Quisontles «BestLawyers»2017?

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Quisontles «BestLawyers»2017?
04 // LES ECHOS BUSINESS le journal du board
=
direction
Lundi 6 juin 2016 Les Echos
LA PERSONNALITÉ DE LA SEMAINE
MARIA GOMRI, DIRECTRICE JURIDIQUE, GOOGLE FRANCE
En ce moment, ses journées doivent être particulièrement chargées. Directrice
juridique de Google France, Maria Gomri doit faire face à deux procédures – fiscale
et pénale – ouvertes par les autorités françaises à l’encontre du géant américain
pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale. Au pénal, pour le volet fraude
fiscale, il encourt jusqu’à 10 millions d’euros d’amende. Quant au blanchiment de
fraude fiscale, il est puni de dix ans de prison et de 750.000 euros d’amende. n
LE 20 JUIN PROCHAIN
pour un colloque autour du
thème « Laïcité, radicalisation
et entreprise », organisé par
l’AFJE, l’Ecole de droit de Sciences po et le cabinet Etrillard.
DR
juridique
RDV
Qui sontles
« Best Lawyers »2017?
EXCLUSIF // Pour la septième année d’affilée, la revue juridique
américaine délivre son classement des avocats français reconnus
par leurs pairs. Résultat : 42 professionnels désignés « Lawyers
of the Year » figurent dans le classement (dont la publication
complète est à retrouver en exclusivité sur echo.st/dirju).
Vincent Bouquet
[email protected]
P
our son édition 2017, la septième
en France, la revue juridique
« Best Lawyers » a retenu 42
« Lawyers of the Year » parmi la
cohorte d’avocats français. Exerçant dans
39 spécialités et 34 cabinets différents,
tous ont été désignés « avocats de
l’année » par leurs pairs. Si 25 d’entre eux
font figure de « petits nouveaux » dans ce
classement, certains en sont habitués. C’est
notamment le cas d’Anne Lapierre (Norton Rose Fulbright) qui, pour son expertise
en financement et développement de
projets, est citée pour la quatrième année
d’affilée. Elle n’est pas la seule dont le nom
revient d’année en année. Bertrand
Andriani (Linklaters), Alexandra Bigot
(Willkie Farr & Gallagher), Pierre Deprez
(Deprez Guignot Associés), Alain Maillot
(Darrois Villey Maillot Brochier) et Jean
Veil (Veil Jourde) sont tous primés pour la
troisième fois pour leurs compétences
respectives en droit de l’énergie, financements structurés, médias et loisirs,
fusions-acquisitions, et contentieux.
De nouveaux entrants
A l’inverse, certains récidivistes notoires
sont étonnamment aux abonnés absents
du palmarès. Le très concurrentiel
milieu des avocats aurait-il « oublié »
certains compétiteurs ? Dont acte. Déjà
distingués à quatre reprises, Eric CartierMillon (Gide) et Pierre-Yves Chabert
(Cleary Gottlieb Steen & Hamilton) ont
cédé leurs places en droit bancaire et en
droit des affaires à deux nouveaux venus
dans le palmarès, bien connus sur la
place parisienne : le managing partner
du bureau français de Latham & Watkins, Xavier Farde, et Jean-Pierre Martel,
le légendaire fondateur de Rambaud
Martel, aujourd’hui associé chez Orrick,
Herrington & Sutcliffe. Idem pour Louis
de Gaulle (De Gaulle Fleurance & Associés) qui, après avoir été désigné trois fois
par ses pairs au cours des six dernières
années, voit le titre de « Lawyer of the
Year » en droit des médias lui échapper
au profit de la « primo-accédante » Eleonore Gaspar (Duclos, Thorne, MolletViéville & Associés).
Du côté des cabinets, trois des quatre
firmes du Magic Circle sont logiquement
représentées. Excepté Freshfields Bruckhaus Deringer qui manque à l’appel. En
plus de Betrand Andriani qui officie chez
Linklaters, les spécialistes des biotechnologies et de l’aviation, Laëtitia Bénard et
Denis Chemla, sont primés au nom
d’Allen & Overy, et David Préat en droit
administratif pour Clifford Chance.
Un retour en force des femmes
Cela n’empêche pas les cabinets français
de tirer leur épingle du jeu. Déjà particulièrement honoré dans l’édition 2016 du
classement « Chambers & Partners »,
Bredin Prat est le champion toutes catégories avec trois mentions : Eric Dezeuze
en droit pénal des affaires, Sylvie Morabia
en valeurs mobilières et Sébastien Prat en
« private equity ». Pour son expertise en
pratiques anti-concurrentielles, Didier
Théophile s’affiche aux côtés d’Alain
Maillot pour représenter Darrois Villey
Maillot Brochier. Quant à Pierre Karpik
et Frédéric Nouel, ils font honneur à Gide
en capital-risque et en droit immobilier.
Face à ces poids lourds, les boutiques ne
sont pas en reste. On pourra souligner
la présence de Christophe Bigot (Bauer &
Bigot) reconnu pour ses compétences en
droit de la publicité, Gaétan de La Bourdonnaye (Cabinet Ratheaux) en fusions-acquisitions, François Klein (Klein Goddard
Associés) en droit du sport, Yves Derains
(Derains & Gharavi) en arbitrage international ou encore Isabelle Romet (Véron &
Associés) en propriété intellectuelle.
Si l’an passé, la gent féminine était réduite
à sa portion congrue avec seulement
six élues, les femmes font leur retour en
force cette année : parmi les 42 primés,
14 sont des avocates. Outre celles déjà
citées, sont distinguées : Claire Acard (EY)
et Delphine Martin-Picod (CMS Bureau
Francis Lefebvre) en droit fiscal, l’ancienne
bâtonnière de Paris Christiane FéralSchuhl en technologies de l’information,
Evelyne Friedel (Taylor Wessing) en droit
de l’Union européenne, Chantal Giraudvan Gaver (Coblence & Associés) en droit
social, Joanna Gumpelson (De Pardieu
Brocas Maffei) en restructuring, Diane
Mullenex (Pinsent Masons) en télécommunications, et Annabelle Richard (Pinsent Masons) en nouvelles technologies.
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À NOTER
Contrairement à « Chambers &
Partners », « Best Lawyers » s’appuie
sur une méthodologie de sélection
à l’applaudimètre, pointée du doigt
par certains professionnels.
COUP DE PROJECTEUR SUR LES CABINETS DES AVOCATS PLÉBISCITÉS
Pour la première fois en France, « Best Lawyers » publie la liste des cabinets qui
disposent du plus grand nombre d’avocats cités dans son classement complet,
au-delà des seuls 42 « Lawyers of the Year ».
1. CMS Bureau Francis Lefebvre (67 avocats cités)
2. Gide (42 avocats)
3. Bredin Prat (38 avocats)
4. De Pardieu Brocas Maffei, Allen & Overy, Baker & McKenzie et Dentons
(ex aequo avec, pour chacun, 27 avocats)
Accords d’entreprise :sur
le terrain, les délégués CGT
jouentle pragmatisme
DIALOGUE SOCIAL // La CGT signe volontiers les accords
mieux-disants par rapport à la branche. Elle montre,
en revanche, sa réticence vis-à-vis des accords sur l’organisation
du temps de travail, le forfait jour ou encore la compétitivité.
Marie-Sophie Ramspacher
[email protected]
Depuis le début de l’examen du projet de
loi travail, la CGT est vent debout contre
l’article 2 qui souhaite donner le primat à
l’accord d’entreprise sur l’accord de branche. Pourtant sur le terrain, le syndicat
signe 84 % des accords collectifs ou avenants négociés dans les entités où il est
représenté, un chiffre proche de celui de
la CFDT qui en paraphe 94 %. Plutôt que
de laisser l’entreprise imposer sa règle au
terme des négociations, les représentants
préfèrent légitimement parapher un
accord quand bien même il n’est pas
satisfaisant. « Dans le cadre des négociations salariales, 0,5 % d’augmentation vaut
forcément mieux que zéro », illustre Baptiste Giraud, maître de conférences en
science politique et chercheur au Laboratoire d’économie et de sociologie du
travail. La CGT tient d’autant plus à apposer son paraphe que ses représentants
influent fortement sur les débats, et donc
sur le contenu des textes. « La CGT est très
active dans la négociation, professionnelle
dans ses arguments et force de proposition
dans la rédaction des accords », témoigne
ce DRH d’une entreprise de haute technologie. En entreprise, ses délégués syndicaux se montrent d’ailleurs très autonomes : « Issus d’une confédération morcelée,
ils se démarquent dans l’action d’un syndicalisme prétendument pyramidal »,
observe Baptiste Giraud.
Un modèle social intouchable
Reste que le paraphe n’est pas systématique, y compris lorsque le délégué
syndical a apporté sa pierre à l’édifice :
« La politique de la chaise vide est d’une
autre époque, mais lorsque le texte est
trop décalé par rapport à la base, difficile
d’obtenir leur signature », reconnaît ce
DRH, soulignant toutefois que depuis
peu, le syndicat s’implique davantage
sur les accords dits « financiers » (intéressement, participation, Perco, etc.).
Dans le détail, la CGT signe volontiers les
accords mieux-disants par rapport à la
branche – c’est notamment le cas des
accords salariaux – ceux qui entraînent la
création d’emplois, ainsi que les textes qui
font consensus : sur la diversité, l’emploi
des femmes, le stress, la qualité de vie au
travail, etc. La confédération, en revanche,
montre sa réticence vis-à-vis des accords
sur l’organisation du temps de travail, le
forfait jour ou encore la compétitivité. « En
somme, tous ceux qui remettent en cause le
modèle social, car elle ne conceptualise
aucune modernisation du cadre de travail »,
relève ce DRH exerçant dans l’industrie.
Le travail du dimanche en constitue une
bonne illustration : les signataires – Etam,
Zara, Sephora, le BHV – ont tous reçu la
désapprobation du syndicat qui reste le
premier de France en dépit de sa régression notoire en termes de représentativité
dans les entreprises.
Des exceptions à la règle existent toutefois. Chez AXA, Generali, Thales et
d’autres, les délégués CGT ont validé
l’accord télétravail. Chez CLAAS, un
accord d’annualisation du temps de travail a été signé en 2015. Naturellement
hostile à la flexibilité horaire introduite,
l’organisation a veillé aux contreparties
financières : « Sur le terrain, en prise
directe avec la réalité, les délégués syndicaux se montrent pragmatiques », décrypte
Jacques Merten, DRH de CLAAS. « La
CGT, c’est un peu le choc des doctrines, entre
posture contestataire et défense de l’intérêt
général », note ce DRH de l’assurance,
Les grandes sociétés plaident donc plus
que jamais en faveur de ces accords
d’entreprise qui permettent, selon eux,
de produire des règles adaptées aux
circonstances : « Les deux référentiels
doivent coexister. Les accords de branche
offrent un cadre indispensable et commun
à toutes les tailles de structures tandis que
l’entreprise fait du cousu main », résume
Daniel Dreux, DRH de Disneyland Paris.
Risques de chantage à l’emploi et de plus
grande flexibilisation des conditions de
travail – que permettrait, selon la CGT,
l’inversion de la hiérarchie des normes –
sont balayés d’un revers de main : « La
réalité du dialogue social, c’est qu’un
accord ne peut s’appliquer sans avoir
obtenu l’approbation des syndicats représentatifs », rappelle Daniel Dreux. n