Paracha_Noah_Yehouda..

Transcription

Paracha_Noah_Yehouda..
La paracha de la semaine est la section hebdomadaire de la Torah, lue rituellement chaque Chabbat, dans toutes les synagogues à travers le monde
à la mémoire du regretté Grand Rabbin de Paris David Messas (zatsal)
PARACHAT NOAH
Rav Yéhouda Tolédano*
« J’adresse toutes mes félicitations à Rav Ariel qui a organisé une telle journée. En effet, honorer un niftar est
possible de multiples façons, mais il est dit dans Massekhet Yévamot que la plus grande chose qui puisse élever
la néchama d’un tsadik est d’établir une yéchiva après son départ, à sa mémoire. Cette journée d’étude joue le
rôle de yéchiva, car la Tora y est étudiée toute la journée. C’est un moment intense de Tora partagé par toute
la communauté et ceci au travers des parachiyot de la Tora.
Rav David Messas était un grand homme connu de tous.
Rav David Messas et mon père étaient des amis d’enfance. Comme me disait souvent Rabbi David « tu sais, je
jouais au football avec ton père ! » Ils étaient assis sur le même banc d’école, d’où le lien profond tissé entre
nos deux familles. »
À propos de Noah, il est dit : « voici la postérité de Noah : Noah était un homme juste dans ses
générations. »
Rachi : la Tora veut nous enseigner que l’essentiel de la « postérité » des justes n’est autre que leurs bonnes
actions, car les actes méritoires de l’homme constituent son legs le plus important.
Rescapé du déluge ou homme à l’origine de l’humanité auraient été des titres bien plus évocateurs pour décrire
Noah. Mais la Tora préfère le dépeindre en tant qu’« homme juste ». Comment comprendre une telle
représentation ?
En fait, vivre en tant que tsadik constitue l’essence même de l’histoire de Noah. Pour la Tora, seules les
bonnes actions d’un homme constituent les vraies valeurs, et non pas tout ce qui est connu, reconnu ou brillant.
La Tora insiste donc sur la tsidkout de Noah, qualité essentielle qui lui permit de se parfaire afin d’être épargné
du maboul.
Aussi, la grandeur d’un homme se révèle par ses bonnes actions dans l’intimité, et non par tout ce qui
est rayonnant et extérieur. Cette manière d’exister se retrouvait chez Rav David Messas. Bien que grand rabbin
de Paris et issu d’une illustre famille, sa grandeur d’âme se dévoilait aussi au travers de ses bonnes actions et de
sa droiture, et ce, dans l’intimité.
L’identité d’une personne sur la place publique ne dévoile pas réellement sa véritable grandeur.
On raconte qu’un jour, on vit Rav Chah en train de pleurer à chaudes larmes. On l’interrogea sur la
raison de ses pleurs, lui qui dirigeait la Tora du monde entier, de quoi pouvait-il être inquiété. Rav Chah
répondit que diriger le monde de la Tora était certes une grande action mais c’était une action connue de tous.
Ceci n’avait donc pas énormément de valeur aux yeux d’Hachem, comparé aux actions réalisées discrètement.
A ce propos, la Guémara rapporte l’histoire de Rabbi Hanina ben Téradyon qui enseignait la Tora sur la
place publique. Pourtant il se demanda s’il mériterait le ‘olam haba. Pourquoi se posait-il de telles questions
alors qu’il avait enseigné la Tora au péril de sa vie et qu’il périt plus tard al kiddouch hachem ? Afin de le
rassurer, son Rav lui demanda s’il avait eu l’occasion de pratiquer une bonne action. Rabbi Hanina répondit
qu’un jour de Pourim, l’argent de Pourim et l’argent de la tsédaka s’étaient mélangés. Il avait alors complété de
ses propres deniers la somme manquante.
Comment comprendre qu’une telle action, si simple, mène au ‘olam haba ?
Rabbi Hanania ben ‘Akachya dit : « ratsa hakadoch baroukh hou lézakot et Israël léfikhakh hirba lahem
Tora oumitsvot / Hachem nous a donné beaucoup de mitsvot afin qu’on mérite le ‘olam haba. »
Hachem préféra nous gratifier de 613 mitsvot plutôt que d’une seule mitsva, car pour mériter le ‘olam haba,
une grande pureté et une grande intégrité doivent accompagner la pratique des mitsvot (Rambam). Aussi, une
mitsva réalisée avec les honneurs publics ne constitue pas une mitsva authentique. Une mitsva avérée est une
© Consistoire de Paris
mitsva faite entre soi et Hachem, loin des regards de tous, par amour pour Hachem. Face à un tel défi, Hachem
multiplia le nombre des mitsvot, afin de nous donner plus d’opportunités de mériter le ‘olam haba. En effet,
parmi les multiples mitsvot de la Tora, on trouvera forcément une mitsva réalisée seulement par amour pour
Hachem. Ce principe était brillamment illustré par Rav David Messas qui était tsadik, intègre et parfait. Il
recherchait le emet dans toutes ses actions, à l’instar de Noah.
Dans Haazinou, il est dit : « zekhor yémot ‘olam, binou chénot dor vador / souviens-toi des jours
d’antan, méditez sur les années, de génération en génération. »
Ce verset évoque la mitsva de se souvenir des jours d’autrefois, d’analyser les années des générations
précédentes. Ainsi, il est bon d’analyser les événements de parachat Noah afin de se sentir interpellé et d’en
tirer une leçon : à cette époque, Hachem effaça le monde qu’il avait créé. Un tel décret fut scellé à cause du vol.
L’essence du vol consiste à ne pas percevoir les limites.
Un des noms d’Hachem est « Chakay » : ce nom signifie qu’Hachem mit des limites au monde afin que l’on
puisse percevoir le centre du monde, c'est-à-dire, son créateur.
« Tout ce qu’Hachem créa, Il le créa pour son nom, pour son kavod».
Le monde tout entier doit proclamer l’honneur d’Hachem. Si le monde se répand sans fin, le centre du monde,
c'est-à-dire Hachem, devient imperceptible. Dans cet ordre d’idées, le vol revient à aller au-delà de son droit.
Dans cette génération, Hachem décida de tout anéantir sauf Noah. Comment se fit-il que Noah résista à
une telle influence, alors que toutes les créatures furent profondément corrompues ? De plus, tout homme est
inévitablement influencé par l’environnement ambiant. Comment Noah réussit-il à se protéger ?
En fait, Noah créa une sphère de spiritualité autour de lui : le Midrach rapporte à son sujet le premier psaume
des Téhilim : « Heureux l’homme qui ne suit point les conseils des méchants … mais qui trouve son plaisir
dans la Tora d’Hachem. »
Ainsi, au sens propre comme au sens figuré, Noah bâtit une arche de pureté et de divinité qui lui permit de se
protéger lui, ainsi que sa famille, des influences extérieures. La meilleure protection de l’homme contre un
environnement hostile à la Tora, aux mitsvot et à la émouna est de s’investir pleinement dans la Tora.
Notre génération est semblable à celle de Noah par sa grande hostilité à la Tora et aux mitsvot. Seule la
Tora, par sa pureté ainsi que la participation à de telles journées, peut nous protéger. Demeurer ainsi dans
l’intimité d’Hachem nous rapprochera de la venue de machiah tsidkénou. Amen !
* R A V Y E H O U D A T O L E D A N O
Rav Yéhouda Tolédano dirige un groupe d’institutions de première importance au Raincy-Villemomble. Il
s’agit d’une Yéchiva Guédola et d’une Yéchiva Kétana « Hazon Baroukh » qui dispensent un enseignement
toranique de premier ordre et d’un Lycée-Yéchiva MERKAZ HATORAH qui compte aujourd’hui plus de huit
cents élèves. Son dynamisme, son investissement, et surtout son amour et sa connaissance de la Torah font de
lui un Talmid Hakham de premier plan. Il est issu de la prestigieuse tradition rabbinique de la famille Tolédano.
Son père Rabbi Yaakov Tolédano Zastal a fondé, avec son épouse TIBADEL LEHAIM TOVIM VAAROUKIM,
les institutions que Rabbi Yéhouda dirige et développe aujourd’hui. Rav Yéhouda Tolédano est le petit-fils de
Rabbi Rephaël Baroukh Tolédano qui vécut de 1889 à 1971, Av Beth Din de Meknès, pendant de très
nombreuses années. Rabbi Rephaël Baroukh, publia à la fin de ses jours un «Kitsour Choulhan ‘Aroukh» et fut,
sa vie durant, un fervent défenseur de la Tora et de la pratique des mitsvot, animé d’une crainte et d’un amour
d’Hachem.
© Consistoire de Paris
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