Nutrition et santé bucco-dentaire chez le chat par N. Girard et

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Nutrition et santé bucco-dentaire chez le chat par N. Girard et
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Encyclopédie de la
Nutrition
Clinique Féline
Pascale Pibot
DMV, Responsable des
Éditions Scientifiques,
Communication,
Groupe Royal Canin
Vincent Biourge
Denise Elliott
DMV, PhD,
Dipl. ACVN, Dipl.
ECVCN
Directeur Scientifique
Nutrition-Santé pour
le Centre de Recherche
Royal Canin
BVSc (Hons) PhD,
Dipl. ACVIM,
Dipl. ACVN
Directrice
Scientifique
Royal Canin aux
États-Unis
Ce livre est reproduit sur le site d'IVIS avec l'autorisation de Royal Canin. IVIS remercie Royal Canin pour son soutien.
Nicolas GIRARD
DMV
MEng, Centre de
Recherche Royal Canin,
Aimargues, France
1 - Le comportement alimentaire du chat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .359
2 - Les affections bucco-dentaires les plus fréquentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 362
3 - Prévention des affections bucco-dentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 372
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 375
Fausses idées à propos des affections bucco-dentaires chez le chat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 376
Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 377
Informations nutritionnelles Royal Canin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 379
ABRÉVIATIONS UTILISÉES DANS CE CHAPITRE
ATM : articulation temporo-mandibulaire
I : incisive
C : canine
FORL (feline oral resorptive lesion) : lésion de résorption
odontoclastique féline
M : molaire
PM : prémolaire
PRN : plaque reduction nutrient
RD : résorption dentaire (type 1 ou 2)
357
Bucco-dentaire
Eric SERVET
Nutrition et santé
bucco-dentaire
chez le chat
Nutrition et santé
bucco-dentaire chez le chat
Nicolas GIRARD
DMV
Nicolas Girard est diplômé de l’École Nationale Vétérinaire de Toulouse depuis 1987. Après avoir pratiqué la médecine vétérinaire
généraliste pour petits animaux pendant une douzaine d’années, Nicolas exerce maintenant exclusivement en Dentisterie vétérinaire et en otorhino-laryngologie dans le Sud-Est de la France.
En France, Nicolas Girard est en charge de la consultation de Dentisterie à l’École vétérinaire d’Alfort. Il est également responsable
du comité scientifique du Bureau du Groupe d’Étude et de Recherche en Odonto-Stomatologie Vétérinaire (GEROS), dépendant de
l’Association Française des Vétérinaires pour Animaux de Compagnie (AFVAC). Nicolas est également membre de l’European Veterinary
Dental Society (EVDS).
Eric SERVET
MEng
Eric Servet est diplômé d’une école d’ingénieur française (ENITIAA), spécialisée dans les ingrédients et les technologies alimentaires. De
1999 à 2001, il travaille d’abord sur le développement pilote et la formulation des produits dans des industries laitières. Il passe ensuite un
an aux Etats-Unis chez Royal Canin USA où il s’occupe de la stabilité et de l’appétence des produits. Depuis 2002, il occupe le poste
d’ingénieur de recherche au sein du Centre de Recherche et Développement de Royal Canin (Aimargues, France). Ses principaux domaines
de recherches chez le chien et le chat sont : l’hygiène dentaire, la nutrition des cartilages articulaires et l’obésité.
L
Bucco-dentaire
’influence des dents sur la santé générale de l’animal est
essentielle et se manifeste au travers de fonctions multiples :
chasse, préhension et section des aliments, défense, compétitivité.
Peu d’études épidémiologiques précises décrivent la santé
bucco-dentaire des félins dans sa globalité. Les données relatives
au chien sont la plupart du temps extrapolées à l’espèce féline
alors que la pathologie bucco-dentaire du chat, dans sa diversité,
présente des spécificités qu’il est important pour un vétérinaire
de connaître.
Les maladies parodontales sont des affections bucco-dentaires
fréquentes chez le chat mais trop souvent sous-évaluées par le
vétérinaire et du même coup traitées trop superficiellement.
Les progrès récents de la dentisterie vétérinaire féline offrent
des éléments nouveaux pour son évaluation et son diagnostic
ainsi que des outils de prévention plus performants. L’ensemble
de ces informations doivent être au centre du pacte de soins
qui unit le vétérinaire au propriétaire de chat afin de diminuer
le plus possible douleurs et infections associées.
358
1 - Le comportement alimentaire du chat
1 - Le comportement alimentaire du chat
Particularités anatomiques et physiologiques
Les chats sont des carnivores vrais et
leur dentition est la même que celle
des principaux Félidés (Figure 1).
Quatre types de dents sont présents
[les incisives (I), les canines (C), les
prémolaires (PM) et les molaires (M)]
mais le chat se distingue du chien et
des autres carnivores par l’absence des
dents broyeuses, les molaires maxillaires (Figures 1 et 2).
FIGURE 1 - VUE DE PROFIL DE LA DENTITION D’UN CHAT ADULTE
Dans les différentes séquences du
comportement alimentaire, le rôle des
dents se résume à la capture et à la
dilacération de petites proies grâce à
des groupes de dents différenciés.
- Les incisives ont une forme leur permettant de couper, d’évider et de
cisailler.
- Les canines sont profilées de manière
à transpercer et tenir une proie.
- Les prémolaires servent surtout à
transporter l’aliment et à le sectionner en petits morceaux.
La cavité buccale des félins est capable de s’ouvrir largement afin de favoriser l’engagement des canines
autour de leur proie tout en facilitant l’action puissante des carnassières. Une fois la proie sectionnée
en plusieurs morceaux, elle est avalée. (Wiggs et Lobprise, 1997).
Les quatre dents coupantes
les plus larges en arrière
des mâchoires supérieures
et inférieures sont appelées
les carnassières (PM4
maxillaire et M1
mandibulaire).
Formule dentaire du chat
adulte (par demi-mâchoire):
I 3/3 ; C 1/1 ; PM 3/2 ; M 1/1
Soit 30 dents présentes dans la
cavité buccale du chat adulte.
FIGURE 2 - VUE DE FACE DE L’OCCLUSION
DENTAIRE CHEZ LE CHAT
Bucco-dentaire
Les mouvements des mâchoires sont limités au seul plan sagittal (pas de mouvement transverse «masticatoire»). Cette spécialisation extrême des mâchoires et des articulations temporo-mandibulaires
(ATM) chez le félin garantit une grande efficacité au regard des forces mises en jeu pendant la section
ou la capture des proies (Orsini et Hennet, 1992). Chez le chat domestique, les pressions appliquées sont
de l’ordre de 23 kg au contact des canines et 28 kg au niveau des carnassières (Buckland, 1975). L’intégrité articulaire est maintenue par des ligaments latéraux puissants surplombés d’une musculature
masticatoire efficace. Le sectionnement par les carnassières est la plupart du temps doublé d’un effort
de torsion et de translation au niveau des ATM. La symphyse fibreuse unissant les deux branches de la
mandibule permet des mouvements distincts de la mâchoire droite ou gauche suivant les besoins et le
côté utilisé par le chat (Harvey et Emily, 1993).
Des techniques variées de préhension buccale
Dans la nature, le régime alimentaire des chats sauvages est composé majoritairement de petits rongeurs, de lapins, d’oiseaux et de quelques lézards. Lorsqu’il a attrapé une proie, le chat, en plusieurs
séquences, la coupe et l’avale en petit morceaux.
Même si la domestication modifie partiellement leur comportement alimentaire, les chats domestiques
conservent la capacité de retourner à la vie sauvage car l’instinct de chasse est toujours présent, dissocié de la fonction d’alimentation : seulement 13 % des proies guettées sont réellement attrapées (Kays
et DeWan, 2004). Une étude a montré que, même nourris de façon appropriée, des chats de maison
ayant un accès à un jardin continuent de chasser et de manger leurs proies même si la proportion de
celles-ci dans la ration totale est nettement inférieure à celle observée pour les chats vivant toujours à
l’extérieur (66 g /jour vs 294 g /jour) (Liberg, 1984).
La cavité buccale refermée, les incisives de la
mâchoire inférieure viennent buter directement
en arrière des incisives maxillaires. La canine
inférieure vient se positionner entre la canine
supérieure et la troisième incisive maxillaire.
359
1 - Le comportement alimentaire du chat
FIGURE 4 - DIFFÉRENTS MODES DE PRÉHENSION BUCCALE IDENTIFIÉS CHEZ LE CHAT
Mode supra-lingual
Le premier contact
avec la croquette se fait
avec la face supérieure
de la langue.
Figure 3 - Analyse vidéo
du mode de préhension buccale
du chat Persan.
Analyse réalisée en partenariat entre
Royal Canin, l’École Nationale des
Arts et Métiers d’Angers (ENSAM)
et l’Ecole des Mines d’Alès (EMA)
Mode sub-lingual
Le premier contact
avec la croquette se fait
avec la face inférieure
de la langue.
Mode labial
Le premier contact
avec la croquette se fait
avec les babines.
Mode «pelleteuse»
Le premier contact
avec la croquette se fait
avec les incisives.
L’appétence des aliments industriels fait l’objet d’études attentives et approfondies afin de toujours améliorer la qualité des produits proposés. Lorsqu’il s’agit d’aliments secs en croquettes, différentes tailles,
formes, textures et densités sont proposées aux chats pour évaluer leur réaction. L’analyse filmée du
comportement alimentaire de différentes races de chats domestiques (Figure 3) a permis de caractériser la préhension du chat en général mais aussi d’identifier plusieurs modes de préhension des croquettes
chez le chat (Figure 4):
- mode supra-lingual: le chat utilise la partie supérieure de la langue
- mode labial: le chat utilise les lèvres et les babines .
- mode «pelleteuse»: le chat prend la croquette avec les incisives
- mode sub-lingual: le chat utilise la partie inférieure de la langue
Le mode de préhension des croquettes varie en fonction des races observées. Une certaine adaptabilité du comportement de préhension et de mastication est notée suivant la forme et la taille de la croquette distribuée (études internes Royal Canin non publiées, 2002).
Mâchoire inférieure
Chat Européen
Mâchoire supérieure
3,45 cm
Chat Persan
Mâchoire supérieure
2,75 cm
2,95 cm
3,50 cm
2,50 cm
2,89 cm
3,12 cm
Mode de préhension
lingual inférieur
FIGURE 5 - COMPARAISON DE LA CONFORMATION DES MÂCHOIRES
ENTRE UN CHAT BRACHYCÉPHALE (PERSAN) ET UN CHAT MÉSOCÉPHALE
Source : Centre de Recherche Royal Canin, 2002
2,60 cm
Bucco-dentaire
L’observation de chats brachycéphales (ex: Persans) met en évidence une difficulté de préhension des
croquettes rondes de taille standards, notamment avec les incisives. Dans 80 % des cas, pour attraper
une croquette standard, le Persan se sert de sa langue (60 % des prises en mode sublingual (Figure 5)
et 20 % en mode supra-lingual). Il ne se sert de ses babines que dans 20 % des cas et le mode « pelleteuse » n’est pas observé.
Mâchoire inférieure
Les empreintes buccales mettent en évidence une implantation des dents plus serrée dans les mâchoires du Persan.
Dans cette race, un mode de préhension particulier est observé (sub-lingual ).
360
1 - Le comportement alimentaire du chat
- Les chats dolichocéphales (ex : Siamois) utilisent volontiers leurs incisives (Figure 6): le mode de
préhension «en pelleteuse» est observé dans 30 % des cas. Il est d’autant plus efficace que la gamelle est remplie de croquettes. La préhension tend à évoluer vers le mode supra-lingual lorsque le plat
se vide (pour plus d’adhésion langue-croquette). Face à une croquette standard, le siamois utilise dans
70 % des cas un mode supra-lingual.
L’influence des particularités anatomiques liées à la race se manifeste également dans la suite du comportement alimentaire. En effet, après avoir saisi une croquette standard, les chats Persans ne croquent
que dans 10 % des cas environ, alors que le «taux de croquage» est de 90 % chez le Maine Coon et le
Siamois (études internes Royal Canin non publiées, 2002).
Ainsi, la préhension et ses différents modes différent sensiblement d’une race à l’autre et plus précisément d’une biométrie maxillo-faciale à l’autre.
Rythme d’alimentation chez le chat domestique
Le chat domestique conserve pour habitude le fractionnement important de son régime alimentaire
journalier. Confronté à différents types d’aliments secs, la fréquence et la durée moyenne des repas
varient suivant la race du chat et l’aliment proposé (études internes Royal Canin, 2006).
En moyenne, un chat à qui l’on propose des croquettes en libre-service fait une dizaine de repas par
jour. Chaque repas dure en moyenne 2 minutes et permet la consommation d’environ 6 g d’aliment.
Sur l’ensemble du nycthémère, le chat consacre donc en moyenne 20 min à manger et ingère 50 à 60 g
de croquettes par jour (Tableau 1). La consommation alimentaire nocturne représente 30 % du total
de l’aliment ingéré. Pendant la nuit, les repas sont en général plus importants et plus longs. Il a été
observé que la race influence fortement le rythme d’alimentation (Figure 8) et les quantités ingérés à
chaque repas.
Source : Centre de Recherche Royal Canin, 2002
- Les chats mésocéphaliques (ex: Maine Coon) utilisent les modes de préhension supra-lingual et labial
quasiment à parité au début du repas (respectivement dans 57 et 42 % des cas) (Figure 7). Ce rapport peut évoluer en faveur du mode lingual au cours du repas ou en présence de croquettes plus petites
(83 % lingual vs 17 % labial).
Figure 6 - Préhension alimentaire classique
chez le Siamois. L’analyse séquentielle de 4800
séances de préhension indique que chez le Siamois,
la prise alimentaire se fait à l’aide des incisives
dans 30 % des cas. L’angle d’ouverture des
mâchoires est très large.
Aliment 1
Aliment 2
Aliment 3
Aliment 4
Moyenne
Nombre de repas/24 h
9,5
8,4
10,0
10,1
9,5
Taille du repas (g)
6,7
6,7
5,6
5,3
6,1
Consommation totale/24 h (g)
57,1
53,1
53,7
52,8
54,2
Durée moyenne d’un repas
(min’ sec’’)
1’48’’
2’16’’
2’16’’
2’09’’
2’07’’
Temps total de consommation/24 h
(min’ sec’’)
16’39’’
18’35’’
22’28’’
21’46’’
19’53’’
4,1
3,3
2,9
2,7
3,2
Vitesse de consommation (g/mn)
Source : Centre de Recherche Royal Canin, 2002
TABLEAU 1 - PROFIL DE CONSOMMATION ALIMENTAIRE
CHEZ LE CHAT NOURRI AVEC UN ALIMENT SEC AD LIBITUM
(Données obtenues chez 16 chats consommant à volonté et à tour de rôle l’un des quatre aliments proposés études internes Royal Canin, 2006)
Bucco-dentaire
L’incidence des variations biométriques maxillo-faciales sur le mode d’alimentation du chat domestique
est donc évidente. Les différences significatives observées en fonction des morphologies faciales étudiées soulignent un mode de préhension ainsi qu’un rythme d’alimentation et une quantité d’aliment
ingéré variés. La faible adaptabilité de ses mouvements masticatoires (cf. supra) lui impose une modification des séquences naturelles de préhension et d’ingestion en fonction de la proie capturée ou de
l’aliment distribué.
Figure 7 - Préhension alimentaire classique
chez le Maine Coon. L’analyse séquentielle de
7200 séances de préhension indique que chez le
Maine Coon, la prise alimentaire se répartir à peu
près équitablement entre le mode supra-lingual
et labial.
361
DES REPAS CHEZ LES CHATS NOURRIS AVEC UN ALIMENT SEC
240
Durée moyenne d’un repas (sec)
2 - Les affections bucco-dentaires les plus fréquentes
FIGURE 8 - INFLUENCE DE LA RACE SUR LA DURÉE MOYENNE
Les chats domestiques ont cependant conservé les grandes
lignes de leur comportement alimentaire sauvage. Leur
comportement alimentaire fait toujours l’objet de nombreuses recherches afin d’évaluer le plus précisément possible l’impact des aliments industriels distribués sur la santé
bucco-dentaire des chats.
2 - Les affections
bucco-dentaires
les plus fréquentes
210
180
150
120
90
Bengal
(7)
Européen
(30)
Maine
Coon
(9)
Persan
(8)
Sacré de
Birmanie
(6)
Siamois
(8)
Lorsque les chats ont à leur disposition un aliment sec standard, les chats font
une douzaine de repas étalés sur le nycthémère. La durée moyenne de chaque
repas est de 2 minutes (‘), toutes races confondues. Cette moyenne est cependant deux fois plus importante chez les chats Persans que dans les autres races
étudiées : 3’27 ’’ chez les Persans, au lieu de 1’49’’ dans les autres races
(données Royal Canin non publiées, 2005).
Prévalence des affections
bucco-dentaires félines
dans les populations sauvages
et domestiques
Qu’ils soient domestiques ou sauvages, le régime alimentaire des chats est dicté par leur environnement. À cet
égard, le mode d’alimentation industriel est souvent incriminé comme un facteur aggravant des affections buccodentaires. L’analyse des affections bucco-dentaires d’une
population de chats sauvages fournit l’opportunité d’étudier
le lien potentiel entre un régime alimentaire bien défini et
les différentes affections relevées.
Quatre chats ont été introduits en 1949 sur l’Isle de Marion, une île de l'océan Indien, et la population féline s’y est rapidement développée. Le régime alimentaire de ces chats est composé à 96 % d’oiseaux marins associé à l’ingestion de quelques cailloux. L’ analyse post mortem d’une collection de 300
crânes issus de cette population féline a permis d’étudier la santé bucco-dentaire des chats. Malgré un
âge moyen du groupe estimé à 2-3 ans, la prévalence de la maladie parodontale, sous une forme modérée à sévère, est de 48 %. Si la lecture des résultats tient compte des dents absentes (perte probablement due à la maladie parodontale), la prévalence de cette dernière atteint 61,8 % des chats et 14,8 %
des dents observées. La prévalence des traumatismes dentaires et des résorptions dentaires est également élevée, statistiquement associée à celle de la maladie parodontale. En revanche, dans cette étude,
seulement 9 % des chats présentent du tartre, essentiellement sur les carnassières maxillaires.
Bucco-dentaire
Le régime alimentaire très spécifique de cette population de chats sauvages explique sans doute la fréquence élevée des lésions parodontales et la faible prévalence du tartre dentaire observés sur une colonie aussi jeune. Lorsque les chats dilacèrent les carcasses d’oiseaux marins, les sections d’os acérés sont
probablement responsables de traumatismes gingivaux, supposés dans ce cas favoriser le développement
d’inflammations parodontales plus sévères (Verstraete et coll, 1996).
Dans une étude Australienne, l’analyse des affections bucco-dentaires au travers de critères cliniques
et radiographiques de 29 chats sauvages et 20 chats domestiques (Clarke et Cameron, 1998) établit que
la prévalence de la maladie parodontale n’est pas significativement différente chez les chats nourris
avec des aliments industriels et chez les chats dont l’alimentation repose essentiellement sur la prédation de petites proies. Un mode alimentaire basé sur la chasse ne constitue pas une protection naturelle des affections bucco-dentaires pour le chat sauvage.
Un examen vétérinaire portant sur 15226 chats domestiques (Lund et coll, 1998), a montré que les
affections bucco-dentaires viennent en première place des différentes affections observées. Le tartre est
présent chez 24 % des chats et 13 % d’entre eux souffrent d’une forme de gingivite.
Une analyse plus fine réalisée par des vétérinaires ayant un intérêt pour la dentisterie confirme une
forte prévalence des affections bucco-dentaires : dans la population étudiée, soit 753 chats, 73 % pré362
2 - Les affections bucco-dentaires les plus fréquentes
sentent une gingivite, du tartre dentaire est présent chez 67 % d’entre eux, des dents manquent chez
28 % des chats, 25 % présentent des résorptions dentaires, 19 % une parodontite sévère, 12 % une stomatite et 11 % des fractures dentaires (Verhaerte et Van Wetter, 2004).
Lorsque l’on s’intéresse à la clientèle féline d’un vétérinaire spécialisé en dentisterie, la prévalence de
la maladie parodontale est évaluée à 32 % des individus. Sur 152 chats soignés, gingivite et dents manquantes sont notées pour 59 % d’entre eux, des résorptions dentaires sont présentes chez 57 % des chats,
des fractures dentaires chez 23 % des chats et on compte 2,6 % de cas de stomatite. La prévalence du
tartre dentaire est estimée à 90 % (Crossley, 1991).
L’analyse post mortem de 81 chats décédés sans relation avec une pathologie bucco-dentaire avérée, met
en évidence, par un examen clinique et radiographique, la forte prévalence de la maladie parodontale.
Cinquante deux pour cent des chats de plus de 4 ans présentent déjà une forme d’inflammation du
parodonte. Plus de 40 % des animaux de plus de 9 ans présentent une forme sévère de la maladie. Seulement moins de 3 % des animaux de plus de 15 ans ne présentent aucune forme de lésions apparentées à la maladie parodontale (Gengler et coll,1995).
À la lecture des études présentées ci-dessus, force est de constater la forte prévalence de la maladie
parodontale chez le chat. Pour autant on ne peut pas observer de différences majeures entre les populations de chats sauvages ou domestiques, ni d’influence apparente du régime alimentaire industriel. La
présence d’affections bucco-dentaires n’est donc pas l’apanage des chats domestiques et n’est pas obligatoirement associée à la distribution d’un aliment industriel.
Ces informations sont malheureusement toujours sous évaluées de nos jours. Elles mettent pourtant en
lumière le fait que la forte prévalence des inflammations buccales chez le chat est la première cause de
maladie infectieuse dans cette espèce. L’impact clinique s’avère bien plus important qu’il n’y paraît. Il
est notamment évident pour les groupes de chats sauvages pour qui la santé en général est liée à la compétition inter espèces et conditionne la survie même des individus. Dans le cas des chats domestiques,
la douleur résultant des affections bucco-dentaires est habituellement sous-estimée. Une fois traités, ces
animaux montrent en effet des modifications importantes de leur comportement. Certains propriétaires
qualifient de "renaissance" ce retour à la situation normale.
Maladie parodontale
Dans les populations de chats
sauvages, les inflammations buccales
peuvent mettre en danger la santé,
voire la survie même des individus.
Bucco-dentaire
La maladie parodontale représente l’affection la plus fréquente
chez le chat. C’est une maladie inflammatoire buccale associée
au développement de la plaque dentaire. La maladie parodontale ne représente pas une maladie en soi mais plutôt l’ensemble des inflammations du parodonte, aux caractéristiques
cliniques variées: chroniques ou agressives, localisées ou généralisées. Tous les stades sont possibles: de la maladie parodontale débutante, à la maladie modérée ou sévère. La progression de la maladie parodontale est fonction des contraintes
mécaniques qui s’opposent au développement de la plaque
dentaire mais aussi de la réponse immunitaire locale de
chaque individu.
© Yves Lanceau - Bengale
L’incidence de la maladie parodontale sur la santé générale
du chat est très largement sous évaluée. Elle est source de douleurs chroniques bien souvent méconnues du propriétaire et
d’infections bactériennes également chroniques dont les
effets sur les reins, les poumons ou le cœur commencent à
être mieux évalués. La maladie parodontale est l’affection la
plus fréquente chez le chat avec une prévalence évaluée à
hauteur de 30 à 70 % des individus suivant les études et les
critères d’évaluation retenus.
363
2 - Les affections bucco-dentaires les plus fréquentes
FIGURE 9 - COMPOSITION DU PARODONTE
1. Os de la mâchoire
2. Ligament parodontal
3. Gencive
4. Sulcus gingival
5. Cément
6. Dentine
7. Pulpe
8. Émail
> Description et fonctions du parodonte
Le parodonte est le tissu qui assure le soutien des dents dans la cavité buccale. Il constitue le lien entre
la dent, la structure osseuse des mâchoires et la muqueuse orale. Son développement est associé à l’éruption de la dent et il disparaît avec l’exfoliation de la dent. Le tissu parodontal garantit l’intégrité des
structures dentaires et protège efficacement les structures anatomiques sous-jacentes des agressions se
produisant dans l’environnement oral.
Le parodonte est composé de la gencive, du ligament parodontal, du cément et de l’os alvéolaire.
(Figure 9).
Bucco-dentaire
L’os alvéolaire constitue une partie différenciée de l’os des mâchoires. Il assure le positionnement des
racines dentaires au niveau de dépressions nommées « alvéoles dentaires ».
Le ligament parodontal est composé de fibres de collagène qui relient la surface de la racine dentaire
(cément) à l’os alvéolaire. Tel un amortisseur hydraulique, le ligament parodontal amortit les pressions
transmises sur l’os alvéolaire au cours de la préhension et de la section des aliments. Ces fibres spécialisées assurent au tissu osseux sous-jacent une meilleure résistance aux pressions exercées, et font naître
un message douloureux lorsque sa résistance mécanique atteint ses limites.
Le cément recouvre la racine dentaire. Sa structure est semblable à celle de l’os, mais ne contient ni
lacunes ni canaux.
La gencive recouvre l’os alvéolaire sous-jacent et enserre la base de la couronne dentaire. La gencive
est composée d’un épithélium squameux et kératinisé, différent de la muqueuse alvéolaire, lâche, fortement vascularisée et non kératinisée. Elle comporte deux parties.
- La gencive libre se situe au niveau de la couronne dentaire. Elle délimite un espace contre la couronne
dentaire, appelé sulcus gingival, dont la profondeur physiologique est inférieure à 0,5 mm chez le chat.
Le point faible de la jonction dent/gencive se situe toujours au niveau du sulcus gingival. L’espace
délimité est en effet relativement fermé et se trouve prédisposé à accumuler la plaque dentaire et divers
débris alimentaires. Comme sa nature histologique le rend plus sensible au processus inflammatoire,
le sulcus gingival représente une porte d’entrée pour l’infection parodontale. Par conséquent, il doit
focaliser toute l’attention des programmes de traitement et de prévention de la maladie parodontale.
© N. Girard
- La gencive attachée à la dent et à l’os alvéolaire constitue une barrière essentielle contre les agressions
bactériennes. La marge coronaire de la gencive est plaquée contre le renflement de la base de la couronne dentaire et amplifie cet effet protecteur.
Gencive saine
364
> Pathogénie de la maladie parodontale
L’adhésion et la prolifération de bactéries à la surface de l’émail dentaire ne sont pas possibles en tant
que tel. La colonisation progressive des surfaces dentaires par les bactéries se fait par une succession
d’étapes facilitant progressivement l’adhésion et la multiplication des bactéries:
- adhésion physique d’un film organique à la surface des dents
- colonisation secondaire par quelques bactéries spécifiques ou pionnières
- prolifération bactérienne à partir du film organique colonisé.
L’adhésion à la surface dentaire de bactéries pionnières n’est possible que suite au développement d’un
film organique (pellicule acquise) formé pour l’essentiel à partir de composants salivaires (glycoprotéines, polypeptides, glucides). Après quelques heures de développement du film, des bactéries spécifiques (Streptococcus sanguis, Actynomyces viscosus) arrivent à coloniser la pellicule acquise pour progressivement saturer l’ensemble de sa surface (>6 millions/mm2), formant alors un véritable biofilm :
la plaque dentaire (Figure 10). De nouvelles appositions bactériennes, faisant intervenir des phénomènes de co-agrégation et de co-adhésion, permettent d’établir 90 % de la biomasse de la plaque dentaire en 24 heures.
© N. Girard
Le développement de la plaque dentaire au contact de toutes
les surfaces dentaires est un processus naturel, résultant de l’interface entre la dent et la salive. Les sites anatomiques prédisposés au dépôt de plaque dentaire sont: la limite entre la couronne dentaire et les marges de la gencive ainsi que les
contacts inter-dentaires.
2 - Les affections bucco-dentaires les plus fréquentes
Environ 100 milliards de bactéries sont déversées chaque jour
dans la salive: la cavité buccale n’est donc jamais stérile. Il
existe toujours une inflammation minime, résiduelle, en regard
des muqueuses et des divers épithéliums oraux. La définition
d’un parodonte «sain» relève donc d’une appréciation clinique. Les critères d’évaluation du parodonte sain chez le chat
sont: absence de mise en évidence visuelle d’une inflammation et profondeur du sulcus gingival inférieure à 0,5 mm.
Figure 10 - Plaque dentaire
supragingivale sur dents
et gencives saines.
Des phénomènes de co-agrégation
et de co-adhésion bactérienne
permettent d’installer 90 % de la
biomasse de la plaque dentaire en
24 heures (révélation de la plaque
dentaire obtenue par coloration
vitale de type éosine).
Bucco-dentaire
À l’origine, la plaque est constituée essentiellement de bactéries aérobies Gram+ mais cette population évolue rapidement. Avec l’augmentation de la population bactérienne, la tension en oxygène de
l’air diminue: elle passe de 12-14 % dans la bouche à 1-2 % au fond du sulcus gingival. Ces nouvelles
conditions environnementales, associées à des sources de nutriments variées (alimentation, produit de
dégradation bactérienne, dégradation épithéliale), conduisent au développement d’une flore bactérienne anaérobie.
Avec la progression du processus inflammatoire, la proportion de bactéries Gram- (Porphyromonas sp,
Prevotella sp, Peptostreptococcus sp), de Fusobactérium, et de spirochètes augmentent. Le rôle pathogène de ces bactéries agressives est beaucoup plus marqué et s’exerce par l’intermédiaire de diverses
enzymes, toxines, et produits de dégradation (Haake et coll, 2002).
Le tartre n’est que la forme minéralisée, fossile, de la plaque dentaire, conséquence de l’activité catalytique de certaines bactéries. Il se dépose à la fois au-dessus et sous la gencive (Figure 11). Si le tartre
ne contient plus de bactéries pathogènes, son caractère poreux favorise en revanche l’accumulation
nouvelle de plaque dentaire. Il n’est donc pas à l’origine de l’inflammation du parodonte mais en est
un des facteurs aggravants.
© N. Girard
En résumé, la plaque dentaire est un biofilm se formant à la surface dentaire. Elle est composée d’une communauté d’espèces bactériennes enchâssées à l’intérieur d’une matrice extracellulaire de polymères produits par l’hôte et les bactéries elles-mêmes (Marsh, 2004). La modification de sa composition est synonyme d’une progression de l’inflammation parodontale. Son interrelation avec les mécanismes de défenses
immunitaires du chat conditionne en quelque sorte l’importance de l’inflammation parodontale.
Figure 11 - Dépôt de tartre dentaire
chez le chat. Accumulation de tartre sur 100 %
de la PM4 maxillaire associée à une récession
gingivale vestibulaire et exposition de la furcation
dentaire
365
© N. Girard
2 - Les affections bucco-dentaires les plus fréquentes
L’accumulation de plaque dentaire au niveau du sulcus gingival conduit à une inflammation des marges
de la gencive (Figure 12). À ce stade, des soins professionnels, couplés avec une éviction prolongée
de la plaque dentaire, assurent une rémission complète des lésions. Sans traitement, la plaque dentaire continue à s’accumuler et l’inflammation progresse. Les conditions environnementales de la cavité
orale deviennent plus favorables à une population bactérienne anaérobie qui contient de plus en plus
de Gram –. La gingivite, stade inflammatoire réversible, peut se stabiliser ou évoluer vers la parodontite.
La progression du processus inflammatoire conduit inexorablement à l’effondrement des tissus de
«connexion» à la surface dentaire. La plaque dentaire colonise alors la racine dentaire plus en profondeur. L’épithélium de jonction, constituant la limite inférieur du sulcus gingival, migre en région
apicale pour cicatriser en zone «non inflammatoire»: une poche parodontale s’est alors crée. La parodontite (Figure 13) est le stade irréversible de la maladie parodontale. Les lésions occasionnées sont
définitives et le principal objectif du traitement est d’arrêter leur progression. La cause principale de
l’évolution de la maladie parodontale réside dans la perturbation de l’équilibre établi entre la flore bactérienne pathogène de la plaque dentaire et la réponse immunitaire de l’hôte.
Figure 12 - Gingivite généralisée.
Œdème marqué de la gencive de la
canine à la carnassière ; saignement
spontané en regard de PM3.
> Description de la maladie parodontale chez le chat
En premier lieu, il faut souligner le peu de publications ayant traité de la maladie parodontale du chat,
contrairement au chien où cette maladie est bien documentée. En second lieu, remarquons que l’expression de la maladie parodontale du chat est en général décrite sur le modèle du chien ou de
l’homme sans prendre garde aux particularités éventuelles du chat en la matière.
- Une étude clinique radiographique et histologique a permis de décrire les grandes lignes de l’évolution de la maladie parodontale sur 15 chats (Reichart et coll, 1984). Une perte d’attache est apparue
sur 25% des prémolaires et molaires, essentiellement localisée en regard de leur face buccale. Une
gingivite marquée à sévère est relevée sur 56% des prémolaires et des molaires (en face buccale) et
25% des canines et des incisives (en face buccale). Après analyse radiographique, une perte d’os alvéolaire apparaît significative pour 77% des prémolaires et molaires. La perte d’os est également notée
dans 82% des cas pour les incisives et les canines (en face buccale) et 75% en face orale. La distribution générale des lésions relevées chez les chats (gingivite, perte d’os alvéolaire, résorption inflammatoire) est plus marquée en regard des prémolaires et des molaires.
Cependant, étant donné le fort pourcentage de perte d’os relevée sur les canines et les incisives, ainsi
que du pourcentage important d’absence d’incisives, il semble apparent que ces dents montrent également une forte susceptibilité aux affections parodontales (Reichart et coll, 1984).
Bucco-dentaire
Soixante-douze pour cent des chats présentés pour soins dentaires dans un service spécialisé de dentisterie vétérinaire de l’Université de Davis (Californie, USA) présentent une forme de parodontite
après analyse d’un bilan radiographique dentaire. Les résultats de cette étude confirment que la perte
© N. Girard
© N. Girard
© N. Girard
FIGURE 13 - PARODONTITE SÉVÈRE ET LOCALISÉE DE LA PM4 MAXILLAIRE GAUCHE
13A - Gingivite sévère en face mésiale
et vestibulaire
366
13B - Récession gingivale sévère en face
mésiale et palatine
13C - Alvéolyse horizontale sévère
2 - Les affections bucco-dentaires les plus fréquentes
Parodontite sévère
© N. Girard
© N. Girard
FIGURE 14 - PERTE D’OS HORIZONTALE GÉNÉRALISÉE LORS DE MALADIE PARODONTALE
CHEZ LE CHAT EN REGARD DE LA CARNASSIÈRE MANDIBULAIRE DROITE.
Perte d’os horizontale sévère généralisée
Une étude clinique et radiographique portant sur l’examen bucco-dentaire d’une population de 109
chats en bonne santé nourris avec des aliments secs confirme ces résultats. Le pourcentage de gingivite modérée à sévère associée à la présence d’un saignement au sondage parodontal est de 13 %. La
moyenne des pertes d’attache parodontale relevée est de 0,49 mm (c=1,28) avec des valeurs moyennes
plus élevées sur les canines: 1,2 mm sur la canine supérieure et 0,8 mm sur la canine inférieure. Une
perte d’attache supérieure ou égale à 2 mm s’observe sur 3,4 % des examens en face vestibulaire, 3 %
en face distale, 2,3 % en face mésiale et 2,2 % en partie linguale. Une récession gingivale (Figure 15)
est observée sur 10 % des dents. L’absence de dent est plus fréquente sur les deuxièmes prémolaires
maxillaires et sur les incisives (respectivement 21,1 % et 11,4 %). Une furcation dentaire (Figure 16)
est observée sur 18 % des dents pluri-radiculées et en moyenne sur 2 dents par chat examiné. L’analyse
radiographique montre une forte prévalence de perte d’os en regard des arcades dentaires: 21 % des
dents maxillaires et 42 % des dents mandibulaires. Une perte d’os horizontale et/ou verticale est relevée respectivement pour 52 % et 14 % des dents mandibulaires. L’analyse simplifiée des prémolaires et
des molaires souligne l’importance du processus inflammatoire: la perte d’os est observée sur 66,5 %
des dents (Girard et coll, 2008).
© N. Girard
d’os horizontale généralisée (Figure 14) est la forme la plus commune de perte d’os chez le chat (38 %).
Au total, seulement 28 % des chats présentent une hauteur d’os alvéolaire normale (Lommer et Verstraete, 2001).
Figure 15 - Récession gingivale sévère
autour d’une canine chez le chat.
Récession gingivale marquée et perte d’os
alvéolaire associée aux canines maxillaires
et mandibulaires
Bucco-dentaire
La maladie parodontale chez le chat se caractérise par une faible proportion de poche parodontale
(Figure 17), une forte prévalence d’ostéolyse sous sa forme horizontale, une forte proportion de récession gingivale et l’apparition précoce de furcation dentaire.
© N. Girard
FIGURE 16 - FURCATION DENTAIRE CHEZ LE CHAT AU NIVEAU DE LA PM3 MAXILLAIRE DROITE
Saignement profus suite au sondage parodontal
de la furcation dentaire
Perte d’os verticale
367
Récession marquée et gingivite
sévère
Insertion de la sonde parodontale
© N. Girard
© N. Girard
© N. Girard
© N. Girard
2 - Les affections bucco-dentaires les plus fréquentes
FIGURE 17 - POCHE PARODONTALE CHEZ LE CHAT
Evaluation de la profondeur
de la poche parodontale : 13 mm
Perte d’os alvéolaire
horizontale sévère
> Facteurs prédisposants
De nombreux facteurs influent sur l’évolution de la maladie parodontale :
- accumulation excessive de plaque dentaire au niveau de la jonction entre la dent et la gencive
(absence d’hygiène buccale, alimentation peu fibreuse)
- inflammation favorisée par une probable insuffisance du système immunitaire local ou en présence
d’affections systémiques telle que le diabète sucré, l’insuffisance thyroïdienne, hépatique ou rénale
- effet famille et/ou génétique souvent évoqué mais jamais objectivé
- conformation faciale, malocclusion, traumatisme d’occlusion.
Résorptions dentaires
> Définition
Bucco-dentaire
Les résorptions dentaires sont des lésions pour lesquelles on observe une perte progressive de substance
dentaire (Figure 18). Chez le chat, elles sont communément appelées “lésions de résorptions odontoclastiques félines” ou FORLs, car le processus de résorption est sous le contrôle de cellules odontoclastiques multi-nuclées (odontoclastes) (Gautier et coll, 2001). Ces lésions affectent l’intérieur et/ou
l’extérieur de la dent et leur diagnostic clinique et radiographique est souvent délicat. Des résorptions
dentaires sont également observées chez l’homme et le chien. Elles sont en général la conséquence
d’une inflammation parodontale ou de contraintes mécaniques en regard du ligament parodontal (traitement orthodontique, traumatisme dentaire).
FIGURE 18 - LÉSION DE RÉSORPTION ODONTOCLASTIQUE FÉLINE
Les résorptions odontoclastiques félines
démarrent au niveau du cément radiculaire et
se développent au travers de la dentine et/ou
de la couronne dentaire. L’os alvéolaire et le
ligament parodontal adjacent se trouvent
aussi inclus localement dans le processus de
résorption. Le canal dentaire n’est atteint
qu’en fin de processus, signant alors une
lésion de résorption interne.
368
2 - Les affections bucco-dentaires les plus fréquentes
> Prévalence
Une forte prévalence de résorptions dentaires est relevée dans diverses populations félines et notamment chez le chat domestique. Suivant les populations étudiées et/ou la méthodologie utilisée, les résultats observés s’échelonnent entre 28 et 67 % (Coles, 1990; Van Messum et coll, 1992). Une telle variation est fonction du choix de la population étudiée (service dentaire spécialisé, service dentaire généraliste, population saine) ou des modalités diagnostiques utilisées (examen clinique +/- examen radiographique). Deux études associant à la fois un examen clinique et radiographique sur des populations
félines saines ont mis en évidence une prévalence moyenne de 30 % (Ingham et coll, 2002a; Girard et
coll, 2008).
> Pathogénie
Les résorptions dentaires félines sont pour la plupart des lésions dentaires externes. Le tissu dentaire
résorbé est progressivement remplacé par un tissu cémentaire ou osseux néoformé. Les résorptions
odontoclastiques félines sont initiées au niveau du cément radiculaire et se développent ensuite au travers de la dentine et/ou de la couronne dentaire. L’os alvéolaire et le ligament parodontal adjacent se
trouvent aussi inclus localement dans le processus de résorption.
Le canal dentaire n’est atteint qu’en fin de processus, signant alors une lésion de résorption interne. Il
y a rarement d’inflammation de la pulpe dentaire sauf en fin d’évolution où un état dégénératif a été
décrit. L’émail de la couronne dentaire peut se résorber au cours du temps, mais plus fréquemment, il
subit une fracture par absence de support dentinaire sous-jacent, de sorte qu’une cavité dentaire apparaît alors cliniquement (Okuda et Harvey, 1992).
Les résorptions dentaires apparaissent principalement sur la partie buccale des couronnes dentaires.
Soixante dix pour cent des résorptions dentaires relevées sont associées à un phénomène inflammatoire et 30 % montrent des signes de réparation. (Reichart et coll, 1984).
> Étiologies des résorptions dentaires
Bucco-dentaire
Les résorptions dentaires externes peuvent avoir une ou plusieurs origines. En dentisterie humaine, l’affection peut être associée:
- à un processus inflammatoire chronique adjacent à la présence d’un kyste, d’une tumeur bénigne ou
maligne,
ou
- à la conséquence d’un traumatisme dentaire (mécanique/occlusal) ou d’un déplacement dentaire
orthodontique.
Suivant qu’un processus inflammatoire est présent ou non, la qualification des lésions est différente.
Les résorptions de surface, ankylose dento-alvéolaire et lésions de remplacement sont considérées
comme des conséquences de traumatismes dentaires et qualifiées de non inflammatoires. Par opposition, les résorptions apicales et la parodontite péri-radiculaire sont la conséquence des lésions occasionnées à la pulpe dentaire et sont qualifiées de résorptions inflammatoires (résorptions inflammatoires
radiculaires).
Les résorptions dentaires du collet sont souvent confondues avec les résorptions inflammatoires radiculaires. Elles sont considérées comme inflammatoires car elles sont associées à des dommages inflammatoires de l’attache épithéliale (lors de maladie parodontale par exemple) (Andreasen, 1985; Trope et
coll, 2002).
L’étiologie précise des résorptions dentaires félines demeure inconnue et fait toujours l’objet de discussions et de recherches. Le rôle suspecté des contraintes mécaniques masticatoires et de l’inflammation
chronique liée à la maladie parodontale est souligné aux travers de différentes études histologiques
(Gorrel et Larsson, 2002; Roux et coll, 2005), radiographiques (DuPont et DeBowes, 2002) ainsi que dans
une étude clinique (Girard et coll, 2008). La responsabilité d’un apport excessif en vitamine D dans
l’alimentation (Reiter et coll, 2005) est proposée comme co-facteur mais cette hypothèse est toujours
discutée. Le rôle exact des structures histologiques dentaires spécifiques à l’espèce féline (vasodentine,
ostéodentine) n’est toujours pas élucidé. Leurs interactions éventuelles dans un processus de régulation
calcique associés aux résorptions dentaires ont été proposées (Okuda et Harvey, 1992).
369
2 - Les affections bucco-dentaires les plus fréquentes
AU NIVEAU DE LA
M1 MANDIBULAIRE
© N. Girard
© N. Girard
FIGURE 19 - RÉSORPTION DENTAIRE DE TYPE 1
Gingivite sévère en partie distale
Radiographie intra-orale : FORL de type 1
Les recommandations vétérinaires actuelles proposent de différencier les résorptions dentaires selon les
résultats de l’évaluation radiographique:
- résorption dentaire de type 1 (RD Type 1) : observation d’un espace ligamentaire parodontal physiologique (lamina dura) et radio densité de la racine dentaire affectée similaire à celle des racines
dentaires saines adjacentes (Figure 19)
- résorption dentaire de type 2 (RD Type 2) : disparition de la lamina dura à l’examen radiographique
et radio densité de la racine dentaire affectée similaire à celle de l’os alvéolaire adjacent (remodelage
osseux) (Figure 20).
L’étude combinée de la localisation des résorptions dentaires en fonction de leur type radiographique
révèle des différences significatives (Girard et coll, sous presse). Chez les chats de maisons, on observe
une prévalence plus importante des lésions de type 1 en regard de la carnassière inférieure, et de type
2 en regard des PM3. Pour les chats de races, une différence significative est relevée pour les incisives
(RD Type 2) et la carnassière inférieure (RD Type 1). La distribution des résorptions dentaires n’est pas
uniforme dans la bouche du chat suivant le type de lésion radiographiquement observée. Ces informations corroborent l’hypothèse selon laquelle différentes étiologies sont à l’origine des résorptions
dentaires félines.
Bucco-dentaire
L’analyse des résorptions dentaires dans une population de chats soignés au service de dentisterie de
l’Université de Davis (Californie, USA) montre une association significative entre la résorption dentaire et la présence d’une perte d’os alvéolaire localisée verticale sévère (Lommer et Verstraete, 2001).
© N. Girard
© N. Girard
FIGURE 20 - RÉSORPTION DENTAIRE DE TYPE 2 AU NIVEAU DE LA PM3 DE LA MANDIBULE GAUCHE
Gingivite débutante
370
FORL type 2
2 - Les affections bucco-dentaires les plus fréquentes
La prévalence élevée de résorptions dentaires dans la population féline de chats sauvages de l’Isle de
Marion (cf. supra) nourrie quasi-exclusivement avec des oiseaux marins, minore le rôle supposé par
certains de l’alimentation industrielle dans l’apparition des ces lésions dentaires. L’auteur y voit plutôt
une conséquence des pathologies inflammatoires buccales félines telles que la maladie parodontale ou
la stomatite féline (Verstraete et coll, 1996).
Une analyse statistique approfondie entre la répartition des résorptions dentaires et 14 critères cliniques
et radiographiques associés à la maladie parodontale souligne une forte association (Girard et coll, 2008).
La prévalence globale des résorptions dentaires peut être significativement corrélée à 6 des paramètres
parodontaux étudiés, ainsi qu’avec l’âge. Les résorptions de types 1 et 2 apparaissent comme deux phénomènes différents sans aucun critère d’association. Les RD Type 1 sont significativement associées
avec 8 des variables parodontales étudiées et donc très fortement associée à la maladie parodontale. Les
RD Type 2 sont corrélées avec seulement 2 des paramètres parodontaux étudiés et se trouvent donc
faiblement associés à la maladie parodontale.
L’âge apparaît comme un facteur fortement associé à la présence de RD Type 2 et faiblement à des RD
Type 1. L’ensemble de ces observations fait supposer que les RD Type 1 sont moins sensibles au facteur
âge au regard de leur lien supposé avec l’évolution de la maladie parodontale.
Stomatites
Les stomatites félines représentent l’ensemble des affections buccales caractérisées par une inflammation marquée des muqueuses orales (Figure 21). Leur prévalence est a priori faible, même si pour l’instant peu d’études statistiques ont été publiées sur le sujet (2,6 % selon Crossley, 1991; 12 % selon
Verhaert et Van Wetter, 2004). Des études sur d’importantes populations humaines montrent une prévalence de 5 à 15 % des formes agressives des inflammations parodontales, supposément associées à une
prédilection ethnique (Wolf et coll, 2005).
L’analyse des affections dentaires d’une population de 109 chats a
mis en évidence 5,5 % de cas de stomatite (3,7 % de bucco-stomatite, 1,8 % de stomatite caudale) et 12,8 % de parodontite
agressive (Girard et coll, 2008). La totalité de ces affections inflammatoires agressives sont apparues sur des chats de races et aucune
sur des chats de maison. L’impact réel de l’effet race est pour l’instant l’objet d’évaluations au regard d’un effet famille probable.
Bucco-dentaire
Les stomatites sont connues et redoutées car elles sont généralement synonymes d’un véritable challenge thérapeutique. Ces
affections sont si douloureuses qu’elles compromettent l’appétit
voir la survie des animaux atteints. Le désarroi du thérapeute est
par ailleurs amplifié par les nombreuses incertitudes liées à l’étiologie de ces affections.
© N. Girard
La gestion clinique des stomatites félines demande une grande
rigueur diagnostique et thérapeutique. Les études récentes confortent le rôle du Calicivirus dans le développement des stomatites
caudales (Addie et coll, 2003). Un examen clinique le plus descriptif possible est nécessaire pour progresser dans l’analyse étiologique des stomatites félines. Cependant peu d’études publiées utilisent une terminologie appropriée afin d’évaluer correctement tel
type de médicament, tel type d’examen complémentaire ou telle
étiologie virale. Les années à venir apporteront probablement des
informations plus précises quant à l’intérêt thérapeutique de certaines molécules, sur le rôle de certains virus (FCV, HV1, FIV,
FeLV...) et de meilleures connaissances histopathologiques (immuno-histologiques surtout) sur cette affection.
Figure 21 - Lésions de stomatite chez un chat.Bucco-stomatite jugale
371
© N. Girard
Cas de parodontite agressive
ulcéro-proliférative chez un jeune
chat Sphinx de 8 mois (photographie
et radiographie)
Les affections bucco-dentaires félines sont variées et, dans une grande majorité, elles incluent une composante inflammatoire. Si la prévalence de la maladie parodontale n’est pas vraiment différente de
celle observée dans d’autres espèces, le chat se caractérise par des formes relativement agressives :
extension inflammatoire en regard des muqueuses orales (stomatites) et résorptions dentaires qui, lorsqu’elles sont associées avec une parodontite chronique, peuvent rendre plus délicat le diagnostic clinique. Le système immunitaire local est souvent perçu comme un des facteurs clefs des inflammations
buccales agressives.
Le traitement conventionnel des inflammations du parodonte comprend trois étapes:
- thérapie initiale: expliquer les mesures d‘hygiènes appropriées
- contrôler les facteurs de risques : diabète sucré, insuffisance thyroïdienne, FeLV, FIV...
- éliminer la plaque et le tartre par détartrage et surfaçage radiculaire et/ou débridement sous gingival.
Le succès du traitement repose ensuite sur la phase de maintien: il faut aider le propriétaire à maintenir une hygiène buccale optimale chez son chat et contrôler les résultats tous les 6 mois (Houle et Grenier, 2003).
Conséquences générales
des affections bucco-dentaires
© N. Girard
Agir sur les inflammations parodontales apparaît comme un objectif majeur de la santé générale du
chat à long terme. La douleur et l’infection sont en effet toujours associées à l’évolution des affections
inflammatoires de la cavité buccale du chat. Chez le chien, des études prospectives sur les conséquences
systémiques de la maladie parodontale ont mis en évidence une association significative entre l’évolution de la maladie parodontale et l’importance des lésions histologiques inflammatoires relevées dans
les reins, le foie et les valvules mitrales et tricuspides du cœur (DeBowes et coll, 1996; Pavlica et Petelin, 2003). Ces études suggèrent une dissémination sanguine de molécules inflammatoires produites à
cause de la maladie parodontale (cytokines, IL-1, IL-6, IL-8, TNFa) (Pavlica, 2002). L’action à distance des bactéries parodontales pathogènes au travers d’une bactériémie chronique est fortement suggérée mais non encore avérée (Tou et coll, 2005; Boutoille et coll, 2006).
© N. Girard
Bucco-dentaire
Conclusion
3 - Prévention des affections
bucco-dentaires
© N. Girard
3 - Prévention des affections bucco-dentaires
Figure 22 - Illustration
de l’efficacité du brossage
dentaire chez un chat
Contrôle post opératoire après 18 mois
au cours desquels ont été réalisés des
soins professionnels sous anesthésie
générale 3 fois par an et un brossage
dentaire 2 fois par jour.
Chez le chat, les résultats manquent pour préciser l’impact général de la maladie parodontale, même
si la pathogénie est «relativement» similaire chez le chien et chez le chat. Cependant, la faible longévité observée chez les chats sauvages de l’Isle de Marion (4 à 5 ans) suggère le rôle négatif de l’évolution de cette maladie: elle pourrait empêcher l’individu de rester compétitif au sein de son groupe et
diminuer ainsi ses chances de survie (Verstraete et coll, 1996).
Contrôle de la plaque dentaire
Désorganiser le biofilm que constitue la plaque dentaire constitue le défi majeur dans la lutte contre les
inflammations parodontales (Barbieri, 2000). La plaque dentaire se développe en quelques heures et
atteint une phase de maturité en 48 heures (Perry et Schmidt, 2002). Il est donc essentiel d’agir quotidiennement le plus efficacement possible.
Les bactéries pathogènes se développent au sein d’une communauté bactérienne et se trouvent enchâssées dans une trame glycoprotéique organisée autour de canaux et de lacunes qui limitent les capacités de défense de l’hôte ainsi que l’efficacité de nombreux médicaments. En revanche, une action mécanique bien ciblée peut perturber l’équilibre physique de la plaque dentaire. Chez le chien, l’absence de
contrôle mécanique sur le développement de la plaque dentaire est synonyme d’apparition de gingivite
en 7 à 21 jours (Tromp et coll, 1986a). En revanche, un contrôle journalier de la plaque conduit à la
résolution de la gingivite, soulignant ainsi son caractère réversible (Tromp et coll, 1986b).
372
Le brossage dentaire
Le brossage dentaire apparaît comme la clef de la prévention et du traitement des gingivites et des maladies parodontales (Brandtzaeg, 1964) (Figure 22). Une étude réalisée chez le chat a montré, sur une
semaine, une réduction d’accumulation de 95 % du tartre sur les dents brossées une fois par jour ou
deux fois par semaine (Richardson, 1965).
Plus récemment, une étude terrain de 6 mois réalisée avec 88 propriétaires de chats a comparé l’efficacité du brossage dentaire avec la distribution d’un aliment spécialisé. À la fin de l’étude, l’observance
du brossage dentaire est de seulement 40 % (Theyse, 2003).
Rôle mécanique de l’aliment distribué
Le comportement alimentaire des chats domestiques fait l’objet de nombreuses recherches chez les
fabricants d’aliments secs pour chats et chiens. La taille, la forme et la texture des croquettes sont éprouvées régulièrement afin de les adapter aux différentes conformations faciales des chats et les encourager à utiliser leurs dents de manière physiologique. Les industriels ont particulièrement travaillé la texture des aliments afin d’améliorer le contrôle de la plaque dentaire (Figure 23).
© Laboratoire Royal Canin
Une étude de 2 ans (Ingham et coll, 2002b) met cependant en lumière une faible efficacité du brossage
dentaire chez le chat, synonyme probablement de la grande difficulté technique rencontrée à réaliser
ce brossage au quotidien. Dans cette étude, le brossage réduit la gingivite sur la face buccale des dents
mais ne montre pas de différence significative.
3 - Prévention des affections bucco-dentaires
La plaque dentaire n’a pas que des effets négatifs. Certains voient en elle un agent protecteur contre la
dessiccation ainsi qu’une barrière de défense contre la colonisation par des bactéries exogènes beaucoup plus pathogènes. L’objectif recherché actuellement est donc de contrôler le mieux possible la
plaque dentaire, sans espérer la supprimer totalement (Marsh, 2004).
Figure 23 - Mesure de la
résistance d’une d’une croquette
à la pression.
Le texturomètre est utile pour mesurer
la résistance de la croquette à la force
des mâchoires et des dents du chat.
Des modules interchangeables miment
la forme et la dimension des dents des
chats en fonction de leur âge et de
leur race.
> Influence de la texture de l’aliment
La texture, notamment le caractère fibreux, apparaît comme l’élément physique le plus intéressant pour
réduire le développement de la plaque dentaire. De nombreuses études décrivent le rôle négatif d’un
aliment humide sur le développement de la maladie parodontale chez le chien. (Egelberg, 1965; Harvey et coll, 1996).
Bucco-dentaire
Même si les études sont moins nombreuses chez le chat, l’ensemble des résultats disponibles confirment
le rôle essentiel de la texture de l’aliment sur l’évolution de la plaque dentaire.
- Chez le chaton, les aliments humides sont incriminés comme favorisant l’apparition de tartre, de gingivite, la récession dentaire et la mauvaise haleine (Studer et Stapley, 1973).
- Une réduction significative de la plaque dentaire est observée après 2 semaines d’étude entre deux
groupes de chats nourris avec un aliment sec au lieu d’un aliment humide (Boyce, 1992).
- Chez le Tigre, il a été montré qu’ajouter un complément fibreux 2 fois par semaine à la ration aide à
réduire le développement de la plaque dentaire et les inflammations parodontales associées (Haberstroh, 1984).
- La distribution quotidienne d’une lamelle à mâcher à 15 chats, en complément d’un aliment sec, permet d’obtenir une réduction significative du dépôt de plaque dentaire (-20 %) et de tartre (-39 %)
en regard des prémolaires, des molaires et des canines. La gingivite associée apparaît de moindre valeur
lorsque la lamelle est distribuée, même si ces données ne présentent pas de valeur statistique (Gorrel
et coll, 1998).
- Dans une étude similaire, 24 chats sont nourris avec un aliment sec plus une friandise à mâcher 1 fois
par jour pendant 4 semaines. La réduction du tartre est significative (-64 %) par rapport au groupe de
chat nourris exclusivement avec l’aliment sec. Une différence significative est aussi observée pour la
réduction de plaque dentaire (-15 %) et de l’index gingival moyen (-11 %) (Ingham et coll, 2002a).
> Influence de la taille et de la forme de l’aliment
Le rôle de la forme et de la texture d’une croquette distribuée ad libitum chez le chat ont été étudiées
conjointement. Une réduction significative de 41 % de l’accumulation de la plaque est observée sur
373
3 - Prévention des affections bucco-dentaires
FIGURE 24 - INFLUENCE DE L’ERGONOMIE ET DE LA TEXTURE
DE LA CROQUETTE SUR LE BROSSAGE MÉCANIQUE DES DENTS
Valeur indicative mesurée (Force Newton) au Centre de Recherche Royal Canin (2002)
Chaton
Mâchoires peu
puissantes, dents de
lait : petites croquettes friables (force
15/20).
Newtons
0
5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 100
Très friable
Friable
Peu friable
Dur
Très dur
Newtons
Chat adulte
Mâchoires
puissantes, dents
saines : croquettes
fermes et cassantes
(force 55/65).
0
Chat âgé
Mâchoires
affaiblies, dents
sensibles : croquettes
tendres et friables
(force 25/30).
0
des chats nourris avec des croquettes plus grosses,
de forme rectangulaire et proposant une texture
avec un index de pénétration plus élevé (+ 25 %)
par rapport à des petites croquettes triangulaires
(Figure 24). Cette diminution de plaque dentaire
est expliquée par l’action mécanique plus complète
des croquettes de grande taille. Lorsque le broyage
est encouragé et que la texture de la croquette permet à la dent de s’enfoncer plus profondément à
l’intérieur de la croquette avant sa rupture, le
temps de friction dentaire est plus important et l’efficacité du broyage est améliorée (Servet et coll,
2003).
5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 100
Rôle de la composition
de l’aliment distribué
Très friable
Friable
Peu friable
Dur
Très dur
Newtons
5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 100
Très friable
Friable
Peu friable
Dur
L’aliment peut aussi servir de véhicules à certains
ingrédients qui, une fois libérés dans la cavité buccale de l’animal lors de la mastication, peuvent agir
contre l’accumulation de plaque et/ou du tartre dentaire, et ainsi participer à la prévention de la maladie parodontale.
Très dur
> Intérêt des sels
de polyphosphates
L’efficacité de certains sels de polyphosphates
(Figure 25) pour freiner le développement du tartre
dentaire est actuellement bien reconnue et validée
cliniquement. Les cations Ca2+ présents dans la
salive sont en effet responsables de la calcification de la plaque dentaire et de sa transformation en tartre. Si des polyphosphates ayant la capacité de chélater les cations polyvalents
(ex: Ca2+, Mg2+) sont libérés dans la cavité buccale, ils fixent naturellement le calcium salivaire sous forme ionique, et limitent son intégration dans la matrice du tartre dentaire. Le
calcium est ensuite libéré normalement dans le tube digestif afin d’être absorbé en fonction des besoins de l’organisme. Une réduction significative de l’accumulation de tartre (32 %) est observée chez des chats nourris avec un aliment enrobé avec un chélateur de calcium, par rapport à un groupe témoin nourri avec les mêmes croquettes mais sans ajout de
sels de polyphosphates (Servet et coll, 2003; 2006) (Figure 26).
Grâce à sa texture particulière, la croquette encourage une pénétration plus importante de la dent dans la croquette et renforce ainsi l’efficacité du brossage mécanique.
FIGURE 25 - ACTION DES SELS
DE POLYPHOSPHATE SUR LE
CALCIUM SALIVAIRE
Bucco-dentaire
Sans phosphate de sodium
Calcium
disponible
> Intérêt des huiles essentielles
L’utilisation d’huiles essentielles (thymol, eucalyptol, menthol, mythyl salicylate) a également fait l’objet d’évaluations cliniques à long terme en dentisterie humaine. Une
réduction de la plaque dentaire (- 20 à 35 %) ainsi qu’une diminution significative de la
gingivite associée (- 25 à 35 %) a pu être obtenue en utilisant des solutions buccales de
rinçage contenant des huiles essentielles (Perry et Schmidt, 2002). L’intérêt pour ce type
de substances a conduit progressivement à leur incorporation dans l’alimentation industrielle. Cependant aucune étude d’efficacité spécifique n’est pour l’instant publiée.
Avec polyphosphate de sodium
Calcium
piégé
> Autres agents actifs contre la plaque dentaire
Dans le domaine de la santé bucco-dentaire, la recherche actuelle s’oriente vers le développement de nouveaux composants actifs contre le développement de la plaque dentaire.
Les ions calcium chélatés deviennent
indisponibles pour la formation du tartre.
374
Chez le chat, l’effet inhibiteur sur le développement de la plaque dentaire d’un ingrédient
issu de la recherche en cosmétique humaine (appelé PRN pour Plaque Reduction Nutrient)
DE TARTRE
(Royal Canin, 2005)
4,4
12
-32 %
10,1
10
3,0
A
Indice de plaque de Logan &
Boyce (modifié)
B
-12 %
Conclusion
8,9
8
6
4
A
B
2
0
sans
polyphosphates
avec
polyphosphates
Indice global de dépôt
de tartre avant et après 2 mois
de distribution d'un aliment sec
enrichi en polyphosphates
En additionnant les effets taille/texture et l’effet composition de l’aliment distribué quotidiennement,
il est aujourd’hui possible de promettre une réduction significative du dépôt de plaque dentaire chez le
chat de l’ordre de 30 % et de tartre de l’ordre de 50 %. Compte tenu des efforts masticatoires très spécifiques du chat, l’action due aux propriétés physiques de l’aliment est plus marquée en regard des carnassières. Cependant l’ajout de composants anti-plaque permet d’obtenir aussi un effet dans la partie
rostrale de la cavité buccale (canines et incisives).
Conclusion
L'importance de la prévalence des inflammations buccales chez le chat est largement sous-estimée.
Pourtant, l’impact clinique s’avère bien plus important qu’il n’y paraît : c'est la première cause de maladie infectieuse dans cette espèce. Contrairement à ce qui est souvent supposé, la maladie parodontale
féline se distingue nettement de celle du chien : les modes d'expression sont beaucoup plus variés. Les
études les plus récentes sur l’évaluation des effets secondaires systémiques des inflammations parodontales éclairent d'un jour nouveau l'intérêt porté aux affections bucco-dentaires. Il ne s'agit plus de simplement lutter contre la mauvaise haleine de l'animal. L'objectif est beaucoup plus ambitieux et devient
médical : ce sont la santé et donc l’espérance de vie du chat qui sont concernées.
Un traitement approprié réduit les douleurs chroniques et les infections associées aux affections buccodentaires. Les propriétaires sont souvent étonnés des résultats positifs obtenus chez leur chat grâce à
des soins appropriés. Les douleurs dentaires sont en effet bien souvent à l'origine de modifications
importantes du comportement. Après traitement, les chats sont généralement plus actifs, mangent
mieux et leur état général s'en trouve globalement amélioré.
sans
polyphosphates
avec
polyphosphates
Indice global d'accumulation
de plaque dentaire avant et après
1 mois de distribution d'un aliment
enrichi avec un agent anti-plaque
(PRN)
A
FIGURE 28 - RÉDUCTION
GINGIVALE DE
L'ACCUMULATION DE PLAQUE
(Royal Canin, 2005)
12
10
8
6
5,0
-22 %
3,9
4
2
A
B
0
sans
polyphosphates
avec
polyphosphates
Indice gingival de plaque
dentaire avant et après 1 mois de
distribution d'un aliment enrichi
avec un agent anti-plaque (PRN)
C'est sur la prévention du développement de la plaque dentaire qu'il faut porter toute notre attention.
Dans cette perspective, le rôle potentiel de l’aliment comme support efficace de l’hygiène bucco-dentaire est de nos jours admis. Ce rôle est particulièrement intéressant à exploiter chez le chat au vu de
la grande difficulté rencontrée à effectuer un brossage dentaire quotidien et leur faible attirance pour
les objets à mâcher. L'efficacité de cette approche sera sans doute encore améliorée dans le futur grâce
à un travail à la fois sur la présentation physique des aliments et sur la recherche de nouveaux agents
anti-plaque.
375
Bucco-dentaire
5,0
4,5
4,0
3,5
3,0
2,5
2,0
1,5
1,0
0,5
0,0
FIGURE 27 - RÉDUCTION
GLOBALE DE L'ACCUMULATION
DE PLAQUE
(Royal Canin, 2005)
Indice de plaque de Logan & Boyce (modifié)
Le développement de nouveaux agents anti-plaque passe
probablement par la découverte de molécules actives non
seulement sur l’intégrité cellulaire des bactéries, mais aussi
sur l’interface physique entre la plaque dentaire et la dent,
afin de favoriser son éventuel détachement.
FIGURE 26 - RÉDUCTION
DE L'ACCUMULATION
Indice de tartre de Warrell & Gorrick
a pu être mis en évidence grâce à une étude comparative
standardisée. Son inclusion dans un aliment sec de référence
(possédant déjà des propriétés mécaniques intéressantes
grâce à une texture particulière) conduit à une réduction
significative de l’accumulation de plaque dentaire (Servet et
coll, 2006). Après 1 mois, une réduction de 12 % de la plaque
dentaire (Figure 27) est observée sur l’ensemble des dents
testées (C, P3 et P4 maxillaires ; P3, P4 et M1 mandibulaires). Une analyse plus détaillée aux marges de la gencive
révèle une réduction de plaque de 22 % sur l’ensemble des
dents testées (Figure 28) et de 36 % en ne tenant compte
que des dents suivantes: les prémolaires maxillaires P3-P4 et
M1 mandibulaire. L’effet chimique est donc ici validé sur
l’ensemble de la denture du chat. Cette étude met de plus
en avant la plus grande efficacité relevée en regard des dents
cibles de l’aliment: le triptyque P4, P3 maxillaire et M1
mandibulaire.
Fausses idées
Bucco-dentaire
Fausses idées à propos des affections
bucco-dentaires chez le chat
Q
R
“Le chat souffre peu de lésions
bucco-dentaires.”
La douleur est difficilement évaluable chez le chat à partir de la simple observation de son comportement quotidien. Les soins dentaires démontrent souvent a posteriori une amélioration du bien
être de l’animal. Toute lésion bucco-dentaire (parodontite, résorption dentaire, stomatite) doit
donc être considérée par défaut comme potentiellement douloureuse.
“Les caries dentaires sont
fréquemment observées chez le chat.”
Les caries ne sont JAMAIS observées chez le chat. L’absence de carie serait due à plusieurs facteurs: la forme conique de ses dents, les spécificités de son régime alimentaire et la composition de
sa plaque dentaire.
“Les détartrages réguliers préviennent
l’apparition de la maladie parodontale
chez le chat.”
Non. Le tartre n’est pas en tant que tel à l’origine de l’inflammation du parodonte mais plutôt l’accumulation journalière de plaque dentaire et les populations bactériennes qui la composent. Enlever le tartre n’apporte donc que peu de bénéfice. Le détartrage permet de supprimer la plaque dentaire par un acte dentaire spécialisé mais ne répond malheureusement pas à la question du développement permanent de la plaque dentaire à la surface des dents. Pour prévenir la parodontite
chronique, les détartrages réguliers doivent donc être systématiquement associés à d’autres techniques d’hygiène buccale.
“La distribution régulière
d’antibiotiques élimine
la plaque dentaire.”
Non: les bactéries de la plaque dentaire sont enchâssées au sein d’un complexe qui les protège et
renforce leur coopération. Les antibiotiques sont au mieux efficaces sur une partie très superficielle
de la population bactérienne. De plus, leur utilisation régulière favorise l’apparition de nouvelles
souches au sein de la plaque, ayant développé des résistances aux antibiotiques.
“C’est quand le chat vieillit qu’il faut
commencer à soigner ses dents.”
La prévention des affections bucco-dentaires est toujours plus efficace si les lésions sont diagnostiquées précocement. La plupart des chats de moins de 3 ans présentent déjà des lésions dentaires
qui justifient des soins spécifiques. L’inspection de la bouche des chats doit donc être faite à l’occasion de chaque visite vaccinale.
“Il est impossible de brosser les dents
d’un chat.”
Même s’il est évident qu’il est difficile de faire appliquer les règles du brossage dentaire par un propriétaire de chat, il ne faut pas considérer cette démarche comme impossible. Patience et motivation sont souvent les clés pour l’obtention de résultats prophylactiques surprenants.
“Nourrir un chat avec des croquettes
permet de prévenir le développement
de la parodontite chronique.”
Le seul fait de donner un aliment sec à un chat ne suffit pas à réduire la plaque dentaire. Pour que
les croquettes puissent retarder le dépôt de plaque et la formation consécutive de tartre, il faut que
leur forme, leur taille et leur texture soient spécialement étudiées pour avoir une action mécanique
de frottement sur les surfaces dentaires. De plus, il apparaît maintenant très important d’associer
l’effet mécanique à un effet organique, grâce à la présence de facteurs nutritionnels capables d’agir
par diffusion sur la composition de la flore buccale.
376
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Informations nutritionnelles Royal Canin
Gros plan sur :
certains nutriments jouant un rôle
sur l’hygiène bucco-dentaire chez le chat
Servet E., Hendriks W., Clarke D., Biourge V. - Centre de Recherche Royal Canin, Aimargues, France - Massey University, Nouvelle Zélande
Il a été démontré que les aliments
secs et solides entraînent moins d’accumulation de plaque et de tartre
que les aliments mous comme la
nourriture en boîte. Ceci s’explique
par la texture abrasive des aliments
secs, qui aide à éliminer les matières
organiques accumulées à la surface
des dents. De plus, la forme de la croquette joue un rôle important dans
l’efficacité du brossage des dents
(lorsque celui-ci n’est pas effectué
régulièrement par le propriétaire du
chat). Une étude précédente (Servet
et coll, 2003) a indiqué que, chez le
chat, une croquette rectangulaire est
plus efficace pour prévenir le dépôt
de plaque qu'une croquette triangulaire.
Cette étude a pour objectif de déterminer si la formation de tartre et de
plaque dentaire est diminuée de
manière significative par des polyphosphates (SPP), par un inhibiteur
du développement de la plaque (ou
PRN, de l'anglais Plaque Reduction
Nutrient) et par des croquettes de
taille plus grande. Le SPP est un
agent séquestrant les cations. Au
sein de la plaque dentaire, il forme
des complexes solubles avec le calcium, ce qui prévient l'accumulation
de tartre. Une croquette plus grande
et de forme rectangulaire demande
une préhension plus ferme, le chat
doit y mordre avec plus de force et
mâcher plus, ce qui devrait limiter la
formation de plaque et de tartre.
Matériels et méthodes
Animaux
L’étude a été réalisée auprès de trente
chats de diverses races. Pour être
inclus dans cette étude, les chats doivent présenter une dentition normale
et une occlusion dentaire en ciseaux.
L’accumulation de plaque dentaire ne
doit pas s’accompagner de gingivite
ou la gingivite doit être modérée. Les
chats sont rassemblés par groupes de
dix et consomment leur aliment à
volonté. L’eau de boisson est également proposée à volonté.
Régimes alimentaires
Pendant toute la durée de l’étude,
les chats reçoivent uniquement un
aliment sec extrudé en croquettes.
Aucun supplément alimentaire à
visée dentaire ni aucun jouet ou os à
mâcher ne leur est distribué. L’étude
compare trois régimes alimentaires :
- Aliment A : aliment sec extrudé présenté sous forme de croquettes triangulaires. Ce régime témoin n'est
pas spécialement formulé pour l'hygiène dentaire.
- Aliment B : aliment sec extrudé présenté sous forme de croquettes rectangulaires contenant du SPP et du
PRN afin d’améliorer l’hygiène dentaire.
- Aliment C : aliment sec extrudé présenté sous forme de croquettes triangulaires contenant du SPP pour
l’hygiène dentaire.
Les trois aliments respectent les
valeurs nutritionnelles minimales
établies par l’AAFCO pour couvrir les
besoins nutritionnels des chats
adultes à l'entretien.
avec les dents “propres”. Tous les
chats consomment encore l’aliment
A pendant sept jours puis le dépôt de
plaque dentaire est évalué selon le
protocole de Logan et Boyce (Logan
& Boyce, 1994). Trois groupes sont
alors constitués par randomisation
en tenant compte du sexe et de la
propension à la formation de
plaque. Le dépôt de plaque est évalué au 7e jour. Au jour 28, les dépôts
de plaque et de tartre sont évalués
respectivement selon le protocole de
Logan & Boyce et de Warrick &
Gorrel (Warrick & Gorrel, 1995). La
formation de tartre est évaluée une
deuxième fois au 56e jour (Tableau 2).
Un même évaluateur détermine les
TABLEAU 1 PROTOCOLE EXPÉRIMENTAL
Jour -28
Période précédant l’étude
Jour -7
Détartrage
Évaluation de la plaque
Formation des groupes
Transition alimentaire
Jour 0
Détartrage
Évaluation de la plaque
Jour 7
Évaluation
de la plaque
Jour 28
Évaluation de la plaque
et du tartre dentaire
Jour 56
Évaluation
du tartre dentaire
Protocole
Pendant les quatorze jours qui précèdent l’étude, les trente chats reçoivent l’aliment A (Tableau 1). À la fin
de cette phase, tous les chats reçoivent des soins dentaires prophylactiques sous anesthésie pour éliminer
la plaque et le tartre dentaire aux
niveaux supra- et sous-gingival.
Chaque chat doit commencer l’étude
379
Bucco-dentaire
Introduction
Informations nutritionnelles Royal Canin
Résultats
TABLEAU 2 - CRITÈRES D'APPRÉCIATION DU TARTRE DENTAIRE
Étendue
0 - pas de tartre observable
1 - tartre couvrant plus de 24 % de la surface des couronnes dentaires
2 - tartre couvrant de 25 à 49 % de la surface des couronnes dentaires
3 - tartre couvrant de 50 à 74 % de la surface des couronnes dentaires
4 - tartre couvrant plus de 75 % de la surface des couronnes dentaires
Épaisseur
L = fine (light) = 1
M = modérée = 2
H = épaisse (heavy) = 3
scores de tous les chats selon une
procédure en aveugle par rapport au
régime suivi et par rapport au classement des chats.
Les dents examinées sont, pour la
mâchoire supérieure (maxillaire) : les
canines (C) et les prémolaires 3 et 4
(PM3 et PM4). Pour la mâchoire inférieure (mandibule) : C, PM3, PM4 et
la molaire 1 (M1).
La gingivite a été évaluée selon la
méthode de Loe & Silness. Les dents
notées sont, pour le maxillaire : l’incisive 3 (I3), C, PM3, PM4 et M1 et,
pour la mandibule : C, PM2, PM3, M4
et M1.
FIGURE 1 - INDICE DE PLAQUE
AU 7 JOUR
E
Analyse des données
Les notes concernant la plaque dentaire et le tartre permettent d'établir
un score buccal global pour chaque
chat, calculé à partir de la valeur
moyenne des notes pour chaque
dent examinée. Les données sont
exprimées par la moyenne ± l’écarttype. Des mesures répétées par des
tests d’analyse de variance sont
effectuées pour obtenir les tests F en
cas d'écart important entre les traitements. Ont été considérées comme
significatives les valeurs F lorsque
p < 0,05. Les données sont analysées
selon la procédure du Modèle
Linéaire Général de Statgraphics V5,
un logiciel de statistiques.
FIGURE 2 - INDICE DE PLAQUE
GINGIVALE AU 7 JOUR
E
14
L’indice de plaque au jour 7 (Figure 1)
est significativement plus bas avec
l’aliment B qu'avec les aliments A et
C (respectivement de 28,3 % et de
28,1 %). De plus, le score de plaque
gingivale au jour 7 (Figure 2) est
significativement plus bas avec l’aliment B qu’avec les aliments A et C
(respectivement de 27,3 % et de
30,5 %). L’indice de plaque au jour
28 avec l’aliment B est plus bas
qu’avec les aliments A et C, respectivement de 30,3 % et de 30,1 %
(Figure 3). Tout aussi significative est
la réduction du dépôt de plaque gingivale au jour 28 avec l’aliment B par
rapport aux aliments A et C (respectivement de 31,7 % et de 29,2 %)
(Figure 4).
L’indice de tartre au jour 28 (Figure 5)
est significativement plus bas avec
l’aliment B qu'avec les aliments A et
C (respectivement de 47,4 % et de
23,8 %). De plus, une réduction significative (30,9 %) du taux du tartre est
observée avec l’aliments C par rapport à l’aliment A. Le score du tartre
au jour 56 est significativement plus
bas avec l'aliment B qu’avec les ali-
FIGURE 3 - INDICE DE PLAQUE
AU 28 JOUR
E
8
14
12
a
a
a
7
11,8
Indice de Logan et Boyce
b
8,5
8
6
4
2
b
5
5,9
4
3
0
Aliment A
Aliment B
Aliment C
a
12,0
10
b
8,4
8
6
4
2
1
0
a
12,0
6
2
380
12
11,8
10
Indice de Logan et Boyce
7,4
7,1
Indice de Logan et Boyce
Bucco-dentaire
a
0
Aliment A
Aliment B
Aliment C
Aliment A
Aliment B
Aliment C
Informations nutritionnelles Royal Canin
Discussion
Les résultats de cette étude montrent que, chez le chat, l’accumulation de plaque et de tartre dentaire
peut être réduite de manière significative s’il est nourri avec un aliment
sec présenté sous la forme de
grandes croquettes rectangulaires
dont l’enrobage contient du polyphosphate de sodium et un inhibiteur du développement de la plaque.
La présence de plaque a été réduite
d’environ 30 % et celle du tartre
d’environ 45 %.
La seule présence de polyphosphate
de sodium dans l’enrobage des croquettes (aliment C) limite considérablement l’accumulation de tartre par
rapport à l’aliment témoin (A) mais
sans réduction significative de la
plaque. Ces résultats confirment l’influence significative du polyphosphate de sodium sur le tartre ; les
résultats sont conformes à d’autres
FIGURE 4 - INDICE DE PLAQUE
GINGIVALE AU 28 JOUR
E
données au sujet du tartre chez le
chat (Stookey,1995; Johnson et Cox,
2002).
Le polyphosphate de sodium en
enrobage externe de la croquette est
libéré dans la cavité buccale, où il
fixe le calcium présent dans la salive,
ce qui le rend indisponible pour la
calcification de la plaque en tartre.
Une fois dans le tube digestif, l'acidité du milieu gastrique rend instables
les complexes de polyphosphates de
calcium. Ils sont rapidement transformés en orthophosphates pour être
utilisés comme source de phosphore
alimentaire.
Les grandes croquettes rectangulaires et enrobées avec du polyphosphate de sodium entraînent une
accumulation de tartre significativement plus faible que les petites croquettes triangulaires, également
enrobées avec du polyphosphate de
sodium (aliment C). De précédentes
études ont montré que la texture de
l’alimentation ainsi que la forme, la
taille et la consistance des croquettes
influencent la formation de tartre
dentaire chez le chat (Servet et coll,
2003). En effet, il a été démontré
FIGURE 5 - INDICE DE TARTRE
AU 28 JOUR
E
8
Conclusion
Une réduction de 30 % du dépôt de
la plaque et de 45 % de l’accumulation de tartre dentaire est possible
chez le chat s’il est nourri avec un aliment se présentant sous la forme de
grandes croquettes rectangulaires
enrobées avec du polyphosphate de
sodium et un inhibiteur du développement de la plaque.
FIGURE 6 - INDICE DE TARTRE
AU 56 JOUR
E
5
a
5
a
7
a
6,8
7,0
4
4
Indice de Warrick and Gorrel
b
2
4,8
1
3
3,8
3
a
b
2
2,6
2,0
Indice de Warrick and Gorrel
a
6
Indice de Logan et Boyce
que, par rapport aux croquettes de
forme triangulaire, les croquettes de
forme rectangulaire favorisent l’élimination de la plaque quand le chat
les croque (Servet et coll, 2003). Ce
dépôt de plaque plus faible est attribué à leur structure particulière. En
favorisant une pénétration plus profonde de la dent dans la croquette et
en stimulant le chat à croquer, ces
croquettes augmentent les frictions
et renforcent le rôle mécanique de
l’aliment. Ce processus simule un
brossage
relatif
des
dents.
L’influence significative sur le dépôt
de plaque est attribuée à la synergie
entre l’inhibiteur du développement
de la plaque ainsi qu'à la taille, à la
forme et à la texture de la croquette,
qui renforcent l'action mécanique.
Bucco-dentaire
ments A et C (respectivement de
44,6 % et de 18,9 %) (Figure 6). Le
score du tartre au jour 56 est significativement inférieur (de 31,7 %) avec
l’aliment C qu'avec l’aliment A.
4,4
a
3
b
3,0
2,5
2
2
1
1
1
0
0
Aliment A
Aliment B
Aliment C
0
Aliment A
Aliment B
Aliment C
Aliment A
Aliment B
Aliment C
381
© Yves Lanceau/Royal Canin (British Shorthair)
Informations nutritionnelles Royal Canin
Soixante dix pour cent des chats de plus de
3 ans présentent des lésions bucco-dentaires
(Harvey, 2004).
Points clés
à retenir à propos de :
La maladie parodontale chez le chat
La santé dentaire pouvant avoir des
répercussions sur la santé du chat en
général, il est important que les
dents et la cavité buccale du chat fassent l’objet d’un suivi régulier, à l’occasion de chaque visite vétérinaire de
contrôle.
SUIVI DENTAIRE
Date
Mâchoire
supérieure
Bucco-dentaire
La maladie parodontale représente
l’affection la plus fréquente : elle se
manifeste à des degrés divers chez
70 % des chats âgés de 20 à 27 mois
(Ingham et coll, 2002). Cette maladie
évolue en trois phases :
- phase 1 : dépôt de plaque dentaire,
constituée d’un film organique de
polysaccharides et de glycoprotéines salivaires, colonisé par des
bactéries aérobies ;
- phase 2 : développement d’une gingivite et minéralisation de la plaque
dentaire en tartre. À ce stade, les
bactéries anaérobies se substituent
aux bactéries aérobies et la mauvaise haleine est due à la formation
de composés soufrés volatils (CSV) ;
- phase 3 : destruction du ligament
parodontal (parodontite). Les bactéries gagnent la base de la racine de
la dent et attaquent l’os dans lequel
la dent est enchâssée. La récession
gingivale et l’ostéolyse facilitent le
déchaussement dentaire.
382
Âge
Commentaires
O : dent absente
X : dent extraite
B : dent cassée
GR : dent déchaussée
ORL : résorption odontoclastique féline
M : dent mobile
Mâchoire
inférieure
Phase 1
Phase 2
Phase 3
Plaque
dentaire
Tartre
Gencive
Gingivite
Destruction
osseuse
Os alvéolaire
Destruction du
ligament parodontal
Informations nutritionnelles Royal Canin
Réponses nutritionnelles
Le brossage dentaire constitue le
meilleur moyen de prévenir le développement de la maladie parodontale. Lorsqu’il ne peut être effectué
par manque de disponibilité du propriétaire ou de coopération de l’animal, l’alimentation peut jouer un
rôle préventif intéressant par des
effets d’ordre mécanique et/ou chimique. Les bénéfices attendus ne
peuvent être observés qu’à condition
que l’aliment à visée bucco-dentaire
représente l’alimentation exclusive
du chat et qu’il soit utilisé quotidiennement.
Effet mécanique
Les aliments secs peuvent exercer
une abrasion légère sur les dents
lorsqu’ils sont correctement croqués
avant la déglutition. Ceci permet de
déstructurer l’enchevêtrement bactérien constituant la plaque dentaire. Il
est important de ne pas mouiller ni
écraser les croquettes pour qu’elles
puissent agir en ce sens.
Le fait que l’animal croque stimule
aussi la production salivaire, intéressant pour son rôle antibactérien.
Effet sur la flore
bactérienne
Certains nutriments peuvent inhiber
le dépôt de plaque dentaire en freinant l’adhésion des bactéries et/ou
en jouant un rôle bactéricide (Servet
et coll, 2006). L’objectif est de diminuer la prolifération de la population bactérienne anaérobie en même
temps que la production des composés soufrés volatils responsables de
l’halitose.
Si aucune étude spécifique n’est
pour l’instant publiée chez le chat,
plusieurs études ont cependant mis
en évidence l’efficacité de certains
nutriments pour limiter la mauvaise
haleine (halitose). Parmi les nutriments étudiés, les sels de zinc, organiques (ex : citrate de zinc) ou inorganiques (ex : sulfate de zinc : ZnSO42-)
présentent des propriétés bactériostatiques intéressantes (Weesner,
2003; Waller, 1997).
Il existe également des huiles à effet
bactériostatique voire bactéricide.
L’huile d’eucalyptus permet par
exemple de réduire activement la
production des acides gras sulfurés
volatils (Pan et coll, 2000). Enfin, certains germes sont très sensibles à l’action des polyphénols de thé vert
(Isogai et coll, 1995) dont les propriétés antioxydantes sont bien connues.
Effet chimique
Les polyphosphates de sodium exercent un effet chélatant du calcium
salivaire et aident ainsi à limiter la
calcification de la plaque dentaire.
Conclusion
En additionnant les effets taille/texture et composition de l’aliment distribué quotidiennement, il est
aujourd’hui possible d’obtenir une
réduction significative du dépôt de
plaque dentaire chez le chat.
Bucco-dentaire
L’effet mécanique repose sur l’adéquation de la taille, de la forme et de
la texture des croquettes à l’âge et à
la taille des dents de l’animal concerné. L’objectif est de viser une pénétration maximale de la dent à l’intérieur des croquettes avant l’éclate-
ment de celles-ci pour obtenir un
“brossage” relatif.
Références
Harvey CE. The oral cavity. In: Chandler
EA, Gaskell CJ, Gaskell RM; Feline
medicine and therapeutics 2004; Blackwell
Publishing & BSAVA: 379-395.
Isogai E, Isogai H, Kimura K, et al. Effect
of Japanese green tea extract on canine
periodontal diseases. Microbial Ecology in
Health & Diseases 1995; 8: 57-61.
Ingham KE, Gorrel C, Blackburn JM, et al.
The effect of tooth brushing on periodontal
disease in cats. J Nutr 2002; 132: 1740S1741S.
Pan P, Barnett ML, Coelho J, et al.
Determination of the in situ bactericidal activity of an essential oil mouth rinse using a vital
stain method. J Clin Periodontol 2000; 27:
256-261.
Servet E, Hendriks W, Clarke D, et al.
Dietary intervention can improve oral health in
cats. J Vet Dent 2008 (in press).
Waler SM. The effect of some metal ions on
volatile sulphur-containing compounds originating from the oral cavity. Acta Ondontol
Scand 1997; 55: 261-4.
Weesner BW Jr. Curing Halitosis: the sweet
smell of success. J Tenn Dent Assoc 2003;
83: 20.
383