AUGMENTATION DU PRIX DU LAIT AU DÉTAIL LE 1er FÉVRIER

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AUGMENTATION DU PRIX DU LAIT AU DÉTAIL LE 1er FÉVRIER
AUGMENTATION DU PRIX DU LAIT AU DÉTAIL LE 1er FÉVRIER 2015
23 décembre 2014
Mise en situation
Hausse du prix du lait au détail malgré une baisse du prix aux producteurs
•
La Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec a annoncé une
augmentation du prix de détail du lait régulier de 1 ¢ à 2 ¢ le litre selon la teneur en
matière grasse du lait en raison de l’augmentation des coûts des transformateurs
et des détaillants. Cette hausse entrera en vigueur le 1er février 2015 et a été
accordée à la demande des détaillants et des transformateurs laitiers. La Régie des
marchés agricoles et alimentaires du Québec ne réglemente pas le prix du lait à la
ferme.
•
Les producteurs de lait, eux, verront leur prix de vente ajusté à la baisse de 0,45 %
à compter du 1er février 2015.
•
Il s’agit d’une augmentation entre 0,5 % et 1,2 % de la fourchette des prix de détails
(selon la MG), plus faible que celle de l’indice des prix à la consommation (1,28 %)
et inférieure à celle du prix des aliments (3,1 %) au Québec entre novembre 2013 et
novembre 2014.
•
Entre novembre 2013 et novembre 2014, le prix de l’ensemble des produits laitiers
a, quant à lui, baissé de 0,4 % au Québec alors que le prix des aliments achetés en
magasin augmentait de 2,8 % et celui des aliments achetés au restaurant
augmentait de 3,9 %.
Ce qu’il faut retenir
•
Le prix du lait au détail augmente malgré une diminution du prix à la ferme. Cette
hausse s’explique par une augmentation des autres coûts des transformateurs et
des détaillants et non par une hausse du prix au producteur.
•
Le lait demeure la boisson qui offre le meilleur rapport qualité-prix en comparaison
des boissons concurrentes. Par exemple, les boissons de soya demeurent plus
chères que le lait même en tenant compte des récentes augmentations, sans avoir
le même apport nutritif.
•
Le prix du lait de transformation, l’autre 2/3 de la production transformée en beurre,
yogourt et fromages, est négocié pour sa part sur la base du prix cible établi par la
Commission canadienne du lait (CCL) sur la base des coûts production des
producteurs. La CCL n’a pas encore annoncé sa décision.
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Informations supplémentaires
La gestion de l’offre a fait ses preuves ici :
•
Autant les producteurs, les transformateurs que les consommateurs jouissent de la
stabilité qu’apporte la gestion de l’offre. Nous pouvons nous réjouir d’avoir un système
de gestion de l’offre qui, dans un contexte de grande volatilité des prix des produits agricoles,
permet à notre agriculture de traverser les crises et de contribuer à la stabilité de notre
économie sans que nous ayons à demander des subventions gouvernementales.
•
La filière laitière québécoise génère 83 000 emplois, 1,3 milliard de recettes fiscales et
5,5 milliards de dollars de PIB.
Si on nous dit qu’il y a un écart (défavorable) entre le prix de détail au Québec et dans le
reste du Canada :
•
Ce n’est pas à cause du prix à la ferme; il est identique partout au Canada. C’est la
réglementation du prix minimum au Québec qui empêche les détaillants de se servir du lait
comme « loss leader ». Parmi ses avantages, la réglementation protège les petites laiteries
régionales ou locales et les petits détaillants indépendants qui, sans elle, seraient éliminés
par la concurrence. Elle permet de rendre accessible le lait en petit format à prix raisonnable,
partout sur le territoire, à ceux qui sont seuls ou encore aux personnes âgées.
•
La réglementation sur le prix de détail n’a pas d’impact, ni positif ni négatif, sur le prix
reçu à la ferme par le producteur. C’est le mécanisme de prix des transformateurs et des
détaillants. La Régie a mené récemment des consultations sur la réglementation du prix de
détail et aucun des groupes consultés, incluant les consommateurs, n’a remis en question la
pertinence de cette réglementation.
Les producteurs laitiers du Québec et du Canada ne sont pas subventionnés,
contrairement à leurs collègues européens et américains :
• Les Américains paient deux fois : à l’épicerie et par leurs impôts, en subventionnant les
producteurs de lait dont les revenus de marché ne suffisent pas à couvrir leurs coûts. La crise
du lait en 2009 a coûté un milliard de dollars aux contribuables américains. Le nouveau Farm
Bill, adopté en 2014 pour dix ans, prévoit des dépenses totales de près de 1 000 milliards de
dollars. C’est sans compter l’aide des États et des municipalités. L’accès à l’eau, par exemple,
essentiel à l’irrigation dans les gros États producteurs de lait, est généreusement subventionné
par les États et les municipalités. Une étude publiée en 2010 a démontré que les producteurs
de lait américains touchaient l’équivalent de 0,31 $ le litre en subventions.
• L’Union européenne a graduellement déréglementé son régime de soutien des prix à la
production laitière de 2003 à 2007, mais la baisse de revenu des producteurs que cette
déréglementation a entraînée a été compensée en partie par un régime de « subventions
découplées ».
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La déréglementation du prix à la ferme affecte les producteurs et ne profite pas aux
consommateurs :
•
L’Australie est souvent citée en exemple pour avoir déréglementé son secteur laitier au début
des années 2000. Le professeur Daniel Mercier-Gouin a bien démontré que la
déréglementation en Australie s’est faite au détriment des producteurs. En Australie, le prix
à la ferme pour le lait de consommation a chuté de 17 % après la déréglementation, de 2000
à 2011, alors que le prix de détail du lait augmentait de 27 % pour la même période.
•
C’est aussi en Australie et en Nouvelle-Zélande que l’indice du prix des produits laitiers a le
plus augmenté, soit respectivement de 48,6 % et de 50,2 % de 1998 à 2011, contrairement
à 46 % au Canada.
•
C’est d’ailleurs ce que confirment les médias néo-zélandais; http://tvnz.co.nz/nationalnews/concern-milk-moving-staple-luxury-6130538 qui rapportaient un prix du 2 litres (le
format le moins cher là-bas) entre 4 $ et 6 $. (Entre 3,09 $ et 3,65 $ au Québec,
dépendamment du niveau de matière grasse,
http://www.rmaaq.gouv.qc.ca/fileadmin/DocuCentre/Decision/2013/10165.pdf). Au Québec,
le format 4 litres est le plus économique, on peut trouver du lait à 5,92 $, soit 1,48 $ le litre).
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