rapport sur la collaboration entre jura bernois tourisme
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rapport sur la collaboration entre jura bernois tourisme
République et Canton du Jura Département de l'Economie et de la Coopération Canton de Berne Département de l'Economie publique RAPPORT SUR LA COLLABORATION ENTRE JURA BERNOIS TOURISME (JBT) ET JURA TOURISME (JT) INTRODUCTION 1. Le mandat Le 21 novembre 2003, Mme Elisabeth Zölch-Balmer, Cheffe du Département de l'Economie publique du Canton de Berne, et M. Jean-François Roth, Ministre de l'Economie et de la Coopération du Canton du Jura, confiaient à Mme Annelise Ryffel, Cheffe de projet du secteur tourisme du canton de Berne, et à M. Jacques Bloque, Chef du Service de l'économie du Canton du Jura, le mandat d'élaborer "un concept pour une collaboration optimisée entre les organisations touristiques Jura Tourisme et Jura bernois Tourisme" (cf. Annexe no 1). Ce mandat fait suite à une démarche de l'Assemblée interjurassienne auprès de la Direction de l'économie publique du Canton de Berne, et du Département de l'Economie et de la Coopération de la République et Canton du Jura (cf. lettre de l'AIJ du 21.10.2003, Annexe no 2), puis d'une démarche complémentaire (lettre de l'AIJ du 23.01.2004, Annexe no 3) assortie d'un rapport "Concrétisation de l'objectif stratégique : développement touristique interjurassien" du 18.12.2003 (cf. Annexe no 4). Le 17 mars 2004, le Conseil exécutif du Canton de Berne et le Gouvernement de la République et Canton du Jura informaient l'AIJ du mandat qui avait été confié aux auteurs du présent rapport (cf. Annexe no 5). Conformément au mandat, ce qui suit porte sur l'optimisation de la collaboration entre JBT et JT, ce qui constitue un élément seulement d'un "concept de développement touristique" tel que souhaité par l'AIJ. 2. La méthode Les mandataires (Mme Ryffel, M. Bloque) ont débuté leurs travaux en janvier 2004 par deux séances préparatoires (23 janvier et 9 février 2004), puis par une séance d'information réciproque avec les présidents de Jura bernois Tourisme (M. Gabriel Zürcher) et de Jura Tourisme (M. Jean-Maurice Maître), suivie de plusieurs séances de travail (5 avril, 23 avril, 27 mai et 16 septembre, 24 septembre, 4 novembre). La méthode a consisté à analyser les documents disponibles (dispositions légales, publications des offices de tourisme, rapports d'activités, comptes), et à conduire des entretiens avec Mme Armelle Combre et M. Philippe Flotiront, respectivement directrice de Jura bernois Tourisme (JBT) et directeur de Jura Tourisme (JT), que nous remercions de leur précieuse collaboration. La démarche s'effectue en trois temps : - une analyse des similitudes et des différences entre JBT et JT; la situation actuelle en matière de collaboration entre les deux offices; les perspectives de collaboration entre les deux offices. Le rapport se clôt par des propositions. I. JBT ET JT : SIMILITUDES ET DIFFERENCES (Cf. Annexe no 6 "Analyse comparative Jura bernois Tourisme / Jura Tourisme"). 1. Sur le plan juridique, les deux offices sont conçus d'une façon semblable. Il s'agit de deux associations au sens du CCS disposant d'organes similaires, et largement ouvertes sur le public. Toutefois, JBT n'a pas de but lucratif tandis que JT est inscrit au registre du commerce. JBT est un office purement promotionnel, tandis que JT, en plus de la promotion touristique, n'exclut pas les activités commerciales (p.ex. commercialisation des produits du terroir). Cependant, JT est en train de recentrer ses activités sur son métier de base : la promotion touristique. 2. Les deux associations sont ouvertes au même type de membres individuels, et collectifs. Les cotisations sont plus élevées à JT. JBT compte 615 membres individuels et collectifs, contre 463 pour JT. 3. Sur le plan des structures, la conception est tout à fait similaire : chaque office possède un siège central et quatre bureaux d'accueil. 4. Les missions des deux offices, telles qu'elles ressortent des statuts, sont sensiblement les mêmes. Cependant, JT exerce la fonction d'autorité de taxation pour la taxe de séjour. Par ailleurs, JBT exerce ses missions sur un plan régional et JT sur un plan cantonal. 5. La dotation en personnel diffère d'un office à l'autre ainsi qu'en témoigne le tableau suivant : Dotation en personnel (EPT1) Siège Bureaux d'accueil JBT 4 2,7 6 5,1 TOTAL 6,7 11,1 JT2 (6,4) (8,5) (14,9) 1 EPT = "équivalent plein temps" Les chiffres se rapportent à la situation dès 2005. Les chiffres entre parenthèses traduisent la situation jusqu'en 2004 2 2 Jusqu'en 2004, JT était sur-doté en personnel, notamment dans les bureaux d'accueil. L'audit commandité par le Gouvernement a conduit à une réduction du personnel (en même temps qu'à une réduction des heures d'ouverture des bureaux d'accueil). La dotation de JT sera optimale à partir de 2005 selon les experts. S'il en est ainsi, il semble que, toutes proportions gardées, JBT soit sous-doté en personnel par rapport à JT. 6. Les dépenses (comptes 2003) présentent des différences notables, tant dans leur volume global que dans leur structure. Dépenses (comptes 2003)* Personnel Fonctionnement Promotion TOTAL Jura bernois Tourisme 1000 frs % 457 48 329 35 161 17 947 100 Jura Tourisme 1000 frs 1019 469 308 % 57 26 17 1796 100 * Y compris les charges extraordinaires occasionnées par l'aménagement des bureaux d'accueil de Moutier, Tramelan et Delémont Les dépenses de JBT représentent 53% de celles de JT pour des structures similaires (1 siège, 4 bureaux d'accueil). Cet écart s'explique pour les deux tiers par la masse salariale (en fait, la dotation en personnel). Les frais de fonctionnement sont gonflés par l'aménagement des bureaux de Moutier, Tramelan et Delémont. Quant aux frais de promotion, ils sont sensiblement plus élevés à JT, mais occupent une place similaire dans le total des dépenses. 7. Les recettes présentent également une configuration différente d'un office à l'autre : Recettes (comptes 2003) Cotisations Ventes, publications Mandats Subvention canton Contributions communes Taxe de séjour Contributions loteries TOTAL * Jura bernois Tourisme 1000 frs % 49 5 83 9 46 5 348 37 224 23 35 4 165 17 950 100 Jura Tourisme 1000 frs 56 219 242 400 274 258 350 % 3 12 14 22 15 14 20 1799 100 * Y compris les recettes extraordinaires (subventions pour aménagement des bureaux d'accueil de Moutier, Tramelan et Delémont) Tout d'abord, on remarque que le degré d'autonomie financière (par rapport au financement public) – c'est-à-dire les rubriques Cotisations, Ventes et Publications, Mandats – est plus forte à JT (29% du financement) qu'à JBT (19%), et cela malgré le fait que le budget de JT est presque le double de JBT. Cette situation s'explique essentiellement par le fait que JT a développé son secteur commercialisation et mandats (ce qui explique en partie pourquoi sa dotation en personnel est plus forte). 3 Ensuite et surtout, on remarque que le financement public est très différent d'un office à l'autre : a) La subvention cantonale semble apparemment équivalente proportionnellement parlant. Pourtant, la subvention régulière du canton de Berne se monte à 280'000 francs (la différence de 68'000 francs est une subvention unique d'investissement) tandis que la subvention régulière du canton du Jura passera de 400'000 francs à 500'000 francs en 2005. b) La contribution financière des communes est obligatoire dans le canton du Jura, et facultative dans le Jura bernois (la contribution 2003 des communes du Jura bernois comprend une subvention d'investissement unique de 41'000 francs). c) La taxe de séjour est restituée à bien plaire dans le Jura bernois, tandis que dans le canton du Jura l'intégralité du produit (moins 20% restitués aux communes) revient à JT. d) Les prestations des loteries varient aussi d'un office à l'autre : dans le canton du Jura, JT peut compter sur un don annuel régulier de 300'000 francs (et de compléments ponctuels en fonction des projets), tandis que la prestation de la loterie bernoise est moins bien assurée. 8. Les dispositions légales sont sensiblement différentes. La loi bernoise sur le tourisme (actuellement en révision) est plus détaillée que la loi jurassienne. En revanche, cette dernière prévoit des "lignes directrices de la politique du tourisme" édictées par le Gouvernement, à charge pour JT de les appliquer. Le régime des taxes touristiques diffère d'un canton à l'autre (voir ci-après ch. III.3. (8). II. L'ETAT ACTUEL DE LA COLLABORATION JBT / JT Contrairement à une opinion fort répandue, il existe une intense collaboration entre JBT et JT. Il est vrai que cette collaboration est toute récente (ce qui explique pourquoi le public ne l'a pas encore perçue) et découle pour l'essentiel de la mise en place de Watch Valley en 2002. 1. Watch Valley Emanation du Réseau des Villes de l'Arc jurassien, Watch Valley est une plate-forme marketing commune, organisée en société simple, et réunissant les offices du tourisme de Neuchâtel, du Jura bernois et du Jura. Signé le 11 juillet 2002, le contrat de société a pour but de concevoir une organisation et une gestion adéquates de moyens à mettre en commun, soit une plate-forme marketing commune en vue de la consolidation de la destination touristique Watch Valley, de façon que les parties contractantes en tirent un profit identique. Cette société vise à renforcer la notoriété, le positionnement, la qualité et la densité de l'offre en mettant en commun des ressources humaines et financières. Watch Valley a été mise au bénéfice d'une subvention fédérale de 72'000 francs au titre d'Innotour pour la période 2002-2004, ainsi que de subventions cantonales pour la même période (45'000 francs pour chaque canton : BE, JU, NE). Watch Valley vise en quelque sorte à atteindre la masse critique en matière de promotion touristique, et à devenir une "destination touristique" capable d'attirer les touristes sur son territoire. 4 Watch Valley constitue le centre névralgique de la collaboration JBT/JT, laquelle porte sur les éléments suivants : a) Publications communes Il n'est pas de promotion touristique commune sans documentation. A cet effet, JBT, JT et Tourisme neuchâtelois (TN) se réunissent, conviennent des documents à éditer en commun, de leur contenu, de leur présentation, de la répartition du travail entre eux, et désignent un chef de projet (un pour chaque document) chargé d'élaborer le budget et de réaliser le document. Cette méthode permet non seulement de réaliser les documents nécessaires à un meilleur coût, mais encore d'obtenir une certaine unité de présentation d'un document à l'autre, ce qui contribue à façonner une image touristique régionale. Les documents réalisés de cette façon sont les suivants : - le Guide des hôtels, le Guide des logis, le Guide des campings, le Guide du cheval, les Visites de villes (en voie de préparation; collaboration sur la présentation), les Cartes d'hiver (avec la collaboration du Nord vaudois), la Carte panoramique été (assortie de parcours pédestres interrégionaux pour la plupart), la Route de l'horlogerie. Chaque année, la plupart des données sont revues et mises à jour; certaines sont appelées à disparaître et de nouvelles seront créées. En revanche, le "chef de projet" change d'une année à l'autre (tournus) afin que tous les partenaires se sentent impliqués dans chaque document Watch Valley. b) Participation à des foires TN, JBT et JT organisent un stand commun "Watch Valley" dans les foires suivantes : Berne, Bâle, Genève, St-Gall, Zurich, Bruxelles, Stuttgart, Freiburg, Berlin et Londres. En principe, TN participe à toutes les foires; JBT et JT y participent en fonction de leurs disponibilités. Dans tous les cas, chaque office représente Watch Valley et non pas sa région. c) Autres collaborations Watch Valley Les trois offices de tourisme collaborent également sur des points particuliers, notamment : - le site Internet : le portail Watch Valley renvoie aux sites des différents offices; l'élaboration d'un concept commun de présentation des sites Internet, qui devrait être achevé dans le courant de 2005; la mise en place d'un système de réservation commun (TOMAS), lequel est opérationnel pour TN et JT, et auquel JBT devrait se rattacher en 2005; accueil des médias : visites étendues à l'espace Watch Valley; la participation au salon professionnel Swiss Travel Mart; le développement du système audioguide Hoppy (lequel est géré par Watch Valley Coordination). 5 La collaboration à l'intérieur de Watch Valley profite aux trois offices. Elle est appelée à s'intensifier, pour autant que l'organisme soit reconduit en 2005 (cf. ci-après). 2. Collaboration ponctuelles JBT/JT En-dehors du cadre de Watch Valley, JBT et JT ont développé leur collaboration sur différents points : - - conférences de presse communes (y compris communiqués de presse) : 1 - 2 conférences par année, notamment pour la présentation des publications; élaboration d'un cahier des charges commun pour les bureaux d'accueil; élaboration du bulletin d'enneigement Jura/Jura bernois (site Internet) : chaque office saisit les données qui concernent sa région; harmonisation de la présentation; gestion en semaine par JT et le week-end par JBT; participation à la mise au point de produits touristiques communs : réseau VTT, réseau ski nordique, voie du millénaire; coordination de la diffusion des brochures touristiques dans les offices (en Suisse et à l'étranger); gestion de la "bourse aux prospectus", destinée aux prestataires de services touristiques (échange de prospectus); dernière édition à Tramelan; présence commune (stand commun) à des manifestations : Marché-Concours, Festival Grock, Foire de Chaindon; collaboration administrative : par ex. SIAMS (le bureau d'accueil de Moutier collabore avec Saignelégier pour la réservation des chambres d'hôtels). L'analyse qui précède montre que la collaboration JBT/JT est d'ores et déjà bien installée. III. PERSPECTIVES DE COLLABORATION A ce stade-ci, on peut légitimement se demander si la collaboration qui s'est instaurée entre JBT et JT, d'une intensité remarquable, n'a pas déjà atteint son niveau optimum. Pour le vérifier, trois axes ont été explorés : - le renforcement des collaborations existantes; l'extension de la collaboration par la mise en œuvre d'un concept de développement interrégional; l'extension de la collaboration par la fusion de JBT avec JT. 1. Le renforcement des collaborations existantes Quatre types de collaboration ont été examinés : Watch Valley, les relations entre comités, l'accueil des touristes, l'offre et la mise en valeur des produits touristiques. Nous n'avons pas jugé utile d'examiner la collaboration entre les directions (qui semble excellente depuis quelque temps), ni ce qui pourrait être entrepris de plus dans la promotion touristique (inclus dans Watch Valley). 6 (1) Poursuite de Watch Valley Watch Valley joue un rôle central dans la promotion du tourisme interjurassien. Son financement par Innotour et les cantons prend fin au début de 2005 (fin de la phase de lancement). Il ne serait guère opportun de renoncer à une structure qui a su faire cohabiter harmonieusement JBT, JT et TN, et qui s'est révélée un remarquable outil de promotion touristique, notamment à l'étranger. On ne voit pas quelle structure pourrait la remplacer avantageusement. La reconduction de Watch Valley par les cantons concernés devrait constituer une priorité. Une requête a été déposée dans ce sens auprès des cantons concernés. (2) Rencontres réunissant les comités des deux offices Si la collaboration est excellente entre les directions de JBT et JT, en revanche, les comités des deux associations ne se rencontrent jamais (exception faite cependant de leurs présidents, notamment lors des assemblées générales des offices). Or, la politique touristique des deux régions gagnerait certainement en homogénéité et en efficacité si les comités de JBT et de JT se réunissaient à intervalles plus ou moins réguliers, mais au moins une fois par année, pour un échange de vues sur leurs activités respectives, une recherche de synergies et un approfondissement de la collaboration interjurassienne. Une participation croisée aux deux comités constituerait sans aucun doute un facteur d'information réciproque, centrée sur la politique touristique que chaque office entend suivre. Ce contact permanent au niveau décisionnel des associations permettrait certainement de dégager de nouvelles opportunités de collaboration sur le plan opérationnel. (3) Approche commune de l'accueil des touristes Il n'existe pas de rencontres systématiques entre le personnel des bureaux d'accueil de JBT d'une part, et de JT d'autre part. Dans la mesure où les produits touristiques du Jura bernois et du canton du Jura présentent une similarité manifeste, et qu'ils s'adressent au même type de touristes, on peut se demander si l'accueil ne devrait pas être uniforme au niveau interjurassien. Cela signifie qu'un bureau d'accueil devrait pouvoir informer sur l'ensemble des produits du territoire interjurassien, ou collaborer – selon les cas – avec n'importe quel bureau d'accueil du Jura bernois et du Jura. Cette orientation a déjà été explorée par les directions des offices, des progrès sensibles ont été enregistrés. Il s'agit maintenant de généraliser ce mouvement à tous les bureaux d'accueil. Cette approche suppose que le personnel des bureaux d'accueil se connaisse, soit instruit d'une façon similaire, se réunisse avec les deux directions en séances communes pour s'entretenir des problèmes qu'il rencontre et que tout le monde reçoive les mêmes informations et les mêmes instructions. De même, les suppléances pourraient être organisées sur l'ensemble du territoire interjurassien, et non plus sur le territoire du Jura bernois d'une part, et le territoire du canton du Jura d'autre part. (4) L'offre et la mise en valeur commune des produits touristiques La région interjurassienne a tout à gagner à enrichir son offre de produits touristiques. Il n'appartient pas aux offices du tourisme d'assumer cette tâche (elle relève le plus souvent de l'économie privée), mais il n'est pas excessif d'affirmer qu'il leur revient (avec d'autres) de donner les impulsions nécessaires, ne serait-ce que parce qu'ils sont idéalement placés pour détecter les nouvelles orientations du marché. A cet égard, la mise en commun des idées et des volontés constitue la base de tout succès futur. 7 Les produits touristiques, une fois conçus, doivent être valorisés par une politique de marketing, externe et interne. Sur ces deux plans, il suffit de consolider l'existant : la politique de promotion à travers la distribution de documents et la participation à des foires; la politique d'information par la fourniture des documents/renseignements/prestations demandés, quel que soit le bureau d'accueil et quelle que soit la localisation du produit touristique. 2. L'extension de la collaboration par la réalisation d'un concept de développement touristique interjurassien L'AIJ suggère la mise en place d'un concept de développement touristique interjurassien. Bien que cette proposition ne fasse pas l'objet du présent rapport, il est aisé de constater que la réalisation d'un tel concept exercerait une influence directe et positive sur la collaboration entre JBT et JT. Sans vouloir entrer dans toutes les considérations justifiant la mise en place d'un tel concept, on voit immédiatement en quoi ce dernier pourrait compléter la politique de développement touristique sur certains de ses aspects. En effet, la promotion touristique proprement dite est prise en charge correctement par les offices du tourisme. L'accueil des touristes par les bureaux d'accueil est bien assumé (sous réserve des améliorations à apporter à la collaboration JBT/JT, voir ci-dessus). Sur ces deux points, un concept touristique commun n'apporterait pas grand chose. En revanche, la qualité de l'accueil des touristes par les prestataires de services touristiques (hôtellerie-restauration notamment) n'est pas toujours garantie. D'autre part, l'offre de produits touristiques reste lacunaire. En conséquence, l'élaboration et la mise en œuvre d'un concept de développement touristique régional axé en priorité sur l'enrichissement de l'offre de produits touristiques et l'amélioration de la qualité de l'accueil répond à un besoin manifeste. Il n'appartient pas aux offices de tourisme de prendre en charge l'élaboration de ce concept (cette tâche revient plutôt aux cantons). En revanche, la participation de JBT et JT à cette élaboration (et celle des milieux touristiques en général) est indispensable pour le concept lui-même, et consolidera les fondements d'une collaboration entre les offices (et entre les deux régions). Certes, la collaboration doit rester un moyen et non un but. Dans le cas présent, elle constitue sans aucun doute un moyen incontournable dans la mesure où il importe de concevoir le tourisme régional sur le plan interjurassien pour qu'il atteigne la masse critique recherchée. 3. L'extension de la collaboration par la fusion JBT/JT Une fusion JBT/JT est une situation-limite où la collaboration est achevée et disparaît en tant que problème puisqu'il n'existe plus qu'une seule entité touristique. Encore faut-il s'assurer que l'apparence coïncide avec la réalité, que la fusion conduit bien à résoudre le problème de la collaboration, et non pas à l'occulter. Un examen quelque peu attentif de la situation telle qu'elle apparaît aujourd'hui débouche sur les considérations suivantes : (1) Homogénéité des régions touristiques : Elle est indiscutable. Que l'on considère la topographie, les ressources naturelles, le degré d'urbanisation, les structures économiques, les infrastructures publiques, les produits touristiques, il n'y a rien de déraisonnable à concevoir les territoires du Jura bernois et du canton du Jura comme une seule entité touristique. De ce point de vue, la création d'un seul office du tourisme se justifie. 8 (2) Similitudes des structures juridiques et organisationnelles de JBT et de JT : Les deux offices sont des associations de droit privé, disposant chacune d'un siège et de quatre bureaux d'accueil. Sur le plan formel, une fusion ne pose donc pas de difficultés particulières. (3) Similitude des politiques de promotion touristique : JBT et JT travaillent sur des dossiers identiques (participation aux mêmes foires, même type de documentation), et la collaboration au sein de Watch Valley a d'ores et déjà drastiquement réduit les travaux à double. Rien ne s'oppose, ici non plus, à ce que ce mouvement vers une collaboration plus intense soit parachevé par une fusion des deux offices. (4) Perspectives d'économies d'échelle : Une fusion se justifie si elle permet des économies d'échelle substantielles (même niveau de prestations avec moins de moyens). A cet égard, l'analyse apporte des conclusions pour le moins nuancées. Tout d'abord, les économies d'échelle ne peuvent porter que sur les sièges. La fusion ne justifie ni la suppression de bureaux d'accueil, ni la réduction de leurs activités (plus précisément, une suppression des bureaux d'accueil ou une réduction de leurs activités peut d'ores et déjà être décidée indépendamment par JBT et JT; c'est une modification de la politique d'accueil, non une conséquence de la fusion des offices). S'agissant des sièges, il est peu vraisemblable que l'économie de personnel dépasse 1 personne. Si l'on ajoute la suppression d'un loyer (avec cette réserve qu'un bureau d'accueil est toujours contigu au siège, de sorte que le bail de l'un est celui de l'autre, et que supprimer le siège revient à renégocier le bail dans son ensemble) et de quelques frais administratifs, l'économie réalisée serait sensiblement inférieure à 150'000 francs, c'est-à-dire 5% environ du budget cumulé des deux offices. L'économie se situe dans des limites modestes pour justifier une fusion. (5) Asymétrie des deux offices du tourisme : Les résultats obtenus au titre des économies d'échelle sont encore contrariés par la prise en considération de l'asymétrie qui règne entre JBT et JT. Le point I.5 ci-dessus a montré que la dotation en personnel est sensiblement différente entre les deux offices. Plusieurs explications sont possibles a priori : sous-dotation de JBT, sur-dotation de JT, éventail de tâches plus large à JT. Quelle que soit l'explication retenue, la fusion exige un ajustement afin que les deux régions soient touristiquement servies de façon égale. Si JBT est sous-doté, la rectification conduit à une disparition des économies d'échelle induites par la fusion, voire à une augmentation des subventions publiques. La sur-dotation de JT est peu vraisemblable puisque cet office vient de faire l'objet d'un audit approfondi et que la dotation prévue dès 2005 est considérée comme optimale. Si les tâches de JT sont supérieures à celles de JBT, la question est de savoir s'il convient d'ajuster celles de JBT sur celles de JT (auquel cas les économies d'échelle découlant de la fusion seraient certainement effacées), ou d'ajuster à la baisse celles de JT sur celles de JBT (au risque de susciter l'opposition des prestataires touristiques du canton du Jura). Les auteurs du présent rapport n'ont pas procédé aux investigations propres à déterminer laquelle de ces trois hypothèses était la plus pertinente. Ce n'était pas indispensable à ce stade de la réflexion, car, si l'on admet que la fusion des deux offices ne s'accommode pas de la persistance d'une offre de prestations différentes entre Jura bernois et canton du Jura – ce que le bon sens semble requérir – alors il y a tout lieu de croire que les économies d'échelle – déjà fort modestes – engendrées par la fusion de JBT et de JT serviront à réaliser les ajustements nécessités par un éventail de services égal entre Jura bernois et canton du Jura, cette égalité étant obtenue - pour éviter les frustrations – par un ajustement vers le haut plutôt que vers le bas. C'est cet aspect du problème qu'il convient de retenir pour le présent rapport. 9 (6) Convergence /Divergence des rôles de JBT et de JT dans la politique touristique des Etats : Les statuts de JBT et de JT assignent des missions similaires aux offices du tourisme. Cet élément constitue un atout dans la perspective d'une fusion. Néanmoins, le positionnement de ces deux offices dans la politique touristique du canton de Berne et du Jura est sensiblement différent : JT est l'office cantonal du tourisme du canton du Jura et à ce titre, seul interlocuteur de l'Etat en matière touristique. En revanche, JBT est l'office de l'une des onze "destinations touristiques" du canton de Berne, et se trouve par conséquent "en concurrence" avec ses dix partenaires. Cette situation ne porte pas à conséquence aussi longtemps que JBT et JT sont deux entités autonomes. En revanche, des problèmes délicats pourraient survenir en cas de fusion. La nouvelle entité serait reconnue comme interlocutrice exclusive par le Jura, et comme une interlocutrice parmi d'autres par Berne. Pour fonctionner convenablement, cette entité aurait besoin de se référer à une politique unique pour le canton du Jura et le Jura bernois, ce qui implique une entente parfaite entre les deux Etats sur la politique touristique à appliquer sur le territoire concerné. Bien sûr, cette entente entre les deux Etats est tout à fait possible, mais rien ne garantit que des divergences ne surviendront pas, ne serait-ce que suite à la nécessité pour l'Etat de Berne d'assurer l'équité entre ses diverses "destinations touristiques". Rien ne sert de fusionner les offices si les politiques cantonales du tourisme divergent. L'option fusion suppose que ce problème soit réglé préalablement si l'on souhaite éviter de mettre la nouvelle entité touristique à l'abri de conflits dont elle ne maîtrise ni les tenants, ni les aboutissants. (7) Positionnement différent des communes : Dans la région jurassienne (contrairement à la région alpine), la promotion du tourisme ne concerne guère les communes. En revanche, dès le moment où les touristes sont là, le rôle des communes prend de l'importance, de sorte que leurs relations avec l'office du tourisme (considéré comme "carrefour", "plaque tournante" du tourisme régional) doivent être clairement définies. A cet égard, il y a une grande différence entre le canton du Jura et le Jura bernois. Dans le canton du Jura, les communes sont membres de droit de JT. De ce fait, elles sont tenues de verser à JT une contribution financière annuelle de 3 francs par habitant, ce montant étant porté à 6 francs pour celles qui hébergent un bureau d'accueil, et à 8 francs pour celle qui détient le siège de JT (arrêté du Parlement du 21.10.1998). La situation est très différente dans le Jura bernois. Les communes n'ont nulle obligation d'adhérer à JBT et, si elles y adhèrent, elles acquittent une cotisation statutaire. Il est évident qu'une fusion des offices nécessitera une harmonisation de la position des communes par rapport à la nouvelle entité touristique. Le choix porte sur le caractère obligatoire ou facultatif de la participation des communes. Si le caractère obligatoire prévaut, la charge financière sur les communes du Jura bernois augmentera. Si au contraire, le caractère facultatif l'emporte, la contribution financière des communes diminuera, ce qui affaiblira la nouvelle entité touristique. L'obstacle n'est pas insurmontable, mais nécessite moultes précautions. (8) Régime différencié des taxes touristiques : Le canton de Berne perçoit une taxe cantonale d'hébergement, alors que les communes ont la faculté (mais non l'obligation) d'instituer une taxe de séjour. Le produit de la taxe d'hébergement est versé au fonds du tourisme, lequel sert au financement de la promotion touristique et des "events" ayant une incidence touristique. Le produit de la taxe de séjour est laissé à la libre disposition des communes. 10 Le régime des taxes touristiques est très différent dans le canton du Jura. Il n'existe pas de taxe cantonale d'hébergement, mais une taxe cantonale de séjour (seul le canton a compétence pour instituer une taxe de séjour, exception faite du camping résidentiel et des résidences secondaires occupés par leurs propriétaires, pour lesquels les communes peuvent instituer une taxe de séjour). Le produit de la taxe cantonale de séjour est réparti à raison de 20% aux communes et 80% à JT. En cas de fusion JBT/JT, rien n'interdit, sur le plan technique, que les contribuables des deux régions soient soumis à des régimes différents. Il en va différemment du point de vue économique et financier. Le cercle des contribuables est approximativement le même et le type d'établissement d'hébergement est tout à fait similaire de part et d'autre de la frontière cantonale : un régime différent de taxation ne se justifie pas économiquement parlant. De même, il n'est pas indifférent pour la nouvelle entité touristique que le produit des taxes touristiques lui soit remis ou non. Une fusion de JBT/JT nécessite certainement une harmonisation du régime des taxes, qu'il s'agisse de leur nature (taxe d'hébergement ? taxe de séjour?), de leur champ d'application (qui sont les contribuables ?), de leur montant et de leur affectation. (9) Parité du subventionnement cantonal : Le point II.7, litt. a, ci-dessus met clairement en évidence une disparité sensible dans la subvention cantonale à JBT et à JT. Selon toute vraisemblance, cette disparité s'accentuera encore dès 2005. On imagine mal qu'une entité touristique commune, au service de deux régions où le Jura bernois représente 74% de la population du canton du Jura et 65% de sa superficie, soit mise au bénéfice d'une subvention cantonale globale dont la couverture assumée par le canton de Berne représenterait 56% de celle assumée par le canton du Jura. A l'évidence, un ajustement se révèle nécessaire. * * * Aux neuf observations qui précèdent s'ajoutent trois considérations : a) La fusion de JBT et de JT ne se résume pas à une opération technique et juridique (droit privé). Les deux offices sont insérés dans un environnement juridique plus vaste que le CCS puisqu'ils sont régis en partie par les dispositions légales cantonales relatives au tourisme. Fusionner deux entités de deux cantons revient à ajuster ces dispositions légales en conséquence. D'autre part, l'analyse a montré que JT est mieux doté en personnel et en moyens financiers (le budget de JBT représente 53% de celui de JT), de sorte qu'une fusion soulève de délicats problèmes d'ajustement si l'on souhaite que les deux régions soient traitées équitablement. Ne serait-ce que pour ces raisons-là, les soussignés estiment prématuré de recommander une fusion. Il convient au préalable d'étudier soigneusement les problèmes mentionnés ci-dessus afin de leur trouver une solution politiquement acceptable. 11 b) Il est parfaitement possible d'imposer une fusion par décision gouvernementale. Mais une fusion réussie ne se décrète pas. La légitimité et la force d'un office du tourisme tiennent à la représentativité et à l'engagement de ses membres. La dynamique d'une fusion doit trouver sa source dans la volonté des membres des deux offices. Autant que l'on puisse en juger, cette volonté ne s'est guère affirmée jusqu'ici, soit parce que la nécessité d'une fusion n'est guère ressentie, soit parce que prévaut la crainte qu'une fusion soit synonyme d'absorption de l'un par l'autre, soit encore parce que les conditions politiques ne sont guère propices à cette opération. c) Finalement, la proposition d'instituer une seule direction pour les deux offices (proposition émise en son temps par l'AIJ et divers milieux) a été purement et simplement écartée. On ne voit pas comment une direction mettrait à exécution des décisions dont rien ne garantit la non-contradiction (exemple : un comité décide de participer à une foire; l'autre comité refuse d'y participer !). CONCLUSION ET PROPOSITIONS L'analyse qui précède a mis en évidence les similitudes et les différences qui caractérisent JBT et JT. Les premières légitiment la collaboration qui peut et doit s'installer entre les deux offices, tandis que les secondes en tracent les limites. L'analyse a également révélé en quoi consiste la collaboration actuellement mise en place (une collaboration bien plus importante qu'on ne l'imagine d'ordinaire, mais qu'on peut encore renforcer). Cependant, une collaboration qui irait jusqu'à son aboutissement logique (la fusion des deux offices) semble prématurée, du fait que des questions juridico-politiques doivent préalablement être éclaircies, et que les milieux du tourisme ne semblent pas (encore) prêts à une telle éventualité. Dans ces conditions, nous parvenons aux conclusions suivantes : Constat : Le concept de collaboration entre JBT et JT existe maintenant déjà sur des bases satisfaisantes. Il n'est nul besoin d'en concevoir un autre. L'optimisation du concept passe par les propositions suivantes : Proposition 1 : Consolider la politique de promotion touristique des deux offices en veillant à pérenniser et à renforcer Watch Valley Proposition 2 : Favoriser le rapprochement de JBT et de JT au niveau le plus élevé, par des réunions des deux comités (ou des bureaux des comités), et/ou des participations croisées au sein des deux comités. 12 Proposition 3 : Lancer les travaux nécessaires à l'élaboration d'un concept de développement touristique interjurassien en y intégrant JBT et JT. Proposition 4 : Renforcer la collaboration administrative des bureaux d'accueil, de l'information, de l'offre des produits touristiques et de leur valorisation. Berne, Delémont, novembre 2004 République et Canton du Jura Service de l'économie Canton de Berne BECO - Secteur tourisme Jacques Bloque Annelise Ryffel Chef du Service de l'économie Cheffe de projet 13