Chauffage à partir de plaquettes : deux exemples wallons

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Chauffage à partir de plaquettes : deux exemples wallons
BOIS-ENERGIE
Chauffage à partir de plaquettes :
deux exemples wallons
par Didier Marchal
ValBiom asbl1
E
n novembre 2006, la Société Royale
Forestière de Belgique a organisé, en
collaboration avec la Fondation rurale de
Wallonie et ValBiom, une journée de terrain
consacrée au bois-énergie. Deux sites ont été
visités, l’occasion d’illustrer l’une des
facettes du bois-énergie.
n RECONVERSION À FAUVILLERS
Il y a quelques années, Monsieur Noiset a installé une chaudière bois à alimentation automatique dans une ancienne
grange reconvertie en immeuble à appartements. La chaudière, d’une puissance de 80 kW, permet de chauffer les 8
logements du bâtiment, tout en fournissant également l’eau
chaude sanitaire. L’utilisation d’environ 100 map2 par an permet d’éviter la consommation annuelle de 10.000 l de mazout (soit 27 t de CO2 fossile).
Dans ce cas, il est intéressant de constater que le local occupé par la chaudière est une simple cave. L’encombrement
de la chaudière est du même ordre de grandeur qu’une chaudière mazout de même puissance.
3. Clapet coupe-feu : dispositif homologué garantissant une
entière étanchéité aux fumées et empêchant tout retour
d’allumage des fumées de combustion ;
La figure 1 détaille les principaux éléments d’une chaudière
du même type que celle installée chez Monsieur Noiset :
4. Evacuation des cendres : décendrage automatique,
compactage des cendres et contrôle du niveau de remplissage du bac cendrier (capteur) ;
1. Echangeur thermique : échangeur thermique à faisceau
de conduits de fumées verticaux, équipé de turbulateurs
spéciaux et à nettoyage entièrement automatique ;
5. Système d’alimentation : dispositif d’alimentation composé d’un dessileur (diamètre compris entre 2,5 et 5,5 m)
et d’une vis d’alimentation ;
2. Système de combustion : foyer volcan, brûleur à tuyère
annulaire, dôme de postcombustion et zone de turbulences de combustion ;
6. Module de commande entièrement automatique et simple d’utilisation ;
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] La réserve de plaquettes (Ferme des Bisons).
ValBiom – Chaussée de Namur, 146 – B-5030 GEMBLOUX
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map : mètre cube apparent de plaquettes, unité couramment utilisée dans le
domaine du bois-énergie.
7. Vis d’alimentation : spires en acier spécial avec revêtement en carbure.
On notera également la présence d’un réservoir intermédiaire (capacité 10 l, dans ce cas) à l’intérieur duquel se trouvent des cellules photoélectriques. Celles-ci régulent auto-
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matiquement le niveau de remplissage. L’utilisation d’un réservoir intermédiaire permet ici de solliciter moins souvent le
dispositif d’alimentation en combustible (ce qui accroît sa
durée de vie et réduit la consommation électrique).
Le réservoir de combustible, aussi appelé silo d’alimentation, se situe dans un garage dont un des murs est commun
avec la chaufferie. La capacité de stockage est d’environ 40
m3. Les plaquettes produites sont directement projetées dans
le garage durant l’opération de déchiquetage du bois. On peut
aussi venir déverser une remorque remplie de plaquettes dans
le garage.
Le principe de fonctionnement de la chaudière est identique
à celui de l’installation visitée à Fauvillers. On notera toutefois
que, dans ce cas-ci, le silo est situé au-dessus de la chaudière. Une vis amène le combustible dans une conduite qui
descend dans le réservoir intermédiaire. Le combustible est
ensuite acheminé vers la chambre de combustion au moyen
d’une deuxième vis sans fin. La figure 2 illustre ce type d’implantation.
Monsieur Noiset gère également une société de production
de bois déchiqueté. Grâce à son broyeur, il peut déchiqueter
en forêt ou sur tout chantier regroupant suffisamment de bois
à déchiqueter.
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Figure 2 : Schéma d’implantation de la chaudière et du silo à la Ferme
des Bisons (Source : KWB Chaudières à biomasse).
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Figure 1 : Schéma d’une chaudière KWB Multifire (Source : KWB
Chaudières à biomasse).
n LA FERME DES BISONS
La Ferme des Bisons, située à Recogne, comprend plusieurs
bâtiments abritant notamment des gîtes. La consommation
en mazout est d’environ 33.000 l par an. En hiver, il faut parfois 2.000 l de mazout pour chauffer les gîtes ! D’un autre
côté la Ferme est entourée de massifs forestiers. Leur entretien génère de grandes quantités de bois. Devant ce double
constat, Jean-François d’Hoffschmidt a décidé d’installer un
petit réseau de chaleur alimenté par une chaudière bois à
alimentation automatique. Fonctionnelle depuis peu de temps,
l’installation (100 kW) permet de chauffer l’ensemble des bâtiments du domaine. Pour le début de la saison de chauffe,
Jean-François d’Hoffschmidt estime la consommation à environ 50 map pour 40 jours. A terme, l’installation permettra
d’éviter l’émission d’environ 90 t de CO2 fossile dans l’atmosphère.
Le bois à déchiqueter est amené jusqu’à proximité des locaux. Une déchiqueteuse projette directement les plaquettes
dans une grange. De là, les plaquettes sont transportées périodiquement vers le silo de stockage. On soulignera à ce stade
l’importance de la qualité de la plaquette utilisée comme combustible. En effet, Jean-François d’Hoffschmidt a utilisé dans
un premier temps un broyeur quelconque pour préparer les
plaquettes. Avec ce système, il obtenait de longs et fins morceaux de bois parmi des morceaux mieux calibrés. Ces longs
morceaux ont tendance à se coincer lorsqu’ils parviennent
dans le réservoir intermédiaire. Il faut donc les enlever périodiquement afin de permettre le passage des autres plaquettes. Il s’agit d’un problème purement technique lié au combustible : une plaquette bien calibrée ne pose aucun problème.
n EN GUISE DE CONCLUSION…
Il est remarquable de constater que, dans les deux cas illustrés ici, les propriétaires ont exploité très adroitement les locaux à leur disposition (garage, grange, …). Cela montre aussi
que, dans le domaine du bois-énergie, il est possible d’adapter la technologie à pratiquement chaque situation. On aura
également compris l’importance à accorder à la qualité du
combustible. Un mauvais fonctionnement du système d’alimentation ou de la chaudière est souvent lié à un problème
de qualité du combustible (dimensions, humidité, …). Il importe donc d’être particulièrement attentif à la qualité du combustible ligneux, qu’on le produise soi-même ou qu’on se le
fasse livrer.
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