Bridge à brac - Festivals du Soleil

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Bridge à brac - Festivals du Soleil
Bridge à brac
Guy Dupont
De la pub sur le bridge à la télé
Patrick Bogacki, vice-président de la FFB, qui dispute l’Open avec Valérie Sauvage, avait
rendez-vous samedi matin avec les représentants des clubs de la Côte d’Azur, dans les locaux
du comité, à Juan. Pour leur parler d’une opération qui va faire grand bruit : 500 spots de
publicité de 12 secondes vantant les mérites du bridge vont être diffusés sur les antennes de
France Télévision, du 7 septembre au 7 novembre prochains. Le contenu de ce spot est encore
tenu secret, mais vous pensez bien que la gazette internet du festival, avec ses moyens
d’investigation, a réussi à en obtenir une copie. En 12 secondes, il faut faire vite, et le
message véhiculé est fort – et fort bien réalisé. On y voit quatre joueurs à une table, deux
femmes, deux hommes, plutôt jeunes (…oui, j’entends votre réaction amusée), et on pénètre à
l’intérieur de leur cerveau où s’accomplissent des exercices physiques dans la bonne humeur.
Un flash réussi sur le thème du bridge-sport de l’esprit.
L’opération coûtera 500 000 euros à la fédération. Pour ma part, j’applaudis sans réserve à
cette initiative. Il faut vivre avec son temps. Et tenter avec les moyens de l’époque de
redresser une courbe qui commence à s’infléchir.
Maillot jaune du tournoi
Le Néerlandais Gerard Rietveld (on peut le reconnaître à la tenue quasi-militaire de
camouflage qu’il porte pendant le tournoi – bien que celle-ci soit généralement revêtue pour
passer inaperçu), associé au sémillant Hermann Drenkelford (président de White House
International), a d’ores et déjà accompli un exploit, quel que soit le résultat final du tournoi : il
est venu d’Amsterdam à vélo, un long parcours de 1300 km (… avec le franchissement de
quelques cols de 3e catégorie). Il faut dire que la bicyclette est son instrument de travail : il est
facteur.
Cure d’amaigrissement
Suite à notre écho d’hier sur Jean-Charles Allavena, intitulé Un homme qui prend du poids,
celui-ci me fait remarquer que ce titre n’est pas tout à fait en conformité avec la réalité. En
effet, depuis qu’il a pris sa fonction de député de Monaco, il a perdu cinq kilos.
Les bons maniementeurs
Ah la petite levée supplémentaire ! Elle vaut cher sur le marché des fréquences de l’Open de
Juan-les-Pins – ou d’ailleurs. Prenez place en Est sur la donne 3 de la deuxième séance.
(S/E-O)
♠64
♥AR43
♦ D 10 9 8
♣RV7
S
Passe
Passe
(Fin)
O
Mme Charrault
1♦
3♦
♠ A 10 7 3
♥D52
♦RV52
♣A9
██
N
1♠
Passe
E
Rombaut
2♠
3SA
Sud entame du Valet de Pique. Vous avez neuf levées de tête. Comment envisagezvous d’aller en dénicher une dixième ?
En pratique, tout le monde laisse passer l’entame, et Sud insiste à Pique, pour la
Dame. A partir de là, deux écoles : ou bien vous prenez de l’As, ou bien vous laissez encore
passer.
Jérôme Rombaut, le père de Goto bridge (mais aussi de trois adorables bambins, dont
on a pu voir un exemplaire courir entre les jambes des joueurs à l’issue de la séance), membre
de la dernière équipe de France (et qui espère bien l’être aussi de la prochaine, je présume) a
opté pour la seconde. Refuser le deuxième tour de Pique était bien le meilleur moyen
d’assurer dix levées, avec, en toile de fond, la perspective d’un double squeeze automatique
qui n’allait pas tarder à tomber des cartes. Nord a contre-attaqué du Valet de Cœur. Le
déclarant a pris, fait sauter l’As de Carreau et Sud a insisté à Cœur. Il restait à encaisser les
levées maîtresses à Cœur et à Carreau, en terminant en main, pour arriver au moment
fatidique.
♠64
♥AR43
♦ D 10 9 8
♣RV7
♠RD985
♥V
♦643
♣ D 10 8 5
██
♠V2
♥ 10 9 8 7 6
♦A7
♣6432
♠ A 10 7 3
♥D52
♦RV52
♣A9
La position, quand Est présente le dernier Carreau (on pourrait même imaginer la Dame de
Trèfle en Sud) :
♠ -♥4
♦9
♣RV7
♠R9
♥ -♦ -♣ D 10 8
██
♠ -♥ 10 9
♦ -♣643
♠ A 10
♥ -♦R
♣A9
Sur le Roi de Carreau, Sud défausse un Cœur. Si Nord écarte un Pique, il affranchit le 10. Il
jette donc un Trèfle, mais l’As de Pique qui suit squeeze alors Sud Cœur/Trèfle – à supposer
que celui-ci possède la Dame de Trèfle (mais notez qu’on aurait pu échanger le Valet de
Trèfle avec le 2, et la manœuvre aurait été tout aussi efficace).
Ceux de la première école, qui ont encaissé l’As de Pique à la seconde levée n’en ont pas
moins été capables de réussir dix levées, mais de façon moins efficace. Après le jeu à Cœur et
à Carreau, on arrive à la position (la défense, à ce stade, n’ayant réalisé que deux levées) :
♠ -♥4
♦9
♣RV7
♠R9
♥ -♦ -♣ D 10 8
██
♠ -♥ 10 9
♦ -♣643
♠ 10 2
♥ -♦R
♣A9
Sur le Roi de Carreau, si Nord jette un Pique, l’As de Trèfle est débloqué et une mise en main
à Pique le contraint de se jeter dans la fourchette à Trèfle (on pourrait aussi ne pas débloquer
l’As de Trèfle, puisque le 10 de Pique est affranchi, mais la mise en main et le coup de
fourchette sont intellectuellement plus satisfaisants). Mais sa meilleure défense consiste à
défausser un Trèfle. Le déclarant termine alors par As et Roi de Trèfle, cueillant la Dame.
… Mais il aurait chuté avec la Dame en Sud !
J’en entends un, dans le fond de la classe, qui dit : « Après les enchères, Monsieur, la Dame
de Trèfle était affichée en Nord ».
Ta-ta-ta ! Nord a déclaré 1 ♠, non vulnérable contre vulnérable, et, de surcroît, après un Passe
de son partenaire (certains sont même intervenus par un saut à 2 ♠). Dans ces conditions
d’intervention favorables, il aurait très bien pu le faire sans la Dame de Trèfle. Non mais !
Tout est-il dit ? Oh que non ! Sud a manqué deux occasions de limiter le contrat à neuf levées.
La première, en n’entamant pas à Trèfle – il disposera d’une autre occasion de rejouer Trèfle,
ce qui cassera tout squeeze. Et la seconde, en ne trouvant pas la contre-attaque à Trèfle après
l’entame du Valet de Pique – puisqu’il reprendra la main à Carreau pour insister à Trèfle. Une
seconde occasion dont le déclarant pouvait d’ailleurs priver la défense, en disposant d’une
parade : prendre le Valet de Pique de l’As – et jouer Pique vers le 10, au cours du jeu. Une
action qui présentait toutefois un petit défaut : elle n’autorisait plus le double squeeze, mais
seulement le squeeze simple contre Nord.
Mais qui entame à Trèfle, ou encore qui est capable de contre-attaquer à Trèfle après
l’entame du Valet de Pique ? J’ai fait ma petite enquête, comme vous pouvez l’imaginer, en
tant que journaliste consciencieux (pour autant que cela soit possible) – non seulement, je me
suis livré à un micro-trottoir, mais j’ai interrogé un petit collège d’experts. Et la réponse est
formelle : personne !
Mine de rien, cette petite levée supplémentaire rapportait 71 % aux bons
maniementeurs.

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