Il est vraisemblable que les symptômes soient à différencier selon le
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Il est vraisemblable que les symptômes soient à différencier selon le
RECHERCHE SUR LES ENFANTS ADOPTÉS EN DIFFICULTÉS Approche par questionnaires Volume 1- 2005 Catherine SELLENET Professeur des universités en sciences de l’éducation Directrice du centre de recherches éducation – culture Recherche commandée au CREC par la Direction Générale de l’Action Sociale du Ministère des affaires sociales, du travail et de la solidarité 1 2 INTRODUCTION L’importance actuelle de l’adoption................................................. La pertinence de la recherche sur l’adoption................................... - L’état des savoirs ........................................................................ - La démarche méthodologique..................................................... - L’impact du recueil des données ................................................ - À propos de la terminologie........................................................ 5 10 11 17 18 19 CHAPITRE 1 – PROFİL DES ENFANTS ADOPTÉS EN DIFFICULTES ...................................................................... 20 - Une plus grande vulnérabilité des garçons ................................ L’origine géographique des enfants ........................................... L’âge est-il un facteur discriminant ?......................................... Le parcours des enfants en difficultés......................................... La rencontre avec une nouvelle famille...................................... Enfant aîné ou enfant unique, une place à risques ? .................. 21 22 24 27 28 29 CHAPITRE 2 – SYMPTOMATOLOGİE OBSERVÉE... 33 - Dater l’émergence des difficultés ............................................... 35 L’adolescence, période à hauts risques...................................... 37 Qualifier les symptômes.............................................................. 40 Symptomatologie différentielle selon la culture, selon le sexe .. 41 Symptomatologie différentielle selon la structure de la famille ? 42 La violence au quotidien............................................................. 43 Réactions parentales et fragilisation du couple ......................... 45 L’enfant acteur dans l’adoption ................................................. 48 Le rejet de l’adoption touche les adoptions précoces comme les adoptions tardives........................................................................................ 48 La recherche des origines préoccupe un enfant sur deux .......... 48 3 CHAPITRE 3 – LES MODES D’İNTERVENTİON ET L’ANALYSE DES İNTERVENANTS ................................ 53 - Une demande d’aide fluctuante........................................ - Une analyse pessimiste ............................................................... - La judiciarisation relative de l’intervention............................... - Le placement comme recours principal mais non définitif......... - Les théories implicites dans l’analyse ........................................ 56 58 60 60 CHAPITRE 4 – MİSE EN DÉBAT DE QUELQUES PRÉSUPPOSÉS..................................................................... 64 - Différencier favorise-t-il la stigmatisation ? .............................. Un enfant toujours autre............................................................. De la pensée unique aux théories multiples................................ 65 66 67 Annexe .................................................................................................... 75 4 İNTRODUCTİON L’importance actuelle de l’adoption en France En chiffres Bien que mineur et non comparable s’agissant d’enfants de tous âges, l’impact de la population des enfants adoptés en France s’inscrit de fait dans la politique de la famille en s’ajoutant aux naissances enregistrées chaque année1. L’adoption d’enfants étrangers se développe surtout depuis 1990, 3 000 enfants étrangers en moyenne sont adoptés chaque année en France. Au total, 33 000 enfants d’origine étrangère ont été adoptés par des familles françaises au cours des quinze dernières années. En 2003, l’année choisie pour notre étude, l’adoption internationale a permis l’arrivée de 3995 enfants, un peu plus que l’année 2002 avec 3803 enfants, et l’année 2001 avec 3094. Majoritairement, ces adoptions se font sans intermédiaires agréés (65,84%), les organismes d’adoptions n’étant présents que dans un tiers des cas (34,16%), même si 40 organismes sont référencés. Les deux organismes les plus actifs restent « médecins du monde » et le « rayon de soleil de l’enfant de l’étranger ». L’Amérique représente 29,46% des adoptions, l’Europe 25,85%, l’Afrique 25,06% et l’Asie 19,63%. Adopter à l’étranger, sans l’intermédiaire d’organismes agréés comporte de fait des risques : des risques sur la légalité de l’adoption, des risques concernant 1 DOCUMENTS, TRAVAUX ET COMMENTAIRES RECHERCHES ET PRÉVISIONS N° 67- 2002 93 5 l’absence de renseignements sur la santé de l’enfant, sa préparation à l’adoption, ses conditions de recueil et de vie. Mais ce qui est sans doute le plus notable dans l’adoption étrangère, c’est la grande variété des âges des enfants adoptés : les enfants âgés de moins de six mois représentent 16,6% de l’effectif, les 6-12 mois 17,24%, les 1-2 ans 18,22%, les 2-3 ans 11,57, les 3-4 ans 9,9%, les 4-5 ans 7,6%, les 5-7 ans 9,9% et les plus de 7 ans 8,7%. Ce qui en France, serait considéré comme une adoption tardive (au-delà de deux ans) constitue donc 48% de l’effectif. 6 Seuls quelques pays étaient au départ concernés par la circulation des enfants, mais très vite le nombre s’est accru et aujourd’hui pas moins de 72 pays pratiquent l’adoption internationale. L’adoption d’enfants français est moindre : nous comptons en 2003, 1150 enfants adoptés pour 3340 enfants adoptables, un écart qui s’explique fort bien si nous admettons que l’adoption n’est pas une fin en soi et que tous les enfants ne sont pas adoptables. Le taux des adoptions des enfants français de moins de deux ans est environ de 62%, il est de 52% pour l’adoption étrangère. A l’inverse, évalué en France à 17% pour les enfants âgés de deux à six ans, il est de 38,9% pour les enfants étrangers de 2-7 ans, et de 8,7% pour les enfants de plus de sept ans. Force est de constater que l’adoption étrangère privilégie les enfants grands, ce sont donc des enfants très souvent conscients de leur histoire et détenteurs d’une culture acquise, qui arrivent en France pour une nouvelle vie. Au total, 5145 enfants sont donc concernés pour l’année 2003 par une adoption. Si nous considérons que pour la même année, la France a enregistré 796 900.naissances, la population adoptive par année (indépendamment de l’âge d’arrivée des enfants) représente 0,6% ; 7 La répartition des enfants adoptés sur le territoire est loin d’être homogène. Certains départements sont plus que d’autres sollicités pour les agréments et les accompagnements. Le fait que la Nièvre avec quatre adoptions par an ait signalé ne pas avoir de problèmes n’est pas une surprise, que la Loire Atlantique, le Maine et Loire, l’Ile et Vilaine soient plus investis dans cette recherche, compte tenu de leur fort taux d’adoption, s’explique également par la force du nombre. Un problème ne devient réellement visible que par sa répétition, et le nombre est un facteur non négligeable de visibilité. Répartition des visas d'adoption en 2003 Pas-de-Calais 82 Nord 116 Somme 67 15 6 Seine-Maritime Ardennes 6 Oise 32 Val-d’Oise 4 Calvados Eure Moselle 55 25 Meuse Seine-St-Denis Marne 33 98 31 18 45 Bas-Rhin Val-de-Marne Orne 35 Meurthe-et-Moselle Yvelines 106 11 Seine-et-Marne 61 25 58 11 Côtes-d'Armor Essonne 55 Mayenne 4 Finistère Eure-et-Loir Aube Vosges 25 34 Ille-et-Vilaine Haute-Marne 28 12 33 Haut-Rhin 60 Sarthe Loiret 56 Yonne Morbihan 63 Haute-Saône 18 6 Loir-et-Cher Territoire-de-Belfort 112 Maine-et-Loire 18 Côte-d’Or 9 44 45 Loire-Atlantique 96 4 Indre-et-Loire Doubs Cher Nièvre Aisne 28 Manche 21 9 Indre Vendée 32 Vienne 44 Deux-Sèvres 19 23 Dordogne Aveyron Lozère Gers Pyrénées-Atlantiques 77 26 Tarn 46 28 Hérault Haute-Garonne 6 Aude 27 32 28 Drôme 14 Hautes-Alpes Alpes-de-Haute-Provence 51 63 6 Gard Vaucluse Alpes-Maritimes 92 Bouches-du-Rhône 28 7 Pyrénées-Orientales (21) (17) (20) (17) (21) Savoie Isère Var 15 6 Hautes-Pyrénées Ariège 58 Haute-Savoie 78 Ardèche 5 Tarn-et-Garonne 16 48 58 à 211 34 à 58 25 à 34 13 à 25 2 à 13 CantalHaute-loire Lot 12 Lot-et-Garonne Landes 55 10 13 21 Ain 84 Loire Rhône Puy-de-Dôme 14 Gironde 32 38 Corrèze 25 72 8 18 Charente 20 Jura 35 Creuse Charente-Maritime Haute-Vienne 53 25 Saône-et-Loire Allier 14 Haute-Corse 8 2 Corse-du-Sud 8 À titre d’exemple, la Loire Atlantique, nous a signalé 36 situations que nous avons pu saisir2, le Maine et Loire a recensé 14 situations, l’Île et Vilaine participe à cette recherche avec 22 situations. Au total, 54 départements ont répondu (voir carte ci-dessous), dont 48 avec des enfants adoptés en difficultés. Il est dommage que des départements, à fort taux d’adoption, comme le Finistère, le Morbihan, le Nord, Paris…et autres n’aient pu se mobiliser pour répondre aux questionnaires. Sur 54 départements, 317 situations ont donc été analysées soit six situations en moyenne par département. Si l’on extrapole très grossièrement à l’ensemble du territoire, le chiffre approximatif de 600 enfants pourrait être avancé. Ce chiffre hypothétique n’a pas pour nous pas de valeur statistique. La fâcheuse tendance qui consiste à mesurer l’intérêt d’un problème en fonction de sa valeur numérique, ne fait pas partie de nos postulats. 317 parents et enfants, en situation de souffrance, c’est déjà beaucoup et suffisant pour interroger les mécanismes d’intégration et d’aide qu’une société met en œuvre pour aider les familles. 2 Un certain nombre de situations ont été éliminées du corpus faute de précisions suffisantes (une dizaine). 9 - La pertinence de la recherche sur l’adoption Enfants adoptés en difficultés Pas-de-Calais Nord Somme Aisne Seine-Maritime Ardennes Oise Calvados Val-d’Oise Eure Marne Seine-et-Marne Yvelines Orne Aube Eure-et-Loir Mayenne Ille-et-Vilaine Sarthe Loiret Morbihan Vosges Haute-Marne Haut-Rhin Haute-Saône Yonne Loir-et-Cher Maine-et-Loire Loire-Atlantique Indre-et-Loire Deux-Sèvres Vendée Territoire-de-Belfort Côte-d’Or Cher Doubs Nièvre Indre Saône-et-Loire Jura Vienne Allier Ain Creuse Charente-Maritime Haute-Vienne Haute-Savoie Puy-de-Dôme Charente Rhône Loire Corrèze Haute-Loire Cantal Dordogne Gironde Lot-et-Garonne Aveyron Alpes-de-Haute-Provence Gard Tarn Hérault Haute-Garonne Pyrénées-Atlantiques Hautes-Pyrénées Hautes-Alpes Drôme Lozère Tarn-et-Garonne Gers Savoie Isère Ardèche Lot Landes Bas-Rhin Meurthe-et-Moselle Essonne Côtes-d'Armor Finistère Moselle Meuse Vaucluse Alpes-Maritimes Bouches-du-Rhône Var Aude Ariège Pyrénées-Orientales Haute-Corse Corse-du-Sud Réponses départements Enfants en difficultés Départements avec enfants en difficultés Départements sans enfants en difficultés repérés Départements n'ayant pas répondu 10 (48) (6) (42) Cette recherche, dans sa conception, a une valeur exploratoire. Elle s’ouvre au moment même ou d’autres pays interrogent eux aussi l’adoption dans son processus et son devenir. La Belgique, le Canada…rencontrent les mêmes questions que la France, et sont alertés par des situations problématiques. La Belgique a tenu son premier colloque sur ce thème en février 2005 avant de légiférer à nouveau sur les procédures d’agrément et de suivi. Combien y a t il finalement d’enfants adoptés en difficultés3 ? Nul aujourd’hui ne peut répondre à cette question, mais nous pouvons, à partir d’un corpus constitué, interroger les mécanismes, les facteurs, qui interviennent dans l’émergence de ces difficultés. Qu’en savent les départements, de quels moyens et de quelles analyses se dotent les professionnels de l’enfance, telles sont les autres questions que nous nous poserons, sachant que cette recherche comportera plusieurs volets et plusieurs modes d’investigations sur lesquels nous reviendrons. Ouvrir une recherche sur les adoptions ne se fait pas sans prendre en compte les connaissances acquises. Nous devons à Oulette et Belleau, chercheurs du Québec, une première tentative de recension des écrits sur le sujet. Leur compte-rendu, dans ces grandes lignes, nous servira de guide pour définir les points majeurs de la problématique d’adoption. - L’état des savoirs « Dans la majorité des cas, il apparaît que le développement des enfants adoptés à l’étranger et leur adaptation à leur nouveau milieu se soldent positivement, de sorte que l’adoption internationale ne saurait être définie comme un problème social ». C'est en ces termes que Françoise – romaine Ouellette et Hélène Belleau introduisent en 1999 un rapport récapitulatif, écrit à partir d’une recension de diverses études4. Cette étude par son sérieux nous donne un bon aperçu de l’existant en matière de recherche sur l’adoption. Elle montre aussi combien la France est en ce domaine peu prolifique, les rares études produites 3 le S.H.I.P. (Service d’Hospitalisation Intersectoriel de Pédopsychiatrie), à Nantes : Parmi les 130 jeunes hospitalisés en 2003, 13 soit 10%, étaient des enfants adoptés. Rien à voir avec ce que l’on sait de la proportion d’enfants adoptés en France, à peine plus de 0,6% (chiffres de référence : nombre d’adoptions et nombre de naissances en 2003). . Mais le service psychiatrique du Professeur Rufo à la Timone en comptait environ un quart, dit-il dans « Oedipe toi-même»3; celui du Professeur Berger à Saint-Etienne en comptait 12,5% en 19973 ; l’école/collège d’Angreviers (Loire-Atlantique) qui accueille en internat à partir de 8 ans des enfants difficiles en compte 6% chaque année (une dizaine sur 160); la Fondation d’Auteuil en comptait 6 sur 21 dans une structure éducative créée pour les adolescents désocialisés et étudie aujourd’hui l’hypothèse d’un petit établissement spécialisé, compte tenu de la demande 4 Ouellette et Belleau : l’intégration familiale et sociale des enfants adoptés à l’étranger. Recension des écrits, avril 99. INRS culture et société. Québec 11 sur le devenir des enfants adoptés étant dispersées et sélectives malgré leur intérêt (Rude Antoine, terre des hommes 1992, 1995, Nabinger 1994 ; Ozoux Teffaine 1987. Halifax J., L’insertion sociale des enfants adoptés, résultats de l’enquête « Adoption internationale et insertion sociale», INED et Les amis des enfants du Monde, 2000, Paris, INED, Dossiers et Recherches, mai 2001, n° 98.). Que l'adoption des enfants étrangers ne soit pas un problème social n'interdit pas pour autant de se poser la question de leur intégration. Cette question se pose également pour les enfants français adoptés dans les premiers mois ou plus tardivement. Il importe aujourd'hui, de mieux comprendre ces situations qui se vivent plus douloureusement voire qui se concluent par un échec. Définir une politique préventive, visant à anticiper sur ces situations, où à les accompagner adéquatement, reste l’un des objectifs majeurs de nombreux pays aujourd’hui impliqués dans l’adoption. Une première démarche consiste, sans aucun doute, à capitaliser les savoirs. Quels sont les points d'accord entre les différentes études, quelles sont les oppositions et les zones d'ombre ? 1. L'adoption comme problématique de la différence Toutes les études recensées posent la problématique de la différence comme étant centrale dans toute adoption. La différence a le plus souvent été abordée sous l'angle de l'expérience personnelle de la perte et du deuil ; sous l'angle de la parenté et des origines ; enfin sous celui de l'identité ethnoculturelle. Depuis les premières lois modernes édictées sur l'adoption, la famille adoptive a été pensée comme devant entretenir un rapport de ressemblance ou d'identité avec la famille biologique. D'ailleurs, soulignent Ouellette et Belleau, « la forme légale qui a été privilégiée dans les pays d'Occident est celle de l'adoption plénière qui attribue à l'enfant une nouvelle famille et un nouvel acte de naissance, comme si la filiation antérieure n'avait jamais existé, et qui accorde aux adoptants un statut parental exclusif. » Si l'adoption se fait « l’écho, le miroir » de la norme familiale, il ne reste pas moins vrai que ce miroir peut-être déformant et enregistrer des différences. C'est sur ces différences que les chercheurs mettent l'accent : - l'expérience de la perte et du deuil : l'adoption implique une perte pour chacune des parties du triangle, parents de naissance - parents adoptifs et enfants adoptés. Pour les parents de naissance, c'est la perte d'un lien affectif, social, symbolique, la perte du statut parental. Pour les parents adoptifs, c'est souvent le deuil de la procréation, une blessure narcissique. Pour 12 l'enfant adopté, cette perte est aussi celle des premiers liens d'attachement et de la base de sécurité qu'ils confèrent à l'enfant pour son développement. Faut-il travailler sur ces différences ou les banaliser voire les oublier ? À ce niveau, les chercheurs se divisent. Les uns privilégient le « comme si », et valorisent les attitudes parentales gommant la spécificité de l'adoption. Les autres crient au déni, dénoncent les risques de colmatage et prônent le respect des différences. Le choix du prénom est un bon exemple de ces oppositions théoriques, entre ceux qui privilégient le choix d'un prénom par les parents adoptifs, comme signe d'une intégration filiative ; les autres se prononçant pour un maintien du prénom d'origine, signe de l'appartenance de l'enfant à une histoire antérieure. Ouellette et Belleau soulignent, à juste titre, « que le manque de soutiens institutionnalisés pour les parents adoptifs a certainement contribué à renforcer les stratégies de rejet de la différence. En effet, notre société ne leur propose pas de modèles, de normes et de sanctions sociales adaptées à leur situation spécifique et auxquels ils pourraient se référer dans l'exercice de leur rôle de parents. Ce rôle n'est pas défini autrement qu'en référence à celui de tous les autres parents, ce qui constitue une pression implicite à minimiser ou à banaliser la spécificité de la situation adoptive. » 2- l’importance du facteur âge Il est maintenant admis que les premières expériences de vie ont un impact durable et marquant sur le développement de l’enfant. Plus l’enfant est âgé, plus il a subi des déracinements, plus les chercheurs sont pessimistes sur le devenir de l'enfant. La plupart des études signalent une période sensible, située entre six mois et quatre ans. Ces enfants seraient plus vulnérables que d'autres lors de l'adoption. En effet, ils seraient conscients de la séparation sans être en mesure de la comprendre et de la verbaliser. Par exemple, dans l'étude néerlandaise d’Hoksbergen 1987, 24 % des enfants adoptés à moins de six mois ont manifesté un ou plusieurs problèmes, contre 77 % des enfants adoptés à deux ans et plus. L’étude française de terre des hommes (1992), qui s'est penchée sur les cas d'adoption d'enfants asiatiques, affirme que les enfants adoptés entre trois et quatre ans sont particulièrement vulnérables et présentent plus de problèmes eu égard à leur adaptation et à leur intégration dans la famille adoptive. Par comparaison ceux qui ont cinq ans et plus, s’adaptent progressivement mais sûrement selon cette étude. 13 La contradiction apparaît dans une autre étude, celle de Choulot et Brodier 1993, qui notent que les enfants âgés de cinq à six ans sont à hauts risques, car ils pourront difficilement oublier leur enfance. Pour les enfants plus âgés, séparés d'une figure d'attachement ou détachés d’un milieu socioculturel connu, l'expérience serait également traumatisante. Il importera donc d'analyser les différentes stratégies d'adaptation des adoptés en fonction de leur âge et de leur parcours antérieur, familial ou institutionnel. L'adoption tardive a particulièrement intéressé les chercheurs. Par exemple l’étude danoise de Rorbech 1990, effectuée sur un groupe de jeunes de 18 à 25 ans, montre que la majorité d'entre eux entretient de bonnes relations avec les parents adoptifs. Cependant une proportion de 20 à 25 % de ces jeunes adoptés n’a gardé aucun lien avec leurs parents, frères et soeurs. Les mêmes conclusions sont à l’oeuvre dans les études de Simon et Altstein 1991 : les enfants adoptés tardivement auraient une relation plus problématique avec leur famille. Ils seraient plus nombreux à exprimer une relation plus distante avec leurs parents. Ce bref aperçu montre combien il est difficile de trouver un accord entre les chercheurs. Si l'adoption précoce semble minorer les facteurs de risques, la délimitation d'un âge critique reste incertaine. Le facteur âge n'est pas le seul élément en cause. Le parcours de l'enfant est aussi important. Verhulst et alii 1992 montrent, à partir d’une étude sur 2148 adoptés, ayant vécu plus de quatre changements de services d'accueil, que 24 % des enfants ont été sévèrement négligés dans le passé, et que 31 % ont été abusés. Tous ont manifesté des troubles du comportement après leur adoption. La bataille des chiffres commence avec les études statistiques. Combien y a-t-il d'enfants adoptés en difficultés ? Chaque pays tente vainement d’estimer la demande de prise en charge nécessaire. 3- la question du chiffrage des enfants en difficultés Aux États-Unis, les enfants adoptés comptent pour 2 % de la population des enfants mais ils représentent entre 4 et 5 % des enfants dans les cliniques externes de santé mentale et entre 10 et 15 % des enfants des unités de soins résidentiels. Ces chiffres sont assez proches de ceux cités par les pédopsychiatres français, sur des échantillons restreints et à partir des lieux de consultation. 14 D'autres chercheurs, travaillant sur des populations ethniques homogènes, concluent à l'absence de différences. C'est le cas de l'étude d’Andresen 1992, qui démontre que la majorité d'un groupe de 150 enfants adoptés, coréens, ne se distingue pas d’un échantillon témoin d’enfants non adoptés. Lévy Shiff 1990, compare un groupe de 50 enfants israéliens adoptés à l'étranger, avec 50 enfants adoptés localement. Il ne distingue aucune différence entre les deux groupes d'enfants adoptés sur le plan de l'adaptation émotionnelle, scolaire et sociale À l'inverse, l'étude faite par Ames 1997 sur les enfants roumains, à partir du témoignage des parents adoptifs, évalue à 72 % les troubles du comportement présents chez les enfants adoptés, plus de trois ans après leur adoption. Les troubles du comportement cités seraient : des troubles de l’attention, une absence de sentiment de culpabilité, des vols, dépression, repli sur soi, problèmes d'apprentissage au niveau scolaire... Au-delà du risque de brosser un palmarès des pays, force est de constater que la nuance fait souvent défaut. Entre les études qui présentent un tableau idyllique, où tout serait rose et celles qui peignent la vie en noire, la mesure semble absente. L'accord se fait, par contre, sur l'existence d’une symptomatologie différentielle entre les garçons et les filles. Les garçons seraient sur représentés en ce qui concerne le syndrome de délinquance et sur l'échelle d’hyperactivité. Les filles présenteraient davantage des comportements schizoïdes et dépressifs. L’âge à l'adoption n'a pas été identifié comme pouvant être un prédicteur de l'adaptation à l'adolescence. Cependant, les études néerlandaises recensées par Hocksbergen 1997, relient la prévalence des problèmes de comportement à l'âge au moment de l'adoption. Au niveau scolaire, les résultats des différentes études sont totalement contradictoires. Certains auteurs affirment que les performances scolaires des adoptés sont normales, voire équivalentes ou supérieures à celles des enfants biologiques. D'autres (Verhulst, Hollande 1990) décèlent une plus grande proportion d'enfants adoptés (13,2 % contre 4,4 % pour les enfants non adoptés) inscrits dans les écoles spéciales. Dans l'enquête française de terre des hommes 1992, deux tiers des adoptés rencontrés avaient redoublé au moins une classe comparativement à 25 % dans la population générale. Mesure-t-on la même chose dans ces différentes enquêtes ? rien n’est moins sûr d’où une réelle disparité dans les points de vue énoncés. La constitution des corpus d’enfants, l’âge auquel on mesure leurs performances sont des facteurs importants qui rendent difficiles les comparaisons au sein d’un même pays, encore plus sur un plan international. 15 4 - la question des origines Le problème est tout aussi épineux en ce qui concerne le thème des origines. Pendant très longtemps l'adoption a été maintenue secrète. À partir des années 1970, un renversement se produit. La mise en garde des spécialistes sur les effets néfastes des secrets a contribué à populariser l'idée que chacun avait le droit de connaître ses origines. Ce mouvement, se retrouve en France mais aussi en Angleterre, en Ecosse, en Finlande, en Suède, en Israël... Le débat n’est pour autant pas clos et reste très actif tant d'un point de vue théorique que du côté des pratiques. Si certains professionnels évoquent presque systématiquement l’idée d'un retour sur les origines et anticipent sur la demande réelle, d'autres regrettent cette systématisation et en dénoncent les effets délétères, au niveau d'une fragilisation de l'adoption. À noter toute l’ambiguïté de ce terme « origines ». Pour les uns, ce terme fait référence aux parents biologiques et au passé de l'enfant. Pour les autres, il évoque un pays, une culture ou groupe ethno racial, et dans ce cas la question des origines familiales et sexuelles risque de rester voilée. L’enfant est né d’un pays, non de parents géniteurs. Dans l'étude de Trolley 1995, 73,5 % des parents disent avoir révélé très tôt à leurs enfants le fait qu'ils aient été adoptés et tous l’ont fait avant qu'ils n'atteignent l'âge de 5 ans. Dans ce consensus à peu près unanime, la voix de Neuberger 1995 est dissonante. Contrairement aux autres auteurs, Neuberger remet en question cette idée de révélation précoce. Il pense que « la greffe mythique » entre l'enfant et ses parents doit être effective, avant toute révélation. L’accord est plus net entre toutes les études pour dire que tous les enfants adoptés ne sont pas préoccupés par cette question des origines. Les chiffres donnés fluctuent entre 40 à 60 % de jeunes ne désirant pas d'informations sur leur passé. Les filles paraissent toujours plus sensibles à cette dimension de leur histoire. L'âge des adoptés influe considérablement sur cette volonté de recherche, et l'adolescence est citée comme une période de questionnement. Pour les uns, le questionnement est interprété comme une réaction saine de curiosité, pour d’autres comme une difficulté, le signe d’une mauvaise intégration. La non-curiosité, dans la même logique est pour les uns un déni de réalité, un refus pathologique de savoir, pour les autres un signe de bonne adaptation. On mesure dans ces différentes lectures opposées, tout le poids de l’idéologie et des a prioris de chacun sur ce que devrait être la bonne attitude. 16 5- la structure de la famille adoptive Le consensus n’est pas plus de mise pour savoir s’il existe des configurations familiales plus à risques que d’autres. Selon certaines études Les risques seraient plus élevés lorsque l'adopté est intégré dans une famille où il y a déjà des enfants plus âgés et plus jeunes que lui (kühl 1985). D'autres recherches démontrent à l'inverse que l'intégration initiale des jeunes adoptés serait facilitée par la présence d'autres enfants dans la famille. C'est la position de l'étude de terre des hommes 1992. Peu d'études se sont préoccupées de l’adoption des fratries. Pourtant cette situation n'est pas exceptionnelle, et mériterait une meilleure approche. 6- L’identité ethnique Dernier point mais non des moindres des recherches, la question de l’identité ethnique, sous jacente de l’adoption internationale. Selon l'âge de l'enfant au moment de son adoption, la question de son identité ethnique ou culturelle se révélera plus ou moins sensible dans la dynamique familiale. Derrière l'âge à l’adoption se profile la question de l’acculturation mais aussi des identifications. Le problème se pose surtout pour les enfants adoptés tardivement, du moins le pense-t-on, car ceux-ci ont déjà expérimenté des éléments de leur culture d'origine. Pour autant, la question nous semble également vraie pour les enfants étrangers adoptés précocement. Les enfants adoptés de l'étranger sont intégrés la plupart du temps dans une famille de couleur blanche, alors qu'ils sont « de couleur ». Qu'en est-il alors de leur identité de couleur dite aussi « identité raciale ». ? Cette liste des problèmes posés par l'adoption, que nous venons de dresser, est loin d'être exhaustive. Nous avons souhaité néanmoins balayer à grands traits ce champ de recherche pour montrer la fragmentation des savoirs à laquelle nous sommes confrontés. La recherche sur l'adoption est peu structurée mais dans tous les pays émerge un même questionnement sur les adoptions difficiles, non pour dénoncer l'adoption, non pour trouver des coupables mais pour tenter de prévenir les situations douloureuses. La recherche que nous allons présenter s'inscrit dans cette démarche exploratoire, avec ses limites mais aussi ses perspectives. - La démarche méthodologique La démarche méthodologique choisie est plurielle : 17 - par questionnaires auprès des départements (1er Volet de ce compte-rendu), à partir des situations connues des services de l’Aide Sociale à l’Enfance. Ce choix introduit un biais non négligeable dans le recueil des données. Ne sont ici traitées que les situations a priori les « plus graves », motivant l’intervention d’un travailleur social mandaté. Nous n’avons donc accès qu’à la partie « visible » de la demande d’aide, la plus criante, la plus urgente. L’approche et la lecture des résultats restent statistique, même si la quantification n’est pas l’objectif de cette étude. L’intérêt est plutôt de dégager des tendances, des similitudes d’un département à l’autre. Chaque département a donc recensé les situations connues, faisant l’objet d’une intervention au cours de l’année 2003 ; il s’agit d’un recensement de type « stock » et non « flux », certaines interventions sont donc plus anciennes que d’autres. - Par entretiens semi-directifs avec des parents adoptifs, volontaires pour témoigner de leur expérience, de leur parcours avec leur enfant (deuxième volume). Cette seconde approche est doublée de la lecture des dossiers anonymés des enfants les plus en difficultés, ceux pour lesquels on parle « d’échec d’adoption » dans la mesure où il y a rupture de tous les liens parents-enfants, que cette rupture provienne des parents, des enfants, voire des deux. L’approche est ici principalement clinique. En 1999, « l’échec » concernait 61 enfants qui vivaient une nouvelle rupture. Pour 2003, ces enfants sont au nombre de 57. Ils ne sont pas comptabilisés dans le corpus des 317 enfants inclus dans l’étude statistique. - La même méthode (entretiens et lecture de dossiers anonymes) a été utilisée dans un service d’urgence de pédo-psychiatrie, en amont d’une intervention de l’Aide Sociale à l’Enfance. - Enfin par une série de rencontres avec des départements-témoins, des représentants d’associations (EFA, OAA) et des lieux de soins, pour recenser les méthodes, les besoins, les propositions. - L’impact du recueil des données Toute approche suppose des choix non seulement théoriques mais aussi méthodologiques. Ce sont ces derniers qui posent le plus problème, dans la mesure où le chercheur doit souvent se plier aux particularités du terrain. Psychologue pendant dix années dans un service ASE et dans un service adoption, nous connaissions les limites d’une telle recherche in situ. La nonarticulation entre les services entraîne une dispersion des données, lourde à endiguer pour les 18 départements. Nous mesurons donc parfaitement la charge de travail que notre demande a générée et remercions d’autant plus chaleureusement les départements qui ont répondu. Tout questionnaire révèle des manques, des impensés, des dysfonctionnements, rendant difficile, pour les départements, le travail de recueil des données. Loin d’être un obstacle à l’analyse, les absences de réponses à certains items, sont aussi des pistes de travail à investiguer. Nous y reviendrons dans le troisième volet de ce rapport. - A propos de la terminologie Nommer ce qui pose problème, ce qui fait le cœur de la recherche, fut une autre étape. L’adoption a longtemps été présentée sous une forme idéalisée, heureuse, et sans souci venant abîmer l’image d’une belle rencontre. Le terme « d’échec d’adoption » a pu choquer des sensibilités, et nous le comprenons. Il n’a été employé que pour signifier l’absence de greffe ou la rupture annoncée comme définitive des liens créés. Pour les autres situations, nous avons préféré le terme « d’adoptions en difficultés » pour évoquer des demandes d’aide massives, des passages à l’acte, voire des menaces de rupture. La frontière entre les deux corpus est, nous ne l’ignorons pas, ténue, mobile. L’adoption est un mouvement, un processus, et rien ne peut présager de ses métamorphoses. L’étude que nous proposons n’est pas diachronique et ne préjuge pas des évolutions positives ou négatives possibles. Cette étude ne vise pas non plus à tout investiguer dans le détail (la santé des enfants à leur arrivée, leur intégration au fil des années, leurs sentiments…), toute chose qui serait d’ailleurs impossible à remplir, en termes de questionnaires par les départements. D’autres recherches feront, nous l’espérons, d’autres découvertes susceptibles de compléter le tableau. 19 CHAPITRE 1 – PROFIL DES ENFANTS ADOPTES EN DIFFICULTES Une plus grande vulnérabilité des garçons L’étude porte sur 317 enfants dont 52% de garçons et 48% de filles. Les enfants de sexe masculin sont donc sur représentés dans la population des enfants adoptés en difficultés, phénomène qui tient moins à l’adoption en tant que telle, au moment où elle se concrétise, qu’au facteur sexe. Age à l'adoption Sexe de l'enfant Non Moins de De 2 à 4 De 4 à 6 De 6 à 8 De 8 à 10De 10 à 1212 et plus TOTAL réponse 2 ans Non réponse 1 0 0 0 0 0 0 0 1 homme 4 39 35 37 21 20 8 1 165 femme 6 39 20 27 31 21 4 3 151 TOTAL 11 78 55 64 52 41 12 4 317 Toutes les études montrent en effet une vulnérabilité plus grande des garçons au niveau de l’intégration scolaire et sociale. La recherche internationale faite au Québec sur les enfants adoptés de 1985 à 2002 confirmait cette tendance sur 3600 enfants : « pour tous les groupes d’âge à l’adoption, il y a une différence statistiquement significative en désavantage des garçons. Cette différence n’est pas liée au pays d’origine, ni à l’âge des enfants ni à la durée de leur adoption…mais les garçons développent une relation moins sécurisée que les filles, à leurs parents adoptifs…Ils manifestent plus que les filles des comportements d’externalisation (troubles d’opposition et troubles de l’attention avec hyperactivité), ce qui était prévisible et qui correspond généralement à ce que l’on trouve dans les études sur la socialisation des enfants… »5 5 L’adoption internationale au Québec de 1985 à 2002 ; l’adaptation sociale des enfants nés à l’étranger et adoptés par les familles du Québec, équipe de recherche : Réjean, Larose, Moss, Nadeau…et le Secrétariat à l’adoption internationale du Québec. 20 Sexe de l'enfant 1 Non réponse homme femme 151 165 l’origine géographique des enfants Ces enfants, viennent de l’étranger à 74,8% et de France pour 24,9% d’entre eux. Si nous comparons ces chiffres à l’adoption en générale (77,6% d’enfants étrangers en 2003 contre 22,35% d’enfants français) un premier a priori se trouve mis à mal : les enfants étrangers ne sont pas plus à risques que les enfants français. Seul leur nombre les rend plus visibles. A l’inverse, on note une légère sur représentation d’enfants français dans notre échantillon. Nationalité d'origine Non réponse Nb. cit. Fréq. 1 0,3% enfant né en France 79 24,9% enfant né à l'étranger 237 74,8% TOTAL CIT. 317 100% Age à l'adoption Nationalité d'origine Non Moins de De 2 à 4 De 4 à 6 De 6 à 8 De 8 à 10De 10 à 1212 et plus TOTAL réponse 2 ans Non réponse 100% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100% enfant né en France 3,8% 31,6% 7,6% 19,0% 17,7% 13,9% 3,8% 2,5% 100% enfant né à l'étranger 3,0% 22,4% 20,7% 20,7% 16,0% 12,7% 3,8% 0,8% 100% TOTAL 3,5% 24,6% 17,4% 20,2% 16,4% 12,9% 3,8% 1,3% 100% Ces enfants français (au nombre de 79) ne sont pas seulement, comme on pourrait l’imaginer, des enfants adoptés tardivement, puisqu’un tiers d’entre eux (soit 25) ont été adoptés avant deux ans, le plus souvent dans les trois premiers mois. Il restera à comprendre le pourquoi de 21 leur présence au sein de l’Aide Sociale à l’enfance, ces enfants ayant bénéficié d’une adoption précoce minorant en principe les problèmes futurs. Les enfants étrangers, pour lesquels l’Aide Sociale à l’Enfance est intervenue, viennent de tous les pays, mais si nous comparons les données recueillis à l’origine globale des enfants étrangers adoptés, quelques hypothèses peuvent être émises. Les enfants en difficultés viennent prioritairement d’Amérique du Sud et sont sur représentés dans notre échantillon (37,1% contre 29,4% dans la population globale adoptée), ce qui n’est pas le cas des enfants des pays de l’Est (25,8% en population globale et à l’identique dans notre échantillon) ni des enfants venant d’Afrique (25,06% en population globale, 23,6% dans notre échantillon). Les enfants venant d’Asie (19,63% en population globale) sont peu présents dans notre échantillon (8,7%), ce qui pourrait indiquer une meilleure intégration de ces derniers. A noter également que pour l’Asie, peu d’adoptions s’effectuent après six ans, ce qui n’est pas le cas des autres pays. Nb. cit. Fréq. Asie 20 8,7% Amérique 85 37,1% Afrique 54 23,6% Pays de l'Est 59 25,8% Si étranger Maghreb TOTAL CIT. 11 4,8% 229 100% Age à l'adoption Moins de De 2 à 4 De 4 à 6 De 6 à 8 De 8 à 10De 10 à 1212 et plus TOTAL 2 ans ans Si étranger Asie 30,0% 25,0% 30,0% 10,0% 5,0% 0,0% 0,0% 100% Amérique 24,1% 19,3% 18,1% 19,3% 15,7% 2,4% 1,2% 100% Afrique 21,2% 23,1% 19,2% 17,3% 11,5% 7,7% 0,0% 100% 7,0% 22,8% 28,1% 19,3% 17,5% 5,3% 0,0% 100% Pays de l'Est Maghreb 81,8% 0,0% 9,1% 0,0% 0,0% 0,0% 9,1% 100% TOTAL 22,4% 20,6% 21,5% 17,0% 13,5% 4,0% 0,9% 100% L’âge est-il un facteur discriminant ? Les enfants adoptés ont préalablement vécu un abandon, or dans le recueil des données tout semble, pour les intervenants, commencer avec l’adoption. L’âge à l’abandon n’est pas considéré comme une donnée historiquement majeure de la vie des enfants, d’où le nombre important de non-réponses à cet item (35,6%). 22 Nb. cit. Fréq. Non réponse 113 35,6% Moins de 2 110 34,7% De 2 à 3 36 11,4% De 3 à 5 12 3,8% De 5 à 7 24 7,6% De 7 à 8 13 4,1% De 8 à 10 6 1,9% Age à l'abandon 10 et plus TOTAL CIT. 3 0,9% 317 100% Minimum = 0, Maximum = 10 Somme = 470 Moyenne = 2,30 Ecart-type = 2,78 L’âge à l’adoption est mieux connu et un premier constat s’impose : si nous considérons qu’une adoption est dite tardive au-delà des deux ans de l’enfant, nous pouvons constater que les moins de deux ans représentent 24,6% des enfants adoptés en difficultés. Comparés à la population globale (62% des adoptions françaises s’effectuent en deçà de deux ans, ainsi que 52% des adoptions étrangères) ces chiffres traduisent à la fois une meilleure intégration des enfants jeunes, mais aussi une vulnérabilité pour certains d’entre eux, malgré un contexte favorable. L’adoption précoce n’est donc pas une garantie absolue contre les aléas possibles, même si elle constitue à n’en pas douter un facteur limitant les risques. Nb. cit. Fréq. Non réponse 11 3,5% Moins de 2 ans 78 24,6% De 2 à 4 ans 55 17,4% De 4 à 6 64 20,2% De 6 à 8 52 16,4% De 8 à 10 41 12,9% De 10 à 12 12 3,8% Age à l'adoption 12 et plus TOTAL CIT. 4 1,3% 317 100% Minimum = 0, Maximum = 13 Somme = 1 324 Moyenne = 4,33 Ecart-type = 3,11 En comparant les deux populations (population globale adoptée et échantillon d’enfants en difficultés), nous pouvons noter que l’âge de l’adoption joue un rôle protecteur jusqu’à quatre ans, ensuite les enfants plus âgés sont sur représentés dans notre échantillon (exemple : enfants adoptés entre 4 et 7 ans = 27,4% dans la population globale adoptée contre 38% dans 23 la population en difficultés ; enfants adoptés après sept ans : 8,7% dans la population globale contre 18,5% dans l’échantillon) Le parcours des enfants en difficultés Là encore, l’adoption gomme l’histoire antérieure des enfants, leur parcours antérieur est peu interrogé par les services, ce qui prive les intervenants de la prise en compte des traumatismes vécus par les enfants, avant leur adoption. Les causes de l’abandon sont le plus souvent inconnues. Causes de l'abandon Nb. cit. Fréq. Non réponse 33 7,9% pauvreté 93 22,3% maladie des parents 13 3,1% désintérêt manifeste 56 13,4% prostitution 21 5,0% décès 37 8,9% causes inconnues 98 23,5% naissance cachée (style accouchement sous X) 29 7,0% autres 37 8,9% 417 100% TOTAL CIT. Dans 127 cas sur 317, les données sur l’état de l’enfant lors de son adoption manquent, ce qui ne signifie pas que l’enfant soit arrivé en France en parfait état de santé physique et psychique. Ces données nous semblent importantes à recueillir pour apprécier l’impact du passé sur le devenir de l’adoption. On ne peut imaginer qu’un enfant ayant un lourd passé de carences, de négligences ou de maltraitances puisse être investi comme n’importe quel enfant, sans une aide appropriée. Nous reviendrons sur ce point capital, surtout si nous considérons le fait que plus du tiers des réponses (34,4%) signale une problématique difficile dès l’arrivée de l’enfant, problématique qui ne s’est pas résolue avec le temps comme l’opinion publique l’espère aisément. Tout ne cicatrise pas dans la durée et certains enfants portent durablement les séquelles d’un vécu carentiel ou traumatique. Lorsque les données existent, elles signalent principalement des carences affectives, physiques voire des maltraitances, et le plus souvent un parcours institutionnel émaillé de ruptures : 24 Dossier enfant Non réponse Nb. cit. Fréq. 127 26,0% des carences affectives 95 19,5% des carences physiques 49 10,0% des maltraitances 54 11,1% des troubles du comportement 41 8,4% des retards d'apprentissage scolaire 31 6,4% des problèmes de santé 35 7,2% 6 1,2% un handicap physique un handicap mental autres TOTAL CIT. 4 0,8% 46 9,4% 488 100% exemples 264 : enfant ayant subi avant son adoption des négligences et des agressions sexuelles graves ; 265 : enfant souffrant de graves troubles psychiques avec aucun moyen de travailler son histoire totalement morcelée ; 266 : enfant ayant vécu de la maltraitance physique grave avant son adoption, parents ayant des troubles les empêchant de nouer des liens structurants. 49 : autisme, enfant non adoptable. 66 : cas trop lourd entraînant un rejet de l'adoption par tous. 67 : Handicap trop lourd, non-accordage de la mère. Nb. cit. Fréq. Non réponse 27 7,2% enfant vivant avec ses parents 56 15,0% enfant vivant dans sa famille élargie 25 6,7% 175 46,9% enfant vivant en famille d'accueil 68 18,2% autre 22 5,9% 373 100% Histoire de l'enfant enfant vivant en institution TOTAL CIT. La préparation à l’adoption n’est pas connue, ce qui ne préjuge pas de son existence, mais traduit plutôt une absence de questionnement de certains services sur cet élément. Or de nombreux témoignages d’enfants nous montrent que ceux-ci n’ont parfois pas compris qu’ils allaient être adoptés définitivement dans un autre pays. Certains départements évoquent spontanément cette non-préparation comme l’une des causes explicatives des difficultés rencontrées : 25 exemples 11 : Problèmes psychologiques pour cet enfant non averti de l'adoption, il est arrivé comme cela en France, le couple voulait un enfant de six ans au maximum, il voulait une adoption pour concrétiser leur famille recomposée. 12 : Cet enfant a été adopté à cinq mois, une adoption non préparée car programmée en période estivale. De plus cet enfant a été victime d'un viol à l'âge de cinq ans par un membre de la famille élargie, ce viol n’a pas été entendu par les parents. 69 : Enfant qui a vécu son adoption comme un rapt, il veut retourner dans son pays d'origine et retrouver sa mère, son père est décédé. Les relations avec le père adoptif se passent bien. 138 : adoption tardive, enfant manifestant de la peur, refus d'être touché. Dit qu'il n'a pas compris pourquoi il a quitté son pays, veut retrouver sa mère… Nb. cit. Fréq. Non réponse 15 4,7% oui 61 19,2% non 48 15,1% je ne sais pas 193 60,9% TOTAL CIT. 317 100% préparation à l'adoption Leur exil s’est effectué parfois seul (18%), parfois accompagné (52,7%), le taux de nonréponse étant de 29,3%. Le terme exil est ici volontairement employé pour marquer l’importance de la césure entre un « avant » et un « après ». Ce voyage des enfants d’un pays à l’autre nous est devenu habituel. En le banalisant, nous oublions la force des émotions qui y est associée. Thérèse Moro, en exergue du livre de Marie Rose Moro, enfants d’ici venus d’ailleurs6 nous le rappelle à juste titre : « Il serait faux de croire qu’on quitte son monde comme le capitaine lève l’ancre. Et, on le sait fort bien, il n’est pas donné à tout le monde d’avoir le pied marin : l’exil est une tempête, dans un bateau en mer, courageux est celui qui s’y expose, chanceux celui qui ne s’y noie pas. Pour se rétablir, il convient de jeter l’ancre dans quelque nouveau port »…à la condition de le trouver, de pouvoir l’investir. Reprenant un joli conte indien, Marie Rose Moro nous alerte sur les aléas de ce voyage. Dans l’exil dit-elle, « le corps se projette vers l’avant et le futur, mais et l’âme ? Elle suit, disent ces indiens qui lorsqu’ils chevauchent longtemps, font régulièrement des pauses car « l’âme chemine plus lentement et le corps- en avant- doit lui laisser le temps qu’elle puisse le rejoindre »…Dans la migration, le corps se propulse en avant, dehors, dans le nouveau monde, et l’âme derrière 6 Moro, M-R. Enfants d’ici venus d’ailleurs. Hachette littératures pluriel, 2004. 26 virevolte, avance puis s’arrête, suspend son mouvement, comme effrayée par la rencontre, puis reprend son chemin, elle doit suivre le corps. Parfois dans ce périple, elle s’égare. Dans ce mouvement reste un point fixe : le corps qui parfois souffre et se rebelle ». Cette image du corps et de l’âme, pas forcément synchrones dans le voyage, cette idée de l’âme qui peut s’égarer, du corps qui souffre et se rebelle, gardons les en mémoire pour comprendre la symptomatologie des enfants adoptés (chapitre 2). De nombreux enfants adoptés, français ou étranger, vivent à des degrés divers cet exil. Pour les enfants étrangers, le voyage a été bien réel, concret, mais pour les enfants français ou nés en France, l’exil peut être imaginaire et provoquer un sentiment tout aussi intense d’étrangeté comme le montre ce commentaire d’un intervenant : 12 : Cette jeune fille est née en France, elle est d’origine maghrébine et s'est toujours sentie différente de ses parents adoptifs. Elle a découvert les changements de prénoms à la lecture de son dossier. 220 : enfant adopté sans préparation par une famille paternelle du Sénégal suite au décès de sa mère avec qui il vivait, il a voyagé seul pour rejoindre sa famille adoptive et est arrivé terrorisé. Ces enfants, en route vers l’adoption, appartenaient le plus souvent à une fratrie, pour la moitié des situations connues. Nb. cit. Fréq. 77 24,3% oui 160 50,5% non 80 25,2% 317 100% Fratrie Non réponse TOTAL CIT. Que deviennent ces rapports de fratrie ? Les réponses sont encore plus floues mais beaucoup d’enfants (28,7%) font le voyage seul vers l’inconnu, en laissant derrière eux une partie de leur famille. D’autres se voient attribuer une parenté fictive (7 enfants de l’échantillon) avec un compagnon de l’orphelinat, frères de galère à défaut d’être frères utérins. Si oui, a-t-il été adopté Non réponse Nb. cit. Fréq. 134 42,3% seul 91 28,7% avec 1 frère ou 1 soeur 66 20,8% avec 2 frères ou soeurs 11 3,5% 8 2,5% avec 3 frères ou soeurs et plus adopté avec un autre enfant avec lequel il n'y a pas de lien biologique TOTAL CIT. 27 7 2,2% 317 100% La rencontre avec une nouvelle famille Dans notre échantillon, ces enfants vont retrouver des couples en attente d’enfant (43,2%) mais aussi des familles déjà constituées (30,3%) d’enfants biologiques ou d’enfants adoptés (12%), voire les deux (5,7%). Très peu d’enfants de notre échantillon rejoignent une femme seule (5%) ou une femme seule ayant déjà adopté (1,9%). Il est intéressant de comparer ces chiffres à l’étude de l’INED effectuée en 2002 dans les Yvelines, étude qui confirmait nos propres statistiques sur le département de Loire Atlantique. L’étude de l’INED de 2002 montre que 93% des demandes enregistrées dans les Yvelines sont celles d’un couple contre 7% émanant de célibataires. La moitié des candidats n’a pas d’enfants, 31% en avaient un seul et 19% plusieurs. Enfin l’INED concluait à une montée toute relative de l’adoption dite « humanitaire » en présence d’enfants légitimes, équivalente à environ 25% des demandes. Notre recherche auprès des familles en difficultés montre que le profil des adoptants reste majoritairement stable, ce qui annule d’emblée l’idée fréquemment émise d’une vulnérabilité plus grande des femmes seules. Les mères adoptives en situation de monoparentalité représentent 7% des candidates et 6,9% des mères en difficultés dans notre échantillon. De même, l’INED évoque 25% de demandes dites humanitaires, ce taux est de 20,6% dans notre échantillon. Au vu de ces chiffres, nous ne pouvons donc pas discriminer des configurations familiales plus à risques que d’autres, ni sur le plan de la structure, ni sur le plan des motivations. Situation des parents Non réponse Nb. cit. Fréq. 6 1,9% 137 43,2% 1 couple avec enfant(s) biologique(s) 96 30,3% 1 couple avec enfant(s) adopté(s) 38 12,0% 1 couple avec enfant adopté et biologique 18 5,7% 0 0,0% 1 couple sans enfant par un homme seul sans enfant par un homme seul avec enfants 0 0,0% par une femme seule sans enfant 16 5,0% par une femme seule avec enfants 6 1,9% 317 100% TOTAL CIT. 28 Motivations du couple Non réponse Nb. cit. Fréq. 9 2,5% former une famille 172 48,5% élargir la famille 101 28,5% 73 20,6% 355 100% des raisons dites humanitaires TOTAL CIT. Enfant aîné ou enfant unique, une place à risques ? Nb. cit. Place de l'enfant concerné Non réponse Fréq. 14 4,3% 136 42,1% de cadet 75 23,2% de benjamin 76 23,5% s'est intercalé dans une fratrie constituée 20 6,2% d'aîné est arrivé au moment où la mère adoptive attendait un enfant biologique TOTAL CIT. 2 0,6% 323 100% La place d’aîné voire très fréquemment d’enfant unique ne semble pas, par contre, de tout repos. L’enfant est-il alors investi du poids de tous les désirs ? Est-il porteur de la « parentalisation » de ses parents ? Fait-il « les frais » d’une parentalité qui se cherche et qui s’épuise dans des ajustements difficiles à trouver ? Inconfortable, la première place est la plus présente parmi les enfants en difficultés (42,1%), suivie à part égale des cadets et benjamins. Le non-respect de la hiérarchie de la fratrie concerne 20 enfants soit 6,2% et deux enfants adoptés ont été accueillis au moment où la mère adoptive apprenait une future naissance. Peu de départements sont actuellement sensibles au recueil des informations sur « l’enfant désiré » et pourtant cette piste nous semble féconde à creuser pour comprendre les décalages et les difficultés d’ajustements rencontrés lors du face à face parents-enfant. La procédure d’agrément tente le plus souvent de définir le champ des possibles des adoptants, avec l’idée que tout parent possède ses propres limites pour intégrer pleinement un enfant. Que deviennent ces garde-fous patiemment définis lors de l’adoption ? Sur 317 dossiers, 181 situations nous sont connues au niveau des désirs d’adoption. Dans 91 cas, le désir premier a été respecté mais dans 79 cas, le couple émet des réserves voire des regrets sur le projet d’adoption tel qu’il s’est concrétisé (11 cas non référencés). Faute de pouvoir refuser la proposition (par peur de ne pas avoir une nouvelle adoption, par culpabilité, par précipitation…), certains couples vont au-delà de ce qui avait été pensé. Est-ce un risque supplémentaire ? Nous pouvons le penser, au vu des analyses que font les départements : 29 Exemples : 270 : Ce jeune garçon est issu d'une fratrie de jumeaux, au départ le couple ne voulait q'une fille, ils ont pris la fratrie car l'autre enfant est une jumelle. Cette situation a créé une grande souffrance chez le garçon sur le plan psychique, il ne lui est répondu que sur le plan éducatif mais il ne reçoit pas de marques d'affection de la part de ses parents. Eléments de dossier initial Non réponse Nb. cit. Fréq. 136 36,2% ils voulaient une fille 52 13,8% ils voulaient un garçon 32 8,5% 4 1,1% ils voulaient un enfant plus petit 53 14,1% ils voulaient une fratrie 32 8,5% ils voulaient un seul enfant 46 12,2% ils voulaient un enfant plus grand ils voulaient des jumeaux ils voulaient un enfant d'un autre pays TOTAL CIT. 4 1,1% 17 4,5% 376 100% Ce désir a été Non réponse Nb. cit. Fréq. 139 43,8% respecté 99 31,2% non respecté (enfant plus grand ou plus petit, de sexe différent) 58 18,3% désir non respecté (deux enfants au lieu d'un) TOTAL CIT. 21 6,6% 317 100% 278 : famille confrontée à un enfant accueilli en IME, sans informations préalables sur sa déficience intellectuelle, ce n'était pas leur projet ; 131 : adoption réalisée très vite un peu sous pression, après le refus d'un autre enfant quatre mois plutôt; dysfonctionnement dans le couple ; 146 : Le couple parents de deux enfants biologiques a fait la demande pour un enfant, on leur en a proposé trois, ils ont demandé une modification de l'agrément dans l'urgence. 33 : difficultés relationnelles importantes, le couple souhaitait adopter un seul enfant jeune, on leur a proposé une fratrie dont cet enfant de 7 ans qui avait des troubles graves du comportement. Dans la majorité des cas, les enfants vont être adoptés plénièrement (à 93%), l’adoption simple peu utilisée en France ne concerne que 5% des enfants français et étrangers de notre 30 échantillon. Certaines de ces adoptions correspondent à des adoptions intra familiales comme en témoignent les exemples ci-dessous : exemples 307 : jeune qui ne comprend pas cette adoption, ni pourquoi elle a été mise en place en intrafamilial, le père adoptif est du même pays, le Sénégal. 10 : l'enfant adopté est le neveu de la mère adoptive, c’est une adoption simple et l’enfant est toujours en lien avec sa famille naturelle. type d'adoption? Nationalité d'origine Non adoption adoption TOTAL réponse simple plénière Non réponse 1 0 0 1 enfant né en France 1 3 75 79 enfant né à l'étranger 4 13 220 237 TOTAL 6 16 295 317 type d'adoption? Si étranger Non adoption adoption TOTAL réponse simple plénière Non réponse 2 4 82 88 Asie 0 1 19 20 Amérique 3 2 80 85 Afrique 0 4 50 54 Pays de l'Est 0 3 56 59 Maghreb 1 2 8 11 TOTAL 6 16 295 317 Des adoptions illégales Une situation de méconnaissance du statut juridique de l’enfant est notée, il s’agit d’une enfant ayant été adoptée illégalement : 263 : Couple ayant eu un refus d'agrément et ayant adopté de façon illégale, l’enfant est mise en place d'objet du désir maternel. Un autre enfant est arrivé chez un couple non agréé : 120 : enfant adopté après être arrivé illégalement en France, deux refus d'agréments d'adoption, pronostic pessimiste sur un éventuel retour de cet enfant chez ses parents adoptifs. 31 Faits saillants de notre étude : - confirmation de la plus grande vulnérabilité des garçons - les enfants étrangers adoptés ne seraient pas plus à risques, ni plus présents dans les enfants en difficultés - l’adoption précoce protège indéniablement mais néanmoins un tiers des enfants de notre échantillon adoptés avant deux ans présentent des difficultés - les enfants adoptés après quatre ans seraient plus vulnérables et sur représentés dans l’échantillon - un déficit de connaissances est repéré quant au parcours de l’enfant : son âge à l’abandon, son parcours institutionnel, son état de santé physique et mental…des données qui manquent et qui traduisent une prise en compte insuffisante de l’histoire antérieure de l’enfant dans l’analyse des problèmes - Contrairement aux idées préconçues, les adoptions dites humanitaires ou celles effectuées par des femmes célibataires ne sont pas plus à risques que d’autres, les enfants appartenant à ces configurations familiales ne sont pas sur représentés - La place d’enfant aîné voire d’enfant unique est une place sur exposée - On note un non-respect des agréments et de la définition du champ des possibles. De nombreux parents se trouvent en difficultés après avoir adopté un enfant voire plusieurs ne correspondant pas au vœu initial - On note quelques situations illégales présentes dans l’échantillon 32 CHAPITRE 2 – SYMPTOMATOLOGIE OBSERVEE - Dater l’émergence des difficultés C’est bien souvent tardivement que les services de l’Aide Sociale à l’Enfance apprennent l’existence d’une crise familiale. La problématique est dans plus de la moitié des cas très enkystée : plus du tiers des parents avouent connaître des difficultés depuis l’arrivée de l’enfant, d’autres (20%) depuis plus de cinq ans. Date des problèmes Non réponse depuis toujours, dès l'arrivée de l'enfant Nb. cit. Fréq. 25 7,9% 109 34,4% moins d'un an 36 11,4% de 2 à 5 ans 84 26,5% plus de 5 ans 63 19,9% TOTAL CIT. 317 100% Très logiquement, l’âge de l’adoption potentialise cette réponse. Ce sont les parents qui ont adoptés des enfants âgés de plus de quatre ans qui sont le plus immédiatement en difficultés dans la rencontre avec leur enfant. Le risque semble maximal entre quatre et 10 ans, ce qui devrait nous inciter à mettre en œuvre un accompagnement de ces familles. Lorsque l’adoption a été précoce, les problèmes sont plus récents, ils sont sans doute d’une autre nature, dans la mesure où une période « heureuse » a, à minima, marqué l’itinéraire de la famille. 33 Date des problèmes Non réponse depuis moins d'un de 2 à 5 ans plus de 5 toujours, an ans dès l'arrivée de l'enfant TOTAL Age à l'adoption Non réponse 4 0 1 3 3 11 Moins de 2 ans 9 9 15 22 23 78 De 2 à 4 6 17 7 19 6 55 De 4 à 6 2 28 4 13 17 64 De 6 à 8 3 27 2 12 8 52 De 8 à 10 0 22 3 11 5 41 De 10 à 12 1 5 3 3 0 12 12 et plus 0 1 1 1 1 4 25 109 36 84 63 317 TOTAL Ce sont les parents (46,4%) qui majoritairement sollicitent de l’aide, lorsque la justice (17,3%) ne s’en mêle pas déjà. L’école (17%) est également active dans le signalement des situations difficiles, et la famille élargie, le voisinage mais aussi le jeune lui-même (13%) participent à rendre visible la crise interne. Nb. cit. Fréq. 21 5,2% 188 46,4% 69 17,0% 4 1,0% la justice 70 17,3% autres (précisez) 53 13,1% 405 100% Qui est à l'origine de l'intervention Non réponse les parents qui ont demandé de l'aide l'école ou tout autre institution ayant signalé des membres de la famille élargie TOTAL CIT. Un tiers des situations ont fait l’objet d’un signalement pour « enfant en danger ». Ces signalements ont concerné à part égale (54 filles-54 garçons) les filles et les garçons, les enfants français comme les étrangers, mais parmi les enfants étrangers davantage les enfants des Pays de l’Est sans que nous puissions en donner une explication. Nb. cit. Fréq. 40 12,6% oui 108 34,1% non 169 53,3% TOTAL CIT. 317 100% Signalements avant intervention Non réponse 34 - L’adolescence, période à hauts risques Les demandes d’aide vont crescendo en fonction de l’âge de l’enfant, la préadolescence et l’adolescence concentrent tous les risques, que l’adoption ait été précoce ou tardive. S’agit-il d’une simple crise d’adolescence exacerbée par l’adoption, ou d’une problématique singulière propre au passé de l’enfant, à son adoption, à la dynamique des interactions… ? Chaque situation pose la question du sens de ce qui devient visible dans la crise. Pour plus de précisions, les 12-14 ans représentent 30,2% ; les 15-19ns sont à 34,5%. Age au moment de l'intervention Non réponse Moins de 2 De 2 à 4 Nb. cit. Fréq. 19 6,0% 6 1,9% 13 4,1% De 4 à 6 9 2,8% De 6 à 8 15 4,7% De 8 à 10 20 6,3% De 10 à 12 30 9,5% 12 et plus 205 64,7% TOTAL CIT. 317 100% Minimum = 0, Maximum = 19 Somme = 3 715 Moyenne = 12,47 Ecart-type = 4,26 Notons l’origine française de tous les enfants de moins de deux ans nécessitant une intervention précoce, ils sont au nombre de six dans l’effectif. Age au moment de l'intervention Moins de De 2 à 4 De 4 à 6 De 6 à 8 De 8 à 10De 10 à 1212 et plus TOTAL 2 Nationalité d'origine Non réponse 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% enfant né en France 100% 23,1% 22,2% 13,3% 0,0% 33,3% 26,3% 25,8% enfant né à l'étranger 0,0% 76,9% 77,8% 86,7% 100% 66,7% 73,7% 74,2% TOTAL 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% Dans le conflit qui s’énonce, le plus souvent un seul enfant est concerné et ce conflit oppose massivement la mère et l’enfant. Faut-il y voir là le résultat de la place singulière occupée par la mère adoptive ? le simple fait qu’elle soit en première ligne dans l’éducation des enfants ? que les attentes la concernant soient plus massives de la part des intervenants… ? 35 Combien d'enfant concernés Non réponse 1 seul enfant adopté la fratrie un enfant adopté et un enfant biologique TOTAL CIT. Nb. cit. Fréq. 15 4,7% 238 75,1% 60 18,9% 4 1,3% 317 100% Relation plus difficile avec un parent 33 33 Non réponse 18 père mère 104 fratrie tous 202 Garçons et filles sont rigoureusement d’accord pour nommer ce différend avec la mère, le sexe à ce niveau ne les discrimine pas. Le présupposé d’une « plus grande complicité des fils avec leurs mères » ne fonctionne à l’évidence pas. 36 Sexe de l'enfant x Relation plus difficile avec un parent 101 101 101 59 45 18 17 16 14 8 10 homme femme 0 1 Non réponse Non réponse père mère fratrie tous Lorsque des fratries sont concernées (18,9%), elles traduisent majoritairement la difficulté d’intégrer des adoptions multiples, surtout lorsque les parents ont cru pouvoir vaincre toutes les difficultés : Exemples 281 : Famille ayant deux enfants biologiques + 4 enfants adoptés dont deux trisomiques. 17 : Adoption de quatre enfants en même temps,faisant ressortir les failles des adultes, noninvestissement de la fonction parentale. - Qualifier les symptômes Quels sont les problèmes repérés Nb. cit. (rang 1) Fréq. Nb. cit. (rang 2) Fréq. Nb. cit. (rang 3) Fréq. Nb. cit. (rang 4) Fréq. Nb. cit. (somme) Fréq. Non réponse 22 6,9% 19 6,4% 44 15,9% 64 27,6% 22 (3,01) 2,2% problèmes éducatifs 77 24,3% 21 7,1% 21 7,6% 15 6,5% 134 (1,81) 13,5% problèmes affectifs de type fusion 17 5,4% 11 3,7% 4 1,4% 2 0,9% 34 (1,74) 3,4% problèmes affectifs de type rejet 57 18,0% 39 13,2% 20 7,2% 13 5,6% 129 (1,91) 13,0% incompréhension mutuelle 34 10,7% 50 16,9% 27 9,8% 14 6,0% 125 (2,17) 12,6% passages à l'acte de l'enfant 52 16,4% 55 18,6% 46 16,7% 26 11,2% 179 (2,26) 18,0% passages à l'acte des parents 10 3,2% 23 7,8% 26 9,4% 16 6,9% 75 (2,64) 7,6% 7 2,2% 29 9,8% 33 12,0% 17 7,3% 86 (2,70) 8,7% troubles dans les apprentissages 11 3,5% 13 4,4% 21 7,6% 12 5,2% 57 (2,60) 5,7% problèmes de couple (séparation, conflits) 16 5,0% 15 5,1% 15 5,4% 17 7,3% 63 (2,52) 6,3% pathologie de l'un des membres du couple 9 2,8% 6 2,0% 11 4,0% 11 4,7% 37 (2,65) 3,7% problème de racisme 0 0,0% 3 1,0% 1 0,4% 5 2,2% 9 (3,22) 0,9% autres (précisez) 5 1,6% 11 3,7% 7 2,5% 20 8,6% 43 (2,98) 4,3% 993 100% comportements asociaux de l'enfant TOTAL CIT. 317 295 276 232 Les passages à l’acte de l’enfant (18%) doublés de comportements asociaux (8,7%) sont une des marques de la symptomatologie observée par les intervenants. 37 Exemples : 53 : Passages à l'acte de l'enfant, refus de toutes les règles agressions 54 : enfant relevant du judiciaire, nombreuses agressions, refus des règles 11 : enfant en grandes difficultés psychologiques, non accessible à aucune forme d'aide, comportements déviants massifs 53 : refus des limites, passages à l'acte énormes 54 : enfant délinquant 56 : agressions à l'adolescence 58 : refus total de l'adoption avec agressions et troubles du comportement 59 : enfant dangereux, séjour de rupture envisagé, est en liberté surveillée 182 : échecs multiples, enfant auteur et victime d'agressions sexuelles en milieu protégé, venant encore augmenter le rejet Sont-ce ceux-ci qui génèrent les problèmes affectifs de type rejet (13%), l’incompréhension mutuelle (12,6%), ou l’inverse ? Il est bien difficile de répondre à cette question sans tomber d’emblée dans l’idéologie, les uns mettant au pilori les parents et justifiant les passages à l’acte de l’enfant comme une réponse aux comportements parentaux inadaptés ; les autres y voyant un rejet parental réactif dû aux excès de l’enfant. L’envie de désigner un « mauvais objet » est constante mais peu efficiente en termes de soins, et vu le délai entre l’émergence des problèmes et le temps de l’intervention, il paraît bien difficile de dire comment tout a commencé dans cette spirale où chacun est acteur. Rares sont les situations où une pathologie parentale est directement signalée comme étant l’une des causes des difficultés. Les passages à l’acte de l’enfant, quelles que soient leurs causes, sont majeurs mais principalement dans le registre de l’externalisation des difficultés : décrochage scolaire (16,8%), agressions (12,6%), fugues (12,3%), agitation (10,5%), addictions (autres 7,2%), vols (8,6%). Plus rares sont les comportements d’internalisation : repli (8,8%), dépression (8,4%), tentatives de suicide (4,2%). La confusion mentale est citée dans 4,8%. Peu d’enfants sont décrits comme stables (2,6%). 38 Nb. cit. Fréq. Non réponse 27 3,1% aucun, il vous semble stable 23 2,6% Symptômes de l'enfant vols 76 8,6% 109 12,3% repli 79 8,9% dépression 74 8,4% tentatives de suicide 37 4,2% absentéisme ou décrochage scolaire 148 16,8% agressions fugues 111 12,6% agitation 93 10,5% confusion mentale 42 4,8% autres (précisez) TOTAL CIT. 64 7,2% 883 100% Pour plus de précisions, 66 autres réponses ont également été enregistrées, elles donnent un aperçu de la gravité de la situation Valeurs addictions Agressions Nb. cit. 19 2 angoisses 4 anorexie et encoprésie jusqu'à 17 ans 1 auto-mutilations 3 comportements sexualisés exacerbés 5 contestation de tous les ordres 8 Handicap mental 5 délinquance 2 diarhées 1 difficultés relationnelles 3 dysharmonie psychotique 1 encoprésie 1 énurésie, évitement du regard 1 errances 1 fragilisée par le divorce 1 grande souffrance 1 hématomes sur le corps 1 hospitalisme, troubles de la communication 1 Mérecysme 1 nostalgie du pays 1 souffrance après l'abandon du plus jeune frère 1 souhait de quitter la famille adoptive 1 Violences sur la mère TOTAL 1 66 exemples 115 : adolescent qui se met gravement en danger, famille présente, soutenante mais désemparée 39 116 : adolescente se mettant en danger, cadre éducatif permissif mais présent et aimant, sentiment d'échec et incompréhension mutuelle. 212 : jeune ayant un passé trop lourd de maltraitance, s'est suicidé. Une symptomatologie différentielle selon la culture ? Symptômes de l'enfant Non réponse aucun, il vous semble stable vols fugues repli dépression tentatives de absentéisme agressions suicide décrochage scolaire agitation confusion mentale autres (addictions) TOTAL Nationalité d'origine Non réponse 100% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100% enfant né en France 2,2% 3,1% 13,3% 15,5% 7,1% 7,5% 5,3% 17,7% 12,4% 8,0% 3,5% 4,4% 100% enfant né à l'étranger 3,2% 2,4% 7,0% 11,3% 9,6% 8,7% 3,8% 16,5% 12,7% 11,4% 5,2% 8,2% 100% TOTAL 3,1% 2,6% 8,6% 12,3% 8,9% 8,4% 4,2% 16,8% 12,6% 10,5% 4,8% 7,2% 100% L’étude des symptômes selon la nationalité de l’enfant n’est pas inintéressante mais devrait être vérifiée sur un échantillon plus vaste. Existe-t-il, selon les cultures, des façons différentes d’exprimer des difficultés ? La clinique ethno psychiatrique part de ce postulat qui nous apparaît fécond. L’idée à retenir serait que les enfants ne développent pas n’importe quels symptômes, que ceux-ci sont en partie déterminés par l’origine, le sexe…et que ces données devraient être prises en compte dans une clinique fine, qui ne globalise pas tous les modes d’expression. Il semble que les enfants français manifestent davantage leur mal être par des vols et des fugues, alors que l’agitation, la confusion mentale, les addictions et le repli seraient plus considérables chez les enfants étrangers. Le décrochage scolaire, les agressions, se retrouvent dans les deux catégories d’enfants. Pour les enfants étrangers, si nous tentons d’affiner l’étude clinique, nous obtenons le tableau suivant : 40 Symptômes de l'enfant Non réponse aucun, il vous semble stable vols fugues repli dépression tentatives de absentéisme agressions suicide décrochage scolaire agitation confusion mentale autres (addictions) TOTAL Si étranger Non réponse 2,4% 3,2% 13,1% 15,1% 6,8% 7,6% 4,8% 17,9% 12,4% 8,0% 3,2% 5,6% 100% Asie 3,9% 3,9% 2,0% 7,8% 11,8% 11,8% 3,9% 13,7% 11,8% 13,7% 7,8% 7,8% 100% Amérique 2,9% 2,0% 8,6% 13,5% 11,0% 9,8% 3,7% 16,3% 13,9% 8,2% 3,7% 6,5% 100% Afrique 4,7% 1,3% 6,7% 11,4% 9,4% 8,7% 3,4% 18,8% 12,8% 12,1% 4,7% 6,0% 100% Pays de l'Est 3,3% 2,6% 5,9% 8,6% 9,2% 7,2% 3,3% 14,5% 11,8% 15,8% 6,6% 11,2% 100% Maghreb 0,0% 5,7% 5,7% 11,4% 2,9% 2,9% 11,4% 17,1% 8,6% 11,4% 11,4% 11,4% 100% TOTAL 3,1% 2,6% 8,6% 12,3% 8,9% 8,4% 4,2% 16,8% 12,6% 10,5% 4,8% 7,2% 100% Le décrochage scolaire et les agressions touchent tous les enfants (à un moindre degré les enfants du Maghreb - simple hypothèse sachant qu’ils ne sont que 11 dans l’échantillon-, plus dans le registre de la confusion mentale, des tentatives de suicide et des pratiques addictives). L’agitation serait plus massive chez les enfants des Pays de l’Est, alors que les phénomènes dépressifs apparaissent plus nettement chez les enfants venus d’Asie. Les enfants originaires d’Afrique ne s’écartent pas des moyennes, sauf peut-être sur le plan d’une légère pondération de l’agitation et du décrochage scolaire. Les enfants d’Amérique du Sud sont plus représentés dans les passages à l’acte de type fugues, mais aussi repli ou dépression, ils sont moins souvent décrits comme agités. Une symptomatologie différentielle selon les sexes Symptômes de l'enfant Non réponse aucun, il vous semble stable vols fugues repli dépression tentatives de absentéisme agressions suicide décrochage scolaire agitation confusion mentale autres TOTAL Sexe de l'enfant Non réponse 100% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100% homme 3,5% 2,5% 10,4% 11,4% 8,5% 7,9% 2,1% 16,8% 14,5% 11,6% 5,2% 5,6% 100% femme 2,3% 2,8% 6,5% 13,5% 9,5% 9,0% 6,8% 16,8% 10,3% 9,3% 4,3% 9,3% 100% TOTAL 3,1% 2,6% 8,6% 12,3% 8,9% 8,4% 4,2% 16,8% 12,6% 10,5% 4,8% 7,2% 100% 41 Plus évidente encore est la différence selon les sexes. Si les garçons sont plus dans le registre des passages à l’acte de type vols (10,4% contre 6,5% pour les filles), agressions (14,5%) ou agitation (11,6%) ; les filles sont plus dans le registre du repli (9,5%), de la dépression (9%), des tentatives de suicide (6,8%) ou des pratiques autres (9,3%), en l’occurrence des pratiques de scarifications. Garçons et filles présentent cependant le même décrochage scolaire, la même propension aux fugues, avec une majoration pour les filles en ce domaine. Ce tableau clinique est-il spécifique aux enfants adoptés ? Pour le dire, il faudrait comparer cet échantillon à la population des enfants accueillis à l’ASE, non adoptés. Indépendamment de cette question, notons cependant que ce qui est difficile pour les intervenants, c’est l’accumulation des symptômes chez un même enfant. Nous avons obtenu à cette question 887 réponses pour 317 enfants soit une moyenne de près de trois symptômes par enfant (2,8). Souvent multiples et explosifs, les symptômes laissent les intervenants comme les parents démunis dans les réponses à apporter. Une symptomatologie différentielle selon la structure de la famille ? Symptômes de l'enfant aucun, il vous semble stable vols fugues repli dépression tentatives de absentéisme agressions suicide scolaire agitation confusion mentale autres (précisez) TOTAL Situation des parents 1 couple sans enfant 3,2% 9,5% 12,7% 8,7% 8,5% 5,0% 17,0% 14,0% 9,5% 5,0% 7,0% 100% 1 couple avec enfant(s) biologique(s) 2,4% 7,5% 12,3% 9,9% 9,1% 3,6% 16,2% 11,9% 13,8% 5,9% 7,5% 100% 1 couple avec enfant(s) adopté(s) 1,0% 9,0% 13,0% 10,0% 10,0% 5,0% 20,0% 13,0% 11,0% 2,0% 6,0% 100% 1 couple avec enfant adopté et biologique 2,3% 11,6% 11,6% 11,6% 11,6% 4,7% 14,0% 9,3% 4,7% 7,0% 11,6% 100% par un homme seul sans enfant 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% par un homme seul avec enfants 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% par une femme seule sans enfant 2,3% 9,3% 16,3% 9,3% 2,3% 2,3% 18,6% 11,6% 14,0% 4,7% 9,3% 100% par une femme seule avec enfants 8,3% 0,0% 8,3% 0,0% 8,3% 0,0% 33,3% 16,7% 8,3% 0,0% 16,7% 100% TOTAL 2,7% 8,8% 12,7% 9,3% 8,7% 4,3% 17,3% 12,9% 10,9% 4,9% 7,5% 100% 42 Existe-t-il une symptomatologie différentielle selon la structure de la famille. Dans la logique d’une analyse systémique, on serait tenté de le penser. Le tableau ci-dessus laisse apparaître la spécificité des structures monoparentales avec enfant unique ou plusieurs enfants adoptés, en montrant un recours plus fréquent de l’enfant à la fugue (16,3%),à l’absentéisme scolaire (33,3%) aux agressions et à l’agitation. Le profil des enfants intégrant une famille constituée d’enfants biologiques et adoptés est plus marqué par le registre dépressif (repli 11,6%dépression 11,6%) et la confusion mentale (7%). L’agitation domine chez les enfants accueillis dans des familles avec enfants biologiques, par ailleurs dans la moyenne pour tous les autres symptômes. Enfin chez les enfants issus de familles exclusivement adoptives avec plusieurs enfants, le décrochage scolaire semble potentialisé ainsi que le registre dépressif. La violence au quotidien Devant ces symptômes les parents apparaissent démunis, ils le sont encore plus quand ils sont la cible même de l’agression. Les intervenants ont souligné l’existence de passages à l’acte de l’enfant sur ses parents dans 42,6% des cas. Maltraitance sur les parents Non réponse Nb. cit. Fréq. 28 8,8% oui 135 42,6% non 154 48,6% TOTAL CIT. 317 100% Les agressions sont le plus souvent verbales mais les agressions physiques existent aussi et génèrent de la peur, sentiment que nous avons retrouvé exprimé dans les entretiens (voir volume 2) Exemples 92 : Les parents ont peur de leur fils ainsi que pour leurs filles, nous constatons des agressions de la part du jeune. 93 : Rejet immédiat, le couple a peur des passages à l'acte de l'enfant 43 Nb. cit. Fréq. Non réponse 184 49,7% agressions verbales 124 33,5% 62 16,8% 370 100% Si oui, lesquelles? agressions physiques TOTAL CIT. Lorsque les agressions physiques existent, elles sont davantage le fait des garçons, le pourcentage est multiplié par 2. Si oui, lesquelles? Non réponse agressions verbales agressions physiques TOTAL Sexe de l'enfant Non réponse 100% 0,0% 0,0% 100% homme 43,8% 34,8% 21,4% 100% femme 56,5% 32,1% 11,3% 100% TOTAL 49,7% 33,5% 16,8% 100% Les agressions existent aussi du côté des parents. Pour 115 situations, soit un tiers des cas, les intervenants excluent un comportement maltraitant ou carentiel de la part des parents. Pour les deux tiers restant, la « maltraitance » est le plus souvent d’ordre psychologique (28%), physique (14,3%) ou dans le registre du retrait et du désintérêt (négligences 6,1% ; désintérêt 13,4%). Réactions parentales et fragilisation du couple Maltraitance sur l'enfant Non réponse maltraitance physique maltraitance psychologique maltraitance sexuelle Nb. cit. Fréq. 115 24,9% 66 14,3% 129 28,0% 6 1,3% carences graves 17 3,7% négligence 28 6,1% désintérêt 62 13,4% autres (précisez) 38 8,2% 461 100% TOTAL CIT. Sans rechercher une quelconque responsabilité, ce qui n’aurait aucun intérêt, notons plutôt l’importance de ce climat de violence réciproque dans la vie quotidienne, climat qui explique en grande partie les demandes de séparations. Si ces demandes émanent des adultes, elles émanent aussi des enfants comme nous le verrons ultérieurement. 44 Etat d'esprit du couple Non réponse Nb. cit. Fréq. 32 6,7% demande d'aide 159 33,2% rejet de l'enfant 101 21,1% perspectives d'un nouvel abandon mise à distance avec maintien des liens autres TOTAL CIT. 47 9,8% 117 24,4% 23 4,8% 479 100% Lorsque la demande d’aide existe, elle est souvent liée à une demande de mise à distance (24,4%) avec maintien des liens. L’adoption, dans ces situations, n’est pas encore remise en cause, mais pour près d’un tiers des cas cités nous sommes dans une problématique de rupture beaucoup plus grave (21% de rejet de l’enfant, 9,8% de perspectives d’abandon). Exemples 52 : enfant très abîmé, troubles du comportement massifs non supportés par les parents, couple qui divorce et qui demande un placement de l’enfant avec non-maintien des liens. 6 : Troubles du comportement de l'enfant et rejet des parents. 31 : Enfant qui fait l'objet d'un rejet massif, parents ayant déjà tenté de révoquer l'adoption. 34 : Couple divorcé, troubles du comportement de l’enfant et parents démunis, la belle-mère ne veut pas de l'enfant. 51 : Passages à l'acte massifs de l'enfant, incompréhension des parents et divorce du couple 52 : Enfant ayant des troubles sévères du comportement non supportés par la famille (encoprésie, problèmes de provocation sexuelle) couple qui divorce. 55 : Rejet par la famille, ils ne se manifestent même plus aux audiences, résultats scolaires très faibles mais enfant qui s'accroche. 309 : Couple en procédure de divorce, le père demande à être déchargé de l'autorité et l'annulation de la kafala, enfant pris dans ce contexte. Le couple parental ne sort généralement pas indemne de cette aventure, à la fois sur l’analyse de la situation où des divergences peuvent apparaître (48,9%), mais aussi sur des perspectives de séparation (24,3%) voire de divorces effectifs (17%). Quelle est la part jouée par l’adoption dans ce contexte ? Impossible de le dire, mais notons que pour l’enfant adopté, la perte des repères familiaux peut venir réactiver des pertes plus anciennes. Ajoutons cependant, que si nous nous en tenons au chiffre effectif des divorces (soit 17%), celui montre que les couples adoptifs sont plus stables que la moyenne, le taux actuel des divorces étant de 40% depuis 1995. 45 Exemple 79 : Enfant autiste avant l'adoption, la découverte de ce handicap et l’adoption ont exacerbé les problèmes du couple aujourd'hui séparé 213 : Couple en désaccord depuis l'adoption amenant la séparation. Enfant adopté ayant des troubles graves de la personnalité nécessitant une prise en charge spécialisée. 297 : Enfant en souffrance suite à plusieurs traumatismes : abandon, orphelinat, 2e abandon de sa mère adoptive, arrivée d'une belle-mère, naissance d'une soeur, rejet par tous. Nb. cit. Fréq. 58 18,3% oui 104 32,8% non 155 48,9% TOTAL CIT. 317 100% Couple en désaccord sur la situation Non réponse Nb. cit. Fréq. Non réponse 82 25,9% oui 77 24,3% non 158 49,8% TOTAL CIT. 317 100% Risque d'explosion du couple Nb. cit. Fréq. Non réponse 67 21,1% oui 54 17,0% non 196 61,8% TOTAL CIT. 317 100% Couple déjà en phase de séparation L’enfant acteur dans l’adoption Nous aurions tort de penser que l’enfant ne joue pas un rôle dans son adoption. Pour les enfants qui demandent à partir sans se retourner (sans maintien des liens 15,6% - retour au pays 5,1%), l’adoption a bel et bien été refusée assez précocement. L’adoption n’est pas la solution rêvée pour tous les enfants, certains la refusent et mettent en œuvre les conditions de la rupture. 46 Nb. cit. Que verbalise l'enfant Non réponse attachement aux parents adoptifs rejet de l'adoption ambivalence Fréq. 27 6,0% 105 23,5% 64 14,3% 106 23,7% attachement à sa famille élargie (grands-parents par exemple) 42 9,4% enfant exprimant peu de choses 75 16,8% autres (précisez) 28 6,3% 447 100% TOTAL CIT. exemples 45 : refus total de l'adoption, sentiment de racisme. 62 : refus de l'adoption par l'enfant, pas de liens créés, couple qui acceptera de maintenir des liens mais adoption non possible en raison du refus de l’enfant. 58 : Refus global de l'adoption, incompréhension totale, enfant qui se sent coréen et ne voulait pas quitter sa soeur restée dans son pays. Nb. cit. Fréq. Non réponse 27 7,6% à rester chez ses parents 53 15,0% Demande de l'enfant à vivre avec son père 9 2,5% à vivre avec sa mère 16 4,5% à vivre avec quelqu'un de la famille élargie 3 0,8% à partir en maintenant des liens 79 22,4% à partir sans maintien des liens 55 15,6% à retourner dans son pays 18 5,1% l'enfant ne demande rien 93 26,3% 353 100% TOTAL CIT. Le rejet de l’adoption touche les garçons comme les filles avec sans doute une plus grande force de rejet chez les garçons, moins enclins également à exprimer l’attachement. Par contre, les garçons semblent plus ancrés dans la famille élargie. Nous aurions pu penser que le rejet de l’adoption concernerait presque exclusivement les adoptions tardives, or force est de constater que ce n’est pas le cas. 47 Que verbalise l'enfant Non réponse attachement aux parents adoptifs rejet de l'adoption ambivalence attachement enfant à sa famille é exprimant largie (grand peu de s-parents pa choses r exemple) autres (précisez) TOTAL Sexe de l'enfant Non réponse 100% homme 8,3% 20,1% femme 3,2% 27,2% TOTAL 6,0% 23,5% 14,3% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100% 15,3% 24,5% 10,0% 13,4% 23,0% 8,8% 17,9% 3,9% 100% 15,7% 8,8% 23,7% 9,4% 16,8% 100% 6,3% 100% Le rejet de l’adoption est significativement plus élevé chez les enfants adoptés précocement (28,6%), ils sont aussi les moins nombreux à exprimer de l’attachement (14,3%). Les enfants adoptés après dix ans (25%) sont également sur représentés. 48 Que verbalise l'enfant Non réponse attachement aux parents adoptifs rejet de l'adoption ambivalence attachement enfant à sa famille é exprimant largie (grand peu de s-parents pa choses r exemple) autres (précisez) TOTAL Age au moment de l'intervention Non réponse 76,2% 9,5% 0,0% 4,8% 4,8% 4,8% 0,0% 100% Moins de 2 14,3% 14,3% 28,6% 14,3% 0,0% 28,6% 0,0% 100% De 2 à 4 0,0% 31,6% 10,5% 15,8% 10,5% 21,1% 10,5% 100% De 4 à 6 0,0% 23,1% 15,4% 23,1% 7,7% 30,8% 0,0% 100% De 6 à 8 0,0% 33,3% 9,5% 14,3% 14,3% 23,8% 4,8% 100% De 8 à 10 0,0% 25,0% 11,1% 22,2% 13,9% 25,0% 2,8% 100% De 10 à 12 0,0% 15,0% 25,0% 22,5% 7,5% 20,0% 10,0% 100% 12 et plus 3,4% 24,5% 14,5% 26,9% 9,3% 14,5% 6,9% 100% TOTAL 6,0% 23,5% 14,3% 23,7% 9,4% 16,8% 6,3% 100% L’origine de l’enfant ne différencie pas les situations, le rejet de l’adoption est identique chez les enfants français et étrangers. 49 Que verbalise l'enfant Non réponse attachement aux parents adoptifs rejet de l'adoption ambivalence attachement enfant à sa famille é exprimant largie (grand peu de s-parents pa choses r exemple) autres (précisez) TOTAL Nationalité d'origine Non réponse 100% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100% enfant né en France 2,8% 23,6% 14,2% 23,6% 9,4% 17,9% 8,5% 100% enfant né à l'étranger 6,8% 23,5% 14,4% 23,8% 9,4% 16,5% 5,6% 100% TOTAL 6,0% 23,5% 14,3% 23,7% 9,4% 16,8% 6,3% 100% ambivalence attachement enfant à sa famille é exprimant largie (grand peu de s-parents pa choses r exemple) autres (précisez) Que verbalise l'enfant Non réponse attachement aux parents adoptifs rejet de l'adoption TOTAL Si étranger Non réponse 3,4% 22,9% 14,4% 22,9% 8,5% 19,5% 8,5% 100% Asie 7,1% 21,4% 7,1% 28,6% 10,7% 25,0% 0,0% 100% 5,6% 21,6% 16,8% 20,0% 9,6% 19,2% 7,2% 100% 13,7% 19,2% 19,2% 26,0% 11,0% 9,6% 1,4% 100% Pays de l'Est 4,7% 30,6% 10,6% 23,5% 9,4% 14,1% 7,1% 100% Maghreb 0,0% 27,8% 5,6% 38,9% 5,6% 11,1% 11,1% 100% TOTAL 6,0% 23,5% 14,3% 23,7% 9,4% 16,8% 6,3% 100% Amérique Afrique 50 Si nous nous préoccupons seulement des enfants étrangers, le rejet est nettement plus marqué chez les enfants d’Afrique (19,2%) et d’Amérique du Sud (16,8%). Reste à savoir quel sens donner à ce rejet, ce que certains entretiens viendront expliciter (voir volume 2). exemple 45 : refus de l'adoption et de ses parents là qui sont blancs. La recherche des origines préoccupe un enfant sur deux Qui dit rejet ne dit pas ipso facto volonté de rechercher ses origines, un enfant sur deux témoigne de cette interrogation, à des degrés divers : 23,4% dans une recherche active, 9,6% dans une simple lecture du dossier, 16,6% sont dans l’expectative. Interrogation sur ses origines Non réponse Nb. cit. Fréq. 28 8,8% oui 147 46,4% non 142 44,8% TOTAL CIT. 317 100% Si oui, jusqu'où? Non réponse Nb. cit. Fréq. 167 50,2% désir de lire son dossier 32 9,6% recherche des origines 78 23,4% ne sait pas encore 56 16,8% 333 100% TOTAL CIT. Les filles sont généralement plus sensibles à cette dimension de leur histoire, ce que nous avions déjà pu constater dans une autre étude7, peut-être en raison de la maternité future et des identifications possibles à la mère biologique. Interrogation sur ses origines Sexe de l'enfant 7 Non réponse oui non TOTAL Non réponse 100% 0,0% 0,0% 100% homme 10,3% 44,2% 45,5% 100% femme 6,6% 49,0% 44,4% 100% TOTAL 8,8% 46,4% 44,8% 100% Marinopoulos, Sellenet, Vallée : Œdipe, Moïse et Superman, Fayard 2004. 51 Les enfants nés en France, sans doute parce que l’abandon est moins évident, cherchent davantage à comprendre leur histoire, mais les enfants étrangers n’ont pas non plus abandonné toute perspective de revenir vers le passé. Interrogation sur ses origines Nationalité d'origine Non réponse oui non TOTAL Non réponse 100% 0,0% 0,0% 100% enfant né en France 3,8% 50,6% 45,6% 100% enfant né à l'étranger 10,1% 45,1% 44,7% 100% 8,8% 46,4% 44,8% 100% TOTAL Là encore des différences nettes apparaissent entre les pays, les enfants originaires du Maghreb et d’Amérique du Nord ont une plus forte revendication sur ce thème que les autres enfants. Interrogation sur ses origines Si étranger Non réponse oui non TOTAL 4,5% 50,0% 45,5% 100% Asie 10,0% 25,0% 65,0% 100% Amérique 10,6% 52,9% 36,5% 100% Afrique Non réponse 16,7% 44,4% 38,9% 100% Pays de l'Est 6,8% 37,3% 55,9% 100% Maghreb 0,0% 63,6% 36,4% 100% TOTAL 8,8% 46,4% 44,8% 100% 52 Age à l'adoption x Interrogation sur ses origines 37 37 31 31 32 31 29 22 19 18 16 10 3 7 6 5 4 3 4 4 3 1 1 0 Non réponse Non réponse Moins de 2 oui De 2 à 4 De 4 à 6 De 6 à 8 De 8 à 10 De 10 à 12 12 et plus non Les enfants adoptés entre deux et quatre ans, huit et dix ans, paraissent développer une moins grande interrogation sur ce thème. L’interrogation sur les origines serait plus massive chez les enfants adoptés avant deux ans, et surtout entre six et huit ans, enfin après douze ans mais cette fois dans une logique de demande de retour au pays. La position des parents face à cette demande qui touche, nous le rappelons, un enfant sur deux, est le plus souvent conciliante (30%) voire ambivalente (22%). Rarement le refus est présent (9,3%) mais quand il l’est, il est présenté par les intervenants, comme l’une des causes des difficultés. 53 Exemples 255 : découverte à la majorité de son adoption ce qui a été dramatique, rupture des liens avec les parents adoptifs. 260 : Connaissance tardive par la jeune de son adoption difficultés éducatives en lien avec l'âge de la jeune autour de la sexualité. 189 : mensonge autour de l'adoption Position des parents adoptifs Non réponse Nb. cit. Fréq. 125 38,7% ils refusent d'en parler 30 9,3% ils se disent prêts à aider leur enfant en ce sens 97 30,0% ils sont ambivalents 71 22,0% 323 100% TOTAL CIT. Faits saillants de notre étude - les problèmes sont très souvent anciens, dans un tiers des cas ils datent de l’arrivée de l’enfant, d’où la nécessité de mettre en place un accompagnement approprié immédiat - Ce sont les parents qui ont adopté des enfants âgés de plus de quatre ans qui sont le plus immédiatement en difficultés dans la rencontre avec leur enfant. Le risque semble maximal entre quatre et 10 ans - Ce sont les parents (46,4%) qui majoritairement sollicitent de l’aide, ils doivent donc être considérés comme des partenaires actifs de l’intervention - Le couple parental ne sort généralement pas indemne de cette aventure, à la fois sur l’analyse de la situation où des divergences peuvent apparaître (48,9%), mais aussi sur des perspectives de séparation (24,3%) voire de divorces effectifs (17%). - Les demandes d’aide vont crescendo en fonction de l’âge de l’enfant, la préadolescence et l’adolescence concentrent tous les risques, que l’adoption ait été précoce ou tardive - La mère adoptive est en première ligne dans le conflit enfant-parents - Les adoptions multiples sont repérées comme étant problématiques - Les passages à l’acte de l’enfant doublés de comportements asociaux sont une des marques de la symptomatologie observée par les intervenants. On note des fugues, vols, agressions, addictions, des refus explosifs des règles. 54 - Il est vraisemblable que les symptômes soient à différencier selon le sexe de l’enfant, sa culture, voire la configuration familiale. L’expression du mal être serait déterminée en partie par ces facteurs Le climat de violence intra familial explique en grande partie les demandes de - séparations. Si ces demandes émanent des adultes, elles émanent aussi des enfants Pour les enfants qui demandent à partir sans se retourner (sans maintien des - liens 15,6% - retour au pays 5,1%), l’adoption a bel et bien été refusée assez précocement. L’adoption n’est pas la solution rêvée pour tous les enfants, certains la refusent et mettent en œuvre les conditions de la rupture. Le rejet de l’adoption est significativement plus élevé chez les enfants adoptés - précocement (28,6%), ce qui pose la question des conditions de la greffe adoptive La recherche des origines préoccupe un enfant sur deux - CHAPITRE 3 – LES MODES D’INTERVENTION ET L’ANALYSE DES INTERVENANTS Une demande d’aide fluctuante Nous l’avons déjà noté, l’intervention des services de l’enfance commence souvent bien après l’émergence du conflit. Les parents ont souvent tenté d’autres formes d’aide (voir volume 2Entretiens). Près d’un couple sur deux a déjà fait appel à un psychologue ou une médiation familiale. Un tiers a déjà connu une intervention sociale ou éducative. Aide demandée par le couple Non réponse aide psychologique ou autres pour l'enfant Nb. cit. Fréq. 79 18,3% 161 37,4% médiation ou thérapie familiale 34 7,9% AEMO 58 13,5% intervention Assistante .Sociale 69 16,0% autres (précisez) 30 7,0% 431 100% TOTAL CIT. La demande d’aide de la part des parents est réelle (33,2%) mais assortie le plus souvent d’une demande de distanciation (24,4%). Le rejet de l’enfant est directement exprimé dans 21,1% des cas avec parfois une perspective explicite d’abandon (9,8%). Pour les intervenants 55 la motivation parentale est un facteur essentiel dans l’intervention, or force est de constater que celle-ci fluctue en fonction des motivations qui ont déterminé l’adoption. Nous l’avons dit, l’adoption de type humanitaire n’est pas plus à risques que les autres. Par contre, lorsque les difficultés émergent, la motivation parentale des différents types de couples fluctue. La demande d’aide est plus fortement exprimée (37,9%) chez les couples qui n’avaient pas d’enfants, et les perspectives de rejet (19,3%) ou d’abandon (6,8%) sont moindres que chez les couples ayant adopté pour des raisons dites humanitaires (demande d’aide inférieure à la moyenne, taux de rejet de 25% et d’abandon de 14,3%). La différence entre les couples et leurs motivations ne se fait donc pas sur l’augmentation des risques mais sur la résistance aux aléas lorsque ceux-ci surgissent. Etat d'esprit du couple Non réponse demande d'aide rejet de l'enfant perspectives mise à d'un nouvel distance abandon avec maintien des liens autres TOTAL Motivations du couple Non réponse 36,4% 36,4% 9,1% 9,1% 9,1% 0,0% 100% former une famille 5,7% 37,9% 19,3% 6,8% 23,5% 6,8% 100% élargir la famille 5,1% 28,7% 21,7% 14,0% 28,0% 2,5% 100% des raisons dites humanitaires 4,5% 25,9% 25,0% 14,3% 27,7% 2,7% 100% TOTAL 5,9% 32,7% 21,0% 10,5% 25,4% 4,6% 100% De plus, et assez logiquement, nous pouvons constater combien le temps passé avec l’enfant minore les risques de rejet. Plus l’enfant a été adopté jeune, moins les parents sont dans le rejet ou une perspective d’abandon. La solution envisagée est alors une mise à distance, mais avec maintien des liens. Etat d'esprit du couple demande d'aide rejet de l'enfant perspectives mise à d'un nouvel distance abandon avec maintien des liens autres TOTAL Age à l'adoption Moins de 2 48,0% 17,3% 5,1% 23,5% 6,1% 100% De 2 à 4 34,6% 20,5% 9,0% De 4 à 6 33,3% 23,3% 11,1% 29,5% 6,4% 100% 31,1% 1,1% De 6 à 8 31,3% 23,8% 11,3% 30,0% 100% 3,8% 100% De 8 à 10 32,8% 21,9% 15,6% De 10 à 12 25,0% 35,0% 20,0% 23,4% 6,3% 100% 10,0% 10,0% 12 et plus 20,0% 60,0% 100% 20,0% 0,0% 0,0% 100% TOTAL 35,9% 22,3% 10,6% 26,4% 4,8% 100% Les femmes en situation de monoparentalité sont les plus actives dans la demande d’aide, mais aussi dans le rejet lorsqu’elles ont d’autres enfants adoptés, sans pour autant envisager un abandon mais plutôt une DAP (délégation d’autorité parentale : 33%). Les perspectives 56 d’abandon touchent plus facilement les parents avec des enfants biologiques ou biologiques et adoptés, ce qui pose toujours la question du maintien des liens des fratries et du vécu après séparation. Etat d'esprit du couple demande d'aide rejet de l'enfant perspectives mise à d'un nouvel distance abandon avec maintien des liens autres TOTAL Situation des parents 1 couple sans enfant 37,3% 22,9% 7,5% 24,4% 8,0% 100% 1 couple avec enfant(s) biologique(s) 30,1% 22,8% 14,7% 31,6% 0,7% 100% 1 couple avec enfant(s) adopté(s) 36,1% 21,3% 11,5% 26,2% 4,9% 100% 1 couple avec enfant adopté et biologique 33,3% 25,9% 14,8% 25,9% 0,0% 100% par un homme seul sans enfant 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% par un homme seul avec enfants 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% par une femme seule sans enfant 58,8% 11,8% 5,9% 11,8% 11,8% 100% par une femme seule avec enfants 33,3% 33,3% 0,0% 0,0% 33,3% 100% TOTAL 35,5% 22,5% 10,6% 26,3% 5,2% 100% Le continent des relations fraternelles reste un champ totalement inexploré, alors qu’il joue un rôle non négligeable dans le quotidien, comme soutien ou comme facteur aggravant : Relations frères et soeurs biologiques Non réponse Nb. cit. Fréq. 195 61,5% bonnes 26 8,2% moyennes 54 17,0% mauvaises 17 5,4% inexistantes 25 7,9% TOTAL CIT. 317 100% 57 Relations frères et soeurs adoptifs Nb. cit. Fréq. Non réponse 157 49,5% bonnes 40 12,6% moyennes 60 18,9% mauvaises 30 9,5% inexistantes 30 9,5% TOTAL CIT. 317 100% Quelques intervenants le signalent cependant lorsque le conflit fraternel vient en première ligne dire la différence entre enfants adoptés et enfants biologiques ou la transgression des interdits sexuels. Exemples 35 : Jeune qui pense que ses soeurs sont plus aimées qu'elle et que ses parents ne lui ont pas donné de l'amour, seulement de l'argent. 57 : Jeune fille qui se sent moins aimée que sa soeur biologique, fugues. 113 : conflit majeur entre les jumelles. 161 : Passage à l'acte du frère aîné sur les autres enfants 210 : Abus sexuel de la jeune par un frère adopté, d'où très grande culpabilité des parents 70 : Enfant qui est arrivé dans une fratrie de quatre enfants biologiques, trois autres enfants sont nés après son adoption, elle est la seule l'enfant adoptée et la seule en difficultés, rupture du couple en 2000. - Une analyse pessimiste Dans 43,5% des cas, les intervenants disent travailler avec un risque de rupture comme épée de Damoclès. L’analyse est donc pessimiste sans être désespérée (30,9% de situations graves mais avec des possibilités d’aide, 12,6% de situations transitoires et 4,7% de situations sans gravité. Regard sur la situation Non réponse Nb. cit. Fréq. 26 8,2% 138 43,5% situation grave mais travail d'aide possible 98 30,9% situation difficile mais transitoire 40 12,6% situation tendue mais sans gravité 15 4,7% 317 100% situation très grave et à haut risque de rupture TOTAL CIT. Alors que les filles présentent souvent des comportements moins « marqués » que les garçons, ce sont pour elles que les intervenants se font le plus de souci, au niveau familial. Les risques 58 de rupture semblent majorés pour les filles, alors que le travail d’aide semble plus envisagé pour les familles avec garçons. De même, c’est aussi pour les enfants français que le risque de rupture est le plus facilement énoncé comme possible. situation situation Regard sur la situation Non réponse situation très situation grave et à grave mais difficile mais tendue mais haut risque travail d'aide transitoire sans gravité de rupture possible TOTAL Sexe de l'enfant Non réponse 100% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100% homme 10,9% 40,0% 33,3% 12,1% 3,6% 100% femme 4,6% 47,7% 28,5% 13,2% 6,0% 100% TOTAL 8,2% 43,5% 30,9% 12,6% 4,7% 100% situation situation Regard sur la situation Non réponse situation très situation grave et à grave mais difficile mais tendue mais haut risque travail d'aide transitoire sans gravité de rupture possible TOTAL Nationalité d'origine Non réponse 100% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100% enfant né en France 5,1% 48,1% 34,2% 12,7% 0,0% 100% enfant né à l'étranger 8,9% 42,2% 30,0% 12,7% 6,3% 100% TOTAL 8,2% 43,5% 30,9% 12,6% 4,7% 100% Le regard est quelque peu différent lorsque la demande d’évaluation ne concerne que l’enfant, indépendamment de son ancrage dans la famille. Là, le pessimisme ne l’emporte pas et laisse la place à l’incertitude ou à l’inquiétude. Les intervenants veulent croire en des remaniements positifs futurs. Cette fois, l’optimisme est plus nettement dirigé vers les filles, la forme de la symptomatologie de ces dernières jouant certainement un rôle non négligeable dans cette estimation subjective. Les perceptions sont également plus différenciées pour les enfants étrangers, oscillant entre optimisme et inquiétude. avenir de l'enfant Nb. cit. Fréq. Non réponse 29 8,4% optimiste 69 19,9% pessimiste 68 19,6% inquiet 91 26,2% dans l'incertitude 90 25,9% 347 100% TOTAL CIT. 59 optimiste pessimiste homme 44,9% 54,4% 54,9% 50,0% 51,3% femme 55,1% 45,6% 45,1% 50,0% 48,7% TOTAL 100% 100% 100% 100% 100% avenir de l'enfant inquiet dans l'incertitude Sexe de l'enfant TOTAL 'Nationalité d'origine' x 'avenir de l'enfant' 70 63 70 54 48 27 24 20 21 15 0 4 1 0 0 0 0 Non réponse optimiste pessimiste inquiet dans l'incertitude Non réponse enfant né en France enfant né à l'étranger - La judiciarisation relative de l’intervention De nombreux parents adoptifs rencontrés se sont plaints de la judiciarisation dont ils avaient été l’objet. Il faut savoir qu’en France, sur les 262 000 enfants bénéficiant d’une protection au titre de l’Aide sociale à l’enfance (statistiques 2002), 24% sont concernés par une procédure administrative contre 76% par une procédure judiciaire. A l’évidence, les enfants adoptés et leurs familles sont bien en deçà de ces chiffres puisque la judiciarisation de l’intervention ne touche que 37,8% des situations. Assez logiquement, la demande d’aide parentale ou familiale débouche le plus souvent sur un accueil administratif. Le placement est plus souvent judiciaire lorsqu’un tiers (comme l’école) signale la situation ou lorsque des passages à l’acte nécessitent l’intervention du juge. 60 Nb. cit. type d'intervention Fréq. Non réponse 14 3,6% placement administratif 74 19,2% 146 37,8% demande d'AEMO 76 19,7% enquête sociale 23 6,0% IOE 36 9,3% autre (précisez) 17 4,4% 386 100% placement judiciaire TOTAL CIT. type d'intervention Non réponse placement administratif placement judiciaire demande d'AEMO enquête sociale IOE autre (précisez) TOTAL Qui est à l'origine de l'intervention 54,5% 4,5% 36,4% 4,5% 0,0% 0,0% 0,0% 100% les parents qui ont demandé de l'aide 0,4% 26,6% 33,9% 20,2% 6,4% 9,9% 2,6% 100% l'école ou tout autre institution ayant signalé 1,1% 16,7% 42,2% 13,3% 8,9% 11,1% 6,7% 100% des membres de la famille élargie 0,0% 33,3% 33,3% 33,3% 0,0% 0,0% 0,0% 100% la justice 0,0% 3,6% 56,0% 22,6% 3,6% 10,7% 3,6% 100% autres (précisez) 0,0% 16,1% 37,1% 12,9% 12,9% 9,7% 11,3% 100% TOTAL 2,8% 18,7% 39,6% 17,9% 6,8% 9,7% 4,4% 100% Non réponse Par contre aucune discrimination n’apparaît selon le sexe ou l’origine géographique de l’enfant. Les interventions proposées sont les mêmes pour tous les enfants. 'Sexe de l'enfant' x 'type d'intervention' 73 73 40 36 38 36 23 15 0 8 5 1 Non réponse 13 9 8 8 0 0 0 0 0 0 placement administratif placement judiciaire demande d'AEMO enquête sociale IOE autre (précisez) Non réponse homme femme 61 'Nationalité d'origine' x 'type d'intervention' 104 104 61 59 42 24 12 15 1 0 0 Non réponse placement administratif placement judiciaire 0 Non réponse 15 12 0 15 8 0 demande d'AEMO enquête sociale IOE enfant né en France 0 9 8 0 autre (précisez) enfant né à l'étranger - Le placement comme recours principal mais non définitif La demande de distanciation est, nous l’avons vu, fréquemment explicite chez les parents. Les départements y répondent sous des formes diverses. Seul l’âge de l’enfant apparaît comme étant un facteur discriminant au niveau des propositions. Le jeune âge de l’enfant amène le plus souvent une proposition de famille d’accueil. La proximité de l’accès à la majorité civile entraîne des propositions d’autonomie de type FJT (autres : 7,3%). Le placement de l’enfant est peu envisagé comme un temps de pause prévisible (7,8%) et programmé. L’incertitude sur la durée de la séparation reste dominante, même si le maintien des liens est privilégié. Nb. cit. Vos propositions Non réponse Fréq. 29 5,7% 129 25,3% mise à distance de type internat scolaire 18 3,5% placement en lieu de vie 18 3,5% placement en famille d'accueil 48 9,4% 5 1,0% institut de rééducation 14 2,7% accueil en psychiatrie 27 5,3% AEMO 48 9,4% propositions de suivi extérieur (type prise en charge psychologique) 87 17,1% placement mais avec retour programmé dans la famille adoptive 40 7,8% pas de proposition nécessaire 10 2,0% séparation et accueil en institution placement chez un tiers digne de confiance autres (précisez) TOTAL CIT. 62 37 7,3% 510 100% - Les théories implicites dans l’analyse (voir annexe pour l’intégralité des réponses) À notre question sur le sens de cette « crise » traversée par les familles, les intervenants sont nuancés. Si certaines situations semblent relever exclusivement d’une problématique adoptive (35,6%), d’autres (44,5%) présentent des facteurs intriqués liés autant à l’avant - adoption (le passé de l’enfant), à l’âge de l’enfant (crise d’adolescence), à la structure du couple, aux conditions d’adoption… Lorsque les intervenants évoquent une situation inéluctable (« cette situation serait arrivée même sans adoption » 9,1%), ils mettent en cause soit une pathologie du couple, soit une pathologie de l’enfant. Crise et adoption Nb. cit. Fréq. Non réponse 34 10,7% oui en totalité 113 35,6% seulement en partie 141 44,5% cette situation serait arrivée même sans adoption TOTAL CIT. 29 9,1% 317 100% Pour comprendre l’analyse faite par les intervenants, nous avons regroupé les réponses sous le tableau ci-dessous. Cette première lecture permet de synthétiser les « références » des intervenants et les facteurs qui, selon eux, sont des facteurs de risques. Par ordre décroissant, nous retrouvons une lecture en termes : -1) de crise de l’adolescence, que l’adolescent soit identifié comme « perturbé » ou que l’adolescence soit dite « complexifiée » par l’adoption. Cette lecture temporalise les difficultés et minimise peut-être une lecture en termes de parcours et de datation des problèmes. Simple crise d’adolescence exacerbée ou point d’acmé d’un processus plus ancien ? La question mérite d’être posée. 63 64 Valeurs Nb. cit. 3 Adoption multiple 10 adoption tardive non préparée relations conflictuelles entre tous les membres de la famille 4 Existence d'abus sexuels en intra-familial 3 Absence de communication avec les parents 1 absence de père et méthodes éducatives maternelles rigides Passé d'enfants trop lourd 2 12 Adolescence complexifiée par l'adoption 3 Adolescent en quête permanente d'affection que les parents ne lui donnent pas Adolescent gravement perturbé 1 13 adoption non réfléchie ou illégale 2 Adoption fondée sur des raisons charitables, ou enfant confié à un proche dans la famille 3 Adoption par une femme célibataire, absence de référence masculine, madame est en couple avec une autre femme 1 aucune anlayse de la part des parents 4 échec d'intégration et refus de l'adoption d'un côté voire des deux Dysfonctionnements de couple 5 12 climat familial violent, refus des règles 2 Identifications perturbées 1 Connaissance tardive par la jeune de son adoption 2 crise d'identité et d'adolescence, conflits massifs avec les parents 1 Décès de l'un des parents adoptifs, réactivation abandon 3 Désillusion mutuelle, idéalisation de l'adoption 3 difficultés à maintenir un cadre éducatif, difficultés relationnelles Enfant en difficultés avec sa mère adoptive, efforts de part et d'autre, capacités d'adaptation de l'enfant TOTAL 10 1 102 -2) Le second item cité est le passé de l’enfant, son impact sur le développement de l’enfant et la structure de sa personnalité. La lecture est ici davantage en termes de « carences », de « traumatismes », « de handicaps lourds » gênant le processus d’adoption. Les parents adoptifs sont alors perçus comme « dépassés » par l’ampleur des problèmes, insuffisamment « étayés » et « préparés », ce qui supposerait à la fois un accompagnement et une clinique de soins adaptée aux enfants adoptés. Le thème du traumatisme est également utilisé en termes de réactivation de l’abandon, lors des divorces des parents ou lors du décès de l’un des membres du couple parental adoptif. -3) Troisième facteur cité : les dysfonctionnements de couple, dont il reste à savoir s’ils sont liés au contexte de l’adoption, générés par elle, ou indépendants de ce contexte. En toile de fond, et rarement posée comme telle, se glisse la question de l’évaluation des candidatures et des agréments (« adoptions non réfléchies », « adoptions charitables »…). -4) L’âge à l’adoption apparaît déterminant pour les intervenants. Beaucoup signalent des adoptions jugées trop tardives, non préparées en tenant compte de cette dimension 65 importante. Ce facteur est aggravé lors des adoptions multiples, des extensions d’agrément au-delà des possibilités réelles des couples. -5) Le cadre éducatif proposé par les parents est interrogé lors des passages à l’acte de l’enfant : trop de rigidité, trop de laxisme et une impossibilité à frustrer l’enfant adopté, sont tour à tour cités comme explication plausible. L’absence de référence masculine, paternelle, est également avancée. -6) Autre analyse fréquemment évoquée, celle de la désillusion, de l’écart inéluctable entre l’enfant rêvé et l’enfant adopté. Si les intervenants sont sensibles à cette dimension et à cette analyse née des théories psychanalytiques, ils sont moins conscients du fait que la désillusion peut jouer dans les deux sens. Nos entretiens avec certains enfants mettront en évidence cette nouvelle perspective, où l’enfant exprime aussi son « désenchantement » devant la réalité, autre que celle qu’il avait imaginée ou qu’on lui avait brossée pour le séduire et le convaincre de l’opportunité de l’adoption. Faits saillants de notre étude -la différence entre les couples et leurs motivations ne se fait pas sur l’augmentation des risques mais sur la résistance aux aléas lorsque ceux-ci surgissent. Les familles avec enfants, ou celles ayant adopté pour raisons humanitaires sont moins résilientes que les autres lorsque les difficultés surgissent. Les perspectives de désengagement voire d’abandon sont plus nettes - le temps passé avec l’enfant minore les risques de rejet. Plus l’enfant a été adopté jeune, moins les parents sont dans le rejet ou une perspective d’abandon. La solution envisagée est alors une mise à distance, mais avec maintien des liens. - Dans la moitié des cas, le risque de rupture est présent, ce qui vient signifier la gravité des situations. - Le placement proposé est peu souvent pensé en termes de « pause » pour souffler, l’incertitude est massive sur sa durée et son issue. - La judiciarisation des interventions en direction des familles adoptives (37,8%) est très nettement inférieure aux statistiques habituelles de l’ASE (76%). 66 - Les théories implicites utilisées pour comprendre ces situations sont relativement classiques : crise de l’adolescence, théorie du trauma et des carences, dysfonctionnements de couple, écart entre l’enfant rêvé et l’enfant réel, carences éducatives… - Les difficultés d’attachement signalées (« greffe qui ne se fait pas) sont par contre peu reliées à des théories sous-jacentes. De même, les questions identitaires posées par certains enfants qui « se sentent différents » ne sont pas référées explicitement aux théories de l’identité ou à une clinique transculturelle. CHAPITRE 4 – MISE EN DEBAT DE QUELQUES PRESUPPOSES - Différencier favorise-t-il la stigmatisation ? Nous avons noté qu’il n’existe pas de différences d’interventions pour les enfants filles et les garçons, les adoptés français et les adoptés étrangers. Nous pourrions aller plus loin et nous demander s’il existe des différences de prise en charge entre les enfants adoptés et les enfants de l’Aide Sociale à l’Enfance. Ou pour le dire autrement, l’enfant adopté doit-il bénéficier d’une prise en charge qui mette l’accent sur son adoption, ou doit-il être considéré comme un enfant « comme les autres » ? Si nous posons en ces termes cette interrogation, c’est que la question nous a souvent été renvoyée sous la forme : « nous ne pouvons comptabiliser les enfants adoptés des autres, nous ne voulons pas les différencier pour ne pas les stigmatiser ». Dès lors, l’enfant adopté est parfois accueilli dans les institutions, sans qu’il soit fait mention de son adoption, il est « un enfant en difficulté comme d’autres », « un adolescent en crise » sans que cette spécificité de son histoire soit sinon reconnue, dû moins travaillée. Et pourtant, beaucoup de choses distinguent l’enfant adopté accueilli à l’ASE de la « population 67 classique ». Son histoire certes, mais aussi son milieu socio-économique. Les parents adoptifs ont majoritairement près de 40 ans au moment de l’adoption, l’arrivée de l’enfant est en principe pensée et désirée. Près de la moitié des candidats à l’adoption appartiennent aux « professions intermédiaires » principalement de la santé et du travail social, 15 % des hommes et 27 % des femmes sont instituteurs et assimilés. 88 % des couples d’adoptants sont restés stables entre dix ans et trente ans après le début de leur union8. Rien à voir avec la précarité, l’instabilité et le cumul des difficultés des familles les plus aidées par l’ASE . Et pourtant, la tendance actuelle est à la négation de ces différences. La remarque qui vient d’être faite pour les enfants adoptés n’est pas unique. Elle s’applique aussi pour les enfants migrants non adoptés. Marie Rose Moro, déjà citée, y fait allusion dans l’introduction de son livre en ces termes : « J’étais obligée de dire que la France était un pays multiculturel et que donc, l’école et le système de soins, entre autres institutions, devaient penser cette diversité…Je proposais donc, non pas de s’adapter à cette diversité, position molle, et peu créative…quel ne fut pas mon étonnement de constater l’effet subversif de mes propos …on opposait à cette complexité le fait que ces enfants veulent être reconnus comme des Français, qu’ils ne sentent aucune différence d’avec les autres adolescents…Ces adolescents n’ont pas d’histoire singulière, pas de langue autre que le français, rien qui ne les distingue de leurs pairs ! »…D’où la question de Marie Rose Moro : « Pourquoi penser l’altérité est-il frappé d’interdit dans la société française ? Penser les enfants adoptés dans leur complexité, les penser dans leur singularité, pouvoir penser et respecter la différence de leur histoire, est-ce les stigmatiser ? L’amalgame est facilement fait entre les deux termes différencier et discriminer. Différencier, note le dictionnaire, c’est distinguer, marquer la différence, marquer ce qui distingue une personne d’une autre. C’est en un mot, accepter l’altérité. Discriminer, c’est aussi distinguer, mais c’est surtout mettre à part, avec l’idée de restriction des droits. L’altérité est alors perçue non comme une richesse mais comme un avatar, un handicap, un défaut. En sociologie, la discrimination est le fait de traiter d'une manière défavorable des groupes ou des individus en raison des particularités qui les caractérisent, telles que le groupe ethnique et le sexe auquel ils appartiennent, leur religion, leurs pratiques sexuelles, leur statut socioéconomique, leur âge ou d'éventuelles infirmités. Dans les sociétés démocratiques, une abondante législation interdit la discrimination en matière d'emploi, de logement et de droit à des biens et services. Certains pays tentent même de prôner « la discrimination positive » pour montrer que toute distinction ne débouche pas forcément sur un traitement défavorable. 8 Halifax J., L’insertion sociale des enfants adoptés, résultats de l’enquête « Adoption internationale et insertion sociale», INED 68 Sensibles aux dérapages causés par la discrimination et appliquant à la lettre le droit à l’égalité, affirmé par l’article 2, qui interdit toute forme de discrimination fondée sur la race, la couleur, le sexe, la religion, l’opinion politique de l’enfant lui-même ou de ses parents, les travailleurs sociaux gomment parfois les particularités de chaque enfant, telle que l’adoption. Mais ce faisant, ils oublient que tout enfant est unique, singulier, et que la catégorie « enfant comme les autres » est déjà une catégorie tout aussi discriminante car mutilante. Différencier les enfants ne devraient pas amener à une discrimination ou stigmatisation. Le phénomène ne se produit que si implicitement on considère que l’enfant adopté pose d’emblée problème, idée que l’on retrouve parfois exprimée dans cette petite phrase apparemment anodine et censée tout expliquer « c’est un enfant adopté ». Un enfant toujours autre D’un mot, Jean-Paul Sartre énonçait le problème en ces termes : « On rencontre autrui, on ne le constitue pas » (l’Être et le Néant). De fait, encore qu’on puisse éventuellement le définir comme un alter ego — un autre moi —, autrui est avant tout celui que je ne suis pas, indépendant, extérieur, étranger à moi-même et à un monde de choses dans lequel il apparaît, sans pour autant lui appartenir. L’enfant adopté, au même titre que les autres enfants non adoptés mais aussi porteurs d’une histoire, est « autre ». Nier cette particularité (sans la lui rappeler comme une assignation à n’être qu’un enfant adopté), c’est se priver de toute possibilité de lecture des symptômes : certains seront à référer au vécu de l’adoption, d’autres non, l’important étant de n’exclure aucune piste possible. - De la pensée unique aux théories multiples Cette posture ouverte vers des théories multiples nous semble incontournable car pour une même situation, souvent plusieurs interprétations, fortement intriquées, sont possibles. L’exemple ci-dessous en est une illustration. Exemple « J’ai adopté avec mon mari, Cyril, au Brésil, alors qu’il était âgé de trois semaines, on est allé le chercher, on pensait que ce serait plus facile d’adopter un bébé qu’un enfant déjà grand et trimballé, avec des souvenirs. Or la suite nous a montré que ce n’était pas plus facile, qu’il y avait aussi des enfants grands qui s’en sortaient mieux, mais c’est ce que nous 69 avons dans l’imaginaire, et en plus moi je n’avais pas eu d’autres enfants. Mon mari avait eu trois autres enfants d’un premier mariage, moi je n’avais jamais materné et j’avais envie d’un bébé, j’avais envie de materner, de le voir tout petit. On a traité directement auprès d’un avocat au brésil parce que c’était long avec les associations, et puis on était rejeté parce que mon mari était divorcé, il n’avait pas un bon profil. On a adopté pour des raisons de stérilité masculine, pour moi il y a eu un gros travail de deuil à faire, j’avais essayé des IAD, elles n’ont rien donné, donc c’est pour cela qu’on s’est tourné vers l’adoption, je ne dirais pas comme un pis aller mais ce n’était pas venu spontanément à l’idée. Donc on est allé le chercher au Brésil, on a fait les formalités, c’était le troisième enfant d’une toute jeune femme qui avait déjà abandonné les deux autres, le père biologique n’avait pas reconnu l’enfant et abandonné la mère, donc elle n’avait pas tellement le choix, bon…C’était un très beau bébé physiquement et en excellente santé, qui n’avait aucun problème. Très vite il est apparu qu’il était hyper moteur, très agité, dès qu’il a commencé à marcher il ne tenait pas en place, il était très agité, et avant même qu’il n’aille à l’école, je le mettais en halte garderie trois après-midi par semaines, pour souffler un peu parce qu’il était déjà épuisant. L’entrée à l’école a amené des tas de réflexions, comme quoi on n'avait pas mis assez de limites, qu’il était trop agité, qu’il ne tenait pas en place…Il était particulièrement excité et le malheur a voulu que mon mari décède quand il avait quatre ans et demi, donc il ne l’a pas connu très longtemps. Quand je me suis retrouvée toute seule avec lui, les difficultés ont été en augmentant, j’ai beaucoup cru au début que cela venait du fait qu’il grandissait sans père, et en fait ce n’était pas une explication suffisante, il a commencé à devenir très violent, mais sa violence n’est dirigée que sur moi. L’idéal serait qu’il soit élevé par quelqu’un d’autre, tout semble lui réussir sauf moi, c’est dur de se le dire mais c’est comme cela. Je n’arrête pas de me poser des questions sur ce qui se passe dans sa tête, quand il était petit il me disait qu’il ne me considérait pas comme sa vraie mère, je lui répondais qu’il ne me venait pas à l’idée de dire de lui qu’il n’était pas mon vrai fils. Il disait cela sans doute pour m’éprouver. Il ne parle pourtant jamais du brésil, il n’a rien connu de là-bas. Il n’a pas été un bébé compliqué, il mangeait bien, dormait bien, s’ajustait bien au corps, c’est vers quinze mois que cette agitation a débuté, dès qu’il a pu marcher. » Ce témoignage, qui concerne un jeune garçon âgé de 14 ans, accueilli en lieu de vie et scolarisé en quatrième avec une année de retard, met en évidence toutes les difficultés de l’analyse. Souffre-t-il d’une absence de cadre éducatif ? d’un « abandonnisme » classique comme le suggère le psychologue qui le rencontre une seule fois, convaincu que « tous les 70 enfants adoptés souffrent de cela » et que le temps apaisera la souffrance ? S’agit-il d’une situation exacerbée par la disparition du père, même si les problèmes datent de la petite enfance, avant le décès de ce dernier ? Où faut-il lire les symptômes de l’enfant comme une désorganisation précoce du système d’attachement, en lien avec une difficulté de parentalisation (« pour moi il y a eu un gros travail de deuil à faire, j’avais essayé des IAD, elles n’ont rien donné, donc c’est pour cela qu’on s’est tourné vers l’adoption, je ne dirais pas comme un pis aller mais ce n’était pas venu spontanément à l’idée) ? - La théorie de l’attachement : carences précoces et troubles de l’attachement Les théoriciens de l’attachement notent que l’enfant construit progressivement des modèles internes opérants. Pour le dire simplement, les modèles internes opérants sont des représentations qui guident l’enfant dans sa manière de percevoir et de se conduire dans ses relations interpersonnelles. En interactions avec les autres, l’enfant construit simultanément un modèle de soi, une « image de soi plus ou moins digne d’être aimé, et un modèle d’autrui plus ou moins attentif et sensible à ses besoins ». À la lumière des expériences passées et selon la rapidité, la qualité de l’intervention de l’adulte, l’ajustement à ses besoins, l’enfant se prépare à anticiper les réactions d’autrui. Selon Bowlby, les modèles internes opérants, qui vont guider les relations ultérieures seraient en place dès douze mois. Si nous reprenons la lecture de notre témoignage avec cet éclairage, nous constatons que les premières manifestations d’agitation de Michel débutent avec la marche, à quinze mois. En quoi cette agitation et les autres symptômes énoncés par cette maman, peuvent-il être le signe d’une désorganisation de l’attachement ? Avant de tenter une réponse, écoutons de nouveau la maman nous décrire les souvenirs de cette époque déjà difficile : « Vers cinq, six ans il a commencé à être très violent, il balançait tous ses jouets du haut de l’escalier, il a cassé des carreaux, très petit cela a commencé. Il m’insultait verbalement, des insultes grossières, ordurières, il essayait déjà de me frapper….c’était aussi un enfant extrêmement affectueux, me disant qu’il m’aimait, pour toute la vie, il alternait ces moments, dans les deux pôles à la fois. Il me demandait souvent : « est-ce que tu m’as bien adopté, estce que c’est marqué sur un papier ? Je le lui ai montré, lui ai dit qu’il était mon fils pour toute la vie, il disait ouf, tu ne vas pas m’abandonner alors, tu ne le peux pas. Arrivé en CE2, j’ai pris la décision de le mettre en internat, parce je n’en pouvais plus. A l’internat cela se passait bien, il aimait la collectivité et n’était pas malheureux du tout, loin s’en faut, tout le monde est optimiste pour lui …Les éducateurs ont une excellente image, ils disent qu’ils ne 71 sont pas inquiets pour Michel par rapport à d’autres enfants, il est très sociable et gentil sauf à l’école dont il a un dégoût. Il voudrait maintenant faire de la mécanique mais ce n’est pas très porteur comme métier, ou des métiers du bâtiment…mais c’est dur pour moi à encaisser par rapport aux images traditionnelles de la scolarité des enfants dans notre famille, tous ont fait des études, moi-même je suis professeur, donc cela détonne un peu…en même temps cela m’est égal de renoncer à plein de choses du moment qu’il trouve sa voie. ». Au-delà de la déception évidente causée par l’écart entre l’enfant-idéal, censé être conforme à l’habitus familial, et les performances réelles de Michel, attardons-nous sur l’attachement mère-enfant telle que les chercheurs l’évaluent. À partir de la situation étrange de Mary Ainsworth et d’une cotation des patterns d’attachement, Guedenay différencie trois groupes d’enfants sur un axe sécure-insécure. Les enfants attachés de manière sécure « ont tendance à manifester une forme de protestation lors des séparations, et à accueillir leur mère lors de son retour avec plaisir ou en recherchant la proximité avec elle. L’attachement insécure peut prendre deux formes : certains enfants ont peu de manifestations affectives ou de comportements de base de sécurité ; ils paraissent peu affectés par la séparation, tendent à éviter la proximité et le contact avec la mère lors des retrouvailles, et se focalisent surtout sur les jouets… »9. L’attachement de ces enfants est dit insécure-évitant. D’autres montrent de la détresse à la séparation avec un mélange de recherche de contact et de rejet coléreux, et des difficultés à être réconforté. L’attachement est dit insécure-ambivalent ou insécure-résistant. « Plus récemment Main (1985) a introduit une catégorie d’enfants attachés de manière insécure avec des comportements dont on ne comprend pas les intentions et qui apparaissent désorganisés, simultanément ou dans leur succession, interrompus ou bizarres, avec des stéréotypies lors des retrouvailles, et finalement dépourvus de stratégies cohérentes. Raphaële Milijkovitch donne une description de cette incohérence en notant que ces enfants « ont des attitudes contradictoires ou incompréhensibles, telles que s’agripper au parent en détournant le regard, pleurer à son départ sans s’en approcher, ou rester figé les mains en l’air. Michel entre-t-il dans l’une de ces catégories ? Il est bien difficile de tenter une lecture rétrospective des patterns interactifs de l’enfant, mais si nous accordons quelque crédit aux souvenirs de la maman, nous pouvons pointer l’alternance voire la simultanéité de 9 Guedenay : opus cité page 73 72 comportements antagoniques : insultes, colère, tentatives de frapper, voisinent avec l’expression de la tendresse, la quête de la réassurance, la peur de l’abandon. Comme d’autres enfants dits insécures, Michel semble hyper adapté lors des séparations (« il aimait la collectivité et n’était pas malheureux du tout, loin s’en faut ! ») mais ses attachements sont labiles, il fait partie de ces enfants qui n’ont pas d’amis, pas de liens construits. La sociabilité de Michel serait dès lors très artificielle, de façade, sans grand engagement affectif vis-à-vis d’autrui. L’évitement et le détachement seraient devenus chez lui prépondérants, avec cependant de brefs moments de rupture de la capacité à réprimer les émotions, se traduisant par des attaques soudaines, imprévisibles, en direction de la mère. La colère ressentie contre la figure maternelle insécure exploserait alors : « Quand il revenait le week-end, c’était toujours le même scénario de violence, et d’insultes… cela me faisait peur…mais il ne réservait cette violence qu’à moi. Quand il était invité, il était charmant, tout le monde disait que c’était un enfant mignon. Ma sœur, pour me soulager l’a pris plusieurs fois en vacances scolaires, il était adorable. Cela se passait bien, toute la violence m’était réservée…Donc en sixième j’ai décidé de le laisser en internat, le psychologue avait dit qu’il fallait un tiers séparateur entre-nous, qu’il y avait cette dualité mère-fils et qu’il venait toujours buter sur moi…ceci dit j’ai appris depuis que d’autres enfants sont aussi hyper-violents même en présence du père et que cela ne changeait pas grand chose… et puis peu de temps avant Noël il est devenu vraiment violent…il faut dire que c’est un enfant scotché devant les jeux vidéos, il n’y a pas moyen de l’arracher de là, et lorsque je lui ai dit d’arrêter, il m’a réellement agressée, tabassée, il avait onze ans, je n’ai rien pu faire pour me défendre, il m’a giflée, crachée à la figure, cela a été horrible, cela faisait des années que j’endurais des difficultés mais là cela a été le révélateur de la crise…J’ai été hospitalisée en hôpital psychiatrique…pendant trois mois. Il m’avait frappé extrêmement violemment, c’est ma sœur qui l’avait récupéré. A la fin de sixième il fallait que je le reprenne, et j’avais très peur, je n’avais pas pu reparler avec lui de ce qui s’était passé, il ne s’était pas excusé, rien…et donc ma mère à ce moment là a pris peur et elle a contacté les services sociaux, on a été renvoyé sur le juge pour enfant qui a pris une AEMO. J’ai envisagé mon déménagement pour me rapprocher de la famille, pour avoir un soutien familial, je suis donc venue ici. Dans l’autre ville, je m’étais isolée, personne ne savait l’enfer que je vivais avec lui, c’était inracontable. Donc je me suis rapprochée des miens, et lui est parti dans un premier lieu de vie. » Là encore, nous mesurons toutes les théories implicites à l’œuvre dans l’analyse d’une telle situation. Pour Michel, les uns ont pensé à l’absence de cadre éducatif, pour d’autres ce cadre 73 a explosé avec le décès du père et l’absence de tiers-séparateur. Pour d’autres encore, Michel est représentatif d’un vécu abandonnique corrélatif de tout abandon. Ajoutons qu’une analyse de la crise est possible en terme de « sensibilité à la frustration », de « crise d’adolescence », « de défaut de parentalisation », « d’attentes démesurées de réussite sociale et scolaire »…et la coupe sera pleine avec la théorie de l’attachement dysfonctionnel. Qui a raison ? Ces théories s’excluent-elles les unes, les autres, ou faut-il mener une lecture plurielle tenant compte de tous les facteurs intriqués ? La question est importante car selon la réponse donnée, le mode d’intervention ne sera pas identique. Croire à l’absence de cadre, au tiers séparateur, c’est proposer une institution qui prenne le relais de la mère, la supplée sur le plan des règles. Ce qui a été proposé sans que la problématique initiale mère-enfant soit véritablement prise en compte. Les retours lors des week-ends restent inchangés, chargés de peur et d’incompréhension mutuelle. Évoquer l’hypothèse d’un dysfonctionnement des liens d’attachement suppose un autre mode d’intervention, où mère et enfant soient associés. Et rien n’interdit de jouer sur plusieurs niveaux à la fois : le niveau éducatif et le niveau des interactions. À la théorie de l’attachement, d’autres préfèreront sans nul doute la théorie du traumatisme. Nous avons vu que de nombreux départements y ont fait allusion, parlant « d’enfants abîmés par leur passé », « trop traumatisés par des carences antérieures », « ayant mal vécu leur abandon »…La question qui se pose est alors la suivante : • L’enfant abandonné est-il toujours un enfant traumatisé ? Trauma et traumatisme sont des termes anciennement utilisés en médecine et en chirurgie10. Souvent confondus, ces deux termes méritent d’être dissociés pour une meilleure approche clinique. D’origine grecque, le terme Trauma signifie la « blessure », une blessure avec effraction, ayant des conséquences sur l’ensemble de l’organisme. Le traumatisme est, plus précisément, le processus qui se met en place consécutivement à cette effraction et qui se prolonge dans la durée. Entre le trauma comme phase de l’effraction, et le traumatisme comme construction ultérieure, comme organisation pathologique, s’inscrit la notion de temps. Suite à un trauma, les troubles ne s’installent pas forcément dans les heures voire dans les jours qui suivent 10 Laplanche, J. et Pontalis, J-B. (1973), Vocabulaire de la psychanalyse. PUF, Paris. p 499-503. 74 l’événement, d’où la relative inefficacité des cellules d’intervention d’urgence créées pour pallier les effets traumatiques d’un accident ou d’un attentat. Les troubles peuvent émerger à distance de l’événement, après une période de latence plus ou moins longue, plus ou moins émaillée de petits incidents significatifs. Cette distinction entre le trauma et le traumatisme nous semble pertinente pour le sujet qui nous préoccupe. En effet, si l’abandon peut être une blessure, ses effets peuvent être différés dans le temps voire absents. De nombreux psychologues accréditent l’idée que tout enfant abandonné est un enfant traumatisé, d’où un renvoi de la demande parentale de soins à cette évidence : « ne vous inquiétez pas, c’est normal, il a vécu un abandon qui l’a traumatisé, avec le temps il va se rassurer et cela ira mieux ». Pour notre part, nous laissons cette hypothèse en terme de question ouverte. L’enfant abandonné est-il toujours traumatisé, nous en doutons quelque peu. La notion de trauma renvoie chez Freud, à une conception économique : l’effraction est si vive, si brutale, qu’elle met à mal le système de « pare-excitation » habituel, les moyens normaux et habituels de liquidation ou d’élaboration échouent, ce qui ne peut manquer d’entraîner des troubles durables dans le fonctionnement énergétique. Le trauma qualifie donc d’abord un événement personnel de l’histoire du sujet, datable, et subjectivement important par les affects pénibles q’il peut déclencher. En ce sens, l’abandon peut-être en soi un événement entrant dans ce registre. Pour autant, Freud ajoute qu’on ne saurait parler d’événements traumatiques de façon absolue, sans envisager la « susceptibilité » propre au sujet. Tout enfant abandonné ne serait donc pas obligatoirement traumatisé, certains vont être moins atteints que d’autres par cette perte des parents biologiques. Quelques précisions s’imposent pour différencier les situations : « Pour qu’il y ait traumatisme au sens strict, c’est à dire non-abréaction de l’expérience qui demeure dans le psychisme comme un « corps étranger », des conditions objectives doivent être présentes. Certes, l’événement peut, par « sa nature même » exclure une abréaction complète ; mais, en dehors de ce cas limite, ce sont des circonstances spécifiques qui assurent à l’événement sa valeur traumatique : des conditions psychologiques particulières dans lesquelles se trouvent le sujet au moment de l’événement, une situation de fait, des circonstances sociales, enfin surtout selon Freud l’existence d’un conflit psychique qui empêche le sujet d’intégrer à sa personnalité consciente l’expérience qui lui advient. Freud 75 note encore qu’une série d’événements, dont chacun à lui seul n’agirait pas comme traumatisme, peuvent additionner leurs effets11. » Pour comprendre l’expérience traumatique de l’abandon, plusieurs pistes nous sont donc proposées, sur lesquelles nous aurons à réfléchir : - Les circonstances spécifiques de l’abandon : objectives, psychologiques, sociales… - L’addition d’événements traumatiques identiques (comme la répétition de l’abandon et des ruptures affectives dans la vie de certains enfants) - La non-préparation de l’enfant à l’adoption - La « susceptibilité » propre au sujet • La théorie de l’identité Enfin, nous signalons comme aide possible à la compréhension des enfants adoptés l’apport des théories sur l’identité. De nombreuses études scientifiques sur les enfants adoptés montrent qu’il nous faut différencier l’identité ethnique de l’identité de couleur. Les enfants adoptés ont deux pôles d’identification possibles, celui de l’identité ethnique du pays d’accueil, celui de leur pays d’origine, avec des aménagements plus ou moins faciles à porter. Un enfant peut revendiquer une identité ethnique française, mais se sentir porteur d’une identité de couleur qui peut le marginaliser (être noir par exemple). De nombreux parents signalent les réactions de leur enfant, qui se gratte pour enlever la couleur noire, ou au contraire qui rejette la couleur blanche de ses parents. Dans ce registre, nous avons sans doute insuffisamment pensé la différence, sombrant comme d’autres au syndrome du daltonisme. Ce bref aperçu théorique, fragmentaire, montre le chemin à parcourir pour aider les parents et les enfants en difficultés. Ceux-ci ont été longtemps renvoyés au silence et à l’isolement, comme s’il était honteux d’être en difficultés dans un tel domaine. L’heure est sans doute venue de regarder sans dramatisation mais aussi sans banalisation les spécificités de cette filiation originale. - Soigner l’enfant sans le déraciner, la nécessaire alliance avec les parents S’affirmer comme les autres parents, voire mieux que les autres, constitue un souci pour la quasi-totalité des adoptants que nous avons rencontrés. La mise à jour des difficultés est encore plus cruellement ressentie car elle vient frapper de plein fouet le rêve initial. Etre allé chercher l’enfant si loin, avoir épuisé tant d’énergie en démarches incertaines, pour avouer 11 Vocabulaire de la psychanalyse : opus cité 76 son impuissance, l’épreuve est rude pour de nombreux parents. À tort ou à raison, beaucoup se plaignent du regard qui est porté sur eux, ils se sentent jugés, expriment un fort sentiment de disqualification sur lequel nous reviendrons à partir des témoignages. Ils se sentent aussi exclus, mis à la marge, sous-informés au niveau des décisions prises « dans l’intérêt de leur enfant ». Cette étude fait apparaître un contentieux, des malentendus, des maladresses, qui sont autant d’obstacles à une alliance entre les parties. En face, un tiers des enfants (29,3%) se tait, incapable d’exprimer le moindre désir. 5,7% désirent retourner dans leur pays, massivement des enfants de 10 à 12 ans, adoptés tardivement et qui n’ont pas fait le deuil de leur pays, de leur culture, de leurs souvenirs. Demande de l'enfant Nb. cit. Fréq. Non réponse 27 8,5% à rester chez ses parents 53 16,7% à vivre avec son père 9 2,8% à vivre avec sa mère 16 5,0% 3 0,9% à partir en maintenant des liens 79 24,9% à partir sans maintien des liens 55 17,4% à retourner dans son pays 18 5,7% l'enfant ne demande rien 93 29,3% à vivre avec quelqu'un de la famille élargie TOTAL OBS. 317 À noter combien la demande de l’enfant fluctue en fonction de l’âge. Plus l’âge de l’enfant augmente, plus la demande s’organise vers une séparation négociée (partir en maintenant des liens), plus l’enfant est jeune plus les réponses sont radicalisées (partir sans se retourner) ce qui peut interroger. S’agit-il de réponses extrêmes dues à la gravité des situations ? Est-ce bien la demande de l’enfant ou est-ce une réponse suggérée ? Comment l’adulte perçoit-il la demande ? Comment y répond-il ? 77 Demande de l'enfant Non réponse à rester chez à vivre avec à vivre avec à vivre avec à partir en à partir sans à retourner l'enfant ne ses parents son père sa mère quelqu'un de maintenant maintien des dans son demande rien la famille des liens liens pays élargie TOTAL age de l'enfant au moment du questionnai Non réponse 100% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100% Moins de 4 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100% 100% De 4 à 6 0,0% 16,7% 0,0% 16,7% 0,0% 0,0% 16,7% 0,0% 50,0% 100% De 6 à 8 0,0% 10,0% 0,0% 0,0% 0,0% 10,0% 20,0% 0,0% 60,0% 100% De 8 à 10 0,0% 26,3% 10,5% 15,8% 0,0% 5,3% 10,5% 5,3% 26,3% 100% De 10 à 12 0,0% 9,5% 4,8% 4,8% 0,0% 19,0% 14,3% 19,0% 28,6% 100% De 12 à 14 4,0% 24,0% 4,0% 0,0% 0,0% 12,0% 12,0% 4,0% 40,0% 100% 14 et plus 9,4% 14,3% 1,9% 4,2% 1,1% 26,4% 16,6% 4,5% 21,5% 100% TOTAL 7,6% 15,0% 2,5% 4,5% 0,8% 22,4% 15,6% 5,1% 26,3% 100% Dans la difficile partition qui va devoir être trouvée, tous les avis ne convergent pas. Les enfants filles adoptés expriment plus clairement un désir de statu quo (rester en famille), ou une séparation négociée. Les enfants nés en France ne rêvent pas d’un ailleurs et se réfugient plus volontiers dans le silence (34,9% contre 23,8% pour les enfants étrangers). Demande de l'enfant Non réponse à rester chez à vivre avec à vivre avec à vivre avec à partir en à partir sans à retourner l'enfant ne ses parents son père sa mère quelqu'un de maintenant maintien des dans son demande rien la famille des liens liens pays élargie TOTAL Sexe de l'enfant Non réponse 100% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100% homme 9,8% 13,1% 3,3% 4,4% 1,6% 20,2% 15,8% 3,8% 27,9% 100% femme 4,7% 17,2% 1,8% 4,7% 0,0% 24,9% 15,4% 6,5% 24,9% 100% TOTAL 7,6% 15,0% 2,5% 4,5% 0,8% 22,4% 15,6% 5,1% 26,3% 100% 78 Demande de l'enfant Non réponse à rester chez à vivre avec à vivre avec à vivre avec à partir en à partir sans à retourner l'enfant ne ses parents son père sa mère quelqu'un de maintenant maintien des dans son demande rien la famille des liens liens pays élargie TOTAL Nationalité d'origine Non réponse 100% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100% enfant né en France 4,8% 13,3% 3,6% 2,4% 1,2% 22,9% 15,7% 1,2% 34,9% 100% enfant né à l'étranger 8,2% 15,6% 2,2% 5,2% 0,7% 22,3% 15,6% 6,3% 23,8% 100% TOTAL 7,6% 15,0% 2,5% 4,5% 0,8% 22,4% 15,6% 5,1% 26,3% 100% Entre la demande des parents et celle des enfants, les intervenants vont devoir se situer sans opposer les uns aux autres. L’adoption est un domaine sensible qui sollicite massivement des processus d’identification soit à l’enfant, soit aux parents. D’où l’intérêt de mettre en œuvre des formations et une analyse des pratiques. Conclure ce premier volet de recherche serait inutile et prématuré, car il constitue une première étape d’une réflexion plus large. Les pistes dégagées dans les tableaux récapitulatifs sont autant de propositions futures pour améliorer la prise en charge de ces familles adoptives et de leurs enfants. Le second volume approfondira certains points et en soulèvera d’autres par l’étude des « échecs d’adoption ». 79 ANNEXE Analyse de la situation En quelques mots quelle est votre analyse de la situation? 3 : enfant confié directement par sa mère à cette femme seule adoptante, aucun élément sur la vie antérieure enfant agité et rejetant parfois affectueux, suivi psychologique par le CMPP de la mère et de l'enfant 4 : Difficultés dans la prise en charge de tous les enfants adoptés 6 : nécessité de soutenir la mère qui ne comprend pas les troubles de l'enfant et est déçue 7 : graves troubles de la personnalité aggravés par l'adolescence et les difficultés de réponse pour une prise en charge adaptée 9 : Très forte demande de fusion de la petite fille, difficultés à maintenir un cadre éducatif 10 : l'enfant adopté est le neveu de la mère adoptive, adoption simple, enfant toujours en lien avec sa famille naturelle 11 : enfant en grandes difficultés psychologiques, non accessible à aucune forme d'aide, comportements déviants massifs 12 : jeune fille maghrébine s'étant toujours sentie différente des parents adoptifs, changement de prénoms découvert à la lecture du dossier 13 : le dysfonctionnement parental et la pathologie de monsieur n'ont pas permis à cet enfant de se faire une place dans l'adoption 14 : mère très vite rejetante face à cet enfant qui ne correspondait pas à ses attentes et présentait des troubles du comportement tels qu'il n'aurait pas du être proposé en adoption sans travail et préparation préalables 15 : mère n'ayant pas investi cet enfant car au départ c'était le père qui était porteur du projet d'adoption et cet enfant n'a jamais pu coller au désir de la mère 16 : seule enfant de la famille à ne pas être placée, se plie aux désirs des parents, ambivalence dans sa relation à ses soeurs 17 : Adoption de quatre enfants faisant ressortir les failles des adultes, non-investissement de la fonction parentale 18 : Adoption multiple 20 : enfant ayant connu des carences alimentaires graves dans la prime enfance, il est actuellement difficile de dire si c'est une enfant abandonnique ou bien si elle entretient avec sa mère une relation de type fusionnel dans laquelle elle considèrerait sa mère comme une part d'elle-même, une maman objet en quelque sorte 21 : les maltraitances pour lesquelles les parents sont poursuivis ne sont pas reconnus par ceux-ci. C'est la justice qui déterminera leur culpabilité ou non. L'enfant est très attaché à ses parents 22 : Enfant qui n'a pas créé d'alliance avec sa famille adoptive et mouvement de rejet de cette famille 23 : Problématique de l'enfant venant heurter la souffrance de madame, et difficulté à prendre la place de mère 80 24 : Cette jeune fille a été adoptée par la famille qui la parrainait, le couple utilise l'histoire de la jeune avec sa mère biologique pour expliquer les problèmes. Père adoptif très rigide 25 : fractures et deuils successifs, 1ere adoption déjà en difficulté, deuxième adoption trop rapide, problèmes de couple 26 : décès père, rejet mère adoptive 27 : souffrance des deux, incompréhension 31 : rejet massif par les parents 32 : enfant peu investi par les parents 33 : rigidité éducative et enfant adopté à 7 ans avec une histoire lourde, a vu sa mère décédée, c'est l'association qui a poussé à l'adoption 34 : couple divorcé et enfant avec troubles 35 : sentiment de n'être pas aimée par les parents adoptifs 39 : difficultés psychologiques de la jeune liées plus à sa personnalité qu'à l'adoption 42 : mode de vie choisi par le couple marginal, enfant ne s'adaptant pas, la mère adoptive dit :"elle vit à côté de nous mais pas avec nous et c'est insupportable » 43 : adoption tardive non préparée 44 : adoption tardive non préparée 45 : refus de l'adoption et de ses parents là qui sont blancs 46 : pathologie maternelle grave 47 : échec d'intégration, mère adoptive fragile psychologiquement 48 : climat familial violent, refus des règles 49 : autisme enfant non adoptable 50 : pathologie familiale, père brutal 51 : troubles graves du comportement 52 : enfant très abîmée, troubles du comportement non supportés, couple qui divorce, nonmaintien des liens 53 : refus des limites, passages à l'acte énormes 54 : enfant délinquant 55 : rejet sans causes connues 56 : agressions à l'adolescence 57 : rivalité fraternelle, sentiment d'être moins aimée 58 : refus total de l'adoption avec agressions et troubles du comportement 59 : enfant dangereux, séjour de rupture envisagé, est en liberté surveillée 60 : problème d'autorité chez un couple en dissension, vols et addictions chez l'enfant 61 : trois tentatives d'adoption ratées, folie des services 62 : refus d'adoption par l'enfant 63 : rejet de l'adoption par la mère 64 : Carences de la petite enfance insupportables pour la mère, rejet massif 65 : rejet de cette enfant par le père, enfant non modèle 66 : rejet du handicap 67 : Non-accrochage de la mère à cet enfant 68 : épuisement par manque de structures d'aide pour un enfant handicapé 69 : Enfant qui a vécu son adoption comme un rapt, il veut retourner dans son pays d'origine et retrouver sa mère, son père est décédé. Les relations avec le père adoptif se passent bien 70 : Enfant qui est arrivé dans une fratrie de quatre enfants biologiques, trois autres enfants sont nés après adoption, seule l'enfant adoptée est en difficultés, rupture du couple en 2000 71 : L'enfant a été rejeté dès le départ par ses parents qui ne souhaitaient qu'un seul enfant 73 : enfant placé en foyer depuis deux ans, ne crée pas de liens avec les adultes ni les autres jeunes, délinquance grave, fonctionnement maternel qui interroge, très intrusive 81 75 : Enfant en difficultés avec sa mère adoptive, efforts de part et d'autre, capacités d'adaptation de l'enfant 76 : éducation rigide, manque de dialogue et d'affectivité 77 : mère très exigeante, volonté de réussir, l'enfant est placé, la mère fait des efforts 78 : maladie mentale de l'enfant aggravant la situation 79 : Enfant autiste avant l'adoption, laquelle a exacerbé les problèmes du couple aujourd'hui séparé 80 : manque de préparation à l'adoption pour cet enfant qui n'adhérait pas au projet, sentiment de rapt 81 : les questions de l'abandon et de l'adoption n'ont jamais été traitées 82 : enquête d'adoption insuffisamment approfondie, l'enfant était-il adoptable dans sa famille d'accueil ? 84 : Enfant ayant un passé trop lourd, aucun lien de créé 85 : milieu pathogène et structure psychique complexe de la jeune 86 : absence de consensus dans le couple sur le projet d'adoption, idéalisation des attentes, déception et rejet de l'enfant, rivalité avec les enfants biologiques, pas de préparation à l'adoption 87 : Répétition de maltraitance de la mère sur l’enfant adopté, niveau d'exigences éducatives démesuré, investissement du deuxième enfant au détriment du premier, père effacé, mère omnipotente 88 : Décès de la mère qui réactive la problématique de l'abandon, investissement paternel de l'ordre du devoir mais peu affectif 89 : Désillusion mutuelle, idéalisation de l'adoption, adoption tardive avec un lourd passé de maltraitance 91 : refus des parents du traitement visant à canaliser le comportement de l'enfant, enfant qui va très mal 92 : Les parents ont peur de leur fils ainsi que pour leurs filles, des agressions de la part du jeune 93 : Rejet immédiat, le couple a peur des passages à l'acte de l'enfant 94 : Situation de rupture, le couple a cru pouvoir faire seul et a fait appel trop tard 95 : rejet mutuel, alcoolisation du père 96 : absence de père et méthodes éducatives maternelles rigides 97 : Relations fusionnelles et surprotectrices non supportées par cette jeune, thérapie familiale en cours 98 : première adoption avec décès de l'enfant suite à une longue maladie, deuil non élaboré, deuxième adoption avec appel, deux enfants au lieu d'un demandé, l'enfant maltraité est celui qui n'était pas attendu, aemo judiciaire refusée pendant deux ans 99 : Adolescent en quête permanente d'affection que les parents ne lui donnent pas 101 : Abandon tardif de la mère biologique et abus sexuels de la part d'un membre de la famille adoptive 102 : Difficultés pour l'enfant de trouver sa place 104 : autisme grave, relations agréables mais soumises à des pulsions 105 : Relations très ambivalentes mère-fille, forte angoisse de la mère, peur de l'avenir, ambiance générale tendue et autoritaire 106 : rejet total de cet enfant qui ne correspond pas aux attentes, impossibilité du couple à se remettre en cause 107 : Jeune fille très méfiante, manque de confiance en elle, ne sait pas se situer dans la société 109 : situation complexe avec suspicion sexuelle 82 110 : l'enfant adopté est arrivé dans une situation familiale perturbée, le fils naturel étant hospitalisé en psychiatrie pour pathologie grave, fragilité des deux parents, l'association n'a pas arrêté la procédure d'adoption alors que le couple le demandait 111 : Défaut d'accompagnement précoce du couple parental, idéalisation de l'adoption, inadéquation des réponses éducatives 112 : Affaire pénale en cours pour abus sexuels, risques graves d'explosion de la famille 113 : relations conflictuelles entre tous les membres de la famille 114 : relations conflictuelles entre tous les membres de la famille 115 : adolescent qui se met gravement en danger, famille présente, soutenante mais désemparée 116 : adolescente se mettant en danger, cadre éducatif permissif mais présent et aimant, sentiment d'échec et incompréhension mutuelle 117 : adolescent qui n'a pas intégré les interdits fondamentaux 118 : Famille trop fragile pour assumer un enfant présentant des problèmes de santé et un handicap sensoriel, rejet par la mère de cet enfant qui ne veut pas d'elle 119 : Adolescent perturbé depuis l'enfance, couple parental ayant du mal à se remettre en cause 120 : enfant adopté après être arrivé illégalement en France, deux refus d'agrément d'adoption, pronostic pessimiste sur un éventuel retour chez lui 121 : Adolescence difficile complexifiée par l'adoption et le décès du père 122 : Adolescence compliquée par l’adoption 123 : adolescence difficile complexifiée par l'adoption 124 : handicap lourd de l'enfant, fragilité du couple, rejet massif du père, souffrance de la mère, avis défavorable de l'association pour cette adoption faite tout de même par le service ase 125 : madame ne souhaite pas se soigner et incrimine les enfants 126 : évolution de l'enfant non conforme aux désirs des parents qui demandent que le service reprenne l'enfant 127 : responsabilité de la situation rejetée sur l'enfant 128 : mère ne voulant pas se soigner, risque important d'explosion à l'adolescence 130 : crise d'identité et d'adolescence, conflits massifs avec les parents 131 : adoption réalisée très vite un peu sous pression, après le refus d'un autre enfant quatre mois plus tôt; dysfonctionnement dans le couple 132 : difficultés de communication, mal être de l'enfant 133 : parents présentant des troubles psychologiques, enfant angoissé par un nouvel abandon 134 : Cette jeune fille relève d'un IME, les parents sont toutefois présents et bénéficient d'un droit de visite et d'hébergement en alternance un week-end sur deux, la moitié des vacances scolaires et 15 jours l'été 135 : pris en charge dans le cadre de l'ordonnance 45, il n'y a plus de faits délictueux, le jeune continue à préparer son insertion professionnelle dans un cadre adapté 136 : La problématique de l'adolescent est peut-être liée à l'absence d'éléments sur les origines mais elle est aggravée par le contexte familial plutôt frustre 137 : la mère gère au mieux la situation avec l'aide des services sociaux 138 : adoption tardive, enfant manifestant de la peur, refus d'être touché. Dit qu'il n'a pas compris pourquoi il a quitté son pays, veut retrouver sa mère 139 : cette jeune vit avec sa mère, conflit de couple et rejet par le père 140 : Depuis plusieurs années enfant et parents ont du mal à se comprendre, problèmes pour le jeune d'ordre psychiatrique, l'adoption a augmenté la souffrance qui s'exprime sous forme de violence 83 141 : Enfant qui n'a pas compris le jugement de déchéance parentale et qui questionne par son comportement de délinquance 142 : La relation n'a jamais été forte, le jeune s'est senti maltraité et incompris, non écouté depuis la sixième, couple se considérant comme un relais et non comme des parents 145 : Couple souhaitant un seul enfant puis demande d'extension lors de la proposition de trois, couple en position de réparation des problèmes avec leurs propres enfants biologiques, adolescentes en difficultés, remise du petit puis des deux autres, nouvelle adoption simple pour tout le monde, , dépression et conflit de couple 146 : Le couple parents de deux enfants biologiques a fait la demande pour un enfant, on leur en a proposé trois, ils ont demandé une modification de l'agrément dans l'urgence 147 : Extension d'agrément à hauts risques 148 : couple en deuil ne pouvant être parent de cet enfant là 149 : Difficultés éducatives 151 : La greffe ne se fait pas 152 : souffrances en institution, changement de prénom déstabilisant, non préparation de l'enfant à l'adoption, les parents attendaient un bébé, pas armés pour un enfant aussi grand 153 : parents dépassés mais enfant ayant eu plusieurs échecs de placement plus prise en charge en psychiatrie 154 : enfant adopté par sa famille d'accueil, troubles du comportement 156 : Aucune analyse de la situation 157 : aucune analyse 158 : La mère adoptive possède des informations négatives sur la mère de l'enfant et pour elle cet enfant en est la reproduction, rejet 159 : famille d'accueil ayant adopté l'enfant mais ayant une image négative de la famille biologique et ayant l'idée d'une reproduction chez l'enfant 160 : Révélation d'abus sexuels, la situation d'adoption cristallise le rejet de l'enfant 161 : révélation d'agressions sexuelles 162 : Grande fragilité psychologique du couple, positions parentales inadéquates 163 : positions parentales inadéquates 164 : carences affectives de la petite enfance et vécu institutionnel lourd 165 : Enfant ne correspondant pas à l'image idéalisée de la mère, femme qui n'a pas fait le deuil de l'enfant biologique 166 : parents s'étant coupés de toute aide, se sont focalisés sur les résultats scolaires, problèmes de limites, trop d'enfants 167 : couple en mal d'enfant prêt à tout pour adopter 168 : jeune fille très blessée par son vécu de petite enfance, l'adoption ne correspond pas à sa problématique 169 : Passé de l'enfant, trois enfants adoptés au lieu d'un 170 : Enfant n'ayant pas fait le deuil de sa mère biologique,refus de l'adoption, couple fragilisé par risque de mort du père, réveil sentiment d'adoption 171 : jeune se mettant en danger sexuellement, couple refusant toute remise en cause et analysant les faits en fonction du passé traumatique de leur fille 172 : Vécu enfance traumatisant, affiliation difficile de part et d'autres 173 : Adoption fondée sur des raisons charitables, de la reconnaissance est attendue de l'enfant 175 : troubles du comportement, quête identitaire 176 : graves difficultés de santé liés à la toxicomanie de l'enfant, brûlures oesophagiennes; mère hyper protectrice, père peu investi, les deux parents considèrent les difficultés uniquement en lien avec la petite enfance 84 177 : parents qui ont déjà vu partir un enfant adopté à ses 18 ans, crainte d'un même rejet, fort questionnement de cet adolescent sur sa légitimité dans cette famille 179 : mère toute puissante, pas de remise en question de ses positions 182 : échecs multiples, enfant auteur et victime d'agressions sexuelles en milieu protégé, venant encore augmenter le rejet 183 : le jeune a été adopté en Polynésie, les parents connaissaient la famille d'origine, le père souhaite être transparent sur le sujet, la mère est en difficultés pour l'aborder. La question de l'adoption n'est pas centrale dans notre intervention, les demandes de l'enfant sont plutôt culturelles mais ne souhaite pas voir sa famille d'origine 184 : Compétences maternelles présentes, pas de carences, souffrance liée sans doute à des identifications parentales perturbées dans la prime enfance et adolescence 185 : petite enfance en parfaite adéquation aux demandes parentales, performances scolaires, rupture à l'adolescence, opposition violente mettant à l'épreuve les attachements réciproques 186 : adoption non préparée, désir d'adoption relatif, enfant venant prendre la place du père auprès de la mère 187 : Adoption par une femme célibataire, absence de référence masculine, madame est en couple avec une autre femme 188 : père non demandeur de revoir son fils mais en souffrance, enfant accueilli chez une tante et ne demande pas à revoir son père 208 : adoption certainement non réfléchie car explosion du couple dès l'arrivée de l'enfant. La mère est partie en laissant le père et l'enfant, par la suite réconciliation du couple au départ de l'enfant 209 : couple fusionnel ayant idéalisé l'arrivée de l'enfant, parents très agressifs à l'égard des services de soins en les harcelant, néanmoins la situation évolue favorablement 210 : Abus sexuel par un frère adopté, d'où très grande culpabilité des parents 211 : parents déçus par l'adoption, mettant les difficultés de l'enfant sur des raisons génétiques 212 : jeune ayant un passé trop lourd de maltraitance, s'est suicidé 213 : Couple en désaccord depuis l'adoption amenant la séparation. Enfant adopté ayant des troubles graves de la personnalité nécessitant une prise en charge spécialisée 214 : Mère en difficultés éducatives, en demande d'aide et de conseils 215 : enfant qui ne correspond pas aux attentes de la mère, séparation du couple dès le retour en France, dissensions avec le père de plus en plus importantes, père rigide 216 : situation figée depuis le placement, fonctionnement rigide et procédurier des parents qui exercent leur autorité contre l'intérêt de l'enfant en le privant de tout lien familial élargi (soeur, grands-parents), pathologie familiale, enfant en situation d'abandon 217 : la crainte de la mère de frustrer son enfant l'empêche de dire non, les différences d'appréciation des parents sur les critères éducatifs laissent au jeune une marge qu'il utilise 218 : Adoption intra-familiale imposée à un couple déjà chargé de famille et ayant des difficultés avec ses propres enfants rejet des enfants imposés 219 : explosion de la cellule familiale, l'enfant adopté se sent responsable t accuse sa mère d'être à l'origine de la déchéance du père, lui-même adopté 220 : enfant adopté sans préparation par une famille paternelle du Sénégal suite au décès de sa mère avec qui il vivait, a voyagé seul pour rejoindre sa famille adoptive 223 : La situation est certes complexe et liée aux conditions de l'adoption, mais la réactivité et la compétence de la famille ont permis à la jeune d'évoluer favorablement 224 : il s'agit plus de difficultés du couple parental à faire face à l'adolescence, pas de limites adaptées, problème de cohérence parentale plus que d'adoption 225 : cette deuxième adoption est un échec total, les parents n'ont plus aucune demande si ce n'est la révocation de l'adoption 85 226 : attitude parentale rigide et par trop réparatrice par le gommage mais aussi par la psychiatrisation de la jeune. La remise en cause par une attitude d'écoute semble possible 227 : rejet complet des parents adoptifs qui entraîne une grande inquiétude quant au bien être de l'enfant au sein de la famille. Dans l'attente d'un règlement juridique de la situation la mise à distance était nécessaire avec la mise n place d'un accueil provisoire 228 : Le couple parental au moment de l'adolescence se trouve confronté au deuil de l'enfant idéal et réparateur ce qui conduit à des difficultés de compréhension et des réponses inadaptées 229 : La crise actuelle est le résultat de l'attitude parentale. Recherches d'aides extérieures comme le psychiatre ou la mise en internat mais incapacité à accepter la différence 230 : Cette situation est indépendante de l'adoption, le jeune mettant en oeuvre des mécanismes de défense pour ne pas être pris dans la spirale maternelle. Ce qui implique un placement jusqu'à sa majorité avec soutien psychologique 231 : Les parents n'ont pas tenu compte des capacités de l'enfant lors de son arrivée, ont voulu le traiter comme un bébé, d'où avec l'âge des conflits exacerbés par le refus de l'enfant de comprendre ce qui s'est passé et de s'exprimer, fonctionnement parental assez rigide 232 : une incompréhension de la part des parents du vécu de l'enfant, opposé à toutes les valeurs familiales. De la part de la mère des carences importantes dans la prise en charge de l'enfant 233 : l'adoption de deux enfants d'une même fratrie a révélé un conflit de couple latent 235 : Difficultés éducatives et pathologie de ce couple nécessitant une mesure de protection que les enfants soient adoptés ou non 237 : l'origine de l'adoption et les non-dits ont amené une incompréhension générant de la violence et du rejet 238 : Adoptions tardives, multiples, et non respect de l'ordre de la fratrie 239 : Le projet parental n'est porté que par la mère, père n'ayant pas pris sa place, le placement devrait permettre à chacun de se situer 240 : La ère adoptive voulait un enfant plus petit, cet enfant a été choisi par le père et imposé à la mère. L'arrivée de l'enfant a coïncidé avec une nouvelle naissance, difficile à gérer pour la mère 241 : Maltraitance du père, sentiment de discrimination de la fille du couple, mère protectrice de son époux, père dans le déni. Sentiment d'isolement de l'enfant, enfant qui ne s'autorise pas à aimer sa mère adoptive 242 : Maltraitance du père, discrimination suite à la naissance de la fille du couple. Mère constate le comportement de son mari mais le protège, père dans le déni de sa violence 243 : l'adoption semble ne pas avoir été suffisamment préparée, tant du côté des parents que des enfants alors que l'âge et le passé du jeune aurait nécessité un accompagnement fort 244 : Enfant en rupture avec ses parents adoptifs 245 : il s'agit de l'adoption de l'enfant du conjoint, situation ensuite connue par l'ase acr enfant placé à la suite de difficultés 246 : Adoption tardive, décalage entre les attentes des parents et les possibilités de l'enfant 247 : rigidité et exigences de la mère créant d'importantes difficultés dans le couple et avec l'enfant 248 : Problème d'adaptation entre mère et enfant, vécu très douloureux 249 : sur investissement de l'enfant biologique au détriment de l'enfant adopté, l'enfant adopté ne correspond pas à l'enfant rêvé 250 : jeune en grande souffrance exprimant un fort sentiment d'abandon, de méfiance envers la société, ayant peur de régresser et de ne pas se relever 86 251 : jeune souffrant de maltraitances physiques depuis plusieurs années mais non détectées souffrance de ne pas connaître son histoire personnelle mais n'est pas prêt à faire des démarches 252 : jeune rejetée par sa mère qui subit de grandes violences physiques, jeune en demande d'aide et de séparation de ses parents 253 : Enfant ne correspondant pas aux attentes de l'enfant dès l'arrivée, grandes difficultés relationnelles enfant-parents 254 : jeune très dépressif qui a été investi dans le registre affectif par son père adoptif mais non par sa mère qui est restée sur le registre professionnel d'assistante maternelle, sentiment d'abandon de l'enfant, parents dépassés par les problèmes de l'enfant 255 : découverte à la majorité de son adoption ce qui a été dramatique, rupture des liens avec les parents adoptifs 256 : Enfant très probablement arrachée à sa famille biologique sans aucune explication à l'âge de six ans, confiée à une famille adoptive non préparée à l'accueil de cette enfant, d'où échec inévitable 257 : Rejet de la jeune par sa famille adoptive à sa majorité, problèmes relationnels 258 : jeune ayant de grosses difficultés familiales liées en partie à son histoire, refuse toutes contraintes de la part de ses parents, a besoin d'un cadre éducatif soutenu 259 : jeune qui a cherché et retrouvé sa famille biologique et n'a pas supporté la réalité de ce qu'elle a trouvé 260 : Connaissance tardive par la jeune de son adoption difficultés éducatives en lien avec l'âge de la jeune autour de la sexualité 261 : Femme célibataire ayant adopté quatre enfants par défi (oedipe non résolu), personnalité psycho-rigide, trois enfants sont rejetés 262 : les manifestations symptomatiques de l'enfant ont fait écho à une problématique maternelle non perçue à l'agrément, plus adoption tardive 263 : Couple ayant eu un refus d'agrément et ayant adopté de façon illégale, enfant mise en place d'objet du désir maternel, jeune qui par le biais d'une grossesse tente d'échapper au domicile maternel 264 : enfant ayant subi avant son adoption des négligences et agressions sexuelles graves 265 : Enfant souffrant de graves troubles psychiques avec aucun moyen de travailler son histoire 266 : enfant ayant vécu de la maltraitance physique grave avant son adoption, parents ayant des troubles les empêchant de nouer des liens structurants 268 : Difficultés au niveau relationnel 269 : Jeune ayant vécu son départ comme une rupture, les liens n'ont pas pu se créer 270 : Enfant issu d'une fratrie de jumeaux, au départ le couple ne voulait q'une fille, ont pris la fratrie car l'autre enfant est une jumelle, grande souffrance du garçon sur le plan psychique, il ne lui est répondu que sur le plan éducatif, pas d'affection 271 : enquête sociale montrant que le père et la mère ne connaissent pas les besoins d'un enfant, et ne sont pas en mesure de mettre en place une relation affective équilibrée 272 : couple qui n'aurait jamais du avoir un agrément d'adoption 273 : jeune devenue mère elle-même et ayant des accès de violence, provoquant de la violence chez son concubin, grande culpabilité , colère, dépression 274 : situation éducative difficile depuis plusieurs années, cependant le couple a voulu régler seul ses difficultés, aujourd'hui le fils déplace les problèmes de comportement vers l'extérieur, la fragilité de la famille est mise en lumière 277 : Les parents adoptifs souhaitaient avant tout un héritier, aujourd'hui ils souhaitent le transformer en enfant idéal, l'enfant essaie de rentrer dans ce cadre mais n'y arrive pas. Le père se montre violent psychologiquement et physiquement 87 278 : famille confrontée à un enfant ime, sans informations préalables sur sa déficience intellectuelle, ce n'était pas leur projet 280 : mère très exigeante vis-à-vis de sa fille 281 : parents dépassés par la pathologie de l'enfant, trisomique, épilepsie, régression, jalousie et attaque d'une autre enfant fille trisomique adoptée, conflits avec les établissements spécialisés 282 : Jeune suivi en aemo suite à une mesure de liberté surveillée nécessaire pour définir un projet de formation et prévenir des actes de récidive délinquants, parents demandant de l'aide 283 : banalisation des problèmes de leur fille et mise en cause du travail des professionnels 284 : Jeune qui se met en situation risquée (vols, addictions) parents ayant adopté trois enfants d'un seul coup et en situation d'échecs répétés, rappelant à monsieur sa situation d'ex adopté 285 : la séparation de l'enfant a entraîné d la souffrance chez l'enfant, désaccord important entre le père et la mère et les grands- parents maternels qui ont pris une place importante pendant la maladie de la mère 286 : parents désemparés, enfant ayant pris le pouvoir à la maison, il se met en danger, déscolarisé, a besoin de soins qu'il refuse 287 : famille non réellement accompagnée pour l'intégration de l'enfant par l'OAA; un accompagnement va être fait maintenant par le service 288 : ordonnance de placement provisoire du jeune, querelle intra familiale parents-grands parents pour ce jeune choyé comme l'élu 289 : Idéalisation puis désillusion par rapport aux valeurs enseignées, les parents ne relient pas les problèmes à l'adoption mais plus généralement au contexte d'adolescence 291 : nécessité de s'interroger sur l'âge de l'enfant au moment de l'adoption, enfant qui avait un vécu lourd, couple qui a manqué d'aide et a fait appel trop tard 292 : Déni des difficultés liées à l'adoption, celles-ci sont davantage mises sur le compte de l'adolescence par les parents. Jeune ayant commis des faits de délinquance graves, ayant demandé son accueil depuis plusieurs années, communication parents-enfant difficile voire violentes, enfant qui teste aussi l'attachement des ses parents 293 : Difficultés relationnelles dues au passé de l'enfant et à une adoption tardive 294 : Fragilité psychologique de la mère adoptive ne permettant pas l'autonomie progressive de l'enfant en rapport avec son âge 295 : Difficultés repérées par les parents dès le début de l'adoption, réponses inadaptées des parents, l'ado a besoin de s'opposer 296 : réponses inadaptées (enfermement de l'enfant) situation explosive due aux actes posés par l'adolescente, parents se présentant comme victimes 297 : Enfant en souffrance suite à plusieurs traumatismes : abandon, orphelinat, 2e abandon de sa mère adoptive, arrivée d'une belle mère, naissance d'une soeur, rejet par tous 299 : échec de l'adoption du deuxième enfant, parents trop fragilisés du fait de problèmes de santé pour réussir cet accueil 300 : Cette jeune d'origine maghrébine s'est toujours sentie différente de ses parents adoptifs (couleur de la peau). Les parents ont modifié les prénoms de naissance, refus de la jeune aujourd'hui de ce changement 301 : Enfant qui ne correspond pas à l'image de l'enfant idéal 304 : Absence de communication avec les parents, silences de la jeune perçus comme un rejet de la famille, jeune dépressive, rigidité parentale, incompréhension mutuelle 306 : Mère très stressée à l'accueil de l'enfant, père peu présent même s'il ne se désintéresse pas de sa fille, parents qui ne perçoivent pas vraiment les difficultés mais acceptent d'être aidés 307 : jeune qui ne comprend pas cette adoption, ni pourquoi elle a été mise en place en intrafamilial, le père adoptif est du pays 88 309 : Couple en procédure de divorce, le père demande à être déchargé de l'autorité et l'annulation de la kafala, enfant pris dans ce contexte 310 : enfant ayant perdu ses deux mères 311 : adolescent en mal être psychique et pris dans le conflit parental 312 : adolescente dans une relation très conflictuelle avec sa mère 313 : situation très fusionnelle, pas de tiers paternel, absence quasi totale d'éléments sur les origines de la jeune, difficultés psychologiques de la mère, difficultés de la jeune pour s'autonomiser 314 : Adolescent en difficultés du fait des ruptures successives vécues dans son passé, insécurité, peur du rejet et du jugement 316 : Adoption non préparée et réalisée à l'étranger sans aucun soutien, décalage entre l'enfant rêvé et cet enfant avec handicap 317 : seul enfant adopté d'une fratrie de quatre enfants biologiques, le père est en arrêt de travail depuis des années, le fils supporte mal cette situation 89 90