remise du référentiel des pratiques achats 2013-2014
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remise du référentiel des pratiques achats 2013-2014
PARTENAIRES ACHATS REMISE DU RÉFÉRENTIEL DES PRATIQUES ACHATS 2013-2014 I - Entre en avec JEAN-PIERRE CLAMADIEU, Président du Comité Exécu f de SOLVAY Jean-Pierre Clamadieu a un parcours unique en son genre puisqu'il est le premier Directeur Achats à être devenu Président d'un groupe du CAC 40... Interview réalisée par : Grégory Kochersperger, Senior Partner, Oliver Wyman Jean-Pierre Clamadieu : Au cours de l’été 2011, le groupe chimique belge Solvay est devenu propriétaire de Rhodia. La par&e Achats a joué un rôle majeur dans la réussite de ce)e fusion. Solvay, qui a réalisé 13 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2013, est l’un des plus grands acteurs mondiaux de la chimie. Le groupe adopte une organisa on fortement décentralisée, qualifiée de “BU Centric”, autour de quinze global business units à travers le monde. Les équipes de direc&on de chacune des BUs ont la capacité de proposer une stratégie ainsi que les leviers de mise en œuvre. Solvay, qui regroupe une grande diversité de mé&ers, a réalisé 9,5 milliards d'euros d’achats en 2013 (dont 4,4 milliards d’euros concernent les ma&ères premières). Nous avons très bien résisté à la crise de l’accès à l’énergie, survenue en 2008, puis à la crise de la demande qui a éclaté l’année suivante. Dès l’an 2000, la fonc&on achats a été fortement professionnalisée chez Rhodia. L’objec&f a alors été de lui donner une plus grande visibilité dans le groupe et d’en faire un véritable levier de réussite. La probléma&que Achats est devenue un sujet clef lors de la crise de 2005. Au moment de la fusion, Solvay accusait un certain retard par rapport à Rhodia sur le plan de la stratégie achats. Aujourd’hui, l’accent est mis sur l’excellence opéra onnelle. Nous sommes sans cesse à la recherche des bonnes pra&ques, avec l’ambi&on de les déployer de manière systéma&que dans l’ensemble du groupe. 1/6 REMISE DU RÉFÉRENTIEL DES PRATIQUES ACHATS 2013-2014 Au final, il apparaît très clairement que la démarche Achats doit cons&tuer un projet porté par l’ensemble de l’entreprise. C’est la totalité de l’organisa on qui doit être mise sous tension pour s’emparer de ces probléma ques. La mesure de la performance achats cons&tue également un enjeu fondamental. Afin que s’engage un dialogue construc&f entre la fonc&on achats et les équipes business, il est indispensable d’établir un consensus fort autour du système de mesures. Depuis quelques années, le système de forma&on contribue à une véritable professionnalisa&on de la fonc&on achats. Il s’agit de s’appuyer sur ces professionnels, tout en parvenant à bien les intégrer dans l’entreprise. Chez Solvay, la fonc on achats est un “point de passage”, afin d’insuffler une vision transversale du groupe. A l’avenir, il conviendra de faire en sorte que nos fournisseurs contribuent bien davantage à l’innova on (cela concerne aussi bien l’appari&on d’une molécule nouvelle que la capacité à mieux gérer un stock...). Il faut parvenir à engager ces acteurs avec nous dans les démarches d’innova&on. Quels sont les challenges qui rythment la vie de la fonc on achats par rapport aux business units ? Chez Rhodia, la fonc&on achats était très fortement centralisée. Cela nous a permis de développer une professionnalisa&on des équipes ainsi qu’une standardisa&on des démarches. En revanche, ceDe organisa on par culière a créé une distance entre les experts du marché des ma ères premières et les équipes BU. Lors de l’intégra&on de Solvay, notre volonté a été de placer les acheteurs de ma ères premières au cœur des business units. Dès lors, la difficulté est de maintenir la qualité des bonnes pra&ques et des échanges. Au final, nous considérons aujourd’hui que la maturité de notre organisa&on achats nous permet de confier les achats de ma&ères premières aux BUs, tout en restant extrêmement a)en&fs à la qualité des méthodologies employées. Quelles recommanda ons donneriez-vous aux Direc ons des Achats dans le dialogue avec la Direc on générale ? La Direc&on des Achats ne peut donner son plein poten&el si elle se trouve impliquée seule dans un objec&f de performance. CeDe démarche doit relever d’un travail collec f, où l’ensemble de l’entreprise est engagée. J’insiste par ailleurs sur la nécessité de trouver un accord en amont autour d’un instrument de mesure commun, afin que la crédibilité de l’ou&l ne se trouve pas sans cesse remise en ques&on. Il en va de même pour les objec&fs que l’on se fixe. Au final, un Directeur des Achats doit mul&plier les interac&ons avec la Direc&on générale pour pouvoir sereinement se projeter dans l’avenir. 2/6 REMISE DU RÉFÉRENTIEL DES PRATIQUES ACHATS 2013-2014 QUESTION DE LA SALLE : Vous expliquez avoir placé les acheteurs de ma ères premières au cœur des business units. CeDe organisa on fonc onne-t-elle selon un système de lead buyers ? Il est à noter que notre équipe Achats de ma&ères premières est organisée comme une business unit, de par les responsabilités très importantes qui lui sont confiées. La réalité de notre mé&er fait que, en dehors de l’énergie, les ma&ères premières principales que nous achetons sont généralement bien spécifiques à chaque BU. Nous fonc&onnons effec&vement avec des lead buyers, lorsque les ma&ères premières acquises sont partagées entre plusieurs BUs. QUESTION DE LA SALLE : Quelle est votre stratégie pour conduire vos fournisseurs à contribuer davantage à l’innova on ? Sur ce point, Solvay est en quelque sorte pénalisé par l’idée selon laquelle les achats de produits simples ne perme)ent pas d’innover. La réponse réside dans le partenariat qui doit se nouer entre la Direc&on Achats et le Pôle BU. Nos objec&fs sont évidemment tournés vers l’impéra&f de réduc&on des coûts ; il convient d’introduire, de manière systéma&que, des objec&fs en terme d’innova&on. Même sur des masses importantes d’achats de ma&ères premières, il existe des approches innovantes que peuvent nous apporter les fournisseurs. QUESTION DE LA SALLE : Afin de créer une dynamique entre les Direc ons Mé ers et la Direc on des Achats, convient-il d’incen-ver ces acteurs sur les mêmes objec fs ? Sans pour autant nous baser sur les mêmes indicateurs, nous avons souhaité établir une cohérence entre les objec&fs de la Direc&on des Achats et ceux du Business (qui est généralement la dernière ligne du compte d’exploita&on). Il s’est agi de faire en sorte que les savings soient systéma&quement validés par les business units. C’est ce)e valida&on conjointe qui permet d’avoir une vision partagée et qui servira de référence pour l’incen&ve des Achats. QUESTION DE LA SALLE : Faites-vous par ciper votre Direc on des Achats à la par e Business Development ? La par&cularité de notre organisa&on fait qu’une part importante du Business Development est conduite par les global business units. Lorsque des projets de développement sont clairement iden&fiés, nous sommes très a)en&fs au fait que les équipes achats y soient pleinement associées. Pour autant, il y a cinq ans, nous ne sommes pas parvenus à an&ciper un certain nombre de bouleversements survenus aux Etats-Unis sur le plan de l'énergie... 3/6 REMISE DU RÉFÉRENTIEL DES PRATIQUES ACHATS 2013-2014 Concernant les acquisi&ons, notre maturité nous permet d’iden&fier les synergies achats. Au sein du groupe, la Direc&on des Achats a aujourd’hui acquis une crédibilité qui lui permet de par&ciper ac&vement aux discussions autour de la mise en œuvre des plans stratégiques. QUESTION DE LA SALLE : Solvay dispose de quinze global business units, ce qui cons tue un nombre assez important... Avez-vous déjà réfléchi à un modèle de regroupement ? Il existait sept ou huit global business units chez Rhodia. Je reconnais que le suivi est évidemment rendu plus difficile avec quinze GBUs... Notre par&-pris est de donner à une équipe de management la responsabilité d’un champ stratégique qui soit le plus cohérent possible. Pour créer une véritable synergie, il convient d’éviter de confier un champ trop large. Nous privilégions le travail collec&f : les incen&ves des membres du comité exécu&f sont liées aux performances du groupe dans sa globalité. Il s’agit d’éviter la situa&on par&culière où ces membres seraient uniquement préoccupés par l’ac&vité qu’ils supervisent. *** II - Présenta on du Référen el des pra ques Achats (Vol. 2, 2013-2014) Par Xavier Nouguès, Oliver Wyman Nous avons, pour ce deuxième volume du Référen&el des pra&ques Achats, récolté une centaine de témoignages. Ce)e année, l’ouvrage est composé de deux grandes par&es. La première rassemble les témoignages de six grands dirigeants autour du posi onnement de la fonc on Achats, ainsi que sur les droits et devoirs de la Direc&on générale vis-à-vis des Achats : - Patrick Sévian, Président de Sagemcom - Philippe Peyre, Senior Vice-Président de Sanofi - Gilles Brouard, Président de Nexans France - Jean-Pierre Clamadieu, Président de Solvay - Séverin Cabannes, Directeur général délégué de Société Générale - Aline Bec, Directrice adjointe des opéra&ons de BPCE 4/6 REMISE DU RÉFÉRENTIEL DES PRATIQUES ACHATS 2013-2014 La deuxième par e s’intéresse au disposi f achats autour de cinq grands thèmes : la vision stratégique, le processus, la structure, les ressources humaines et les ou&ls de management. En voici quelques grands enseignements : 1) La vision stratégique Le périmètre de la fonc on achats : il apparaît que 68% des entreprises interrogées ont amélioré leur taux de couverture. Le taux cible de couverture de la fonc&on achats a)eint 90%. L’externalisa on de l’acte d’achat : 38% des entreprises externalisent (en général moins de 5% de la masse achats). Pour 42% des personnes interrogées, l’externalisa&on est liée à la volonté de réaffecter les acheteurs sous contrainte de ressources. Pour 33%, il s’agit de réduire les coûts de structure. La gouvernance de la fonc on achats : 34% des entreprises interrogées considèrent que la gouvernance actuelle de leur fonc&on ne permet pas de pleinement les accompagner dans les changements de demain. 2) Le processus Le processus d’ac va on de la performance achats DA/BUs : au-delà des leviers classiques, 25% des entreprises interrogées ont mis en place un processus spécifique annuel de généra&on d’idées. Cet ou&l collabora&f entre la Direc&on des Achats et les business units traite aussi bien des prix, de la spécifica&on, que de la maîtrise des volumes... La cer fica on du processus achats : à peine 21% des entreprises interrogées l’ont mise en place. La cer&fica&on a pour objec&f de décliner la cer&fica&on globale de l’entreprise, de renforcer la sa&sfac&on des clients externes et internes, de professionnaliser la filière... 3) La structure Le dimensionnement de la fonc on achats : on note une faible évolu&on des effec&fs achats. Pour 66% des entreprises, ils sont restés stables. Dans ce cas, les ressources ont été réaffectées à des tâches à plus forte valeur ajoutée et les profils ont été renouvelés. Seulement 12% des entreprises ont augmenté leurs ressources, afin de couvrir de nouvelles catégories. Dans 22% des cas, les effec&fs ont été réduits, avec le franchissement d’une étape de maturité ou des changements organisa&onnels (acquisi&on, cession...) 5/6 REMISE DU RÉFÉRENTIEL DES PRATIQUES ACHATS 2013-2014 Les structures organisa onnelles et juridiques : 20% des entreprises interrogées ont mis en place une structure juridique indépendante de leurs achats, selon des objec&fs d’autonomie managériale et de transparence financière. 4) Ressources humaines L’acheteur de 2015 devra être un « technicien des achats ». Il s’agit d’un acheteur pluridisciplinaire (Qualité-coût-délai, Demand management, RSE, Open innova&on...) et un bon communiquant : être à l’écoute et capter les besoins, être « commercial » vis-à-vis des clients internes et des fournisseurs (afin de devenir le client préféré de ses fournisseurs clés). L’acheteur de 2025 aura une orienta&on résolument business, avec une connaissance sectorielle et une bonne compréhension des offres. Il sera l’architecte de la rela&on stratégique (davantage de transparence, d’in&mité et d’interdépendance avec les fournisseurs stratégiques). Dans un monde de plus en plus transversal, il devra adopter une vision holis&que pour animer avec davantage de dynamisme ses réseaux. 5) Les ou ls Couverture des besoins fonc onnels par les ou ls : on note qu’entre 50 et 60% des entreprises interrogées sont équipées d’un ou&l pour couvrir les besoins de pilotage de la fonc&on achats et de management des dépenses. Pour l’édi on 2015-2016, notre objec f est d’ouvrir le panel aux acteurs européens, américains et asia ques, afin d’augmenter encore le partage des bonnes pra ques. 6/6