Interview de François Fillon Le Parisien – Aujourd`hui Vendredi 27
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Interview de François Fillon Le Parisien – Aujourd`hui Vendredi 27
Interview de François Fillon Le Parisien – Aujourd’hui Vendredi 27 mars 2015 On annonce une « vague bleue » dans les urnes dimanche. Ce sera la victoire de qui ? De toute l’UMP ou de Nicolas Sarkozy ? François Fillon : Ce sera d’abord la défaite de la gauche et le succès de nos candidats qui sont engagés sur le terrain. Ce sera la démonstration que l’UMP et le centre droit sont la seule alternative politique. Et pas le FN, même s’il progresse. Le fait que notre famille politique soit plus soudée que ces dernières années est un atout. L’opposition a donc un patron ? Avec Nicolas Sarkozy, l’UMP a un président qui compte dans le débat public. Mais ce serait réducteur pour les candidats de dire que ce sont les dirigeants nationaux qui font les élections locales. Et je rappelle que les municipales avaient été largement gagnées par l’UMP en 2014, malgré les difficultés que nous rencontrions. En cas de bérézina pour le PS, François Hollande peut-il garder Manuel Valls ? La lourde défaite de la gauche sera un coup de tonnerre politique. Mais on ne me fera jamais dire que le sort du gouvernement est suspendu à des élections locales. Pour autant, la colère doit être entendue. François Hollande ne propose pas des réformes puissantes pour sortir de la crise. Le pays est bloqué. La dissolution de l’Assemblée pourrait être une solution. Mais c’est au président de décider. Vous pensez que son quinquennat est déjà fichu ? Cela va être très difficile d’inverser la situation. Il faudrait des réformes radicales et courageuses. Je ne le vois pas prendre ce risque à deux ans de la présidentielle. Sa majorité est divisée, et son gouvernement paralysé. Vous président, quel serait votre plan de bataille contre le chômage ? Ce qui est en cause, c’est le manque de compétitivité de l’économie française. Il faut engager une masse critique de réformes dans un délai très court pour déclencher une réaction en chaîne, en ayant recours aux ordonnances et à tout ce qui permet d’aller vite dans la Constitution, y compris au référendum. Il faut changer complètement de logiciel et libérer l’économie française : supprimer les 35 heures, en rendant obligatoires les accords d’entreprise, alléger le Code du travail, développer massivement l’alternance, supprimer les seuils sociaux, mettre en place la dégressivité des allocations du chômage… Vous n’avez pas peur de mettre les Français dans la rue avec cette thérapie de choc ? Si on continue comme ça, on aura 5, 6 voire 7 millions de chômeurs ! Et là, les Français vont vraiment descendre dans la rue. La présidentielle sera un moment de vérité. Je préconise un changement radical, et ma conviction, c’est que les Français l’attendent. En deux ans, on peut stopper la dégradation, en cinq ans reprendre le chemin de la croissance, et en dix ans être la première puissance européenne. Faut-il, pour faire revenir les électeurs du FN, parler des repas dans les cantines, comme l’a fait Nicolas Sarkozy ? Une partie des électeurs attend peut-être ce discours, mais ne cédons pas à une surenchère qui conduirait à l’exclusion d’une partie de la communauté nationale. Sur le terrain, personne ne m’a parlé des menus dans les cantines scolaires. Il faut une grande fermeté vis-à-vis des communautarismes mais la liberté doit être respectée. Sarkozy est convoqué mardi par les juges dans l'affaire des pénalités réglées par l'UMP, après l'invalidation de ses comptes de campagne de 2012... Je n’ai aucun commentaire à faire sur ce sujet. C’est à la justice de se prononcer. Vous étiez pourtant hostile à ce que le parti règle ces pénalités. Pour les Sarkozystes, vous êtes d’ailleurs à l’origine de cette affaire. Cette affaire n’est pas née avec moi ! Il y a des lois pour tous qu’il faut respecter. Craignez-vous des fraudes lors de la primaire de 2016 ? Les choses sont bien engagées. Je pense qu’on a tourné la page de la triche et des comportements malhonnêtes. Mais je dis : attention à la mise en œuvre des primaires. C’est une grosse organisation que nous n’avons jamais pratiquée à droite, donc il faut l’anticiper. Qu’est-ce qui vous différencie d’Alain Juppé ? Je suis dans une logique de rupture pour stopper la glissade du pays. Alain Juppé, et c’est tout à fait honorable, pense que la France est fragile, qu’il faut la réformer de façon plus prudente et consensuelle. C’est un débat sain et important que nous aurons ensemble. Hollande répète que « la reprise est là ». C’est de la poudre aux yeux ? C’est le président commentateur. Il commente, il commémore, il surjoue l’unité nationale, avec un certain brio d'ailleurs. Mais quel est l’apport du gouvernement Valls à la reprise de la croissance et à la baisse du chômage ? Zéro ! Une partie de l'UMP accuse l'exécutif de surfer sur le crash de l’A320 avant les élections... Le gouvernement fait son devoir et c’est très bien que François Hollande accueille Mme Merkel et M. Rajoy. Mais face à ce genre d’accidents, les responsables politiques doivent faire preuve de pudeur. On n’attend pas du président de la République qu’il explique qu’on a retrouvé une boîte noire. Vous êtes celui qui, à l’UMP, a le projet le plus abouti mais vous n’en récoltez pas les fruits dans les sondages. Vous vous dites quoi le matin pour vous motiver ? Que la France peut s’en sortir et j’ai des propositions pour agir ! Il me faut continuer à creuser mon sillon, c’est après qu’on sème les graines et qu’on les récolte. Les « Républicains » comme nouveau nom pour l’UMP, vous approuvez ? Mon mouvement s’appelle Force républicaine, je ne peux en penser que du bien... Mais l’essentiel c’est que l’UMP devienne une force moderne qui projette la France vers l’avenir.