La dernière homélie

Transcription

La dernière homélie
HOMELIE DE L’ABBE C. GOUYAUD POUR
L’EPIPHANIE
LE CONTRASTE ENTRE L'EPIPHANIE ET NOËL
Le mystère de l’Epiphanie prolonge le mystère de Noël. En effet, nous sommes toujours à
Bethléem et tout converge vers l’enfant-Jésus. On peut dire que, la nuit de Noël, est née une
petite lueur qui progressivement rayonne sur la terre par cercles concentriques en
commençant par la sainte Famille, c'est-à-dire Marie et Joseph, puis se prolongeant aux
bergers qui représentent le petit reste d’Israël, et enfin aboutissant aux Mages qui sont les
prémices des nations, c'est-à-dire des peuples païens. Oui, l’Epiphanie prolonge Noël mais en
même temps elle contraste avec Noël.
Le premier contraste entre Noël et l’Epiphanie correspond à une sorte de passage de l’ombre
à la lumière. Celui qui, à Noël, se cache dans l’humilité de son humanité se manifeste à
l’Epiphanie aux païens. Et le mot « Epiphanie », en effet, signifie manifestation. Dans le
mystère de l’Epiphanie, en plus d’un rayonnement vers l’extérieur, se manifeste un
mouvement d’attraction vers le centre. Les Mages arrivent d’Orient attirés par cette lumière,
réalisant ainsi la prophétie d’Isaïe : « les nations marcheront vers ta lumière et les rois vers
la clarté de ton aurore. ». Oui, le premier contraste entre Noël et l’Epiphanie tient bien dans
ce passage de l‘ombre à la lumière.
Le deuxième contraste de l’Epiphanie par rapport à Noël, c’est l’immersion de la richesse
dans la pauvreté. Les Mages, en effet, offrent ce qu’ils ont de plus beau : l’or, l’encens et la
myrrhe. Et nous savons que ces trois présents symbolisent les prérogatives de l’enfant Jésus :
de l’or comme à un roi, de l’encens comme à un Dieu, de la myrrhe comme au Sauveur du
monde. Oui, l’Epiphanie c’est l’immersion de la richesse dans la pauvreté de la crèche. La
pauvreté de l’enfant ne doit pas, en effet, susciter de notre part, comme réponse, des formes
de pingrerie où on laisse au Dieu Roi, Sauveur, à peine la valeur d’un pourboire.
Enfin, le troisième contraste de Noël à l’Epiphanie, c’est qu’on passe du calme à l’agitation.
Jésus, en effet, dans la nuit de Noël est né sans faire aucun bruit, à peine si une poignée
d’anges a perçu une douce mélodie venue du ciel. Au moment de l’Epiphanie, en revanche, le
roi Hérode et tout Jérusalem avec lui, précise saint Mathieu, furent émus, ils furent
bouleversés, sens dessus-dessous. On peut, du reste, relever que les préoccupations des
mages et d’Hérode se croisent : les mages sont intéressés par la question du lieu, « où doit
naître le roi d'Israël ? », tandis qu'Hérode est intéressé par la question du temps, du moment
: « quand l’astre est-il apparu ? » Ce faisant, il y a une progression des païens vers les
saintes Ecritures bibliques puisque, en effet, c’est la prophétie de Michée qui révèle que le roi
d’Israël naîtra à Bethléem, tandis que Hérode régresse des saintes Ecritures bibliques
jusqu’aux éléments cosmiques, l'étoile en l'occurrence, puisque, en effet, l’astre fit l’objet
d’un oracle certes mais d’un oracle de Balaam, c'est-à-dire d’un oracle païen.
Voilà donc ce triple contraste entre Noël et l’Epiphanie. Je trouve merveilleux, dans le récit
de saint Mathieu, que l'évangéliste précise que les mages se réjouirent d’une très grande joie
quand ils virent l’étoile. Il aurait pu dire qu’ils se réjouirent quand ils virent l’enfant. Non : «
ils se réjouirent d’une très grande joie quand ils virent l’étoile. » Et cela définit parfaitement
le statut de l’espérance chrétienne, espérance qui contient la certitude de ce qu’elle promet.
Les mages, quels que fussent leur âge et l’état de leurs artères, se prosternèrent, s'étendirent
de tout leur long. Mes bien chers frères, retrouvons les vrais gestes d’adoration. Ne soyons
pas des chrétiens à la nuque raide. Et enfin, comme les Mages, repartons par un autre
chemin, avec un cœur complètement transformé. Amen.
8 janvier 2017
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement.
Si vous souhaitez recevoir l’homélie dominicale par courriel, veuillez le signaler à l’adresse
suivante : [email protected]