Lʼouverture du ferroviaire ne sera pas la « Bataille du rail
Transcription
Lʼouverture du ferroviaire ne sera pas la « Bataille du rail
Paris, le 2 novembre 2011 Commission n° : 3 Thème de la commission : Economie du ferrovaire Réunion du : 02 novembre 2011 Thème de la réunion : Problématiques sociales et économiques Lʼouverture du ferroviaire ne sera pas la « Bataille du rail » Problématiques sociales et économiques : la SNCF est en pleine évolution culturelle comme lʼa confirmé François Nogué, directeur général délégué en charge des Ressources Humaines du Groupe. Une intervention suivie par lʼexposé des membres de lʼAFRA, lʼAssociation Française du Rail… Un cadre juridique « hyper contraint » « Piloter les ressources humaines à la SNCF est un exercice complexe », indiquait en préambule François Nogué, « il faut concilier des enjeux de productivité, des enjeux économiques et de transformation sociale et culturelle en tenant compte de trois caractéristiques essentielles : lʼÉtat est actionnaire à 100 % de la SNCF ; la régulation sociale sʼinscrit en toile de fond de lʼensemble des arbitrages ; enfin, le cadre juridique et social de la SNCF est très spécifique ». LʼEpic SNCF rassemble 152 000 ETP dont la majorité (145 000) bénéficie dʼun statut particulier, tandis que 7 000 employés sont sous le régime du droit commun. « Notre cadre social est juridiquement ʻhyper contraintʼ » rappelait le dirigeant de la SNCF. Le cadre juridique de lʼEPIC tient à cinq règles : le statut des cheminots (issu dʼune loi de 1950), les dispositions applicables aux personnels contractuels, lʼorganisation du travail (régie par un décret pris en application dʼune loi datant des années 40), le dictionnaire des filières, et enfin le régime spécial de retraite. Des effectifs en baisse constante Le personnel de la SNCF est en diminution constante depuis 1948. « La baisse des effectifs compense la hausse des charges de personnel, soit 18 % sur les dix dernières années », commentait F. Nogué. En effet, sur les dix dernières années, lʼévolution du salaire moyen des collaborateurs de lʼEpic SNCF a été de 2,75 % par an en Euros courants (y compris donc lʼinflation), mais le ratio charges de personnel rapportée au chiffre dʼaffaires a été en forte baisse sur la période. La réforme des retraites de 2007 « a conduit à un ralentissement des départs, et de fait, à avoir des salariés plus âgés, donc en moyenne mieux payés, au sein de nos équipes ». Lʼeffectif travaillant après lʼouverture des droits à la retraite est passé de 1 609 en décembre 2007 à près de 9 500 en août 2011. . Autre information : le recrutement de collaborateurs expérimentés, hors statut, sʼest accru, passant de 10 % en 2006 à 15 % en 2010. « Lʼarrivée de collaborateurs extérieurs démontre que la SNCF est attractive », poursuivait le responsable de la SNCF qui a lancé une démarche de gestion prévisionnelle de lʼemploi et des compétences, avec un investissement de 300 millions dʼeuros sur 4 ans. Un dispositif qui tient compte des départs à venir : 38 000 sont prévus entre 2011-2015. Le régime spécial de retraite dont bénéficient les salariés au statut est un point essentiel pour lʼentreprise. Les avantages spécifiques du régime sont à la charge de lʼentreprise, financés par une « cotisation employeur » qui représentait en 2010 environ 580 millions dʼeuros. Le montant des pensions atteint environ 5 milliards dʼeuros avec un ratio de cotisants par retraité plus faible que dans le régime général. La SNCF dispose en outre dʼun système de protection sociale spécifique, avec des cotisations salariales plus faibles et des cotisations patronales plus élevées que dans le secteur privé. Le régime de travail (durée et aménagement du temps de travail), entièrement réglementaire et sans place pour la négociation paritaire, induit notamment un fort différentiel de jours travaillés, générant un surcoût de 7 à 15 % par rapport aux opérateurs privés ! Anticiper le futur Lʼouverture à la concurrence était un des axes privilégiés des représentants de lʼAssociation Française du Rail (AFRA). « Selon nous, une meilleure compétitivité est synonyme dʼune meilleure anticipation du futur, en utilisant plus efficacement les moyens de production existants », indiquait Claude Steinmetz, directeur ferroviaire France de Veolia Transdev. Deux impératifs pour le membre de lʼAFRA : produire en toute sécurité et améliorer le service rendu aux voyageurs, car « 33 % des Français sont insatisfaits de lʼoffre et des services ferroviaires ». Pour C. Steinmetz, « lʼouverture du ferroviaire ne sera pas la « Bataille du rail », bien au contraire ». Les enjeux sont multiples, et des progrès significatifs sont possibles (services, amélioration de lʼoffre, utilisation des moyens disponibles). Ceci passe par la valorisation des compétences et le financement du réseau, « de manière pérenne et responsable ». Cette nouvelle donne doit en outre « permettre aux nouveaux entrants de se mettre au service de la collectivité ». À ce titre, Antonio Ciarlo, responsable de la planification stratégique de Trenitalia, invitait les membres de la commission à évaluer les performances de cet opérateur. Ce dernier a réussi à endiguer un déficit de 2 milliards dʼeuros en 2006 pour présenter un résultat en équilibre trois ans après. La clé de la réussite ? « Une revue complète des coûts, le changement du matériel roulant, une attention accrue à la ponctualité et à la sécurité ». « La France est incontournable ! » Au-delà du trafic « voyageurs », lʼintervention dʼEmmanuel Delachambre, directeur général dʼEuro Cargo Rail, et de Pascal Sainson, président de la commission fret de lʼAFRA et dʼEuroporte, soulignait la « faible performance du marché français sur le fret, un marché soumis à des contractions fortes alors que la France, par sa position géographique dans lʼEurope, est incontournable ». Les membres de lʼAFRA pointaient, en parallèle à ce constat, les bénéfices induits par lʼarrivée de nouveaux entrants : importance du transfert modal de la route au rail, création dʼemplois, développement du fret de proximité… Lʼanalyse des intervenants précisait également les axes dʼoptimisation, consistant notamment à améliorer lʼétat du réseau et à revoir les « process » de travaux avec une planification concertée. Pour ce faire, le prix du sillon doit être « en adéquation avec la qualité de service ». Sur cette question, le benchmark européen réalisé par lʼAFRA présentait quelques pistes de réflexion : DB Netz (Allemagne) et Network Rail (RoyaumeUni) doivent proposer des sillons alternatifs en cas de travaux sur les lignes. Qualité de service Si la qualité de service est au cœur des préoccupations des nouveaux entrants, ces derniers envisagent des marges de progression, notamment sur la régularité et lʼamélioration des « process sillons ». Avec un double objectif : une meilleure compétitivité du rail par rapport à la route, et lʼoptimisation de la vitesse moyenne de circulation. Celle-ci est aujourdʼhui de 50 km/h, alors quʼun passage entre 70 et 80 km/h engendrerait des gains significatifs : « La productivité du système ferroviaire français est aujourdʼhui handicapée par des incohérences organisationnelles et réglementaires », conclut Pascal Sainson.