionel Cuvelier, qui habite
Dunkerque, 29 ans et champion de
France de country.
Vous avez peut-être l’impression
que faire swinguer son bout de
pied, tout en ayant les mains dans
les poches et en affichant un air
nonchalant (très important, l’air
nonchalant), ça n’est pas très physique. Détrompez-vous.
Depuis fin 2006, la country est devenue un sport affilié à la Fédération française de danse. Emportant
avec cette décision son lot d’athlètes de haut niveau. D’accord cela
ne fait pas très longtemps et il y a
encore peu de champions. Mais
quand même. « Nous sommes désormais reconnus par le ministère
des Sports, explique Jean Chauveau, président de la fédération
française de danse country. Nous
avons organisé le premier championnat de France en 2007. Il y a quelques centaines de compétiteurs dans
le pays. »
« Faire fi des moqueries »
De plus en plus, la country envahit les bals, comme ici à Bourbourg dans le Dunkerquois, ou les cours de danse. Plus de deux mille personnes sont attendues ce
week-end à Calais.
Ça swingue, ça balance, ça
groove, c’est complètement
tendance, c’est la country.
Véritable phénomène de
mode, qui remplace à la
botte levée nos bals d’antan,
elle attire chaque week-end
des centaines de personnes
dans des salles des fêtes
décorées de drapeaux
américains.
® REPÈRES
PAR RAPHAËLLE REMANDE
[email protected]
PHOTOS CHRISTOPHE LEFEBVRE
Dès demain, plus de 2 000 personnes sont attendues à Calais pour
un festival country. Un succès. À
tel point que certains se plaignent
d’un développement sans cohérence, sans le vrai « esprit
country »...
Le vrai esprit country, comme
quand les premières notes de
Country Road résonnent dans un
bal et que la moitié de la salle se
met debout comme un seul
homme – puis en ligne, bien sûr –
en s’exclamant : « Ouais, c’est
Country Road ! »
1070.
Et l’esprit country, c’est ça. Quand
on ne connaît pas, cela ressemble à
une boum avec des enfants qui
auraient grandi, des moyens aussi,
sono, projecteurs multicolores et
décoration à tire-larigot. Pour le
bonheur, qui éclate dès qu’on arrive, de danser en groupe sur une
musique qui chatouille les pieds et
évoque pêle-mêle films américains
et fantasme de cow-boys.
Sur la piste, ados, enfants et seniors dansent dans une synchronisation extrême. Gérard, dit
« Gégé », fan de country depuis
six ans, rencontré dans un bal à
Bourbourg, près de Dunkerque,
commente : « C’est l’esprit
country. C’est rare de voir des mélanges comme ça. Ce n’est pas les
thés dansants ou les bals de jeunes
avec plein de techno et de bruit. Et
nous, notre seule drogue, c’est la
danse. »
Qui marche peut-être parce que la
country, c’est d’abord une affaire
d’individus. « C’est la première
danse qu’on peut faire seul. Or,
aujourd’hui, il y a moins de gens en
couple. Et puis dans les bals, on
n’est jamais seul, c’est convivial »,
analyse Marie-Pierre Coquet, ani-
matrice connue sous le nom de
« Mapie ».
Sans compter le mythe du rêve
américain, qui marche à plein pot,
peut-être aussi depuis l’élection de
Barack Obama. Et Daisy et son
amie, de Dunkerque, racontent
leurs rêves d’aller vivre de l’autre
côté de l’Atlantique, là où « la façon de vivre des gens est plus li-
C’est la première
danse qu’on peut faire
seul. Et puis dans les
bals, c’est convivial. »
Marie-Pierre Coquet, animatrice
bre ». Bref, la country, chacun s’y
retrouve. « On met un chapeau et
on n’est plus le même », assure Thomas Lemaire, de l’association
Country dancing club de Liévin,
qui ambitionne d’organiser le plus
grand festival de France au stade
couvert de la ville.
Une simple mode ?
Et cela attire même une nouvelle
catégorie de personnes : des jeunes
qui ont débarqué dans les bals,
amenant avec eux de la danse en ligne non country. Comprenez des
pas de country qu’on adapte sur de
la musique actuelle, Mika, Michael
Jackson ou même… du hip-hop.
C’est aussi l’une des explications de
l’explosion du phénomène. Et
Daisy explique : « Dans la country,
il y a ceux qui en font un mode de
vie et puis ceux qui aiment danser.
Et les pas de country sont facilement adaptables, c’est assez universel donc tout le monde s’y retrouve. » La danse en ligne a donc
apporté le succès mais aussi les critiques de certains, attachés à « l’esprit country », le vrai…
« À chacun son plaisir mais ce qui
me choque, c’est que ce soit mé-
langé », estime « Mapie ». Elle se
targue d’avoir apporté la country
dans la région dans les années
2000 en créant l’un des premiers
clubs à Gravelines. « Cela nous
vient de la Belgique. C’est pour ça
que c’est très fort dans la région.
Aujourd’hui, près de deux à trois
clubs se créent par jour en France. »
Et Christian, du club Arc’Kansas,
basé à Arques, près de Saint-Omer,
ajoute : « C’est de la folie. Les clubs
ne peuvent pas absorber la demande. »
Et sans faire dans la concurrence
(c’est l’esprit de la country), chacun s’inquiète un peu du développement. « Ça peut être dangereux
d’apprendre de mauvaises positions », pointe Lionel Cuvelier,
champion de country (lire cicontre). « Il y a beaucoup de gens
pas formés, qui en ont fait six mois,
qui se font payer », confirme Jean
Chauveau, président de la Fédération française de danse. Qu’on se
rassure, l’une des conséquences du
succès country est la création prochaine d’un diplôme pour animer.
De quoi structurer un loisir en
plein essor. À moins que le phénomène de mode ne retombe aussi
vite qu’il s’est embrasé… ᔡ
Rendez-vous
Voici les dates de prochaines fêtes importantes pour tous les
fans ou curieux :
– Festival country ce week-end
à la salle Calypso de Calais
(2 500 personnes l’année dernière). Il y aura notamment
une tentative de record du nombre de danseurs en bottes. Samedi 7 de 11 h à 1 h et dimanche 8, de 11 h à 20 h. 12 € le
samedi, 10 € le dimanche,
18 € pour les deux jours, gratuit pour les moins de 12 ans.
– Samedi 14 novembre : bal
country à Arques, salle AlfredAndré, de 14 h 30 à 18 h,
3 €. Tél. : 06 77 65 40 92.
– Samedi 28 novembre : bal à
Wissant, de 18 h 30 à 1 heure
avec Rodeo country de
Fréthun. 3 €.
Tél. : 06 21 28 30 77.
– Samedi 19 décembre : bal
country et « line dance » à
Saint-Sylvestre-Cappel de 20 h
à 1 h. 3 €.
Tél. : 03 28 65 65 45.
Les plus gros festivals de la région ont lieu à Cambrai (juin)
et à Berck (été).
Et Lionel est l’un de ceux-là. De la
country depuis cinq ans, de la compétition depuis trois, un entraînement deux fois par semaine, tous
les week-ends sur les pistes et un titre de champion de France en
2009 qu’il a décroché dans la catégorie « Intermédiaire » (celle entre
novices et confirmés).
Si vous émettez des doutes sur le de-
Lionel Cuvelier, avec Sandra, sa compagne et cavalière de danse
PHOTO ÉDOUARD BRIDE
country.
gré sportif de la country, Lionel ne
vous en voudra presque pas. Les clichés, il en essuie pas mal. Et au détour de la discussion, il confie :
« Cela ne fait que six mois que je dis
que je fais de la danse. Il faut faire fi
des moqueries, surtout quand on est
un mec. » Sans compter les clichés
liés à la country elle-même,
« l’image campagnarde, les bottes,
le foin, le brin d’herbe au coin de la
bouche. Tout un stéréotype que je
distingue de ce que je fais ».
Ce qu’il fait, lui, c’est de la danse
au sens noble, « avec la country
parce qu’elle offre des rythmes très
différents. Par exemple, la salsa,
c’est toujours un peu pareil ! ». En-
tre la danse en couple (il existe
même la valse country), celle en ligne ou en rondes, reste un point
commun : l’esprit. « Pour être un
champion, il faut d’abord aimer et
sentir la musique. Après, les jurés
notent sur la technique, au millimètre près, et sur le show. »
Selon lui, ils ne seraient qu’une poignée dans la région : « Ici, il y a
plein de clubs mais peu de compétitions. C’est l’inverse dans le Sud. »
Lionel aimerait faire changer les
choses. Il vient de monter une association pour entraîner des passionnés. Les qualificatifs pour le championnat de France 2010 auront
lieu à Liévin en mars. ᔡ R. R.
៑ www.countrynord.com
Bottes, chapeaux, le boom des magasins spécialisés
Il y a les jupes en jean qui virevoltent, les grosses ceintures en
cuir, les talons de santiags qui
claquent sur le plancher et bien
sûr les chapeaux.
Et pour vendre la panoplie idéale,
une dizaine de commerçants spécialisés installés dans la région. Qui bénéficient eux aussi à plein de la
mode country. « Nous étions trois
ou quatre pendant très longtemps.
Cette année, on en a vu fleurir beaucoup. Cela fait plusieurs années que
le phénomène marche mais ça n’a jamais été aussi fort », s’exclame
Frantz Hagneré, qui s’est lancé à
son compte en 1992.
Il dispose d’un site Internet et fait
toute l’année les festivals avec un
stand d’accessoires : « J’ai des
clients de toute la France et même
de l’étranger car il y a des régions,
comme en Bretagne, où ce type de
magasin est rare. » Même chose
pour Thierry Labie qui tient une
boutique « Comptoir Cheyenne »
à Calais depuis 2004. Car la mode
vestimentaire est décidément aux
bottes pointues à talons. Le public
est d’ailleurs très large : « Il y a les
adhérents des clubs, les amoureux
des États-Unis ou tout simplement
ceux qui aiment bien le style », décrypte Frantz Hagneré.
Jusqu’à 3 000 euros
le chapeau
Sébastien Fournier confirme : « La
mode country a vraiment débarqué
cette année. Ça a pris de l’ampleur
d’un seul coup. » Cet homme de
29 ans a tout quitté pour sa passion. « Je travaillais de nuit sur les
chaînes chez Peugeot. J’ai démarré
en achetant pour 1 000 € de vêtements et en faisant les bals et les festivals avec un stand. Comme j’étais
déjà un peu dans le milieu, ça a marché. J’ai tout de suite réussi à en vivre. » Sébastien Fournier a ouvert
son magasin « Cow-boy attitude »
dans le Dunkerquois, à Bourbourg,
il y a quatre ans, et y organise désormais des cours de danse.
Sébastien Fournier a tout quitté pour ouvrir son magasin
« Cow-boy attitude ».
PHOTO CHRISTOPHE LEFEBVRE
Ce qui marche le plus ? Les chapeaux, « 50 % des ventes », pour
Sébastien Fournier. Il en existe des
centaines de styles différents. Et
Frantz Hagneré explique : « Chaque État aux États-Unis a une touche personnelle sur le chapeau. Les
collections changent tous les ans. Le
chapeau classique est celui du Kansas. » Pour cet accessoire, il faut
compter en moyenne 40 € mais
cela peut grimper jusqu’à
3 000 € ! Quant aux santiags, leur
prix moyen est de 200 €. ᔡ R. R.