Edicom - News - Lyonel Kaufmann

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Edicom - News - Lyonel Kaufmann
Sommaire des News du 10 décembre 1999
Page
• Des milliers de Juifs auraient pu être sauvés du génocide
2
• Les excuses prononcées en 1995 conservent toute leur pertinence
4
• La Suisse a accueilli 51.000 réfugiés dont plus de 21.000 Juifs
5
• Une faille dans la tradition humanitaire suisse
6
• Un rapport pour les manuels scolaires
8
• Le PRD juge certaines appréciations tendancieuses
9
• Le rapport final de la Commission Bergier en 2001
10
• Une démarche positive, selon le Centre Simon Wiesenthal
12
• Rolf Bloch ne veut pas désigner de coupables
13
• «Bouleversant» pour les uns, «inacceptable» pour les autres
14
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SPES / Histoire / LKaufmann/ janvier 2000
Vendredi 10 décembre 14:21
Des milliers de Juifs auraient pu être sauvés du génocide
Rapport très critique de la Commission Bergier à l'égard des autorités de
l'époque - «La Suisse a refusé d'aider des personnes en danger de mort» - Le
Conseil fédéral savait
Berne (AP) La Commission Bergier a rendu vendredi un rapport implacable à l'égard
des autorités de l'époque et la politique des réfugiés qu'elles ont menée durant la guerre.
En fermant les frontières en été 1942, elles ont contribué - intentionnellement ou non - à
ce que le régime nazi atteigne ses objectifs. Ce comportement s'explique avant tout par
l'antisémitisme.
«Une politique plus sensible aux exigences humanitaires aurait sauvé des milliers de
gens du génocide perpétré par les nationaux-socialistes et leurs complices», souligne la
Commission indépendante d'experts «Suisse-Seconde Guerre mondiale» dans son
rapport sur la Suisse et les réfugiés à l'époque du national-socialisme.
«Nous ne sommes pas là pour juger, mais pour exposer des faits et les expliquer», a
relevé le président de la commission Jean-François Bergier devant plus de 100
journalistes. Dans une conclusion personnelle, il a néanmoins relevé que de «lourdes
erreurs» avaient été commises. «Nous devons en prendre acte car refuser notre histoire
telle qu'elle est c'est abdiquer notre responsabilité et c'est aussi répéter les erreurs du
passé».
La commission distingue deux moments-clés dans la politique suisse d'asile à l'époque
nazie. Le premier concerne l'année 1938 lorsque les autorités suisses ont voulu
s'opposer à l'afflux des réfugiés juifs d'Autriche. Un tampon «J» a alors été introduit
dans les passeports des Juifs de nationalité allemande.
Sans l'insistance des autorités helvétiques, les passeports auraient été marqués plus tard
ou peut-être jamais. «Sans le J, il aurait été possible à un grand nombre de victimes du
national-socialisme d'échapper à leur persécution en transitant par la Suisse ou par
d'autres pays», soulignent les historiens.
Ils relèvent que, malgré les objections juridiques, voire morales, du chef de la Division
de police Heinrich Rothmund, le Conseil fédéral a avalisé cette mesure à l'unanimité. Ce
faisant, en distinguant les «Aryens» des «non-Aryens», le gouvernement suisse «a
reconnu implicitement les lois raciales allemandes et est entré dans la logique du
national-socialisme». Les documents établissent clairement que «l'initiative et la
dynamique qui ont fini par aboutir à ce signe discriminatoire sont du côté suisse».
Le Conseil fédéral savait
Le second moment essentiel est l'été 1942 qui coïncide avec la fermeture des frontières.
«En créant des obstacles supplémentaires à la frontière, les autorités suisses ont
contribué - intentionnellement ou non - à ce que le régime national-socialiste atteigne
ses objectifs», écrivent les experts.
Les dirigeants helvétiques ont invoqué des raisons économiques, notamment les
difficultés de ravitaillement, voire militaires. Mais, affirme la commission, l'ouverture de
la frontière n'aurait pas entraîné une offensive des puissances de l'Axe, ni engendré
d'insurmontables difficultés économiques. De plus, il est clair que le Conseil fédéral, les
hauts fonctionnaires et le commandement de l'armée savaient quel sort attendait les
réfugiés refoulés: la déportation vers l'Europe de l'Est et l'extermination. «La Suisse a
pourtant refusé d'aider des personnes en danger de mort».
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«Complicité» ?
A la question de avoir si l'on peut parler de «complicité» de la Suisse avec le régime
nazi, l'historien Saul Friedlaender, membre israélien de la commission, a répondu que le
Conseil fédéral avait fermé les frontières en connaissance de cause, en sachant que les
Juifs refoulés étaient voués à la mort. «C'est à vous de juger, mais les faits sont clairs»,
a-t-il souligné. De son côté, l'historien suisse Georg Kreis a parlé d'une «aide
fonctionnelle» au régime nazi. Toutefois, cela ne signifie pas qu'en agissant de la sorte
les autorités aient sciemment voulu envoyer des personnes à la mort.
Antisémitisme
Pour expliquer cette attitude, la commission attribue à l'antisémitisme un rôle central.
Elle précise cependant que l'antisémitisme manifesté en Suisse n'avait pas le même
caractère idéologique qu'en Allemagne. Il n'avait pas un fondement raciste, mais plutôt
culturel, social et politique. Se rattachant à l'ancienne tradition chrétienne de rejet des
Juifs, il s'intégrait au mouvement politique de lutte contre la «surpopulation» étrangère
qui s'était manifesté depuis la guerre 1914-18 et qui incluait la crainte d'un
«enjuivement» du pays.
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Vendredi 10 décembre 11:59
Les excuses prononcées en 1995 conservent toute leur pertinence
Mais le rapport Bergier aurait pu davantage tenir compte du cadre
international
Berne (AP) Le rapport Bergier nous rappelle que la Suisse n'a pas répondu autant
qu'elle aurait pu et dû le faire à sa tradition humanitaire, a relevé vendredi le Conseil
fédéral dans sa déclaration. Le gouvernement tient à rappeler les excuses prononcées en
son nom en 1995 par le président de la Confédération Kaspar Villiger. «Ces excuses
conservent toute leur pertinence à la lumière du présent rapport». Notre politique de
l'époque a en effet été marquée par des erreurs, des omissions et compromissions, écrit
le Conseil fédéral.
Toutefois, le Conseil fédéral estime qu'il aurait été souhaitable de tenir davantage
compte, dans l'appréciation de la politique suisse, du cadre international. En effet, la
problématique des réfugiés est marquée par l'échec collectif des politiques d'asile des
Etats d'alors, qui, à l'enccontre des principes humanitaires et éthiques, eurent pour effet
d'abandonner des centaines de milliers de personnes sans défense à la barbarie nazie.
En outre, l'optique choisie dans le rapport conduit à mettre au second plan des réalités
historiques indéniables, telles les peurs que suscitait la menace qui pesait sur la Suisse,
l'incertitude de l'avenir ou la nécessité de maintenir des échanges économiques avec
l'étranger pour assurer la survie du pays. AP
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Vendredi 10 décembre 12:33
La Suisse a accueilli 51.000 réfugiés dont plus de 21.000 Juifs
Berne (AP) Pendant la Deuxième Guerre, la Suisse a accueilli 51.120 réfugiés civils,
dont 21.304 Juifs, selon les statistiques publiées par la Commission Bergier.
La Suisse a également accueilli 103.869 réfugiés militaires ainsi que 59.785 enfants
pour des séjours limités de quelques mois. Elle a aussi accepté pour quelques jours
66.549 personnes qui avaient fui la guerre.
De janvier 1940 à mai 1945, 24.398 refoulements - la plupart concernant des Juifs - ont
laissé des traces écrites. Toutefois, observe la Commission Bergier, le nombre de
personnes effectivement refoulées est incertain, parce qu'on n'a pas enregistré tous les
refoulements et que de nombreux dossiers ont été détruits. AP
mt
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Vendredi 10 décembre 14:01
Une faille dans la tradition humanitaire suisse
Selon le Conseil fédéral, les excuses prononcées en 1995 conservent toute leur
pertinence mais le rapport Bergier aurait pu davantage tenir compte du cadre
international
Berne (AP) «Le rapport Bergier nous rappelle que la Suisse, en cette sombre période de
l'histoire de l'humanité, n'a pas répondu autant qu'elle aurait pu et dû le faire à sa
tradition humanitaire», a relevé vendredi le Conseil fédéral dans sa déclaration officielle.
Il a tenu à rappeler la pertinence des excuses prononcées en 1995 par le président de la
Confédération Kaspar Villiger, notamment à cause du «J» inscrit dans les passeports
des juifs.
«Notre politique de l'époque a aussi été marquée par des erreurs, des omissions et
compromissions», écrit le Conseil fédéral. On ne ce peut cependant pas parler de
«complicité légale», a expliqué la présidente de la Confédération Ruth Dreifuss,
ajoutant «nous ne sommes pas des juges».
Cadre international insuffisant
Le Conseil fédéral considère toutefois qu'il aurait été souhaitable de tenir davantage
compte, dans l'appréciation de la politique suisse, du cadre international. En effet, la
problématique des réfugiés est marquée par l'échec collectif des politiques d'asile des
Etats d'alors, qui, à l'encontre des principes humanitaires et éthiques, eurent pour effet
d'abandonner des centaines de milliers de personnes sans défense à la barbarie nazie.
Selon le gouvernement, l'optique choisie dans le rapport conduit à mettre au second
plan des réalités historiques indéniables, telles les peurs que suscitait la menace qui
pesait sur la Suisse, l'incertitude de l'avenir ou la nécessité de maintenir des échanges
économiques avec l'étranger pour assurer la survie du pays. Le ministre des affaires
étrangères Joseph Deiss souligne que ce constat «n'est pas une critique en soi, mais une
remarque et que l'objectif du Conseil fédéral était de faire la vérité».
«Concernés, pas choqués»
Aussi bien Joseph Deiss que Ruth Dreifuss ont admis qu'ils n'avaient pas été surpris, ni
choqués par le rapport Bergier. «Nous n'avons pas à être choqués, nous sommes
concernés, pas plus», a déclaré le chef du Département fédéral des affaires étrangères
(DFAE).
De son côté, Ruth Dreifuss a observé que l'antisémitisme traditionnel en Suisse durant
la période de la Deuxième Guerre mondiale «n'avait pas une dimension d'extermination
propre à l'Allemagne nazie et n'avait jamais été un programme politique». Dans sa
déclaration officielle, le Conseil fédéral écrit qu'une »très grande majorité de la
population a rejeté l'idéologie raciste des nazis».
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Pas de procédure de dédommagement
Le ministre des affaires étrangères et la présidente de la Confédération ont encore
observé que le rapport Bergier n'est pas une procédure à caractère juridique. Le Conseil
fédéral n'a donc pas l'intention de lancer, sur cette base, des procédures de
dédommagements, par exemple pour les cas Sonabend et Spring. Pour ces derniers, le
Tribunal fédéral a été saisi et c'est lui qui tranchera.
«La prise de conscience que suscite un tel rapport ne doit pas nous induire à juger les
responsables d'alors sur la base des sensibilités contemporaines. Au contraire, elle doit
nous engager pour l'avenir, afin de ne pas répéter les erreurs du passé», écrit le Conseil
fédéral. En évoquant les leçons de toutes les tragédies engendrées par ce siècle, il
entend ainsi renforcer son soutien à la promotion du respect de la dignité humaine et de
la paix entre les peuples, ainsi qu'à la prévention du racisme. Il conclut: «Nous devons
cet acte de mémoire en souvenir des victimes. Nous le devons aussi et surtout à
nous-mêmes et à nos descendants.» AP
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Vendredi 10 décembre 14:26
Un rapport pour les manuels scolaires
Selon Sigi Feigl
Zurich (AP) Le président d'honneur de la Communauté israélite de Zurich, Sigi Feigl,
qualifie de très positif le rapport sur les réfugiés de la commission Bergier.
Indépendamment de la question de la culpabilité, il en appelle à ne pas oublier les gens
qui ont été envoyés à la mort par cette politique de refoulement. Sigi Feigl espère
également que le volet du rapport Bergier consacré aux réfugiés sera intégré dans les
manuels d'histoire de la génération actuelle et celles à venir. Pour ce qui concerne les
critiques venues de la droite, Sigi Feigl considère qu'on «ne pouvait rien attendre d'autre
de ces gens-là». AP
pc
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Vendredi 10 décembre 14:56
Le PRD juge certaines appréciations tendancieuses
Berne (AP) Le PRD a critiqué quelques passages du rapport Bergier, qualifiés de
jugement inadmissible du rôle de la Suisse durant la Deuxième Guerre mondiale. Il
contient des appréciations unilatérales, tendancieuses et trompeuses, qui sont
inacceptables parce que politiquement orientées, écrit le PRD. Le rapport rassemble de
nombreux faits importants à une époque difficile, mais il passe aussi rapidement sur
des composantes importantes de la politique des réfugiés.
Le rappport accorde trop peu de poids à la situation des réfugiés non juifs ainsi qu'au
rôle positif des milieux d'église et humanitaires. En outre, le rapport ne contient aucune
comparaison avec la politique des réfugiés des autres Etats. La Suisse dans l'ensemble
était de bonne foi et s'est bien comportée. Dans le domaine de la politique des réfugiés,
un autre comportement aurait été parfois de mise, du point de vue actuel, ajoute le PRD.
En 1995, le conseiller fédéral Kaspar Villiger a déjà présenté ses excuses, au nom de
tout le Conseil fédéral, pour cette partie de la politique officielle des réfugiés.Le PRD
réclame maintenant le retour à une discussion objective sur la politique suisse des
réfugiés durant la Deuxième Guerre mondiale. AP
oc/ry
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Vendredi 10 décembre 15:13
Le rapport final de la Commission Bergier en 2001
Berne(AP) Après la publication de deux rapports intermédiaires, dont celui sur la
politique des réfugiés, la Commission indépendante d'experts «Suisse-Seconde Guerre
mondiale» doit rendre son rapport final d'ici fin 2001.
Instituée en décembre 1996, la commission a pour mandat de mettre en lumière le rôle
de la Suisse et de sa place financière avant, pendant et immédiatement après la
Deuxième Guerre mondiale.
Présidée par l'historien Jean-François Bergier, elle comprend sept autres historiens et
un juriste. Outre Bergier, quatre de ses membres sont Suisses et quatre autres
étrangers. Les experts helvétiques sont Georg Kreis, Jacques Picard, Jakob Tanner et
Joseph Voyame. Les quatre membres internationaux sont Saul Friedlaender (Israël),
Sybil Milton (Etats-Unis), Harold James (Grande-Bretagne) et Wladyslaw
Bartoszewski (Pologne).
Indépendante, la commission ne compte parmi ses membres aucun représentant des
autorités suisses ou de groupes d'intérêt. Les experts, bénéficiant de la levée du secret
bancaire et professionnel, ont un accès facilité aux documents.
En mai 1998, la commission a publié un premier rapport intermédiaire intitulé «La
Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre mondiale». Après celui
présenté vendredi sur la Suisse et les réfugiés à l'époque du national-socialisme, elle
devrait livrer son rapport final d'ici fin 2001. Elle dispose d'un budget de quelque 25
millions de francs. AP
to
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Vendredi 10 décembre 15:32
Une démarche positive, selon le Centre Simon Wiesenthal
Jérusalem (AP) Le centre Simon Wiesenthal en Israël a salué le rapport Bergier en tant
que démarche positive entreprise par la Suisse pour faire la lumière sur son passé et en
tant qu'exemple pour les autres pays. Le directeur de l'organisation juive, Ephraïm
Zuroff, a déclaré à Jérusalem que la Suisse se confrontait enfin à son passé durant la
Deuxième Guerre mondiale.
La confirmation que la Suisse a refoulé des réfugiés et les a envoyés à la mort en
Allemagne devrait être considérée comme le point central du rapport. Car, l'Holocauste
fut en tout premier lieu un génocide et en deuxième lieu un vol à grande échelle. Zuroff
a aussi qualifié de très positifs les efforts de la Suisse pour dédommager les victimes de
l'Holocauste et leurs descendants. La politique suisse a conduit à la mort de dizaines de
milliers de personnes. «J'espère et je prie pour que les autres gouvernements se
confrontent avec le même courage à leur passé, en particulier dans les pays où des gens
ont effectivement participé à l'extermination, ce qui est bien pire que ce que les Suisses
ont fait», a déclaré le directeur du Centre Simon Wiesenthal.
Aucune réaction n'avait pu être encore obtenue vendredi soir du Minstère des affaires
étrangères israélien. AP
jet6226/bb/ry
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Vendredi 10 décembre 16:00
Rolf Bloch ne veut pas désigner de coupables
Berne (AP) Rolf Bloch demande au Conseil fédéral de reconnaître sa responsabilité,
mais il ne veut pas désigner des coupables. Le Conseil fédéral doit veiller à ce que le
passé ne se répète pas, a déclaré le président de la Fédération des Communautés
israélites de Suisse. Il a ajouté que la publication du rapport Bergier était «un grand
jour». «Nous sommes enfin arrivés aux êtres humains, on ne parle plus de chiffres,
mais de destins d'hommes, de femmes et d'enfants.»
Rolf Bloch a encore déclaré sur les ondes de la Radio romande qu'il était important
pour la Suisse de se pencher sur l'histoire, non pas pour trouver des coupables, mais de
réfléchir sur l'avenir. AP
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Vendredi 10 décembre 17:00
«Bouleversant» pour les uns, «inacceptable» pour les autres
Le rapport Bergier sévèrement critiqué à droite - Manque de perspective - Un
enseignement pour l'avenir, pour la gauche
Berne (AP) Le rapport Bergier a essuyé les critiques parfois sévères de la droite et les
louanges de la gauche et des organisations juives. Comme le Conseil fédéral, les partis
de droite et du centre reprochent au travail des experts de ne pas avoir suffisamment
replacé les événements de l'époque dans leur contexte et d'avoir omis la comparaison à
l'échelle internationale. Les organisations juives saluent le rapport et le présentent
comme un exemple pour les autres pays européens.
La critique la plus virulente est l'oeuvre de l'Action pour une Suisse indépendante et
neutre (ASIN) du conseiller national UDC Christoph Blocher. L'ASIN condamne le
rapport Bergier qu'elle juge »unilatéral, partial et péremptoire». Elle demande
instamment au Conseil fédéral de rejeter ce rapport qui «ne prend pas en considération
la situation extrêmement difficile dans laquelle se trouvait à l'époque notre pays, et de
renoncer à de nouvelles excuses».
L'ASIN s'en prend aux membres de la Commission Bergier, «des historiens et experts
gauchistes, nationaux et étrangers» qui ont »l'arrogance de juger dans l'optique actuelle
la Suisse de l'époque et ses autorités responsables».
Pour le président de l'UDC Ueli Maurer, le rapport est insatisfaisant. Il contient des
déformations de la réalité inadmissibles et juge de la situation de l'époque d'un point de
vue actuel.
Appréciations tendancieuses
Le PRD a critiqué quelques passages du rapport Bergier, qualifiés de jugement
inadmissible du rôle de la Suisse durant la Deuxième Guerre mondiale. Le rapport
contient des appréciations unilatérales, tendancieuses et trompeuses, qui sont
inacceptables parce que politiquement orientées, écrit le PRD. Le rapport rassemble de
nombreux faits importants à une époque difficile, mais il passe aussi rapidement sur
des composantes importantes de la politique des réfugiés.
Le rappport accorde trop peu de poids à la situation des réfugiés non juifs ainsi qu'au
rôle positif des milieux d'église et humanitaires. En outre, il ne contient aucune
comparaison avec la politique des réfugiés des autres Etats. La Suisse dans l'ensemble
était de bonne foi et s'est bien comportée. Dans le domaine de la politique des réfugiés,
un autre comportement aurait été parfois de mise, du point de vue actuel, ajoute le PRD.
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Des erreurs regrettables, selon le PDC
Le rapport sur les réfugiés constitue une base de dialogue intéressante, selon le
président du PDC Adalbert Durrer. Mais la Commission Bergier ne doit pas être
considérée comme un tribunal chargé de juger le comportement de la Suisse durant la
Deuxième Guerre mondiale. Selon Durrer, il n'existe pas de responsabilité collective.
Certes des erreurs très regrettables ont été commises et le Conseil fédéral a déjà
présenté ses excuses en 1995. Le rapport Bergier tire aussi des conclusions que Durrer
ne peut pas partager. Il a mentionné à ce propos le reproche de capitulation morale
devant l'antisémitisme. Le rapport n'a pas assez tenu compte de la situation presque
intenable dans laquelle se trouvait la population à l'époque.
Un «document bouleversant»
La présidente du PS Ursula Koch a qualifie le rapport de »document très
impressionnant et bouleversant». Il montre clairement que, pendant la Deuxième Guerre
mondiale, même en Suisse, il y avait des alternatives pour un comportement plus
humain en matière de politique des réfugiés, a-t-elle déclaré à AP. C'est pourquoi il ne
suffit pas de prendre simplement acte de l'injustice de l'époque. Le rapport doit plutôt
permettre d'endosser la responsabilité du destin des réfugiés refoulés aux frontières.
Selon Ursula Koch, le gouvernement suisse de l'époque est directement responsable de
la mort de milliers de personnes. La présidente du PS recommande à tous de lire le
rapport et d'accepter les faits qu'il contient. La réalisation d'une fondation de solidarité
serait un geste de réparation envisageable.
Un exemple pour les autres pays européens
Le Congrès juif mondial (CJM) a qualifié le rapport de tournant dans l'histoire suisse et
européenne. La Suisse devrait en ressortir plus forte. Le directeur du CJM Elan
Steinberg a décrit le rapport comme un exemle pour les autres pays européens.
Rolf Bloch, le président de la Fédération des Communautés israélites de Suisse
demande au Conseil fédéral de reconnaître sa responsabilité, mais il ne veut pas
désigner des coupables. Le Conseil fédéral doit veiller à ce que le passé ne se répète
pas, a-t-il déclaré . Il a ajouté que la publication du rapport Bergier était «un grand
jour». «Nous sommes enfin arrivés aux êtres humains, on ne parle plus de chiffres,
mais de destins d'hommes, de femmes et d'enfants.»
Une démarche positive
Le centre Simon Wiesenthal en Israël a salué le rapport Bergier en tant que démarche
positive entreprise par la Suisse pour faire la lumière sur son passé. Le directeur de
l'organisation juive, Ephraïm Zuroff, a déclaré à Jérusalem que la Suisse se confrontait
enfin à son passé durant la Deuxième Guerre mondiale.
La confirmation que la Suisse a refoulé des réfugiés et les a envoyés à la mort en
Allemagne devrait être considérée comme le point central du rapport. «La politique
suisse a conduit à la mort des dizaines de milliers de personnes. J'espère et je prie pour
que les autres gouvernements se confrontent avec le même courage à leur passé, en
particulier dans les pays où des gens ont effectivement participé à l'extermination, ce qui
est bien pire que ce que les Suisses ont fait», a déclaré le directeur du Centre Simon
Wiesenthal. AP
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