Il est vraisemblable que les symptômes soient à différencier selon le

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Il est vraisemblable que les symptômes soient à différencier selon le
RECHERCHE
SUR
LES ENFANTS ADOPTÉS
EN
DIFFICULTÉS
Approche par questionnaires
Volume 1- 2005
Catherine SELLENET
Professeur des universités en sciences de l’éducation
Directrice du centre de recherches éducation – culture
Recherche commandée au CREC par la Direction Générale de l’Action
Sociale du Ministère des affaires sociales, du travail et de la solidarité
1
2
INTRODUCTION
L’importance actuelle de l’adoption.................................................
La pertinence de la recherche sur l’adoption...................................
- L’état des savoirs ........................................................................
- La démarche méthodologique.....................................................
- L’impact du recueil des données ................................................
- À propos de la terminologie........................................................
5
10
11
17
18
19
CHAPITRE 1 – PROFİL DES ENFANTS ADOPTÉS EN
DIFFICULTES ...................................................................... 20
-
Une plus grande vulnérabilité des garçons ................................
L’origine géographique des enfants ...........................................
L’âge est-il un facteur discriminant ?.........................................
Le parcours des enfants en difficultés.........................................
La rencontre avec une nouvelle famille......................................
Enfant aîné ou enfant unique, une place à risques ? ..................
21
22
24
27
28
29
CHAPITRE 2 – SYMPTOMATOLOGİE OBSERVÉE...
33
-
Dater l’émergence des difficultés ............................................... 35
L’adolescence, période à hauts risques...................................... 37
Qualifier les symptômes.............................................................. 40
Symptomatologie différentielle selon la culture, selon le sexe .. 41
Symptomatologie différentielle selon la structure de la famille ? 42
La violence au quotidien............................................................. 43
Réactions parentales et fragilisation du couple ......................... 45
L’enfant acteur dans l’adoption ................................................. 48
Le rejet de l’adoption touche les adoptions précoces comme les adoptions
tardives........................................................................................ 48
La recherche des origines préoccupe un enfant sur deux .......... 48
3
CHAPITRE 3 – LES MODES D’İNTERVENTİON ET
L’ANALYSE DES İNTERVENANTS ................................ 53
- Une demande d’aide fluctuante........................................
- Une analyse pessimiste ...............................................................
- La judiciarisation relative de l’intervention...............................
- Le placement comme recours principal mais non définitif.........
- Les théories implicites dans l’analyse ........................................
56
58
60
60
CHAPITRE 4 – MİSE EN DÉBAT DE QUELQUES
PRÉSUPPOSÉS..................................................................... 64
-
Différencier favorise-t-il la stigmatisation ? ..............................
Un enfant toujours autre.............................................................
De la pensée unique aux théories multiples................................
65
66
67
Annexe ....................................................................................................
75
4
İNTRODUCTİON
L’importance actuelle de l’adoption en France
En chiffres
Bien que mineur et non comparable s’agissant d’enfants de tous âges, l’impact de
la population des enfants adoptés en France s’inscrit de fait dans la politique de la
famille en s’ajoutant aux naissances enregistrées chaque année1.
L’adoption d’enfants étrangers se développe surtout depuis 1990, 3 000 enfants
étrangers en moyenne sont adoptés chaque année en France. Au total, 33 000
enfants d’origine étrangère ont été adoptés par des familles françaises au cours des
quinze dernières années.
En 2003, l’année choisie pour notre étude, l’adoption internationale a permis
l’arrivée de 3995 enfants, un peu plus que l’année 2002 avec 3803 enfants, et
l’année 2001 avec 3094. Majoritairement, ces adoptions se font sans
intermédiaires agréés (65,84%), les organismes d’adoptions n’étant présents que
dans un tiers des cas (34,16%), même si 40 organismes sont référencés. Les deux
organismes les plus actifs restent « médecins du monde » et le « rayon de soleil de
l’enfant de l’étranger ». L’Amérique représente 29,46% des adoptions, l’Europe
25,85%, l’Afrique 25,06% et l’Asie 19,63%.
Adopter à l’étranger, sans l’intermédiaire d’organismes agréés comporte de fait
des risques : des risques sur la légalité de l’adoption, des risques concernant
1
DOCUMENTS, TRAVAUX ET COMMENTAIRES RECHERCHES ET PRÉVISIONS N° 67- 2002 93
5
l’absence de renseignements sur la santé de l’enfant, sa préparation à l’adoption,
ses conditions de recueil et de vie. Mais ce qui est sans doute le plus notable dans
l’adoption étrangère, c’est la grande variété des âges des enfants adoptés : les
enfants âgés de moins de six mois représentent 16,6% de l’effectif, les 6-12 mois
17,24%, les 1-2 ans 18,22%, les 2-3 ans 11,57, les 3-4 ans 9,9%, les 4-5 ans
7,6%, les 5-7 ans 9,9% et les plus de 7 ans 8,7%.
Ce qui en France, serait considéré comme une adoption tardive (au-delà de deux
ans) constitue donc 48% de l’effectif.
6
Seuls quelques pays étaient au départ concernés par la circulation des enfants, mais très vite
le nombre s’est accru et aujourd’hui pas moins de 72 pays pratiquent l’adoption
internationale.
L’adoption d’enfants français est moindre : nous comptons en 2003, 1150 enfants adoptés
pour 3340 enfants adoptables, un écart qui s’explique fort bien si nous admettons que
l’adoption n’est pas une fin en soi et que tous les enfants ne sont pas adoptables.
Le taux des adoptions des enfants français de moins de deux ans est environ de 62%, il est de
52% pour l’adoption étrangère. A l’inverse, évalué en France à 17% pour les enfants âgés de
deux à six ans, il est de 38,9% pour les enfants étrangers de 2-7 ans, et de 8,7% pour les
enfants de plus de sept ans. Force est de constater que l’adoption étrangère privilégie les
enfants grands, ce sont donc des enfants très souvent conscients de leur histoire et détenteurs
d’une culture acquise, qui arrivent en France pour une nouvelle vie.
Au total, 5145 enfants sont donc concernés pour l’année 2003 par une adoption. Si nous
considérons que pour la même année, la France a enregistré 796 900.naissances, la population
adoptive par année (indépendamment de l’âge d’arrivée des enfants) représente 0,6% ;
7
La répartition des enfants adoptés sur le territoire est loin d’être homogène. Certains
départements sont plus que d’autres sollicités pour les agréments et les accompagnements. Le
fait que la Nièvre avec quatre adoptions par an ait signalé ne pas avoir de problèmes n’est pas
une surprise, que la Loire Atlantique, le Maine et Loire, l’Ile et Vilaine soient plus investis
dans cette recherche, compte tenu de leur fort taux d’adoption, s’explique également par la
force du nombre. Un problème ne devient réellement visible que par sa répétition, et le
nombre est un facteur non négligeable de visibilité.
Répartition des visas d'adoption en 2003
Pas-de-Calais
82
Nord
116
Somme
67
15
6
Seine-Maritime
Ardennes
6
Oise
32
Val-d’Oise
4
Calvados
Eure
Moselle
55
25
Meuse
Seine-St-Denis
Marne
33
98
31
18
45
Bas-Rhin
Val-de-Marne
Orne
35
Meurthe-et-Moselle
Yvelines
106
11
Seine-et-Marne
61
25
58
11
Côtes-d'Armor
Essonne
55
Mayenne
4
Finistère
Eure-et-Loir
Aube
Vosges 25
34
Ille-et-Vilaine
Haute-Marne
28
12
33
Haut-Rhin
60
Sarthe
Loiret
56
Yonne
Morbihan 63
Haute-Saône
18
6
Loir-et-Cher
Territoire-de-Belfort
112 Maine-et-Loire
18
Côte-d’Or
9
44
45
Loire-Atlantique
96
4
Indre-et-Loire
Doubs
Cher Nièvre
Aisne
28
Manche
21
9
Indre
Vendée
32 Vienne
44
Deux-Sèvres 19
23
Dordogne
Aveyron Lozère
Gers
Pyrénées-Atlantiques
77
26
Tarn
46
28
Hérault
Haute-Garonne
6
Aude
27
32
28
Drôme
14
Hautes-Alpes
Alpes-de-Haute-Provence
51
63
6
Gard Vaucluse
Alpes-Maritimes
92
Bouches-du-Rhône
28
7
Pyrénées-Orientales
(21)
(17)
(20)
(17)
(21)
Savoie
Isère
Var
15
6
Hautes-Pyrénées Ariège
58
Haute-Savoie
78
Ardèche
5
Tarn-et-Garonne
16
48
58 à 211
34 à 58
25 à 34
13 à 25
2 à 13
CantalHaute-loire
Lot
12
Lot-et-Garonne
Landes
55
10
13
21
Ain
84
Loire
Rhône
Puy-de-Dôme
14
Gironde
32
38
Corrèze
25
72
8
18
Charente
20
Jura
35
Creuse
Charente-Maritime Haute-Vienne
53
25
Saône-et-Loire
Allier
14
Haute-Corse
8
2
Corse-du-Sud
8
À titre d’exemple, la Loire Atlantique, nous a signalé 36 situations que nous avons pu saisir2,
le Maine et Loire a recensé 14 situations, l’Île et Vilaine participe à cette recherche avec 22
situations. Au total, 54 départements ont répondu (voir carte ci-dessous), dont 48 avec des
enfants adoptés en difficultés. Il est dommage que des départements, à fort taux d’adoption,
comme le Finistère, le Morbihan, le Nord, Paris…et autres n’aient pu se mobiliser pour
répondre aux questionnaires.
Sur 54 départements, 317 situations ont donc été analysées soit six situations en moyenne par
département. Si l’on extrapole très grossièrement à l’ensemble du territoire, le chiffre
approximatif de 600 enfants pourrait être avancé.
Ce chiffre hypothétique n’a pas pour nous pas de valeur statistique. La fâcheuse tendance qui
consiste à mesurer l’intérêt d’un problème en fonction de sa valeur numérique, ne fait pas
partie de nos postulats. 317 parents et enfants, en situation de souffrance, c’est déjà beaucoup
et suffisant pour interroger les mécanismes d’intégration et d’aide qu’une société met en
œuvre pour aider les familles.
2
Un certain nombre de situations ont été éliminées du corpus faute de précisions suffisantes (une dizaine).
9
- La pertinence de la recherche sur l’adoption
Enfants adoptés en difficultés
Pas-de-Calais
Nord
Somme
Aisne
Seine-Maritime
Ardennes
Oise
Calvados
Val-d’Oise
Eure
Marne
Seine-et-Marne
Yvelines
Orne
Aube
Eure-et-Loir
Mayenne
Ille-et-Vilaine
Sarthe
Loiret
Morbihan
Vosges
Haute-Marne
Haut-Rhin
Haute-Saône
Yonne
Loir-et-Cher
Maine-et-Loire
Loire-Atlantique
Indre-et-Loire
Deux-Sèvres
Vendée
Territoire-de-Belfort
Côte-d’Or
Cher
Doubs
Nièvre
Indre
Saône-et-Loire Jura
Vienne
Allier
Ain
Creuse
Charente-Maritime
Haute-Vienne
Haute-Savoie
Puy-de-Dôme
Charente
Rhône
Loire
Corrèze
Haute-Loire
Cantal
Dordogne
Gironde
Lot-et-Garonne
Aveyron
Alpes-de-Haute-Provence
Gard
Tarn
Hérault
Haute-Garonne
Pyrénées-Atlantiques
Hautes-Pyrénées
Hautes-Alpes
Drôme
Lozère
Tarn-et-Garonne
Gers
Savoie
Isère
Ardèche
Lot
Landes
Bas-Rhin
Meurthe-et-Moselle
Essonne
Côtes-d'Armor
Finistère
Moselle
Meuse
Vaucluse
Alpes-Maritimes
Bouches-du-Rhône
Var
Aude
Ariège
Pyrénées-Orientales
Haute-Corse
Corse-du-Sud
Réponses départements
Enfants en difficultés
Départements avec enfants en difficultés
Départements sans enfants en difficultés repérés
Départements n'ayant pas répondu
10
(48)
(6)
(42)
Cette recherche, dans sa conception, a une valeur exploratoire. Elle s’ouvre au moment même
ou d’autres pays interrogent eux aussi l’adoption dans son processus et son devenir. La
Belgique, le Canada…rencontrent les mêmes questions que la France, et sont alertés par des
situations problématiques. La Belgique a tenu son premier colloque sur ce thème en février
2005 avant de légiférer à nouveau sur les procédures d’agrément et de suivi.
Combien y a t il finalement d’enfants adoptés en difficultés3 ? Nul aujourd’hui ne peut
répondre à cette question, mais nous pouvons, à partir d’un corpus constitué, interroger les
mécanismes, les facteurs, qui interviennent dans l’émergence de ces difficultés.
Qu’en savent les départements, de quels moyens et de quelles analyses se dotent les
professionnels de l’enfance, telles sont les autres questions que nous nous poserons, sachant
que cette recherche comportera plusieurs volets et plusieurs modes d’investigations sur
lesquels nous reviendrons.
Ouvrir une recherche sur les adoptions ne se fait pas sans prendre en compte les
connaissances acquises. Nous devons à Oulette et Belleau, chercheurs du Québec, une
première tentative de recension des écrits sur le sujet. Leur compte-rendu, dans ces grandes
lignes, nous servira de guide pour définir les points majeurs de la problématique d’adoption.
- L’état des savoirs
« Dans la majorité des cas, il apparaît que le développement des enfants adoptés à l’étranger
et leur adaptation à leur nouveau milieu se soldent positivement, de sorte que l’adoption
internationale ne saurait être définie comme un problème social ».
C'est en ces termes que Françoise – romaine Ouellette et Hélène Belleau introduisent en 1999
un rapport récapitulatif, écrit à partir d’une recension de diverses études4. Cette étude par son
sérieux nous donne un bon aperçu de l’existant en matière de recherche sur l’adoption. Elle
montre aussi combien la France est en ce domaine peu prolifique, les rares études produites
3
le S.H.I.P. (Service d’Hospitalisation Intersectoriel de Pédopsychiatrie), à Nantes : Parmi les 130 jeunes
hospitalisés en 2003, 13 soit 10%, étaient des enfants adoptés. Rien à voir avec ce que l’on sait de la proportion
d’enfants adoptés en France, à peine plus de 0,6% (chiffres de référence : nombre d’adoptions et nombre de
naissances en 2003).
. Mais le service psychiatrique du Professeur Rufo à la Timone en comptait environ un quart, dit-il dans
« Oedipe toi-même»3; celui du Professeur Berger à Saint-Etienne en comptait 12,5% en 19973 ; l’école/collège
d’Angreviers (Loire-Atlantique) qui accueille en internat à partir de 8 ans des enfants difficiles en compte 6%
chaque année (une dizaine sur 160); la Fondation d’Auteuil en comptait 6 sur 21 dans une structure éducative
créée pour les adolescents désocialisés et étudie aujourd’hui l’hypothèse d’un petit établissement spécialisé,
compte tenu de la demande
4
Ouellette et Belleau : l’intégration familiale et sociale des enfants adoptés à l’étranger. Recension des écrits,
avril 99. INRS culture et société. Québec
11
sur le devenir des enfants adoptés étant dispersées et sélectives malgré leur intérêt (Rude
Antoine, terre des hommes 1992, 1995, Nabinger 1994 ; Ozoux Teffaine 1987. Halifax J.,
L’insertion sociale des enfants adoptés, résultats de l’enquête « Adoption internationale et
insertion sociale», INED et Les amis des enfants du Monde, 2000, Paris, INED, Dossiers et
Recherches, mai 2001, n° 98.).
Que l'adoption des enfants étrangers ne soit pas un problème social n'interdit pas pour autant
de se poser la question de leur intégration. Cette question se pose également pour les enfants
français adoptés dans les premiers mois ou plus tardivement. Il importe aujourd'hui, de mieux
comprendre ces situations qui se vivent plus douloureusement voire qui se concluent par un
échec. Définir une politique préventive, visant à anticiper sur ces situations, où à les
accompagner adéquatement, reste l’un des objectifs majeurs de nombreux pays aujourd’hui
impliqués dans l’adoption.
Une première démarche consiste, sans aucun doute, à capitaliser les savoirs. Quels sont les
points d'accord entre les différentes études, quelles sont les oppositions et les zones d'ombre ?
1. L'adoption comme problématique de la différence
Toutes les études recensées posent la problématique de la différence comme étant centrale
dans toute adoption. La différence a le plus souvent été abordée sous l'angle de l'expérience
personnelle de la perte et du deuil ; sous l'angle de la parenté et des origines ; enfin sous celui
de l'identité ethnoculturelle. Depuis les premières lois modernes édictées sur l'adoption, la
famille adoptive a été pensée comme devant entretenir un rapport de ressemblance ou
d'identité avec la famille biologique. D'ailleurs, soulignent Ouellette et Belleau, « la forme
légale qui a été privilégiée dans les pays d'Occident est celle de l'adoption plénière qui
attribue à l'enfant une nouvelle famille et un nouvel acte de naissance, comme si la filiation
antérieure n'avait jamais existé, et qui accorde aux adoptants un statut parental exclusif. »
Si l'adoption se fait « l’écho, le miroir » de la norme familiale, il ne reste pas moins vrai que
ce miroir peut-être déformant et enregistrer des différences.
C'est sur ces différences que les chercheurs mettent l'accent :
- l'expérience de la perte et du deuil : l'adoption implique une perte pour chacune des parties
du triangle, parents de naissance - parents adoptifs et enfants adoptés. Pour les parents de
naissance, c'est la perte d'un lien affectif, social, symbolique, la perte du statut parental. Pour
les parents adoptifs, c'est souvent le deuil de la procréation, une blessure narcissique. Pour
12
l'enfant adopté, cette perte est aussi celle des premiers liens d'attachement et de la base de
sécurité qu'ils confèrent à l'enfant pour son développement.
Faut-il travailler sur ces différences ou les banaliser voire les oublier ? À ce niveau, les
chercheurs se divisent. Les uns privilégient le « comme si », et valorisent les attitudes
parentales gommant la spécificité de l'adoption. Les autres crient au déni, dénoncent les
risques de colmatage et prônent le respect des différences. Le choix du prénom est un bon
exemple de ces oppositions théoriques, entre ceux qui privilégient le choix d'un prénom par
les parents adoptifs, comme signe d'une intégration filiative ; les autres se prononçant pour un
maintien du prénom d'origine, signe de l'appartenance de l'enfant à une histoire antérieure.
Ouellette et Belleau soulignent, à juste titre, « que le manque de soutiens institutionnalisés
pour les parents adoptifs a certainement contribué à renforcer les stratégies de rejet de la
différence. En effet, notre société ne leur propose pas de modèles, de normes et de sanctions
sociales adaptées à leur situation spécifique et auxquels ils pourraient se référer dans
l'exercice de leur rôle de parents. Ce rôle n'est pas défini autrement qu'en référence à celui de
tous les autres parents, ce qui constitue une pression implicite à minimiser ou à banaliser la
spécificité de la situation adoptive. »
2- l’importance du facteur âge
Il est maintenant admis que les premières expériences de vie ont un impact durable et
marquant sur le développement de l’enfant. Plus l’enfant est âgé, plus il a subi des
déracinements, plus les chercheurs sont pessimistes sur le devenir de l'enfant. La plupart des
études signalent une période sensible, située entre six mois et quatre ans. Ces enfants seraient
plus vulnérables que d'autres lors de l'adoption. En effet, ils seraient conscients de la
séparation sans être en mesure de la comprendre et de la verbaliser. Par exemple, dans l'étude
néerlandaise d’Hoksbergen 1987, 24 % des enfants adoptés à moins de six mois ont manifesté
un ou plusieurs problèmes, contre 77 % des enfants adoptés à deux ans et plus. L’étude
française de terre des hommes (1992), qui s'est penchée sur les cas d'adoption d'enfants
asiatiques, affirme que les enfants adoptés entre trois et quatre ans sont particulièrement
vulnérables et présentent plus de problèmes eu égard à leur adaptation et à leur intégration
dans la famille adoptive. Par comparaison ceux qui ont cinq ans et plus, s’adaptent
progressivement mais sûrement selon cette étude.
13
La contradiction apparaît dans une autre étude, celle de Choulot et Brodier 1993, qui notent
que les enfants âgés de cinq à six ans sont à hauts risques, car ils pourront difficilement
oublier leur enfance.
Pour les enfants plus âgés, séparés d'une figure d'attachement ou détachés d’un milieu
socioculturel connu, l'expérience serait également traumatisante. Il importera donc d'analyser
les différentes stratégies d'adaptation des adoptés en fonction de leur âge et de leur parcours
antérieur, familial ou institutionnel.
L'adoption tardive a particulièrement intéressé les chercheurs. Par exemple l’étude danoise de
Rorbech 1990, effectuée sur un groupe de jeunes de 18 à 25 ans, montre que la majorité
d'entre eux entretient de bonnes relations avec les parents adoptifs. Cependant une proportion
de 20 à 25 % de ces jeunes adoptés n’a gardé aucun lien avec leurs parents, frères et soeurs.
Les mêmes conclusions sont à l’oeuvre dans les études de Simon et Altstein 1991 : les enfants
adoptés tardivement auraient une relation plus problématique avec leur famille. Ils seraient
plus nombreux à exprimer une relation plus distante avec leurs parents.
Ce bref aperçu montre combien il est difficile de trouver un accord entre les chercheurs. Si
l'adoption précoce semble minorer les facteurs de risques, la délimitation d'un âge critique
reste incertaine.
Le facteur âge n'est pas le seul élément en cause. Le parcours de l'enfant est aussi important.
Verhulst et alii 1992 montrent, à partir d’une étude sur 2148 adoptés, ayant vécu plus de
quatre changements de services d'accueil, que 24 % des enfants ont été sévèrement négligés
dans le passé, et que 31 % ont été abusés. Tous ont manifesté des troubles du comportement
après leur adoption.
La bataille des chiffres commence avec les études statistiques. Combien y a-t-il d'enfants
adoptés en difficultés ? Chaque pays tente vainement d’estimer la demande de prise en charge
nécessaire.
3- la question du chiffrage des enfants en difficultés
Aux États-Unis, les enfants adoptés comptent pour 2 % de la population des enfants mais ils
représentent entre 4 et 5 % des enfants dans les cliniques externes de santé mentale et entre 10
et 15 % des enfants des unités de soins résidentiels. Ces chiffres sont assez proches de ceux
cités par les pédopsychiatres français, sur des échantillons restreints et à partir des lieux de
consultation.
14
D'autres chercheurs, travaillant sur des populations ethniques homogènes, concluent à
l'absence de différences. C'est le cas de l'étude d’Andresen 1992, qui démontre que la majorité
d'un groupe de 150 enfants adoptés, coréens, ne se distingue pas d’un échantillon témoin
d’enfants non adoptés. Lévy Shiff 1990, compare un groupe de 50 enfants israéliens adoptés à
l'étranger, avec 50 enfants adoptés localement. Il ne distingue aucune différence entre les
deux groupes d'enfants adoptés sur le plan de l'adaptation émotionnelle, scolaire et sociale
À l'inverse, l'étude faite par Ames 1997 sur les enfants roumains, à partir du témoignage des
parents adoptifs, évalue à 72 % les troubles du comportement présents chez les enfants
adoptés, plus de trois ans après leur adoption. Les troubles du comportement cités seraient :
des troubles de l’attention, une absence de sentiment de culpabilité, des vols, dépression, repli
sur soi, problèmes d'apprentissage au niveau scolaire...
Au-delà du risque de brosser un palmarès des pays, force est de constater que la nuance fait
souvent défaut. Entre les études qui présentent un tableau idyllique, où tout serait rose et
celles qui peignent la vie en noire, la mesure semble absente.
L'accord se fait, par contre, sur l'existence d’une symptomatologie différentielle entre les
garçons et les filles. Les garçons seraient sur représentés en ce qui concerne le syndrome de
délinquance et sur l'échelle d’hyperactivité. Les filles présenteraient davantage des
comportements schizoïdes et dépressifs.
L’âge à l'adoption n'a pas été identifié comme pouvant être un prédicteur de l'adaptation à
l'adolescence. Cependant, les études néerlandaises recensées par Hocksbergen 1997, relient la
prévalence des problèmes de comportement à l'âge au moment de l'adoption.
Au niveau scolaire, les résultats des différentes études sont totalement contradictoires.
Certains auteurs affirment que les performances scolaires des adoptés sont normales, voire
équivalentes ou supérieures à celles des enfants biologiques. D'autres (Verhulst, Hollande
1990) décèlent une plus grande proportion d'enfants adoptés (13,2 % contre 4,4 % pour les
enfants non adoptés) inscrits dans les écoles spéciales. Dans l'enquête française de terre des
hommes 1992, deux tiers des adoptés rencontrés avaient redoublé au moins une classe
comparativement à 25 % dans la population générale.
Mesure-t-on la même chose dans ces différentes enquêtes ? rien n’est moins sûr d’où une
réelle disparité dans les points de vue énoncés. La constitution des corpus d’enfants, l’âge
auquel on mesure leurs performances sont des facteurs importants qui rendent difficiles les
comparaisons au sein d’un même pays, encore plus sur un plan international.
15
4 - la question des origines
Le problème est tout aussi épineux en ce qui concerne le thème des origines. Pendant très
longtemps l'adoption a été maintenue secrète. À partir des années 1970, un renversement se
produit. La mise en garde des spécialistes sur les effets néfastes des secrets a contribué à
populariser l'idée que chacun avait le droit de connaître ses origines. Ce mouvement, se
retrouve en France mais aussi en Angleterre, en Ecosse, en Finlande, en Suède, en Israël...
Le débat n’est pour autant pas clos et reste très actif tant d'un point de vue théorique que du
côté des pratiques. Si certains professionnels évoquent presque systématiquement l’idée d'un
retour sur les origines et anticipent sur la demande réelle, d'autres regrettent cette
systématisation et en dénoncent les effets délétères, au niveau d'une fragilisation de
l'adoption. À noter toute l’ambiguïté de ce terme « origines ». Pour les uns, ce terme fait
référence aux parents biologiques et au passé de l'enfant. Pour les autres, il évoque un pays,
une culture ou groupe ethno racial, et dans ce cas la question des origines familiales et
sexuelles risque de rester voilée. L’enfant est né d’un pays, non de parents géniteurs.
Dans l'étude de Trolley 1995, 73,5 % des parents disent avoir révélé très tôt à leurs enfants le
fait qu'ils aient été adoptés et tous l’ont fait avant qu'ils n'atteignent l'âge de 5 ans. Dans ce
consensus à peu près unanime, la voix de Neuberger 1995 est dissonante. Contrairement aux
autres auteurs, Neuberger remet en question cette idée de révélation précoce. Il pense que « la
greffe mythique » entre l'enfant et ses parents doit être effective, avant toute révélation.
L’accord est plus net entre toutes les études pour dire que tous les enfants adoptés ne sont pas
préoccupés par cette question des origines. Les chiffres donnés fluctuent entre 40 à 60 % de
jeunes ne désirant pas d'informations sur leur passé. Les filles paraissent toujours plus
sensibles à cette dimension de leur histoire. L'âge des adoptés influe considérablement sur
cette volonté de recherche, et l'adolescence est citée comme une période de questionnement.
Pour les uns, le questionnement est interprété comme une réaction saine de curiosité, pour
d’autres comme une difficulté, le signe d’une mauvaise intégration. La non-curiosité, dans la
même logique est pour les uns un déni de réalité, un refus pathologique de savoir, pour les
autres un signe de bonne adaptation. On mesure dans ces différentes lectures opposées, tout le
poids de l’idéologie et des a prioris de chacun sur ce que devrait être la bonne attitude.
16
5- la structure de la famille adoptive
Le consensus n’est pas plus de mise pour savoir s’il existe des configurations familiales plus à
risques que d’autres. Selon certaines études Les risques seraient plus élevés lorsque l'adopté
est intégré dans une famille où il y a déjà des enfants plus âgés et plus jeunes que lui (kühl
1985). D'autres recherches démontrent à l'inverse que l'intégration initiale des jeunes adoptés
serait facilitée par la présence d'autres enfants dans la famille. C'est la position de l'étude de
terre des hommes 1992. Peu d'études se sont préoccupées de l’adoption des fratries. Pourtant
cette situation n'est pas exceptionnelle, et mériterait une meilleure approche.
6- L’identité ethnique
Dernier point mais non des moindres des recherches, la question de l’identité ethnique, sous
jacente de l’adoption internationale. Selon l'âge de l'enfant au moment de son adoption, la
question de son identité ethnique ou culturelle se révélera plus ou moins sensible dans la
dynamique familiale. Derrière l'âge à l’adoption se profile la question de l’acculturation mais
aussi des identifications. Le problème se pose surtout pour les enfants adoptés tardivement, du
moins le pense-t-on, car ceux-ci ont déjà expérimenté des éléments de leur culture d'origine.
Pour autant, la question nous semble également vraie pour les enfants étrangers adoptés
précocement. Les enfants adoptés de l'étranger sont intégrés la plupart du temps dans une
famille de couleur blanche, alors qu'ils sont « de couleur ». Qu'en est-il alors de leur identité
de couleur dite aussi « identité raciale ». ?
Cette liste des problèmes posés par l'adoption, que nous venons de dresser, est loin d'être
exhaustive. Nous avons souhaité néanmoins balayer à grands traits ce champ de recherche
pour montrer la fragmentation des savoirs à laquelle nous sommes confrontés. La recherche
sur l'adoption est peu structurée mais dans tous les pays émerge un même questionnement sur
les adoptions difficiles, non pour dénoncer l'adoption, non pour trouver des coupables mais
pour tenter de prévenir les situations douloureuses. La recherche que nous allons présenter
s'inscrit dans cette démarche exploratoire, avec ses limites mais aussi ses perspectives.
- La démarche méthodologique
La démarche méthodologique choisie est plurielle :
17
-
par questionnaires auprès des départements (1er Volet de ce compte-rendu), à partir
des situations connues des services de l’Aide Sociale à l’Enfance. Ce choix introduit
un biais non négligeable dans le recueil des données. Ne sont ici traitées que les
situations a priori les « plus graves », motivant l’intervention d’un travailleur social
mandaté. Nous n’avons donc accès qu’à la partie « visible » de la demande d’aide, la
plus criante, la plus urgente. L’approche et la lecture des résultats restent statistique,
même si la quantification n’est pas l’objectif de cette étude. L’intérêt est plutôt de
dégager des tendances, des similitudes d’un département à l’autre. Chaque
département a donc recensé les situations connues, faisant l’objet d’une intervention
au cours de l’année 2003 ; il s’agit d’un recensement de type « stock » et non « flux »,
certaines interventions sont donc plus anciennes que d’autres.
-
Par entretiens semi-directifs avec des parents adoptifs, volontaires pour témoigner de
leur expérience, de leur parcours avec leur enfant (deuxième volume). Cette seconde
approche est doublée de la lecture des dossiers anonymés des enfants les plus en
difficultés, ceux pour lesquels on parle « d’échec d’adoption » dans la mesure où il y a
rupture de tous les liens parents-enfants, que cette rupture provienne des parents, des
enfants, voire des deux. L’approche est ici principalement clinique. En 1999,
« l’échec » concernait 61 enfants qui vivaient une nouvelle rupture. Pour 2003, ces
enfants sont au nombre de 57. Ils ne sont pas comptabilisés dans le corpus des 317
enfants inclus dans l’étude statistique.
-
La même méthode (entretiens et lecture de dossiers anonymes) a été utilisée dans un
service d’urgence de pédo-psychiatrie, en amont d’une intervention de l’Aide Sociale
à l’Enfance.
-
Enfin par une série de rencontres avec des départements-témoins, des représentants
d’associations (EFA, OAA) et des lieux de soins, pour recenser les méthodes, les
besoins, les propositions.
- L’impact du recueil des données
Toute approche suppose des choix non seulement théoriques mais aussi méthodologiques. Ce
sont ces derniers qui posent le plus problème, dans la mesure où le chercheur doit souvent se
plier aux particularités du terrain. Psychologue pendant dix années dans un service ASE et
dans un service adoption, nous connaissions les limites d’une telle recherche in situ. La nonarticulation entre les services entraîne une dispersion des données, lourde à endiguer pour les
18
départements. Nous mesurons donc parfaitement la charge de travail que notre demande a
générée et remercions d’autant plus chaleureusement les départements qui ont répondu.
Tout questionnaire révèle des manques, des impensés, des dysfonctionnements, rendant
difficile, pour les départements, le travail de recueil des données. Loin d’être un obstacle à
l’analyse, les absences de réponses à certains items, sont aussi des pistes de travail à
investiguer. Nous y reviendrons dans le troisième volet de ce rapport.
-
A propos de la terminologie
Nommer ce qui pose problème, ce qui fait le cœur de la recherche, fut une autre étape.
L’adoption a longtemps été présentée sous une forme idéalisée, heureuse, et sans souci
venant abîmer l’image d’une belle rencontre. Le terme « d’échec d’adoption » a pu choquer
des sensibilités, et nous le comprenons. Il n’a été employé que pour signifier l’absence de
greffe ou la rupture annoncée comme définitive des liens créés. Pour les autres situations,
nous avons préféré le terme « d’adoptions en difficultés » pour évoquer des demandes d’aide
massives, des passages à l’acte, voire des menaces de rupture. La frontière entre les deux
corpus est, nous ne l’ignorons pas, ténue, mobile. L’adoption est un mouvement, un
processus, et rien ne peut présager de ses métamorphoses. L’étude que nous proposons n’est
pas diachronique et ne préjuge pas des évolutions positives ou négatives possibles. Cette
étude ne vise pas non plus à tout investiguer dans le détail (la santé des enfants à leur arrivée,
leur intégration au fil des années, leurs sentiments…), toute chose qui serait d’ailleurs
impossible à remplir, en termes de questionnaires par les départements. D’autres recherches
feront, nous l’espérons, d’autres découvertes susceptibles de compléter le tableau.
19
CHAPITRE 1 – PROFIL DES ENFANTS ADOPTES EN DIFFICULTES
Une plus grande vulnérabilité des garçons
L’étude porte sur 317 enfants dont 52% de garçons et 48% de filles. Les enfants de sexe
masculin sont donc sur représentés dans la population des enfants adoptés en difficultés,
phénomène qui tient moins à l’adoption en tant que telle, au moment où elle se concrétise,
qu’au facteur sexe.
Age à l'adoption
Sexe de l'enfant
Non
Moins de De 2 à 4 De 4 à 6 De 6 à 8 De 8 à 10De 10 à 1212 et plus TOTAL
réponse 2 ans
Non réponse
1
0
0
0
0
0
0
0
1
homme
4
39
35
37
21
20
8
1
165
femme
6
39
20
27
31
21
4
3
151
TOTAL
11
78
55
64
52
41
12
4
317
Toutes les études montrent en effet une vulnérabilité plus grande des garçons au niveau de
l’intégration scolaire et sociale. La recherche internationale faite au Québec sur les enfants
adoptés de 1985 à 2002 confirmait cette tendance sur 3600 enfants : « pour tous les groupes
d’âge à l’adoption, il y a une différence statistiquement significative en désavantage des
garçons. Cette différence n’est pas liée au pays d’origine, ni à l’âge des enfants ni à la durée
de leur adoption…mais les garçons développent une relation moins sécurisée que les filles, à
leurs parents adoptifs…Ils manifestent plus que les filles des comportements d’externalisation
(troubles d’opposition et troubles de l’attention avec hyperactivité), ce qui était prévisible et
qui correspond généralement à ce que l’on trouve dans les études sur la socialisation des
enfants… »5
5
L’adoption internationale au Québec de 1985 à 2002 ; l’adaptation sociale des enfants nés à l’étranger et
adoptés par les familles du Québec, équipe de recherche : Réjean, Larose, Moss, Nadeau…et le Secrétariat à
l’adoption internationale du Québec.
20
Sexe de l'enfant
1
Non réponse
homme
femme
151
165
l’origine géographique des enfants
Ces enfants, viennent de l’étranger à 74,8% et de France pour 24,9% d’entre eux. Si nous
comparons ces chiffres à l’adoption en générale (77,6% d’enfants étrangers en 2003 contre
22,35% d’enfants français) un premier a priori se trouve mis à mal : les enfants étrangers ne
sont pas plus à risques que les enfants français. Seul leur nombre les rend plus visibles. A
l’inverse, on note une légère sur représentation d’enfants français dans notre échantillon.
Nationalité d'origine
Non réponse
Nb. cit.
Fréq.
1
0,3%
enfant né en France
79
24,9%
enfant né à l'étranger
237
74,8%
TOTAL CIT.
317
100%
Age à l'adoption
Nationalité d'origine
Non
Moins de De 2 à 4 De 4 à 6 De 6 à 8 De 8 à 10De 10 à 1212 et plus TOTAL
réponse 2 ans
Non réponse
100%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
100%
enfant né en France
3,8%
31,6%
7,6%
19,0%
17,7%
13,9%
3,8%
2,5%
100%
enfant né à l'étranger
3,0%
22,4%
20,7%
20,7%
16,0%
12,7%
3,8%
0,8%
100%
TOTAL
3,5%
24,6%
17,4%
20,2%
16,4%
12,9%
3,8%
1,3%
100%
Ces enfants français (au nombre de 79) ne sont pas seulement, comme on pourrait l’imaginer,
des enfants adoptés tardivement, puisqu’un tiers d’entre eux (soit 25) ont été adoptés avant
deux ans, le plus souvent dans les trois premiers mois. Il restera à comprendre le pourquoi de
21
leur présence au sein de l’Aide Sociale à l’enfance, ces enfants ayant bénéficié d’une adoption
précoce minorant en principe les problèmes futurs.
Les enfants étrangers, pour lesquels l’Aide Sociale à l’Enfance est intervenue, viennent de
tous les pays, mais si nous comparons les données recueillis à l’origine globale des enfants
étrangers adoptés, quelques hypothèses peuvent être émises. Les enfants en difficultés
viennent prioritairement d’Amérique du Sud et sont sur représentés dans notre échantillon
(37,1% contre 29,4% dans la population globale adoptée), ce qui n’est pas le cas des enfants
des pays de l’Est (25,8% en population globale et à l’identique dans notre échantillon) ni des
enfants venant d’Afrique (25,06% en population globale, 23,6% dans notre échantillon). Les
enfants venant d’Asie (19,63% en population globale) sont peu présents dans notre
échantillon (8,7%), ce qui pourrait indiquer une meilleure intégration de ces derniers. A noter
également que pour l’Asie, peu d’adoptions s’effectuent après six ans, ce qui n’est pas le cas
des autres pays.
Nb. cit.
Fréq.
Asie
20
8,7%
Amérique
85
37,1%
Afrique
54
23,6%
Pays de l'Est
59
25,8%
Si étranger
Maghreb
TOTAL CIT.
11
4,8%
229
100%
Age à l'adoption Moins de De 2 à 4 De 4 à 6 De 6 à 8 De 8 à 10De 10 à 1212 et plus TOTAL
2 ans
ans
Si étranger
Asie
30,0%
25,0%
30,0%
10,0%
5,0%
0,0%
0,0%
100%
Amérique
24,1%
19,3%
18,1%
19,3%
15,7%
2,4%
1,2%
100%
Afrique
21,2%
23,1%
19,2%
17,3%
11,5%
7,7%
0,0%
100%
7,0%
22,8%
28,1%
19,3%
17,5%
5,3%
0,0%
100%
Pays de l'Est
Maghreb
81,8%
0,0%
9,1%
0,0%
0,0%
0,0%
9,1%
100%
TOTAL
22,4%
20,6%
21,5%
17,0%
13,5%
4,0%
0,9%
100%
L’âge est-il un facteur discriminant ?
Les enfants adoptés ont préalablement vécu un abandon, or dans le recueil des données tout
semble, pour les intervenants, commencer avec l’adoption. L’âge à l’abandon n’est pas
considéré comme une donnée historiquement majeure de la vie des enfants, d’où le nombre
important de non-réponses à cet item (35,6%).
22
Nb. cit.
Fréq.
Non réponse
113
35,6%
Moins de 2
110
34,7%
De 2 à 3
36
11,4%
De 3 à 5
12
3,8%
De 5 à 7
24
7,6%
De 7 à 8
13
4,1%
De 8 à 10
6
1,9%
Age à l'abandon
10 et plus
TOTAL CIT.
3
0,9%
317
100%
Minimum = 0, Maximum = 10
Somme = 470
Moyenne = 2,30 Ecart-type = 2,78
L’âge à l’adoption est mieux connu et un premier constat s’impose : si nous considérons
qu’une adoption est dite tardive au-delà des deux ans de l’enfant, nous pouvons constater que
les moins de deux ans représentent 24,6% des enfants adoptés en difficultés. Comparés à la
population globale (62% des adoptions françaises s’effectuent en deçà de deux ans, ainsi que
52% des adoptions étrangères) ces chiffres traduisent à la fois une meilleure intégration des
enfants jeunes, mais aussi une vulnérabilité pour certains d’entre eux, malgré un contexte
favorable. L’adoption précoce n’est donc pas une garantie absolue contre les aléas possibles,
même si elle constitue à n’en pas douter un facteur limitant les risques.
Nb. cit.
Fréq.
Non réponse
11
3,5%
Moins de 2 ans
78
24,6%
De 2 à 4 ans
55
17,4%
De 4 à 6
64
20,2%
De 6 à 8
52
16,4%
De 8 à 10
41
12,9%
De 10 à 12
12
3,8%
Age à l'adoption
12 et plus
TOTAL CIT.
4
1,3%
317
100%
Minimum = 0, Maximum = 13
Somme = 1 324
Moyenne = 4,33 Ecart-type = 3,11
En comparant les deux populations (population globale adoptée et échantillon d’enfants en
difficultés), nous pouvons noter que l’âge de l’adoption joue un rôle protecteur jusqu’à quatre
ans, ensuite les enfants plus âgés sont sur représentés dans notre échantillon (exemple :
enfants adoptés entre 4 et 7 ans = 27,4% dans la population globale adoptée contre 38% dans
23
la population en difficultés ; enfants adoptés après sept ans : 8,7% dans la population globale
contre 18,5% dans l’échantillon)
Le parcours des enfants en difficultés
Là encore, l’adoption gomme l’histoire antérieure des enfants, leur parcours antérieur est peu
interrogé par les services, ce qui prive les intervenants de la prise en compte des traumatismes
vécus par les enfants, avant leur adoption. Les causes de l’abandon sont le plus souvent
inconnues.
Causes de l'abandon
Nb. cit.
Fréq.
Non réponse
33
7,9%
pauvreté
93
22,3%
maladie des parents
13
3,1%
désintérêt manifeste
56
13,4%
prostitution
21
5,0%
décès
37
8,9%
causes inconnues
98
23,5%
naissance cachée (style accouchement sous X)
29
7,0%
autres
37
8,9%
417
100%
TOTAL CIT.
Dans 127 cas sur 317, les données sur l’état de l’enfant lors de son adoption manquent, ce qui
ne signifie pas que l’enfant soit arrivé en France en parfait état de santé physique et
psychique. Ces données nous semblent importantes à recueillir pour apprécier l’impact du
passé sur le devenir de l’adoption. On ne peut imaginer qu’un enfant ayant un lourd passé de
carences, de négligences ou de maltraitances puisse être investi comme n’importe quel enfant,
sans une aide appropriée. Nous reviendrons sur ce point capital, surtout si nous considérons le
fait que plus du tiers des réponses (34,4%) signale une problématique difficile dès l’arrivée de
l’enfant, problématique qui ne s’est pas résolue avec le temps comme l’opinion publique
l’espère aisément. Tout ne cicatrise pas dans la durée et certains enfants portent durablement
les séquelles d’un vécu carentiel ou traumatique.
Lorsque les données existent, elles signalent
principalement des carences affectives,
physiques voire des maltraitances, et le plus souvent un parcours institutionnel émaillé de
ruptures :
24
Dossier enfant
Non réponse
Nb. cit.
Fréq.
127
26,0%
des carences affectives
95
19,5%
des carences physiques
49
10,0%
des maltraitances
54
11,1%
des troubles du comportement
41
8,4%
des retards d'apprentissage scolaire
31
6,4%
des problèmes de santé
35
7,2%
6
1,2%
un handicap physique
un handicap mental
autres
TOTAL CIT.
4
0,8%
46
9,4%
488
100%
exemples
264 : enfant ayant subi avant son adoption des négligences et des agressions sexuelles
graves ;
265 : enfant souffrant de graves troubles psychiques avec aucun moyen de travailler son
histoire totalement morcelée ;
266 : enfant ayant vécu de la maltraitance physique grave avant son adoption, parents ayant
des troubles les empêchant de nouer des liens structurants.
49 : autisme, enfant non adoptable.
66 : cas trop lourd entraînant un rejet de l'adoption par tous.
67 : Handicap trop lourd, non-accordage de la mère.
Nb. cit.
Fréq.
Non réponse
27
7,2%
enfant vivant avec ses parents
56
15,0%
enfant vivant dans sa famille élargie
25
6,7%
175
46,9%
enfant vivant en famille d'accueil
68
18,2%
autre
22
5,9%
373
100%
Histoire de l'enfant
enfant vivant en institution
TOTAL CIT.
La préparation à l’adoption n’est pas connue, ce qui ne préjuge pas de son existence, mais
traduit plutôt une absence de questionnement de certains services sur cet élément. Or de
nombreux témoignages d’enfants nous montrent que ceux-ci n’ont parfois pas compris qu’ils
allaient être adoptés définitivement dans un autre pays. Certains départements évoquent
spontanément cette non-préparation comme l’une des causes explicatives des difficultés
rencontrées :
25
exemples
11 : Problèmes psychologiques pour cet enfant non averti de l'adoption, il est arrivé comme
cela en France, le couple voulait un enfant de six ans au maximum, il voulait une adoption
pour concrétiser leur famille recomposée.
12 : Cet enfant a été adopté à cinq mois, une adoption non préparée car programmée en
période estivale. De plus cet enfant a été victime d'un viol à l'âge de cinq ans par un membre
de la famille élargie, ce viol n’a pas été entendu par les parents.
69 : Enfant qui a vécu son adoption comme un rapt, il veut retourner dans son pays d'origine
et retrouver sa mère, son père est décédé. Les relations avec le père adoptif se passent bien.
138 : adoption tardive, enfant manifestant de la peur, refus d'être touché. Dit qu'il n'a pas
compris pourquoi il a quitté son pays, veut retrouver sa mère…
Nb. cit.
Fréq.
Non réponse
15
4,7%
oui
61
19,2%
non
48
15,1%
je ne sais pas
193
60,9%
TOTAL CIT.
317
100%
préparation à l'adoption
Leur exil s’est effectué parfois seul (18%), parfois accompagné (52,7%), le taux de nonréponse étant de 29,3%. Le terme exil est ici volontairement employé pour marquer
l’importance de la césure entre un « avant » et un « après ». Ce voyage des enfants d’un pays
à l’autre nous est devenu habituel. En le banalisant, nous oublions la force des émotions qui y
est associée. Thérèse Moro, en exergue du livre de Marie Rose Moro, enfants d’ici venus
d’ailleurs6 nous le rappelle à juste titre : « Il serait faux de croire qu’on quitte son monde
comme le capitaine lève l’ancre. Et, on le sait fort bien, il n’est pas donné à tout le monde
d’avoir le pied marin : l’exil est une tempête, dans un bateau en mer, courageux est celui qui
s’y expose, chanceux celui qui ne s’y noie pas. Pour se rétablir, il convient de jeter l’ancre
dans quelque nouveau port »…à la condition de le trouver, de pouvoir l’investir. Reprenant un
joli conte indien, Marie Rose Moro nous alerte sur les aléas de ce voyage. Dans l’exil dit-elle,
« le corps se projette vers l’avant et le futur, mais et l’âme ? Elle suit, disent ces indiens qui
lorsqu’ils chevauchent longtemps, font régulièrement des pauses car « l’âme chemine plus
lentement et le corps- en avant- doit lui laisser le temps qu’elle puisse le rejoindre »…Dans la
migration, le corps se propulse en avant, dehors, dans le nouveau monde, et l’âme derrière
6
Moro, M-R. Enfants d’ici venus d’ailleurs. Hachette littératures pluriel, 2004.
26
virevolte, avance puis s’arrête, suspend son mouvement, comme effrayée par la rencontre,
puis reprend son chemin, elle doit suivre le corps. Parfois dans ce périple, elle s’égare. Dans
ce mouvement reste un point fixe : le corps qui parfois souffre et se rebelle ».
Cette image du corps et de l’âme, pas forcément synchrones dans le voyage, cette idée de
l’âme qui peut s’égarer, du corps qui souffre et se rebelle, gardons les en mémoire pour
comprendre la symptomatologie des enfants adoptés (chapitre 2). De nombreux enfants
adoptés, français ou étranger, vivent à des degrés divers cet exil. Pour les enfants étrangers, le
voyage a été bien réel, concret, mais pour les enfants français ou nés en France, l’exil peut
être imaginaire et provoquer un sentiment tout aussi intense d’étrangeté comme le montre ce
commentaire d’un intervenant :
12 : Cette jeune fille est née en France, elle est d’origine maghrébine et s'est toujours sentie
différente de ses parents adoptifs. Elle a découvert les changements de prénoms à la lecture
de son dossier.
220 : enfant adopté sans préparation par une famille paternelle du Sénégal suite au décès de
sa mère avec qui il vivait, il a voyagé seul pour rejoindre sa famille adoptive et est arrivé
terrorisé.
Ces enfants, en route vers l’adoption, appartenaient le plus souvent à une fratrie, pour la
moitié des situations connues.
Nb. cit.
Fréq.
77
24,3%
oui
160
50,5%
non
80
25,2%
317
100%
Fratrie
Non réponse
TOTAL CIT.
Que deviennent ces rapports de fratrie ? Les réponses sont encore plus floues mais beaucoup
d’enfants (28,7%) font le voyage seul vers l’inconnu, en laissant derrière eux une partie de
leur famille. D’autres se voient attribuer une parenté fictive (7 enfants de l’échantillon) avec
un compagnon de l’orphelinat, frères de galère à défaut d’être frères utérins.
Si oui, a-t-il été adopté
Non réponse
Nb. cit.
Fréq.
134
42,3%
seul
91
28,7%
avec 1 frère ou 1 soeur
66
20,8%
avec 2 frères ou soeurs
11
3,5%
8
2,5%
avec 3 frères ou soeurs et plus
adopté avec un autre enfant avec lequel il n'y a pas de lien biologique
TOTAL CIT.
27
7
2,2%
317
100%
La rencontre avec une nouvelle famille
Dans notre échantillon, ces enfants vont retrouver des couples en attente d’enfant (43,2%)
mais aussi des familles déjà constituées (30,3%) d’enfants biologiques ou d’enfants adoptés
(12%), voire les deux (5,7%). Très peu d’enfants de notre échantillon rejoignent une femme
seule (5%) ou une femme seule ayant déjà adopté (1,9%).
Il est intéressant de comparer ces chiffres à l’étude de l’INED effectuée en 2002 dans les
Yvelines, étude qui confirmait nos propres statistiques sur le département de Loire Atlantique.
L’étude de l’INED de 2002 montre que 93% des demandes enregistrées dans les Yvelines
sont celles d’un couple contre 7% émanant de célibataires. La moitié des candidats n’a pas
d’enfants, 31% en avaient un seul et 19% plusieurs. Enfin l’INED concluait à une montée
toute relative de l’adoption dite « humanitaire » en présence d’enfants légitimes, équivalente à
environ 25% des demandes.
Notre recherche auprès des familles en difficultés montre que le profil des adoptants reste
majoritairement stable, ce qui annule d’emblée l’idée fréquemment émise d’une vulnérabilité
plus grande des femmes seules. Les mères adoptives en situation de monoparentalité
représentent 7% des candidates et 6,9% des mères en difficultés dans notre échantillon. De
même, l’INED évoque 25% de demandes dites humanitaires, ce taux est de 20,6% dans notre
échantillon. Au vu de ces chiffres, nous ne pouvons donc pas discriminer des configurations
familiales plus à risques que d’autres, ni sur le plan de la structure, ni sur le plan des
motivations.
Situation des parents
Non réponse
Nb. cit.
Fréq.
6
1,9%
137
43,2%
1 couple avec enfant(s) biologique(s)
96
30,3%
1 couple avec enfant(s) adopté(s)
38
12,0%
1 couple avec enfant adopté et biologique
18
5,7%
0
0,0%
1 couple sans enfant
par un homme seul sans enfant
par un homme seul avec enfants
0
0,0%
par une femme seule sans enfant
16
5,0%
par une femme seule avec enfants
6
1,9%
317
100%
TOTAL CIT.
28
Motivations du couple
Non réponse
Nb. cit.
Fréq.
9
2,5%
former une famille
172
48,5%
élargir la famille
101
28,5%
73
20,6%
355
100%
des raisons dites humanitaires
TOTAL CIT.
Enfant aîné ou enfant unique, une place à risques ?
Nb. cit.
Place de l'enfant concerné
Non réponse
Fréq.
14
4,3%
136
42,1%
de cadet
75
23,2%
de benjamin
76
23,5%
s'est intercalé dans une fratrie constituée
20
6,2%
d'aîné
est arrivé au moment où la mère adoptive attendait un enfant biologique
TOTAL CIT.
2
0,6%
323
100%
La place d’aîné voire très fréquemment d’enfant unique ne semble pas, par contre, de tout
repos. L’enfant est-il alors investi du poids de tous les désirs ? Est-il porteur de la
« parentalisation » de ses parents ? Fait-il « les frais » d’une parentalité qui se cherche et qui
s’épuise dans des ajustements difficiles à trouver ? Inconfortable, la première place est la plus
présente parmi les enfants en difficultés (42,1%), suivie à part égale des cadets et benjamins.
Le non-respect de la hiérarchie de la fratrie concerne 20 enfants soit 6,2% et deux enfants
adoptés ont été accueillis au moment où la mère adoptive apprenait une future naissance.
Peu de départements sont actuellement sensibles au recueil des informations sur « l’enfant
désiré » et pourtant cette piste nous semble féconde à creuser pour comprendre les décalages
et les difficultés d’ajustements rencontrés lors du face à face parents-enfant. La procédure
d’agrément tente le plus souvent de définir le champ des possibles des adoptants, avec l’idée
que tout parent possède ses propres limites pour intégrer pleinement un enfant. Que
deviennent ces garde-fous patiemment définis lors de l’adoption ? Sur 317 dossiers, 181
situations nous sont connues au niveau des désirs d’adoption. Dans 91 cas, le désir premier a
été respecté mais dans 79 cas, le couple émet des réserves voire des regrets sur le projet
d’adoption tel qu’il s’est concrétisé (11 cas non référencés). Faute de pouvoir refuser la
proposition (par peur de ne pas avoir une nouvelle adoption, par culpabilité, par
précipitation…), certains couples vont au-delà de ce qui avait été pensé. Est-ce un risque
supplémentaire ? Nous pouvons le penser, au vu des analyses que font les départements :
29
Exemples :
270 : Ce jeune garçon est issu d'une fratrie de jumeaux, au départ le couple ne voulait q'une
fille, ils ont pris la fratrie car l'autre enfant est une jumelle. Cette situation a créé une grande
souffrance chez le garçon sur le plan psychique, il ne lui est répondu que sur le plan éducatif
mais il ne reçoit pas de marques d'affection de la part de ses parents.
Eléments de dossier initial
Non réponse
Nb. cit.
Fréq.
136
36,2%
ils voulaient une fille
52
13,8%
ils voulaient un garçon
32
8,5%
4
1,1%
ils voulaient un enfant plus petit
53
14,1%
ils voulaient une fratrie
32
8,5%
ils voulaient un seul enfant
46
12,2%
ils voulaient un enfant plus grand
ils voulaient des jumeaux
ils voulaient un enfant d'un autre pays
TOTAL CIT.
4
1,1%
17
4,5%
376
100%
Ce désir a été
Non réponse
Nb. cit.
Fréq.
139
43,8%
respecté
99
31,2%
non respecté (enfant plus grand ou plus petit, de sexe différent)
58
18,3%
désir non respecté (deux enfants au lieu d'un)
TOTAL CIT.
21
6,6%
317
100%
278 : famille confrontée à un enfant accueilli en IME, sans informations préalables sur sa
déficience intellectuelle, ce n'était pas leur projet ;
131 : adoption réalisée très vite un peu sous pression, après le refus d'un autre enfant quatre
mois plutôt; dysfonctionnement dans le couple ;
146 : Le couple parents de deux enfants biologiques a fait la demande pour un enfant, on leur
en a proposé trois, ils ont demandé une modification de l'agrément dans l'urgence.
33 : difficultés relationnelles importantes, le couple souhaitait adopter un seul enfant jeune,
on leur a proposé une fratrie dont cet enfant de 7 ans qui avait des troubles graves du
comportement.
Dans la majorité des cas, les enfants vont être adoptés plénièrement (à 93%), l’adoption
simple peu utilisée en France ne concerne que 5% des enfants français et étrangers de notre
30
échantillon. Certaines de ces adoptions correspondent à des adoptions intra familiales comme
en témoignent les exemples ci-dessous :
exemples
307 : jeune qui ne comprend pas cette adoption, ni pourquoi elle a été mise en place en
intrafamilial, le père adoptif est du même pays, le Sénégal.
10 : l'enfant adopté est le neveu de la mère adoptive, c’est une adoption simple et l’enfant est
toujours en lien avec sa famille naturelle.
type d'adoption?
Nationalité d'origine
Non
adoption adoption TOTAL
réponse simple plénière
Non réponse
1
0
0
1
enfant né en France
1
3
75
79
enfant né à l'étranger
4
13
220
237
TOTAL
6
16
295
317
type d'adoption?
Si étranger
Non
adoption adoption TOTAL
réponse simple plénière
Non réponse
2
4
82
88
Asie
0
1
19
20
Amérique
3
2
80
85
Afrique
0
4
50
54
Pays de l'Est
0
3
56
59
Maghreb
1
2
8
11
TOTAL
6
16
295
317
Des adoptions illégales
Une situation de méconnaissance du statut juridique de l’enfant est notée, il s’agit d’une
enfant ayant été adoptée illégalement :
263 : Couple ayant eu un refus d'agrément et ayant adopté de façon illégale, l’enfant est mise
en place d'objet du désir maternel.
Un autre enfant est arrivé chez un couple non agréé :
120 : enfant adopté après être arrivé illégalement en France, deux refus d'agréments
d'adoption, pronostic pessimiste sur un éventuel retour de cet enfant chez ses parents
adoptifs.
31
Faits saillants de notre étude :
-
confirmation de la plus grande vulnérabilité des garçons
-
les enfants étrangers adoptés ne seraient pas plus à risques, ni plus présents dans
les enfants en difficultés
-
l’adoption précoce protège indéniablement mais néanmoins un tiers des enfants
de notre échantillon adoptés avant deux ans présentent des difficultés
-
les enfants adoptés après quatre ans seraient plus vulnérables et sur représentés
dans l’échantillon
-
un déficit de connaissances est repéré quant au parcours de l’enfant : son âge à
l’abandon, son parcours institutionnel, son état de santé physique et mental…des
données qui manquent et qui traduisent une prise en compte insuffisante de
l’histoire antérieure de l’enfant dans l’analyse des problèmes
-
Contrairement aux idées préconçues, les adoptions dites humanitaires ou celles
effectuées par des femmes célibataires ne sont pas plus à risques que d’autres, les
enfants appartenant à ces configurations familiales ne sont pas sur représentés
-
La place d’enfant aîné voire d’enfant unique est une place sur exposée
-
On note un non-respect des agréments et de la définition du champ des possibles.
De nombreux parents se trouvent en difficultés après avoir adopté un enfant
voire plusieurs ne correspondant pas au vœu initial
-
On note quelques situations illégales présentes dans l’échantillon
32
CHAPITRE 2 – SYMPTOMATOLOGIE OBSERVEE
- Dater l’émergence des difficultés
C’est bien souvent tardivement que les services de l’Aide Sociale à l’Enfance apprennent
l’existence d’une crise familiale. La problématique est dans plus de la moitié des cas très
enkystée : plus du tiers des parents avouent connaître des difficultés depuis l’arrivée de
l’enfant, d’autres (20%) depuis plus de cinq ans.
Date des problèmes
Non réponse
depuis toujours, dès l'arrivée de l'enfant
Nb. cit.
Fréq.
25
7,9%
109
34,4%
moins d'un an
36
11,4%
de 2 à 5 ans
84
26,5%
plus de 5 ans
63
19,9%
TOTAL CIT.
317
100%
Très logiquement, l’âge de l’adoption potentialise cette réponse. Ce sont les parents qui ont
adoptés des enfants âgés de plus de quatre ans qui sont le plus immédiatement en difficultés
dans la rencontre avec leur enfant. Le risque semble maximal entre quatre et 10 ans, ce qui
devrait nous inciter à mettre en œuvre un accompagnement de ces familles. Lorsque
l’adoption a été précoce, les problèmes sont plus récents, ils sont sans doute d’une autre
nature, dans la mesure où une période « heureuse » a, à minima, marqué l’itinéraire de la
famille.
33
Date des problèmes
Non
réponse
depuis
moins d'un de 2 à 5 ans plus de 5
toujours,
an
ans
dès
l'arrivée de
l'enfant
TOTAL
Age à l'adoption
Non réponse
4
0
1
3
3
11
Moins de 2 ans
9
9
15
22
23
78
De 2 à 4
6
17
7
19
6
55
De 4 à 6
2
28
4
13
17
64
De 6 à 8
3
27
2
12
8
52
De 8 à 10
0
22
3
11
5
41
De 10 à 12
1
5
3
3
0
12
12 et plus
0
1
1
1
1
4
25
109
36
84
63
317
TOTAL
Ce sont les parents (46,4%) qui majoritairement sollicitent de l’aide, lorsque la justice
(17,3%) ne s’en mêle pas déjà. L’école (17%) est également active dans le signalement des
situations difficiles, et la famille élargie, le voisinage mais aussi le jeune lui-même (13%)
participent à rendre visible la crise interne.
Nb. cit.
Fréq.
21
5,2%
188
46,4%
69
17,0%
4
1,0%
la justice
70
17,3%
autres (précisez)
53
13,1%
405
100%
Qui est à l'origine de l'intervention
Non réponse
les parents qui ont demandé de l'aide
l'école ou tout autre institution ayant signalé
des membres de la famille élargie
TOTAL CIT.
Un tiers des situations ont fait l’objet d’un signalement pour « enfant en danger ». Ces
signalements ont concerné à part égale (54 filles-54 garçons) les filles et les garçons, les
enfants français comme les étrangers, mais parmi les enfants étrangers davantage les enfants
des Pays de l’Est sans que nous puissions en donner une explication.
Nb. cit.
Fréq.
40
12,6%
oui
108
34,1%
non
169
53,3%
TOTAL CIT.
317
100%
Signalements avant intervention
Non réponse
34
-
L’adolescence, période à hauts risques
Les demandes d’aide vont crescendo en fonction de l’âge de l’enfant, la préadolescence et
l’adolescence concentrent tous les risques, que l’adoption ait été précoce ou tardive. S’agit-il
d’une simple crise d’adolescence exacerbée par l’adoption, ou d’une problématique singulière
propre au passé de l’enfant, à son adoption, à la dynamique des interactions… ? Chaque
situation pose la question du sens de ce qui devient visible dans la crise. Pour plus de
précisions, les 12-14 ans représentent 30,2% ; les 15-19ns sont à 34,5%.
Age au moment de l'intervention
Non réponse
Moins de 2
De 2 à 4
Nb. cit.
Fréq.
19
6,0%
6
1,9%
13
4,1%
De 4 à 6
9
2,8%
De 6 à 8
15
4,7%
De 8 à 10
20
6,3%
De 10 à 12
30
9,5%
12 et plus
205
64,7%
TOTAL CIT.
317
100%
Minimum = 0, Maximum = 19
Somme = 3 715
Moyenne = 12,47 Ecart-type = 4,26
Notons l’origine française de tous les enfants de moins de deux ans nécessitant une
intervention précoce, ils sont au nombre de six dans l’effectif.
Age au moment de l'intervention Moins de De 2 à 4 De 4 à 6 De 6 à 8 De 8 à 10De 10 à 1212 et plus TOTAL
2
Nationalité d'origine
Non réponse
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
enfant né en France
100%
23,1%
22,2%
13,3%
0,0%
33,3%
26,3%
25,8%
enfant né à l'étranger
0,0%
76,9%
77,8%
86,7%
100%
66,7%
73,7%
74,2%
TOTAL
100%
100%
100%
100%
100%
100%
100%
100%
Dans le conflit qui s’énonce, le plus souvent un seul enfant est concerné et ce conflit oppose
massivement la mère et l’enfant. Faut-il y voir là le résultat de la place singulière occupée par
la mère adoptive ? le simple fait qu’elle soit en première ligne dans l’éducation des enfants ?
que les attentes la concernant soient plus massives de la part des intervenants… ?
35
Combien d'enfant concernés
Non réponse
1 seul enfant adopté
la fratrie
un enfant adopté et un enfant biologique
TOTAL CIT.
Nb. cit.
Fréq.
15
4,7%
238
75,1%
60
18,9%
4
1,3%
317
100%
Relation plus difficile avec un parent
33
33
Non réponse
18
père
mère
104
fratrie
tous
202
Garçons et filles sont rigoureusement d’accord pour nommer ce différend avec la mère, le
sexe à ce niveau ne les discrimine pas. Le présupposé d’une « plus grande complicité des fils
avec leurs mères » ne fonctionne à l’évidence pas.
36
Sexe de l'enfant x Relation plus difficile avec un parent
101
101
101
59
45
18
17
16
14
8
10
homme
femme
0 1
Non réponse
Non réponse
père
mère
fratrie
tous
Lorsque des fratries sont concernées (18,9%), elles traduisent majoritairement la difficulté
d’intégrer des adoptions multiples, surtout lorsque les parents ont cru pouvoir vaincre toutes
les difficultés :
Exemples
281 : Famille ayant deux enfants biologiques + 4 enfants adoptés dont deux trisomiques.
17 : Adoption de quatre enfants en même temps,faisant ressortir les failles des adultes, noninvestissement de la fonction parentale.
-
Qualifier les symptômes
Quels sont les problèmes repérés
Nb. cit.
(rang 1)
Fréq.
Nb. cit.
(rang 2)
Fréq.
Nb. cit.
(rang 3)
Fréq.
Nb. cit.
(rang 4)
Fréq.
Nb. cit.
(somme)
Fréq.
Non réponse
22
6,9%
19
6,4%
44
15,9%
64
27,6%
22 (3,01)
2,2%
problèmes éducatifs
77
24,3%
21
7,1%
21
7,6%
15
6,5%
134 (1,81)
13,5%
problèmes affectifs de type fusion
17
5,4%
11
3,7%
4
1,4%
2
0,9%
34 (1,74)
3,4%
problèmes affectifs de type rejet
57
18,0%
39
13,2%
20
7,2%
13
5,6%
129 (1,91)
13,0%
incompréhension mutuelle
34
10,7%
50
16,9%
27
9,8%
14
6,0%
125 (2,17)
12,6%
passages à l'acte de l'enfant
52
16,4%
55
18,6%
46
16,7%
26
11,2%
179 (2,26)
18,0%
passages à l'acte des parents
10
3,2%
23
7,8%
26
9,4%
16
6,9%
75 (2,64)
7,6%
7
2,2%
29
9,8%
33
12,0%
17
7,3%
86 (2,70)
8,7%
troubles dans les apprentissages
11
3,5%
13
4,4%
21
7,6%
12
5,2%
57 (2,60)
5,7%
problèmes de couple (séparation, conflits)
16
5,0%
15
5,1%
15
5,4%
17
7,3%
63 (2,52)
6,3%
pathologie de l'un des membres du couple
9
2,8%
6
2,0%
11
4,0%
11
4,7%
37 (2,65)
3,7%
problème de racisme
0
0,0%
3
1,0%
1
0,4%
5
2,2%
9 (3,22)
0,9%
autres (précisez)
5
1,6%
11
3,7%
7
2,5%
20
8,6%
43 (2,98)
4,3%
993
100%
comportements asociaux de l'enfant
TOTAL CIT.
317
295
276
232
Les passages à l’acte de l’enfant (18%) doublés de comportements asociaux (8,7%) sont une
des marques de la symptomatologie observée par les intervenants.
37
Exemples :
53 : Passages à l'acte de l'enfant, refus de toutes les règles agressions
54 : enfant relevant du judiciaire, nombreuses agressions, refus des règles
11 : enfant en grandes difficultés psychologiques, non accessible à aucune forme d'aide,
comportements déviants massifs
53 : refus des limites, passages à l'acte énormes
54 : enfant délinquant
56 : agressions à l'adolescence
58 : refus total de l'adoption avec agressions et troubles du comportement
59 : enfant dangereux, séjour de rupture envisagé, est en liberté surveillée
182 : échecs multiples, enfant auteur et victime d'agressions sexuelles en milieu protégé,
venant encore augmenter le rejet
Sont-ce ceux-ci qui génèrent les problèmes affectifs de type rejet (13%), l’incompréhension
mutuelle (12,6%), ou l’inverse ? Il est bien difficile de répondre à cette question sans tomber
d’emblée dans l’idéologie, les uns mettant au pilori les parents et justifiant les passages à
l’acte de l’enfant comme une réponse aux comportements parentaux inadaptés ; les autres y
voyant un rejet parental réactif dû aux excès de l’enfant. L’envie de désigner un « mauvais
objet » est constante mais peu efficiente en termes de soins, et vu le délai entre l’émergence
des problèmes et le temps de l’intervention, il paraît bien difficile de dire comment tout a
commencé dans cette spirale où chacun est acteur. Rares sont les situations où une pathologie
parentale est directement signalée comme étant l’une des causes des difficultés.
Les passages à l’acte de l’enfant, quelles que soient leurs causes, sont majeurs mais
principalement dans le registre de l’externalisation des difficultés : décrochage scolaire
(16,8%), agressions (12,6%), fugues (12,3%), agitation (10,5%), addictions (autres 7,2%),
vols (8,6%). Plus rares sont les comportements d’internalisation : repli (8,8%), dépression
(8,4%), tentatives de suicide (4,2%). La confusion mentale est citée dans 4,8%. Peu d’enfants
sont décrits comme stables (2,6%).
38
Nb. cit.
Fréq.
Non réponse
27
3,1%
aucun, il vous semble stable
23
2,6%
Symptômes de l'enfant
vols
76
8,6%
109
12,3%
repli
79
8,9%
dépression
74
8,4%
tentatives de suicide
37
4,2%
absentéisme ou décrochage scolaire
148
16,8%
agressions
fugues
111
12,6%
agitation
93
10,5%
confusion mentale
42
4,8%
autres (précisez)
TOTAL CIT.
64
7,2%
883
100%
Pour plus de précisions, 66 autres réponses ont également été enregistrées, elles donnent un
aperçu de la gravité de la situation
Valeurs
addictions
Agressions
Nb. cit.
19
2
angoisses
4
anorexie et encoprésie jusqu'à 17 ans
1
auto-mutilations
3
comportements sexualisés exacerbés
5
contestation de tous les ordres
8
Handicap mental
5
délinquance
2
diarhées
1
difficultés relationnelles
3
dysharmonie psychotique
1
encoprésie
1
énurésie, évitement du regard
1
errances
1
fragilisée par le divorce
1
grande souffrance
1
hématomes sur le corps
1
hospitalisme, troubles de la communication
1
Mérecysme
1
nostalgie du pays
1
souffrance après l'abandon du plus jeune frère
1
souhait de quitter la famille adoptive
1
Violences sur la mère
TOTAL
1
66
exemples
115 : adolescent qui se met gravement en danger, famille présente, soutenante mais
désemparée
39
116 : adolescente se mettant en danger, cadre éducatif permissif mais présent et aimant,
sentiment d'échec et incompréhension mutuelle.
212 : jeune ayant un passé trop lourd de maltraitance, s'est suicidé.
Une symptomatologie différentielle selon la culture ?
Symptômes de l'enfant Non réponse aucun, il vous
semble
stable
vols
fugues
repli
dépression tentatives de absentéisme agressions
suicide
décrochage
scolaire
agitation
confusion
mentale
autres
(addictions)
TOTAL
Nationalité d'origine
Non réponse
100%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
100%
enfant né en France
2,2%
3,1%
13,3%
15,5%
7,1%
7,5%
5,3%
17,7%
12,4%
8,0%
3,5%
4,4%
100%
enfant né à l'étranger
3,2%
2,4%
7,0%
11,3%
9,6%
8,7%
3,8%
16,5%
12,7%
11,4%
5,2%
8,2%
100%
TOTAL
3,1%
2,6%
8,6%
12,3%
8,9%
8,4%
4,2%
16,8%
12,6%
10,5%
4,8%
7,2%
100%
L’étude des symptômes selon la nationalité de l’enfant n’est pas inintéressante mais devrait
être vérifiée sur un échantillon plus vaste. Existe-t-il, selon les cultures, des façons différentes
d’exprimer des difficultés ? La clinique ethno psychiatrique part de ce postulat qui nous
apparaît fécond. L’idée à retenir serait que les enfants ne développent pas n’importe quels
symptômes, que ceux-ci sont en partie déterminés par l’origine, le sexe…et que ces données
devraient être prises en compte dans une clinique fine, qui ne globalise pas tous les modes
d’expression.
Il semble que les enfants français manifestent davantage leur mal être par des vols et des
fugues, alors que l’agitation, la confusion mentale, les addictions et le repli seraient plus
considérables chez les enfants étrangers. Le décrochage scolaire, les agressions, se retrouvent
dans les deux catégories d’enfants.
Pour les enfants étrangers, si nous tentons d’affiner l’étude clinique, nous obtenons le tableau
suivant :
40
Symptômes de l'enfant Non réponse aucun, il vous
semble
stable
vols
fugues
repli
dépression tentatives de absentéisme agressions
suicide
décrochage
scolaire
agitation
confusion
mentale
autres
(addictions)
TOTAL
Si étranger
Non réponse
2,4%
3,2%
13,1%
15,1%
6,8%
7,6%
4,8%
17,9%
12,4%
8,0%
3,2%
5,6%
100%
Asie
3,9%
3,9%
2,0%
7,8%
11,8%
11,8%
3,9%
13,7%
11,8%
13,7%
7,8%
7,8%
100%
Amérique
2,9%
2,0%
8,6%
13,5%
11,0%
9,8%
3,7%
16,3%
13,9%
8,2%
3,7%
6,5%
100%
Afrique
4,7%
1,3%
6,7%
11,4%
9,4%
8,7%
3,4%
18,8%
12,8%
12,1%
4,7%
6,0%
100%
Pays de l'Est
3,3%
2,6%
5,9%
8,6%
9,2%
7,2%
3,3%
14,5%
11,8%
15,8%
6,6%
11,2%
100%
Maghreb
0,0%
5,7%
5,7%
11,4%
2,9%
2,9%
11,4%
17,1%
8,6%
11,4%
11,4%
11,4%
100%
TOTAL
3,1%
2,6%
8,6%
12,3%
8,9%
8,4%
4,2%
16,8%
12,6%
10,5%
4,8%
7,2%
100%
Le décrochage scolaire et les agressions touchent tous les enfants (à un moindre degré les
enfants du Maghreb - simple hypothèse sachant qu’ils ne sont que 11 dans l’échantillon-, plus
dans le registre de la confusion mentale, des tentatives de suicide et des pratiques addictives).
L’agitation serait plus massive chez les enfants des Pays de l’Est, alors que les phénomènes
dépressifs apparaissent plus nettement chez les enfants venus d’Asie. Les enfants originaires
d’Afrique ne s’écartent pas des moyennes, sauf peut-être sur le plan d’une légère pondération
de l’agitation et du décrochage scolaire. Les enfants d’Amérique du Sud sont plus représentés
dans les passages à l’acte de type fugues, mais aussi repli ou dépression, ils sont moins
souvent décrits comme agités.
Une symptomatologie différentielle selon les sexes
Symptômes de l'enfant Non réponse aucun, il vous
semble
stable
vols
fugues
repli
dépression tentatives de absentéisme agressions
suicide
décrochage
scolaire
agitation
confusion
mentale
autres
TOTAL
Sexe de l'enfant
Non réponse
100%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
100%
homme
3,5%
2,5%
10,4%
11,4%
8,5%
7,9%
2,1%
16,8%
14,5%
11,6%
5,2%
5,6%
100%
femme
2,3%
2,8%
6,5%
13,5%
9,5%
9,0%
6,8%
16,8%
10,3%
9,3%
4,3%
9,3%
100%
TOTAL
3,1%
2,6%
8,6%
12,3%
8,9%
8,4%
4,2%
16,8%
12,6%
10,5%
4,8%
7,2%
100%
41
Plus évidente encore est la différence selon les sexes. Si les garçons sont plus dans le registre
des passages à l’acte de type vols (10,4% contre 6,5% pour les filles), agressions (14,5%) ou
agitation (11,6%) ; les filles sont plus dans le registre du repli (9,5%), de la dépression (9%),
des tentatives de suicide (6,8%) ou des pratiques autres (9,3%), en l’occurrence des pratiques
de scarifications. Garçons et filles présentent cependant le même décrochage scolaire, la
même propension aux fugues, avec une majoration pour les filles en ce domaine.
Ce tableau clinique est-il spécifique aux enfants adoptés ? Pour le dire, il faudrait comparer
cet échantillon à la population des enfants accueillis à l’ASE, non adoptés. Indépendamment
de cette question, notons cependant que ce qui est difficile pour les intervenants, c’est
l’accumulation des symptômes chez un même enfant. Nous avons obtenu à cette question 887
réponses pour 317 enfants soit une moyenne de près de trois symptômes par enfant (2,8).
Souvent multiples et explosifs, les symptômes laissent les intervenants comme les parents
démunis dans les réponses à apporter.
Une symptomatologie différentielle selon la structure de la famille ?
Symptômes de l'enfant aucun, il vous
semble
stable
vols
fugues
repli
dépression tentatives de absentéisme agressions
suicide
scolaire
agitation
confusion
mentale
autres
(précisez)
TOTAL
Situation des parents
1 couple sans enfant
3,2%
9,5%
12,7%
8,7%
8,5%
5,0%
17,0%
14,0%
9,5%
5,0%
7,0%
100%
1 couple avec enfant(s) biologique(s)
2,4%
7,5%
12,3%
9,9%
9,1%
3,6%
16,2%
11,9%
13,8%
5,9%
7,5%
100%
1 couple avec enfant(s) adopté(s)
1,0%
9,0%
13,0%
10,0%
10,0%
5,0%
20,0%
13,0%
11,0%
2,0%
6,0%
100%
1 couple avec enfant adopté et biologique
2,3%
11,6%
11,6%
11,6%
11,6%
4,7%
14,0%
9,3%
4,7%
7,0%
11,6%
100%
par un homme seul sans enfant
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
par un homme seul avec enfants
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
par une femme seule sans enfant
2,3%
9,3%
16,3%
9,3%
2,3%
2,3%
18,6%
11,6%
14,0%
4,7%
9,3%
100%
par une femme seule avec enfants
8,3%
0,0%
8,3%
0,0%
8,3%
0,0%
33,3%
16,7%
8,3%
0,0%
16,7%
100%
TOTAL
2,7%
8,8%
12,7%
9,3%
8,7%
4,3%
17,3%
12,9%
10,9%
4,9%
7,5%
100%
42
Existe-t-il une symptomatologie différentielle selon la structure de la famille. Dans la logique
d’une analyse systémique, on serait tenté de le penser. Le tableau ci-dessus laisse apparaître la
spécificité des structures monoparentales avec enfant unique ou plusieurs enfants adoptés, en
montrant un recours plus fréquent de l’enfant à la fugue (16,3%),à l’absentéisme scolaire
(33,3%) aux agressions et à l’agitation. Le profil des enfants intégrant une famille constituée
d’enfants biologiques et adoptés est plus marqué par le registre dépressif (repli 11,6%dépression 11,6%) et la confusion mentale (7%). L’agitation domine chez les enfants
accueillis dans des familles avec enfants biologiques, par ailleurs dans la moyenne pour tous
les autres symptômes. Enfin chez les enfants issus de familles exclusivement adoptives avec
plusieurs enfants, le décrochage scolaire semble potentialisé ainsi que le registre dépressif.
La violence au quotidien
Devant ces symptômes les parents apparaissent démunis, ils le sont encore plus quand ils sont
la cible même de l’agression. Les intervenants ont souligné l’existence de passages à l’acte de
l’enfant sur ses parents dans 42,6% des cas.
Maltraitance sur les parents
Non réponse
Nb. cit.
Fréq.
28
8,8%
oui
135
42,6%
non
154
48,6%
TOTAL CIT.
317
100%
Les agressions sont le plus souvent verbales mais les agressions physiques existent aussi et
génèrent de la peur, sentiment que nous avons retrouvé exprimé dans les entretiens (voir
volume 2)
Exemples
92 : Les parents ont peur de leur fils ainsi que pour leurs filles, nous constatons des
agressions de la part du jeune.
93 : Rejet immédiat, le couple a peur des passages à l'acte de l'enfant
43
Nb. cit.
Fréq.
Non réponse
184
49,7%
agressions verbales
124
33,5%
62
16,8%
370
100%
Si oui, lesquelles?
agressions physiques
TOTAL CIT.
Lorsque les agressions physiques existent, elles sont davantage le fait des garçons, le
pourcentage est multiplié par 2.
Si oui, lesquelles? Non réponse agressions
verbales
agressions
physiques
TOTAL
Sexe de l'enfant
Non réponse
100%
0,0%
0,0%
100%
homme
43,8%
34,8%
21,4%
100%
femme
56,5%
32,1%
11,3%
100%
TOTAL
49,7%
33,5%
16,8%
100%
Les agressions existent aussi du côté des parents. Pour 115 situations, soit un tiers des cas, les
intervenants excluent un comportement maltraitant ou carentiel de la part des parents. Pour les
deux tiers restant, la « maltraitance » est le plus souvent d’ordre psychologique (28%),
physique (14,3%) ou dans le registre du retrait et du désintérêt (négligences 6,1% ; désintérêt
13,4%).
Réactions parentales et fragilisation du couple
Maltraitance sur l'enfant
Non réponse
maltraitance physique
maltraitance psychologique
maltraitance sexuelle
Nb. cit.
Fréq.
115
24,9%
66
14,3%
129
28,0%
6
1,3%
carences graves
17
3,7%
négligence
28
6,1%
désintérêt
62
13,4%
autres (précisez)
38
8,2%
461
100%
TOTAL CIT.
Sans rechercher une quelconque responsabilité, ce qui n’aurait aucun intérêt, notons plutôt
l’importance de ce climat de violence réciproque dans la vie quotidienne, climat qui explique
en grande partie les demandes de séparations. Si ces demandes émanent des adultes, elles
émanent aussi des enfants comme nous le verrons ultérieurement.
44
Etat d'esprit du couple
Non réponse
Nb. cit.
Fréq.
32
6,7%
demande d'aide
159
33,2%
rejet de l'enfant
101
21,1%
perspectives d'un nouvel abandon
mise à distance avec maintien des liens
autres
TOTAL CIT.
47
9,8%
117
24,4%
23
4,8%
479
100%
Lorsque la demande d’aide existe, elle est souvent liée à une demande de mise à distance
(24,4%) avec maintien des liens. L’adoption, dans ces situations, n’est pas encore remise en
cause, mais pour près d’un tiers des cas cités nous sommes dans une problématique de rupture
beaucoup plus grave (21% de rejet de l’enfant, 9,8% de perspectives d’abandon).
Exemples
52 : enfant très abîmé, troubles du comportement massifs non supportés par les parents,
couple qui divorce et qui demande un placement de l’enfant avec non-maintien des liens.
6 : Troubles du comportement de l'enfant et rejet des parents.
31 : Enfant qui fait l'objet d'un rejet massif, parents ayant déjà tenté de révoquer l'adoption.
34 : Couple divorcé, troubles du comportement de l’enfant et parents démunis, la belle-mère
ne veut pas de l'enfant.
51 : Passages à l'acte massifs de l'enfant, incompréhension des parents et divorce du couple
52 : Enfant ayant des troubles sévères du comportement non supportés par la famille
(encoprésie, problèmes de provocation sexuelle) couple qui divorce.
55 : Rejet par la famille, ils ne se manifestent même plus aux audiences, résultats scolaires
très faibles mais enfant qui s'accroche.
309 : Couple en procédure de divorce, le père demande à être déchargé de l'autorité et
l'annulation de la kafala, enfant pris dans ce contexte.
Le couple parental ne sort généralement pas indemne de cette aventure, à la fois sur l’analyse
de la situation où des divergences peuvent apparaître (48,9%), mais aussi sur des perspectives
de séparation (24,3%) voire de divorces effectifs (17%). Quelle est la part jouée par
l’adoption dans ce contexte ? Impossible de le dire, mais notons que pour l’enfant adopté, la
perte des repères familiaux peut venir réactiver des pertes plus anciennes. Ajoutons
cependant, que si nous nous en tenons au chiffre effectif des divorces (soit 17%), celui montre
que les couples adoptifs sont plus stables que la moyenne, le taux actuel des divorces étant de
40% depuis 1995.
45
Exemple
79 : Enfant autiste avant l'adoption, la découverte de ce handicap et l’adoption ont exacerbé
les problèmes du couple aujourd'hui séparé
213 : Couple en désaccord depuis l'adoption amenant la séparation. Enfant adopté ayant des
troubles graves de la personnalité nécessitant une prise en charge spécialisée.
297 : Enfant en souffrance suite à plusieurs traumatismes : abandon, orphelinat, 2e abandon
de sa mère adoptive, arrivée d'une belle-mère, naissance d'une soeur, rejet par tous.
Nb. cit.
Fréq.
58
18,3%
oui
104
32,8%
non
155
48,9%
TOTAL CIT.
317
100%
Couple en désaccord sur la situation
Non réponse
Nb. cit.
Fréq.
Non réponse
82
25,9%
oui
77
24,3%
non
158
49,8%
TOTAL CIT.
317
100%
Risque d'explosion du couple
Nb. cit.
Fréq.
Non réponse
67
21,1%
oui
54
17,0%
non
196
61,8%
TOTAL CIT.
317
100%
Couple déjà en phase de séparation
L’enfant acteur dans l’adoption
Nous aurions tort de penser que l’enfant ne joue pas un rôle dans son adoption. Pour les
enfants qui demandent à partir sans se retourner (sans maintien des liens 15,6% - retour au
pays 5,1%), l’adoption a bel et bien été refusée assez précocement. L’adoption n’est pas la
solution rêvée pour tous les enfants, certains la refusent et mettent en œuvre les conditions de
la rupture.
46
Nb. cit.
Que verbalise l'enfant
Non réponse
attachement aux parents adoptifs
rejet de l'adoption
ambivalence
Fréq.
27
6,0%
105
23,5%
64
14,3%
106
23,7%
attachement à sa famille élargie (grands-parents par exemple)
42
9,4%
enfant exprimant peu de choses
75
16,8%
autres (précisez)
28
6,3%
447
100%
TOTAL CIT.
exemples
45 : refus total de l'adoption, sentiment de racisme.
62 : refus de l'adoption par l'enfant, pas de liens créés, couple qui acceptera de maintenir des
liens mais adoption non possible en raison du refus de l’enfant.
58 : Refus global de l'adoption, incompréhension totale, enfant qui se sent coréen et ne
voulait pas quitter sa soeur restée dans son pays.
Nb. cit.
Fréq.
Non réponse
27
7,6%
à rester chez ses parents
53
15,0%
Demande de l'enfant
à vivre avec son père
9
2,5%
à vivre avec sa mère
16
4,5%
à vivre avec quelqu'un de la famille élargie
3
0,8%
à partir en maintenant des liens
79
22,4%
à partir sans maintien des liens
55
15,6%
à retourner dans son pays
18
5,1%
l'enfant ne demande rien
93
26,3%
353
100%
TOTAL CIT.
Le rejet de l’adoption touche les garçons comme les filles avec sans doute une plus grande
force de rejet chez les garçons, moins enclins également à exprimer l’attachement. Par contre,
les garçons semblent plus ancrés dans la famille élargie. Nous aurions pu penser que le rejet
de l’adoption concernerait presque exclusivement les adoptions tardives, or force est de
constater que ce n’est pas le cas.
47
Que verbalise l'enfant Non réponse attachement
aux parents
adoptifs
rejet de
l'adoption
ambivalence attachement
enfant
à sa famille é exprimant
largie (grand
peu de
s-parents pa
choses
r exemple)
autres
(précisez)
TOTAL
Sexe de l'enfant
Non réponse
100%
homme
8,3%
20,1%
femme
3,2%
27,2%
TOTAL
6,0%
23,5%
14,3%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
100%
15,3%
24,5%
10,0%
13,4%
23,0%
8,8%
17,9%
3,9%
100%
15,7%
8,8%
23,7%
9,4%
16,8%
100%
6,3%
100%
Le rejet de l’adoption est significativement plus élevé chez les enfants adoptés précocement
(28,6%), ils sont aussi les moins nombreux à exprimer de l’attachement (14,3%). Les enfants
adoptés après dix ans (25%) sont également sur représentés.
48
Que verbalise l'enfant Non réponse attachement
aux parents
adoptifs
rejet de
l'adoption
ambivalence attachement
enfant
à sa famille é exprimant
largie (grand
peu de
s-parents pa
choses
r exemple)
autres
(précisez)
TOTAL
Age au moment de l'intervention
Non réponse
76,2%
9,5%
0,0%
4,8%
4,8%
4,8%
0,0%
100%
Moins de 2
14,3%
14,3%
28,6%
14,3%
0,0%
28,6%
0,0%
100%
De 2 à 4
0,0%
31,6%
10,5%
15,8%
10,5%
21,1%
10,5%
100%
De 4 à 6
0,0%
23,1%
15,4%
23,1%
7,7%
30,8%
0,0%
100%
De 6 à 8
0,0%
33,3%
9,5%
14,3%
14,3%
23,8%
4,8%
100%
De 8 à 10
0,0%
25,0%
11,1%
22,2%
13,9%
25,0%
2,8%
100%
De 10 à 12
0,0%
15,0%
25,0%
22,5%
7,5%
20,0%
10,0%
100%
12 et plus
3,4%
24,5%
14,5%
26,9%
9,3%
14,5%
6,9%
100%
TOTAL
6,0%
23,5%
14,3%
23,7%
9,4%
16,8%
6,3%
100%
L’origine de l’enfant ne différencie pas les situations, le rejet de l’adoption est identique chez
les enfants français et étrangers.
49
Que verbalise l'enfant Non réponse attachement
aux parents
adoptifs
rejet de
l'adoption
ambivalence attachement
enfant
à sa famille é exprimant
largie (grand
peu de
s-parents pa
choses
r exemple)
autres
(précisez)
TOTAL
Nationalité d'origine
Non réponse
100%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
100%
enfant né en France
2,8%
23,6%
14,2%
23,6%
9,4%
17,9%
8,5%
100%
enfant né à l'étranger
6,8%
23,5%
14,4%
23,8%
9,4%
16,5%
5,6%
100%
TOTAL
6,0%
23,5%
14,3%
23,7%
9,4%
16,8%
6,3%
100%
ambivalence attachement
enfant
à sa famille é exprimant
largie (grand
peu de
s-parents pa
choses
r exemple)
autres
(précisez)
Que verbalise l'enfant Non réponse attachement
aux parents
adoptifs
rejet de
l'adoption
TOTAL
Si étranger
Non réponse
3,4%
22,9%
14,4%
22,9%
8,5%
19,5%
8,5%
100%
Asie
7,1%
21,4%
7,1%
28,6%
10,7%
25,0%
0,0%
100%
5,6%
21,6%
16,8%
20,0%
9,6%
19,2%
7,2%
100%
13,7%
19,2%
19,2%
26,0%
11,0%
9,6%
1,4%
100%
Pays de l'Est
4,7%
30,6%
10,6%
23,5%
9,4%
14,1%
7,1%
100%
Maghreb
0,0%
27,8%
5,6%
38,9%
5,6%
11,1%
11,1%
100%
TOTAL
6,0%
23,5%
14,3%
23,7%
9,4%
16,8%
6,3%
100%
Amérique
Afrique
50
Si nous nous préoccupons seulement des enfants étrangers, le rejet est nettement plus marqué
chez les enfants d’Afrique (19,2%) et d’Amérique du Sud (16,8%). Reste à savoir quel sens
donner à ce rejet, ce que certains entretiens viendront expliciter (voir volume 2).
exemple
45 : refus de l'adoption et de ses parents là qui sont blancs.
La recherche des origines préoccupe un enfant sur deux
Qui dit rejet ne dit pas ipso facto volonté de rechercher ses origines, un enfant sur deux
témoigne de cette interrogation, à des degrés divers : 23,4% dans une recherche active, 9,6%
dans une simple lecture du dossier, 16,6% sont dans l’expectative.
Interrogation sur ses origines
Non réponse
Nb. cit.
Fréq.
28
8,8%
oui
147
46,4%
non
142
44,8%
TOTAL CIT.
317
100%
Si oui, jusqu'où?
Non réponse
Nb. cit.
Fréq.
167
50,2%
désir de lire son dossier
32
9,6%
recherche des origines
78
23,4%
ne sait pas encore
56
16,8%
333
100%
TOTAL CIT.
Les filles sont généralement plus sensibles à cette dimension de leur histoire, ce que nous
avions déjà pu constater dans une autre étude7, peut-être en raison de la maternité future et des
identifications possibles à la mère biologique.
Interrogation sur ses origines
Sexe de l'enfant
7
Non
réponse
oui
non
TOTAL
Non réponse
100%
0,0%
0,0%
100%
homme
10,3%
44,2%
45,5%
100%
femme
6,6%
49,0%
44,4%
100%
TOTAL
8,8%
46,4%
44,8%
100%
Marinopoulos, Sellenet, Vallée : Œdipe, Moïse et Superman, Fayard 2004.
51
Les enfants nés en France, sans doute parce que l’abandon est moins évident, cherchent
davantage à comprendre leur histoire, mais les enfants étrangers n’ont pas non plus
abandonné toute perspective de revenir vers le passé.
Interrogation sur ses origines
Nationalité d'origine
Non
réponse
oui
non
TOTAL
Non réponse
100%
0,0%
0,0%
100%
enfant né en France
3,8%
50,6%
45,6%
100%
enfant né à l'étranger
10,1%
45,1%
44,7%
100%
8,8%
46,4%
44,8%
100%
TOTAL
Là encore des différences nettes apparaissent entre les pays, les enfants originaires du
Maghreb et d’Amérique du Nord ont une plus forte revendication sur ce thème que les autres
enfants.
Interrogation sur ses origines
Si étranger
Non
réponse
oui
non
TOTAL
4,5%
50,0%
45,5%
100%
Asie
10,0%
25,0%
65,0%
100%
Amérique
10,6%
52,9%
36,5%
100%
Afrique
Non réponse
16,7%
44,4%
38,9%
100%
Pays de l'Est
6,8%
37,3%
55,9%
100%
Maghreb
0,0%
63,6%
36,4%
100%
TOTAL
8,8%
46,4%
44,8%
100%
52
Age à l'adoption x Interrogation sur ses origines
37
37
31
31
32
31
29
22
19
18
16
10
3
7
6
5
4
3
4
4
3
1
1
0
Non réponse
Non réponse
Moins de 2
oui
De 2 à 4
De 4 à 6
De 6 à 8
De 8 à 10
De 10 à 12
12 et plus
non
Les enfants adoptés entre deux et quatre ans, huit et dix ans, paraissent développer une moins
grande interrogation sur ce thème. L’interrogation sur les origines serait plus massive chez les
enfants adoptés avant deux ans, et surtout entre six et huit ans, enfin après douze ans mais
cette fois dans une logique de demande de retour au pays.
La position des parents face à cette demande qui touche, nous le rappelons, un enfant sur
deux, est le plus souvent conciliante (30%) voire ambivalente (22%). Rarement le refus est
présent (9,3%) mais quand il l’est, il est présenté par les intervenants, comme l’une des causes
des difficultés.
53
Exemples
255 : découverte à la majorité de son adoption ce qui a été dramatique, rupture des liens avec
les parents adoptifs.
260 : Connaissance tardive par la jeune de son adoption difficultés éducatives en lien avec
l'âge de la jeune autour de la sexualité.
189 : mensonge autour de l'adoption
Position des parents adoptifs
Non réponse
Nb. cit.
Fréq.
125
38,7%
ils refusent d'en parler
30
9,3%
ils se disent prêts à aider leur enfant en ce sens
97
30,0%
ils sont ambivalents
71
22,0%
323
100%
TOTAL CIT.
Faits saillants de notre étude
-
les problèmes sont très souvent anciens, dans un tiers des cas ils datent de
l’arrivée de l’enfant, d’où la nécessité de mettre en place un accompagnement
approprié immédiat
-
Ce sont les parents qui ont adopté des enfants âgés de plus de quatre ans qui sont
le plus immédiatement en difficultés dans la rencontre avec leur enfant. Le risque
semble maximal entre quatre et 10 ans
-
Ce sont les parents (46,4%) qui majoritairement sollicitent de l’aide, ils doivent
donc être considérés comme des partenaires actifs de l’intervention
-
Le couple parental ne sort généralement pas indemne de cette aventure, à la fois
sur l’analyse de la situation où des divergences peuvent apparaître (48,9%), mais
aussi sur des perspectives de séparation (24,3%) voire de divorces effectifs (17%).
-
Les demandes d’aide vont crescendo en fonction de l’âge de l’enfant, la
préadolescence et l’adolescence concentrent tous les risques, que l’adoption ait
été précoce ou tardive
-
La mère adoptive est en première ligne dans le conflit enfant-parents
-
Les adoptions multiples sont repérées comme étant problématiques
-
Les passages à l’acte de l’enfant doublés de comportements asociaux sont une des
marques de la symptomatologie observée par les intervenants. On note des
fugues, vols, agressions, addictions, des refus explosifs des règles.
54
-
Il est vraisemblable que les symptômes soient à différencier selon le sexe de
l’enfant, sa culture, voire la configuration familiale. L’expression du mal être
serait déterminée en partie par ces facteurs
Le climat de violence intra familial explique en grande partie les demandes de
-
séparations. Si ces demandes émanent des adultes, elles émanent aussi des enfants
Pour les enfants qui demandent à partir sans se retourner (sans maintien des
-
liens 15,6% - retour au pays 5,1%), l’adoption a bel et bien été refusée assez
précocement. L’adoption n’est pas la solution rêvée pour tous les enfants,
certains la refusent et mettent en œuvre les conditions de la rupture.
Le rejet de l’adoption est significativement plus élevé chez les enfants adoptés
-
précocement (28,6%), ce qui pose la question des conditions de la greffe adoptive
La recherche des origines préoccupe un enfant sur deux
-
CHAPITRE 3 – LES MODES D’INTERVENTION ET L’ANALYSE DES
INTERVENANTS
Une demande d’aide fluctuante
Nous l’avons déjà noté, l’intervention des services de l’enfance commence souvent bien après
l’émergence du conflit. Les parents ont souvent tenté d’autres formes d’aide (voir volume 2Entretiens). Près d’un couple sur deux a déjà fait appel à un psychologue ou une médiation
familiale. Un tiers a déjà connu une intervention sociale ou éducative.
Aide demandée par le couple
Non réponse
aide psychologique ou autres pour l'enfant
Nb. cit.
Fréq.
79
18,3%
161
37,4%
médiation ou thérapie familiale
34
7,9%
AEMO
58
13,5%
intervention Assistante .Sociale
69
16,0%
autres (précisez)
30
7,0%
431
100%
TOTAL CIT.
La demande d’aide de la part des parents est réelle (33,2%) mais assortie le plus souvent
d’une demande de distanciation (24,4%). Le rejet de l’enfant est directement exprimé dans
21,1% des cas avec parfois une perspective explicite d’abandon (9,8%). Pour les intervenants
55
la motivation parentale est un facteur essentiel dans l’intervention, or force est de constater
que celle-ci fluctue en fonction des motivations qui ont déterminé l’adoption. Nous l’avons
dit, l’adoption de type humanitaire n’est pas plus à risques que les autres. Par contre, lorsque
les difficultés émergent, la motivation parentale des différents types de couples fluctue. La
demande d’aide est plus fortement exprimée (37,9%) chez les couples qui n’avaient pas
d’enfants, et les perspectives de rejet (19,3%) ou d’abandon (6,8%) sont moindres que chez
les couples ayant adopté pour des raisons dites humanitaires (demande d’aide inférieure à la
moyenne, taux de rejet de 25% et d’abandon de 14,3%). La différence entre les couples et
leurs motivations ne se fait donc pas sur l’augmentation des risques mais sur la résistance aux
aléas lorsque ceux-ci surgissent.
Etat d'esprit du couple Non réponse
demande
d'aide
rejet de
l'enfant
perspectives
mise à
d'un nouvel
distance
abandon avec maintien
des liens
autres
TOTAL
Motivations du couple
Non réponse
36,4%
36,4%
9,1%
9,1%
9,1%
0,0%
100%
former une famille
5,7%
37,9%
19,3%
6,8%
23,5%
6,8%
100%
élargir la famille
5,1%
28,7%
21,7%
14,0%
28,0%
2,5%
100%
des raisons dites humanitaires
4,5%
25,9%
25,0%
14,3%
27,7%
2,7%
100%
TOTAL
5,9%
32,7%
21,0%
10,5%
25,4%
4,6%
100%
De plus, et assez logiquement, nous pouvons constater combien le temps passé avec l’enfant
minore les risques de rejet. Plus l’enfant a été adopté jeune, moins les parents sont dans le
rejet ou une perspective d’abandon. La solution envisagée est alors une mise à distance, mais
avec maintien des liens.
Etat d'esprit du couple
demande
d'aide
rejet de
l'enfant
perspectives
mise à
d'un nouvel
distance
abandon avec maintien
des liens
autres
TOTAL
Age à l'adoption
Moins de 2
48,0%
17,3%
5,1%
23,5%
6,1%
100%
De 2 à 4
34,6%
20,5%
9,0%
De 4 à 6
33,3%
23,3%
11,1%
29,5%
6,4%
100%
31,1%
1,1%
De 6 à 8
31,3%
23,8%
11,3%
30,0%
100%
3,8%
100%
De 8 à 10
32,8%
21,9%
15,6%
De 10 à 12
25,0%
35,0%
20,0%
23,4%
6,3%
100%
10,0%
10,0%
12 et plus
20,0%
60,0%
100%
20,0%
0,0%
0,0%
100%
TOTAL
35,9%
22,3%
10,6%
26,4%
4,8%
100%
Les femmes en situation de monoparentalité sont les plus actives dans la demande d’aide,
mais aussi dans le rejet lorsqu’elles ont d’autres enfants adoptés, sans pour autant envisager
un abandon mais plutôt une DAP (délégation d’autorité parentale : 33%). Les perspectives
56
d’abandon touchent plus facilement les parents avec des enfants biologiques ou biologiques et
adoptés, ce qui pose toujours la question du maintien des liens des fratries et du vécu après
séparation.
Etat d'esprit du couple
demande
d'aide
rejet de
l'enfant
perspectives
mise à
d'un nouvel
distance
abandon avec maintien
des liens
autres
TOTAL
Situation des parents
1 couple sans enfant
37,3%
22,9%
7,5%
24,4%
8,0%
100%
1 couple avec enfant(s) biologique(s)
30,1%
22,8%
14,7%
31,6%
0,7%
100%
1 couple avec enfant(s) adopté(s)
36,1%
21,3%
11,5%
26,2%
4,9%
100%
1 couple avec enfant adopté et biologique
33,3%
25,9%
14,8%
25,9%
0,0%
100%
par un homme seul sans enfant
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
par un homme seul avec enfants
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
par une femme seule sans enfant
58,8%
11,8%
5,9%
11,8%
11,8%
100%
par une femme seule avec enfants
33,3%
33,3%
0,0%
0,0%
33,3%
100%
TOTAL
35,5%
22,5%
10,6%
26,3%
5,2%
100%
Le continent des relations fraternelles reste un champ totalement inexploré, alors qu’il joue un
rôle non négligeable dans le quotidien, comme soutien ou comme facteur aggravant :
Relations frères et soeurs biologiques
Non réponse
Nb. cit.
Fréq.
195
61,5%
bonnes
26
8,2%
moyennes
54
17,0%
mauvaises
17
5,4%
inexistantes
25
7,9%
TOTAL CIT.
317
100%
57
Relations frères et soeurs adoptifs
Nb. cit.
Fréq.
Non réponse
157
49,5%
bonnes
40
12,6%
moyennes
60
18,9%
mauvaises
30
9,5%
inexistantes
30
9,5%
TOTAL CIT.
317
100%
Quelques intervenants le signalent cependant lorsque le conflit fraternel vient en première
ligne dire la différence entre enfants adoptés et enfants biologiques ou la transgression des
interdits sexuels.
Exemples
35 : Jeune qui pense que ses soeurs sont plus aimées qu'elle et que ses parents ne lui ont pas
donné de l'amour, seulement de l'argent.
57 : Jeune fille qui se sent moins aimée que sa soeur biologique, fugues.
113 : conflit majeur entre les jumelles.
161 : Passage à l'acte du frère aîné sur les autres enfants
210 : Abus sexuel de la jeune par un frère adopté, d'où très grande culpabilité des parents
70 : Enfant qui est arrivé dans une fratrie de quatre enfants biologiques, trois autres enfants
sont nés après son adoption, elle est la seule l'enfant adoptée et la seule en difficultés, rupture
du couple en 2000.
- Une analyse pessimiste
Dans 43,5% des cas, les intervenants disent travailler avec un risque de rupture comme épée
de Damoclès. L’analyse est donc pessimiste sans être désespérée (30,9% de situations graves
mais avec des possibilités d’aide, 12,6% de situations transitoires et 4,7% de situations sans
gravité.
Regard sur la situation
Non réponse
Nb. cit.
Fréq.
26
8,2%
138
43,5%
situation grave mais travail d'aide possible
98
30,9%
situation difficile mais transitoire
40
12,6%
situation tendue mais sans gravité
15
4,7%
317
100%
situation très grave et à haut risque de rupture
TOTAL CIT.
Alors que les filles présentent souvent des comportements moins « marqués » que les garçons,
ce sont pour elles que les intervenants se font le plus de souci, au niveau familial. Les risques
58
de rupture semblent majorés pour les filles, alors que le travail d’aide semble plus envisagé
pour les familles avec garçons. De même, c’est aussi pour les enfants français que le risque de
rupture est le plus facilement énoncé comme possible.
situation
situation
Regard sur la situation Non réponse situation très situation
grave et à grave mais difficile mais tendue mais
haut risque travail d'aide transitoire sans gravité
de rupture
possible
TOTAL
Sexe de l'enfant
Non réponse
100%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
100%
homme
10,9%
40,0%
33,3%
12,1%
3,6%
100%
femme
4,6%
47,7%
28,5%
13,2%
6,0%
100%
TOTAL
8,2%
43,5%
30,9%
12,6%
4,7%
100%
situation
situation
Regard sur la situation Non réponse situation très situation
grave et à grave mais difficile mais tendue mais
haut risque travail d'aide transitoire sans gravité
de rupture
possible
TOTAL
Nationalité d'origine
Non réponse
100%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
100%
enfant né en France
5,1%
48,1%
34,2%
12,7%
0,0%
100%
enfant né à l'étranger
8,9%
42,2%
30,0%
12,7%
6,3%
100%
TOTAL
8,2%
43,5%
30,9%
12,6%
4,7%
100%
Le regard est quelque peu différent lorsque la demande d’évaluation ne concerne que l’enfant,
indépendamment de son ancrage dans la famille. Là, le pessimisme ne l’emporte pas et laisse
la place à l’incertitude ou à l’inquiétude. Les intervenants veulent croire en des remaniements
positifs futurs. Cette fois, l’optimisme est plus nettement dirigé vers les filles, la forme de la
symptomatologie de ces dernières jouant certainement un rôle non négligeable dans cette
estimation subjective. Les perceptions sont également plus différenciées pour les enfants
étrangers, oscillant entre optimisme et inquiétude.
avenir de l'enfant
Nb. cit.
Fréq.
Non réponse
29
8,4%
optimiste
69
19,9%
pessimiste
68
19,6%
inquiet
91
26,2%
dans l'incertitude
90
25,9%
347
100%
TOTAL CIT.
59
optimiste
pessimiste
homme
44,9%
54,4%
54,9%
50,0%
51,3%
femme
55,1%
45,6%
45,1%
50,0%
48,7%
TOTAL
100%
100%
100%
100%
100%
avenir de l'enfant
inquiet
dans
l'incertitude
Sexe de l'enfant
TOTAL
'Nationalité d'origine' x 'avenir de l'enfant'
70
63
70
54
48
27
24
20
21
15
0
4
1
0
0
0
0
Non réponse
optimiste
pessimiste
inquiet
dans
l'incertitude
Non réponse
enfant né en France
enfant né à l'étranger
- La judiciarisation relative de l’intervention
De nombreux parents adoptifs rencontrés se sont plaints de la judiciarisation dont ils avaient
été l’objet. Il faut savoir qu’en France, sur les 262 000 enfants bénéficiant d’une protection au
titre de l’Aide sociale à l’enfance (statistiques 2002), 24% sont concernés par une procédure
administrative contre 76% par une procédure judiciaire. A l’évidence, les enfants adoptés et
leurs familles sont bien en deçà de ces chiffres puisque la judiciarisation de l’intervention ne
touche que 37,8% des situations. Assez logiquement, la demande d’aide parentale ou
familiale débouche le plus souvent sur un accueil administratif. Le placement est plus souvent
judiciaire lorsqu’un tiers (comme l’école) signale la situation ou lorsque des passages à l’acte
nécessitent l’intervention du juge.
60
Nb. cit.
type d'intervention
Fréq.
Non réponse
14
3,6%
placement administratif
74
19,2%
146
37,8%
demande d'AEMO
76
19,7%
enquête sociale
23
6,0%
IOE
36
9,3%
autre (précisez)
17
4,4%
386
100%
placement judiciaire
TOTAL CIT.
type d'intervention Non réponse
placement
administratif
placement
judiciaire
demande
d'AEMO
enquête
sociale
IOE
autre
(précisez)
TOTAL
Qui est à l'origine de l'intervention
54,5%
4,5%
36,4%
4,5%
0,0%
0,0%
0,0%
100%
les parents qui ont demandé de l'aide
0,4%
26,6%
33,9%
20,2%
6,4%
9,9%
2,6%
100%
l'école ou tout autre institution ayant signalé
1,1%
16,7%
42,2%
13,3%
8,9%
11,1%
6,7%
100%
des membres de la famille élargie
0,0%
33,3%
33,3%
33,3%
0,0%
0,0%
0,0%
100%
la justice
0,0%
3,6%
56,0%
22,6%
3,6%
10,7%
3,6%
100%
autres (précisez)
0,0%
16,1%
37,1%
12,9%
12,9%
9,7%
11,3%
100%
TOTAL
2,8%
18,7%
39,6%
17,9%
6,8%
9,7%
4,4%
100%
Non réponse
Par contre aucune discrimination n’apparaît selon le sexe ou l’origine géographique de
l’enfant. Les interventions proposées sont les mêmes pour tous les enfants.
'Sexe de l'enfant' x 'type d'intervention'
73
73
40
36
38
36
23
15
0
8
5
1
Non réponse
13
9
8
8
0
0
0
0
0
0
placement
administratif
placement
judiciaire
demande
d'AEMO
enquête
sociale
IOE
autre
(précisez)
Non réponse
homme
femme
61
'Nationalité d'origine' x 'type d'intervention'
104
104
61
59
42
24
12
15
1
0
0
Non réponse
placement
administratif
placement
judiciaire
0
Non réponse
15
12
0
15
8
0
demande
d'AEMO
enquête
sociale
IOE
enfant né en France
0
9
8
0
autre
(précisez)
enfant né à l'étranger
- Le placement comme recours principal mais non définitif
La demande de distanciation est, nous l’avons vu, fréquemment explicite chez les parents. Les
départements y répondent sous des formes diverses. Seul l’âge de l’enfant apparaît comme
étant un facteur discriminant au niveau des propositions. Le jeune âge de l’enfant amène le
plus souvent une proposition de famille d’accueil. La proximité de l’accès à la majorité civile
entraîne des propositions d’autonomie de type FJT (autres : 7,3%).
Le placement de l’enfant est peu envisagé comme un temps de pause prévisible (7,8%) et
programmé. L’incertitude sur la durée de la séparation reste dominante, même si le maintien
des liens est privilégié.
Nb. cit.
Vos propositions
Non réponse
Fréq.
29
5,7%
129
25,3%
mise à distance de type internat scolaire
18
3,5%
placement en lieu de vie
18
3,5%
placement en famille d'accueil
48
9,4%
5
1,0%
institut de rééducation
14
2,7%
accueil en psychiatrie
27
5,3%
AEMO
48
9,4%
propositions de suivi extérieur (type prise en charge psychologique)
87
17,1%
placement mais avec retour programmé dans la famille adoptive
40
7,8%
pas de proposition nécessaire
10
2,0%
séparation et accueil en institution
placement chez un tiers digne de confiance
autres (précisez)
TOTAL CIT.
62
37
7,3%
510
100%
-
Les théories implicites dans l’analyse (voir annexe pour l’intégralité des
réponses)
À notre question sur le sens de cette « crise » traversée par les familles, les intervenants sont
nuancés. Si certaines situations semblent relever exclusivement d’une problématique adoptive
(35,6%), d’autres (44,5%) présentent des facteurs intriqués liés autant à l’avant - adoption (le
passé de l’enfant), à l’âge de l’enfant (crise d’adolescence), à la structure du couple, aux
conditions d’adoption…
Lorsque les intervenants évoquent une situation inéluctable (« cette situation serait arrivée
même sans adoption » 9,1%), ils mettent en cause soit une pathologie du couple, soit une
pathologie de l’enfant.
Crise et adoption
Nb. cit.
Fréq.
Non réponse
34
10,7%
oui en totalité
113
35,6%
seulement en partie
141
44,5%
cette situation serait arrivée même sans adoption
TOTAL CIT.
29
9,1%
317
100%
Pour comprendre l’analyse faite par les intervenants, nous avons regroupé les réponses sous le
tableau ci-dessous. Cette première lecture permet de synthétiser les « références » des
intervenants et les facteurs qui, selon eux, sont des facteurs de risques. Par ordre décroissant,
nous retrouvons une lecture en termes :
-1) de crise de l’adolescence, que l’adolescent soit identifié comme « perturbé » ou que
l’adolescence soit dite « complexifiée » par l’adoption. Cette lecture temporalise les
difficultés et minimise peut-être une lecture en termes de parcours et de datation des
problèmes. Simple crise d’adolescence exacerbée ou point d’acmé d’un processus plus
ancien ? La question mérite d’être posée.
63
64
Valeurs
Nb. cit.
3
Adoption multiple
10
adoption tardive non préparée
relations conflictuelles entre tous les membres de la famille
4
Existence d'abus sexuels en intra-familial
3
Absence de communication avec les parents
1
absence de père et méthodes éducatives maternelles rigides
Passé d'enfants trop lourd
2
12
Adolescence complexifiée par l'adoption
3
Adolescent en quête permanente d'affection que les parents ne lui donnent pas
Adolescent gravement perturbé
1
13
adoption non réfléchie ou illégale
2
Adoption fondée sur des raisons charitables, ou enfant confié à un proche dans la famille
3
Adoption par une femme célibataire, absence de référence masculine, madame est en couple avec une autre femme
1
aucune anlayse de la part des parents
4
échec d'intégration et refus de l'adoption d'un côté voire des deux
Dysfonctionnements de couple
5
12
climat familial violent, refus des règles
2
Identifications perturbées
1
Connaissance tardive par la jeune de son adoption
2
crise d'identité et d'adolescence, conflits massifs avec les parents
1
Décès de l'un des parents adoptifs, réactivation abandon
3
Désillusion mutuelle, idéalisation de l'adoption
3
difficultés à maintenir un cadre éducatif, difficultés relationnelles
Enfant en difficultés avec sa mère adoptive, efforts de part et d'autre, capacités d'adaptation de l'enfant
TOTAL
10
1
102
-2) Le second item cité est le passé de l’enfant, son impact sur le développement de
l’enfant et la structure de sa personnalité. La lecture est ici davantage en termes de
« carences », de « traumatismes », « de handicaps lourds » gênant le processus d’adoption.
Les parents adoptifs sont alors perçus comme « dépassés » par l’ampleur des problèmes,
insuffisamment « étayés » et « préparés », ce qui supposerait à la fois un accompagnement
et une clinique de soins adaptée aux enfants adoptés. Le thème du traumatisme est
également utilisé en termes de réactivation de l’abandon, lors des divorces des parents ou
lors du décès de l’un des membres du couple parental adoptif.
-3) Troisième facteur cité : les dysfonctionnements de couple, dont il reste à savoir s’ils
sont liés au contexte de l’adoption, générés par elle, ou indépendants de ce contexte. En
toile de fond, et rarement posée comme telle, se glisse la question de l’évaluation des
candidatures et des agréments (« adoptions non réfléchies », « adoptions charitables »…).
-4) L’âge à l’adoption apparaît déterminant pour les intervenants. Beaucoup signalent des
adoptions jugées trop tardives, non préparées en tenant compte de cette dimension
65
importante. Ce facteur est aggravé lors des adoptions multiples, des extensions
d’agrément au-delà des possibilités réelles des couples.
-5) Le cadre éducatif proposé par les parents est interrogé lors des passages à l’acte de
l’enfant : trop de rigidité, trop de laxisme et une impossibilité à frustrer l’enfant adopté,
sont tour à tour cités comme explication plausible. L’absence de référence masculine,
paternelle, est également avancée.
-6) Autre analyse fréquemment évoquée, celle de la désillusion, de l’écart inéluctable
entre l’enfant rêvé et l’enfant adopté. Si les intervenants sont sensibles à cette dimension
et à cette analyse née des théories psychanalytiques, ils sont moins conscients du fait que
la désillusion peut jouer dans les deux sens. Nos entretiens avec certains enfants mettront
en évidence cette nouvelle perspective, où l’enfant exprime aussi son « désenchantement »
devant la réalité, autre que celle qu’il avait imaginée ou qu’on lui avait brossée pour le
séduire et le convaincre de l’opportunité de l’adoption.
Faits saillants de notre étude
-la différence entre les couples et leurs motivations ne se fait pas sur l’augmentation des
risques mais sur la résistance aux aléas lorsque ceux-ci surgissent. Les familles avec
enfants, ou celles ayant adopté pour raisons humanitaires sont moins résilientes que les
autres lorsque les difficultés surgissent. Les perspectives de désengagement voire
d’abandon sont plus nettes
- le temps passé avec l’enfant minore les risques de rejet. Plus l’enfant a été adopté
jeune, moins les parents sont dans le rejet ou une perspective d’abandon. La solution
envisagée est alors une mise à distance, mais avec maintien des liens.
- Dans la moitié des cas, le risque de rupture est présent, ce qui vient signifier la gravité
des situations.
- Le placement proposé est peu souvent pensé en termes de « pause » pour souffler,
l’incertitude est massive sur sa durée et son issue.
- La judiciarisation des interventions en direction des familles adoptives (37,8%) est très
nettement inférieure aux statistiques habituelles de l’ASE (76%).
66
- Les théories implicites utilisées pour comprendre ces situations sont relativement
classiques : crise
de l’adolescence, théorie du trauma et des carences,
dysfonctionnements de couple, écart entre l’enfant rêvé et l’enfant réel, carences
éducatives…
- Les difficultés d’attachement signalées (« greffe qui ne se fait pas) sont par contre peu
reliées à des théories sous-jacentes. De même, les questions identitaires posées par
certains enfants qui « se sentent différents » ne sont pas référées explicitement aux
théories de l’identité ou à une clinique transculturelle.
CHAPITRE 4 – MISE EN DEBAT DE QUELQUES PRESUPPOSES
-
Différencier favorise-t-il la stigmatisation ?
Nous avons noté qu’il n’existe pas de différences d’interventions pour les enfants filles et les
garçons, les adoptés français et les adoptés étrangers. Nous pourrions aller plus loin et nous
demander s’il existe des différences de prise en charge entre les enfants adoptés et les enfants
de l’Aide Sociale à l’Enfance. Ou pour le dire autrement, l’enfant adopté doit-il bénéficier
d’une prise en charge qui mette l’accent sur son adoption, ou doit-il être considéré comme un
enfant « comme les autres » ? Si nous posons en ces termes cette interrogation, c’est que la
question nous a souvent été renvoyée sous la forme : « nous ne pouvons comptabiliser les
enfants adoptés des autres, nous ne voulons pas les différencier pour ne pas les stigmatiser ».
Dès lors, l’enfant adopté est parfois accueilli dans les institutions, sans qu’il soit fait mention
de son adoption, il est « un enfant en difficulté comme d’autres », « un adolescent en crise »
sans que cette spécificité de son histoire soit sinon reconnue, dû moins travaillée. Et pourtant,
beaucoup de choses distinguent l’enfant adopté accueilli à l’ASE de la « population
67
classique ». Son histoire certes, mais aussi son milieu socio-économique. Les parents adoptifs
ont majoritairement près de 40 ans au moment de l’adoption, l’arrivée de l’enfant est en
principe pensée et désirée. Près de la moitié des candidats à l’adoption appartiennent aux «
professions intermédiaires » principalement de la santé et du travail social, 15 % des hommes
et 27 % des femmes sont instituteurs et assimilés. 88 % des couples d’adoptants sont restés
stables entre dix ans et trente ans après le début de leur union8. Rien à voir avec la précarité,
l’instabilité et le cumul des difficultés des familles les plus aidées par l’ASE . Et pourtant, la
tendance actuelle est à la négation de ces différences.
La remarque qui vient d’être faite pour les enfants adoptés n’est pas unique. Elle s’applique
aussi pour les enfants migrants non adoptés. Marie Rose Moro, déjà citée, y fait allusion dans
l’introduction de son livre en ces termes : « J’étais obligée de dire que la France était un pays
multiculturel et que donc, l’école et le système de soins, entre autres institutions, devaient
penser cette diversité…Je proposais donc, non pas de s’adapter à cette diversité, position
molle, et peu créative…quel ne fut pas mon étonnement de constater l’effet subversif de mes
propos …on opposait à cette complexité le fait que ces enfants veulent être reconnus comme
des Français, qu’ils ne sentent aucune différence d’avec les autres adolescents…Ces
adolescents n’ont pas d’histoire singulière, pas de langue autre que le français, rien qui ne les
distingue de leurs pairs ! »…D’où la question de Marie Rose Moro : « Pourquoi penser
l’altérité est-il frappé d’interdit dans la société française ?
Penser les enfants adoptés dans leur complexité, les penser dans leur singularité, pouvoir
penser et respecter la différence de leur histoire, est-ce les stigmatiser ?
L’amalgame est facilement fait entre les deux termes différencier et discriminer. Différencier,
note le dictionnaire, c’est distinguer, marquer la différence, marquer ce qui distingue une
personne d’une autre. C’est en un mot, accepter l’altérité. Discriminer, c’est aussi distinguer,
mais c’est surtout mettre à part, avec l’idée de restriction des droits. L’altérité est alors perçue
non comme une richesse mais comme un avatar, un handicap, un défaut.
En sociologie, la discrimination est le fait de traiter d'une manière défavorable des groupes ou
des individus en raison des particularités qui les caractérisent, telles que le groupe ethnique et
le sexe auquel ils appartiennent, leur religion, leurs pratiques sexuelles, leur statut socioéconomique, leur âge ou d'éventuelles infirmités. Dans les sociétés démocratiques, une
abondante législation interdit la discrimination en matière d'emploi, de logement et de droit à
des biens et services. Certains pays tentent même de prôner « la discrimination positive » pour
montrer que toute distinction ne débouche pas forcément sur un traitement défavorable.
8
Halifax J., L’insertion sociale des enfants adoptés, résultats de l’enquête « Adoption internationale et insertion sociale», INED
68
Sensibles aux dérapages causés par la discrimination et appliquant à la lettre le droit à
l’égalité, affirmé par l’article 2, qui interdit toute forme de discrimination fondée sur la race,
la couleur, le sexe, la religion, l’opinion politique de l’enfant lui-même ou de ses parents, les
travailleurs sociaux gomment parfois les particularités de chaque enfant, telle que l’adoption.
Mais ce faisant, ils oublient que tout enfant est unique, singulier, et que la catégorie « enfant
comme les autres » est déjà une catégorie tout aussi discriminante car mutilante. Différencier
les enfants ne devraient pas amener à une discrimination ou stigmatisation. Le phénomène ne
se produit que si implicitement on considère que l’enfant adopté pose d’emblée problème,
idée que l’on retrouve parfois exprimée dans cette petite phrase apparemment anodine et
censée tout expliquer « c’est un enfant adopté ».
Un enfant toujours autre
D’un mot, Jean-Paul Sartre énonçait le problème en ces termes : « On rencontre autrui, on ne
le constitue pas » (l’Être et le Néant). De fait, encore qu’on puisse éventuellement le définir
comme un alter ego — un autre moi —, autrui est avant tout celui que je ne suis pas,
indépendant, extérieur, étranger à moi-même et à un monde de choses dans lequel il apparaît,
sans pour autant lui appartenir. L’enfant adopté, au même titre que les autres enfants non
adoptés mais aussi porteurs d’une histoire, est « autre ». Nier cette particularité (sans la lui
rappeler comme une assignation à n’être qu’un enfant adopté), c’est se priver de toute
possibilité de lecture des symptômes : certains seront à référer au vécu de l’adoption, d’autres
non, l’important étant de n’exclure aucune piste possible.
-
De la pensée unique aux théories multiples
Cette posture ouverte vers des théories multiples nous semble incontournable car pour une
même situation, souvent plusieurs interprétations, fortement intriquées, sont possibles.
L’exemple ci-dessous en est une illustration.
Exemple
« J’ai adopté avec mon mari, Cyril, au Brésil, alors qu’il était âgé de trois semaines, on est
allé le chercher, on pensait que ce serait plus facile d’adopter un bébé qu’un enfant déjà
grand et trimballé, avec des souvenirs. Or la suite nous a montré que ce n’était pas plus
facile, qu’il y avait aussi des enfants grands qui s’en sortaient mieux, mais c’est ce que nous
69
avons dans l’imaginaire, et en plus moi je n’avais pas eu d’autres enfants. Mon mari avait eu
trois autres enfants d’un premier mariage, moi je n’avais jamais materné et j’avais envie
d’un bébé, j’avais envie de materner, de le voir tout petit. On a traité directement auprès
d’un avocat au brésil parce que c’était long avec les associations, et puis on était rejeté parce
que mon mari était divorcé, il n’avait pas un bon profil. On a adopté pour des raisons de
stérilité masculine, pour moi il y a eu un gros travail de deuil à faire, j’avais essayé des IAD,
elles n’ont rien donné, donc c’est pour cela qu’on s’est tourné vers l’adoption, je ne dirais
pas comme un pis aller mais ce n’était pas venu spontanément à l’idée. Donc on est allé le
chercher au Brésil, on a fait les formalités, c’était le troisième enfant d’une toute jeune femme
qui avait déjà abandonné les deux autres, le père biologique n’avait pas reconnu l’enfant et
abandonné la mère, donc elle n’avait pas tellement le choix, bon…C’était un très beau bébé
physiquement et en excellente santé, qui n’avait aucun problème. Très vite il est apparu qu’il
était hyper moteur, très agité, dès qu’il a commencé à marcher il ne tenait pas en place, il
était très agité, et avant même qu’il n’aille à l’école, je le mettais en halte garderie trois
après-midi par semaines, pour souffler un peu parce qu’il était déjà épuisant. L’entrée à
l’école a amené des tas de réflexions, comme quoi on n'avait pas mis assez de limites, qu’il
était trop agité, qu’il ne tenait pas en place…Il était particulièrement excité et le malheur a
voulu que mon mari décède quand il avait quatre ans et demi, donc il ne l’a pas connu très
longtemps. Quand je me suis retrouvée toute seule avec lui, les difficultés ont été en
augmentant, j’ai beaucoup cru au début que cela venait du fait qu’il grandissait sans père, et
en fait ce n’était pas une explication suffisante, il a commencé à devenir très violent, mais sa
violence n’est dirigée que sur moi.
L’idéal serait qu’il soit élevé par quelqu’un d’autre, tout semble lui réussir sauf moi, c’est
dur de se le dire mais c’est comme cela. Je n’arrête pas de me poser des questions sur ce qui
se passe dans sa tête, quand il était petit il me disait qu’il ne me considérait pas comme sa
vraie mère, je lui répondais qu’il ne me venait pas à l’idée de dire de lui qu’il n’était pas mon
vrai fils. Il disait cela sans doute pour m’éprouver. Il ne parle pourtant jamais du brésil, il
n’a rien connu de là-bas. Il n’a pas été un bébé compliqué, il mangeait bien, dormait bien,
s’ajustait bien au corps, c’est vers quinze mois que cette agitation a débuté, dès qu’il a pu
marcher. »
Ce témoignage, qui concerne un jeune garçon âgé de 14 ans, accueilli en lieu de vie et
scolarisé en quatrième avec une année de retard, met en évidence toutes les difficultés de
l’analyse. Souffre-t-il d’une absence de cadre éducatif ? d’un « abandonnisme » classique
comme le suggère le psychologue qui le rencontre une seule fois, convaincu que « tous les
70
enfants adoptés souffrent de cela » et que le temps apaisera la souffrance ? S’agit-il d’une
situation exacerbée par la disparition du père, même si les problèmes datent de la petite
enfance, avant le décès de ce dernier ? Où faut-il lire les symptômes de l’enfant comme une
désorganisation précoce du système d’attachement, en lien avec une difficulté de
parentalisation (« pour moi il y a eu un gros travail de deuil à faire, j’avais essayé des IAD,
elles n’ont rien donné, donc c’est pour cela qu’on s’est tourné vers l’adoption, je ne dirais
pas comme un pis aller mais ce n’était pas venu spontanément à l’idée) ?
-
La théorie de l’attachement : carences précoces et troubles de l’attachement
Les théoriciens de l’attachement notent que l’enfant construit progressivement des modèles
internes opérants. Pour le dire simplement, les modèles internes opérants sont des
représentations qui guident l’enfant dans sa manière de percevoir et de se conduire dans ses
relations interpersonnelles. En interactions avec les autres, l’enfant construit simultanément
un modèle de soi, une « image de soi plus ou moins digne d’être aimé, et un modèle d’autrui
plus ou moins attentif et sensible à ses besoins ». À la lumière des expériences passées et
selon la rapidité, la qualité de l’intervention de l’adulte, l’ajustement à ses besoins, l’enfant se
prépare à anticiper les réactions d’autrui. Selon Bowlby, les modèles internes opérants, qui
vont guider les relations ultérieures seraient en place dès douze mois.
Si nous reprenons la lecture de notre témoignage avec cet éclairage, nous constatons que les
premières manifestations d’agitation de Michel débutent avec la marche, à quinze mois. En
quoi cette agitation et les autres symptômes énoncés par cette maman, peuvent-il être le signe
d’une désorganisation de l’attachement ? Avant de tenter une réponse, écoutons de nouveau la
maman nous décrire les souvenirs de cette époque déjà difficile :
« Vers cinq, six ans il a commencé à être très violent, il balançait tous ses jouets du haut de
l’escalier, il a cassé des carreaux, très petit cela a commencé. Il m’insultait verbalement, des
insultes grossières, ordurières, il essayait déjà de me frapper….c’était aussi un enfant
extrêmement affectueux, me disant qu’il m’aimait, pour toute la vie, il alternait ces moments,
dans les deux pôles à la fois. Il me demandait souvent : « est-ce que tu m’as bien adopté, estce que c’est marqué sur un papier ? Je le lui ai montré, lui ai dit qu’il était mon fils pour
toute la vie, il disait ouf, tu ne vas pas m’abandonner alors, tu ne le peux pas. Arrivé en CE2,
j’ai pris la décision de le mettre en internat, parce je n’en pouvais plus. A l’internat cela se
passait bien, il aimait la collectivité et n’était pas malheureux du tout, loin s’en faut, tout le
monde est optimiste pour lui …Les éducateurs ont une excellente image, ils disent qu’ils ne
71
sont pas inquiets pour Michel par rapport à d’autres enfants, il est très sociable et gentil sauf
à l’école dont il a un dégoût. Il voudrait maintenant faire de la mécanique mais ce n’est pas
très porteur comme métier, ou des métiers du bâtiment…mais c’est dur pour moi à encaisser
par rapport aux images traditionnelles de la scolarité des enfants dans notre famille, tous ont
fait des études, moi-même je suis professeur, donc cela détonne un peu…en même temps cela
m’est égal de renoncer à plein de choses du moment qu’il trouve sa voie. ».
Au-delà de la déception évidente causée par l’écart entre l’enfant-idéal, censé être conforme à
l’habitus familial, et les performances réelles de Michel, attardons-nous sur l’attachement
mère-enfant telle que les chercheurs l’évaluent.
À partir de la situation étrange de Mary Ainsworth et d’une cotation des patterns
d’attachement, Guedenay différencie trois groupes d’enfants sur un axe sécure-insécure. Les
enfants attachés de manière sécure « ont tendance à manifester une forme de protestation lors
des séparations, et à accueillir leur mère lors de son retour avec plaisir ou en recherchant la
proximité avec elle.
L’attachement insécure peut prendre deux formes : certains enfants ont peu de manifestations
affectives ou de comportements de base de sécurité ; ils paraissent peu affectés par la
séparation, tendent à éviter la proximité et le contact avec la mère lors des retrouvailles, et se
focalisent surtout sur les jouets… »9. L’attachement de ces enfants est dit insécure-évitant.
D’autres montrent de la détresse à la séparation avec un mélange de recherche de contact et de
rejet coléreux, et des difficultés à être réconforté. L’attachement est dit insécure-ambivalent
ou insécure-résistant.
« Plus récemment Main (1985) a introduit une catégorie d’enfants attachés de manière
insécure avec des comportements dont on ne comprend pas les intentions et qui apparaissent
désorganisés, simultanément ou dans leur succession, interrompus ou bizarres, avec des
stéréotypies lors des retrouvailles, et finalement dépourvus de stratégies cohérentes. Raphaële
Milijkovitch donne une description de cette incohérence en notant que ces enfants « ont des
attitudes contradictoires ou incompréhensibles, telles que s’agripper au parent en détournant
le regard, pleurer à son départ sans s’en approcher, ou rester figé les mains en l’air.
Michel entre-t-il dans l’une de ces catégories ? Il est bien difficile de tenter une lecture
rétrospective des patterns interactifs de l’enfant, mais si nous accordons quelque crédit aux
souvenirs de la maman, nous pouvons pointer l’alternance voire la simultanéité de
9
Guedenay : opus cité page 73
72
comportements antagoniques : insultes, colère, tentatives de frapper, voisinent avec
l’expression de la tendresse, la quête de la réassurance, la peur de l’abandon. Comme d’autres
enfants dits insécures, Michel semble hyper adapté lors des séparations (« il aimait la
collectivité et n’était pas malheureux du tout, loin s’en faut ! ») mais ses attachements sont
labiles, il fait partie de ces enfants qui n’ont pas d’amis, pas de liens construits.
La sociabilité de Michel serait dès lors très artificielle, de façade, sans grand engagement
affectif vis-à-vis d’autrui. L’évitement et le détachement seraient devenus chez lui
prépondérants, avec cependant de brefs moments de rupture de la capacité à réprimer les
émotions, se traduisant par des attaques soudaines, imprévisibles, en direction de la mère. La
colère ressentie contre la figure maternelle insécure exploserait alors :
« Quand il revenait le week-end, c’était toujours le même scénario de violence, et d’insultes…
cela me faisait peur…mais il ne réservait cette violence qu’à moi. Quand il était invité, il était
charmant, tout le monde disait que c’était un enfant mignon. Ma sœur, pour me soulager l’a
pris plusieurs fois en vacances scolaires, il était adorable. Cela se passait bien, toute la
violence m’était réservée…Donc en sixième j’ai décidé de le laisser en internat, le
psychologue avait dit qu’il fallait un tiers séparateur entre-nous, qu’il y avait cette dualité
mère-fils et qu’il venait toujours buter sur moi…ceci dit j’ai appris depuis que d’autres
enfants sont aussi hyper-violents même en présence du père et que cela ne changeait pas
grand chose… et puis peu de temps avant Noël il est devenu vraiment violent…il faut dire que
c’est un enfant scotché devant les jeux vidéos, il n’y a pas moyen de l’arracher de là, et
lorsque je lui ai dit d’arrêter, il m’a réellement agressée, tabassée, il avait onze ans, je n’ai
rien pu faire pour me défendre, il m’a giflée, crachée à la figure, cela a été horrible, cela
faisait des années que j’endurais des difficultés mais là cela a été le révélateur de la
crise…J’ai été hospitalisée en hôpital psychiatrique…pendant trois mois. Il m’avait frappé
extrêmement violemment, c’est ma sœur qui l’avait récupéré. A la fin de sixième il fallait que
je le reprenne, et j’avais très peur, je n’avais pas pu reparler avec lui de ce qui s’était passé,
il ne s’était pas excusé, rien…et donc ma mère à ce moment là a pris peur et elle a contacté
les services sociaux, on a été renvoyé sur le juge pour enfant qui a pris une AEMO. J’ai
envisagé mon déménagement pour me rapprocher de la famille, pour avoir un soutien
familial, je suis donc venue ici. Dans l’autre ville, je m’étais isolée, personne ne savait l’enfer
que je vivais avec lui, c’était inracontable. Donc je me suis rapprochée des miens, et lui est
parti dans un premier lieu de vie. »
Là encore, nous mesurons toutes les théories implicites à l’œuvre dans l’analyse d’une telle
situation. Pour Michel, les uns ont pensé à l’absence de cadre éducatif, pour d’autres ce cadre
73
a explosé avec le décès du père et l’absence de tiers-séparateur. Pour d’autres encore, Michel
est représentatif d’un vécu abandonnique corrélatif de tout abandon. Ajoutons qu’une analyse
de la crise est possible en terme de « sensibilité à la frustration », de « crise d’adolescence »,
« de défaut de parentalisation », « d’attentes démesurées de réussite sociale et scolaire »…et
la coupe sera pleine avec la théorie de l’attachement dysfonctionnel. Qui a raison ? Ces
théories s’excluent-elles les unes, les autres, ou faut-il mener une lecture plurielle tenant
compte de tous les facteurs intriqués ?
La question est importante car selon la réponse donnée, le mode d’intervention ne sera pas
identique. Croire à l’absence de cadre, au tiers séparateur, c’est proposer une institution qui
prenne le relais de la mère, la supplée sur le plan des règles. Ce qui a été proposé sans que la
problématique initiale mère-enfant soit véritablement prise en compte. Les retours lors des
week-ends restent inchangés, chargés de peur et d’incompréhension mutuelle.
Évoquer l’hypothèse d’un dysfonctionnement des liens d’attachement suppose un autre mode
d’intervention, où mère et enfant soient associés. Et rien n’interdit de jouer sur plusieurs
niveaux à la fois : le niveau éducatif et le niveau des interactions.
À la théorie de l’attachement, d’autres préfèreront sans nul doute la théorie du traumatisme.
Nous avons vu que de nombreux départements y ont fait allusion, parlant « d’enfants abîmés
par leur passé », « trop traumatisés par des carences antérieures », « ayant mal vécu leur
abandon »…La question qui se pose est alors la suivante :
•
L’enfant abandonné est-il toujours un enfant traumatisé ?
Trauma et traumatisme sont des termes anciennement utilisés en médecine et en
chirurgie10. Souvent confondus, ces deux termes méritent d’être dissociés pour une meilleure
approche clinique.
D’origine grecque, le terme Trauma signifie la « blessure », une blessure avec effraction,
ayant des conséquences sur l’ensemble de l’organisme. Le traumatisme est, plus précisément,
le processus qui se met en place consécutivement à cette effraction et qui se prolonge dans la
durée. Entre le trauma comme phase de l’effraction, et le traumatisme comme construction
ultérieure, comme organisation pathologique, s’inscrit la notion de temps. Suite à un trauma,
les troubles ne s’installent pas forcément dans les heures voire dans les jours qui suivent
10
Laplanche, J. et Pontalis, J-B. (1973), Vocabulaire de la psychanalyse. PUF, Paris. p 499-503.
74
l’événement, d’où la relative inefficacité des cellules d’intervention d’urgence créées pour
pallier les effets traumatiques d’un accident ou d’un attentat.
Les troubles peuvent émerger à distance de l’événement, après une période de latence plus ou
moins longue, plus ou moins émaillée de petits incidents significatifs.
Cette distinction entre le trauma et le traumatisme nous semble pertinente pour le sujet qui
nous préoccupe. En effet, si l’abandon peut être une blessure, ses effets peuvent être différés
dans le temps voire absents.
De nombreux psychologues accréditent l’idée que tout enfant abandonné est un enfant
traumatisé, d’où un renvoi de la demande parentale de soins à cette évidence : « ne vous
inquiétez pas, c’est normal, il a vécu un abandon qui l’a traumatisé, avec le temps il va se
rassurer et cela ira mieux ».
Pour notre part, nous laissons cette hypothèse en terme de question ouverte. L’enfant
abandonné est-il toujours traumatisé, nous en doutons quelque peu.
La notion de trauma renvoie chez Freud, à une conception économique : l’effraction est
si vive, si brutale, qu’elle met à mal le système de « pare-excitation » habituel, les moyens
normaux et habituels de liquidation ou d’élaboration échouent, ce qui ne peut manquer
d’entraîner des troubles durables dans le fonctionnement énergétique.
Le trauma qualifie donc d’abord un événement personnel de l’histoire du sujet, datable, et
subjectivement important par les affects pénibles q’il peut déclencher. En ce sens, l’abandon
peut-être en soi un événement entrant dans ce registre. Pour autant, Freud ajoute qu’on ne
saurait parler d’événements traumatiques de façon absolue, sans envisager la « susceptibilité »
propre au sujet. Tout enfant abandonné ne serait donc pas obligatoirement traumatisé, certains
vont être moins atteints que d’autres par cette perte des parents biologiques. Quelques
précisions s’imposent pour différencier les situations :
« Pour qu’il y ait traumatisme au sens strict, c’est à dire non-abréaction de l’expérience qui
demeure dans le psychisme comme un « corps étranger », des conditions objectives doivent
être présentes. Certes, l’événement peut, par « sa nature même » exclure une abréaction
complète ; mais, en dehors de ce cas limite, ce sont des circonstances spécifiques qui assurent
à l’événement sa valeur traumatique : des conditions psychologiques particulières dans
lesquelles se trouvent le sujet au moment de l’événement, une situation de fait, des
circonstances sociales, enfin surtout selon Freud l’existence d’un conflit psychique qui
empêche le sujet d’intégrer à sa personnalité consciente l’expérience qui lui advient. Freud
75
note encore qu’une série d’événements, dont chacun à lui seul n’agirait pas comme
traumatisme, peuvent additionner leurs effets11. »
Pour comprendre l’expérience traumatique de l’abandon, plusieurs pistes nous sont donc
proposées, sur lesquelles nous aurons à réfléchir :
-
Les circonstances spécifiques de l’abandon : objectives, psychologiques, sociales…
-
L’addition d’événements traumatiques identiques (comme la répétition de l’abandon
et des ruptures affectives dans la vie de certains enfants)
-
La non-préparation de l’enfant à l’adoption
-
La « susceptibilité » propre au sujet
•
La théorie de l’identité
Enfin, nous signalons comme aide possible à la compréhension des enfants adoptés l’apport
des théories sur l’identité. De nombreuses études scientifiques sur les enfants adoptés
montrent qu’il nous faut différencier l’identité ethnique de l’identité de couleur. Les enfants
adoptés ont deux pôles d’identification possibles, celui de l’identité ethnique du pays
d’accueil, celui de leur pays d’origine, avec des aménagements plus ou moins faciles à porter.
Un enfant peut revendiquer une identité ethnique française, mais se sentir porteur d’une
identité de couleur qui peut le marginaliser (être noir par exemple). De nombreux parents
signalent les réactions de leur enfant, qui se gratte pour enlever la couleur noire, ou au
contraire qui rejette la couleur blanche de ses parents. Dans ce registre, nous avons sans doute
insuffisamment pensé la différence, sombrant comme d’autres au syndrome du daltonisme.
Ce bref aperçu théorique, fragmentaire, montre le chemin à parcourir pour aider les parents et
les enfants en difficultés. Ceux-ci ont été longtemps renvoyés au silence et à l’isolement,
comme s’il était honteux d’être en difficultés dans un tel domaine. L’heure est sans doute
venue de regarder sans dramatisation mais aussi sans banalisation les spécificités de cette
filiation originale.
-
Soigner l’enfant sans le déraciner, la nécessaire alliance avec les parents
S’affirmer comme les autres parents, voire mieux que les autres, constitue un souci pour la
quasi-totalité des adoptants que nous avons rencontrés. La mise à jour des difficultés est
encore plus cruellement ressentie car elle vient frapper de plein fouet le rêve initial. Etre allé
chercher l’enfant si loin, avoir épuisé tant d’énergie en démarches incertaines, pour avouer
11
Vocabulaire de la psychanalyse : opus cité
76
son impuissance, l’épreuve est rude pour de nombreux parents. À tort ou à raison, beaucoup
se plaignent du regard qui est porté sur eux, ils se sentent jugés, expriment un fort sentiment
de disqualification sur lequel nous reviendrons à partir des témoignages. Ils se sentent aussi
exclus, mis à la marge, sous-informés au niveau des décisions prises « dans l’intérêt de leur
enfant ». Cette étude fait apparaître un contentieux, des malentendus, des maladresses, qui
sont autant d’obstacles à une alliance entre les parties.
En face, un tiers des enfants (29,3%) se tait, incapable d’exprimer le moindre désir. 5,7%
désirent retourner dans leur pays, massivement des enfants de 10 à 12 ans, adoptés
tardivement et qui n’ont pas fait le deuil de leur pays, de leur culture, de leurs souvenirs.
Demande de l'enfant
Nb. cit.
Fréq.
Non réponse
27
8,5%
à rester chez ses parents
53
16,7%
à vivre avec son père
9
2,8%
à vivre avec sa mère
16
5,0%
3
0,9%
à partir en maintenant des liens
79
24,9%
à partir sans maintien des liens
55
17,4%
à retourner dans son pays
18
5,7%
l'enfant ne demande rien
93
29,3%
à vivre avec quelqu'un de la famille élargie
TOTAL OBS.
317
À noter combien la demande de l’enfant fluctue en fonction de l’âge. Plus l’âge de l’enfant
augmente, plus la demande s’organise vers une séparation négociée (partir en maintenant des
liens), plus l’enfant est jeune plus les réponses sont radicalisées (partir sans se retourner) ce
qui peut interroger. S’agit-il de réponses extrêmes dues à la gravité des situations ? Est-ce
bien la demande de l’enfant ou est-ce une réponse suggérée ? Comment l’adulte perçoit-il la
demande ? Comment y répond-il ?
77
Demande de l'enfant Non réponse à rester chez à vivre avec à vivre avec à vivre avec à partir en à partir sans à retourner l'enfant ne
ses parents
son père
sa mère quelqu'un de maintenant maintien des dans son demande rien
la famille
des liens
liens
pays
élargie
TOTAL
age de l'enfant au moment du questionnai
Non réponse
100%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
100%
Moins de 4
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
100%
100%
De 4 à 6
0,0%
16,7%
0,0%
16,7%
0,0%
0,0%
16,7%
0,0%
50,0%
100%
De 6 à 8
0,0%
10,0%
0,0%
0,0%
0,0%
10,0%
20,0%
0,0%
60,0%
100%
De 8 à 10
0,0%
26,3%
10,5%
15,8%
0,0%
5,3%
10,5%
5,3%
26,3%
100%
De 10 à 12
0,0%
9,5%
4,8%
4,8%
0,0%
19,0%
14,3%
19,0%
28,6%
100%
De 12 à 14
4,0%
24,0%
4,0%
0,0%
0,0%
12,0%
12,0%
4,0%
40,0%
100%
14 et plus
9,4%
14,3%
1,9%
4,2%
1,1%
26,4%
16,6%
4,5%
21,5%
100%
TOTAL
7,6%
15,0%
2,5%
4,5%
0,8%
22,4%
15,6%
5,1%
26,3%
100%
Dans la difficile partition qui va devoir être trouvée, tous les avis ne convergent pas. Les
enfants filles adoptés expriment plus clairement un désir de statu quo (rester en famille), ou
une séparation négociée. Les enfants nés en France ne rêvent pas d’un ailleurs et se réfugient
plus volontiers dans le silence (34,9% contre 23,8% pour les enfants étrangers).
Demande de l'enfant Non réponse à rester chez à vivre avec à vivre avec à vivre avec à partir en à partir sans à retourner l'enfant ne
ses parents
son père
sa mère quelqu'un de maintenant maintien des dans son demande rien
la famille
des liens
liens
pays
élargie
TOTAL
Sexe de l'enfant
Non réponse
100%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
100%
homme
9,8%
13,1%
3,3%
4,4%
1,6%
20,2%
15,8%
3,8%
27,9%
100%
femme
4,7%
17,2%
1,8%
4,7%
0,0%
24,9%
15,4%
6,5%
24,9%
100%
TOTAL
7,6%
15,0%
2,5%
4,5%
0,8%
22,4%
15,6%
5,1%
26,3%
100%
78
Demande de l'enfant Non réponse à rester chez à vivre avec à vivre avec à vivre avec à partir en à partir sans à retourner l'enfant ne
ses parents
son père
sa mère quelqu'un de maintenant maintien des dans son demande rien
la famille
des liens
liens
pays
élargie
TOTAL
Nationalité d'origine
Non réponse
100%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
100%
enfant né en France
4,8%
13,3%
3,6%
2,4%
1,2%
22,9%
15,7%
1,2%
34,9%
100%
enfant né à l'étranger
8,2%
15,6%
2,2%
5,2%
0,7%
22,3%
15,6%
6,3%
23,8%
100%
TOTAL
7,6%
15,0%
2,5%
4,5%
0,8%
22,4%
15,6%
5,1%
26,3%
100%
Entre la demande des parents et celle des enfants, les intervenants vont devoir se situer sans
opposer les uns aux autres. L’adoption est un domaine sensible qui sollicite massivement des
processus d’identification soit à l’enfant, soit aux parents. D’où l’intérêt de mettre en œuvre
des formations et une analyse des pratiques.
Conclure ce premier volet de recherche serait inutile et prématuré, car il constitue une
première étape d’une réflexion plus large. Les pistes dégagées dans les tableaux récapitulatifs
sont autant de propositions futures pour améliorer la prise en charge de ces familles adoptives
et de leurs enfants. Le second volume approfondira certains points et en soulèvera d’autres par
l’étude des « échecs d’adoption ».
79
ANNEXE
Analyse de la situation
En quelques mots quelle est votre analyse de la situation?
3 : enfant confié directement par sa mère à cette femme seule adoptante, aucun élément sur
la vie antérieure enfant agité et rejetant parfois affectueux, suivi psychologique par le CMPP
de la mère et de l'enfant
4 : Difficultés dans la prise en charge de tous les enfants adoptés
6 : nécessité de soutenir la mère qui ne comprend pas les troubles de l'enfant et est déçue
7 : graves troubles de la personnalité aggravés par l'adolescence et les difficultés de réponse
pour une prise en charge adaptée
9 : Très forte demande de fusion de la petite fille, difficultés à maintenir un cadre éducatif
10 : l'enfant adopté est le neveu de la mère adoptive, adoption simple, enfant toujours en lien
avec sa famille naturelle
11 : enfant en grandes difficultés psychologiques, non accessible à aucune forme d'aide,
comportements déviants massifs
12 : jeune fille maghrébine s'étant toujours sentie différente des parents adoptifs, changement
de prénoms découvert à la lecture du dossier
13 : le dysfonctionnement parental et la pathologie de monsieur n'ont pas permis à cet enfant
de se faire une place dans l'adoption
14 : mère très vite rejetante face à cet enfant qui ne correspondait pas à ses attentes et
présentait des troubles du comportement tels qu'il n'aurait pas du être proposé en adoption
sans travail et préparation préalables
15 : mère n'ayant pas investi cet enfant car au départ c'était le père qui était porteur du projet
d'adoption et cet enfant n'a jamais pu coller au désir de la mère
16 : seule enfant de la famille à ne pas être placée, se plie aux désirs des parents, ambivalence
dans sa relation à ses soeurs
17 : Adoption de quatre enfants faisant ressortir les failles des adultes, non-investissement de
la fonction parentale
18 : Adoption multiple
20 : enfant ayant connu des carences alimentaires graves dans la prime enfance, il est
actuellement difficile de dire si c'est une enfant abandonnique ou bien si elle entretient avec sa
mère une relation de type fusionnel dans laquelle elle considèrerait sa mère comme une part
d'elle-même, une maman objet en quelque sorte
21 : les maltraitances pour lesquelles les parents sont poursuivis ne sont pas reconnus par
ceux-ci. C'est la justice qui déterminera leur culpabilité ou non. L'enfant est très attaché à ses
parents
22 : Enfant qui n'a pas créé d'alliance avec sa famille adoptive et mouvement de rejet de cette
famille
23 : Problématique de l'enfant venant heurter la souffrance de madame, et difficulté à prendre
la place de mère
80
24 : Cette jeune fille a été adoptée par la famille qui la parrainait, le couple utilise l'histoire de
la jeune avec sa mère biologique pour expliquer les problèmes. Père adoptif très rigide
25 : fractures et deuils successifs, 1ere adoption déjà en difficulté, deuxième adoption trop
rapide, problèmes de couple
26 : décès père, rejet mère adoptive
27 : souffrance des deux, incompréhension
31 : rejet massif par les parents
32 : enfant peu investi par les parents
33 : rigidité éducative et enfant adopté à 7 ans avec une histoire lourde, a vu sa mère décédée,
c'est l'association qui a poussé à l'adoption
34 : couple divorcé et enfant avec troubles
35 : sentiment de n'être pas aimée par les parents adoptifs
39 : difficultés psychologiques de la jeune liées plus à sa personnalité qu'à l'adoption
42 : mode de vie choisi par le couple marginal, enfant ne s'adaptant pas, la mère adoptive
dit :"elle vit à côté de nous mais pas avec nous et c'est insupportable »
43 : adoption tardive non préparée
44 : adoption tardive non préparée
45 : refus de l'adoption et de ses parents là qui sont blancs
46 : pathologie maternelle grave
47 : échec d'intégration, mère adoptive fragile psychologiquement
48 : climat familial violent, refus des règles
49 : autisme enfant non adoptable
50 : pathologie familiale, père brutal
51 : troubles graves du comportement
52 : enfant très abîmée, troubles du comportement non supportés, couple qui divorce, nonmaintien des liens
53 : refus des limites, passages à l'acte énormes
54 : enfant délinquant
55 : rejet sans causes connues
56 : agressions à l'adolescence
57 : rivalité fraternelle, sentiment d'être moins aimée
58 : refus total de l'adoption avec agressions et troubles du comportement
59 : enfant dangereux, séjour de rupture envisagé, est en liberté surveillée
60 : problème d'autorité chez un couple en dissension, vols et addictions chez l'enfant
61 : trois tentatives d'adoption ratées, folie des services
62 : refus d'adoption par l'enfant
63 : rejet de l'adoption par la mère
64 : Carences de la petite enfance insupportables pour la mère, rejet massif
65 : rejet de cette enfant par le père, enfant non modèle
66 : rejet du handicap
67 : Non-accrochage de la mère à cet enfant
68 : épuisement par manque de structures d'aide pour un enfant handicapé
69 : Enfant qui a vécu son adoption comme un rapt, il veut retourner dans son pays d'origine
et retrouver sa mère, son père est décédé. Les relations avec le père adoptif se passent bien
70 : Enfant qui est arrivé dans une fratrie de quatre enfants biologiques, trois autres enfants
sont nés après adoption, seule l'enfant adoptée est en difficultés, rupture du couple en 2000
71 : L'enfant a été rejeté dès le départ par ses parents qui ne souhaitaient qu'un seul enfant
73 : enfant placé en foyer depuis deux ans, ne crée pas de liens avec les adultes ni les autres
jeunes, délinquance grave, fonctionnement maternel qui interroge, très intrusive
81
75 : Enfant en difficultés avec sa mère adoptive, efforts de part et d'autre, capacités
d'adaptation de l'enfant
76 : éducation rigide, manque de dialogue et d'affectivité
77 : mère très exigeante, volonté de réussir, l'enfant est placé, la mère fait des efforts
78 : maladie mentale de l'enfant aggravant la situation
79 : Enfant autiste avant l'adoption, laquelle a exacerbé les problèmes du couple aujourd'hui
séparé
80 : manque de préparation à l'adoption pour cet enfant qui n'adhérait pas au projet, sentiment
de rapt
81 : les questions de l'abandon et de l'adoption n'ont jamais été traitées
82 : enquête d'adoption insuffisamment approfondie, l'enfant était-il adoptable dans sa
famille d'accueil ?
84 : Enfant ayant un passé trop lourd, aucun lien de créé
85 : milieu pathogène et structure psychique complexe de la jeune
86 : absence de consensus dans le couple sur le projet d'adoption, idéalisation des attentes,
déception et rejet de l'enfant, rivalité avec les enfants biologiques, pas de préparation à
l'adoption
87 : Répétition de maltraitance de la mère sur l’enfant adopté, niveau d'exigences éducatives
démesuré, investissement du deuxième enfant au détriment du premier, père effacé, mère
omnipotente
88 : Décès de la mère qui réactive la problématique de l'abandon, investissement paternel de
l'ordre du devoir mais peu affectif
89 : Désillusion mutuelle, idéalisation de l'adoption, adoption tardive avec un lourd passé de
maltraitance
91 : refus des parents du traitement visant à canaliser le comportement de l'enfant, enfant qui
va très mal
92 : Les parents ont peur de leur fils ainsi que pour leurs filles, des agressions de la part du
jeune
93 : Rejet immédiat, le couple a peur des passages à l'acte de l'enfant
94 : Situation de rupture, le couple a cru pouvoir faire seul et a fait appel trop tard
95 : rejet mutuel, alcoolisation du père
96 : absence de père et méthodes éducatives maternelles rigides
97 : Relations fusionnelles et surprotectrices non supportées par cette jeune, thérapie
familiale en cours
98 : première adoption avec décès de l'enfant suite à une longue maladie, deuil non élaboré,
deuxième adoption avec appel, deux enfants au lieu d'un demandé, l'enfant maltraité est celui
qui n'était pas attendu, aemo judiciaire refusée pendant deux ans
99 : Adolescent en quête permanente d'affection que les parents ne lui donnent pas
101 : Abandon tardif de la mère biologique et abus sexuels de la part d'un membre de la
famille adoptive
102 : Difficultés pour l'enfant de trouver sa place
104 : autisme grave, relations agréables mais soumises à des pulsions
105 : Relations très ambivalentes mère-fille, forte angoisse de la mère, peur de l'avenir,
ambiance générale tendue et autoritaire
106 : rejet total de cet enfant qui ne correspond pas aux attentes, impossibilité du couple à se
remettre en cause
107 : Jeune fille très méfiante, manque de confiance en elle, ne sait pas se situer dans la
société
109 : situation complexe avec suspicion sexuelle
82
110 : l'enfant adopté est arrivé dans une situation familiale perturbée, le fils naturel étant
hospitalisé en psychiatrie pour pathologie grave, fragilité des deux parents, l'association n'a
pas arrêté la procédure d'adoption alors que le couple le demandait
111 : Défaut d'accompagnement précoce du couple parental, idéalisation de l'adoption,
inadéquation des réponses éducatives
112 : Affaire pénale en cours pour abus sexuels, risques graves d'explosion de la famille
113 : relations conflictuelles entre tous les membres de la famille
114 : relations conflictuelles entre tous les membres de la famille
115 : adolescent qui se met gravement en danger, famille présente, soutenante mais
désemparée
116 : adolescente se mettant en danger, cadre éducatif permissif mais présent et aimant,
sentiment d'échec et incompréhension mutuelle
117 : adolescent qui n'a pas intégré les interdits fondamentaux
118 : Famille trop fragile pour assumer un enfant présentant des problèmes de santé et un
handicap sensoriel, rejet par la mère de cet enfant qui ne veut pas d'elle
119 : Adolescent perturbé depuis l'enfance, couple parental ayant du mal à se remettre en
cause
120 : enfant adopté après être arrivé illégalement en France, deux refus d'agrément d'adoption,
pronostic pessimiste sur un éventuel retour chez lui
121 : Adolescence difficile complexifiée par l'adoption et le décès du père
122 : Adolescence compliquée par l’adoption
123 : adolescence difficile complexifiée par l'adoption
124 : handicap lourd de l'enfant, fragilité du couple, rejet massif du père, souffrance de la
mère, avis défavorable de l'association pour cette adoption faite tout de même par le service
ase
125 : madame ne souhaite pas se soigner et incrimine les enfants
126 : évolution de l'enfant non conforme aux désirs des parents qui demandent que le service
reprenne l'enfant
127 : responsabilité de la situation rejetée sur l'enfant
128 : mère ne voulant pas se soigner, risque important d'explosion à l'adolescence
130 : crise d'identité et d'adolescence, conflits massifs avec les parents
131 : adoption réalisée très vite un peu sous pression, après le refus d'un autre enfant quatre
mois plus tôt; dysfonctionnement dans le couple
132 : difficultés de communication, mal être de l'enfant
133 : parents présentant des troubles psychologiques, enfant angoissé par un nouvel abandon
134 : Cette jeune fille relève d'un IME, les parents sont toutefois présents et bénéficient d'un
droit de visite et d'hébergement en alternance un week-end sur deux, la moitié des vacances
scolaires et 15 jours l'été
135 : pris en charge dans le cadre de l'ordonnance 45, il n'y a plus de faits délictueux, le jeune
continue à préparer son insertion professionnelle dans un cadre adapté
136 : La problématique de l'adolescent est peut-être liée à l'absence d'éléments sur les origines
mais elle est aggravée par le contexte familial plutôt frustre
137 : la mère gère au mieux la situation avec l'aide des services sociaux
138 : adoption tardive, enfant manifestant de la peur, refus d'être touché. Dit qu'il n'a pas
compris pourquoi il a quitté son pays, veut retrouver sa mère
139 : cette jeune vit avec sa mère, conflit de couple et rejet par le père
140 : Depuis plusieurs années enfant et parents ont du mal à se comprendre, problèmes pour
le jeune d'ordre psychiatrique, l'adoption a augmenté la souffrance qui s'exprime sous forme
de violence
83
141 : Enfant qui n'a pas compris le jugement de déchéance parentale et qui questionne par son
comportement de délinquance
142 : La relation n'a jamais été forte, le jeune s'est senti maltraité et incompris, non écouté
depuis la sixième, couple se considérant comme un relais et non comme des parents
145 : Couple souhaitant un seul enfant puis demande d'extension lors de la proposition de
trois, couple en position de réparation des problèmes avec leurs propres enfants biologiques,
adolescentes en difficultés, remise du petit puis des deux autres, nouvelle adoption simple
pour tout le monde, , dépression et conflit de couple
146 : Le couple parents de deux enfants biologiques a fait la demande pour un enfant, on leur
en a proposé trois, ils ont demandé une modification de l'agrément dans l'urgence
147 : Extension d'agrément à hauts risques
148 : couple en deuil ne pouvant être parent de cet enfant là
149 : Difficultés éducatives
151 : La greffe ne se fait pas
152 : souffrances en institution, changement de prénom déstabilisant, non préparation de
l'enfant à l'adoption, les parents attendaient un bébé, pas armés pour un enfant aussi grand
153 : parents dépassés mais enfant ayant eu plusieurs échecs de placement plus prise en
charge en psychiatrie
154 : enfant adopté par sa famille d'accueil, troubles du comportement
156 : Aucune analyse de la situation
157 : aucune analyse
158 : La mère adoptive possède des informations négatives sur la mère de l'enfant et pour elle
cet enfant en est la reproduction, rejet
159 : famille d'accueil ayant adopté l'enfant mais ayant une image négative de la famille
biologique et ayant l'idée d'une reproduction chez l'enfant
160 : Révélation d'abus sexuels, la situation d'adoption cristallise le rejet de l'enfant
161 : révélation d'agressions sexuelles
162 : Grande fragilité psychologique du couple, positions parentales inadéquates
163 : positions parentales inadéquates
164 : carences affectives de la petite enfance et vécu institutionnel lourd
165 : Enfant ne correspondant pas à l'image idéalisée de la mère, femme qui n'a pas fait le
deuil de l'enfant biologique
166 : parents s'étant coupés de toute aide, se sont focalisés sur les résultats scolaires,
problèmes de limites, trop d'enfants
167 : couple en mal d'enfant prêt à tout pour adopter
168 : jeune fille très blessée par son vécu de petite enfance, l'adoption ne correspond pas à sa
problématique
169 : Passé de l'enfant, trois enfants adoptés au lieu d'un
170 : Enfant n'ayant pas fait le deuil de sa mère biologique,refus de l'adoption, couple
fragilisé par risque de mort du père, réveil sentiment d'adoption
171 : jeune se mettant en danger sexuellement, couple refusant toute remise en cause et
analysant les faits en fonction du passé traumatique de leur fille
172 : Vécu enfance traumatisant, affiliation difficile de part et d'autres
173 : Adoption fondée sur des raisons charitables, de la reconnaissance est attendue de
l'enfant
175 : troubles du comportement, quête identitaire
176 : graves difficultés de santé liés à la toxicomanie de l'enfant, brûlures oesophagiennes;
mère hyper protectrice, père peu investi, les deux parents considèrent les difficultés
uniquement en lien avec la petite enfance
84
177 : parents qui ont déjà vu partir un enfant adopté à ses 18 ans, crainte d'un même rejet, fort
questionnement de cet adolescent sur sa légitimité dans cette famille
179 : mère toute puissante, pas de remise en question de ses positions
182 : échecs multiples, enfant auteur et victime d'agressions sexuelles en milieu protégé,
venant encore augmenter le rejet
183 : le jeune a été adopté en Polynésie, les parents connaissaient la famille d'origine, le père
souhaite être transparent sur le sujet, la mère est en difficultés pour l'aborder. La question de
l'adoption n'est pas centrale dans notre intervention, les demandes de l'enfant sont plutôt
culturelles mais ne souhaite pas voir sa famille d'origine
184 : Compétences maternelles présentes, pas de carences, souffrance liée sans doute à des
identifications parentales perturbées dans la prime enfance et adolescence
185 : petite enfance en parfaite adéquation aux demandes parentales, performances scolaires,
rupture à l'adolescence, opposition violente mettant à l'épreuve les attachements réciproques
186 : adoption non préparée, désir d'adoption relatif, enfant venant prendre la place du père
auprès de la mère
187 : Adoption par une femme célibataire, absence de référence masculine, madame est en
couple avec une autre femme
188 : père non demandeur de revoir son fils mais en souffrance, enfant accueilli chez une
tante et ne demande pas à revoir son père
208 : adoption certainement non réfléchie car explosion du couple dès l'arrivée de l'enfant. La
mère est partie en laissant le père et l'enfant, par la suite réconciliation du couple au départ de
l'enfant
209 : couple fusionnel ayant idéalisé l'arrivée de l'enfant, parents très agressifs à l'égard des
services de soins en les harcelant, néanmoins la situation évolue favorablement
210 : Abus sexuel par un frère adopté, d'où très grande culpabilité des parents
211 : parents déçus par l'adoption, mettant les difficultés de l'enfant sur des raisons génétiques
212 : jeune ayant un passé trop lourd de maltraitance, s'est suicidé
213 : Couple en désaccord depuis l'adoption amenant la séparation. Enfant adopté ayant des
troubles graves de la personnalité nécessitant une prise en charge spécialisée
214 : Mère en difficultés éducatives, en demande d'aide et de conseils
215 : enfant qui ne correspond pas aux attentes de la mère, séparation du couple dès le retour
en France, dissensions avec le père de plus en plus importantes, père rigide
216 : situation figée depuis le placement, fonctionnement rigide et procédurier des parents
qui exercent leur autorité contre l'intérêt de l'enfant en le privant de tout lien familial élargi
(soeur, grands-parents), pathologie familiale, enfant en situation d'abandon
217 : la crainte de la mère de frustrer son enfant l'empêche de dire non, les différences
d'appréciation des parents sur les critères éducatifs laissent au jeune une marge qu'il utilise
218 : Adoption intra-familiale imposée à un couple déjà chargé de famille et ayant des
difficultés avec ses propres enfants rejet des enfants imposés
219 : explosion de la cellule familiale, l'enfant adopté se sent responsable t accuse sa mère
d'être à l'origine de la déchéance du père, lui-même adopté
220 : enfant adopté sans préparation par une famille paternelle du Sénégal suite au décès de sa
mère avec qui il vivait, a voyagé seul pour rejoindre sa famille adoptive
223 : La situation est certes complexe et liée aux conditions de l'adoption, mais la réactivité et
la compétence de la famille ont permis à la jeune d'évoluer favorablement
224 : il s'agit plus de difficultés du couple parental à faire face à l'adolescence, pas de limites
adaptées, problème de cohérence parentale plus que d'adoption
225 : cette deuxième adoption est un échec total, les parents n'ont plus aucune demande si ce
n'est la révocation de l'adoption
85
226 : attitude parentale rigide et par trop réparatrice par le gommage mais aussi par la
psychiatrisation de la jeune. La remise en cause par une attitude d'écoute semble possible
227 : rejet complet des parents adoptifs qui entraîne une grande inquiétude quant au bien être
de l'enfant au sein de la famille. Dans l'attente d'un règlement juridique de la situation la mise
à distance était nécessaire avec la mise n place d'un accueil provisoire
228 : Le couple parental au moment de l'adolescence se trouve confronté au deuil de l'enfant
idéal et réparateur ce qui conduit à des difficultés de compréhension et des réponses
inadaptées
229 : La crise actuelle est le résultat de l'attitude parentale. Recherches d'aides extérieures
comme le psychiatre ou la mise en internat mais incapacité à accepter la différence
230 : Cette situation est indépendante de l'adoption, le jeune mettant en oeuvre des
mécanismes de défense pour ne pas être pris dans la spirale maternelle. Ce qui implique un
placement jusqu'à sa majorité avec soutien psychologique
231 : Les parents n'ont pas tenu compte des capacités de l'enfant lors de son arrivée, ont voulu
le traiter comme un bébé, d'où avec l'âge des conflits exacerbés par le refus de l'enfant de
comprendre ce qui s'est passé et de s'exprimer, fonctionnement parental assez rigide
232 : une incompréhension de la part des parents du vécu de l'enfant, opposé à toutes les
valeurs familiales. De la part de la mère des carences importantes dans la prise en charge de
l'enfant
233 : l'adoption de deux enfants d'une même fratrie a révélé un conflit de couple latent
235 : Difficultés éducatives et pathologie de ce couple nécessitant une mesure de protection
que les enfants soient adoptés ou non
237 : l'origine de l'adoption et les non-dits ont amené une incompréhension générant de la
violence et du rejet
238 : Adoptions tardives, multiples, et non respect de l'ordre de la fratrie
239 : Le projet parental n'est porté que par la mère, père n'ayant pas pris sa place, le
placement devrait permettre à chacun de se situer
240 : La ère adoptive voulait un enfant plus petit, cet enfant a été choisi par le père et imposé
à la mère. L'arrivée de l'enfant a coïncidé avec une nouvelle naissance, difficile à gérer pour la
mère
241 : Maltraitance du père, sentiment de discrimination de la fille du couple, mère protectrice
de son époux, père dans le déni. Sentiment d'isolement de l'enfant, enfant qui ne s'autorise pas
à aimer sa mère adoptive
242 : Maltraitance du père, discrimination suite à la naissance de la fille du couple. Mère
constate le comportement de son mari mais le protège, père dans le déni de sa violence
243 : l'adoption semble ne pas avoir été suffisamment préparée, tant du côté des parents que
des enfants alors que l'âge et le passé du jeune aurait nécessité un accompagnement fort
244 : Enfant en rupture avec ses parents adoptifs
245 : il s'agit de l'adoption de l'enfant du conjoint, situation ensuite connue par l'ase acr enfant
placé à la suite de difficultés
246 : Adoption tardive, décalage entre les attentes des parents et les possibilités de l'enfant
247 : rigidité et exigences de la mère créant d'importantes difficultés dans le couple et avec
l'enfant
248 : Problème d'adaptation entre mère et enfant, vécu très douloureux
249 : sur investissement de l'enfant biologique au détriment de l'enfant adopté, l'enfant adopté
ne correspond pas à l'enfant rêvé
250 : jeune en grande souffrance exprimant un fort sentiment d'abandon, de méfiance envers
la société, ayant peur de régresser et de ne pas se relever
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251 : jeune souffrant de maltraitances physiques depuis plusieurs années mais non détectées
souffrance de ne pas connaître son histoire personnelle mais n'est pas prêt à faire des
démarches
252 : jeune rejetée par sa mère qui subit de grandes violences physiques, jeune en demande
d'aide et de séparation de ses parents
253 : Enfant ne correspondant pas aux attentes de l'enfant dès l'arrivée, grandes difficultés
relationnelles enfant-parents
254 : jeune très dépressif qui a été investi dans le registre affectif par son père adoptif mais
non par sa mère qui est restée sur le registre professionnel d'assistante maternelle, sentiment
d'abandon de l'enfant, parents dépassés par les problèmes de l'enfant
255 : découverte à la majorité de son adoption ce qui a été dramatique, rupture des liens avec
les parents adoptifs
256 : Enfant très probablement arrachée à sa famille biologique sans aucune explication à
l'âge de six ans, confiée à une famille adoptive non préparée à l'accueil de cette enfant, d'où
échec inévitable
257 : Rejet de la jeune par sa famille adoptive à sa majorité, problèmes relationnels
258 : jeune ayant de grosses difficultés familiales liées en partie à son histoire, refuse toutes
contraintes de la part de ses parents, a besoin d'un cadre éducatif soutenu
259 : jeune qui a cherché et retrouvé sa famille biologique et n'a pas supporté la réalité de ce
qu'elle a trouvé
260 : Connaissance tardive par la jeune de son adoption difficultés éducatives en lien avec
l'âge de la jeune autour de la sexualité
261 : Femme célibataire ayant adopté quatre enfants par défi (oedipe non résolu), personnalité
psycho-rigide, trois enfants sont rejetés
262 : les manifestations symptomatiques de l'enfant ont fait écho à une problématique
maternelle non perçue à l'agrément, plus adoption tardive
263 : Couple ayant eu un refus d'agrément et ayant adopté de façon illégale, enfant mise en
place d'objet du désir maternel, jeune qui par le biais d'une grossesse tente d'échapper au
domicile maternel
264 : enfant ayant subi avant son adoption des négligences et agressions sexuelles graves
265 : Enfant souffrant de graves troubles psychiques avec aucun moyen de travailler son
histoire
266 : enfant ayant vécu de la maltraitance physique grave avant son adoption, parents ayant
des troubles les empêchant de nouer des liens structurants
268 : Difficultés au niveau relationnel
269 : Jeune ayant vécu son départ comme une rupture, les liens n'ont pas pu se créer
270 : Enfant issu d'une fratrie de jumeaux, au départ le couple ne voulait q'une fille, ont pris la
fratrie car l'autre enfant est une jumelle, grande souffrance du garçon sur le plan psychique, il
ne lui est répondu que sur le plan éducatif, pas d'affection
271 : enquête sociale montrant que le père et la mère ne connaissent pas les besoins d'un
enfant, et ne sont pas en mesure de mettre en place une relation affective équilibrée
272 : couple qui n'aurait jamais du avoir un agrément d'adoption
273 : jeune devenue mère elle-même et ayant des accès de violence, provoquant de la
violence chez son concubin, grande culpabilité , colère, dépression
274 : situation éducative difficile depuis plusieurs années, cependant le couple a voulu régler
seul ses difficultés, aujourd'hui le fils déplace les problèmes de comportement vers l'extérieur,
la fragilité de la famille est mise en lumière
277 : Les parents adoptifs souhaitaient avant tout un héritier, aujourd'hui ils souhaitent le
transformer en enfant idéal, l'enfant essaie de rentrer dans ce cadre mais n'y arrive pas. Le
père se montre violent psychologiquement et physiquement
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278 : famille confrontée à un enfant ime, sans informations préalables sur sa déficience
intellectuelle, ce n'était pas leur projet
280 : mère très exigeante vis-à-vis de sa fille
281 : parents dépassés par la pathologie de l'enfant, trisomique, épilepsie, régression, jalousie
et attaque d'une autre enfant fille trisomique adoptée, conflits avec les établissements
spécialisés
282 : Jeune suivi en aemo suite à une mesure de liberté surveillée nécessaire pour définir un
projet de formation et prévenir des actes de récidive délinquants, parents demandant de l'aide
283 : banalisation des problèmes de leur fille et mise en cause du travail des professionnels
284 : Jeune qui se met en situation risquée (vols, addictions) parents ayant adopté trois enfants
d'un seul coup et en situation d'échecs répétés, rappelant à monsieur sa situation d'ex adopté
285 : la séparation de l'enfant a entraîné d la souffrance chez l'enfant, désaccord important
entre le père et la mère et les grands- parents maternels qui ont pris une place importante
pendant la maladie de la mère
286 : parents désemparés, enfant ayant pris le pouvoir à la maison, il se met en danger,
déscolarisé, a besoin de soins qu'il refuse
287 : famille non réellement accompagnée pour l'intégration de l'enfant par l'OAA; un
accompagnement va être fait maintenant par le service
288 : ordonnance de placement provisoire du jeune, querelle intra familiale parents-grands
parents pour ce jeune choyé comme l'élu
289 : Idéalisation puis désillusion par rapport aux valeurs enseignées, les parents ne relient
pas les problèmes à l'adoption mais plus généralement au contexte d'adolescence
291 : nécessité de s'interroger sur l'âge de l'enfant au moment de l'adoption, enfant qui avait
un vécu lourd, couple qui a manqué d'aide et a fait appel trop tard
292 : Déni des difficultés liées à l'adoption, celles-ci sont davantage mises sur le compte de
l'adolescence par les parents. Jeune ayant commis des faits de délinquance graves, ayant
demandé son accueil depuis plusieurs années, communication parents-enfant difficile voire
violentes, enfant qui teste aussi l'attachement des ses parents
293 : Difficultés relationnelles dues au passé de l'enfant et à une adoption tardive
294 : Fragilité psychologique de la mère adoptive ne permettant pas l'autonomie progressive
de l'enfant en rapport avec son âge
295 : Difficultés repérées par les parents dès le début de l'adoption, réponses inadaptées des
parents, l'ado a besoin de s'opposer
296 : réponses inadaptées (enfermement de l'enfant) situation explosive due aux actes posés
par l'adolescente, parents se présentant comme victimes
297 : Enfant en souffrance suite à plusieurs traumatismes : abandon, orphelinat, 2e abandon
de sa mère adoptive, arrivée d'une belle mère, naissance d'une soeur, rejet par tous
299 : échec de l'adoption du deuxième enfant, parents trop fragilisés du fait de problèmes de
santé pour réussir cet accueil
300 : Cette jeune d'origine maghrébine s'est toujours sentie différente de ses parents adoptifs
(couleur de la peau). Les parents ont modifié les prénoms de naissance, refus de la jeune
aujourd'hui de ce changement
301 : Enfant qui ne correspond pas à l'image de l'enfant idéal
304 : Absence de communication avec les parents, silences de la jeune perçus comme un rejet
de la famille, jeune dépressive, rigidité parentale, incompréhension mutuelle
306 : Mère très stressée à l'accueil de l'enfant, père peu présent même s'il ne se désintéresse
pas de sa fille, parents qui ne perçoivent pas vraiment les difficultés mais acceptent d'être
aidés
307 : jeune qui ne comprend pas cette adoption, ni pourquoi elle a été mise en place en intrafamilial, le père adoptif est du pays
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309 : Couple en procédure de divorce, le père demande à être déchargé de l'autorité et
l'annulation de la kafala, enfant pris dans ce contexte
310 : enfant ayant perdu ses deux mères
311 : adolescent en mal être psychique et pris dans le conflit parental
312 : adolescente dans une relation très conflictuelle avec sa mère
313 : situation très fusionnelle, pas de tiers paternel, absence quasi totale d'éléments sur les
origines de la jeune, difficultés psychologiques de la mère, difficultés de la jeune pour
s'autonomiser
314 : Adolescent en difficultés du fait des ruptures successives vécues dans son passé,
insécurité, peur du rejet et du jugement
316 : Adoption non préparée et réalisée à l'étranger sans aucun soutien, décalage entre l'enfant
rêvé et cet enfant avec handicap
317 : seul enfant adopté d'une fratrie de quatre enfants biologiques, le père est en arrêt de
travail depuis des années, le fils supporte mal cette situation
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